IV.1 .2. Disparités en termes de capacité de
négociation
Il existe une forte asymétrie entre l'UE et les pays
ACP au niveau de leur capacité de négociation. En effet, l'UE
dispose d'une structure institutionnelle solide (dont le Conseil des ministres
et le Parlement européen), d'une bureaucratie riche en ressources
à Bruxelles et d'une équipe de négociateurs
extrêmement compétents, qui travaillent sous l'autorité de
la Direction générale du commerce de la Commission
européenne. De leur côté, de nombreux groupements de pays
ACP n'ont pas de structure effective en matière de prise de
décisions et de fonctionnement. D'autre part, le centre de recherche
South Centre, affirme que les secrétariats
généraux166 qui ont mené les discussions sur
les APE manquaient de ressources techniques et humaines nécessaires pour
s'engager de façon effective dans les négociations167.
En outre, si la Commission européenne négociait au nom des 27
États membres, le Conseil pouvait intervenir dans le cas d'un
désaccord entre la position de la Commission et celle d'un ou de
plusieurs États membres168. Par contre, les États ACP
s'engageaient directement à travers leurs ambassadeurs, ce qui leur
laissait donc moins de possibilités de revenir sur les engagements pris
par les négociateurs en leur nom169.
IV.1 .3. Une dépendance asymétrique entre les
partenaires commerciaux
Alors que l'Union européenne reste le partenaire
commercial principal des États d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (29 % des exportations ACP se réalisent à destination
de l'Union européenne et 24 % des importations des pays ACP proviennent
de l'Union européenne170), ces derniers ne constituent que 3
% du commerce de l'Union européenne (2,9 % des exportations et 3,1 % des
importations de l'Union européenne)171. En outre, cette
dépendance est d'autant plus grande pour les pays d'Afrique
subsaharienne et surtout pour l'Afrique centrale qui compte sur les
importations de l'Union européenne à hauteur 74, 1 % et dont 51,7
% de ses exportations lui sont destinées172. Ainsi, l'Union
européenne reste, comme l'affirme Anna Lipchitz, « d'une
importance primordiale pour les échanges des pays
ACP
166 Les secrétariats généraux des
différentes régions ACP qui négocient sont les suivants :
le Marché commun de l'Afrique orientale et australe, le COMESA, le
Groupe de l'Afrique orientale et australe, la Communauté
économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO, le
Groupe d'Afrique de l'Ouest, le Forum des Caraïbes du Groupe des
États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, le CARIFORUM.
167 Le South Centre explique ainsi que la rédaction des
deux projets d'accords d'APE pour les régions Afrique de l'Ouest et
Afrique centrale avaient dû être assurés par la CE à
cause de leurs ressources limitées en matière de
négociation. Voir : SOUTH CENTRE, Comprendre les Accords de
partenariat économique (APE), Fiche Technique n°1, Document
analytique, Genève, Mars 2007, p. 16.
168 En effet dans ce cas, le Conseil peut revenir sur un
engagement qu'aurait pris la Commission mais qui ne plairait pas à
certains membres du Conseil. Voir : VAN DER STEEN, D., DANAU, A.,
op.cit., p.13.
169 Ibid.
170 Voir : Annexes.
171 LIPCHITZ, A., op.cit., p.11-12.
172 Voir : Annexes.
(elle est la plus grande importatrice et la seconde
exportatrice pour les pays ACP), mais ces échanges sont marginaux pour
l'Union européenne (de l'ordre de 3%)173».
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