Chapitre 8 : La collaboration dans le projet
1. L'offre d' « emploi
sommaire »
1.1. Garde
Le Parc n'a pas que d'inconvénients, il a
également des avantages. Avec l'arrivée du Parc National des
Monts de Cristal, certains emplois ont vu le jour, c'est le cas de
« gardien de forêt ».
Après deux années d'expérimentation et
d'évaluation, précisément en 2004, le CNPN a
engagé un processus de validation de l'utilité publique et de
l'aspect « nouveau métier de l'environnement » que
recouvre le concept « écogarde ». Il a
recruté quatre jeunes hommes issus des populations de la
périphérie du Parc pour exercer le métier de garde. Ces
derniers ont participé à toutes les activités de gestion,
de conservation et de restauration dans leur site de la région pour
exercer le métier de garde.
Un garde peut se définir comme « quelqu'un
qui surveille, qui est préposé à la conservation des
forêts », d'après le plus petit Larousse (1980 :
251). Les gardes ont pour rôle de :
- Réorienter certains braconniers vers d'autres
activités lucratives ;
- Fournir aux riverains des arguments convaincants pour
lever les résistances envers le principe du Parc ;
- Surveiller le Parc ;
- Surveiller la SOGADEMIN (Société Gabonaise de
Développement Minière) contre toute exploitation illicite
des autres ressources naturelles ;
- Assister le Conservateur et la WCS dans leurs
missions.
A cet effet, Babacar Diop dira : « Plus
que de simples gardes, ils sont de véritables acteurs qui vivent leur
Réserve au quotidien » (2003 : 6).
Ils ont participé pleinement aux autres
activités comme les séances d'animation et de sensibilisation des
populations de l'espace naturel lors du démarrage du projet de
conservation.
Photo 12: Un « garde » en
activité
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Source : CNPN, 2005
A l'arrière plan de cette photographie, on voit la
broussaielle. Au premier plan, nous apercevons un homme avec une machette dans
sa main droite et dans sa main gauche, il tient le piège. Celui ci est
entrain de vouloir détruire les pièges déposés par
les villageois à la limite du Parc. Cette image montre clairement le
rôle joué par un garde en forêt. Le garde
indépendamment de la simple surveillance du site, ils peuvent
également empêcher toute sorte d'activité à
l'intérieur et à la limite du Parc.
Pour toutes ces activités, les jeunes sont
rémunérés. Leurs revenus viennent du CNPN/ Etat et de la
SOGAMIN. Ils sont payés à environ trois cent milles franc CFA
(300000) par mois. Ce salaire leur permet de satisfaire leurs besoins et
d'améliorer leurs conditions de vie. C'est une façon pour l'Etat
de lutter contre la pauvreté. Cet outil, à l'usage premier des
élus locaux et des habitants d'un territoire, a pour vocation de
développer des missions d'intérêt régional voire
national.
Au-delà de leurs missions concrètes, le
dispositif écogarde constitue un outil de développement du
secteur d'activité de l'environnement, tel que défini dans la
politique des Parcs Nationaux. A l'échelle d'un territoire,
l'écogarde intervient aux différents niveaux de l'identification
des besoins, de la rencontre entre l'offre et la demande (propositions de
solutions), voire à des conseils ou formations ponctuelles, ainsi que le
suivi pour l'exécution des chantiers.
2 - Développement de micros projets dans la
région
2-1 Jardins scolaires
En dehors des gardes, le CNPN avec l'appui technique de la
WCS a mis en place depuis octobre 2005 une ONG locale. Cette ONG
communautaire s'appelle OIPDEF (Organisation Internationale pour la Protection
de l'Environnement et des Forêts) et a pour responsable un ressortissant
de la région, au nom de Medzo m'Ondo Prosper. Pour son fonctionnement,
elle a bénéficié d'un financement de six millions de
francs CFA (6. 000. 000) venant de Carpe-Gabon. Le dit budget est
géré par le responsable de l'ONG, en partenariat avec les
gestionnaires du Parc National des Monts de Cristal-WCS.
Les jardins scolaires ont une vocation sociale, ils
s'inscrivent également dans l'éducation environnementale. Il est
question d'apprendre à l'enfant l'agriculture et montrer aux parents
d'élèves que le secteur agricole est aussi rentable pour le
social. Le principe du CNPN et de la WCS consiste à mettre en place des
jardins potagers dans chaque village ayant un établissement scolaire. Le
projet s'est également poursuivi dans la ville de Medouneu. Les
principaux bénéficiaires sont les villages situés dans le
secteur Mbé des Monts de Cristal. L'effectif était de sept
villages donc : Nkombé, Effoulane, Edoum, Akoga (Medouneu) et
Mveng-Ayong, Andok-foula, Mela (Kango).
Un jardin agricole est une partie d'un espace situé
à proximité d'une maison et où l'on pratique une culture,
généralement destiné à la consommation ou à
la commercialisation. Pour assurer le bon déroulement des
activités agricoles, la WCS met à la disposition des directeurs
d'écoles, chargés de sa régularisation, des semences de
diverses qualités. A côté des semences, nous avons encore
la logistique technique : les brouettes, des râteaux, des gans etc.
Habituellement, les directeurs d'écoles en compagnie de leurs
élèves, plantent plusieurs aliments. La surveillance
sanitaire de ces aliments est assurée par un agronome.
Tableau 26 : Les produits des jardins
scolaires
Noms en fang
|
Noms en français
|
Noms scientifiques
|
Eseng
|
Oseille
|
Hibiscus gabdaniffer
|
Bilog
|
Chou pomme
|
Brassica oleracea
|
Bilog
|
Salade
|
Lacatus sativa
|
Zong
|
Aubergines
|
Solanum spp
|
Vumba
|
Tomates
|
Solanm lylopersium
|
Okame
|
Piment
|
Capsicum sp.
|
Edeng
|
Amarante
|
Amaranthus
|
Etetame
|
Gombo
|
Lubiscus esculentus
|
|
Ce tableau présente la liste des plantes que le CNPN
et la WCS met à la disposition des directeurs d'écoles dans le
cadre des jardins scolaires. Ces essences sont plantées individuellement
sous forme de sillons. Dans chaque sillon, on plante une espèce. Ceci
est dû au fait qu'il y a des plantes qui ne doivent pas s'associer aux
autres et cela permet un suivi harmonieux de ces dernières. Ces plantes
poussent sans beaucoup de difficulté, d'autant plus que la terre de la
région est très fertile. Ces cultigènes sont
destinés à la commercialisation essentiellement. Les produits
sont vendus dans les villages ou dans les centres urbains les plus proches. Ces
prix sont très appréciés sur le marché. Ce dernier
tient compte de la population riveraine d'autant plus que dans nos coutumes
certaines ressources ne sont pas consommables. C'est le cas du chou pomme et de
la laitue. Les prix varient aussi en fonction du client.
Tableau 27: Prix des produits sur le
marché
Noms en fang
|
Noms en Français
|
Noms Scientifiques
|
Prix sur le marché (cfa)
|
Bilog
|
Chou pomme
|
Brassica oleracea
|
200 ( le pied)
|
Bilog
|
Laitue
|
Latuca sativa
|
200 ( le pied)
|
Zong
|
Aubergine
|
Solanum spp
|
500 (le tas)
|
Voumba
|
Tomate
|
Solamum lylopersium
|
100 (le tas)
|
Okame
|
Piment
|
Capsicum sp.
|
100 (le tas)
|
Edeng
|
Amarante
|
Amanthus
|
100
|
Essang
|
Oseille
|
Hibiscus gabdaniffer
|
|
Etetame
|
Gombo
|
Lubiscus esculentus
|
100 (le tas)
|
|
Source : Notre enquête de terrain,
avril 2007
Dans ce tableau, on a la liste des plantes que le CNPN et la
WCS met à disposition des directeurs d'écoles pour planter dans
les jardins scolaires. Ces aliments sont vendus à des prix
différents, ils sont à la portée de tous et sont
acceptables sur le marché. Ainsi, ils sont vendus aux villageois
environnant les écoles primaires. Les bénéfices qui
sortent des produits de jardins scolaires sont destinés à
l'aménagement des écoles primaires. Ils contribuent à
l'achat du matériel pédagogique tels : la craie, les
instruments géométriques du maître, des fournitures
scolaires des élèves.
C'est une façon pour les gestionnaires du Parc de
lutter contre la pauvreté car, ils contribuent à l'aide sociale.
Cette initiation humanitaire est très appréciée par la
majorité de la population. A ce sujet, Christian Van
Rompaey dans son article « jardin à vocation sociale
dira : « les jardins scolaires sont des insertions sociales
pour les ONG vertes ». Ici, c'est la valorisation de leur image
qui importe et non la production en elle-même.
2.2 Le club d'écologie
L'initiative « club écologique » a
démarré en 2004 et continue malgré les problèmes
auxquels il fait face. Le club écologique est perçu comme un
instrument d'aide aux projets de conservation. Il éduque les jeunes sur
l'écologie et l'environnement. Le club écologique mis en place
par le CNPN et la WCS est installé au collège de Medouneu. Ce
dernier implique tous les jeunes collégiens de la région. Le club
s'inscrit dans le cadre d'un environnement sain. L'objectif global de cette
initiative est de contribuer à l'amélioration de l'environnement
sanitaire du collège en vue de favoriser une meilleure condition de
travail pour les élèves et les enseignants.
Entretien 31 : HEGA Martin Fridolin, 36
ans, Responsable de l'éducation environnemental Monts de Cristal-WCS,
sur les objectifs du club écologique. Notre entretien a eu lieu
le 5 juillet 2007, au WCS et a duré 45mn.
« Nous ne décidons de rien sans l'avis du
CNPN. Depuis la mise en place du Parc les choses se déroulent
passablement. Néanmoins, nous avons mis en place un club
écologique au CES de Medouneu. Ce club est très important dans le
cadre de nos activités. Les collégiens et les enseignants sont
très impliqués dans cette initiative. On éduque les
enseignants mais surtout les élèves sur l'écologie,
l'environnement, les effets négatifs et positifs liés à
ces derniers, dans le but de changer leurs comportements sur le plan
écologique ».
Ce récit relate les objectifs que vise le club
d'écologie mis en place au CES de Medouneu. En effet, les initiateurs du
projet soucieux des maux que connaît l'environnement scolaire, vont
essayer de sensibiliser à travers cette initiation les jeunes filles et
garçon du collège sur la nécessité d'un
environnement sain. Ceci rentre dans le cadre du projet Parc National Monts de
Cristal. Les objectifs spécifiques sont :
- Assainir l'environnement scolaire ;
- Stimuler et rehausser les aspects d'hygiène et de
sécurité dans le collège ;
- Renseigner les enseignants et les élèves sur
l'écologie et l'environnement.
Pour assurer un suivi continu de ces activités et
faciliter la circulation des informations entre les partenaires
impliqués ainsi que la recherche de solutions aux difficultés
rencontrés, un comité a été mis en place
composé des élèves du collège. Le comité se
réunit deux fois sinon une fois par mois avec les responsables du
projet. Le collège a bénéficié pour le
démarrage de leurs activités des lots, des équipements de
protection sanitaire et des détergents :
- râteaux ;
- Pelle ;
- Machette ;
- Gans ;
- Javel ;
- Serpillière ;
- Balais brosse ;
- Corbeilles servant de poubelle etc.
Deux ateliers de formations ont été
organisés dont un à l'attention des enseignants et le second
à l'endroit des élèves. Les enseignants et les
élèves ont été formés sur les modules
suivants :
Les enseignants :
- Le club écologique (définition du club
écologique, ses activités, ses objectifs et ses
avantages ;
- Présentation du concept « collège
propre », « collège en santé »,
« collège vert ».
- Principales maladies liée à
l'assainissement ;
- Les mesures propres d'hygiène en milieu scolaire.
Pour les élèves :
- Le club écologique (rôle, structure,
attribution) ;
- Collège propre, collège vert, collège
en santé ;
- Assainissement en milieu scolaire et la gestion des
infrastructures sanitaires.
Pour compenser les élèves, la WCS organise de
temps en temps des journées de l'environnement. Cette journée est
ouverte uniquement aux élèves du collège. Les
adhérents sont habituellement présentés lors de la
cérémonie de remise officielle de l'initiative aux
autorités scolaires et administratives. Les prix contiennent entre autre
des dictionnaires écologiques, des dictionnaires
anglais-français, des livres écologiques, les cartes qui
représentent le Parc, des tee-shirts, des cahiers, stylos, crayons
ordinaires. Des réalisations dans le cadre de cette initiative donnent
des résultats encourageants. Les autorités scolaires et
administratives du collège se montrent réceptives à un
véritable changement aussi bien su l'aspect de l'hygiène mais
également sur le comportement des enseignants et élèves
dans la gestion de l'environnement écologique. La réussite de
l'initiative est extrêmement liée à l'engagement des
autorités locales. On peut alors affirmer que les activités de
l'initiative se perçoivent positivement et que son intérêt
ne faiblit pas. La preuve en est son nombre de membres qui augmente sans cesse
et la participation massive de ceux-ci à la journée du Club, qui
se tient chaque année, dans le cadre des journées scientifiques
et techniques de la WCS.
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