1.2. Historique des Parcs Nationaux
C'est du conflit des sociétés traditionnelle et
moderne sur la conception de l'environnement qu'a émergé en
Amérique, à la fin du XIX siècle, une nouvelle tradition
pour laquelle : « La nature est un refuge par rapport
aux maux de la civilisation ». Cette initiative a pu être
effective grâce aux récits recueillis par John Colter, Lewis
Clark puis Juim Bridger, les anciens de cette expédition. Mais avant,
précisément au milieu de ce siècle, David Thoreau, un des
penseurs les plus féconds d'Amérique parlait déjà
avec éloquence de l'importance des sites américains sauvages
isolés. Ce système des Parcs Nationaux est né suite
à une volonté de protéger le patrimoine naturel de l'ouest
américain.
John Mouir, l'un des ténors du mouvement pour les Parcs
Nationaux aux Etats-Unis, a fait valoir avec véhémence et
succès que des zones de culture vierge devraient être
réservées à la détente afin de satisfaire un
besoin émotionnel de leur population traditionnel.
A la fin des années 1860, la vision
« transcendantale » de la nature
préconisée par Thoreau et ses pères avait inspiré
toute une génération d'écologistes qui demandèrent
par la suite l'ouverture de Yellowstone en 1872.
Le 8 septembre 1978, l'Unesco inscrit ce site au rang de
patrimoine mondial de l'humanité pour le bien et le plaisir de la
population. La loi de 1872 avait prévu la préservation de tout
arbre, tout dépôt minéral, toute curiosité naturelle
et merveille « dans son état naturel ».
Ce site avait été choisi par sa diversité
d'écosystèmes montagnards en particulier des cimes
enneigés, des bisons, des grizzlys, des canyons spectaculaires et des
geysers uniques qu'on ne retrouve nul par ailleurs.
Ce mouvement écologiste américain s'est
transformé en croisade pour la gestion scientifique de toutes les
terres et eaux publiques. Il préconisait un concept qui, un
siècle plus tard, a évolué pour devenir
« Développement durable ». Ce mouvement
prit un grand essor sous la présidence de Théodore Roosevelt qui
était un passionné de chasse, de nature et de conservation des
ressources naturelles de son pays et de leur caractère
récréatif. Durant sa présidence, il fournit son appui
à la conservation des terres publiques, des eaux et de la faune,
créant ainsi le service américain des forêts et classant
dix- huit sites du domaine public dans la catégorie Parcs et
monuments.
Pour ces conservationnistes américains disait Marcus
Cochester (1999 : 162 ), « Les espaces sauvages sont
primitifs et naturels, ce sont des natures nostalgiques, natures paradis,
natures sylvithérapies, ils représentent une ressource qui ne
doit pas être exploitée mais gardée
intacte ».
Outre qu'elle était au fondement du programme pour les
Parcs Nationaux aux Etats- unis, cette vision de la nature a puissamment
façonné la configuration mondiale de la conservation. Cependant,
aux Etats-Unis, cette conception de la conservation est restée et reste
toujours profondément ancrée. Pour les
Américains : « la nature est un lieu où
l'on se redécouvre un but dans la vie »
d'après Marcus Cochlester (1999 : 162). L'idée selon
laquelle nature et société humaine sont intrinsèquement
antagonistes et incompatibles est sans doute la rationalisation de l'intense
sentiment d'aliénation qui sous-tend de nombreuses versions
américaines de l'écologie radicale (Deep Ecology) et
anime bien des membres tels que Earth first (Première
Terre).
Ces écologistes purs et durs avaient défini la
« nature sauvage »
comme : « Des zones étendues de
végétations primaires, à divers étapes de son
développement, hors des limites de l'exploitation humaine »,
Marcus Colchester (1999 : 162). Le Yellowstone
Park (1872) et le Yosemite State Park (1890) ont été les
résultats de cette approche et en fin de compte, la philosophie qui
considérait les Parcs Nationaux comme excluant l'occupation humaine a
reçu une base légale. Par rapport à cela, Gomez-Pompa et
Anchéa, Kauss déclarèrent
que : « La nature sauvage est un lieu où l'homme
lui-même est un visiteur qui ne reste
pas » , Marcus Colchester (1999 : 163)
. Après les Amériques, le concept de Parc s'est
répandu à travers le monde et avec lui, la prémisse de
base : « La nature doit être laissée libre de toute
interférence humaine ». Durant les années 1970,
cette vision de l'aménagement des zones protégées en est
arrivée à dominer le mouvement de la conservation. Ainsi pour
l'UICN (Union Mondiale pour la Nature), un Parc est :
« Un grand espace où un ou plusieurs
écosystèmes ne sont pas altérés par l'exploitation
ou l'occupation humaine, où les espèces animales et
végétales, les sites géomorphologiques et les habitats ont
un intérêt scientifique, éducatif ou
récréatif particulier ou encore constituent un paysage naturel de
beauté et où la plus haute autorité compétente du
pays a pris des mesures pour empêcher ou éliminer aussi vite que
possible l'occupation de la totalité de la zone, et pour renforcer
efficacement les aspects caractéristiques sur le plan écologique,
géomorphologique ou esthétique, qui conduit à son
établissement ».
Les idées de conservation se sont répandues
au-delà des mers avec l'extension des colonies, mais elles ont
apporté avec elles bien peu de ce respect pour les droits et les usages
traditionnels. En Europe, le premier Parc National a été ouvert
en Suisse, sous l'impulsion des chercheurs de la société
helvétique des sciences naturelles. Ce site s'étend de l'est de
la Suisse à la frontière de l'Italie. Ce site a été
régi en Parc National, le 1er août 1914. Ces
idées ont touché la grande Bretagne au XI siècle.
Dès le XVIII siècle, les français ont tenté des
expériences visant à réguler l'utilisation des
forêts. La forêt de l'île Maurice en particulier.
Le 6 juillet 1963, la France crée son I er
Parc : le Parc National de la Vanoise. Ce site a été
transformé en Parc par souci de protection du boutequin qui, à
l'époque était en voie de disparition. Ce Parc est situé
dans la Savoie, proche du Parc grand paradis d'Italie. Les Anglais ont pris des
initiatives similaires à Tabago. Ces idées de conservation ont
également touché l'Afrique.
Suite à ce mouvement pour la conservation, l'UICN
multiplia ses congrès. La première conférence se tint
à Seattle, le 30 Juin 1962. La deuxième à Yellowstone, du
18 au 27 septembre 1972. La troisième à Bali en 1982 et la
quatrième à Caracas, en 1992. Ces conférences
débattaient sur les perspectives avenir des Parcs Nationaux. Nous
pouvons également citer le colloque sur les aires
protégées au XXI siècle. Ce colloque s'est tenu du 24 au
29 novembre 1997 à Albany en Australie. Au cours de ce colloque, il
était question non seulement de favoriser l'établissement des
Parcs Nationaux Naturels à l'échelle mondiale, mais aussi de mise
en place des moyens pouvant concourir à leur réussite, afin
d'atteindre le plus rapidement possible le but qui leur est assigné. A
la suite de ces premiers congrès et colloque, d'autres ont pris essor.
Nous avons également vu se développer plusieurs ONGe à
travers les continents.
En 1985, le Gabon signe son instrument d'acceptation en faveur
de la convention pour la conservation du patrimoine culturel et naturel de
1972. Cette convention veille dans un strict respect, de la souveraineté
des Etats partis à la protection du patrimoine culturel et naturel afin
de s'assurer que les générations futures héritent du
maximum de chef-d'oeuvre de l'humanité, témoin de leur histoire.
Ainsi, le Gabon crée le 30 août 2002, treize Parcs Nationaux,
décision qui s'intègre dans un long processus de prise de
conscience de la richesse que représente le patrimoine naturel des Etats
de l'Afrique centrale et des conventions internationales en application du
nouveau code forestier promulgué le 31 décembre 2001.
Certaines aires protégées existaient
déjà : Lopé, Loango, Minkébé, Moukalaba
et Mont doudou. Ces Parcs Nationaux n'existaient que dans les textes, sans
gestion appropriée. Ce qui leur conférait le statut de
réserves de faune. C'est le cas des Parcs Nationaux d'Akanda, de Petit
Loango et de Wongué. Le statut de réserve de faune auparavant
accordé à ces derniers n'était pas adapté selon la
loi au développement des activités touristiques. Ces
réserves cynégétiques pour la plupart, avaient
été crées avant l'indépendance, sur la base de la
réglementation sur la chasse. Si on se réfère aux
décrets du 27 mars 1944 et du 18 novembre 1947, la chasse était
interdite dans ses réserves. Ces réserves n'avaient pas le
caractère d'intangibilité qu'on retrouve chez les réserves
naturelles et les Parcs Nationaux Naturels. La réserve de faune
n'assurait que la production des animaux potentiels cynégétiques,
et non celle de l'écosystème. Selon la loi
d'orientation : « La réserve de la faune
était un périmètre dans lequel la flore et la faune
bénéficiaient d'une protection absolue » et
interdisait toutes formes d'exploitation susceptible de modifier
l'environnement et des ressources.
A ces anciens Parcs se sont ajoutés huit Parcs
nationaux. Leur classement s'appuie sur des études scientifiques
menées depuis plus d'une dizaine d'années pour certains et sur
des recommandations proposées en 1990. L'engagement de l'Etat gabonais
à développer le secteur économique a amené à
reconsidérer le statut de réserve de faune existant et à
créer les nouveaux Parcs Nationaux parmi lesquels, Akanda, Birougou,
Ivindo, Loango, Lopé, Mayumba, Minkébé, Monts de Cristal,
Moukalaba-Doudou, Mwagné, Plateau Batéké, Pongara et
Waka.
La création des Parcs Nationaux au Gabon répond,
non seulement à un souci de conserver des espaces naturels et des
espèces animales et végétales, mais aussi à des
considérations économiques, comme nous venons de le signaler dans
les phrases antérieures, de plus en plus important à
l'échelle mondiale : celui du tourisme de la nature,
bénéfique pour les populations et les générations
futures. Cette activité a pour fin, la réduction de la
pauvreté en milieu rural et va faciliter le développement durable
du pays. C'est dans cette logique que s'inscrit le Parc National des Monts de
Cristal. Ces Parcs occupent 2.837.128 hectares, soit 11% de la forêt
gabonaise. Selon l'Article 81 relatif à la politique des Parcs
Nationaux, ces derniers sont à la charge de plusieurs administrations
en particulier :
-Le premier ministre,
-Le ministère de l'économie forestière,
des eaux, de la pêche, de la protection de la nature et de la gestion des
parcs nationaux,
-Le haut commissaire au tourisme,
-Le ministère chargé de l'aménagement du
territoire,
-Le ministère de la planification,
-Le ministère chargé de la recherche
scientifique,
-Le ministère de l'économie et des finances,
-Le ministère de l'intérieur et des
collectivités locales,
-Le ministère de la défense nationale,
- Le ministère des mines, de l'énergie et du
pétrole.
1.3. Le Parc National des Monts de Cristal
Carte 2: Localisation des Monts de Cristal
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Cette carte illustre le Parc National des Monts de Cristal.
Ainsi, à l'Est du paysage, nous avons le secteur Mbé. Ce secteur
se trouve dans la région de Medouneu. Le secteur Noya se trouve du
côté Ouest du Massif forestier. Autour du Parc, nous avons les
villages riverains au Parc. Ces villages se situent dans le secteur Mbé
de ce massif forestier. Située à cheval entre les provinces de
l'Estuaire et du Woleu-Ntem, les Monts de Cristal sont une chaîne de
montagne sise entre la Guinée-Équatoriale et l'Ogooué,
à seulement deux ou trois heures de route de Libreville. Ce Parc est
divisée en deux secteurs : la Mbè d'une superficie de
59.764 ha dans les départements du Haut-Como (Medouneu) et du
Como-Kango, et le Mont Séni d'une superficie de 59.862 ha, dans le
département de la Noya (Cocobeach), dans la province de l'Estuaire. Ce
secteur est limitrophe de la Guinée-Équatoriale, non loin du Parc
National Mont Alen de Guinée-Équatoriale. Ces deux massifs
forestiers constituent l'un des caractéristiques majeur de ce Parc et
c'est une des raisons qui le distingue des autres Parcs Nationaux.
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