Domaine d'étude
Notre objet d'étude s'inscrit dans la
problématique de l'anthropologie écologique, dans la mesure
où nous analysons les rapports de l'homme à l'environnement.
L'anthropologie écologique est née dans les années 1930,
avec les travaux de Julian Stewar. Sa théorie consistait à
démontrer que la culture avait pour fonction principale l'adaptation
à la nature. Elle s'est construite sur l'idée de
séparation entre la culture et la nature.
A propos, Philippe Descola (2002 : 13)
dira : « Parler de la nature, c'est avant tout parler
de culture. On ne peut pas parler d'une nature extérieure au monde des
hommes, leur séparation est un dualisme expressif ». Ce
sont les hommes qui pensent la nature, et c'est cette optique théorique
que voudrait développer notre travail. La forêt des Monts de
Cristal est muette en elle-même. Ce sont les autochtones qui lui donnent
sens par leurs représentations et même par leurs pratiques.
L'anthropologie écologique s'inscrit aussi dans la
dynamique actuelle des relations entre société et environnement.
Elle apporte des réponses à la dichotomie nature et culture et a
pour objectif l'analyse des rapports entre l'homme et son environnement, sous
l'angle des interactions dynamiques entre les techniques de socialisation de
la nature et les systèmes symboliques qui les organisent. Cette
discipline a connu depuis quelques années un important regain
d'intérêt qui s'exprime au travers d'une production tout aussi
diversifiée. Il suffit de prendre connaissance de quelques-unes des plus
récentes publications : Alfred Irving Hallowell et Milton (1992),
Eduard Viveiros de Castro et Bennet (1993), Philippe Descola et Palson (1996),
Hellen et Fukui (1996). Les préoccupations actuelles à
l'égard de l'environnement contribuent sans aucun doute à cette
renaissance, en remettant à l'ordre du jour le débat
nature-culture, non seulement de l'anthropologie, mais aussi de la philosophie
et de la biologie, pour ne nommer que ces disciplines. Les anthropologues
écologistes doivent beaucoup à Claude Lévi-Srauss.
Il reste un des piliers de l'anthropologie symbolique, ainsi
qu'un passage nécessaire pour tout anthropologue qui veut aborder
l'anthropologie écologique. Il y a une filiation entre l'anthropologie
structurale et l'anthropologie écologique. Lévi-Strauss
parle du mariage entre le structuralisme et l'écologie. Elles
poursuivent toutes deux des visées universalistes. Il (2002 : 5)
traduit son intérêt pour la nature en ces mots :
« L'univers est objet de pensée au moins autant que
moyens de satisfaire des besoins». A ces anthropologues, nous ne
pourrons oublier les auteurs écologistes qui ont abordé la
différence de lectures qui donnent lieu à des conflits entre les
différents acteurs de la conservation : Tjibaou et Marcus
Colchester (1999), Frétigne (2003), John Nelson, Lindsay Hossack (2003),
Samuel Nguiffo (2003), et Sabine Rabourdin (2005). Marcus Colchester est
considéré au même titre que Claude Lévi-Strauss
comme un des piliers de ce domaine. Cet auteur évoque la
nécessité d'une gestion participative entre les acteurs de la
conservation. Il l'exprime en ces mots : « Pour une
meilleure conservation, les peuples autochtones doivent participer de
manière effective dans tous les programmes en faveur des aires
protégées, clé d'une gestion efficace »
(1999 : 168-170).
Problème, hypothèses et définition des
concepts
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