- UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES-
Faculté des Sciences sociales, politiques et
économiques D.E.S. en coopération au développement
L'INTEGRATION DES PAYS ACP (AFRIQUE, CARAÏBES ET
PACIFIQUE) DANS L'ECONOMIE MONDIALE PAR LES APE (ACCORDS DE PARTENARIAT
ECONOMIQUE):
Leurre imposé ou ambition réaliste pour
le développement ?
Par Stéphanie de Halleux
Promoteur : Prof. Alain Verhaagen Assesseur: Prof. Ali Bayar
2007-2008
Mémoire présenté en vue de l'obtention
du Diplôme de D.E.S. en Coopération
au développement
Je remercie le professeur Alain Verhaagen d'avoir accepté
de promouvoir et de
soutenir la réalisation de ce mémoire.
Merci au professeur Ali Bayar d'avoir assumé la
co-direction du présent
mémoire.
Merci à mes parents pour leur soutien inébranlable
dans les divers projets entrepris ainsi que de m'avoir donné la
possibilité d'effectuer un troisième cycle universitaire en
coopération au développement.
Je remercie Christiane Leong Ho Yng, experte sur les questions
commerciales au niveau multilatéral, de m'avoir reçue à
plusieurs reprises au Secrétariat des États d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique et de m'avoir éclairée sur
la question des Accords de partenariat économique .
Merci également Gérard Karlshausen, chargé
des questions européennes au CNCD et délégué
belge au CONCORD, de m'avoir reçue au CNCD et d'avoir répondu
à mes interrogations.
Mercifinalement à mes proches qui ont contribué
des près ou de loin à la
réalisation de ce mémoire.
« La main qui donne est toujours au-dessus de
celle qui reçoit. »
Proverbe Africain
TABLE DES MATIÈRES
SIGLES ET ABREVIATIONS 6
I. INTRODUCTION GÉNÉRALE 8
II. LES APE OU RUPTURE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE DE
L'UE 12
II.1. MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE DE LA COOPÉRATION
UE-ACP 13
II.1.1. La coopération UE-ACP avant Lomé
13
II.1.2. La coopération UE-ACP sous les Conventions de
Lomé (1975-2000) 15
II.1.3. Des préférences commerciales qui n'ont
pas eu les retombées positives espérées 18
II.2. L'ACCORD DE COTONOU 21
II.2.1. Eclaircissement sur les APE tels que conçus
par l'Accord de Cotonou 22
II.2.2. La conformité des APE aux règles de l
'OMC en son article XXIV 23
II.2.3. Les mécanismes du processus de conception et
de mise en place des APE 25
II.2.3.1. Les étapes de la définition des APE 25
A. Phase 1 : Négociations tous-ACP/UE 25
B. Phase 2 : Négociations régionales 25
C. Phase 3 : Phase d'implantation (2008-2020) 26
II.2.3.2. Les modalités de la négociation 27
II.3. CONCLUSION 28
III. LA POSITION DE
L'UE ET DES ACP EN VUE D'ENTAMER LES NÉGOCIATIONS SUR LES APE
29
III. 1. LE POINT DE VUE SOUTENU PAR L'UNION EUROPEENNE 30
III.1.1. Les arguments mis en avant par l'UE pour justifier
l'instauration d'un nouveau
régime commercial 30
III.1.1.1. L'échec du système Lomé 31
III.1.1.2. La conformité avec les règles de l'OMC
32
III.1.2. La position de l'UE pour la négociation des
APE à travers le mandat du Conseil
européen 33
III.2. LA POSITION DES PAYS ACP POUR LA NEGOCIATION DES APE 36
III.3. LE RESULTAT DE LA PREMIERE PHASE DES NEGOCIATIONS OU LE
DEBUT D'UNE CRISE DE CONFIANCE ENTRE LES PARTENAIRES DES NEGOCIATIONS 39
III.3.1. Mise en évidence des points convergents et
divergents à l'issue de la première
phase des négociations (tous ACP- UE) 40
III.4. CONCLUSION 42
IV. LES APE, OUTIL POUR LE DEVELOPPEMENT DES ÉTATS
ACP ? 43
IV.1. DES PARTENAIRES INEGAUX 43
IV. 1.1. Les plus pauvres contre les plus riches 44
IV. 1.2. Disparités en termes de capacité de
négociation 45
IV. 1.3. Une dépendance asymétrique entre les
partenaires commerciaux 45
IV. 1.4. Des pays ACP plus protecteurs en droits de douane
que l'Union européenne 46
IV.2. LES ETUDES D'IMPACT SUR LA LIBERALISATION COMMERCIALE
46
IV.3. UN RALENTISSEMENT DES NEGOCIATIONS REGIONALES IMPUTABLE A
DIFFERENTS FACTEURS 49
IV.3.1. Incapacité humaine de mener les
négociations par les États ACP 50
IV.3.2. Des questions qui suscitent de vifs débats
entre les partenaires 51
IV.3.2. 1. La dimension développement des APE 51
IV.3.2.2. La demande de ressources additionnelles distinctes du
FED 54
IV.3.2.3. L'interprétation de l'article XXIV de l'OMC
56
IV.3.2.4. Les alternatives aux APE 58
IV.4. CONSEQUENCES : L'IMPOSSIBILITE DE SIGNER DES APE COMPLETS
POUR L'ECHEANCE PREVUE PAR L'ACCORD DE COTONOU 62
IV.4.1. Etat des lieux des négociations et scission
des régions 64
IV. 4.2. Contenus des accords paraphés 68
IV.5. CONCLUSION 69
V. CONCLUSION GENERALE 71
VI. BIBLIOGRAPHIE 80
VII. GLOSSAIRE 93
VIII. ANNEXES 98
SIGLES ET ABREVIATIONS
AC Accord de Cotonou
ACP Afrique Caraïbes Pacifique
AGCS Accord général sur le commerce des services
APE Accords de partenariat économique
BEI Banque européenne d'investissement
CARIFORUM Forum des Caraïbes (États ACP des
Caraïbes)
CE Commission européenne
CEA Commission économique pour l'Afrique
CEE Communauté économique européenne
CEDEAO Communauté Économique des États de
l'Afrique de l'Ouest
CEMAC Communauté Économique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
COMESA Marché Commun d'Afrique Orientale et australe
DG Direction générale
ECDPM Centre Européen de Gestion des Politiques de
Développement
FED Fonds européen de développement
FEDOM Fonds européen pour le développement des
territoires d'Outre-Mer
GATT General agreement on tariffs and trade
NPF Nation la plus favorisée
ONG Organisation non gouvernementale
OMC Organisation mondiale du commerce
PMA Pays les moins avancés
PAS Programme d'ajustement structurel
PTOM Pays et territoires d'Outre-Mer
SADC Southern african development countries
SPG Système de préférences
généralisées
TSA Tout sauf les armes
UE Union européenne
UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine
I. INTRODUCTION GÉNÉRALE
« (...) la libéralisation du commerce,
même progressive, ne peut mener les pays au développement. Ce
type de libéralisation du commerce entre des partenaires
inégaux s'est toujours avéré être un moyen
ineffectif de développement, voire même nuisible. Une
telle politique de libéralisation du commerce pourrait faire obstacle
à la capacité de nos pays de réduire la pauvreté
et d'assurer un développement durable.1 »
Le 23 juin 2000, 77 pays du groupe des États d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique2 (ACP) ainsi que 15
pays3 qui constituaient alors l'Union européenne, signaient
un nouvel accord de coopération, connu sous la dénomination
d'Accord de Cotonou. Cet accord prévoyait que des
négociations entre les différents groupements
régionaux des ACP (Afrique Centrale, de l'Ouest, l'Est et du Sud, plus
celles des Caraïbes et du Pacifique) et la Commission Européenne
(CE agissant au nom de l'Union Européenne), soient entreprises au cours
de l'année 2002 en vue de conclure des Accords de partenariat
économique (APE) qui viendraient remplacer le système
commercial de préférences non réciproques, instauré
par les différentes conventions de Lomé. Selon les dispositions
de l'Accord de Cotonou, les APE devaient conduire à une
élimination progressive des entraves aux échanges entre l'UE et
les ACP afin de « promouvoir leur intégration dans
l'économie mondiale (...), encourageant ainsi leur
développement durable et contribuant à
l'éradication de la pauvreté dans les pays ACP
»4. L'Accord de Cotonou précisait également
que les nouveaux accords commerciaux devaient impérativement
être compatibles avec les règles de
l'OMC5 et entreraient en vigueur le 1er
janvier 2008, date à laquelle, la dérogation obtenue
à Doha en 2001 sur la prolongation du système de Lomé
prenait fin.
Dès son annonce, le projet des APE fit couler beaucoup
d'encre et provoqua de nombreuses mobilisations auprès des membres de
la société civile. La campagne « Mettre un terme aux APE
», fut ainsi lancée en 2004 par une vaste coalition
1 Ato Girma Birru, Ministre du commerce et de l'industrie,
Ethiopie, dans son exposé, le 2 nov. 2006, à l'ouverture du 9e
ESA RNF, bâtiment de la CEA. Citation prise sur le Site Internet de la
campagne stop APE.
http://www.ape2007.org/main.asp?id=305
2 Le « Groupe ACP » désigne les 79 pays
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. L'entité juridique qu'ils
constituent a été instituée par la signature de l'Accord
de Georgetown (Guyana) le 6 juin 1975. Les 48 premiers États ACP,
entretenaient alors des relations privilégiées avec la
Communauté européenne en raison du passé colonial qui les
unissait à certains membres de la CEE - Belgique, France, Italie,
Luxembourg, Pays-Bas et République fédérale d'Allemagne.
Leur nombre est passé de 46 en 1975, à 58 en 1980, 65 en 1985, 70
en 1995, et enfin 79 membres en 2004. Cuba est membre du groupe ACP mais n'est
pas signataire de l'Accord de Cotonou. Le dernier pays à accéder
au Groupe ACP fut le Timor Leste. Il est associé à la
région Pacifique. Le groupe ACP compte ainsi 48 pays en Afrique
sub-saharienne, 16 pays de la Caraïbe et 15 pays du Pacifique. Voir : Site
Internet du Secrétariat des ACP. Lien URL :
http://www.acpsec.org/fr/about_us.htm
3 Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande,
France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal,
Royaume-Uni, Suède.
4 Accord de Cotonou, Article 34, § 1.
5 Accord de Cotonou, Article 34, §4, Article 36, §1,
Article 37, §6, Article 37, §7.
d'ONG d'Europe et des pays ACP, qui considérait que les
APE présentaient de nombreux risques, et étaient nuisibles au
développement6. Si la société civile du Nord
s'organisait7 afin d'exprimer son inquiétude à
l'égard des APE, la société civile du Sud, faisait
également entendre sa voix à travers diverses
déclarations8 et manifestations. De nombreuses études
réalisées par des centres de recherches indépendants et
des membres de la société civile9,
dénonçaient en outre l'impact provoqué par la
libéralisation des échanges sur les économies ACP.
Cette effervescence s'expliquait en réalité par
l'enjeu qu'un tel projet suscitait. En effet, il s'agissait
pour les régions ACP, d'instaurer des zones de
libre-échange avec l'Union européenne alors que depuis
1975 (première Convention de Lomé), les pays ACP pouvaient
exporter un nombre important de leurs produits sur le marché
communautaire en franchise de douane10 et sans
réciprocité. En outre, les négociations visant
à instaurer des APE entre l'UE et les États ACP, mettaient en jeu
des partenaires profondément inégaux tant sur le
plan politique, qu'économique. Ainsi, les négociations opposaient
d'un côté vingt-cinq puis vingt-sept pays membres11 de
l'UE, dotée d'un PNB combiné de plus de 14.000 milliards de
dollars12, à six groupes de pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique, dont 39 faisaient partie des 50 pays les moins
avancés (PMA13) au monde. D'autre part,
l'asymétrie commerciale entre les partenaires était telle que
l'UE restait le principal partenaire commercial des
États ACP14 alors que ces derniers ne
représentaient
6 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », Rapport ECDPM, Maastricht : ECDPM, n°11, mars 2006,
p.57. Document téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://www.acp-eu-trade.org/library/files/Bilal-Rampa_FR_0206_ECDPM_APEalternatifs-et-alternatives-aux-APE.pdf
7 Les grands moments de cette coalition furent les suivants :
réunion en mars 2006 des organismes de la société civile
« Arrêter les APE » rattachés à l'Union
européenne et aux pays ACP à Harare afin de lancer un appel
mondial à l'action pour stopper les APE ; une mobilisation
internationale UE-ACP contre les APE fut menée le 17 avril 2007 devant
les délégations de la Commission européenne et les
Ambassades d'Allemagne, pays qui assurait la présidence de l'UE à
ce moment ; le 27 septembre 2007, une mobilisation internationale fut
menée par les organismes de la société civile de la
campagne « Arrêter les APE ».
8 Le 21 juin 2004, lors du 4ème Sommet des
Chefs d'États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, les
organisations de la société civile des régions africaines,
adoptèrent la déclaration de Maputo (capitale du Mozambique) afin
d'exprimer leurs craintes à l'égard des APE.
9 Voir Bibliographie.
10 Au total, la quasi-totalité des exportations des
pays ACP (entre 95 et 98,5 %) accédait sans droits de douane au
marché communautaire. Seuls, trois produits concurrents de l'UE (sucre,
banane et riz) étaient soumis à des restrictions de
quantité ou de prix.Voir : SEBAHARA, P. (GRIP), « Le partenariat
entre l'UE et les États ACP. Regard rétrospectif et défis
à relever », Cycle de formation CTB, 2007, p.2.
11 Jusqu'au 1er janvier 2007, la CE
négociait des APE au nom des vingt-cinq États membres. Depuis le
1er janvier 2007, le Bulgarie et la Roumanie devinrent les nouveaux
membres de l'Union européenne, qui est composée depuis lors par
vingt-sept États membres.
12 DELCOURT, L., Aide au développement de l'Union
européenne : perspective critique, Louvain-la-Neuve : CETRI, 16
juillet 2008. Article téléchargé sur le site Internet du
CETRI. Lien URL :
http://www.cetri.be/spip.php?article667
13 La catégorie des PMA a été
définie par l'ONU en 1971 à partir de trois critères : un
PIB par habitant inférieur à 100 dollars par an, une valeur
ajoutée de l'industrie inférieure à 10 % du PIB et un taux
d'analphabétisme de plus de quinze ans supérieur à 20 %.
On compte 49 PMA en 2003, dont 8 seulement hors du groupe ACP : Bangladesh,
Cambodge, Laos, Maldives, Birmanie, Népal, Yémen et Bhoutan.
14 29 % des exportations ACP se réalisent à
destination de l'Union européenne et 24 % des importations des pays ACP
proviennent de l'Union européenne. Voir : LIPCHITZ, A., Les accords
de partenariat économique : des accompagnements nécessaires.
Document de travail n°36, Agence française de
Développement (Département de la Recherche), Janvier 2007, p.12.
Document téléchargé sur Internet. Lien URL :
que 3 % du commerce de l'Union européenne15.
Il existait également de fortes disparités entre l'UE et les
États ACP au niveau de leur capacité de négociation, dans
la mesure où l'UE bénéficiait d'une structure
institutionnelle solide lui permettant de négocier des accords
commerciaux au nom des vingt-sept États membres, tandis que les
États ACP ne disposaient pas de structure effective en matière de
prise de décisions et de fonctionnement, et négociaient en
conséquence par l'intermédiaire de leurs ambassadeurs.
Si l'UE et les États ACP s'accordaient à dire
que les APE devaient concourir en premier lieu au développement des
États ACP, les divergences entre les parties sur les
moyens pratiques visant à intégrer la dimension «
développement » dans les APE, contribuèrent à
ralentir les négociations et à exacerber les tensions entre les
parties. L'objectif du présent mémoire est
d'analyser les enjeux des Accords de partenariat économique pour les
pays ACP et les membres de l'Union européenne, à la
lumière de leurs prises de position lors des négociations. Nous
étudierons ainsi que pour l'UE, l'instauration de nouveaux accords
commerciaux basés sur le libre-échange se justifiait par deux
raisons principales : l'échec des préférences commerciales
de Lomé et la compatibilité des nouveaux accords commerciaux avec
les règles du commerce multilatéral. Pour les États ACP
par contre, il s'agissait, comme l'affirme San Bilal16, «
de préserver leur accès au marché
préférentiel dans l'UE, tout en essayant de minimiser leurs
engagements en matière d'ouverture des marchés ou de
réformes réglementaires (notamment sur les questions dites
liées au commerce, telles que les services et
l'investissement)17 ». Ainsi selon l'auteur, «
les APE [étaient] généralement perçus
[par les États ACP] non pas comme une opportunité, mais
comme une fatalité ou plus précisément, " le prix à
payer pour continuer à exporter vers l'Europe", principal partenaire
commercial pour nombre de pays ACP18 ». Le mémoire
veille ainsi à mettre en exergue la difficulté à
négocier des accords de libre échange entre des acteurs
extrêmement inégaux en termes de capacité de
négociation et de puissance économique.
Pour procéder à l'analyse des Accords de
partenariat économique, nous avons sélectionné de
nombreux ouvrages qui traitaient du sujet en profondeur19.
La difficulté de cet exercice intellectuel relevait de la grande
quantité de documents
http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/documents-detravail/dt36-Accords-partenariat-economiques.pdf
15 Ibid.
16 Le Dr Sanoussi Bilal est Coordinateur de programme du
Programme de l'ECDPM sur la coopération commerciale et économique
ACP-UE.
17 BILAL, S., « APE, vision, foi ou aveuglement ? »,
Eclairage sur les négociations, Maastricht : ECDPM, Vol.6,
n°6, octobre 2007, p.2. Document téléchargé sur le
site Internet de l'ECDPM :
www.ecdpm.org
18 Ibid.
19 Voir Bibliographie.
auxquels nous étions confrontés dans la mesure
où les analyses variaient considérablement en fonction de
l'origine de l'auteur. En effet, les APE déchaînèrent les
passions et furent la source d'analyses variées. Aussi, ce
mémoire n'a pas pour ambition d'évaluer les avantages
et/ou les désavantages des Accords de partenariat
économique, mais bien d'analyser de façon objective le
déroulement des négociations afin de mieux appréhender les
positions de chaque acteur et les rapports de force entre ceux-ci.
Le mémoire se divise en trois chapitres. La
première partie se penche sur l'histoire des relations
UE-ACP afin de mieux appréhender les causes de la transformation du
volet commercial de la coopération telle que libellée par le
nouvel accord de partenariat. Nous analyserons également dans ce
chapitre les conditions fixées par l'Accord de Cotonou pour aboutir
à la mise en oeuvre de nouveaux accords commerciaux entre l'UE et les
régions ACP. Nous nous pencherons finalement sur les mécanismes
du processus de conception et de mise en place des APE en étudiant la
structuration des négociations et leurs modalités. Le
deuxième chapitre du mémoire portera plus
spécifiquement sur l'analyse de la première phase des
négociations UE-tous ACP afin de mettre en exergue les points de
convergence et de divergence qui apparurent à l'issue de cette
première étape. Ce deuxième chapitre nous permettra de
comprendre que la première phase des négociations aboutit
à une crise de confiance entre les partenaires, dans la mesure où
les demandes exprimées par les pays ACP ne furent pas prises en compte
par les négociateurs européens dès le début des
négociations, suscitant de la sorte des retards et des frustrations lors
des négociations régionales (deuxième phase des
négociations). La troisième et dernière
partie du mémoire, analyse d'une part les asymétries existant
entre les parties aux négociations, et d'autre part, les points qui
suscitèrent des désaccords entre l'UE et les États ACP
lors de la deuxième phase des négociations. Nous verrons ainsi
que les questions qui avaient soulevé des tensions lors de la
première phase des négociations, perdurèrent lors de la
deuxième phase des négociations, provoquant ainsi beaucoup
d'acrimonies et de retards. Finalement, nous expliquerons que le retard
accumulé dans les négociations, poussa la Commission
européenne, à proposer aux États ACP, à quelques
mois de la fin des négociations, une approche en deux étapes en
signant des accords intérimaires sur la libéralisation des
marchandises.
II. LES APE OU RUPTURE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE DE
L'UE
« La position de l'UE est étonnamment optimiste
par rapport aux avantages qu'apporteraient les APE aux pays ACP. Au mieux,
ce scénario pourrait se réaliser pour certains pays ACP.
Mais malheureusement, l'histoire (notamment celle de l'économie
du développement) a montré qu'il n 'y a pas de `solution
unique' pour le développement.20 »
Pendant vingt-cinq ans, les
préférences commerciales accordées par l'Union
européenne aux pays ACP ont représenté un pilier essentiel
de leur coopération dans le cadre des Conventions de Lomé (1975,
1980, 1985, 1990, 1995). D'après le Centre Européen de Gestion
des Politiques de Développement (ECDPM), il s'agit de l'accord
commercial Nord-Sud le plus ambitieux à ce
jour21. L'objectif général des Accords de
Lomé était de mettre en place une coopération en vue du
développement économique et du progrès social des
États ACP via une combinaison d'avantages commerciaux22 et
d'aide au développement. Pourtant comme l'explique l'ECDPM, après
vingt-cinq années sans grands changements, l'Union européenne a
pris l'occasion de la renégociation -entre 1998 et 2000- de ses accords
de coopération avec les ACP pour entamer une transformation
profonde du régime commercial ACP-UE23. Ainsi,
l'Accord de Cotonou, signé le 23 juin 2000 à Cotonou (capitale du
Bénin) a remplacé la dernière convention de Lomé.
Il prévoit la négociation en 2002 de nouveaux accords commerciaux
compatibles avec les règles du commerce international. L'Accord de
Cotonou énonce que toutes les préférences tarifaires non
réciproques appliquées en faveur des pays ACP devaient être
maintenues jusqu'au 31 décembre 2007. Ainsi, selon l'Accord de Cotonou,
les préférences commerciales devaient être
remplacées à partir de 2008 par une série
d'accords de libre échange régionaux compatibles
avec les règles de l'OMC.
Afin de cerner au mieux la position de chaque acteur (UE-ACP)
lors des négociations pour la mise en place d'un nouveau régime
commercial (APE), il est utile de jeter un regard rétrospectif sur les
relations de coopération antérieures à l'Accord de
Cotonou. Nous retraçons succinctement l'histoire des relations UE-ACP
afin de saisir l'esprit de cette coopération à travers le temps
et ce, dans l'objectif de mieux appréhender la transformation profonde
qui s'est opérée dans le volet commercial de la
coopération ACP-UE de l'Accord de Cotonou. Nous expliquerons
20 BILAL, S., « APE, vision, foi ou aveuglement ? »,
op.cit., p.2.
21 ECDPM, De Lomé à Cotonou, Infokit
Cotonou n°13, Maastricht : ECDPM. Document téléchargé
sur Internet. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM%5CWeb%5CFr_Content%5CNavigation.nsf/index2?ReadFom
22 Voir ci-dessous le point II.1.2. sur le partenariat
ACP-UE sous les conventions de Lomé (1975-2000)
23 ECDPM, De Lomé à Cotonou,
op.cit.
par la suite en quoi consistent les Accords de partenariat
économique tels que libellés par l'Accord de Cotonou pour passer
finalement en revue les modalités des négociations.
II.1. MISE EN PERSPECTIVE HISTORIQUE DE LA COOPÉRATION
UEACP
II.1 .1. La coopération UE-ACP avant Lomé
Le partenariat entre l'Union européenne (UE) et les
États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) est le
résultat d'un long processus historique lié à la fois
à la création de la Communauté économique
européenne (CEE)24 et à la décolonisation au
cours de la décennie 195025. Comme l'explique Pamphile
Sebahara, cette coopération a évolué dans ses objectifs,
ses instruments et ses approches pour tenir compte de l'évolution
interne de l'UE et des États ACP mais aussi de l'évolution au
niveau international26. Sans être exhaustifs, voici les
évènements importants qui ont jalonné la construction des
relations entre la CEE et les pays et territoires d'outremer avant les quatre
conventions de Lomé.
En 1957, le Traité de Rome qui
institue la Communauté économique européenne (CEE),
prévoit d'associer27 en vertu de l'article 131 à 136
du Traité, les territoires ayant entretenu ou entretenant des relations
coloniales avec les six pays signataires du Traité (Belgique, France,
Italie, Luxembourg, Pays-Bas et République fédérale
d'Allemagne). Des relations particulières s'instaurent à travers
un cadre de libreéchange28 dans un rapport d'assimilation.
Selon les concepts définis dans la Partie IV du Traité CEE, les
relations entre la CEE et les pays et territoires d'Outre mer suivent deux
lignes directrices : d'une part, la régulation du commerce entre la
CEE
24 La Communauté économique européenne
(CEE) est crée en 1957 par le traité de Rome. La CEE
prévoyait la coopération économique, l'abolition
progressive des barrières douanières entre les pays membres et la
mise en place de tarifs douaniers communs avec l'extérieur. Les pays
signataires du traité de Rome sont la France, la République
Fédérale d'Allemagne, l'Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le
Luxembourg. La CEE reste en place jusqu'à l'application du Traité
de Maastricht le 1er janvier 1993, laissant dès lors la place
à l'Union européenne (avec l'instauration d'une monnaie unique et
de la citoyenneté européenne). Voir site Web de l'institut
national de la statistique et des études
économiques.
www.insee.fr
25 SEBAHARA, P. (GRIP), « Le partenariat entre l'UE et les
États ACP. Regard rétrospectif et défis à relever
», Cycle de formation CTB, 2007, p.2.
26 Ibid.
27 Cet « associationisme » est insufflé par
la doctrine coloniale française qui théorise l'idée de
complémentarité (politique et économique) entre la
métropole et ses colonies. Elle se heurte aux sensibilités
germaniques (Pays- Bas et Allemagne), en faveur de la construction d'une
association sous forme de partenariat, plutôt qu'une entente visant
à faire de ces territoires une excroissance du marché commun.
Malgré tout, c'est la conception française qui l'emporte et une
politique unilatérale est mise en oeuvre préservant ainsi la
nature des liens commerciaux. Voir: GRILLI, E.R., The European Community
and the Developping Countries, Cambridge: C.U.P., 1993, 387 p.
28 À travers le libre-échange, la
métropole pouvait recevoir de ses colonies, sans droits de douane, les
matières premières requises par ses industries et les grands
produits tropicaux demandés par son marché national. Inversement,
les marchés de ses colonies et dépendances étaient
protégés et réservés aux productions de ses
industries et à tous ses produits de traite. Voir : KEZA, J-P., GRANIER,
L., Valeurs culturelles et échec de l'aide au développement.
Application à l'Afrique subsaharienne, Paris : L'Harmattan, 2005,
p. 217.
et les pays associés et d'autre part, le transfert de
l'aide via le Fonds européen de Développement des PTOM
(FEDOM).
Dès 1960, le mouvement de décolonisation place la
CEE devant de nouveaux États indépendants, la poussant de la
sorte à les traiter différemment que dans le passé.
En juillet 1963, à Yaoundé, les
États membres signent une convention avec 18 États africains et
malgaches associés (EAMA). Cet accord d'association est conclu pour une
durée de cinq ans (1964-1969) et un dispositif
institutionnel29 est créé afin de gérer les
relations entre les deux parties à la convention. Yaoundé I
introduit un nouvel instrument financier : les prêts
spéciaux30 octroyés par la Banque européenne
d'investissement (BEI). En 1968, la convention de Yaoundé II
est signée pour une période de 5 ans (1969-1974) et
dispose d'un FED de 849 millions d'écus. Comme le précise
Jean-Placide Keza, le libre-échange de type classique et de
large portée régit les relations commerciales entre la
CEE et les 18 États africains. L'auteur précise ainsi que «
dans ce vaste marché où les économies
européennes et africaines deviennent complémentaires, les
marchandises s'échangeront sans restrictions quantitatives et sans
droits de douane31 ».
Le 1er janvier 1973, l'adhésion du
Royaume-Uni à la CEE va marquer un tournant dans les relations CEE-ACP.
L'adhésion à la CEE entraîne en effet
l'élargissement32 du champ spatial de la coopération
CEE avec le Sud, qui s'étend de l'Afrique, au Pacifique et aux
Caraïbes, impliquant de la sorte la mise en place d'un nouveau cadre de
relations. L'adhésion du Royaume-Uni à la CEE a pour
conséquence la création effective du groupe ACP33
ainsi que la signature de la première convention de
Lomé34 (Lomé I). En outre, l'entrée du
Royaume-Uni à la CEE implique également des
transformations35 au niveau des relations commerciales qui
étaient basées jusque
29 Les organes paritaires sont chargés de la mise en
oeuvre et de l'interprétation du Traité. Il s'agit du Conseil des
ministres, d'un Comité d'ambassadeur et d'une conférence
parlementaire. Chacune de ces institutions respecte le principe de
parité dans leur composition et leur organisation.
30 Les prêts spéciaux sont assortis d'un faible taux
d'intérêt, remboursables sur 40 ans et avec un
différé d'amortissement de 10 ans.
31 KEZA, J-P., GRANIER, L., op.cit., p.219.
32 En effet, l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE
entraîne la participation des ex-colonies britanniques à la
coopération liant l'Europe à ses anciennes colonies.
33 L'accord de Georgetown, signé en 1975, institue le
groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Comme
l'explique l'ECDPM, cet accord a résulté d'un certains nombre de
problèmes communs (sucre), mais surtout de la volonté des pays
des Caraïbes et du Pacifique de tirer avantage du pouvoir de
négociation de l'Afrique qui était considérable. L'Accord
de Georgetown dote le groupe ACP d'une structure permanente, en l'occurrence le
Secrétariat général, et lui confère un
véritable statut juridique. Voir : Site Internet ECDPM. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM%5CWeb%5CFr_Content%5CNavigation.nsf/index2?ReadFom
34 Comme le précise l'ECDPM, la première
convention de Lomé était marquée par son époque.
Elle reflétait le pouvoir géopolitique relatif des pays ACP dans
le contexte de la guerre froide, la crise pétrolière et le
débat idéologique sur le « nouvel ordre économique
international » qui occupait alors les esprits. Voir : ECDPM, De
Lomé à Cotonou, op.cit.
35 En effet, à cette époque, le Royaume-Uni
cherchait à intégrer dans le cadre communautaire ses
préférences commerciales particulières concernant les
bananes et le sucre et à élargir l'aide bilatérale
apportée à certaines anciennes colonies. Voir : Site Internet de
la Commission européenne. Lien URL :
http://ec.europa.eu/development/geographical/cotonou/lomegen/lomeitoiv_fr.cfm
- là sur un système de libre-échange. Ces
transformations, opérées dans le volet commercial de la
coopération UE-ACP, font l'objet de la section suivante.
II.1.2. La coopération UE-ACP sous les Conventions de
Lomé (1975- 2000)
La convention de Lomé est considérée
comme étant le modèle de coopération le plus
ambitieux jamais réalisé jusqu'à
aujourd'hui36. Comme l'explique Pamphile Sebahara dans son article,
les fondements de la politique de Lomé reposaient principalement sur une
coopération entre deux groupes régionaux (les États ACP
d'une part et l'UE de l'autre) ; une coopération sûre, durable et
prévisible, assise sur des arrangements juridiquement contraignants
fixés dans un cadre librement négocié, ainsi qu'une
coopération globale combinant les aspects de l'aide et du
commerce37. La coopération entre les deux entités
étaient facilitée à travers un dialogue permanent à
travers trois institutions communes : le Conseil des ministres ACP-UE, le
Comité des ambassadeurs ACP-UE et l'assemblée paritaire ACP-UE.
Les principaux domaines de coopération sous Lomé étaient
les suivants : un régime commercial favorable aux pays ACP, des
ressources financières importantes38, une coopération
industrielle et agricole39 ainsi que la recherche d'un partenariat
entre les deux communautés.
Dans la présente section, nous étudierons les
divers instruments commerciaux sous les Conventions de Lomé afin de
mieux appréhender les raisons du passage d'un régime commercial
préférentiel (préférences commerciales) à la
création de zones de libre-échange comme l'a prévu le
nouvel accord de coopération. Si le volet commercial se fonde sur divers
instruments tels que le régime de préférences non
réciproques, les mécanismes de stabilisation des prix
(Stabex40 et Sysmin41) ainsi que
36 ECDPM, Histoire et évolution de la
coopération UE-ACP, Infokit Cotonou n° 3, Maastricht : ECDPM.
Document téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM%5CWeb%5CFr_Content%5CNavigation.nsf/index2?ReadForm
37 SEBAHARA, P., La coopération politique entre
l'Union européenne et les États ACP. Bilan des politiques et des
pratiques sous les 4 conventions de Lomé, Maastricht : ECDPM,
Document de réflexion n°7, 2004. p.5.
38 La convention de Lomé est dotée de deux
principaux instruments financiers, à savoir le Fonds européen de
développement (FED) et la Banque européenne d'investissement
(BEI). Le FED accorde des subventions sous forme de dons et est le principal
instrument financier de l'aide communautaire pour les programmes quinquennaux
mis en oeuvre dans les pays ACP aux niveaux national et régional. Il est
alimenté par la contribution des États membres. La BEI accorde
quant à elle des prêts remboursables sur base de conditions
privilégiées. Cet organisme dispose de ses propres organes et
ressources.
39 La coopération dans le domaine agricole visait
principalement à développer la productivité, à
améliorer le niveau de vie dans le monde rural et à assurer la
sécurité alimentaire. Pour atteindre cet objectif, un centre
technique de coopération agricole et rurale (CTA) fut créé
en 1983 et était financé par le FED. Ce fonds avait pour mission
de développer et de fournir des services qui améliorent
l'accès des pays ACP à l'information pour le développement
agricole et rural tout en renforçant les capacités de ces pays
à produire, acquérir, échanger et exploiter l'information
dans ce domaine. Voir : SEBAHARA, P. (GRIP), « Le partenariat entre l'UE
et les États ACP. Regard rétrospectif et défis à
relever », op.cit., p.8.
40 Le Stabex (système de stabilisation des recettes
d'exportations de produits de base agricoles) est un mécanisme de
sauvegarde des recettes d'exportations agricoles qui a été mis en
place par la première convention de Lomé. L'objectif de cet
instrument était de garantir les recettes d'exportation pour une
cinquantaine de produits de base agricole. Un produit était couvert par
le mécanisme lorsque, au cours de l'année
précédente, les recettes
les produits protocoles42, nous focaliserons
principalement notre attention sur le système des
préférences non réciproques, dans la mesure où le
nouvel accord de coopération prévoit leur remplacement par la
création de micro-zones de libre échange, appelées Accords
de partenariat économique à partir de janvier
200843.
Pendant un quart de siècle, l'Union européenne a
accordé aux pays ACP dans le cadre des 4 conventions successives de
Lomé (1975, 1980, 1985, 1990), un régime commercial
préférentiel fondé sur le système de
préférences généralisées non
réciproques. Les conventions de Lomé ont ainsi
instauré des relations commerciales basées sur la
réciprocité asymétrique, alors que les relations
commerciales antérieures étaient basées jusque là
sur le principe de réciprocité44. L'objectif
du système de préférences
généralisées non réciproque visait à
l'origine à promouvoir et à diversifier les exportations des pays
ACP afin de favoriser leur croissance et leur développement. Les
préférences commerciales non réciproques ont
consisté à accorder un avantage aux produits45 ACP
importés en
d'exportation qu'il avait assurées, avaient
représenté au moins 5 % des recettes totales du pays
concerné (1% pour les pays les moins avancés ou les pays
insulaires). Ainsi, une compensation était accordée lorsque les
recettes étaient réduites d'au moins 5 % par rapport à la
moyenne des six années précédentes. Le Stabex a
fonctionné sans à-coups jusqu'au début des années
quatre-vingts ; faute de ressources (alors que les cours des matières
premières comme le café et le cacao restaient bas), le
mécanisme a dû faire face ensuite à plusieurs crises
financières. Le Stabex n'a pas été reconduit dans l'Accord
de Cotonou sous sa forme originelle mais a été fondu dans les
financements du FED. Voir : KOEHLER, G., L'avenir du Stabex,
Maastricht : ECDPM, document de travail ECDPM n° 47, 1998. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM/Web/Content/FileStruc.nsf/index.htm?ReadForm&0494954FBCCEBA36C
1256C8B00374A69
41 Le Sysmin fut une innovation de Lomé II et portait
sur la sauvegarde des recettes d'exportations des produits miniers (cuivre,
étain). Un pays pouvait bénéficier du Sysmin lorsque ses
capacités de production baissaient de minimum 10 % pour un minerai non
précieux représentant au minimum 15 % de son volume
d'exportations minérales. Tout comme le Stabex, le Sysmin n'a pas
été reconduit par le nouvel accord de partenariat et a
été fondu dans les financements du FED.
42 Les protocoles ont été introduits par la
convention de Lomé II. Les protocoles ont été conclus
progressivement pour différents produits tels le sucre, la viande, les
bananes et le rhum. L'objectif des protocoles était de permettre aux
pays bénéficiaires une diversification de leur économie.
Les protocoles devaient assurer à ces pays de vendre un certain quota de
production à un prix supérieur à celui du marché
mondial dans le but de stabiliser les recettes d'exportation afin de permettre
un réinvestissement vers une autre production. Cependant, les
bénéfices des protocoles vont diminuer suite à des
évolutions qui échappent aux négociations entre l'UE et
les pays ACP. Le protocole rhum va ainsi disparaître en 1996 suite
à un accord entre l'UE et les Etats-Unis sur les spiritueux. Le
protocole banane, quant à lui, est en cours de révision à
la suite d'attaques de pays membres de l'OMC non-ACP jugeant ses dispositions
discriminatoires à leur égard, et d'un jugement d'un panel de
l'organe de règlement des différends de l'OMC leur donnant
raison. En ce qui concerne le protocole de la viande bovine, les
négociations sur l'agriculture à l'OMC et la réforme de la
Politique agricole commune (PAC) pèsent sur les avantages
procurés par le protocole. En ce qui concerne le protocole sucre,
l'accord de Cotonou énonce : « les parties conviennent de
réexaminer les protocoles relatifs aux produits de base dans le contexte
des nouveaux accords commerciaux, en particulier en ce qui concerne leur
compatibilité avec les règles de l'OMC, en vue de sauvegarder les
avantages qui en découlent, compte tenu du statut particulier du
protocole sur le sucre. » (Article 36, § 4) Néanmoins,
selon l'ECDPM, malgré le fait que le protocole sucre soit temporairement
maintenu, le régime est également remis en cause par l'UE dans le
futur. Voir : ECDPM, De Lomé à Cotonou, op.cit.
43 L'Accord de Cotonou fixe la fin des négociations
pour les APE au 31 décembre 2007 car cette date correspond à
l'expiration de la dérogation que l'UE a obtenu de l'OMC pour le
maintien des préférences tarifaires. L'accord de Cotonou
prévoit que les nouveaux accords puissent ainsi entrer en vigueur le
1er janvier 2008.
44 Jusqu'en 1975, les échanges commerciaux entre l'UE
et les pays ACP étaient fondés sur le principe de
réciprocité (libre-échange). Il s'agissait donc d'un
régime de libre-échange total dans la mesure où il n'y
avait pas de droits de douane dans les deux sens.
45 Les produits industriels et transformés originaires
des États ACP bénéficiaient d'une exonération des
droits de douane, ainsi que de l'exemption de certaines restrictions (les
barrières non tarifaires) à leur entrée sur le
marché unique européen. Les préférences pour les
produits agricoles étaient moins généreuses que pour les
produits industriels et étaient parfois limitées par des
contingents, des restrictions saisonnières pour les produits horticoles,
ou par la simple exclusion d'un nombre limité de produits. L'UE
considérait deux types de produits agricoles : les produits tropicaux et
les produits tempérés. Les produits tropicaux qui ne
concurrençaient pas les produits européens (café, cacao)
entraient en franchise de douane sur le marché communautaire alors que
les produits
Europe par rapport aux produits concurrents en provenance
d'autres pays. Grâce à ce régime commercial
préférentiel46, les produits originaires des pays ACP
pénétraient en franchise de douane dans l'UE et ce, sans
réciprocité. Le principe de non réciprocité
permettait aux pays ACP de ne pas offrir en retour aux produits
européens un accès spécial à leurs propres
marchés tout en ayant la possibilité de limiter la
pénétration de ces produits en les taxant. Au total, la
quasi-totalité des exportations des pays ACP (entre 95 et 98,5 %)
accédait sans droits de douane au marché
communautaire47. Le système de préférences
généralisées non réciproques fonctionnait sur une
base pyramidale (système à géométrie
variable). Au sommet de la pyramide, les États ACP avaient
l'accès le plus ouvert au marché communautaire ; juste en-dessous
les pays les moins avancés (PMA) bénéficiaient du «
super système de préférences
généralisées », lequel accordait les
préférences analogues à celles de Lomé mais pour un
nombre plus restreint de produits ; venaient ensuite les États
méditerranéens signataires d'accords de coopération
bilatéraux préférentiels avec la CEE et, finalement, les
pays en développement d'Asie et d'Amérique latine,
bénéficiaient des avantages modestes du « système de
préférence généralisées48 »
accordé par la CEE à l'ensemble des pays en développement
depuis 197149.
tempérés étaient exemptés de
certaines restrictions appliquées au titre de la politique agricole
commune (PAC) de l'UE. La PAC protège en effet les agriculteurs
européens par l'application de droits élevés à
l'importation, de prélèvements, de contingents, et l'octroi de
subventions. Ces exemptions touchaient un quart environ des exportations
agricoles et prenaient la forme d'exonération ou de réduction des
droits ou prélèvements appliqués. Voir : ECDPM, De
Lomé à Cotonou, op.cit.
46 Comme l'explique l'ECDPM, la marge
préférentielle provient de la différence entre les droits
de douane acquittés par l'Union européenne.
47 SEBAHARA, P. (GRIP), « Le partenariat entre l'UE et les
États ACP. Regard rétrospectif et défis à relever
», op.cit., p.7.
48 Le SPG standard par rapport aux préférences
commerciales de Lomé est un régime commercial «
préférentiel» non réciproque, mais dont les
réductions et les exemptions tarifaires et non tarifaires sont moins
généreuses, et les règles d'origine plus strictes. Le SPG
standard couvre moins de produits (54 % des lignes tarifaires contre 95 % pour
Lomé) et exclut notamment les produits agricoles. Tous les pays en
développement en bénéficient, et il est relativement
« solide » dans le cadre de l'OMC. Voir : ECDPM, Les accords de
partenariat économiques régionaux. Infokit Cotonou
n°14, Maastricht: ECDPM. Document téléchargé sur le
site Internet de l'ECDPM. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM%5CWeb%5CFr_Content%5CNavigation.nsf/index2?ReadForm
49 PETITEVILLE, F., « La coopération
économique de l'Union européenne entre globalisation et
politisation », Revue Française de Science politique,
n° 3 (Vol.5 1), Paris : les Presses de Sciences po, 2001, p. 27.
La pyramide des préférences de l'Union
européenne en 2003
Part des échanges soumis à des droits NPF
à taux plein, par groupe de pays
Source : Commission européenne, direction
générale du commerce, rapport « Opening the Door to
Development : developing Country Access to EU Markets 1999-2003 », mai
2005.
II.1.3. Des préférences commerciales qui n'ont
pas eu les retombées positives espérées
Malgré le fait que le régime commercial
préférentiel de Lomé soit considéré comme le
plus généreux au monde, le bilan posé après 25
années de coopération s'avère décevant. Les
statistiques témoignent de cet échec. En effet, entre la
signature de Lomé I (1975) et l'expiration de Lomé IV bis (2000),
la part des pays ACP sur le marché européen a diminué de
plus de moitié, passant de près de 6,7 % à environ 2,8
%50, largement au profit d'autres pays en développement,
comme les pays d'Asie du Sud-Est51, qui bénéficiaient
pourtant d'un niveau d'accès au marché de l'UE moins favorable
que Lomé. Il s'avère ainsi que les expériences
réussies d'utilisation des préférences par les ACP se
limitent à quelques secteurs et quelques pays dont Maurice, le Botswana,
la Côte d'Ivoire, la Jamaïque et le Zimbabwe52. Si la
part des pays ACP a diminué sur le marché européen,
l'UE est resté néanmoins le principal partenaire des pays
ACP et plus particulièrement des pays
africains53 en concentrant 41 à 46 % de
leurs exportations54. Le système de préférences
non réciproques n'a pas conduit à la transformation structurelle
des économies et peu d'activités industrielles ont connu un
processus de maturation les conduisant à une pleine
compétitivité au niveau international. Aussi, les
préférences commerciales n'ont pas empêché la
marginalisation des pays ACP dans l'économie mondiale dont
50 ECDPM, De Lomé à Cotonou, op.cit.
51 La part du marché des pays asiatique est passée
entre 1975 et 1995 de 4,2 % à 13 %. Voir : SEBAHARA, P.,
op.cit., p.9.
52 COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les relations entre
l'UE et les pays ACP à l'aube du 21ème
siècle, Luxembourg : Office des publications officielles des
Communautés européennes, 1997. p.12.
53 La dépendance commerciale de la Caraïbe et du
Pacifique à l'égard du marché européen
s'élève au moment de la rédaction du livre vert (1996)
à 18 et 23 %. Voir : COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les
relations entre l'UE et les pays ACP à l'aube du 21ème
siècle, op.cit., p. 12.
54 LOGOSSAH, K., SALMON, J-M., SOLIGNAC, H-B., « L'accord
de Cotonou et l'ouverture économique; un partenariat modèle entre
l'UE et les pays ACP? », Revue Région et
Développement, n°14, Paris : éd. L'Harmattan, 2001, pp.
13-36.
la part du PIB régional dans le PIB mondial est
tombée à 1 %. En outre, ce régime commercial n'a pas
permis la diversification dans la mesure où les produits
primaires dans les exportations contribuent à hauteur de 90 %
des exportations totales pour l'ensemble de la région
africaine55.
Divers éléments sont invoqués pour
expliquer l'échec du régime commercial de Lomé. Voici,
dans les grandes lignes, les diverses raisons mises en exergue dans la
littérature. Kinvi Logossah évoque le problème de
l'offre pour expliquer l'échec des conventions de Lomé.
Il explique ainsi dans son article qu'il faut considérer que «
l'offre subit de lourdes contraintes à la fois microéconomiques
(accès au crédit, coût unitaire du travail, coûts des
facteurs) et macroéconomiques (surévaluation du taux de change,
instabilité de la croissance...) qui l'ont empêché de
répondre aux incitations mises en place (...). Les pays ACP
présentent une vulnérabilité intrinsèque ( niveau
d'éducation, petite taille du pays, croissance démographique
forte) générant ou accompagnant de fortes instabilités
macroéconomiques56 ». L'auteur ajoute que cette
situation est aggravée par la mauvaise gouvernance et le
détournement des ressources publiques à des fins privées,
par leurs gouvernements et leur clientèle.
L'échec du système de préférence
de Lomé est également imputable à
l'érosion57 des préférences en
raison de la libéralisation multilatérale découlant de la
mise en oeuvre des accords du cycle de l'Uruguay (mise en place de l'OMC) et
des accords commerciaux conclus par l'UE avec d'autres régions du monde.
Comme l'explique Gwénaëlle Corre, l'UE a abaissé
progressivement ses barrières commerciales dans le cadre
multilatéral (le GATT) au profit de tous les membres de l'OMC ou de
certains d'entre eux d'une part, et d'autre part, au niveau bilatéral,
en multipliant les accords préférentiels avec certains pays tiers
(Europe de l'Est, Turquie, Maghreb et Moyen- Orient, Afrique du Sud,
etc.)58
Finalement, Gwenaëlle Corre évoque les
lourdes pressions subies par le régime commercial de
Lomé pendant la décennie nonante59. En effet, la
légitimité de ce régime commercial est
largement mise à mal dans le contexte de la montée en
55 LOGOSSAH, K., SALMON, J-M., SOLIGNAC, H-B., op.cit.,
p.16.
56 Ibid.
57 L'érosion des préférences
résultent de l'effet naturel des négociations commerciales qui,
en abaissant les droits NPF (droits de la nation la plus favorisée),
abaisse dès lors ces derniers au niveau de celui des
préférences, ce qui a pour effet de réduire d'autant la
marge préférentielle dont bénéficient les pays
ACP.
58 CORRE, G. (ECDPM), « La coopération ACP-UE : un
partenariat innovant », Cycle de formation CTB, 2007, p.14.
59 Ibid.
puissance du système commercial multilatéral,
symbolisé par l'OMC60. C'est surtout l'affaire de la
banane qui va sonner le glas des préférences non
réciproques et ébranler profondément la politique
communautaire de coopération au développement61.
Ainsi, l'organisation commune (UE-ACP) des marchés de la
banane62 établie en 1993, fut vivement contestée par
les pays d'Amérique latine, producteurs de banane, soutenus par les
Etats-Unis. En 1994, les pays d'Amérique latine producteurs de bananes,
appuyés par les Etats-Unis, attaquèrent ces dispositions dans le
cadre du GATT. Le GATT, après avoir examiné ce régime
commercial préférentiel en 1994, condamna l'organisation commune
des marchés de la banane et établit un premier rapport qui
conseillait aux parties contractantes du GATT d'adopter une dérogation
en faveur de la convention de Lomé. Cette dérogation fut
adoptée le 9 décembre 1994, quelques jours avant la constitution
de l'OMC. En 1996, les Etats-Unis, le Mexique, le Guatémala, le Honduras
et le Costa Rica lancèrent une procédure devant l'organe de
règlement des différents63 de l'OMC qui condamna en
1997 le régime communautaire d'importation64. Ce dernier
jugea la politique communautaire de coopération non réciproque
incompatible avec les principes du GATT et
particulièrement en son article 1er, qui aborde la clause de
la nation la plus favorisée65. Les deux raisons
invoquées pour justifier l'incompatibilité de Lomé avec
l'article 1er étaient les suivantes : d'une part, la
convention de Lomé n'était pas considérée comme un
accord de libre échange et constituait dès lors une
dérogation illégale à la clause de la nation la plus
favorisée ; d'autre part les préférences commerciales non
réciproques instauraient une discrimination entre les PED
eux-mêmes.
60 Le système commercial multilatéral a
été développé dans le cadre de plusieurs cycles de
négociations commerciales organisées sous les auspices du GATT.
Le cycle de l'Uruguay (1986-1994) a conduit à la création de
l'OMC. Voir : site Internet de l'OMC :
www.wto.org
61 VINCENT, P, « Définition et mise en perspective
historique de l'accord de Cotonou », Le Sud sans voix. Les pays ACP et
l'accord de Cotonou, Les Cahiers de la coopération internationale,
n°1-09, CNCD, 2005, p.9.
62 L'organisation commune des marchés de la banane d'un
point de vue externe, opérait une distinction entre plusieurs types de
bananes. Ainsi, les importations de bananes originaires des pays ACP
bénéficiaient d'une exemption de droits de douane dans la limite
des quantités que ces pays exportaient vers le marché
communautaire. Au-delà de ces quantités, un contingent tarifaire
de deux millions de tonnes pour l'ensemble de la Communauté était
mis en place. Dans le cadre de ce contingent tarifaire, les bananes originaires
des pays ACP étaient toujours soumises à un droit de douane nul,
tandis que les importations de bananes des pays tiers (essentiellement les pays
d'Amérique latine producteurs de bananes) étaient soumises
à un droit de douane de 100 écus par tonne. Lorsque la limite du
contingent était atteinte, les importations de bananes (aussi bien des
ACP que des pays tiers) étaient soumises à un tarif prohibitif :
750 écus par tonne pour les bananes ACP et 850 écus par tonne
pour les bananes des pays tiers. Voir : VINCENT, P., op.cit., p.9.
63 Dans le cadre de la procédure de règlement
des différents du GATT, il était toujours possible à un
pays d'empêcher l'adoption du rapport condamnant sa législation
comme incompatible avec les principes du GATT. Par contre, dans le cadre de la
nouvelle procédure du règlement des différents de l'OMC,
le rapport est adopté automatiquement sauf si consensus contraire. Voir
: VINCENT, P., op.cit., p.9.
64 Ibid.
65 En vertu de cet article, tous avantages, faveurs,
privilèges ou immunités accordées par une partie
contractante à un produit originaire ou à destination de tout
autre pays seront, immédiatement et sans condition, étendus
à tout produit similaire originaire ou à destination du
territoire de toutes les autres parties contractantes. Voir : site Internet de
l'OMC :
www.wto.org
Devant le bilan mitigé du régime commercial de
Lomé et les pressions croissantes de mise en conformité aux
règles internationales, la Commission européenne jugea utile de
publier un Livre vert en 1996 dont l'objectif était de «
revitaliser les relations ACP-UE, d'ouvrir de nouveaux horizons et
d'accroître les chances de succès66 ». Sur
base de multiples consultations, ce document mettait en perspective quatre
scenarii67 possibles pour l' après Lomé. C'est le
scénario prévoyant une réciprocité
différenciée sur la double base des niveaux de
développement (PMA, non PMA) et du processus d'intégration
régionale qui fut retenu. Comme l'explique Kinvi Logossah, les
négociations pour l'établissement d'une nouvelle convention de
coopération débutèrent formellement en septembre 1998 et
débouchèrent sur la signature d'un nouvel accord en
200068. Néanmoins, l'auteur fait remarquer dès le
début des négociations, des prises de positions très
divergentes pour la signature d'un nouvel accord de
coopération69. Il explique effectivement que l'UE souhaitait
revoir profondément Lomé afin de répondre plus
efficacement aux enjeux de la mondialisation, à la lutte contre la
pauvreté et du développement durable. D'après Kinvi
Logossah, l'UE était effectivement favorable à une
sélectivité et une différenciation plus grandes dans le
traitement des pays ACP, ainsi qu'un lien entre l'aide et les
performances70. Selon l'auteur, l'UE affirmait clairement que le
régime des échanges devait être compatible avec les
règles de l'OMC. Ces positions ont suscité une vive
inquiétude de la part des pays ACP qui craignaient une
marginalisation plus forte dans les priorités de l'UE en matière
de politique et d'aide, une augmentation des interférences politiques et
des conditionnalités, et, plus que tout, la perte de
l'accès préférentiel aux marchés de l'UE.
Néanmoins, comme le précise Kinvi Logossah dans son article, les
pays ACP acceptèrent finalement les APE comme une option possible,
« conscients des difficultés juridiques et politiques à
maintenir la non réciprocité71 ».
II.2. L'ACCORD DE COTONOU
Le 23 juin 2000, un nouvel accord de partenariat entre l'UE et
les pays ACP est signé à Cotonou (capitale du Bénin)
pour une période de 20 ans et contient une
66 COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les relations entre
l'UE et les pays ACP à l'aube du 21ème
siècle, op.cit.p.2.
67 La première option renvoyait au statu quo. Il
s'agissait de continuer Lomé par l'extension de la dérogation
obtenue auprès de l'OMC. La deuxième option revenait à
fusionner Lomé et le SPG et impliquait de facto la disparition du volet
commercial dans les relations futures ACP-UE dans la mesure où
l'ensemble des PED auraient bénéficié des mêmes
préférences non réciproques. La troisième option
proposait une réciprocité commerciale globale et
indifférenciée à travers une aire de libre échange
signée entre l'UE et l'ensemble des pays ACP. La dernière option
prévoyait une réciprocité différenciée sur
la double base des niveaux de développement (PMA, non PMA) et du
processus d'intégration régionale qui a été retenu.
Voir : COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les relations entre l'UE et
les pays ACP à l'aube du 21ème siècle,
op.cit.
68 LOGOSSAH, K., SALMON, J-M., SOLIGNAC, H-B., op.cit.,
p.18.
69 Ibid.
70 Ibid.
71 Ibid.
clause permettant sa révision tous les cinq ans. Le
protocole financier qui est joint à l'Accord couvre une période
de cinq années et indique le montant global des ressources qui sont
allouées aux ACP par le biais du Fonds européen de
développement (FED). Pour la période actuelle (le
10ème FED, 2008-2013), il comprend 22,8 milliards d'euros
destinés aux ACP72. L'accord de partenariat est centré
sur l'objectif de réduction et, à terme,
d'éradication de la pauvreté (article 1). L'Accord de
Cotonou repose sur cinq piliers interdépendants, à savoir : une
dimension politique73, une approche participative74, des
stratégies de développement concentrées sur la
réduction de la pauvreté, un nouveau cadre commercial dont l'APE
est l'élément central (analysé en détail
ci-après) ; une réforme et une rationalisation des instruments de
la coopération financière75.
II.2.1. Eclaircissement sur les APE tels que conçus
par l'Accord de Cotonou
L'Accord de Cotonou se consacre en son titre II à la
description de la coopération économique et commerciale
prévue entre les deux parties de l'Accord. Alors que le chapitre 1
(article 34 et 35) expose les objectifs et principes de la coopération
économique et commerciale, le chapitre 2 (article 36-38), quant à
lui, se penche sur les modalités et procédures des nouveaux
accords commerciaux. L'objectif explicite de la coopération
économique et commerciale est de permettre aux pays ACP de «
participer pleinement au commerce international
» (article 34, §2) pour finalement «
s'intégrer avec succès dans l'économie
mondiale » (article 34, §1), tout en «
encourageant leur développement durable et en contribuant
à l'éradication de la pauvreté »
(article 34, §1). L'Accord précise également que la
coopération économique et commerciale « vise à
renforcer les capacités de production, d'approvisionnement et
commerciales des pays ACP ainsi que leur capacité à attirer les
investissements » (Article 34, §3). En outre, l'Accord
précise que la coopération ACP-UE devra être
appliquée « en parfaite conformité avec les
dispositions de l'accord instituant l'OMC (...) » (Article
34, §4).
72 Voir Site Internet : la programmation de l'aide
européenne pour les pays ACP. Lien URL :
http://www.acpprogramming.eu/wcm/index.php?lang=fr_FR
73 L'objectif du renforcement politique est une meilleure
gouvernance -définie comme la gestion transparente et responsable des
ressources publiques en vue de l'objectif d'un développement soutenable
et équitable - parallèlement à une plus grande
démocratisation des pays ACP. Voir : LOGOSSAH, K., SALMON, J-M.,
SOLIGNAC, H-B., op.cit., p.19.
74 L'approche participative vise à associer au partenariat
la société civile et les acteurs économiques et
sociaux.
75 Les instruments de Lomé ont été
regroupés d'une part en une enveloppe regroupant toutes les aides non
remboursables et d'autre part en une enveloppe fournissant des capitaux
à risque et des prêts au secteur privé. Cette
réforme s'accompagne d'un renforcement de la conditionnalité. En
effet, comme Gwanaëlle Corre le précise dans son article, «
les ressources financières seront allouées de façon
plus sélective et plus flexible, en fonction des besoins
spécifiques et de la performance du pays concerné ».
Voir : CORRE, G. (ECDPM), op.cit., p.6.
L'Accord devra respecter quelques principes : la
coopération économique et commerciale doit « viser une
plus grande compétitivité des économies ACP »
(Article 35 § 1), être basée sur les «
initiatives d'intégration régionale dans ces pays »
(article 35 § 2), mais elle maintiendra « un traitement
particulier en faveur des États ACP PMA » et tiendra compte
« de la vulnérabilité des petits pays enclavés ou
insulaire » (article 35 §3).
L'Accord de Cotonou précise également que les
préférences commerciales non réciproques appliquées
dans le cadre de Lomé seront maintenues au cours de la période
préparatoire qui se terminera le 31 décembre
2007. La période préparatoire doit servir à la
négociation de nouveaux accords commerciaux (de septembre 2002 au 31
décembre 2007) afin que les nouveaux accords puissent entrer en vigueur
le 1er janvier 200876. Comme le précise
l'Accord, les négociations visent à établir le calendrier
de la « suppression progressive des entraves aux échanges entre
les parties » (article 37, §7) afin «
d'améliorer l'accès des pays ACP au marché mondial
» (article 37, §7). L'Accord stipule que « la
libéralisation des échanges reposera sur l'acquis et visera
à améliorer l'accès actuel des pays ACP au marché
communautaire par le biais d'un réexamen des règles
d'origine» (article 37, §7). L'Accord de Cotonou
indique également l'étude d'alternatives pour
les pays ACP non-PMA « qui décident, après consultation
avec la Communauté, qu'ils ne sont pas en mesure de négocier des
Accords de partenariat économique » (article 37, § 6).
L'Accord stipule que les négociations des Accords de partenariat
économique « seront engagées avec les pays ACP qui
s'estiment prêts à le faire, au niveau qu'ils jugent
approprié et conformément aux procédures acceptées
par le groupe ACP » (article 37, § 5). Finalement l'Accord
insiste sur la flexibilité des négociations concernant «
la fixation d'une période de transition d'une durée
suffisante, la couverture finale des produits et le degré
d'asymétrie en termes de calendrier du démantèlement
tarifaire » (article 37, § 7).
II.2.2. La conformité des APE aux règles de
l'OMC en son article XXIV
Comme nous l'avons expliqué précédemment,
l'Accord de Cotonou stipule explicitement et à plusieurs reprises, que
les nouveaux accords commerciaux doivent impérativement se conformer aux
règles de l'OMC. Ainsi, pour être conforme aux règles de
l'OMC, les Accords de partenariat économique sont conçus
comme des zones de libre-échange basés sur le principe de
réciprocité afin de répondre aux
76 L'Accord de Cotonou fixe la fin des négociations au 31
décembre 2007 car cette date correspond à l'expiration de la
dérogation qu'ils ont obtenue de l'OMC pour le maintien des
préférences tarifaires.
exigences de l'article XXIV de l'Accord général
sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). En créant des zones de
libres échanges conformément à l'article XXIV du GATT,
l'UE bénéficie d'une des exceptions77 prévues
par la clause de la Nation la plus favorisée (article 1 du GATT).
En vertu de l'article XXIV du GATT, on entend par zone de
libre échange « un groupe de deux ou plusieurs territoires
douaniers entre lesquels les droits de douane et les autres restrictions
commerciales restrictives (...) sont éliminés pour
l'essentiel des échanges commerciaux portant sur les
produits originaires des territoires constitutifs de la zone de
libre-échange » (article XXIV, § 8 b). La formation de
zones de libre-échange doit en outre répondre à diverses
conditions stipulées à l'article XXIV du GATT. Il est ainsi
prévu que les droits de douane et autres réglementations doivent
être éliminés entre pays participants pour «
l'essentiel de leurs échanges commerciaux
». En outre, l'article XXIV précise que tout accord
provisoire doit comprendre un plan et un programme pour son
établissement « dans un délai
raisonnable (article XXIV, § 5 c)
». Comme l'explique Benoît FaivreDupaigre
dans son article, le GATT n'oblige pas à une réciprocité
totale et permet qu'une partie des échanges ne soient pas
libéralisés78. Ainsi, si une marge de manoeuvre existe
pour les pays ACP signataires des APE, l'auteur fait cependant remarquer que
« conformément à l'article XXIV, cette exclusion
ne peut concerner un secteur tout entier79 ».
L'auteur explique ainsi qu'il n'est pas possible de la part d'un pays ou d'un
groupe de pays, d'envisager l'exclusion de la libéralisation de
l'ensemble du secteur agricole80.
En outre, l'article XXIV ne prévoit ni la
méthode de quantification, ni la proportion d'échanges qui
doivent être libéralisés entre les parties (sous forme de
volume, de seuil tarifaire, de pourcentage d'échange, etc.). Ainsi le
caractère imprécis de ces dispositions
soulève des conflits d'interprétation lors des
négociations des APE. Nous étudierons ainsi dans une partie
ultérieure que, pour l'UE, l'essentiel des échanges
signifie que 90 % de la valeur totale des échanges entre les
parties soit
77 L'autre possibilité de déroger à la
clause de la nation la plus favorisée, est la création d'Union
douanière en vertu de l'article XXIV du GATT. Une union douanière
implique l'adoption d'un tarif extérieur commun à l'ensemble des
pays qui y participent, et à l'adoption par ceux-ci de
réglementations commerciales identiques en substances. Comme l'explique
Daniel Van der Steen dans son étude, les fondateurs du GATT ont
estimé que la création de zones de libre-échange et
d'unions douanières serait une étape vers la
libéralisation au bénéfice de l'ensemble des membres du
GATT. Voir : VAN DER STEEN, D., DANAU, A., L'Accord de partenariat
économique (APE) entre l'Afrique de l'Ouest et l'Union
européenne. Quels enjeux pour les exploitations paysannes et
familiales ?, Collectif Stratégies Alimentaires asbl (CSA),
Bruxelles, octobre 2006, p.28.
78 FAIVRE-DUPAIGRE, B., HERMELIN, B., RIBIER, V., Quelle
marge de manoeuvre pour les produits agricoles sensibles dans le cadre des APE
?, Synthèse du Colloque organisé par la FARM les 28 et 29
novembre 2006, 21 décembre 2006, p. 50.
79 Ibid.
80 Benoît Faivre-Dupaigre explique que le choix des
produits « sensibles » à exclure de la libéralisation
reste une question cruciale à régler au niveau des blocs
régionaux. Selon l'auteur, cela suppose que chaque pays identifie ses
principaux produits sensibles, puis se concerte avec les autres pays de la sous
région pour établir la liste des produits sensibles à
négocier avec l'Union européenne. Voir : Ibid.
libéralisée alors que les pays ACP sont
favorables à une révision de l'article XXIV du GATT. Aussi, l'UE
estime qu'une période de 10 ans est un délai raisonnable
pour le démantèlement tarifaire conduisant à la
libéralisation de l'essentiel des échanges alors que les pays ACP
plaident pour un délai plus long.
II.2.3. Les mécanismes du processus de conception et
de mise en place des APE
II.2.3.1. Les étapes de la définition des APE
A. Phase 1 : Négociations tous -ACP/UE
La première phase des négociations s'est
déroulée du 27 septembre 2002, jusqu'à la fin du mois de
septembre 2003. Elle s'est effectuée entre la Commission
européenne et le groupe ACP dans son ensemble. Il s'agissait lors de la
première phase, de discuter de questions générales qui
présentaient un intérêt commun pour tous
les ACP.
B. Phase 2 : Négociations régionales
Les négociations régionales ont
débuté en octobre 2003 et devaient aboutir à la conclusion
d'APE individuels entre l'UE d'une part, et les 6 régions ACP d'autre
part. Les négociations régionales ont lieu au niveau de 6
régions, dont 4 sont situées en Afrique, une dans la Caraïbe
(CARICOM) et une dans le Pacifique.
6 octobre 2003
Afrique de l'Ouest
CEDEAO (Communauté Economique des
États d'Afrique de l'Ouest : Bénin, Burkina-Faso,
Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali,
Niger, Sénégal, Togo, Cap-vert,
DEBUT DES NEGOCIATIONS81
GROUPE REGIONAL NEGOCIATEUR
4 octobre 2003
Afrique centrale
CEMAC (Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale : Cameroun, Gabon, Guinée
équatoriale, République centrafricaine, République
du Congo, Tchad) plus Sao Tomé et Principe
81 COMMISSION EUROPEENNE, Les aspects relatifs au commerce et
au développement dans les négociations sur les APE,
Bruxelles, octobre 2005, pp. 1-39. Document téléchargé sur
Internet. Lien URL:
http://www.acp-eu-
trade.org/library/files/CE_FR_1005_CE_Les-aspects-relatifs-au-commerce-et-au-développement-dans-les-
négotiations-sur-les-APE.pdf
|
Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigeria,
Sierra Leone82) plus la Mauritanie
|
|
Afrique orientale et australe
|
Regroupement ouvert, actuellement composé des
pays du COMESA83 moins l'Egypte et l'Afrique du Sud
|
7 février 2004
|
Groupe de la communauté
de développement de l'Afrique australe (CDAA)
|
Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland, Angola, Mozambique
et Tanzanie, Afrique du Sud
|
8 Juillet 2004
|
Région des Caraïbes
|
Forum Caraïbe84 des États ACP
|
16 avril 2004
|
Région du Pacifique
|
14 pays85
|
10 septembre 2004
|
Bien que les négociations régionales soient
totalement indépendantes les unes des autres, elles se
sont toutes calquées sur un cadre de négociation similaire en
termes de principes et de calendriers86. Dans chaque région,
les deux parties se sont fixé une feuille de route conjointe pour le
déroulement des négociations. En règle
générale, ce cadre se subdivise en deux parties ; la
première partie procède à un état des lieux de
l'intégration régionale et vise à la renforcer en abordant
la question des entraves techniques aux échanges et des mesures
sanitaires et phytosanitaires ; la deuxième partie est consacrée
à des négociations de fond sur le contenu du nouvel accord de
partenariat.
C. Phase 3 : Phase d'implantation (2008-2020)
La phase d'implantation est la période au cours de
laquelle le régime ancien concernant tous les ACP prend fin et où
les nouvelles dispositions des APE sont progressivement mises en oeuvre dans
chacune des régions. Il est prévu que les PMA qui ont choisi de
ne pas conclure d'APE, conservent leurs préférences non
réciproques dans le cadre du régime Tous sauf les
armes87, alors que les pays ACP non PMA émargent, quant
à eux au système de préférences
généralisées standard88.
82 Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la
Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo sont
également membres de l'Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA).
83 Burundi, Comores, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya,
Malawi, Maurice, Madagascar, Rwanda, Seychelles, Soudan, Ouganda, Zambie,
Zimbabwe.
84 Antigua et Barbuda, Bahamas, Belize, Dominique, Grenada,
Guyana, Jamaïque, la Barbade, Haïti, République Dominicaine,
St. Kits et Nevis, Ste Lucie, St Vincent, Surinam, Trinidad et Tobago.
85 Les États fédérés de
Micronésie, les Fidji, les Îles Cook, les Îles Marshall, les
Îles Salomon, Kiribati, Nauru, Niue, Palau, la
Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu
86 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.18.
87 Depuis 2001, les PMA peuvent bénéficier de
l'initiative « Tout sauf les armes » selon laquelle tous les produits
couverts par cette initiative exceptés les armes peuvent entrer sur le
marché communautaire en franchise de droits de douane et libres de tout
contingentement.
88 Le SPG standard par rapport aux préférences
commerciales de Lomé est un régime commercial «
préférentiel» non réciproque, mais dont les
réductions et les exemptions tarifaires et non tarifaires sont moins
généreuses, et les
C'est à la fin de cette période, vers 2018-2020,
que les accords de libre-échange réciproques devraient totalement
entrer en application89.
II.2.3.2. Les modalités de la négociation
La première phase des
négociations a été menée par le Conseil des
ministres des États ACP90 qui avait pour mission
d'assumer la direction politique des négociations et qui en était
responsable tant dans leur conduite que pour leur approbation. Les
négociations politiques de fond sur chaque groupe de sujets
spécifiques ont été menées par des porte-parole
ministériels venant des États ACP, alors que les
négociations préparatoires se sont déroulées au
niveau du Comité des ambassadeurs91 des États
ACP92. Du côté de l'UE, la Commission
européenne a reçu un mandat du Conseil européen
pour négocier les APE avec l'ACP. En pratique, c'est la DG
Commerce93 (Commissaire Peter Mandelson) qui a
assuré le leadership des négociations commerciales. Avant
l'adoption (à l'unanimité) par les États membres de l'UE
le 17 juin 2002 du mandat de négociation de la Commission, une
série de consultations internes ont eu lieu entre les DG « commerce
», « Développement », et « Agriculture
»94.
La deuxième phase des négociations a
été conduite au niveau ACP par les ambassadeurs ACP,
représentants de leurs États. Ceux-ci étaient ainsi en
charge des négociations pour les pays des groupes régionaux. Ils
ont été aidés par les organisations régionales
intergouvernementales. Du côté de l'Union européenne,
règles d'origine plus strictes. Le SPG standard couvre
moins de produits (54 % des lignes tarifaires contre 95 % pour Lomé) et
exclut notamment les produits agricoles. Tous les pays en développement
en bénéficient, et il est relativement « solide » dans
le cadre de l'OMC. Voir : ECDPM, Les accords de partenariat
économiques régionaux, Infokit Cotonou n°14, Maastricht
: ECDPM. Document téléchargé sur le site Internet de
l'ECDPM. Lien URL :
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM%5CWeb%5CFr_Content%5CNavigation.nsf/index2?ReadForm
89 VAN DER STEEN, D., DANAU, A., op.cit., p.8.
90 Le Conseil des ministres est l'organe de décision
principal du Groupe ACP. Il s'agit de l'autorité supérieure
chargée de la mise en oeuvre des orientations définies par le
Sommet. Le Conseil se compose d'un membre du Gouvernement de chaque ACP ou d'un
représentant désigné par celui-ci. Le Conseil se
réunit en session ordinaire deux fois par an. Il détermine les
modalités de mise en oeuvre des objectifs du Groupe ACP tels que
définis dans sa politique générale et examine
périodiquement la réalisation de ces objectifs. Voir : Site
Internet du Secrétariat du Groupe des États d'Afrique, du
Pacifique et des Caraïbes. Lien URL :
http://www.acp.int/fr/council.htm
91 Le Comité des ambassadeurs est le second organe de
décision du groupe ACP. Il agit au nom du Conseil des ministres entre
deux sessions ministérielles. Sa mission est d'assister le Conseil des
ministres dans l'accomplissement de ses fonctions tout en exécutant le
mandat qui lui a été confié par ce dernier. D'autre part,
le Comité des ambassadeurs a pour mission de suivre la mise en oeuvre de
l'Accord de partenariat ACP-UE en vue de la réalisation des objectifs
énoncés. Voir : Site Internet du Secrétariat du Groupe des
États d'Afrique, du Pacifique et des Caraïbes. Lien URL :
http://www.acp.int/fr/ambassadors.htm
92 ECDPM, « De Doha à Cotonou », Eclairage
sur les négociations, Maastricht : ECDPM, Vol.2 n°1,
février 2003, p. 3.
93 D'après Daniel Van der Steen, le fait que le
leadership des négociations soit assumé par la direction du
Commerce traduit bien un changement significatif d'un renversement de
priorités. Ainsi, selon l'auteur, « la libéralisation
commerciale est privilégiée au détriment du
développement. » Voir : VAN DER STEEN, D., DANAU, A.,
op.cit., p.11.
94 Id., p.8.
c'est la Commission européenne (DG commerce) qui a
assumé les négociations au niveau régional. Les
assemblées parlementaires paritaires95 ont suivi le processus
des négociations et les parlementaires de l'UE et des ACP
impliqués se sont réunis deux fois par an en Europe et en
Afrique96.
II.3. CONCLUSION
Ce premier chapitre nous a plongé dans l'histoire des
relations UE-ACP afin de mieux appréhender la rupture qu'opérait
l'Accord de Cotonou dans le volet commercial de la coopération UE-ACP.
Nous retenons principalement de ce premier chapitre que l'origine des relations
UE-ACP remonte à la création de la CEE en 1957 entraînant
de la sorte l'association des territoires qui entretenaient des relations
coloniales avec les six pays signataires du Traité. Nous avons
constaté en outre que les préférences commerciales non
réciproques s'instaurèrent dès 1975 alors que le
libre-échange régissait les relations
commerciales entre les partenaires depuis 1957. Nous avons également
étudié que les Conventions de Lomé étaient
considérées comme les plus généreuses au monde de
par les avantages commerciaux qu'elles avaient concédé aux
États ACP pendant vingt-cinq ans. Nous avons vu cependant que le
régime commercial avantageux de Lomé n'avait pas atteint les
objectifs ambitieux qu'on lui avait réservés. Au bilan
négatif de ce régime commercial, s'ajoutaient les lourdes
pressions que ce dernier subissait dans le contexte de la montée en
puissance du système commercial multilatéral. Face à
l'échec de ce régime commercial et à son manque de
légitimité, la Commission européenne dut donc envisager un
régime commercial qui soit davantage adapté au contexte de la
mondialisation, respectant de la sorte les règles de l'OMC. Dans la
deuxième partie de ce premier chapitre, nous nous sommes
consacrés à l'étude des Accords de partenariat
économique, tels que libellés dans l'Accord de Cotonou. Nous
avons ainsi pris connaissance des modalités des négociations
ainsi que des conditions à suivre pour la mise en place des nouveaux
accords commerciaux. Après s'être penché sur le contexte
d'émergence des nouveaux accords commerciaux, nous étudierons
dans le prochain chapitre les positions de l'UE et des ACP sur les APE.
95 L'assemblée parlementaire paritaire est un organe
consultatif qui a été institué par l'article 17 de
l'Accord de Cotonou. En vertu de l'article 17 de l'Accord de Cotonou, «
elle est composée, en nombre égal, de représentants de
l'UE et des ACP. (...) Le rôle de cet organe consultatif est de
promouvoir les processus démocratiques par le dialogue et la
concertation ; permettre une plus grande compréhension entre les peuples
de l'Union européenne et des États ACP et sensibiliser les
opinions publiques aux questions du développement ; examiner les
questions relatives au développement et au partenariat UE-ACP ; adopter
des résolutions et adresser des recommandations au Conseil des ministres
en vue de la réalisation des objectifs du présent accord.
» Voir : Site Internet du Secrétariat du Groupe des
États d'Afrique, du Pacifique et des Caraïbes. Lien URL :
http://www.acp.int/fr/jpa.htm
96 En 2003, les assemblées se sont tenues à
Brazzaville (Congo) et à Rome (Italie) ; en 2004, elles ont eu lieu
à Addis Abeba (Ethiopie) et à la Haye (Pays Bas) ; en 2005
à Bamako (Mali) et à Edinbourg (Royaume Unie ; en 2006, à
vienne Autriche) et dans les Barbades (Caraïbes).
III. LA POSITION DE L'UE ET DES ACP EN VUE D'ENTAMER
LES NÉGOCIATIONS SUR LES APE
« Suite à nos francs débats, il est
maintenant tout à fait clair que les deux années de
négociations régionales ont généré
très peu de résultats tangibles, en particulier dans les deux
domaines d'un intérêt crucial aux régions et pays ACP
(...), notamment la portée des APE en matière de
développement et l'appui pour les
procédures d'intégration régionale.97
»
La première partie du présent mémoire
avait pour objectif d'éclairer le lecteur sur l'histoire des relations
entre l'Union européenne et les États d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique afin de comprendre le contexte dans lequel les
Accords de partenariat économique ont pris forme. Comme nous l'avons
expliqué précédemment, l'instauration de zones de
libre-échange entre les partenaires constitue une grande transformation
dans le volet commercial de la coopération UE-ACP, marquée
pendant 25 ans98 par un accès préférentiel sur
le marché communautaire. Ainsi, l'instauration d'Accords de partenariat
économique basés sur le principe de réciprocité, a
suscité dès le départ une vive inquiétude de la
part des pays ACP.
Dans la présente partie, nous allons exposer les
positions de l'UE et des pays ACP en vue d'entamer les négociations des
APE, afin de mettre en exergue les intérêts de chaque acteur. Il
s'agit également de comprendre, à la lumière des
différents intérêts exposés, le rapport de force qui
s'est manifesté dès la première phase des
négociations. Ainsi, pour l'UE, l'instauration d'un nouveau
régime commercial basé sur la réciprocité des
échanges, tenait compte d'une part de l'échec des
préférences commerciales qui eut pour conséquence de
marginaliser davantage les pays ACP dans l'économie mondiale, et d'autre
part, de l'impérative nécessité de se conformer aux les
règles de l'OMC. Nous avons effectivement étudié dans la
partie précédente que les préférences commerciales
avaient subies de lourdes pressions dans le contexte de la montée en
puissance de l'OMC pour être finalement considérées comme
incompatibles avec les règles du commerce multilatéral. Les pays
ACP, quant à eux, furent dès le départ de ces
négociations dans une position délicate. En effet, d'après
l'ECDPM, les États ACP avaient « soit la possibilité
d'accepter la réciprocité dans l'espoir de faciliter la
préservation d'autres privilèges99 soit
97 John Kaputin, Secrétaire général ACP,
octobre 2005. Citation prise sur le Site Internet de la campagne stop APE.
http://www.ape2007.org/main.asp?id=305
98 Nous avons néanmoins étudié que les
relations entre les partenaires étaient régies par le
libre-échange avant de signer la première convention de
Lomé.
99 L'ECDPM fait référence entre autres aux
protocoles produits, qu'il précise être une option
particulièrement payante pour les pays qui commercent très peu
avec l'Europe (les pays des Caraïbes et du Pacifique, par exemple). Voir :
ECDPM, Les accords de partenariat économiques régionaux,
op.cit.
supposer qu'un refus du partenariat économique
proposé par l'UE entraîne des sanctions indirectes
(c'est-à-dire une diminution de l'aide100 ».
L'ECDPM affirme ainsi que cette situation plaça les États ACP
devant un « pragmatisme fataliste »101, les poussant
dès lors à défendre le mieux possible leurs
intérêts économiques et sociaux afin d'éviter qu'ils
ne se retrouvent dans une situation plus défavorable que dans le
passé.
L'objectif de cette partie est donc de mettre en exergue les
positions des États ACP et de l'UE sur la question des APE pour
expliciter par la suite les divergences qui sont apparues dès la
première phase des négociations et qui ont eu pour effet de
ralentir le processus des négociations. Nous verrons ainsi que cette
première phase des négociations s'est soldée par
une crise de confiance entre les partenaires dans la mesure où
les desideratas exprimés par les États ACP n'ont pas
été pris en compte par l'UE dès le début des
négociations, laissant planer de la sorte de nombreux désaccords
à régler lors des négociations régionales.
III.1. LE POINT DE VUE SOUTENU PAR L'UNION
EUROPEENNE
L'instauration d'un nouveau régime commercial
basé sur l'ouverture des échanges se justifie d'après
l'Union européenne par deux raisons principales. Nous
allons dans la présente partie les expliquer brièvement pour
exposer par la suite la position de l'Union européenne sur les APE
à travers le mandat de négociation que lui a
décerné le Conseil européen le 17 juin 2002.
III.1 .1. Les arguments mis en avant par l'UE pour
justifier l'instauration d'un nouveau régime commercial
Comme nous l'avons expliqué dans la première
partie du présent mémoire, la création de zones de libre
échange entre l'Union européenne et les six régions ACP
constitue une rupture par rapport au régime commercial de Lomé,
fondé sur la non- réciprocité des échanges. Pour
justifier l'instauration d'un nouveau régime commercial basé sur
la libéralisation des échanges, l'Union européenne met en
exergue deux éléments clés : l'échec102
des préférences commerciales non
100Comme l'explique Daniel Van der Steen dans son
article, les pays ACP dépendent fortement de l'UE, surtout sur le plan
financier car ils se trouvent dans une situation difficile et ils ont des
besoins tellement énormes qu'ils ne peuvent pas se passer de l'aide
accordée par l'UE. Selon l'auteur, cette dépendance est telle que
« les compensations financières proposées par l'UE ont
une force de conviction très considérable, amenant bien des
gouvernements des États ACP à accepter les dispositions voulues
par l'UE en échange d'engagements de soutiens financiers. »
Voir : VAN DER STEEN, D., DANAU, A., op.cit., p. 13.
101 ECDPM, Les accords de partenariat économiques
régionaux, op.cit.
102 Pour de nombreux auteurs, l'analyse de l'UE sur
l'échec des préférences commerciales non
réciproques passe sous silence de nombreux éléments
explicatifs de cet échec. Ainsi, le Député Jean-Claude
Lefort, dans son rapport d'information sur la négociation des APE avec
les pays ACP, affirme que « le vrai échec des
préférences commerciales non réciproques réside
dans la complexité des conditions de leur utilisation et le
protectionnisme
réciproques et la nécessité d'un
régime commercial compatible avec les règles du commerce
multilatéral.
III.1.1.1. L'échec du système Lomé
Dans son Livre Vert de novembre 1996 sur «Les
relations entre l'Union européenne et les pays ACP à l'aube du
21ème siècle », l'Union européenne ne
cesse d'utiliser l'argument de l'inutilité économique des
préférences commerciales pour justifier la transition avec le
libre-échange. Malgré le fait que plusieurs raisons aient
été avancées pour expliquer l'échec des
préférences commerciales (voir point II.1.3.), pour
l'UE, l'inefficacité de ce régime commercial est perceptible
à travers différentes statistiques. Comme le rappelle l'UE dans
son Livre Vert, l'objectif des préférences commerciales
était de promouvoir la croissance et la diversification des pays
bénéficiaires. L'UE souligne que malgré les conditions
favorables qu'offraient les préférences commerciales non
réciproques, les pays ACP sont restés très
dépendants du marché européen pour au moins 40% de leurs
recettes d'exportation. L'UE affirme également qu'aucun pays ACP n'a
réussi à diversifier significativement ses exportations et qu'ils
sont restés fort dépendants de certains produits primaires comme
nous pouvons le remarquer sur la figure ci-dessous. En outre, l'UE
évoque dans son Livre Vert que la part de marché des pays ACP
dans l'Union européenne a chuté de 6 à 2 % entre 1976 et
1999 alors que des exportateurs e.g. (les pays d'Asie du Sud-Est) qui ne
bénéficiaient pas des préférences, étaient
arrivés à augmenter leur part de marché.103.
L'UE précise finalement que les investissements directs étrangers
en Afrique ont chuté de 6 à 4 % contrairement à d'autres
pays en développement104.
Selon l'UE, ces données statistiques confirment
l'échec des conventions de Lomé, justifiant de la sorte
l'instauration d'un nouveau régime commercial qui tienne compte,
« des caractéristiques du nouveau contexte mondial, telles que
la libéralisation multilatérale et régionale, et notamment
la nécessité de respecter les règles de l
'OMC.105 »
réglementaire et agricole européen, qui ont
empêché les pays ACP de tirer pleinement profit de cet avantage
économique modeste, mais réel. A l'inverse, personne ne peut
affirmer que les préférences doivent être condamnées
parce qu'elles n'ont pas permis (...) de régler le problème du
sous-développement de pays très pauvres et de transformer ces
derniers en « nouveaux pays industrialisés », à l'image
de ceux de l'Asie du Sud Est. » Voir : LEFORT, J-C., Rapport
d'information sur la négociation des accords de partenariat
économique avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique, Assemblée nationale française.
Délégation pour l'Union européenne, n°3251, Paris, p.
11.
103 La part du marché des pays asiatique est passée
entre 1975 et 1995 de 4,2 % à 13 %. Voir : SEBAHARA, P.,
op.cit., p.9.
104 COMMISSION EUROPEENNE, Livre vert sur les relations entre
l'UE et les pays ACP à l'aube du 21ème
siècle, op.cit. p.12.
105 Ibid.
Figure 1: Importation de l'UE à partir des ACP
Figure 2: Ventilation des importations de l'UE des
ACP
Source : COMMISSION EUROPEENNE, Accords de
partenariat économique, moyens et objectifs, 2004, p.3.
III.1.1.2. La conformité avec les règles de
l'OMC
Comme nous l'avons évoqué supra, une
condition posée par l'UE pour la négociation d'un nouveau
régime commercial, était sa compatibilité
avec les règles de l'OMC. La convention de Cotonou a
été claire sur ce point en précisant qu'il était
impératif que les nouveaux accords qui entrent en vigueur à
partir du 1er janvier 2008 (fin de la dérogation obtenue par
l'UE sur le maintien des Conventions de Lomé), soient conformes aux
règles de l'OMC. Nous avons expliqué dans la première
partie du mémoire que la légitimité du
régime commercial de Lomé avait été mis
à mal durant la décennie nonante (montée en puissance de
l'OMC), poussant de la sorte l'UE à demander une dérogation aux
règles du GATT pour le maintien des préférences
commerciales avec les pays ACP. Comme l'explique l'ECDPM, l'adoption d'une
nouvelle dérogation pour préserver les acquis de Lomé
au-delà du 31 décembre 2007 était fort improbable dans la
mesure où toute obtention d'une dérogation à l'OMC est un
processus fort coûteux qui obligeait l'UE à faire des concessions
aux pays en développement désavantagés par les
préférences accordées à certains produits
ACP106. Gwénaëlle Corre affirme quant à elle, que
la sauvegarde des intérêts commerciaux des ACP a un prix que l'UE
n'était pas disposée à payer107 plus
longtemps108.
106 BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. xiv.
107 ECDPM, De Lomé à Cotonou,
op.cit.
108 La dérogation obtenue par l'UE en 2001 n'a
été accordée qu'après de très longues
discussions et grâce aux liens avec le lancement du Cycle de Doha. En
outre, la dérogation pour le régime bananier de l'UE
demandée par l'UE en 2005 n'a toujours pas été
accordée. Voir : BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. xiv.
III.1.2. La position de l'UE pour la négociation des
APE à travers le mandat du Conseil européen
Le mandat de négociations des APE, donné par le
Conseil européen à la Commission le 17 juin 2002, énonce
la position du négociateur européen sur la
conception des APE. Il précise ainsi que les APE sont basés sur
quatre principes fondamentaux.
+ LE PARTENARIAT : en effet, d'après l'UE, les
APE sont des accords de partenariat impliquant « des droits et des
obligations des deux côtés 109».
L'UE précise ainsi que si « l'Union est disposée
à ouvrir davantage son marché aux produits ACP et à
aborder toutes les autres entraves aux échanges, les États ACP
doivent être disposés à mettre en oeuvre des politiques
appropriées pour renforcer leur capacité de répondre
à la demande et pour réduire les coûts de transaction
110».
+ L'INTEGRATION REGIONALE : l'UE précise
à ce niveau que l'intégration régionale est un moyen
efficace pour stimuler l'intégration dans l'économie mondiale.
Elle rappelle à cet égard que sa puissance s'est fondée
sur une intégration régionale profonde. Elle en conclut ainsi que
« les APE seront construits par conséquent à partir des
initiatives d'intégration régionale existantes et qu'ils
appuieront le processus d'intégration au sein des ACP (...) 111
».
+ LE DEVELOPPEMENT : l'UE présente les APE
comme un outil de développement, impliquant de la sorte que ceux-ci
soient conçus avec la flexibilité nécessaire pour tenir
compte des « contraintes économiques, sociales et
environnementales des pays ACP concernés ainsi que de leur
capacité d'adaptation au nouvel environnement commercial112
». L'UE insiste également sur le fait que les APE doivent
être intégrés dans ses stratégies de soutien, ainsi
que dans la politique de développement des pays ACP. Pour l'UE, les APE
sont avant tout un outil de développement dans la mesure où
« ils doivent stimuler l'intégration progressive et harmonieuse
des pays ACP dans l'économie mondiale, encourageant ainsi leur
développement durable et contribuant à l'éradication de la
pauvreté dans ces pays113 ».
+ LE LIEN AVEC L'OMC : d'après l'UE, les APE
sont une étape qui vise à faciliter l'intégration des pays
ACP dans l'économie mondiale. L'UE exprime à cet égard que
les APE seront basés sur les règles de l' OMC tout en
109 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, septembre 2002, p.5.
110 Ibid.
111 Ibid.
112 Ibid.
113 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, septembre 2002, p.5.
tenant compte des résultats du programme de Doha pour
le développement, mais qu'ils iront néanmoins pour certains
aspects au-delà de l'OMC114. L'UE
précise à ce sujet que les APE « mettront en place, dans
le cadre de ces règles, des relations commerciales bilatérales
plus spécifiques et plus opérationnelles, destinées
à réduire l'incidence de toutes les entraves aux échanges
entre les ACP et l'UE et à établir une intégration plus
étroite entre les économies115 ».
Pour répondre à ces quatre principes
fondamentaux, l'UE prévoit que les APE seront composés de
plusieurs éléments. La base fondamentale de l'APE est
donc l'établissement d'une zone de
libre-échange, qui « supprime progressivement
l'essentiel des droits de douane entre les parties ainsi que toutes les mesures
non tarifaires, tels que les contingents et les mesures ayant un effet
équivalent116 ». Pour ce faire, l'UE explique que
les APE viseront à simplifier toutes les procédures et
réglementations relatives aux importations et aux exportations, afin de
maximiser l'efficacité économique. En ce qui concerne les
services, si la convention de Cotonou avait été prudente à
ce sujet en précisant que les parties devaient convenir de se fixer pour
objectif - après avoir acquis une certaine expérience dans
l'application de la clause NPF en vertu de l'AGCS117 -
d'étendre leur partenariat à la libéralisation
réciproque de services conformément aux dispositions de l'Accord
(article 41, §4), le mandat des négociations, quant à lui,
va beaucoup plus loin dans ce domaine. En effet, le mandat de la Commission
européenne prévoit que le libre-échange doive non
seulement s'appliquer au commerce des marchandises, mais également
« au commerce des services.118 » L'UE
précise à ce sujet que « l'importance des
échanges de services dans le commerce mondial augmente et les pays ACP
disposent d'un avantage comparatif dans de nombreux secteurs. Les services sont
donc potentiellement une source significative de croissance pour les ACP
119». Pour l'UE, les gains potentiels de la
libération des échanges ne peuvent être obtenus que dans la
condition où les APE touchent « tous les domaines liés
au commerce 120».
Après avoir édicté les principes des APE
et les éléments qui les composent, l'UE en vient à
expliquer comment les APE atteindront leur objectif final :
l'éradication de la
114 Nous verrons ainsi que l'UE souhaite que les thèmes
de Singapour (investissement, concurrence) fassent partie des APE alors que
cette question avait été rejetée par les pays en voie de
développement dans le cadre du programme d'action de Doha à
l'OMC.
115COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle
approche dans les relations entre UE et pays ACP, op.cit., p. 5.
116Id., p. 6.
117 Accord général sur le commerce des services.
118 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, op.cit., p.7.
119 Id., p. 6.
120 Ibid.
pauvreté et l'intégration des pays ACP dans
l'économie mondiale. D'après l'UE, les APE aideront à
rendre l'intégration régionale plus efficace et permettront ainsi
« la création de plus grands marchés121
». La création de plus grands marchés favoriseront,
d'après l'UE, l'épargne domestique tout en créant «
des pôles d'attraction pour les investissements
étrangers122 ». Aussi, grâce à la
suppression des obstacles aux échanges entre les ACP et l'UE, les APE
« contribueront aux réformes de politique commerciale parmi les
ACP, favorisant l'ouverture et la transparence. (...) Ceci aidera aussi
à mobiliser les opérateurs économiques et à attirer
les investissements étrangers123 ». L'UE
prévoit que l'élargissement de la coopération ACP-UE
à tous les domaines liés au commerce aura pour conséquence
de renforcer la capacité des États ACP à gérer les
questions relatives aux « normes techniques, mesures sanitaires,
phytosanitaires, vétérinaires, ou bien à la protection de
l'environnement (...). Les APE approfondiront l'intégration
régionale en promouvant des règles communes dans les
région ACP, (...) en harmonisant ces règles ou en
prévoyant la reconnaissance mutuelle ». L'UE en conclut qu'au
bout du compte, « les APE mèneront à une
intégration économique plus étroite des ACP et de l'UE et
agrandiront ainsi le marché des pays ACP. Ce marché agrandi,
régi par un cadre stable, transparent et prévisible pour le
commerce, permettra des économies d'échelles, améliorera
le niveau de spécialisation, réduira les coûts de
production et des échanges, augmentera la compétitivité
des ACP et attirera les investissements.124»
La boucle étant bouclée, l'UE en conclut que « cela
conduira à une augmentation des flux commerciaux entre les ACP, avec
l'Union européenne et avec le reste du monde, promouvant ainsi le
développement durable des pays ACP en contribuant à
l'éradication de la pauvreté 125» .
Il convient de préciser finalement que le mandat délivré
par le Conseil européen à la Commission européenne pour
négocier les APE n'inclut pas la négociation de la
coopération au développement, qui est un aspect distinct
du partenariat ACP-UE. Ainsi, il est prévu que les négociations
relatives aux APE se fassent dans le cadre de l'Accord de Cotonou. La
Commission européenne estime par conséquent que les
négociations des APE doivent se concentrer sur les questions
commerciales, mais que le cadre de Cotonou permet aux pays ACP de
définir une composante de développement parallèle qui doit
accompagner l'élaboration et la mise en oeuvre des APE126.
121 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, op.cit., p. 7.
122 Ibid.
123 Ibid.
124 Ibid.
125 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, op.cit., p. 7.
126 Voir : BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 48.
III.2. LA POSITION DES PAYS ACP POUR LA NEGOCIATION DES
APE
Si le mandat détenu par la Commission européenne
détermine les orientations à suivre pour la négociation
des APE, les pays ACP, de leur côté, ont également
élaboré un document afin de préciser l'approche qu'ils
devaient adopter durant les négociations ainsi que les principes qui
devaient régir ces négociations. Ce document intitulé
« Orientations ACP pour les négociations des Accords de
partenariat économique127 » avait également
pour ambition d'établir les objectifs stratégiques des ACP, la
structure de négociations ainsi que le calendrier des
négociations.
Si le document est prolixe sur beaucoup d'aspects concernant
les négociations, il est surtout important d'exposer les points
saillants présents dans le document afin de pouvoir par
la suite mettre en exergue les divergences entre les parties aux
négociations qui sont apparues dès la première phase des
négociations. Nous étudierons effectivement dans un
point ultérieur que la première phase des négociations
s'est soldée par un échec qui a marqué une crise de
confiance entre les « partenaires », ce qui a considérablement
ralenti la mise en place de la deuxième phase des négociations.
Les points saillants que nous avons sélectionnés dans le document
et qui reflètent les desideratas des pays ACP pour la négociation
des APE sont les suivants :
+ CONCLUSION D'UN ACCORD ACP-UE A L'ISSUE DE LA PREMIERE
PHASE DES NEGOCIATIONS : le document précise clairement que si les
négociations doivent être effectuée en deux phases, la
première doit se conclure par un accord tous ACP-CE,
« axé essentiellement sur les objectifs et principes des APE
ainsi que sur les questions d'intérêts commun à tous les
États ACP (...)128 ». Les ACP insistent
effectivement sur le fait que la première phase des négociations
doit aboutir à la détermination du contenu des APE et
à leur portée. Ils précisent en outre que la
deuxième phase doit servir aux négociations tarifaires et
à la prise d'engagements sectoriels spécifiques sur le plan
régional ou national.
+ L'UNITE DU GROUPE ACP LORS DES NEGOCIATIONS :
l'unité du groupe ACP est mise en avant à maintes reprises au
sein du document. Les États ACP insistent effectivement sur le fait que
malgré leur diversité, ils « partagent des
intérêts communs dans les domaines économique, social,
politique et culturel
127 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Orientations ACP pour les négociations des
accords de partenariat économique, Département du
développement économique et durable (ACP/61/056/02 [ FINAL]),
Bruxelles, 5 juillet 2002, pp. 1-24. Document téléchargé
sur Internet. Lien URL:
http://acp.int/fr/epa/index.htm
128 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Orientations ACP pour les négociations des
accords de partenariat économique, op.cit., p. 4.
(...) » et que « l'unité
et la solidarité ACP qui ont été
réaffirmées au plus haut niveau politique (...) seront
primordiales étant donné la complexité et la
nature exigeante des négociations à venir avec
l'UE129». L'importance de l'unité du groupe ACP
lors des négociations des APE est primordiale pour les États ACP
qui estiment « qu'il sera plus facile pour les ACP d'obtenir beaucoup
plus de l'UE s'ils négocient ensemble que si ils le font à titre
individuel, régional ou sous-régional. » Le groupe ACP
affirme ainsi que « l'unité du Groupe ACP est sa force et sa
solidarité et constitue son pouvoir de négociation
». Nous pouvons remarquer que les États ACP tiennent
à négocier le contenu des APE lors de la première phase
car celle-ci s'effectue justement à un niveau tous ACP-UE, augmentant de
la sorte le poids politique du groupe ACP lors des
négociations.
+ LE CONTENU DEVELOPPEMENT DES APE : les États
ACP insistent à plusieurs reprises dans le document que
les APE doivent servir le développement des pays. Le groupe ACP explique
à cet égard que 40 pays du groupe ACP sont des PMA et que la
majorité des trente-huit restants sont à l'extrême limite
des PMA, impliquant de la sorte que le développement
doive impérativement être « au centre
des négociations sur les APE 130». Les
États ACP affirment que la libéralisation du commerce implique
pour les pays ACP des coûts tels que les incidences financières,
les coûts d'ajustement et la nécessité de répondre
aux besoins en matière de capacité. Ils insistent dès lors
sur le fait que « le partenariat doit viser à répondre
à ces besoins de développement qui sont spécifiquement
liés à la libéralisation du commerce et qui sont
différents des autres besoins de développement nécessitant
un appui de l'UE131 ». Les pays ACP vont jusqu'à
affirmer : « tant que ces questions ne seront pas
réglées, les ACP ne pourront tirer aucun profit des APE et l'UE
sera le bénéficiaire de la libéralisation du commerce dans
les pays ACP.132 »
+ DEMANDE D'ADDITIONALITE DES RESSOURCES AU TITRE DE
L'AJUSTEMENT :
Comme nous l'avons explicité ci-dessus, les
États ACP estiment que la libéralisation du commerce implique des
coûts qui doivent impérativement être couverts par des
ressources additionnelles afin que les APE contribuent au développement
des pays, auquel cas, nous l'avons vu ci-dessus, les ACP considèreront
que la libéralisation commerciale ne sera profitable qu'à l'Union
européenne. Les coûts d'ajustement133
provoqués par la
129 Id., p.5.
130 Ibid.
131 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Orientations ACP pour les négociations des
accords de partenariat économique, op.cit., p. 16.
132 Ibid.
133 Id., p. 8-9, 17-18.
libéralisation sont pointés du doigt par les
États ACP dans ledit document. Il s'agit du chômage
(conséquence de la concurrence accrue impliquant la potentielle
fermeture d'usines nationales et donc des pertes d'emplois), des pertes des
revenus de l'État provenant des droits de douane, de la fragilisation
des industries nationales suite à la concurrence accrue résultant
de la libéralisation du commerce avec l'UE, des coûts d'adaptation
pour procéder à des réformes fiscales visant à
compenser les pertes de recettes douanières et des coûts
liés au développement institutionnel (pour prendre en compte des
questions telles que la mise en conformité avec les normes alimentaires
et de sécurité sanitaire, l'harmonisation des procédures
douanières, les évolutions réglementaires). Afin de
compenser ces coûts d'ajustement, les États ACP demandent «
des ressources additionnelles distinctes du FED134
». Les États ACP plaident effectivement pour
« la création d'un fonds de compensation des coûts
d'ajustement par l'apport de ressources additionnelles au travers de
procédures de décaissement rapides et
souples135 ». Le groupe ACP affirme finalement
que l'obtention « d'une garantie de l'UE pour la prise en charge des
coûts d'ajustement liés à la mise en oeuvre des
APE136 » est un des objectifs stratégiques que le
groupe ACP doit impérativement suivre lors des
négociations.
+ PRESERVATION ET AMELIORATION DES ACQUIS DE LOME :
sur ce point, les États ACP affirment « qu'aucun État
ACP ne devrait, au titre des relations commerciales avec l'UE, se trouver,
après 2007, dans une situation plus défavorable que celle dont il
jouit dans le cadre du régime commercial ACPUE actuel137
». En outre, ils précisent que leur différence de
développement avec l'UE implique que les États ACP ne doivent pas
être tenus « de prendre le même degré d'engagements
que l'UE dans le cadre des APE, notamment en ce qui concerne l'accès au
marché138 ».
+ CLARIFICATION DES REGLES DE L' OMC : les
États ACP estiment que les règles de l'OMC sont fondamentalement
défavorables à leur développement et demandent de «
clarifier et d'améliorer les règles de l 'OMC relatives aux
accords commerciaux régionaux entre les pays développés et
les pays en
134 Les États ACP affirment que les ressources des
programmes indicatifs nationaux (PIN) et des programmes indicatifs
régionaux (PIR) ont été programmés en faveur des
secteurs stratégiques identifiés dans le cadre des
stratégies de développement nationales et régionales et
que « prélever des ressources de ces secteurs en faveur de
l'ajustement au titre des APE sapera-t-il les efforts déployés
par les ACP en vue de leur développement ». Voir : SECRETARIAT
DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE,
Négociations ACP-UE des Accords de partenariat économique.
Points de convergences et de divergences, Département du
développement économique et durable (ACP/61/1 13/03 Rév.
1), Bruxelles, 28 septembre 2003, p.20. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://acp.int/fr/epa/index.htm
135SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE,
DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Orientations ACP pour les négociations
des accords de partenariat économique, op. cit., p. 16.
136 Id., p.10.
137 Id., p.6.
138 Ibid.
développement139 ». Pour ce
faire, ils invitent l'UE à appuyer leur position au sein de l'OMC.
+ LA PRIORITE DE L'INTEGRATION REGIONALE : les
États ACP rappellent qu'ils sont engagés à des
degrés divers dans des processus d'intégration régionale
et pour éviter qu'ils soient étouffés ou entravés,
«ils doivent avoir la priorité sur les APE dans le cadre des
engagements qui seraient pris envers l'UE en matière de
libéralisation commerciale140». Les États
ACP estiment ainsi qu'ils « doivent pouvoir consolider en
premier lieu leurs propres processus d'intégration
régionale141».
III.3. LE RESULTAT DE LA PREMIERE PHASE DES NEGOCIATIONS OU LE
DEBUT D'UNE CRISE DE CONFIANCE ENTRE LES PARTENAIRES DES NEGOCIATIONS
Comme nous l'avons expliqué précédemment,
chaque partie aux négociations avait produit un document afin de
déterminer les positions à adopter lors des négociations
sur les APE. Lors de la première phase des négociations qui s'est
étendue du mois de septembre 2002 au mois d'octobre 2003, de nombreuses
discordances sont apparues entre les parties. La plus grande discorde a
porté sur la nature de la première phase des
négociations qui a débouché sur l'établissement de
la forme que prendraient les APE plutôt que leur contenu,
élément qui était pourtant éminemment important
pour le groupe ACP. En effet, comme nous l'avons explicité
supra, le groupe ACP souhaitait négocier dès cette phase
et tous ensemble les principes et les règles devant
encadrer le libre-échange afin de s'assurer que les futurs
accords permettraient effectivement de soutenir leur
développement142. La CE quant à elle, ne souhaitait
pas aboutir à l'issue de cette phase à un accord cadre
contraignant s'imposant à l'ensemble des négociations futures et
s'est davantage placée sur le terrain de la forme143 et non
du fond car cela l'aurait conduit, comme l'explique le député
français Jean-Claude Lefort dans son rapport d'information
adressé à l'Assemblée nationale française, à
négocier « avec des partenaires en position de force
144». En effet, les États ACP, conscients que
l'Union fait la force, souhaitaient procéder lors de la première
phase à de véritables négociations aboutissant à un
accord contraignant, convaincus qu'ils obtiendraient davantage de garanties de
l'Europe en négociant tous ensemble et le plus tôt possible.
139 Ibid.
140 Id., p. 8.
141 Ibid.
142 LEFORT, J-C., op.cit., p.89.
143 Ainsi, pour le commissaire européen en charge du
commerce de l'époque, M. Lamy, s'exprimant le 30 septembre 2002, «
les négociations substantielles se placeront nécessairement
au niveau régional ». Source : Id., p.90.
144 Id., p.89.
D'après Jean-Claude Lefort, le ton des
négociations a donc été directement donné par la
Commission en ne « voulant pas donner aux pays ACP durant cette phase
« tous- ACP », le minimum d'engagements fermes qu'ils lui demandaient
sur le périmètre du libre-échange et de la dimension
« développement » des futurs échanges145
». D'après le député français, la
première phase des discussions entre l'Union européenne et les
États ACP, a vu l'éclosion de tensions, qui n'ont cessé
d'opposer les partenaires durant les négociations. En outre,
l'unité du groupe ACP, en tant que grand
syndicat146 des intérêts du sud, a
été mise à mal du fait que l'essentiel des
négociations (contenu des accords) a du être réglé
avec les différents blocs régionaux. D'après Eric Rydberg,
« l'unité du groupe ACP était un des enjeux du dossier
des APE (...) parce que, du côté du Groupe ACP, et à de
multiples reprises, les APE ont été perçus comme une
menace pour cette unité. (...) Les Accords de partenariat
économique que la Commission européenne veut conclure ont en
effet eu comme dégât collatéral de fragmenter le groupe
ACP.147 »
En conséquence, le rapport conjoint148
concluant la phase « tous-ACP » adopté par les partenaires le
2 octobre 2003 contient un nombre important de points de désaccord que
nous allons présenter succinctement dans la partie suivante.
III.3.1. Mise en évidence des points convergents et
divergents à l'issue de la première phase des négociations
(tous ACP-UE)
Si les partenaires sont parvenus à se mettre d'accord
sur certains points, de larges désaccords ont subsisté à
l'issue de cette première phase des négociations. Nous avons vu
ci-dessus que la plus grande déception des États ACP à
l'issue de la première phase des négociations, est qu'elle ait
abouti à une simple phase de clarification alors que les États
ACP souhaitaient conclure un accord contraignant qui aurait servi de cadre de
négociations lors de la deuxième phase. En conséquence,
les nombreux désaccords surgis lors de la première phase des
négociations, devaient être résolus lors des
négociations régionales. Les plus grandes discordances entre les
parties à l'issue de la première phase étaient les
suivantes :
145 Id., p.90.
146 Selon Eric Rydberg, le groupe ACP est, au même titre
que le groupe des 77 ou le mouvement des non-alignés, un des grands
syndicats des nations prolétaires du Sud. Voir : RYDBERG, E., «
Accord + Partenariat + Economique : cherchez l'erreur... », Le Sud
sans voix. Les pays ACP et l'accord de Cotonou, Les Cahiers de la
coopération internationale, n°1-09, CNCD, 2005, p.22.
147 Ibid.
148 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-CE sur les APE. Rapport
conjoint sur la phase « tous ACP »-CE des négociations,
Département du développement économique et durable
(ACP/00/118/03 Rév.1), Bruxelles, 2 octobre 2003, pp. 1- 135. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://acp.int/fr/epa/index.htm
- LES QUESTIONS LIEES A L'OUVERTURE DES
MARCHES149 : d'une part au niveau de la couverture des
produits, l'UE souhaitant une couverture à plus de 90% contre
une ouverture qui tienne compte du niveau de développement des pays ACP
pour la partie ACP, d'autre part ; au niveau de la période de
transition pour la mise en oeuvre des accords, les États ACP
étant favorables à un moratoire de cinq ans avant le
démantèlement tarifaire et l'UE s'y opposant.
- LES QUESTIONS AGRICOLES150 : il y avait
une divergence de vues concernant la chronologie de la libéralisation
des échanges dans le domaine de l'agriculture. Alors que les
États ACP considéraient qu'une assistance accrue devait leur
être fournie dans ce domaine avant de commencer les négociations,
l'Europe jugeait les deux processus complémentaires.
- LES QUESTIONS LIEES AU COMMERCE151
(INVESTISSEMENT ET CONCURRENCE) :
à cet égard, le rapport conjoint indique que
l'Europe souhaitait négocier ces matières dans le cadre de
l'APE152 alors que les pays ACP estimaient que les aspects
réglementaires de ces sujets ne devaient pas être englobés
dans les négociations sur les APE tant qu'un accord n'avait pas
été conclu dans ces matières à l'OMC.
- LIBERALISATION DES SERVICES153 : selon les
États ACP, rien dans l'accord de Cotonou154 n'obligeait
à libéraliser le commerce des services dans le cadre des APE,
alors que pour l'UE la libéralisation du commerce devait
forcément inclure les services (voir III.1.2.).
- ADDITIONALITE DES RESSOURCES155 : pour les
États ACP, il était nécessaire de prévoir des
ressources additionnelles distinctes du FED alors que pour l'UE, les ressources
affectées au financement de la coopération au
développement
149 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-UE des Accords de
partenariat économique. Points de convergences et de divergences,
op.cit., p.6.
150 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-CE sur les APE. Rapport
conjoint sur la phase « tous ACP »-CE des négociations,
op.cit., p.5.
151 Id. p. 6.
152 Les trois sujets (investissement, concurrence,
marché public), appelés thèmes de Singapour, avaient
déjà été abordés dans le cadre de l'OMC.
Néanmoins, les pays ACP et les autres pays en développement,
à la suite d'une résistance constante, étaient parvenus
à exclure ces questions du programme de travail de Doha. Certains
auteurs vont ainsi jusqu'à affirmer, que l'UE tente d'obtenir au sein
des négociations APE ce qu'elle n'a pas obtenue à l'OMC en
profitant d'un rapport de force qui lui est favorable par rapport à
celui existant au sein de l'OMC où l'ensemble des pays en voie de
développement dispose d'un poids politique plus considérable.
Voir : OXFAM, Partenaires inégaux : Comment les Accords de
Partenariat Economique (APE) pourraient nuire aux perspectives du
développement d'un grand nombre de pays parmi les plus pauvres ?,
Document d'information d'Oxfam International, Septembre 2006, p.7. et VANDEN
DAELEN, C., Les accords de partenariat économique : source
contemporaine de menace et de pressions pour les peuples des pays ACP,
CADTM, 18 janvier 2008. Article téléchargé sur Internet.
Lien URL :
http://www.cadtm.org/spip.php?article3059
153 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-UE des Accords de
partenariat économique. Points de convergences et de divergences,
op.cit., p.12.
154 Concernant le commerce des services, l'Accord de Cotonou
précise « les parties conviennent, en outre, de se fixer pour
objectif, en vertu des accords de partenariat économique et après
avoir acquis une certaines expérience dans l'application de la clause de
la NPF en vertu de l'AGCS, d'étendre leur partenariat à la
libéralisation réciproque des services conformément aux
dispositions de l'AGCS et notamment celles qui concernent la participation des
pays en développement aux accord de libéralisation. »
(Article 41, § 4)
155 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-CE sur les APE. Rapport
conjoint sur la phase « tous ACP »-CE des négociations,
op.cit., p.7.
avaient déjà été
décidées dans le cadre de l'Accord de Cotonou156 et
cette question ne devait pas faire l'objet d'une renégociation dans le
cadre des APE.
Si les deux parties ont convenu que les accords devaient viser
à préserver les acquis de Lomé et que l'UE devrait
évaluer des alternatives conformément à l'article
37§6 pour les ACP non PMA qui n'étaient pas en mesure de conclure
des APE, nous verrons ultérieurement que ces engagements ne furent pas
respectés par l'Union européenne lors des négociations
régionales.
III.4. CONCLUSION
En guise de conclusion, nous ne manquerons pas de mentionner
les propos éclairants du rapport d'information de l'assemblée
nationale française sur la négociation des accords de partenariat
économique avec les pays ACP157 : « la
négociation avec les pays ACP a débuté par un
échec, qui a marqué la première crise de confiance entre
les partenaires158 ». Cette crise de
confiance expliquerait ainsi d'après ledit rapport, le retard pris dans
les négociations régionales. Selon le rapport d'information,
« l'Europe en porte la responsabilité : en ne voulant pas
répondre, dès 2002, aux demandes des pays ACP sur
l'étendue du libre-échange, la Commission a placé cette
question au centre des discussions avec les régions ACP, deux ans ou un
peu moins avant l'expiration du délai fixé à la
préparation des APE. Le dialogue, à quelques exceptions
près, est donc devenu extraordinairement difficile, car l'approche de
l'échéance rend les deux parties de moins en moins accessibles
à leurs arguments159 ».
156 Concernant la divergence sur la dimension
développement des APE, la CE va proposer la mise en place de « task
forces régionales de préparation » pour veiller à la
cohérence, au plan régional, entre les APE et l'appui au
développement fourni dans le cadre de l'Accord de Cotonou. Ces task
forces sont constituées de fonctionnaires et d'experts en
développement de la Commission européenne et de la région
ACP concernée. Voir : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE,
DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-UE des Accords de
partenariat économique. Points de convergences et de divergences,
op.cit., p.20.
157 LEFORT, J-C., op.cit. 344 p.
158 Id., p.92.
159 LEFORT, J-C., op.cit. 344 p. .
IV. LES APE, OUTIL POUR LE DEVELOPPEMENT DES
ÉTATS ACP ?
« Les APE posent de réelles difficultés
pour les pays pauvres qui n'ont ni le temps, ni les capacités de
négocier des accords fermes avec l'UE.160»
Un large consensus existe pour affirmer que les APE doivent
contribuer au développement des États ACP. L'Accord de Cotonou,
comme nous l'avons étudié dans la première partie du
présent mémoire, confirme ainsi l'idée selon laquelle les
APE doivent éradiquer la pauvreté dans les États ACP et
favoriser leur intégration dans l'économie mondiale. Cependant,
si le développement était en principe l'objectif commun des
négociateurs, il n'existait pas de consensus entre les parties sur les
moyens pratiques visant à intégrer la dimension
développement dans les APE. Dans ce dernier chapitre, nous verrons que
les discordances qui sont apparues entre l'UE et les
États ACP lors de la première phase des négociations,
perdurèrent lors de la deuxième phase des négociations, et
empêchèrent la conclusion d'accords régionaux complets pour
l'échéance prévue (excepté dans la Caraïbe),
ce qui poussa finalement la CE à proposer la conclusion d'accords
intérimaires. Nous évoquerons également dans cette
dernière partie les asymétries qui existent
entre l'UE et les États ACP et qui affectent les
différentes prises de position des négociateurs sur le contenu
des APE. Nous présenterons aussi les conclusions des
études d'impact des APE dans la mesure où elles
témoignent des inquiétudes que le projet des APE a suscité
auprès des États ACP et des membres de la société
civile. Nous expliquerons en dernière instance l'aboutissement des
négociations, leur état des lieux ainsi que le
contenu des accords paraphés.
IV.1. DES PARTENAIRES INEGAUX
Les asymétries entre l'UE et les pays ACP sont
importantes, tant au niveau économique que politique. Comme nous
l'expliquons effectivement ci-dessous, les pays ACP sont fortement
dépendants de l'UE en termes économique et politique ; situation,
qui, selon le centre de recherche South Centre, s'explique par «
le lien historique qui existe entre ces pays161 ». Ces
disparités politiques et économiques reflètent les prises
de position des négociateurs sur les APE. Nous verrons ainsi dans le
point IV. 3.2. du présent mémoire que les États
ACP firent leur possible lors des
160 Eveline Herfkens, coordinatrice du Secrétaire
général de l'ONU pour la campagne visant à promouvoir les
Objectifs de Développement du Millénaire (ODM).Citation prise sur
le Site Internet de la campagne stop APE.
http://www.ape2007.org/main.asp?id=305
161 SOUTH CENTRE, Comprendre les Accords de partenariat
économique (APE), Fiche Technique n°1, Document analytique,
Genève, Mars 2007, p.12.
négociations pour préserver les acquis de
Lomé tandis que l'UE était davantage favorable à une
libéralisation des échanges de grande envergure.
IV.1 .1. Les plus pauvres162 contre les plus riches
Les négociations APE se sont déroulées
entre, d'un côté, les 27 pays membres de l'UE, qui ont un PNB
combiné de plus de 14.000 milliards de dollars163, et de
l'autre, six groupes de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dont
39 font partie des 50 pays les moins avancés (PMA164) au
monde. Le groupe le plus petit ; les Iles du Pacifique, a un PNB combiné
de 9 milliards de dollars, soit 1400 fois moins que celui de l'UE. Même
le groupe le plus grand, la région de l'Afrique de l'ouest a un PNB 82
fois inférieur à celui de l'UE165.
|
PNB 2005 (Mds de dollars)
|
% du PNB de l'UE
|
Ratio par rapport au PNB de l'UE
|
PNB/hab. (dollars/ habitant)
|
Nbre de PMA/Nbre de pays total
|
Union européenne
|
13 300
|
100
|
1
|
28 760
|
0/25
|
Afrique de
l'Ouest +
Mauritanie
|
162
|
1,22
|
82
|
627
|
13/16
|
Afrique centrale CEMAC+ STP
|
40
|
0,30
|
330
|
439
|
4/8
|
Afrique Orientale et australe (ESA)
|
75
|
0,56
|
178
|
306
|
11/15
|
SADC+ Afrique australe
|
66
|
0,50
|
200
|
835
|
4/7
|
Caraïbes
|
72
|
0,54
|
185
|
2 057
|
1/16
|
Pacifique
|
9
|
0,07
|
1 414
|
2 057
|
4/14
|
Total ACP
|
425
|
3,20
|
31
|
593
|
37/76
|
Source : Banque Mondiale, 2005. Lien URL :
http://siteresources.worldbank.org/DATASTATISTICS/Resources/GDP.pdf
La richesse d'un habitant est en moyenne 50 fois plus
élevée dans l'UE que dans les pays ACP, sans compter les
inégalités existantes au sein des États ACP (le PNB moyen
d'un habitant de la Caraïbe est de 2 057 dollars contre 306 dollars en
Afrique orientale et australe).
162 Voir : Annexes.
163 DELCOURT, L., op.cit.
164 La catégorie des PMA a été
définie par l'ONU en 1971 à partir de trois critères : un
PIB par habitant inférieur à 100 dollars par an, une valeur
ajoutée de l'industrie inférieure à 10 % du PIB et un taux
d'analphabétisme de plus de quinze ans supérieur à 20 %.
On compte 49 PMA en 2003, dont 8 seulement hors du groupe ACP : Bangladesh,
Cambodge, Laos, Maldives, Birmanie, Népal, Yémen et Bhoutan.
165 OXFAM, Partenaires inégaux : Comment les Accords
de Partenariat Economique (APE) pourraient nuire aux perspectives du
développement d'un grand nombre de pays parmi les plus pauvres ?,
op.cit., p.3.
IV.1 .2. Disparités en termes de capacité de
négociation
Il existe une forte asymétrie entre l'UE et les pays
ACP au niveau de leur capacité de négociation. En effet, l'UE
dispose d'une structure institutionnelle solide (dont le Conseil des ministres
et le Parlement européen), d'une bureaucratie riche en ressources
à Bruxelles et d'une équipe de négociateurs
extrêmement compétents, qui travaillent sous l'autorité de
la Direction générale du commerce de la Commission
européenne. De leur côté, de nombreux groupements de pays
ACP n'ont pas de structure effective en matière de prise de
décisions et de fonctionnement. D'autre part, le centre de recherche
South Centre, affirme que les secrétariats
généraux166 qui ont mené les discussions sur
les APE manquaient de ressources techniques et humaines nécessaires pour
s'engager de façon effective dans les négociations167.
En outre, si la Commission européenne négociait au nom des 27
États membres, le Conseil pouvait intervenir dans le cas d'un
désaccord entre la position de la Commission et celle d'un ou de
plusieurs États membres168. Par contre, les États ACP
s'engageaient directement à travers leurs ambassadeurs, ce qui leur
laissait donc moins de possibilités de revenir sur les engagements pris
par les négociateurs en leur nom169.
IV.1 .3. Une dépendance asymétrique entre les
partenaires commerciaux
Alors que l'Union européenne reste le partenaire
commercial principal des États d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (29 % des exportations ACP se réalisent à destination
de l'Union européenne et 24 % des importations des pays ACP proviennent
de l'Union européenne170), ces derniers ne constituent que 3
% du commerce de l'Union européenne (2,9 % des exportations et 3,1 % des
importations de l'Union européenne)171. En outre, cette
dépendance est d'autant plus grande pour les pays d'Afrique
subsaharienne et surtout pour l'Afrique centrale qui compte sur les
importations de l'Union européenne à hauteur 74, 1 % et dont 51,7
% de ses exportations lui sont destinées172. Ainsi, l'Union
européenne reste, comme l'affirme Anna Lipchitz, « d'une
importance primordiale pour les échanges des pays
ACP
166 Les secrétariats généraux des
différentes régions ACP qui négocient sont les suivants :
le Marché commun de l'Afrique orientale et australe, le COMESA, le
Groupe de l'Afrique orientale et australe, la Communauté
économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la CEDEAO, le
Groupe d'Afrique de l'Ouest, le Forum des Caraïbes du Groupe des
États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, le CARIFORUM.
167 Le South Centre explique ainsi que la rédaction des
deux projets d'accords d'APE pour les régions Afrique de l'Ouest et
Afrique centrale avaient dû être assurés par la CE à
cause de leurs ressources limitées en matière de
négociation. Voir : SOUTH CENTRE, Comprendre les Accords de
partenariat économique (APE), Fiche Technique n°1, Document
analytique, Genève, Mars 2007, p. 16.
168 En effet dans ce cas, le Conseil peut revenir sur un
engagement qu'aurait pris la Commission mais qui ne plairait pas à
certains membres du Conseil. Voir : VAN DER STEEN, D., DANAU, A.,
op.cit., p.13.
169 Ibid.
170 Voir : Annexes.
171 LIPCHITZ, A., op.cit., p.11-12.
172 Voir : Annexes.
(elle est la plus grande importatrice et la seconde
exportatrice pour les pays ACP), mais ces échanges sont marginaux pour
l'Union européenne (de l'ordre de 3%)173».
IV.1 .4. Des pays ACP plus protecteurs en droits de douane
que l'Union européenne
Les pays ACP sont plus protecteurs sur leurs marchés
que l'Union européenne. En effet, les pays ACP protègent leurs
marchés par des droits de douane à hauteur de 20 %174 . En outre,
l'Union européenne exerce des droits de douane équivalents
à 4,2 % sur les importations de pays ACP, concentrés sur certains
produits. Sans ces produits, les droits de douane baissent à 0,5 %
(viandes bovine, riz, végétaux, vins, et certains vins et
produits contenant de la viande et du lait) et s'appliquent surtout aux
importations des pays ACP non PMA ; les PMA bénéficiant du
régime préférentiel « Tout sauf les
armes175 ». Comme l'explique Anna Lipchitz, les droits de
douane sont importants dans la formation du revenu national des pays ACP et
constituent en moyenne 25 %176 des revenus des gouvernements
africains177. Ainsi, selon Anna Lipchitz, «
l'abaissement des tarifs douaniers pourrait dès lors induire des
ajustements. Ces ajustements seront d'autant plus sévères
pour les pays dont l'Union européenne est un partenaire commercial
important et pour lesquels les droits de douane restent une composante
importante des recettes de l'État, comme l'Afrique
subsaharienne.178 »
IV.2. LES ETUDES D'IMPACT SUR LA LIBERALISATION
COMMERCIALE
Dans la présente partie, il est important d'exposer les
différents impacts des APE qui ont été mis en avant dans
les études réalisées par des experts indépendants,
des centres de recherche et des organisations de la société
civile. Comme l'explique effectivement l'ECDPM, depuis que la Commission
européenne a proposé de remplacer les préférences
commerciales unilatérales par des zones de libre-échange avec les
États ACP, les effets probables de l'ouverture des échanges, ont
« toujours
173 LIPCHITZ, A., op.cit., p. 15.
174 Id., p. 13.
175 Depuis 2001, les PMA peuvent bénéficier de
l'initiative « Tout sauf les armes » selon laquelle tous les produits
couverts par cette initiative exceptés les armes, peuvent entrer sur le
marché communautaire en franchise de douane et libres de tout
contingentement.
176 LIPCHITZ, A., op.cit., p. 4.
177 D'après Jean-Claude Lefort, deux raisons majeures
expliquent le fait que les droits de douane constituent une source de revenu
importante pour les États africains. La première raison est que
les droits de douane constituent les seuls instruments de politique agricole et
industrielle à la disposition de pays pauvres, qui ne disposent que de
faibles ressources pour investir dans ces secteurs clés et sont donc
contraints de se contenter de les protéger. La seconde raison
avancée par l'auteur est que, « compte tenu de leur situation
économique et sociale, caractérisée par un nombre
élevé de familles d'agriculteurs, dont la seule perspective est
d'assurer leur autosubsistance alimentaire, et par la taille
considérable du secteur informel, les taxes à l'importation
représentent un optimum fiscal et budgétaire pour ces pays
». Voir : LEFORT, J-C., op.cit., p. 128.
178LIPCHITZ, A., op.cit., p. 15.
été un des principaux sujets de
discorde179 ». Une rapide présentation des impacts
des APE s'avère dès lors utile dans la mesure où elle rend
compte des inquiétudes qu'un tel projet (les APE) a suscité tant
au niveau de la société civile qu'au niveau des États ACP.
Par ailleurs, la nécessité d'énumérer succinctement
les impacts des APE se justifie par l'importance qu'ont revêtu les
études d'impacts en tant qu'outil d'aide à la décision
pour les négociateurs180 des pays ACP. Ainsi, comme le
précise la Commission économique pour l'Afrique de l'ONU dans son
étude d'impacts des APE sur l'Afrique, « la présente
étude (...) aspire à jouer un rôle capital en tant que
pièce maîtresse indispensable pour adopter des positions
africaines communes, à la fois aux niveaux régional et
sous-régional, à mesure de la progression du processus de
négociation sur les APE181 ».
Avant de présenter un rapide panorama des impacts des
APE mis en avant dans les diverses études, il est utile d'énoncer
quelques remarques. Tout d'abord, il est important de préciser la nature
théorique des études d'impacts dans la mesure où elles ont
été effectuées sur base d'hypothèses ou de
simulations sur les économies de ces pays. En outre, l'ECDPM
évoque également les contraintes méthodologiques, telles
la faible quantité et qualité de données disponibles,
auxquelles les études ont été confrontées dans leur
travail182. D'autre part, l'ECDPM insiste également sur le
fait que si toutes les études d'impacts s'accordent à dire que
les APE auront un impact significatif sur les économies ACP, ceux-ci
varient grandement d'une région à l'autre et
d'un pays à l'autre, démontrant de la sorte le caractère
fortement hétérogène des régions
considérées183.
Primo, toutes les études s'accordent sur l'importance de
la perte de recettes douanières184
consécutives à la réduction des entraves aux
échanges dans un APE.
179 BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.38.
180 Malgré l'importance que revêtait
l'élaboration d'études d'impacts pour les États ACP,
Jean-Claude Lefort déplore qu'il n'existât toujours pas en 2006
d'étude de référence sur l'impact du libre-échange
procédant à une analyse détaillée, pays par pays et
région par région. En conséquence, le député
explique que les pays ACP ont été contraints de lancer
eux-mêmes le processus d'évaluation en ordre dispersé et
dans la mesure de leurs moyens. En outre, Monsieur Lefort précise que
l'étude menée par le célèbre cabinet de consultant
PriceWaterhouseCoopers (à la demande de la Commission
européenne), s'est avérée extrêmement
décevante sans compter le fait que le rapport final n'offrait qu' «
une vision partielle et partiale des défis posés par les APE
». Voir : LEFORT, J-C., op.cit., p.119-125.
181 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
Effets des accords de partenariat économique entre l'UE et l'Afrique
sur l'économie et le bien-être, Commission économique
pour l'Afrique, travail en cours, n°22, septembre 2005, p. 9.
182 BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.42.
183 Ibid.
184 Dans son rapport d'information adressé à
l'assemblée nationale française, le député
Jean-Claude Lefort explique que la perte de recettes douanières n'est
pas considéré par la Commission européenne comme un
problème majeur. En effet, selon l'auteur, pour la direction
générale du commerce de la Commission, « la croissance
supplémentaire qu'apporteront les APE compensera les pertes
douanières. » Ainsi, pour la DG commerce, le choc
budgétaire résultant des APE est un faux problème qu'il
faut relativiser. Selon l'analyse de la DG commerce, un problème
budgétaire peut se poser, mais celui-ci ne sera pas immédiat en
raison de l'étalement dans le temps du démantèlement
tarifaire. D'autre part, la DG commerce estime que le choc sera salutaire car
il
Ainsi, selon Commission économique pour l'Afrique de
l'ONU, « compte tenu de la place qu'occupent les importations de l'UE
dans ces pays et de la dépendance de la majorité des pays
africains à l'égard des recettes fiscales, le
démantèlement tarifaire entraînera dans tous les cas une
baisse considérable des revenus. » En outre, plusieurs
études mettent en garde contre les impacts que ces pertes de recettes
pourraient avoir sur les dépenses publiques, car des gouvernements qui
ne parviendraient pas à compenser cette perte par d'autres formes de
recettes n'auraient d'autre choix que de réduire leurs dépenses,
ce qui mettraient finalement les secteurs sociaux en danger185.
Comme nous l'avons précisé ci-dessus, les pertes de recettes
douanières varient d'une région à l'autre et d'un pays
à l'autre en fonction de l'importance qu'occupe l'UE en tant que
partenaire commercial186.
Secundo, les études prévoient que l'abaissement
des recettes douanières accroisse le flux des échanges et
principalement les exportations de l'Union
européenne187 sur les marchés ACP. À
l'inverse, le marché communautaire étant déjà
totalement ouvert (96,5 % de l'ensemble des importations des ACP ont un
accès au marché communautaire en franchise de douane) aux pays
ACP, la suppression des droits de douane au titre d'un APE n'aurait qu'un effet
limité sur les exportations des ACP vers l'UE188. La
concurrence accrue des producteurs étrangers risquerait
de perturber des secteurs économiques nationaux. Ainsi Cécilia
Bellora évoque dans son étude que les agricultures des pays ACP
sont moins compétitives que celles de l'Europe et que l'ouverture des
marchés ACP aux produits européens « pourrait causer
l'élimination d'une très grande partie des productions en posant
de sérieux problèmes en termes de souveraineté alimentaire
et de conséquences sociales puisque 63 % de la population active des ACP
est agricole.189 » En outre, la Commission
économique pour l'Afrique de l'ONU, affirme également dans son
étude que le risque de désindustrialisation est
réel. Elle énonce ainsi, dans l'hypothèse où un APE
entre les parties prévoit la pleine réciprocité, que
« la
imposera de réformer les systèmes d'imposition
inefficaces des pays ACP, lesquels renchérissent le coût du
capital et des biens intermédiaires. Voir : LEFORT, J-C., op.cit.,
p.125-126.
185 BILAL, « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.41.
186 Dans la région de l'Afrique orientale et australe,
les pays qui subiront les pertes les plus importantes sont le Kenya, le Soudan,
Maurice, l'Ethiopie, la République démocratique du Congo et les
Seychelles. Au sein de la CEDEAO, le Nigeria perdra 427 millions de dollars, le
Ghana 194 millions de dollars et la Côte d'Ivoire plus de 112 millions de
dollars. Les membres de la CEMAC qui subiront les pertes les pus importantes
sont le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée
équatoriale et le Tchad. En ce qui concerne la SADC, les effets seront
significatifs pour le Botswana et le Swaziland, tandis que pour les pays de la
SACU, l'Angola perdrait 103,2 millions de dollars, la Tanzanie 32,5 millions de
dollars et le Mozambique 7,6 millions de dollars. Voir : CENTRE AFRICAIN POUR
LES POLITIQUES COMMERCIALES, op.cit. Voir : Annexes.
187 Voir : BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux
APE. Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les
ACP et l'UE », op.cit., p. 40.
188 Ibid.
189 BELLORA, C., Comment les pays d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique peuvent-ils tirer parti des Accords de
partenariat économique ?, Synthèse du Colloque
organisé par la FARM (Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité
dans le Monde) les 28 et 29 novembre 2006, 21 décembre 2006, p.1 1.
majorité des industries de l'Afrique subsaharienne
connaîtront une réduction de leur production. Ce recul sera plus
marqué dans les secteurs considérés comme étant
à la base de l'industrialisation, à savoir les industries
à intensité technologique faible ou moyenne, l'industrie lourde,
les vêtements et les textiles. 190»
Nous finirons par mentionner le risque de
désintégration régionale induit par les
APE. La Commission économique pour l'Afrique de l'ONU (CEA)
prévoit que les APE auront pour effet de renforcer les échanges
de l'UE sur les marchés régionaux africains, mais qu'une partie
de ces gains proviendront en réalité d'un
détournement des courants
d'échanges191 au détriment du reste du monde
et du groupement constitué par la communauté économique
régionale et l'Accord de partenariat économique
lui-même192. La CEA en conclut dès lors qu' «
à moins de prendre des mesures de compensation claires, les APE
risquent de compromettre sérieusement les gains acquis jusqu'à
présent dans le cadre du processus d'intégration du continent.
193»
Finalement, la conclusion de nombreuses études
d'impact est que la libéralisation du commerce seule n'est pas
une condition suffisante pour garantir des niveaux plus élevés
d'échanges et/ou de développement durable au niveau
économique, environnemental et social194. L'ECDPM affirme
quant à lui : « sans politiques ni ressources
adéquates pour s'ajuster, promouvoir la transformation économique
nécessaire, produire et commercialiser leurs marchandises de
manière concurrentielle, les pays ACP ont peu de chances de profiter des
nouveaux accords de libre-échange avec
l'UE.195 »
IV.3. UN RALENTISSEMENT DES NEGOCIATIONS REGIONALES
IMPUTABLE A DIFFERENTS FACTEURS
Comme nous l'avons précisé dans la
deuxième partie du présent mémoire, le calendrier des
négociations régionales avait été fixé dans
les feuilles de route
190 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
op.cit., p.66.
191 Selon l'ECDPM, « le détournement des
courants d'échanges correspond aux échanges engendrés par
le traitement préférentiel accordé aux partenaires, lequel
pénalise les producteurs qui ne sont pas parties à l'accord.
Ainsi selon l'ECDPM, « il y aura détournement des courants
d'échanges, lorsque la libéralisation des échanges au
titre d'un APE conduira un pays ACP à mettre un terme à ses
importations en provenance d'un producteur relativement compétitif et
à bas coût d'un pays tiers au profit d'un autre producteur moins
compétitif et relativement plus cher d'un pays signataire de l'APE (l'UE
par exemple), tout simplement parce que les entraves aux échanges pour
les importations au sein d'une zone APE sont moindres que celles qui concernent
les concurrents extérieurs. » Voir : BILAL, S., « APE
Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour les
relations commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p.
40-41.
192 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
op.cit., p.5.
193 Id., p. 96.
194 PRICEWATERHOUSE COOPERS, Evaluation de l'impact sur le
développement durable des Accords de partenariat économique,
Pricewaterhouse Coopers, 2007, p. 83.
195 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 20.
respectives. Cependant comme l'affirme San Bilal dans son
étude, les négociations d'APE ont progressé à un
rythme beaucoup plus lent que ce qu'il n'avait été initialement
prévu dans les feuilles de route196. Selon cet auteur, la
lenteur des négociations s'expliquait d'une part par
l'incapacité des États ACP à se
préparer aux négociations et à pouvoir mettre en oeuvre
les APE, et d'autre part, par les questions abordées dans le cadre des
négociations APE qui ont soulevé de nombreux
débats et tensions entre les acteurs197.
Dans cette dernière sous-partie, nous passerons donc en revue les
facteurs qui ont contribué au ralentissement des négociations et
qui ont finalement poussé les États ACP à conclure des APE
à la hâte, afin de respecter les délais «
imposés » par l' OMC.
IV.3.1. Incapacité humaine de mener les
négociations par les États ACP
Si beaucoup d'éléments ont été
pointés du doigt198 pour expliquer le retard pris dans les
négociations, le manque de ressources du côté ACP pour
mener à bien les négociations a largement contribué
à leur ralentissement. Ainsi, en 2006, l'examen à mi-parcours des
négociations tel que prévu par l'article 37§4 de l'Accord de
Cotonou199 a mis en exergue le manque net de préparation qui
existait dans toutes les sous-régions ACP tant au niveau national que
régional. Selon l'ECDPM, l'évaluation des négociations
à mi-parcours révélait que les Secrétariats
régionaux, les autorités nationales et les acteurs non
étatiques des États ACP manquaient non seulement de
capacité à préparer et mener les
négociations, mais également de perception et
d'engagement dans les négociations200. Cette
étude201 considérait dès lors que le principal
défi pour les États ACP était leur manque de
capacité pour la conclusion des négociations ainsi que pour la
mise en oeuvre des APE. L'étude en avait finalement conclu qu'il
était peu probable qu'une des quatre régions africaine soit en
mesure d'achever les négociations et parvienne à conclure un
accord sur les APE avant le 31 décembre 2007.
196 BILAL, S., « Conclure les négociations des APE.
Aspects juridiques et institutionnels », Rapport ECDPM,
Maastricht : ECDPM, n°12, Juin 2007, p.vi.
197 Ibid.
198 Les autres éléments qui ont contribué
au ralentissement des négociations sont les suivants : divergences entre
les parties aux négociations (volet développement des APE,
mesures d'accompagnement, interprétation de l'article XXIV), divergences
au sein des régions (entre PMA et non-PMA : leurs intérêts
étant différents dans la mesure où les PMA peuvent
bénéficier quoiqu'il arrive de l'initiative TSA), la lenteur des
progrès dans le Cycle du développement de Doha, l'absence
d'analyse d'impacts sectorielle approfondie (laissant de nombreuses questions
en suspens), etc... Voir : CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
« Réexamen Continental des négociations sur les APE : une
étude des perspectives des pays africains », Eclairage sur les
négociations, Maastricht : ECDPM, Vol.6, n°2, Mars-Avril 2007,
pp.5-7.
199 Voir : point IV.4. du présent
mémoire.
200 CENTRE AFRICAIN DE POLITIQUE COMMERCIALES,
Réexamen Continental des négociations sur les APE : une
étude des perspectives des pays africains, op.cit., p.5.
201 Ibid.
IV.3.2. Des questions qui suscitent de vifs débats
entre les partenaires IV.3.2.1. La dimension développement des APE
Nous avons étudié dans la deuxième partie
du présent mémoire qu'il était primordial pour les pays
ACP et l'UE, que les APE servent au développement des États ACP.
Si tout le monde s'accordait à dire que les APE devaient être
avant tout un outil de développement, les divergences de vues
subsistaient quant aux moyens pratiques visant à intégrer la
dimension « développement » dans les APE, ce qui occasionnait
comme le précise l'ECDPM, des « tensions et des frustrations
entre les parties202», ralentissant de la sorte le
processus des négociations. Cette divergence profonde sur la
question s'expliquait donc par des conceptions distinctes qu'avaient l'UE et
les États ACP sur la dimension développement contenue dans les
APE.
En effet, pour l'UE, l'APE se concevait comme un modèle
de développement pour les États ACP dans la mesure où il
était adapté à la concurrence mondiale et aux contraintes
du système commercial multilatéral. L'APE conçu par l'UE
reposait ainsi sur une séquence vertueuse se déroulant de la
sorte203 : la libéralisation économique et
l'intégration régionale donneraient lieu à des
marchés plus grands, permettant ainsi des économies
d'échelles. Ceux-ci deviendraient dès lors plus attrayants pour
les investisseurs qui opéraient dans un cadre réglementaire
harmonisé et sécurisé. Davantage d'échanges et
d'investissements, conduiraient selon l'UE, à plus de croissance et
d'emploi. En outre, l'UE prévoyait au bout du compte une augmentation
des flux commerciaux entre les ACP et l'Union européenne ; promouvant
ainsi le développement durable des pays ACP tout en contribuant à
l'éradication de la pauvreté. Ainsi, cette conception
défendue par l'UE, supposait que le développement des pays ACP se
réalisait également grâce aux investissements
étrangers. Nous observons que pour l'UE, la dimension «
développement » des APE était intrinsèquement
liée au processus de libéralisation des échanges,
considérant ainsi le commerce comme une source de développement
économique et de réduction de la pauvreté.
Pour les pays ACP, les APE ne devaient pas se limiter à
n'être que des instruments commerciaux, se résumant à un
pourcentage de lignes tarifaires libéralisées. Comme l'affirme
l'ECDPM, si les pays ACP s'accordaient à dire qu'un APE ouvrait des
perspectives de développement, « de nombreux États ACP
[avaient] tendance à
202 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 46.
203 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche dans
les relations entre UE et pays ACP, op.cit., p.7.
considérer la libéralisation des
échanges et l'intégration régionale comme
des conditions nécessaires, mais loin d'être
suffisantes à l'avènement du développement et à
l'allègement de la pauvreté.204 »
Les États ACP manifestèrent à
plusieurs reprises leurs inquiétudes sur la question
à travers diverses déclarations du Conseil des ministres ACP.
Ainsi, la « Déclaration sur les APE205 »
(Bruxelles, 21-
22 juin 2005) fut particulièrement éclairante sur
les craintes ressenties par les États ACP à l'égard des
APE206. La Déclaration expliquait ainsi que le Conseil des
Ministres :
« Se déclare gravement occupé
par le fait que les négociations ne se déroulent pas
d'une manière satisfaisante, la plupart des questions qui
intéressent et préoccupent les régions ACP ; en
particulier la dimension « développement » et
les priorités en matière d'intégration régionales,
n'ayant pas été prises en compte dès le
départ ;207 » (paragraphe 1)
« (...) demande à l'UE d'adopter une approche
non mercantiliste, de mettre l'accent sur le développement
et d'en faire une partie intégrante des négociations des
APE. » (paragraphe 8)
Pour les États ACP, il était nécessaire
que leurs économies soient mises en capacité
afin de tirer profit de l'élargissement de
l'accès aux marchés et de faire face à une concurrence
plus forte au niveau interne. Selon les pays ACP, la libéralisation
des
échanges devait s'accompagner d'un soutien au
développement pour la prise en compte des contraintes relatives
à l'offre, y compris le renforcement
des
infrastructures, ainsi que des faiblesses
institutionnelles et structurelles qui y
étaient liées208. En outre, il était
impératif que l'amplitude du soutien soit à la hauteur de
l'ajustement (coûts d'ajustement à l'issue de la
libéralisation) pour atteindre les objectifs de développement
et les priorités régionales des ACP. La Déclaration des
ministres sus-citée était parfaitement consciente
de la nécessité de renforcer les capacités à tous
les niveaux, et exprimait à cet égard :
« Demande instamment à la CE d'aide le Groupe
ACP à mettre en oeuvre des mesures propres à
transformer les économies des pays ACP, notamment en
améliorant leur
204 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 49.
205 CONSEIL DES MINISTRES ACP, Résolutions et
déclarations de la 81ème session du Conseil des Ministres ACP
tenue à Bruxelles le 21 et 22 juin 2005, ACP/25/011/05, Bruxelles,
21-22 juin 2005 , pp.1-52.
206 D'après l'ECDPM, la déclaration du Conseil
des ministres ACP du 21-22 juin est particulièrement importante dans la
mesure où « jamais auparavant, le Groupe ACP n'avait
publiquement exprimé son inquiétude au sujet des APE de
manière aussi nette et catégorique. » Voir : BILAL, S.,
« APE Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios envisageables
pour les relations commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit.,
p. 50.
207 CONSEIL DES MINISTRES ACP, Résolutions et
déclarations de la 81ème session du Conseil des Ministres ACP
tenue à Bruxelles le 21 et 22 juin 2005,op.cit., p. 2.
208 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 53.
compétitivité, en favorisant leur
intégration régionale, en modernisant leurs infrastructures et en
renforçant leur capacité de drainer les investissements, ainsi
que leurs capacités d'offre, humaines, et institutionnelles ;
» (paragraphe 10)
« Souligne l'urgente nécessité de
définir clairement la dimension développement
des APE, en indiquant le montant des ressources qui
pourraient être mises à la disposition des États et
régions ACP pour résoudre les contraintes liées
à l'offre et en examinant de quelle manière il faudra
remédier aux pertes de recettes prévisibles découlant du
processus de libéralisation ; » (paragraphe 7)
Afin de donner à ces priorités le niveau
d'attention politique requis, les ministres
du commerce des membres de l'Union africaine, adoptèrent
le 14 avril 2006 à Nairobi209, une Déclaration sur les
APE dans laquelle ils exhortaient:
« urgemment nos négociateurs à
clairement préciser l'aspect développement dans les accords
proposés et de résoudre, de manière adéquate, les
contraintes liées à l'offre, les goulots d'étranglement
dans l'infrastructure et les coûts d'ajustement tout en ayant à
l'esprit que la libéralisation des échanges avec ses politiques
libérales y afférentes ne peut pas à elle seule,
générer un développement économique»
(paragraphe 2).
Ainsi, si pour l'UE, la réciprocité des
engagements de libéralisation était l'un des aspects de
développement essentiels des APE, pour les pays ACP, la
libéralisation
des échanges n'était qu'un facteur de
développement potentiel qu'il fallait
néanmoins suppléer par un soutien financier dont
l'amplitude était à la hauteur de l'ajustement provoqué
par la libéralisation210. Nous étudierons dans le
point
IV. 3.2.2. du présent mémoire, que la
demande de ressources additionnelles par les pays ACP pour couvrir les frais
d'ajustement de la libéralisation ne fut pas prise en compte par la
Commission européenne. Comme l'explique l'ECDPM, le
dialogue sur la dimension développement était
également rendu difficile du fait que les négociations
étaient menées du côté européen par la DG
commerce. Ainsi,
les gouvernements ACP dénoncèrent l'approche
pragmatique suivie par les négociateurs commerciaux de la Commission
européenne, qui se concentraient
sur une définition plus étroite du
développement, reposant essentiellement sur les gains découlant
des échanges211.
209 UNION AFRICAINE, Déclaration de Nairobi sur les
Accords de partenariat économique (APE), Conférence des
ministres du Commerce, Nairobi, 14 avril 2006, pp.1-6.
210 Nous avons effectivement étudié dans la partie
IV.2. du présent mémoire quels étaient les
coûts d'ajustement liés à la mise en oeuvre des accords de
libre échange entre l'UE et les régions ACP.
211 Les États ACP se plaignent d'une dichotomie
croissante entre le discours politique de l'UE, qui insiste fréquemment
sur le volet « pro-développement » des APE et l'approche plus
pragmatique de la DG commerce lors des négociations sur les APE.
À ce sujet, le Conseil des ministres ACP, dans sa déclaration
21-22 juin 2005, « regrette la discordance entre les
déclarations publiques des Membres de la Commission européenne en
charge du Commerce et du Développement concernant le volet
développement des APE et la position effective adoptée par l'UE
lors des sessions de négociations sur les APE ; invite la Commission
à assurer la compatibilité et la cohérence entre ses
politiques en matière de commerce et de développement »
(paragraphe 6 de la Déclaration).
Malgré les fortes discordances entre les parties sur la
question du développement, la déclaration du Conseil des
ministres ACP, parue quelques jours avant la fin
des négociations212 sur les APE, nous indique que
la conception du développement telle
que défendue par l'UE a finalement prévalu
sur celle des États ACP, précisant ainsi213
:
« Les ministres ont observé que les
intérêts commerciaux de l'Union européenne ont
prévalu sur les intérêts défendus par les
États ACP en matière de développement et
d'intégration régionale.»
IV.3.2.2. La demande de ressources additionnelles
distinctes du FED
Tout au long du mémoire, nous avons largement
insisté sur le fait qu'il était indispensable pour les
États ACP, que des ressources additionnelles au FED214
couvrent non seulement les ajustements relatifs à la
libéralisation des échanges mais servent également
à financer la restructuration de leurs économies. Pour
les États ACP, il s'agissait d'une condition essentielle à la
réussite des APE.
Nous avons vu que cette requête a suscité
dès la première phase des négociations une importante
pomme de discorde entre les partenaires, l'UE prétextant effectivement
que toute question relative au développement devait être
réglée dans l'Accord de Cotonou et non au sein des
négociations sur les APE. L'UE avait dès lors
décidé de l'instauration de Task Forces régionales
où les besoins de coopération et de financement identifiés
dans le cadre des négociations des APE devaient faire l'objet d'une
discussion par le personnel affecté au développement par les deux
parties215. Néanmoins, selon l'ECDPM, il existait une
faiblesse dans le processus décisionnel en matière de commerce et
de développement dans la mesure où « on [laissait]
les ACP se dépatouiller avec ces problèmes essentiels
uniquement dans le cadre des task forces régionales
préparatoires qui se [tenaient]
parallèlement aux
négociations216 » en
empêchant de la sorte les pays ACP de bénéficier de leur
pouvoir contraignant217.
Voir : BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 55.
212 La déclaration est datée au 13 décembre
2007, la dérogation obtenue par l'UE sur les préférences
commerciales expirant le 31 décembre 2007.
213 CONSEIL DES MINISTRES ACP, Déclaration du
Conseil des Ministres ACP lors de sa 86ème session, exprimant
sa profonde préoccupation sur la situation des négociations des
Accords de partenariat économique, ACP/ 25/013/07, Bruxelles, 13
décembre 2007, pp.1-2.
214 Pour les États ACP, un financement hors FED se
justifiait par la complexité et la lenteur de décaissement des
fonds issus du FED. En effet, selon Jean-Claude Lefort, le décalage
moyen entre le feu vert donné à Bruxelles à un projet
d'aide et le décaissement effectif des fonds est de 3 ans. Voir :
LEFORT, J-C., op.cit., p.168.
215 CONCORD, Financement des APE : l'aide de l'UE ne
remédiera pas aux défauts des APE, Assemblée
parlementaire paritaire ACP-UE, Kigali, 17 au 22 novembre 2007, p.1.
216 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 56.
217 Comme l'explique l'ECDPM, le fait que les réunions des
task forces régionales se fassent parallèlement aux
négociations, impliquent que les États ACP soient
dépourvus de leur pouvoir contraignant.
Si cette demande émanant des États ACP avait
reçut une fin de non recevoir de la part de l'Europe, celle-ci devint
définitive avec l'Accord intervenu à Port Moresby218
en 2006 sur le montant de l'enveloppe du 10ème FED. Le
10ème FED sera ainsi doté de 23, 966 milliards d'euros
pour la période 2008-2013, marquant comme le précise l'UE, une
augmentation significative de 35 % par rapport au montant du 9ème
FED219. Cependant, comme le font remarquer beaucoup d'acteurs, il
s'agit en réalité d'une vraie fausse augmentation du FED
(J-C. Lefort 2006, Oxfam 2007, Actionaid 2007, Concord 2007, ECDPM
2007220). Ainsi la progression du 9ème au
10ème FED a tenu compte du passage d'une période de
programmation de cinq ans à six ans, de l'inflation et de
l'élargissement de l'Union européenne. En outre, comme le
précise OXFAM, « des estimations montrent que 31,3 milliards
d'euros sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau d'aide au
développement européenne équivalent (soit 0,38 % des
produits nationaux cumulés)221 ». Comme en conclut
Jean-Claude Lefort à ce sujet : « force est de
constater que l'Europe n'augmente pas son aide mais la maintient seulement,
alors même que ses partenaires ACP subiront un choc
brutal.222 » En effet, selon
l'estimation d'un chercheur de la School of Economics de
l'Université de Nottingham223, les coûts d'ajustement
au libre-échange devraient s'élever à 9,1 milliards
d'euros224. La fausse augmentation du FED suscite dès lors la
crainte qu'un transfert de catégories ait lieu au sein du FED, les fonds
destinés à mettre en oeuvre les APE empiétant alors sur
l'aide destinée aux programmes de santé, d'éducation et de
soutien agricole225.
L'Europe avait également promis aux pays en
développement (lors de la conférence de l'OMC à Honk-Kong
en décembre 2005), 2 milliards d'euros pour l'aide au commerce (Aid
for Trade) dont les ACP recevraient une bonne partie. Cependant, si l'UE
s'est engagée à fournir un milliard d'euros, ce sont les
États membres qui
218 Grâce à un accord intervenu lors du Conseil
européen des 15 et 16 décembre 2005, puis lors du Conseil des
ministres UE-ACP de Port Moresby des 1er et 2 juin 2006, le
protocole financier pour la coopération entre les deux partenaires a
été doté de 23, 966 milliards d'euros pour la
période 2008-2013. Voir : LEFORT, J-C., op.cit., p. 166.
219 Le montant du 9ème FED était de 13,8
milliards d'euros.
220 L'ECDPM va jusqu'à soutenir que le montant
alloué au 10e FED est en réalité inférieur à
celui du 9e FED, si l'on tient compte des fonds des 6e, 7e et 8e enveloppes qui
ont été transférés au 9e FED. Ainsi, l'ECDPM
suggère que le montant effectif des ressources à disposition des
pays ACP pour la période 2000-2007 s'élevait non pas à
13,5 milliards, mais à 23,6 milliards d'euros, étant donné
que les reliquats des contributions des 6e, 7e et 8e enveloppes, à
savoir 9,8 milliards d'euros, étaient venus s'ajouter au 9e FED. Voir :
SOUTH CENTRE, Aide au commerce et assistance financière pour la mise
en oeuvre des APE, Fiche technique n°6, Document analytique,
Genève, mai 2007, p.10.
221 OXFAM, Imposer n'est pas négocier. Agissons pour
des relations commerciales plus justes, Oxfam International, Avril 2007,
p.15.
222 LEFORT, J-C., op.cit., p. 167.
223 MILNER, C., « An assesment of the overall
implementation and adjustment costs for the ACP countries of Economic
Partnership Agreements », in R. Grynberg et A. Clarke, The European
Development Fund and Economic Partenership Agreements, Division des
Affaires économiques du Secrétariat du Commonwealth, 2006.
224 Voir : Annexes.
225 Comme l'explique le South Centre, il pourrait y avoir un
risque de transfert de catégories dans la mesure où les fonds
destinés à aider les pays ACP à mettre en oeuvre les APE
proviendront de la même enveloppe que l'aide destinée aux
programmes de santé, d'éducation et de soutien agricole. SOUTH
CENTRE, Aide au commerce et assistance financière pour la mise en
oeuvre des APE, op. cit., p.11.
doivent s'engager à fournir l'autre
milliard226, ce qui fait craindre les États ACP qu'il ne
s'agisse là que de promesses recyclées et non de fonds
spécifiques destinés à compenser les pertes liées
à la mise en place des APE227. Au cours de la réunion
du Conseil aux affaires générales européennes et aux
relations extérieures (CAGRE) qui s'est tenue les 15 et 16 octobre 2007,
a été avalisée la stratégie de l'UE sur l'aide au
commerce, qui stipule qu'environ 50% de l'augmentation de l'aide
européenne au commerce sera mise à disposition des pays
ACP228. Néanmoins, le Conseil n'a pas indiqué le
montant que chaque État membre de l'UE apporterait à
l'augmentation promise, ni le montant qui serait consacré à quels
pays ACP. En outre, comme le précise la Confédération
européenne des ONG d'urgence et de développement (CONCORD) dans
un document, « l'aide pour le commerce échoue à
répondre aux attentes des ACP tant en termes de quantité que de
qualité » dans la mesure où les fonds de l'aide pour le
commerce sont destinés à soutenir les négociations
commerciales, le développement de la politique commerciale et
l'amélioration de l'environnement commercial mais n'incluent pas
l'infrastructure, le renforcement de la capacité ou les
coûts d'ajustement229.
IV.3.2.3. L'interprétation de l'article XXIV de
l'OMC
L'interprétation de l'article XXIV du GATT, sur lequel
les nouveaux accords commerciaux doivent se calquer, a été un
autre sujet de discorde entre les partenaires, jouant ainsi en défaveur
du timing des négociations. Comme nous l'avons effectivement
étudié dans le point II.2.2. du présent
mémoire, l'article XXIV du GATT ne prévoit ni la méthode
de quantification, ni la proportion d'échanges qui doivent être
libéralisés entre les parties, suscitant de la sorte un
problème d'interprétation entre les parties au moment des
négociations. Ainsi, pour l'UE, on ne pouvait parler d'«
essentiel des échanges » qu'à partir du moment
où 90 % de la valeur totale des échanges entre les parties
étaient libéralisés. D'autre part, l'UE considère
ce taux de 90 % comme une moyenne des échanges entre les partenaires.
Néanmoins, dans les faits, une étude réalisée par
le Commonwealth Secretariat a démontré que les accords conclus
entre l'UE et ses partenaires couvraient
226 Selon Francesco Rampa, « les États membres
de l'UE sont sous le feu des projecteurs, car ils auront à rehausser
leur aide liée au commerce à 1 milliard d'euros d'ici 2010. La
Commission, par contre, a moins de raisons de s'inquiéter, car en raison
du 10ème FED 2008-2013, sa contribution d'aide pour le
commerce est déjà très proche de cette cible. »
Voir : RAMPA, F. « Nouvelle stratégie européenne en faveur
de l'aide pour le commerce : une fenêtre d'opportunité ? »,
Eclairages sur les négociations, Maastricht : ECDPM, Vol.6,
Numéro 8, pp.16-17.
227 OXFAM, Imposer n'est pas négocier. Agissons pour
des relations commerciales plus justes, op. cit., p.15.
228 Cela signifie qu'entre 300 et 400 millions d'euro de
financements additionnels devraient être octroyés pour l'Aide au
Commerce dans les pays ACP. L'UE fournira également un appui dans le
cadre de l'agenda plus large relatif à l'Aide au Commerce, en
renforçant les capacités de production, les infrastructures et
les ajustements liés au commerce. Voir : ECDPM, La
négociation des APE. Etat des lieux, Maastricht : ECDPM, 2 novembre
2007. Document téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.acp-eu-trade.org/library/files/ECDPM_FR_02-11-
07 _ECDPM _La-negociation-des-APE _Etat-des-li%E2%80%A6.pdf
229 CONCORD, op.cit., p.2.
généralement plus de 90 % de
leurs échanges et que l'ouverture des frontières étaient
souvent plus importante du côté des partenaires que du
côté de l'UE230. Le deuxième
élément de l'article XXIV du GATT suscitant une
interprétation ambiguë, portait sur la période de transition
pour la mise en oeuvre d'un accord commercial régional. L'UE estimait
ainsi que le « délai raisonnable » pour
l'établissement d'une aire de libre-échange ne devait pas
en principe dépasser dix ans, sauf dans les cas
exceptionnels.
Du côté des ACP, ils ont indiqué
dès le début des négociations (voir point
III.2.du mémoire) qu'ils souhaitaient une
révision et une clarification de l'article XXIV dans le
cadre du cycle de Doha afin d'y introduire une plus grande flexibilité
face aux préoccupations du développement et qu'ils
espéraient bénéficier de l'appui de l'UE à l'OMC en
ce sens. Ainsi, le 28 avril 2004, le groupe ACP a remis à l'OMC une
proposition relative à l'introduction d'aspects de développement
et d'un traitement spécial et différencié (TSD) dans
l'article XXIV du GATT. La proposition d'introduction d'un TSD portait sur un
allongement de la période de transition pour la mise en oeuvre des
accords de libre-échange (ne devant pas être inférieure
à 18 ans), sur l'introduction d'une flexibilité quant à
« l'essentiel des échanges231 » et sur la
simplification de procédures pour les PED en ce qui concerne les
règles de procédure pour la notification232. La
proposition de réforme de l'article XXIV du GATT a également
reçu l'appui de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) qui
considère que « les APE doivent prévoir un délai
supérieur à 12 ans pour mettre en oeuvre la
réciprocité233 ». Cependant, selon l'ECPDM,
la majorité des membres de l' OMC n'est pas favorable234
à une révision de l'article XXIV, sans compter le fait qu'un trop
grand degré de flexibilité235 dans un APE risque
« de voir un membre de l'OMC exaspéré le contester
devant l'organe de règlement des
230 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 29.
231 Les ACP souhaitent effectivement qu'une flexibilité
appropriée soit ménagée aux pays en développement
pour satisfaire à la prescription de libéralisation totale de
« l'essentiel des échanges », pour ce qui est du commerce et
des produits visés y compris en ce qui concerne l'application d'une
méthode favorable et/ou de niveaux de seuils inférieurs. Pour ce
qui est des « autres réglementations commerciales restrictives
», les ACP souhaitent que cette expression soit interprétée
de manière flexible par les PED parties afin que des mesures de
sauvegarde et autres mesures non tarifaires puissent être
appliquées.
232 Comme l'explique l'ECDPM, la dernière condition
avant de lancer la mise en oeuvre d'un APE est que celui- ci doit être
notifié à l'OMC au titre de l'article XXIV de l'Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) de 1994,
conformément à la décision de l'OMC du 14 décembre
2006 sur le mécanisme pour la transparence des accords commerciaux
régionaux. Voir : BILAL, S., « Conclure les
négociations des APE. Aspects juridiques et institutionnels »,
op.cit., p. 14.
233 CENTRE AFRICAIN POUR LES POLITIQUES COMMERCIALES,
op.cit., p. 5.
234 Selon l'ECDPM, la proposition introduite par le Groupe ACP
à l'OMC a reçu un accueil mitigé de la part des membres de
l'OMC.
235 L'ECDPM explique en outre qu'un APE qui ne
libéraliserait que très partiellement les échanges,
apparaîtrait pour la plupart des juristes et des économistes comme
« une contradiction dans les termes ». Ainsi, le cas d'une
réciprocité fortement asymétrique, trahirait, selon les
juristes et les économistes, l'esprit et la lettre de l'article XXIV du
GATT. Voir : BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 35.
différents.236» En outre, le
Groupe ACP espérait que sa proposition soit étudiée
pendant le cycle de Doha, qui, malgré la reprise des négociations
en février 2007237, n'avait toujours pas enregistré
d'avancées significatives sur les questions litigieuses238,
ce qui a conduit l'UE à conclure des accords intérimaires avec
les régions ACP à la date du 31 décembre 2007 avant
même que le cycle ne se soit achevé239.
Nous verrons ultérieurement que les accords
intérimaires qui ont été conclus entre les États
ACP et l'UE à la date du 31 décembre 2007 prévoient un
calendrier de libéralisation asymétrique de grande
ampleur sur une période de quinze
années.
IV.3.2.4. Les alternatives aux APE
En 2006, malgré le fait que 3 années
s'étaient écoulées après le lancement des
négociations régionales officielles, le vif débat
suscité par les APE et les tensions qui accompagnèrent les
négociations, amenèrent progressivement la société
civile et les États ACP à envisager des alternatives aux APE.
Cependant, si l'Accord de Cotonou prévoyait la possibilité de
dispositifs alternatifs en son article 37§6, l'interprétation de
cet article fut sujette à un autre terrain de discorde entre les
partenaires aux négociations, sans compter la position de la
société civile à ce sujet qui fut l'instigateur de
nombreuses alternatives proposées. Ainsi, selon l'article 37§6 de
l'Accord de Cotonou :
« En 2004, la Communauté examinera la situation
des non-PMA qui décident, après consultation avec la
Communauté, qu'ils ne sont pas en mesure de négocier des
236 Id., p.5.
237 Le cycle de Doha avait été entamé en
2001 et avait pour objectif d'atteindre un accord final avant le 1er
janvier 2005. Suite à l'échec de la conférence de Cancun
(septembre 2003), les négociations ont pris du retard. Malgré de
très maigres avancées lors de la Conférence de Honk-Kong
en 2005, les négociations furent suspendues sine die en juillet 2006 en
raison des difficultés persistantes pour rapprocher les
différents points de vue. Après la réunion de Davos (fin
janvier 2007), au cours de laquelle les ministres du commerce d'une trentaine
d'États membres de l'OMC ont marqué leur volonté de voir
aboutir le Cycle, les négociations ont été
relancées début février 2007. Cependant, en date du 30
juillet 2008, le journal de la Libre Belgique relatait le blocage dans lequel
se trouvait le cycle de Doha. Ainsi, comme le rapporte le journaliste dans son
article, « les neuf jours de pourparlers qui se sont tenus à
Genève sur l'ouverture des marchés intérieurs des 153 pays
membres de l'OMC, se clôturent sur un constat d'échec ».
Il explique en outre que les sujets déjà agréés par
les 153 États membres de l'OMC, ne seraient pas adoptés tant que
l'ensemble des sujets du cycle n'étaient pas bouclés. Selon le
journaliste, « la nouvelle de l'échec ne surprendra personne,
tant la perspective de conclure un accord sur les volets agricole et industriel
du cycle des négociation Doha s'éloignait, à mesure qu'on
approchait de la fin des négociations ». Voir : Site Internet
du gouvernement du commerce extérieur français :
www.exporter.gouv.fr/ et OLEB, « Neuf jours de négociations qui
aboutissent dans une impasse », In, La Libre Belgique, p.10.
238 Les plus grands désaccords portent sur
l'agriculture et les produits industriels. En outre, comme l'explique l'ECDPM,
la plupart des figures de proue de l'OMC (y compris parmi les pays en
développement) ne voient pas la révision de l'article XXIV comme
une priorité à régler, mais plutôt comme une source
de problèmes systémiques complexes. Voir : BILAL, S., « APE
Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour les
relations commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p.
35.
239 En effet, comme l'explique l'ECDPM, il est possible qu'une
modification des règles de l'OMC entraîne une nouvelle adaptation
du contenu des accords commerciaux signés entre l'UE et les pays ACP.
Dans la mesure où les APE doivent immanquablement être compatibles
avec les règles de l'OMC, toute modification ayant lieu dans le cadre du
cycle de Doha pourrait avoir pour conséquence de modifier le contenu des
accords commerciaux entre les partenaires.
Accords de partenariat économique et elle
étudiera toute les alternatives possibles, afin de pourvoir ces pays
d'un nouveau cadre commercial qui soit équivalent à
leur
situation existante et conforme aux
règles de l'OMC. ».
En ce qui concerne la recherche d'alternatives aux APE, la
Commission européenne considérait qu'un large consensus
s'était dégagé autour des Accords de partenariat
économique du fait que l'Accord de Cotonou avait été le
fruit de nombreuses consultations autour de diverses options envisageables pour
les nouveaux accords commerciaux240. Selon la CE, en vertu du
principe de partenariat égalitaire et de la volonté de ne vouloir
imposer aucune solution aux pays ACP, l'article 37§6 avait
été rédigé pour ménager une porte de sortie
légale aux pays non-PMA (les PMA pouvant bénéficier de
l'initiative « tout sauf les armes ») qui n'étaient pas en
mesure de signer le nouvel accord négocié241. En
conséquence, les États membres de l'UE considéraient
qu'ils avaient mandaté la Commission européenne pour
négocier des APE et non pour étudier des solutions
alternatives. D'après l'ECDPM, l'UE estimait que l'article
37§6 ne faisait pas partie du processus de négociation officiel et
considérait qu' « hormis le cas
où un pays non-PMA demandait que l'on étudie
des alternatives parce qu'il n'était pas en mesure de signer un APE, la
Commission européenne ne ferait aucun effort ni pour les
étudier ni pour en évaluer les tenants et aboutissants
économiques242». L'ECDPM rapporte ainsi
les propos de Peter Mandelson, Commissaire européen en charge du
commerce, qui a confirmé « qu'aux yeux de la Commission
européenne, une solution alternative aux APE ne serait jamais qu'un
second choix, un « pis-aller »243.
Pour les États ACP, le plus important était que
les APE soient au service du développement. Ainsi, comme le mentionne
l'ECDPM, les États ACP ne considéraient l'option des alternatives
que dans la mesure où la question développement ne se
concrétiserait pas, surtout au travers des mesures d'accompagnement
portant remèdes aux contraintes relatives à l'offre et aux
faiblesses institutionnelles244. Cependant, si les États ACP
ne considéraient pas le mécanisme visé à l'article
37§6 de l'Accord de Cotonou comme obligatoire à priori, l'absence
de convergence sur le volet « développement » et le flou qui
entourait alors le contenu des APE, les poussèrent à
considérer plus sérieusement l'étude des
alternatives245.
240 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p. 60.
241 Id., p.60.
242 Ibid.
243 Id., p.61.
244 Id., p.62.
245 Id., p.63.
En 2006, l'ECDPM jugea qu'il était nécessaire de
réaliser une étude246 qui recenserait les
scénarios alternatifs aux APE dans la mesure où les
parties aux négociations ne parvenaient toujours pas à s'entendre
sur des points essentiels (volet développement,
interprétation de l'article XXIV du GATT, mesures d'accompagnement) et
qu'il pouvait dès lors être utile pour toutes les parties «
d'envisager ces alternatives247». L'ECDPM recensa
alors deux grandes familles de scénarios, avec d'une part, les APE
alternatifs, qui se devaient d'être conformes à l'article XXIV du
GATT, et d'autre part, les alternatives aux APE qui s'écartaient du
principe de réciprocité et donc du champ d'application de
l'article XXIV248. Comme nous l'avons expliqué
précédemment, la solution de prédilection des États
ACP était une révision et une clarification de l'article XXIV du
GATT en vue d'une meilleure prise en compte de leur niveau de
développement. Cependant, l'ECDPM précise qu'une modification des
règles de l'OMC relevait de l'utopie dans la mesure où de
nombreux membres de l'OMC étaient plutôt favorables à un
statu quo, voire à un renforcement de la discipline OMC en
matière d'accords commerciaux régionaux249.
Cependant, malgré les multiplications de demandes
émanant de la société civile250 pour une
meilleure prise en compte des accords commerciaux alternatifs, la Commission
européenne affirma que l'unique solution alternative à laquelle
les pays ACP pouvait s'attendre, était le régime Tous Sauf les
Armes (TSA) pour les pays les moins avancés (PMA) ainsi que le
Système de Préférences Généralisé
(SPG) pour les pays ACP non-PMA. Or, comme nous l'avons étudié
dans la première partie du présent mémoire, le SPG
standard est moins avantageux que les préférences commerciales de
Cotonou251. En novembre 2007, le Commissaire européen en
charge du commerce (Peter Mandelson), affirma ainsi dans son discours
adressé au
246 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit.,
247 Id., p.3.
248 Voir : Annexes.
249 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.120.
250 En 2004, une campagne intitulée « Mettre un
terme aux APE » a été lancée par une vaste coalition
d'ONG d'Europe et de pays ACP qui considéraient que les APE
présentaient de nombreux risques et étaient nuisibles au
développement. La campagne « Mettre un terme aux APE »
demandait entre autres à l'UE de respecter l'engagement auquel elle
avait souscrit dans le cadre de l'Accord de Cotonou et de commencer de toute
urgence à rechercher avec les pays ACP des alternatives sur la base du
principe de non-réciprocité institué dans les SGP et dans
le traitement spécial et différencié à l'OMC. Voir
: http://www.stopepa.org/
251 La Commission européenne estime que si un APE n'est
pas signé en janvier 2008, le coût potentiel du retour au SPG pour
l'Afrique de l'ouest dépasserait un milliard d'euros d'exportations. Le
coût s'élèverait à 360 millions d'euros pour
l'Afrique centrale. D'autre part, l'Overseas Development Institue a
réalisé une étude en 2007 afin d'analyser l'impact du SPG
standard sur les économies ACP. L'Overseas Development Institue
(ODI) affirme ainsi que le passage à des droits tarifaires du SPG
standard aurait un coût très élevé pour les pays
ACP. Ainsi, l'ODI prévoit ainsi qu'un passage au SPG standard
provoquerait l'arrêt complet de certaines exportations ACP vers l'UE,
provoquant ainsi des incidences économiques défavorables. En
outre, les coûts élevés des tarifs du SPG standard seraient
supportés par quelques secteurs d'exportation. Le rapport conclut que
l'application du régime du SPG standardisé ne permet pas de
remplir les engagements pris par l'UE conformément à l'article 37
§6 de l'accord de Cotonou. Voir : OVERSEAS DEVELOPMENT INSTITUTE, The
costs to the ACP of Exporting to the EU under the GSP, Final Report,
London, March 2007, pp.1-27. Document téléchargé sur
Internet. Lien URL:
http://www.odi.org.uk/IEDG/Publications/Final-ODI-ACP-GSP-report.pdf
Parlement européen252: «where no
EPA at all is yet on the cards, the temporary fallback available is our
Generalised System of Preferences, albeit with the potential transitional
drawbacks for those ACP countries who as non-LDCs are not eligible for
Everything But Arms - in total nearly half of ACP countries. (...)
Unfortunately, some European commentators, NGOs and others, continue to create
false expectations that some alternative exists. No legally viable alternative
is possible and they must know it does. What they are really arguing for- but
are no prepared to say- is that the EU should ignore its multilateral
obligations, go back on its commitments, to other developing countries and defy
the WTO membership. There are no alternatives that are defensible under the WTO
rules, or fair to other developing countries outside the
ACP.253»
Ainsi, si trois années s'étaient
écoulées depuis le lancement officiel des négociations
régionales (en 2003), les divergences de vues ralentirent
considérablement les négociations, poussant les observateurs
(États ACP et société civile) à considérer
plus sérieusement l'option des alternatives. Cependant, si les ACP
entrevoyaient les alternatives comme une porte de sortie face à
l'impasse dans laquelle les négociations se trouvaient, l'UE, quant
à elle, estimait qu'il n'était pas nécessaire d'envisager
des alternatives dans la mesure où aucun État ACP ne lui en avait
fait expressément la demande254. Elle considérait
ainsi que l'unique option qui soit compatible avec l'OMC était le SPG
standard pour les États ACP non-PMA et le régime TSA pour les
pays ACP PMA. Dès lors, de nombreux auteurs s'accrochèrent
à l'idée que l'examen formel des négociations, tel que
prévu par l'article 37§4 de l'Accord de Cotonou255
permettrait d'apporter des changements à la négociation et de se
pencher sur des voies alternatives256.
252 MANDELSON, P., Comments by Peter Mandelson on the
European Parliament Development Committee on EPA, Doha trade talks,
Brussels, 5 november 2007, pp.1-6. Document téléchargé sur
Internet. Lien URL:
http://ec.europa.eu/commission_barroso/mandelson/speeches_articles/sppm177_en.htm
253 « Alors qu'aucun accord de partenariat
économique n'est encore en jeu, la stratégie de repli temporaire
repose sur notre Système de préférences
généralisées, bien que les inconvénients
liés à la transition pour ces pays ACP réside dans le fait
qu'ils ne soient pas éligibles - n'étant pas pays PMA - pour le
[régime] Tout sauf des armes, bref cela concerne la moitié des
pays ACP. (...) Malheureusement, certains commentateurs européens, des
ONGs et d'autres encore continue à promouvoir de faux espoirs
vis-à-vis de l'existence d'alternatives. Ils doivent savoir qu'aucune
alternative légale ne peut s'avérer viable. L'argument qu'ils
font fondamentalement prévaloir -ce qu'ils ne sont toutefois pas
prêts à reconnaître - est que l'Union européenne
devrait ignorer ses obligations multilatérales, revenir sur ses
engagements envers les pays en voie de développement, voire de
défier son affiliation à l'OMC. Il n'existe pas d'alternative
défendable sous les lois de l'OMC, ou équitable envers les pays
en voie de développement en dehors du cadre [de celui] des ACP.
» [Traduction personnelle]
254 CONCORD, Un pas en arrière ? La nouvelle approche
en deux étapes de l'UE à l'égard des APE.
Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, Kigali, 17 au 22 novembre
2007, p.1.
255 Le § 4 de l'article 37 de la Convention de Cotonou
stipule que les parties « examineront régulièrement
l'état d'avancement des préparatifs et des négociations
et, en 2006, elles effectueront un examen formel et complet des accords
prévus pour tous les pays afin de s'assurer qu'aucun délai
supplémentaire n'est nécessaire pour les préparatifs ou
les négociations».
256 BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE.
Scénarios envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et
l'UE », op.cit., p.123. et LEFORT, J-C., op.cit.
p.203.
IV.4. CONSEQUENCES : L'IMPOSSIBILITE DE SIGNER DES APE
COMPLETS POUR L'ECHEANCE PREVUE PAR L'ACCORD DE COTONOU
Comme nous l'avons précisé supra, de
nombreux auteurs espéraient que l'examen formel des
négociations257 tel que prévu en 2006 par l'Accord de
Cotonou, rende compte de l'impasse dans laquelle les négociations
étaient plongées et conseille dès lors une meilleure prise
en compte des desideratas des parties aux négociations que ce soit par
l'étude d'alternatives aux APE ou par un report de
l'échéance fixée par l'Accord de Cotonou258.
Cependant, dans le rapport final259 présentant les
principales conclusions des différentes revues régionales, les
parties aux négociations réaffirmèrent leur engagement
« à conclure des négociations à la fin de
2007, comme prévu dans l'Accord de
Cotonou.260 » Seules les régions de la Caraïbe
et de l'Afrique centrale261 promirent de clôturer les
négociations pour la fin de l'année 2007. Les autres
régions quant à elles, avaient assuré que le respect de
l'échéance prévue dépendrait des progrès
mutuellement acceptables dans les domaines tels que l'accès au
marché, le texte de l'Accord et les mesures
d'accompagnement262.
Dès lors, les efforts de négociation
pour conclure des APE avant le 31 décembre 2007,
s'intensifièrent durant l'année 2007. Ainsi,
comme l'affirmait San Bilal dans la revue mensuelle de l'ECDPM chargée
de faire le point sur les négociations : « à ce stade
tardif des négociations sur les Accords de partenariat économique
(APE), les délégués des ACP et de l'UE déploient
des efforts désespérés et quelque peu
frénétiques pour arriver à un accord avant la date butoir
du 31 décembre.263 » En focalisant son attention
sur la signature d'accords commerciaux à la date prévue,
257 Le Conseil Conjoint des Ministres ACP-UE de mai 2006 avait
chargé le Comité Ministériel Conjoint du Commerce ACP - UE
(CMCC) de se mettre d'accord sur les éléments et sur les
modalités nécessaires pour la conduite de cette revue. D'autre
part, il avait été convenu que revues soient effectuées au
niveau régional en premier lieu, avec un rapport commun de
synthèse des ces revues régionales présenté au
Comité Ministériel Conjoint du Commerce ACP - UE en mars 2007.
258 Le Député Jean-Claude Lefort affirme ainsi
que la « revue des attentes et des besoins exprimés par les uns
et les autres montrera que les négociations risquent de manquer
l'échéance de 2007, à moins d'une intervention politique
forte du Conseil ». Voir : LEFORT, J-C., op.cit, p.205. L'EDPM avait
affirmé quant à lui : « cet examen formel complet est
l'occasion rêvée d'apporter des changements à la
négociation, là où ils sont nécessaires et, le cas
échéant, de proposer des voies alternatives qui ne pourront
cependant être empruntées que si la volonté politique
existe. L'année 2006 sera déterminante I » Voir :
BILAL, S., « APE Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios
envisageables pour les relations commerciales entre Les ACP et l'UE »,
op.cit., p.123. Des acteurs de la société civile du Sud
ont également souhaité saisir l'occasion de l'évaluation
pour modifier fondamentalement certaines des orientations dans lesquelles
s'étaient engagées jusque là les négociations.
Ainsi, une évaluation des négociations à mi-parcours entre
les régions ACP et l'Union européenne a été
menée par différents réseaux régionaux
d'organisations paysannes issus des États ACP. Voir : RESEAUX REGIONAUX
D'ORGANISATIONS PAYSANNES (EAFF, PROPAC, ROPPA, SACAU, WINFA), Evaluation
à mi-parcours des négociations de l'APE entre les régions
ACP et l'Union européenne au titre de l'article 37.4. de l'Accord de
Cotonou, Note de synthèse des évaluations régionales,
10 décembre 2006, pp. 1-26. Document téléchargé sur
Internet. Lien URL:
www.liberationafrique.org/IMG/pdf/ACP_revue_miparcours_Synthese_FINAL.pdf
259 COMMISSION EUROPEENNE, SECRETARIAT DU GROUPE DES
ÉTATS D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations
des Accords de partenariat économique. Revue d'après l'article
37.4 de l'Accord de Cotonou, Projet final, 22 mai 2007, pp.1-9.
260 Id., p. 3.
261 Nous verrons cependant qu'en dépit des discours
laissant entendre que l'Afrique centrale signerait un APE en tant que bloc
à la date du 31 décembre 2007, le Cameroun sera le seul pays de
la région à signer un APE à l'échéance
prévue par l'Accord de Cotonou.
262 COMMISSION EUROPEENNE, SECRETARIAT DU GROUPE DES
ÉTATS D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations
des Accords de partenariat économique. Revue d'après l'article
37.4 de l'Accord de Cotonou, op.cit., p.3.
263 BILAL, S., « APE, vision, foi ou aveuglement ? »,
op.cit., p.1.
l'UE fut la cible de nombreuses critiques qui
dénonçaient la pression exercée264 par cette
dernière sur les États ACP. Face à ces accusations, la
Commission européenne, par l'intermédiaire de son commissaire
européen chargé du commerce (Peter Mandelson), rétorqua
que les pressions ressenties par les États ACP étaient
attribuables à des causes externes, celles de devoir se conformer aux
règles du commerce multilatéral265.
Malgré la multiplication des efforts investis par les
parties pour parvenir à signer des APE complets à la date
prévue, la Commission se rendit compte en automne 2007 qu'il
était impossible266 de finaliser les négociations
d'APE complets avant la fin de l'année 2007. La CE dut donc, dans une
communication officielle, publiée le 23 octobre
2007267, proposer une approche en deux
étapes268 qui impliquait de se limiter pour
l'année 2007 à des accords «
intérimaires269 » sur la
libéralisation des marchandises et de
reporter à l'année suivante tous les autres thèmes
tels que les services, les investissements, les marchés
publics, les règles sur la concurrence, les droits de
propriété intellectuelle. Selon la CE, les accords
intérimaires sur la libéralisation des marchandises, permettaient
d'éviter « toute interruption du régime commercial pour
les marchandises originaires des pays ACP270». La CE
assurait, à travers sa communication, que les accords
intérimaires ne représentaient pas le point
264 L'assemblée parlementaire paritaire qui s'est tenue
à Kigali le 19 au 22 novembre 2008 prend acte « du fait que les
États ACP déclarent qu'ils ont été mis sous
pression par la Commission européenne pour signer un APE et que cela va
à l'encontre de l'esprit du partenariat ACP/UE. » Voir :
ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE PARITAIRE, Déclaration de Kigali pour des
Accords de partenariat économique en faveur du développement.
Kigali ( Rwanda), 19-22 novembre 2007, pp.1-3. Le conseil des ministres ACP
dans sa déclaration du 13 décembre 2006 a également «
déploré l'énorme pression exercée par la
Commission européenne sur les États ACP pour qu'ils paraphent des
accords commerciaux intérimaires, en violation de l'esprit du
partenariat ACPUE ». Voir : CONSEIL DES MINISTRES ACP,
Déclaration du Conseil des Ministres ACP lors de sa
86ème session, exprimant sa profonde préoccupation sur
la situation des négociations des Accords de partenariat
économique, ACP/ 25/013/07, Bruxelles, 13 décembre 2007, p.1.
265 Le Commissaire européen en charge du commerce
(Peter Mandelson), a ainsi affirmé dans son discours adressé au
Parlement européen le 5 novembre 2007 : « There are no
alternatives that are defensible under WTO rules, or fair to other developing
countries outside the ACP. I recognise that this puts pressure ont the
negotiations. But the pressure is external. It comes from the reasonable
expectations of other developing countries that the EU and the ACP will get our
house in order as we promised to do seven years ago in 2000. » Voir:
MANDELSON, P., op.cit., p.5.
266 Certains pays ACP avaient déjà
annoncé au début de l'année 2007 qu'ils n'étaient
pas en mesure de conclure un APE pour l'échéance prévue.
Ainsi, l'Afrique occidentale a annoncé dans sa déclaration du 5
octobre 2007 qu'il était impossible de signer un APE pour le 31
décembre 2007. Dans la déclaration, les ministres des
États de l'Afrique de l'Ouest « conviennent que cette situation
contraint la région AO à solliciter de l'UE un délai
supplémentaire au-delà du 31 décembre 2007, en vue de
poursuivre et de conclure les négociations en cours dans le cadre de
l'APE. » Voir : UEMOA, CEDEAO, Déclaration.
Négociations de l'Accord de partenariat économique entre
l'Afrique de l'ouest et l'Union européenne. Réunion
extraordinaire des Ministres des États de l'Afrique de l'Ouest, membres
du Comité Ministériel de Suivi des négociations de l'APE,
Abidjan, 5 octobre 2007, p. 2.
267 COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES, Communication de
la Commission au Conseil et Parlement européenne. Accords de partenariat
économique, COM (2007) 635 final, 23 octobre 2007, pp. 1-9.
268 Selon la CE, « cette approche est
déterminée par la nécessité de disposer, dans le
cadre d'un accord international, d'un régime d'accès des
marchandises au marché compatible avec les règles de l'OMC afin
d'établir un nouveau régime commercial à compter du
1er janvier 2008. » Voir : COMMISSION DES COMMUNAUTES
EUROPEENNES, op.cit., p.2.
269 Selon le centre de recherche South Centre, « les
asymétries économiques, commerciales et politiques opposant les
ACP à la CE sont telles que, dans les faits, peu de gouvernements ont pu
rejeter la négociation des APE en « deux temps »
proposée par la CE ». Voir : SOUTH CENTRE,
Négociations des APE : Etat des lieux et considérations
stratégiques sur la voie à suivre, Document analytique,
Genève, Février 2008, p.3.
270 COMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES, op.cit.,
p.1.
final des négociations, mais un tremplin vers
un APE régional complet. La CE affirmait ainsi que les accords
intérimaires contiendraient des clauses de rendez-vous et des
engagements contraignants sur les points qui étaient restés en
suspens et qui devaient faire l'objet de négociations afin d'aboutir
à des APE complets271. La proposition de la Commission
annonçait également qu'elle acceptait la signature
d'accords intérimaires avec des pays pris
individuellement272 ou avec des groupements
sous-régionaux273, ce qui eut pour effet (nous
l'étudierons dans une section ultérieure) de miner les
efforts régionaux d'intégration et de susciter des tensions au
sein des régions. La CE précisait également dans
sa communication que les pays ACP non-PMA qui ne souhaitaient pas signer
d'accords intérimaires avant la date butoir, émargeraient
au Système de préférences
généralisées (SPG) standard.
Comme le fit remarquer la Confédération
européenne des ONG d'urgence et de développement (CONCORD) dans
un document de travail, « l'approche en deux étapes ne parvient
pas à respecter l'engagement contracté à Cotonou, qui
consistait à offrir aux pays ACP qui ne sont pas en position de signer
des APE, des alternatives non punitives ou équivalentes à
l'accord de Cotonou.274 »
Le 20 novembre 2007, le Conseil de l'UE adopta les
différentes conclusions sur les négociations d'APE approuvant de
la sorte l'approche en deux étapes proposée par la CE pour
conclure les APE275.
IV.4.1. Etat des lieux des négociations et scission
des régions
Malgré la souplesse dont fit preuve la CE en adoptant
une approche en « deux étapes », cette dernière fut
vivement critiquée pour les dangers qu'une telle approche contenait. La
Confédération européenne des ONG d'urgence et de
développement (CONCORD) explique ainsi que si les accords
intérimaires portaient uniquement sur
271 Id., p.3.
272 La CE indique ainsi dans sa communication que «
dans le cas où un groupe de pays au sein d'une région
souhaitera poursuivre les négociations, la Commission sera
disposée à conclure des accords avec des sous- régions, y
compris des accords sur l'accès au marché, qui
représenteront une étape sur la voie de la conclusion d'APE
complets. La CE ajoute que « pour préserver le dynamisme
des plans actuels d'intégration régionale, tout accord de cette
nature constituera un tremplin vers un APE complet, ouvert à tous les
pays de la région concernée ». Voir : Ibid.
273 Selon le centre de recherche South Centre, la CE
proposa aux États ACP de signer des APE individuels étant
donné « l'incapacité évidente des régions
ACP (à l'exception du Cariforum) à signer un accord quelconque,
même sur le seul commerce des marchandises ».Voir : SOUTH
CENTRE, Négociations des APE : Etat des lieux et
considérations stratégiques sur la voie à suivre,
op.cit., p.16.
274 CONCORD, CONCORD, Un pas en arrière ? La nouvelle
approche en deux étapes de l'UE à l'égard des APE,
op.cit., p.2.
275 COUNCIL OF THE EUROPEAN UNION, Council Conclusions on
the Economic partnership Agreement, 2831st External Relations Council
Meeting, Brussels, 19-20 November 2007, pp.1-4. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://www.acp-eu-trade.org/library/files/Council-EU_EN_202207_Council-EU_Councilconclusions.pdf
le commerce des biens, il s'agissait en réalité
du noyau dur des négociations, à savoir, les termes et les
conditions de la libéralisation du commerce des
marchandises276. Selon CONCORD, le fait que la CE accepta la
signature d'accords intérimaires avec des pays pris
individuellement, eut pour conséquence d'exacerber
davantage les difficultés à résoudre ces
questions, aboutissant finalement à la scission des
régions277. Ainsi, selon Patricia Kabuleeta, «
les six groupes de négociations initiaux se sont scindés pour
parapher des pactes distincts, alors que plusieurs pays ne semblaient pas
être en mesure ou désireux de signer quoi que ce
soit278». Selon cette auteure, il y eut des
clivages et des alliances dans toutes les régions,
excepté dans la Caraïbe, qui fut la seule région à
signer un accord régional complet avant la date butoir. Patricia
Kabueleeta explique ainsi que dans la région du Pacifique, seules la
République des îles Fidji et la Papouasie-Nouvelle- Guinée,
paraphèrent un APE provisoire afin de tenter de protéger leur
commerce du sucre et du thon279. L'auteure explique en outre, qu'en
Afrique, le concept d'intégration régionale fut
écarté de manière plus radicale car les pays de chaque
sous-groupe régional possédaient des
intérêts largement divergents280.
Ainsi, comme nous l'étudierons ci-dessous, l'union douanière de
l'Afrique australe (SACU), fut confrontée à une rude
épreuve après la décision prise par le Botswana, le
Lesotho, le Swaziland et la Namibie, de conclure un APE281. Dans, la
région de l'Afrique orientale et australe, la Communauté de
l'Afrique de l'Est (CAE) parapha son propre APE, laissant ainsi les autres
membres de l'AFOA signer un accord cadre, fondé sur un texte commun mais
doté de calendriers d'accès au marché distincts. En
Afrique centrale, seul le Cameroun parapha un APE intérimaire, alors
qu'elle avait pourtant affirmé qu'elle signerait en tant que
bloc282. Finalement, l'auteure explique qu'en Afrique de l'Ouest, la
Côte d'Ivoire et le Ghana, paraphèrent en dernière minute
des accords provisoires pour éviter l'imposition de droits tarifaires
sur des importations clés telles que la banane et la
cacao283. Face à ces constats, l'auteur en
conclut que « les pays ACP ont non seulement perdu progressivement
l'opportunité de rehausser leur propre pouvoir de négociation,
mais n'ont pas été en mesure de renforcer leur
crédibilité pour ce qui est des engagements régionaux en
matière de réforme interne. Il a été perçu
que la méfiance
276 CONCORD, Un pas en arrière ? La nouvelle approche
en deux étapes de l'UE à l'égard des APE,
op.cit., p.2.
277 Ibid.
278 KABULEETA, P., HANSON, V., « Bien de loin, mais loin
d'être bien », Eclairage sur les négociations,
Maastricht : ECDPM, Vol.6., n° 8, décembre 2007- janvier 2008. p.1.
Document téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://www.acp-eu-trade.org/index.php?language=fr&loc=/tni/index.php
279 KABULEETA, P., HANSON, V., op.cit., p.2.
280 Ibid.
281 Comme l'explique effectivement Patricia Kabuleeta, l'Union
douanière de l'Afrique australe (SACU) est une des plus anciennes et
solide union douanière du continent africain. Voir : KABULEETA, P.,
op.cit., p.2.
282 Voir : point IV.4. du présent
mémoire.
283 KABULEETA, P., HANSON, V., op.cit., p.2.
mutuelle entre pays était alimentée par la
tactique du « diviser pour régner » adoptée par l'UE-
disloquant des régions afin de s'assurer des engagements
individuels284 ». CONCORD affirme finalement que «
la menace du SPG, telle que proposée par la CE dans sa
communication, poussa les pays ACP à signer des accords
intérimaires, non pas parce qu'ils pensaient que ces accords
contribueraient à leur développement durable, mais simplement
pour éviter une interruption immédiate du
commerce285. Nous présentons ci-dessous l'état
des lieux des négociations par région en date du 1er
janvier 2008.
La Caraïbe est la seule
région ACP qui signa un accord complet286 avec l'UE
avant le 31 décembre287, date à laquelle expirait la
dérogation autorisant les préférences commerciales
accordées par Cotonou.
Dans le Pacifique, un accord
intérimaire fut conclu le 29 novembre 2007 avec les deux pays de la
région qui assurent la quasi-totalité des échanges avec
l'Union européenne288, à savoir la
Papouasie-Nouvelle-Guinée et Fidji. Comme le précise le
secrétariat du groupe ACP, les autres pays non-PMA de la région,
dont le commerce de marchandises avec l'UE sont négligeables, ne
souhaitèrent pas conclure d'accords intérimaires en date du 31
décembre 2007289. Sept autres États non-PMA exportent
sous le régime SGP depuis le 1er janvier 2008. Les autres
États PMA, quant à eux, exportent sous le régime TSA
depuis le 1er janvier 2008290.
Dans la région de l'Afrique de l'Ouest,
seuls291 la Côte d'Ivoire et le Ghana
conclurent des accords intérimaires avec la CE avant le
31 décembre 2007. Le Nigeria, seul autre pays non-PMA de la
région, fit clairement comprendre qu'il lui était difficile de
conclure un APE à la date prévue (31 décembre 2007). Le
Nigeria292 exporte ainsi depuis le 1er janvier 2008 sous
le régime SPG standard. Le Cap Vert, quant à lui, n'étant
plus considéré comme un PMA, fut tout de même
autorisé à
284 KABULEETA, P., HANSON, V., op.cit., p.1.
285 CONCORD, Un pas en arrière ? La nouvelle approche
en deux étapes de l'UE à l'égard des APE. op.cit.,
p.2.
286 L'Accord porte sur tous les volets dont notamment les
services, les règles, le commerce des biens et l'appui au
développement. Voir : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE,
DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat économique.
Etat des lieux et propositions de la CE concernant les prochaines étapes
en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.1.
287 L'Accord entre la Caraïbe et l'UE a été
signée le 16 décembre 2007.
288 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat économique. Etat
des lieux et propositions de la CE concernant les prochaines étapes en
2008, op.cit., p.2.
289 Ibid.
290 Les pays PMA de la région bénéficiant de
l'initiative TSA sont les suivants : Timor Oriental, Kiribati, Samoa,
Îles Salomon Tuvalu, Vanuatu.
291 Selon l'ECDPM, la CEDEAO affirma qu'une période de
négociation additionnelle de 18 mois était nécessaire
avant qu'un APE complet soit finalisé. Voir: ECDPM, EPA
Negotiations: Where do we stand? , 7 April 2008. Document consulté
sur Internet:
www.acp-eu-trade.org/epa
292 Selon l'ECDPM, le Nigeria avait demandé d'exporter
sous le régime SPG + mais aucune décision n'avait encore
été prise à ce propos.
exporter sous le régime TSA pendant une période
transitoire d'au moins trois ans. Les autres pays (PMA) du groupe exportent
sous le régime TSA293.
Dans la région de l'Afrique de l'Est et
l'Afrique Australe (AFOA), les membres de la Communauté de
l'Afrique de l'Est (CAE), à savoir le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la
Tanzanie et l'Ouganda, décidèrent en novembre 2007 de former une
région APE distincte et paraphèrent un accord transitoire avec la
CE le 27 novembre 2007. Selon le centre de recherche South Centre,
« l'annonce de la signature d'un accord provisoire par la
Communauté de l'Afrique de l'Est (...) exerça une pression
certaines sur les pays ACP pris isolément. L'un après l'autre,
ces derniers commencèrent à parapher des APE intérimaires
dont le contenu avait à peine fait l'objet de discussions ou de
négociations294 ». Ainsi, les autres pays de la
région AFOA optèrent pour un accord-cadre fondé sur un
texte commun mais doté de calendriers d'accès au marché
distincts. Comme l'explique l' ECDPM, l'accord transitoire AFOA-CE fut
paraphé par les Seychelles et le Zimbabwe le 28 novembre, par l'Ile
Maurice le 4 décembre, par les Comores et Madagascar le 11
décembre 2007295. D'après l'ECDPM, les deux accords
intermédiaires (CAE et AFOA) devraient mener à deux APE complets
respectivement d'ici la fin 2008 et d'ici juillet 2009296. La Zambie
parapha un accord mais ne soumis pas de calendrier par rapport à son
accès au marché et exporte donc vers l'UE sous le régime
TSA depuis le 1er janvier 2008. Les autres pays (PMA) du groupe exportent sous
le régime TSA depuis le 1er janvier 2008297.
Dans la région de la SADC, un accord
transitoire fut paraphé par le Botswana, le Lesotho, le Swaziland et le
Mozambique le 23 novembre 2007 ainsi que la Namibie le 11 décembre 2007.
Selon l'ECDPM, l'Angola comptait adhérer prochainement à l'accord
conclu298. L'Afrique du Sud, bien que partie à l'union
douanière de la SACU avec le Botswana, la Namibie, le Lesotho et le
Swaziland, n'avait pas souscrit à ce
293 Les pays PMA de la région bénéficiant
de l'initiative TSA sont les suivants : Le Bénin, le Burkina Faso, la
Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Mali,
la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le
Togo.
294 SOUTH CENTRE, Négociations des APE : Etat des
lieux et considérations stratégiques sur la voie à
suivre, op.cit., p.16.
295 ECDPM, EPA Negotiations: Where do we stand? ,
Maastricht: ECDPM, 7 April 2008. Document consulté sur Internet:
www.acp-eu-trade.org/epa
296 Ibid.
297 Les pays PMA de la région bénéficiant de
l'initiative TSA sont les suivants : Djibouti, Erythrée, Ethiopie,
Malawi.
298 ECDPM, EPA Negotiations: Where do we stand? ,
op.cit.
moment à l'accord transitoire avec la CE, mais comptait
rejoindre les autres pays membres de la SACU299.
Dans la région de l'Afrique centrale,
en date du 31 décembre 2007, aucun accord régional temporaire
n'existait. Afin de protéger l'accès au marché
après le 31 décembre 2007, le Cameroun, (pays non-PMA) et la CE
paraphèrent un accord intermédiaire le 17 décembre 2007.
Les autres pays non-PMA de la région, à savoir le Gabon
et la République du Congo n'avaient pas,
à cette date, conclu d'accord intermédiaire et exportent depuis
le 1er janvier 2008 sous le régime SPG
standard300.
Les pays ACP PMA de la région exportent sous le
régime TSA depuis le 1er janvier 2008301.
Finalement, comme en convient le centre de recherche South
Centre : « malgré l'intention de se servir des APE comme
d'un catalyseur pour renforcer les processus d'intégration
économique régionale, la conclusion d'APE intérimaires par
des États ACP pourrait bien produire l'effet inverse, notamment en
Afrique302 ». Ainsi, selon ce centre de recherche, il
existe de fortes chances que les accords paraphés aient des
répercussion directes sur les pays qui ont choisi de ne pas signer d'
APE intérimaires avec la CE. Cette situation se présenterait
ainsi, selon le South Centre, dans les régions où il
existe déjà un marché commun ou une union douanière
et dont l'un des membres a paraphé un accord indépendamment des
autres303.
IV.4.2. Contenus des accords paraphés
Comme le précise le centre de recherche South
Centre, « la spécificité des accords intérimaires
réside dans le fait qu'ils doivent refléter les exigences
minimales d'un accord compatible avec l'article XXIV du GATT, les autres volets
étant destinés à être négociés
ultérieurement en vue d'un APE complet »304. Ainsi,
les accords intérimaires, prévoient en ce qui concerne l'UE, un
libre accès total au marché
299 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat économique. Etat
des lieux et propositions de la CE concernant les prochaines étapes en
2008, op.cit., p.2.
300 ECDPM, EPA Negotiations: Where do we stand? ,
op.cit.
301 Les pays PMA de la région bénéficiant de
l'initiative TSA sont les suivants : République centrafricaine, RD Congo
(Kinshasa), Tchad.
302SOUTH CENTRE, Négociations des APE :
Etat des lieux et considérations stratégiques sur la voie
à suivre, op.cit., p.26.
303 Ibid.
304SOUTH CENTRE, Négociations des APE : Etat
des lieux et considérations stratégiques sur la voie à
suivre, op.cit., p.17.
communautaire en exemption de droits et de quotas, et pour les
ACP, un calendrier de libéralisation asymétrique
(plus de 80 % du volume de leurs échanges sur une
période de 15 ans305), mais de grande
ampleur. Comme l'explique le centre de recherche South
Centre, le sucre et le riz bénéficieront de mesures de
transition, à savoir, un délai plus long de
libéralisation, un mécanisme de surveillance des importations et
des sauvegardes spécifiques306. Les accords
intérimaires contiennent également des clauses de rendez-vous
afin d'aboutir à la conclusion d'APE régionaux
complets307. Les accords intérimaires
disposent d'une section sur la coopération au
développement308 dans laquelle la CE est chargée de la
mise en oeuvre des APE tant par le biais du Fonds européen de
développement, que par les efforts fournis par les États
membres de l'UE309. Finalement, les accords intérimaires
contiennent des dispositions en matière de prévention et de
règlement des différends, établissant les
procédures de règlement des désaccords entre les parties
découlant de l'interprétation et de la mise en oeuvre de l'APE
intérimaire310.
Comme en convient le centre de recherche South Centre,
« (...) les objectifs opérationnels des accords intérimaires
(...), [constituent] un inconvénient de taille par rapport aux
objectifs ambitieux de développement durable attribués à
l'origine aux APE311 ». Ce centre de recherche explique
d'ailleurs que « la CE a reconnu et affirmé que la poursuite
des négociations sur un certain nombre d'éléments
supplémentaires en 2008 permettrait aux APE de donner la pleine mesure
de leur potentiel en matière de développement312
».
IV.5. CONCLUSION
Dans ce chapitre, nous avons tenté de mettre en exergue
le caractère inégal des négociations en étudiant
dans un premier temps les asymétries existantes entre les parties aux
négociations, et en évoquant dans un deuxième temps, les
questions qui
305 Voir : Annexes.
306 SOUTH CENTRE, Négociations des APE : Etat des
lieux et considérations stratégiques sur la voie à suivre,
op.cit., p.20.
307 Selon le centre de recherche South Centre, les
questions en suspens nécessitant des négociations
ultérieures afin d'aboutir à des APE complets, sont les suivantes
: commerce des service, investissements, concurrence, marchés publics,
droits de propriété intellectuelle, ainsi que les autres domaines
non couverts par l'accord intermédiaire (agriculture, pêcheries,
coopération en matière d'environnement et de développement
durable, règles d'origine, coopération au développement,
etc.). Voir : Id., p.18.
308 Selon le centre de recherche South Centre, il est
regrettable qu'aucun lien contraignant n'ait été établi
entre la mise en oeuvre des réformes requises dans les APE
intérimaires et l'aide financière européenne. Aussi, selon
le South Centre, le détail des instruments de
coopération au développement (les fonds régionaux), sera
négocié ultérieurement. Voir: Id., p.25.
309 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat économique. Etat
des lieux et propositions de la CE concernant les prochaines étapes en
2008, op.cit., p.3.
310 SOUTH CENTRE, Négociations des APE : Etat des lieux et
considérations stratégiques sur la voie à suivre, Document
analytique, Genève, Février 2008, p. 19.
311 Id., p.18.
312 Ibid.
ont suscité de vifs débats entre l'UE et les
États ACP pendant la deuxième phase des négociations.
Cette dernière partie nous a permis de comprendre que les requêtes
qui avaient été exprimées par les États ACP depuis
le début des négociations, ne furent pas accordées par les
membres de l'Union européenne. Ainsi, tant la demande de ressources
additionnelles au FED afin de couvrir les coûts d'ajustement
provoqués par la libéralisation des échanges, que la prise
en compte des alternatives aux APE, que l'interprétation de l'article
XXIV du GATT et de la dimension « développement » contenue
dans les APE, furent autant de points que les États ACP ne parvinrent
pas à obtenir de la Commission européenne durant les
négociations. À quelques mois de l'échéance
prévue pour la fin des négociations, la CE dut se rendre à
l'évidence qu'il ne serait pas possible - excepté pour la
région des Caraïbes - de signer des accords complets avant le 31
décembre 2007. Elle proposa ainsi en octobre 2007 de signer des accords
intermédiaires avec des groupes de pays ou des pays pris
individuellement, dans l'attente de parvenir à des accords
régionaux complets d'ici l'année 2008. Cependant, comme nous
l'avons expliqué précédemment, ces accords signés
en urgence eurent pour effet de fragmenter les régions ACP. Ainsi
plusieurs pays paraphèrent en dernière minute des accords
intérimaires avec l'UE afin d'éviter, dès le
1er janvier 2008- date d'expiration de la dérogation de l'OMC
sur les préférences commerciales - toute interruption du commerce
avec ce dernier. Finalement, comme nous l'avons expliqué ci-dessus, ces
accords intérimaires signés in extremis, contiennent un
calendrier de libéralisation asymétrique (plus de 80 % du volume
de leurs échanges sur une période de 15 ans), mais de grande
ampleur. Ainsi, ces accords signés à la hâte,
balayèrent toutes les discussions sur la dimension «
développement » des APE, pour se concentrer uniquement sur
la libéralisation des marchandises afin de respecter les
délais « imposés » par l'OMC.
V. CONCLUSION GENERALE
« S'engager dans un tel Accord de Partenariat
Économique, c'est accepter un chèque en blanc et c'est aussi
faire accepter un chèque en blanc à toute votre
population.313»
APE. Trois lettres au départ anodines et qui pourtant,
à force de médiatisation, éveillèrent notre
curiosité. En se penchant plus attentivement sur la question, nous
découvrions alors que les APE consistaient en des accords de
libre-échange entre l'Union européenne d'une part, et six
régions des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique de
l'autre, et qu'ils devaient remplacer les préférences
commerciales dont bénéficiaient ces derniers depuis vingt-cinq
ans. Nous apprîmes également que l'Accord de Cotonou, qui organise
les relations entre l'Union européenne et les États ACP, avait
prévu que des négociations se dérouleraient entre
l'année 2002 et la fin de l'année 2008 afin d'instaurer des
nouveaux accords commerciaux entre lesdits partenaires.
Au vu des diverses mobilisations émanant de la
société civile, et au vu de la documentation importante et
variée qui traitait des APE, nous comprîmes que ceux- ci
déchaînaient les passions et qu'ils divisaient l'opinion publique
en deux camps : les promoteurs des APE à leurs détracteurs. En
effet, alors que les ONG européennes et autres membres de la
société civile scandaient un puissant « Arrêtez les
Accords de partenariat économique, ils nuisent au
développement314 », la Commission européenne, de
son côté, louait les vertus de ces accords, qui
représentaient selon cette dernière, la voix royale pour le
développement des pays ACP.
Notre intérêt pour les Accords de partenariat
économique s'accrut au fil des articles et des ouvrages que nous
découvrîmes. Nous décidâmes alors de faire des APE
notre sujet d'investigation afin de répondre à toutes les
interrogations qui avaient germé dans notre esprit lors de nos diverses
lectures. Nous nous demandions effectivement quels étaient les enjeux de
ces accords commerciaux et quelles étaient les raisons pour lesquelles
ceux-ci engendraient des prises positions si divergentes au sein de l'opinion
publique et entre les partenaires des négociations. Si de nombreux
chercheurs expérimentés sur le sujet, tentèrent
d'étudier les impacts potentiels de la libéralisation des
échanges sur les économies ACP, telle n'était pas notre
ambition. Ce mémoire n'avait effectivement pas la prétention de
juger les APE et d'en évaluer
313 Mamadou Diop, Ministre sénégalais du
commerce, lors des Relations commerciales ACP-UE: l'enjeu des APE pour le
développement, Bruxelles, le 12 octobre 2006. Citation prise sur le Site
Internet de la campagne stop APE.
http://www.ape2007.org/main.asp?id=305
314 Slogan de la campagne STOP APE. Voir site Internet :
www.ape2007.org
les avantages et/ou les désavantages. Notre
intérêt dans ce travail de recherche portait avant tout sur la
compréhension de ces accords commerciaux d'une part, et
d'autre part sur l'analyse des négociations afin de
pouvoir cerner les positions de chaque acteur ainsi que les rapports de force
entre ceux-ci. Afin de saisir les enjeux que représentaient les APE pour
l'UE et les États ACP ainsi que leurs prises de positions lors des
négociations, nous décidâmes de diviser le
mémoire en trois parties.
Le premier chapitre nous plongeait ainsi dans
le passé des relations UE-ACP et se focalisait plus
particulièrement sur les instruments commerciaux mis en place par les
Conventions de Lomé. Il s'agissait alors de comprendre la profonde
transformation qu'opérait l'Accord de Cotonou dans le volet commercial
de la coopération UEACP, en prévoyant le remplacement des
préférences tarifaires par l'instauration de zones de
libre-échange entre les partenaires. Ce chapitre se penchait
également sur les conditions fixées par l'Accord de Cotonou pour
la mise en place des nouveaux accords commerciaux ainsi que sur les
modalités de négociations des APE. Nous retînmes
principalement de ce chapitre que les préférences commerciales
que l'UE accorda aux pays ACP sous les Conventions de Lomé,
procurèrent des résultats
décevants315 par rapport aux objectifs ambitieux
qu'on leur avait réservé ; à savoir : la promotion et la
diversification des exportations ACP afin de stimuler leur croissance et leur
développement. D'autre part, il s'avérait que la
légitimité du système de Lomé
était largement contestée dans le contexte de la
montée en puissance de l'Organisation mondiale du commerce. Les
contestations à l'égard de ce système commercial portaient
ainsi sur son aspect discriminatoire à l'égard des autres pays en
développement et sur son incompatibilité avec les règles
du commerce multilatéral en son premier article316. Le bilan
mitigé du régime commercial de Lomé ainsi que les
pressions croissantes de mise en conformité aux règles
internationales, poussèrent la Commission européenne à
envisager un autre régime commercial317 qui tienne compte du
nouveau contexte mondial et qui respecte dès lors les règles
de
315 En effet, entre la signature de Lomé I (1975) et
l'expiration de Lomé IV bis (2000), la part des pays ACP sur le
marché européen diminua de plus de moitié, passant de
près de 6,7 % à environ 2,8 %, largement au profit d'autres pays
en développement, comme les pays d'Asie du Sud-Est, qui
bénéficiaient cependant d'un niveau d'accès au
marché de l'UE moins favorable que Lomé. Voir : ECDPM, De
Lomé à Cotonou, op.cit. Comme l'explique également
Kinvi Logossah, les préférences commerciales n'ont pas
empêché la marginalisation des pays ACP dans l'économie
mondiale dont la part du PIB régional dans le PIB mondial est
tombée à 1 %. L'auteur explique en outre que ce régime
commercial n'a pas permis la diversification dans la mesure où les
produits primaires dans les exportations contribuent encore actuellement
à hauteur de 90 % des exportations totales pour l'ensemble de la
région africaine. Voir : LOGOSSAH, K., SALMON, J-M., SOLIGNAC, H-B.,
op.cit., p.16.
316 En effet, la Convention de Lomé n'était pas
considérée comme un accord de libre-échange entre l'UE et
les États ACP et constituait dès lors une dérogation
illégale à la clause de la nation la plus favorisée
(article 1er du GATT). En vertu de cet article, tous avantages,
faveurs, privilèges ou immunités accordées par une partie
contractante à un produit originaire ou à destination de tout
autre pays seront, immédiatement et sans condition, étendus
à tout produit similaire originaire ou à destination du
territoire de toutes les autres parties contractantes. Voir : site Internet de
l'OMC :
www.wto.org
317 Comme nous l'étudiâmes dans le premier
chapitre du mémoire, la Commission européenne prit l'occasion de
la renégociation -entre 1998 et 2000- de ses Accords de
coopération avec les ACP pour entamer une transformation profonde du
régime commercial ACP-UE.
l'OMC. Nous nous consacrâmes également dans une
deuxième partie de ce premier chapitre, à l'étude des
Accords de partenariat économique, tels que prévus par l'Accord
de Cotonou. Il s'avérait ainsi que les partenaires à la
coopération disposaient de six années (2002-2008) pour
négocier des nouveaux accords commerciaux. Les négociations
s'organisèrent ainsi en fonction d'une date butoir,
celle du 31 décembre 2007, jour
où la dérogation accordée par l'OMC à l'UE sur
l'accès préférentiel offert aux pays ACP expirait. Selon
les dispositions de l'Accord de Cotonou, les nouveaux accords de
libre-échange devaient dès lors entrer en vigueur dès le
1er janvier 2008.
Après s'être penchés sur le contexte
d'émergence des nouveaux accords commerciaux, nous nous
consacrâmes, lors du deuxième chapitre, à
l'étude des positions de l'UE et des États ACP en vue d'entamer
les négociations sur les APE. Nous nous attelâmes ainsi à
l'analyse des documents émanant tant de la Commission
européenne318 que du secrétariat du groupe des
États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique319, afin
de cerner les positions que devaient adopter ces derniers lors des
négociations sur les APE. Il s'agissait ainsi de sélectionner
dans lesdits documents, les points de négociation qui étaient
cruciaux pour l'UE et les ACP afin de pouvoir cerner par la suite (chapitre 3
du mémoire) la capacité des acteurs à faire entendre leur
voix, tout en décelant les rapports de force entre ceux-ci. Ce
deuxième chapitre nous permit de comprendre en premier lieu, que la
création de zones de libre- échange entre l'UE et les
États ACP, répondait à des impératifs
distincts pour les partenaires aux négociations. Ainsi,
nous observâmes que pour l'UE, deux raisons principales justifiaient
l'instauration de zones de libre-échange avec les pays ACP :
l'échec des préférences commerciales de Lomé et la
compatibilité des nouveaux accords commerciaux avec les règles du
commerce multilatéral. Pour l'UE, il était effectivement
impératif que les accords commerciaux satisfassent aux règles du
commerce multilatéral afin d'éviter des représailles de la
part des membres de l'OMC ainsi que l'octroi de contreparties envers les
membres qui se seraient estimés lésés par ces nouveaux
accords320. En ce qui concerne les pays ACP sur la question des APE,
le Dr San Bilal affirmait que pour ces derniers, « les APE
[étaient]
318 COMMISSION EUROPEENNE, APE - une nouvelle approche
dans les relations entre UE et pays ACP, Bruxelles, septembre 2002, pp.
1-22 ; COMMISSION EUROPEENNE, Accords de partenariat économique,
moyens et objectifs, Bruxelles, 2004, pp.2-8.
319 SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES
CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Orientations ACP pour les négociations des
accords de partenariat économique, Département du
développement économique et durable (ACP/61/056/02 [ FINAL]),
Bruxelles, 5 juillet 2002, pp. 1-24. Document téléchargé
sur Internet. Lien URL:
http://acp.int/fr/epa/index.htm
320 Nous avions effectivement étudié dans le
deuxième chapitre du mémoire, que toute obtention d'une
dérogation à l'OMC relevait d'un processus fort coûteux qui
obligeait l'UE à faire des concessions aux pays en développement
désavantagés par les préférences accordées
à certains produits ACP. En outre, San Bilal avait affirmé que la
dérogation obtenue par l'UE en 2001 n'avait été
accordée qu'après de très longues discussions et
grâce aux liens avec le lancement du Cycle de Doha. Voir : BILAL, «
APE Alternatifs et alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour
les relations commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p.
xiv.
généralement perçus non pas comme une
opportunité, mais comme une fatalité ou plus
précisément, " le prix à payer pour continuer à
exporter vers l'Europe", principal partenaire commercial pour nombre de pays
ACP321 ». Selon l'ECDPM, cette situation plaçait
ainsi les États ACP devant un « pragmatisme fataliste
»322, les poussant dès lors à défendre le
mieux possible leurs intérêts économiques et sociaux
afin d'éviter qu'ils ne se retrouvent dans une situation plus
défavorable que dans le passé. Nous retînmes
également de ce chapitre que la première phase des
négociations se solda par une crise de confiance entre
les partenaires dans la mesure où les desideratas exprimés par
les États ACP ne furent pas pris en compte par l'UE dès le
début des négociations, laissant ainsi en suspens de nombreux
désaccords à régler lors des négociations
régionales. En effet, nous pûmes constater que les points qui
étaient cruciaux pour les États ACP ne furent pas
réglés durant la première phase des négociations et
qu'ils devaient dès lors être négociés au cours la
deuxième phase. Il s'agissait principalement de la demande de ressources
additionnelles au FED, des termes et des conditions de la libéralisation
des échanges, de la dimension « développement »
contenue dans les APE, etc323. En outre, cette première phase
des négociations eut également pour conséquence
d'amoindrir la capacité de négociation des États ACP, dans
la mesure où ces derniers furent divisés en six groupes
régionaux pour négocier le contenu des futurs accords
commerciaux. Le chercheur Erik Rydberg considéra ainsi que
l'unité du groupe ACP fut mise à mal du fait que
l'essentiel des négociations (contenu des accords) dut être
réglé avec les différents blocs
régionaux324.
Dans le troisième et dernier
chapitre, nous tentâmes de mettre en exergue le
caractère inégal des négociations en étudiant dans
un premier temps les asymétries existantes entre les parties aux
négociations, et en évoquant dans un deuxième temps, les
questions qui suscitèrent de vifs débats entre l'UE et les
États ACP pendant la deuxième phase des négociations. Il
s'avérait ainsi que les négociations au sujet des APE opposaient
des partenaires inégaux en termes de capacité de
négociation et de puissance économique. Ainsi, l'asymétrie
commerciale entre les partenaires, était telle que les États ACP
connaissaient une grande dépendance à l'égard du
marché communautaire pour leurs exportations et leurs
importations325, alors que ces
321 BILAL, S., « APE, vision, foi ou aveuglement ? »,
op.cit., p.2. .
322 ECDPM, Les accords de partenariat économiques
régionaux, Infokit Cotonou n°14, op.cit.
323 Voir : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE,
DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Négociations ACP-UE des Accords de
partenariat économique. Points de convergences et de divergences,
op.cit.
324 RYDBERG, E., « Accord + Partenariat + Economique :
cherchez l'erreur... », op.cit., p.22.
325 Alors que l'Union européenne reste le partenaire
commercial principal des États d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (29 % des exportations ACP se réalisent à destination
de l'Union européenne et 24 % des importations des pays ACP proviennent
de l'Union européenne), ces derniers ne constituent que 3 % du commerce
de l'Union européenne (2,9 % des exportations et 3,1 % des importations
de l'Union européenne). Voir : LIPCHITZ, A., op.cit.,
p.11-12.
derniers ne représentaient que 3 %326 du
commerce de l'Union européenne. D'autre part, nous constatâmes
qu'il existait de grandes disparités en termes de capacité de
négociation entre l'UE et ses partenaires à la
coopération327. Nous étudiâmes également
que les États ACP étaient plus protecteurs en termes de droits
douane que l'Union européenne et qu'ils constituaient des sources de
revenus importants pour les États ACP et principalement les États
africains328. Cet élément constituait ainsi une grande
source d'inquiétude pour les États ACP et les membres de la
société civile, qui craignaient une importante perte de recettes
douanières, consécutive à la réduction des entraves
aux échanges dans un APE. Dans un deuxième temps, nous
passâmes en revue les questions abordées dans le cadre des
négociations relatives aux APE, qui soulevèrent de nombreux
débats et tensions entre les acteurs. Nous pûmes alors nous rendre
compte que les divergences qui étaient apparues lors de la
première phase des négociations, perdurèrent lors des
négociations régionales, ce qui eut pour effet d'accroître
encore davantage les tensions entre les partenaires. Nous
constatâmes également que les demandes formulées par les
États ACP dès le début des négociations, ne furent
pas prises en considération par la CE. Ainsi, si les
États ACP avaient mis un point d'honneur à obtenir de la CE des
ressources additionnelles au FED pour couvrir les coûts d'ajustement
provoqués par la libéralisation des échanges, cette
dernière énonça clairement que l'aide proviendrait d'une
part du FED et d'autre part de l'aide pour le commerce dans le cadre de l'OMC.
Aussi, si les ACP avaient insisté lourdement sur la dimension «
développement » que devait contenir les APE, les parties ne
parvinrent pas à s'entendre sur les moyens pratiques visant à
intégrer la dimension « développement » dans les APE.
Après trois années houleuses de négociations, les retards
étaient tels que les ACP commencèrent à envisager
l'étude d'alternatives. La CE quant à elle, rejeta l'étude
d'alternatives et insista sur le fait que des accords devaient être
conclus avant la date butoir du 31 décembre 2007, auquel cas les pays
ACP non-PMA exporteraient sous le régime du SPG standard. Les retards
occasionnés dans le processus des négociations poussèrent
finalement la CE à proposer une approche en deux étapes afin
d'éviter dès le 1er janvier 2008 - date d'expiration
de la dérogation de l'OMC sur les préférences commerciales
- « toute interruption du régime commercial pour les
marchandises originaires des pays ACP329 ». Ainsi,
si l'UE et les États ACP négocièrent pendant six
années330 des sujets sur lesquels ils tentaient de parvenir
à un accord, des APE intérimaires furent finalement
326 Ibid.
327 Voir point IV.1.2. du présent
mémoire
328 Selon Anna Lipchitz, les droits de douane constituent en
moyenne 25 % des revenus des gouvernements africains. Voir : LIPCHITZ, A.,
op.cit., p. 4.
329 COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES, Communication de
la Commission au Conseil et Parlement européenne. Accords de partenariat
économique, op.cit., p. 1.
330 Les négociations débutèrent en septembre
2002 et s'achevèrent le 31 décembre 2007.
signés à la hâte pour respecter
coûte que coûte l'échéance qui avait
été fixée par l'OMC. En outre, la menace du SPG
poussa les pays ACP à signer individuellement des APE
intérimaires avec l'UE, ce qui eut pour conséquence de fragmenter
les régions ACP.
À l'issue de notre travail de recherche, nous
souhaitons partager les quelques réflexions
auxquelles nous avons finalement abouti. Notre travail avait pour ambition
d'analyser les négociations sur les APE afin de saisir quels
étaient leurs enjeux pour les parties négociantes, tout en jetant
un éclairage sur les prises de positions de l'UE et des États ACP
lors des négociations, et sur les rapports de force entre ceux-ci. Nous
souhaitions effectivement comprendre combien il pouvait être difficile de
négocier des accords équitables lorsque il existait de fortes
disparités (politique, économique) entre les parties aux
négociations.
Tout d'abord, nous pensons que les négociations
s'annoncèrent d'emblée difficiles dans la mesure où les
APE correspondaient à des besoins extrêmement
différents pour l'UE et les États ACP. Ainsi, comme nous
l'avons répété à maintes reprises, alors que le
marché européen était crucial pour le commerce des ACP,
l'inverse n'était pas vrai. Pour l'UE, il était surtout
impératif de conclure des accords qui soient conformes aux les
règles du commerce mondial multilatéral, afin d'éviter des
représailles de la part des membres de l'OMC. Ces éléments
affectèrent le rapport de force existant entre les négociateurs
et les divisèrent en deux camps : celui des défenseurs et celui
des attaquants. En effet, alors que les États ACP veillaient à
défendre du mieux qu'ils le pouvaient leurs acquis
économiques - le marché communautaire restant d'une importance
cruciale pour leurs exportations et leurs importations -, l'UE quant à
elle, avait bien moins à perdre des APE que les ACP, ces derniers ne
représentant qu'un faible pourcentage de leur activité
commerciale. En clair, nous pensons que les négociations étaient
inégales dès le départ dans la mesure où l'enjeu
des APE était autrement plus important pour les États ACP que
pour l'UE. Cette situation inégale de base, se trouvait
renforcée, selon nous, par les fortes asymétries politiques et
économiques qui séparaient les partenaires aux
négociations. Les négociations pouvaient ainsi
s'apparenter à un match de boxe inégal où un poids plume
était contraint d'affronter un molosse sur le ring. En effet, les
négociations, opposaient d'un côté 27 membres
de l'UE européenne, doté d'un PNB combiné de plus
de 14.000 milliards de dollars331 contre six groupes ACP, dont 39
faisaient partie des 50 pays les moins avancés (PMA) au
monde. En outre, les pays ACP étaient également
désavantagés par rapport à l'UE en termes de
capacité
331 DELCOURT, L., Aide au développement de l'Union
européenne : perspective critique, op.cit.
de négociation, car d'une part et contrairement
à l'UE, ils ne pouvaient pas compter sur une structure effective en
matière de prise de décisions et de fonctionnement pour assumer
les négociations, et que d'autre part, cette disparité
était encore renforcée du fait que les États ACP avaient
été divisés en six groupes pour négocier les APE.
Nous pensons que la combinaison de ces éléments (l'enjeu
inégal que représentaient les APE pour les partenaires à
la coopération, ainsi que les fortes asymétries entre ces
derniers) furent autant d'éléments qui renforcèrent
l'inégal rapport de force entre les parties aux négociations.
Nous pûmes effectivement constater que les ACP ne parvinrent pas à
obtenir les requêtes qu'ils avaient exprimé depuis le début
des négociations alors que la CE occupa une position de force du
début à la fin des négociations. En effet, alors qu'il ne
restait que quelques mois avant l'échéance prévue pour la
fin des négociations et qu'aucune avancée significative
-excepté dans la région des Caraïbes - n'avait
été enregistrée, de nombreux auteurs et membres de la
société civile postulaient qu'une prolongation des
négociations s'avérait nécessaire pour aboutir à la
conclusion d'accords complets. Contre toute attente, la CE décida
finalement que des APE intérimaires seraient signés avant la date
butoir afin de respecter les délais de l' OMC. L'impératif de
base qu'avait défendu l'UE depuis le départ, fut ainsi
respecté. Des accords furent donc paraphés à la hâte
afin de respecter coûte que coûte l'intraitable loi du
système commercial multilatéral, et ce, aux dépens des
multiples discussions qui avaient jalonné les négociations. En
effet, il avait été initialement prévu que les APE
seraient conceptualisés et négociés en tant qu'accords sur
le commerce et le développement. Cependant, les accords
intérimaires paraphés en urgence, se focalisèrent
uniquement sur la libéralisation du commerce afin de
satisfaire aux règles de l'OMC, balayant de la sorte les autres
dimensions qu'un APE devait contenir. Si l'objectif de l'approche en deux
étapes, consistait à la conclusion d'accords régionaux
complets d'ici 2008, certains auteurs se montrèrent très
réticents quant à sa faisabilité. Les craintes reposaient
ainsi sur l'amoindrissement des capacités d'influence des ACP pour la
poursuite des négociations depuis que la date fatidique du 31
décembre 2007 était derrière eux. Ainsi, selon les propos
du chercheur Francisco Rampa : « En premier lieu, une fois une zone de
libre-échange réciproque établie et la
compatibilité avec les règles de l 'OMC satisfaite, quelles
pressions juridiques pousseront les parties à conclure des accords dans
d'autres domaines complexes ? Les observateurs de la stratégie
commerciale globale de l'UE pensent que le souhait de garantir des accords
réciproques qui coïncide avec l'expiration des règles de l
'OMC est la principale force motrice des tactiques APE de l'Europe. Les
pays ACP auront-ils plus d'influence, en 2008, qu'au cours des cinq
dernières années ? En d'autres termes, peuvent-ils
convaincre l'UE d'incorporer dans un APE des éléments tels que
des
mesures de renforcement de la compétitivité
? De même, comment inciter les pays ACP qui se sont
systématiquement opposés à la négociation sur des
domaines sensibles liés au commerce (tels que les services,
l'investissement ou la passation des marchés), à accepter de
négocier sur de tels domaines après 2007 ?332
».
En clair, ce mémoire nous a fait prendre conscience de
la difficulté de négocier des accords équitables lorsque
il existe des fortes disparités (politiques, économiques) entre
les parties aux négociations ainsi qu'une importante dépendance
des États ACP à l'égard de l'UE. Daniel Van der Steen
évoque ainsi la forte dépendance qui relie les États ACP
à l'UE en précisant que : « les pays ACP
dépendent (...) fortement de l'UE, surtout sur le plan financier, car
ils se trouvent dans une situation très difficile et ils ont des besoins
tellement énormes qu'ils ne peuvent se passer de l'aide accordée
par l'UE, une aide qui a été accordée dans le passé
depuis plusieurs décennies dans le cadre des conventions de
Yaoundé, Lomé et Cotonou333 ». Selon cet
auteur, « cette dépendance est telle que les compensations
financières proposées par l'UE ont une force de conviction
très considérable, amenant bien des gouvernements des
États ACP à accepter les dispositions voulues par l'UE en
échange d'engagements de soutiens financiers334 ».
Comment était-il effectivement possible que les États ACP
et l'UE soient placés sur un même pied d'égalité
lors des négociations étant donné la grande
dépendance reliant ces derniers à l'Europe ? Comment les
pays ACP pouvaient négocier d'égal à égal
lorsqu'une relation privilégiée, inscrite dans le temps (depuis
la création de la CEE en 1957335), entravait leur pouvoir de
négociation ? De façon plus générale, comment ne
pas évoquer dans un tel contexte, le proverbe africain dont nous avions
fait référence au tout début de ce travail : « la
main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit.»
Finalement, n'oublions pas que les APE furent conçus
par l'UE et les États ACP pour promouvoir le développement de ces
derniers et éradiquer la pauvreté dans ces pays. Le
libre-échange, tel que véhiculé à travers ces
nouveaux accords commerciaux, fut la solution envisagée par l'Union
européenne pour s'adapter au contexte actuel de la mondialisation.
Pourtant, nous étudiâmes dans ce mémoire, que l'UE
élabora, depuis l'origine de ses relations avec États ACP, divers
instruments pour un atteindre le même objectif que celui qu'elle affirme
vouloir atteindre
332 RAMPA, F., « L'UE propose des APE en deux
étapes. Qu'est-ce que cela signifie pour le développement?
», Eclairage sur les négociations, Maastricht : ECDPM,
Vol.6., n°7, novembre 2007. pp. 1-4. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL:
http://www.acp-eu-trade.org/index.php?language=fr&loc=/tni/index.php
333 VAN DER STEEN, D., DANAU, A., op.cit., p.13.
334 Ibid.
335 Nous avons vu dans le premier chapitre du présent
mémoire que la coopération UE-ACP remontait à la
création de la CEE en 1957. Voir point II.1.1. du
présent mémoire.
aujourd'hui : le développement des pays ACP. De la
création du FED, à l'instauration du libre-échange,
diverses solutions furent déployées pour encourager « le
décollage » économique tant espéré. Faut-il
pour autant postuler que les échecs des solutions antérieures -
tel que le régime commercial de Lomé - sont autant de raisons qui
prouvent que le libre-échange constitue dès lors la
panacée pour le développement ? Le problème ne provient-il
pas de l'incessante recherche d'un quelconque remède miracle qui
conduirait au développement ?
En dernier lieu, nous ne manquerons pas de préciser que
ce travail nous a permis d'approfondir nos connaissances sur les Accords de
partenariat économique, mais qu'il a également ouvert des
nouvelles pistes de réflexions. Nous pensons en particulier à
l'évolution de la politique européenne de coopération au
développement dans le contexte actuel de la mondialisation. Nous nous
interrogeons effectivement sur l'influence de l'apparition de l'OMC sur
l'évolution de la politique de coopération de l'UE. Autant
d'interrogations qui mériteraient de faire l'objet de nouvelles
investigations...
VI. BIBLIOGRAPHIE
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Institut d'études européennes : Université Libre de
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H. COURS SUIVIS
ANGELET, N., Institutions économiques
internationales, ULB, cours suivi dans le cadre du DES en
coopération au développement, 2006-2007.
BAYAR, A., Économie des pays en voie de
développement, ULB, cours suivi dans le cadre du DES en
coopération au développement, 2006-2007.
VERHAAGEN, A., Relations entre l'Europe et les pays du
Sud, ULB, cours suivi dans le cadre du DES en coopération au
développement, 2006-2007.
I. INTERVIEWS
KARLSHAUSEN, G., chargé des questions européennes
au CNCD et délégué belge au CONCORD, Interview
réalisée le 4 décembre 2007.
LEONG, C., Experte sur les questions commerciales au niveau
multilatéral, Secrétariat du Groupe des États d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique, Interview réalisé le
11 janvier 2008 et le 24 avril 2008.
J. SITES INTERNET
Site Web de la Commission européenne
www.ec.europa.eu
Site Internet du Centre européen de gestion des politiques
de développement (ECDPM)
www.ecdpm.org
Portail de ressources sur les relations commerciales ACP-UE
www.acp-eu-trade.org
Site Internet du Secrétariat des ACP www.acp.int
Site Internet de l'OMC
www.wto.org
Site Internet du Courrier ACP-UE
http://ec.europa.eu/comm/development/bofy/publications/publications
courier_fr.htm
Site Internet du Centre national de coopération au
développement (CNCD)
www.cncd.be
Site Internet d'Oxfam International
www.oxfam.org
Site Internet de la Campagne STOP APE
www.stopepa.org
www.ape2007.org
www.epawatch.net
Site Internet d'Action Aid
www.actionaid.org
Site Internet du Groupe de recherche pour une stratégie
économique alternative (GRESEA)
www.gresea.be
Site Internet de la Fondation pour l'agriculture et la
ruralité dans le monde (FARM)
www.fondation-farm.org
Site Internet du Comité pour l'annulation de la dette du
Tiers monde (CADTM)
www.cadtm.org
Site Internet du Groupement d'intérêt scientifique
pour l'étude de la mondialisation et du développement (GEMDEV)
http://www.gemdev.org/actualite.php
Site Internet du Groupe de recherche et d'information sur la paix
et la sécurité (GRIP)
http://www.grip.org/
Site universitaire de Documentation (SUDOC)
http://www.sudoc.be/
Association Européenne des Instituts de Recherche (EADI)
http://www.eadi.org/
Site Internet du Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD)
http://www.undp.org/french/
Site Internet de la Commission économique africaine
http://www.uneca.org/
Site Internet de la Confédération européenne
des ONG d'urgence et de développement (CONCORD)
http://www.concordeurope.org/
Site Internet de l' Overseas Development Institue (ODI)
http://www.odi.org.uk/
Site Internet d'Agritrade
http://agritrade.cta.int/fr
Site Internet du South Centre (an intergovernmental Policy Think
tank of Developing countries)
www.southcentre.org
Site Internet du Centre Tricontinental (CETRI)
www.cetri.be
VII. GLOSSAIRE
+ ACCORD D'ASSOCIATION : La
Commission européenne est habilitée à conclure avec des
pays tiers un certain nombre d'accords. L'accord d'association a pour but
d'instaurer une coopération économique étroite, assortie
de soutien financier.
+ ACCORD GÉNÉRAL SUR LE COMMERCE DES SERVICES
(AGS) : Il s'agit d'un ensemble de règles multilatérales
juridiquement contraignantes visant à réglementer le commerce
international des services et à réaliser une
libéralisation progressive du commerce des services en vue de promouvoir
la croissance économique de tous les partenaires commerciaux.
+ ACCORD PREFERENTIEL : Un tel accord
consiste pour des partenaires commerciaux à s'octroyer des conditions
préférentielles, notamment douanières, dans le cadre de
leurs échanges commerciaux. Les accords préférentiels
liant l'Union européenne et les pays ACP (Afrique, Caraïbes,
Pacifique) ont été récemment mis en évidence lors
du conflit de la banane qui a opposé les Européens aux
Américains.
+ ACCORD DE LIBRE ECHANGE : Accord commercial
préférentiel réciproque, par lequel chaque partie s'engage
à supprimer les restrictions aux importations en provenance de l'autre
partie.
+ ACCORDS DE PARTENARIAT ECONOMIQUE REGIONAUX
: Les APER s'alignent sur les exigences de l'OMC, en
régionalisant la relation commerciale et en mettant fin à la
discrimination dont bénéficiaient les pays ACP. Mais ils peuvent
être adaptés en fonction du niveau de développement et des
besoins des régions. Le but est de faciliter, à terme, leur
intégration dans le régime général de l'OMC.
+ BANQUE EUROPEENNE D'INVESTISSEMENT
: Institution financière de l'Union européenne, la BEI
est un organisme sans but lucratif qui dispose de ses propres organes et de ses
propres ressources et a pour mission de soutenir le développement
équilibré de l'Union européenne. Elle finance les projets
de développement des réseaux transeuropéens concernant les
transports, les télécommunications, le développement
régional, l'emploi, la création d'entreprises, l'énergie
et la protection de l'environnement. Elle participe à la
mise en oeuvre de la politique de coopération de l'Union
européenne à l'égard des pays tiers.
+ CENTRE TECHNIQUE DE COOPERATION AGRICOLE ET RURALE
(CTA) :
Organisme du Groupe des États ACP et de l'UE, il a pour
tâche de développer et fournir des services visant à
améliorer l'accès à l'information dans le cadre du
développement agricole et rural, et de renforcer la capacité des
pays ACP à produire, acquérir, échanger et utiliser
l'information dans ces domaines.
+ CONTINGENT TARIFAIRE : Un contingent tarifaire est
une certaine quantité de produits pouvant être importée sur
le territoire d'un État à un taux de droits de douane
inférieur au taux normal.
+ DEROGATION : Autorisation accordée par les
membres de l'OMC exemptant un pays de satisfaire aux engagements habituels. Les
dérogations sont limitées dans le temps et toute prorogation doit
être justifiée.
+ FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT :
Le Fonds européen de Développement (FED) est l'instrument de
coopération de l'Union européenne en faveur des pays Afrique
Caraïbes Pacifiques (ACP). Il permet le financement de divers programmes
et projets de développement dans l'ensemble des pays ayant conclu des
accords de partenariat avec l'UE (successivement, Accords de Yaoundé,
conventions de Lomé, Accord de Cotonou). Il contribue, en outre,
à soutenir le développement des Pays et Territoires d'Outre-Mer
(PTOM).Le FED est un fond indépendant. Cela signifie qu'il est
financé hors budget communautaire par contributions directes des
États membres de l'UE. Le neuvième FED est doté de 13.5
milliards d'euros pour la période 2002-2007. Le dixième FED est
doté de 22.8 milliards d'Euros pour la période 2008-20 13.
+ GROUPE ACP : Le « Groupe ACP »
désigne les 79 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
L'entité juridique qu'ils constituent a été
instituée par la signature de l'Accord de Georgetown (Guyana) le 6 juin
1975. Les 48 premiers États ACP, entretenaient alors des relations
privilégiées avec la Communauté européenne en
raison du passé colonial qui les unissait à certains membres de
la CEE - Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays- Bas et République
fédérale d'Allemagne. Leur nombre est passé de 46 en 1975,
à 58 en 1980, 65 en 1985, 70 en 1995, et enfin 79 membres en 2004.
Cuba est membre du groupe ACP mais n'est pas signataire de
l'Accord de Cotonou. Le groupe ACP compte ainsi 48 pays en Afrique
sub-saharienne, 16 pays de la Caraïbe et 15 pays du Pacifique.
+ PMA (pays les moins avancés): La catégorie des
PMA a été définie par l'ONU en 1971 à partir de
trois critères : un PIB par habitant inférieur à 100
dollars par an, une valeur ajoutée de l'industrie inférieure
à 10 % du PIB et un taux d'analphabétisme de plus de quinze ans
supérieur à 20 %. On compte 49 PMA en 2003, dont 8 seulement hors
du groupe ACP : Bangladesh, Cambodge, Laos, Maldives, Birmanie, Népal,
Yémen et Bhoutan.
+ PAYS ET TERRITOIRES D'OUTRE MER (PTOM) : Les pays et
territoires d'outremer (PTOM) sont les pays jouissant d'une relation
spéciale avec un des États membres de la Communauté
européenne. Ils ont été associés à la
Communauté européenne dès ses débuts et le
traité fondateur, le traité de Rome de 1957, accorde le statut
d'associé à ces pays ou territoires. Ils relèvent
constitutionnellement de quatre des États membres (Danemark, France,
Pays Bas et Royaume-Uni) et ils ne constituent pas des États
indépendants (contrairement aux États ACP).
+ QUESTIONS DE SINGAPOUR : Quatre questions ont
été ajoutées au programme de travail de l'OMC à la
Conférence ministérielle de Singapour qui s'est tenue en
décembre 1996: commerce et investissement, commerce et politique de la
concurrence, transparence des marchés publics et facilitation des
échanges.
+ SYSTEME DE PREFERENCES GENERALISEES (SPG) : Le SPG a
été mis au point par la Conférence des Nations unies pour
le commerce et le développement (CNUCED) en 1970. Il répond au
principe suivant lequel les pays industrialisés réduisent ou
suppriment les droits de douane pour certains produits en provenance du tiers
monde sans que cette mesure s'applique aux produits venus d'autres pays.
+ REGLES D'ORIGINE : Les règles d'origine ont
pour objet d'assurer que seuls les produits véritablement extraits,
produits ou fabriqués dans les pays exportateurs
bénéficiaires des préférences sont admis au
bénéfice d'un traitement tarifaire préférentiel
dans le cadre d'un schéma de préférences
généralisées (SPG) ou d'un régime
dérogatoire. Les produits exportés par un pays
bénéficiaire de préférences peuvent être
classés en deux groupes. Soit le
produit est « entièrement obtenu »
c'est-à-dire élevé, cultivé, extrait ou
récolté, soit le produit est fabriqué, entièrement
ou partiellement, à partir de matières ou de composants
importés. Dans ce dernier cas, le produit doit subir une transformation
« suffisante » pour bénéficier des
préférences.
+ STABEX (système de stabilisation des recettes
d'exportations de produits de base agricoles) : Le système vise à
limiter les fluctuations des recettes d'exportation qui résultent des
variations des marchés ou des aléas de production. Le STABEX sera
supprimé après la conclusion des accords de partenariats
économiques régionaux, en 2008. Le Stabex n'a pas
été reconduit dans l'Accord de Cotonou sous sa forme originelle
mais a été fondu dans les financements du FED.
+ SYSMIN (Système de stabilisation des recettes
d'exportations des produits miniers): Fonds spécial pour les produits
miniers, créé en 1980 dans le cadre de Lomé II, en vue de
soutenir les États ACP tributaires de leurs recettes d'exportations
minières vers l'UE, le SYSMIN est un mécanisme de soutien
à la production minière. Des subventions et des prises de
participation aident à maintenir les capacités de production
minière des pays ACP quand ceux-ci sont confrontés à des
difficultés graves et donc à une baisse de leurs revenus. Tout
comme le Stabex, le Sysmin n'a pas été reconduit par le nouvel
accord de partenariat et a été fondu dans les financements du
FED.
+ TOUT SAUF LES ARMES : En
février 2001, l'Union européenne a adopté le
règlement (Règlement EC 416/2001) « Tout sauf les armes
» : TSA ou EBA à destination des 49 pays les moins avancés
(PMA). Cet accord leur donne accès à des droits de douane nuls et
sans quotas sur l'ensemble des produits (sauf le commerce des armes), avec des
restrictions sur le sucre, les bananes et le riz pendant une période
transitoire allant jusqu'en 2009. Ainsi, les taxes douanières seront
progressivement réduites jusqu'à obtenir une franchise totale
pour les bananes en janvier 2006, pour le sucre en juillet 2009 et pour le riz
en septembre 2009. Le dispositif TSA prévoit que ses aménagements
soient offerts aux pays les moins avancés sans limitation de
durée. Ils ne feront donc pas l'objet de modifications lors des
révisions périodiques du système
généralisé de préférences de l'Union
européenne.
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glossaire :
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perspective historique de l'accord de Cotonou », Le Sud sans voix. Les
pays ACP et l'accord de Cotonou, Les Cahiers de la coopération
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http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/developpement-pays-
acp/glossaire.shtml
· Site du portail de l'UE (définition du FED) Voir
:
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/r12102.htm
· Site Internet de l'OMC
www.wto.org
· Site Internet du Secrétariat des ACP
www.acp.int
· LIPCHITZ, A., Les accords de partenariat
économique : des accompagnements nécessaires. Document de
travail n°36, Agence française de Développement
(Département de la Recherche), Janvier 2007, pp.1-37. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/p
ublications/documents-de-travail/dt36-Accords-partenariat-economiques.pdf
VIII. ANNEXES
A. LES CARTES DES PAYS ACP
· Annexe 1 : Carte des États
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique Source : Site Internet de
la Documentation française. Lien URL :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/developpement-paysacp/pays-acp.shtml
· Annexe 2 : Carte de l'Afrique de
l'Ouest
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2005/october/tradoc
125554.pdf
· Annexe 3 : Carte du Pacifique
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2007/june/tradoc_134815.pdf
· Annexe 4 : Carte de l'Afrique Australe
et Orientale
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/february/tradoc
127348.pdf
· Annexe 5 : Carte des Caraïbes
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/march/tradoc_126273.pdf
· Annexe 6 : Carte de la SADC
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/february/tradoc
1 27350.pdf
· Annexe 7 : Carte de l'Afrique Centrale
(CEMAC) + Sao Tomé et Principe Source : Site Internet pour des
Moyens d'existence durables dans la Pêche. Lien URL :
http://www.sflp.org/fr/004/uemoa.html
B. LES PAYS ACP
· Annexe 8 : Liste des pays ACP
Source : LEFORT, J-C., Rapport
d'information sur la négociation des accords de partenariat
économique avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique, Assemblée nationale française.
Délégation pour l'Union européenne, n°3251, Paris,
p.327.
· Annexe 9 : Liste des pays ACP qui sont
PMA Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.
328.
C. COMPOSITION DES REGIONS ACP
· Annexe 10 : Les régions ACP avec
lesquelles la Commission a ouvert les négociations
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p. 331.
D. HISTOIRE DES RELATIONS ACP-UE
· Annexe 11 : Chronologie d'un demi
siècle de relations ACP-UE Source: ECDPM, Chronologie d'un
demi siècle de relations ACP-UE, Maastricht. Site Internet ECDPM :
www. ecdpm.org
E. LES SOUS-ENSEMBLES ACP EN AFRIQUE
· Annexe 12 : Les sous-ensembles ACP en
Afrique Source : LEFORT, J-C., op.cit., p. 333.
F. LES IMPACTS DES APE
· Annexe 13: Droits de douane dans les
pays ACP classés par groupement régionaux
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.127.
· Annexe 14 : Estimations des pertes de
revenus en pourcentage des recettes totales de l'État résultant
des APE
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.130
· Annexe 15 : Effets sur les revenus d'un
APE entre l'UE et les régions Source : LEFORT, J-C.,
op.cit., p.132.
· Annexe 16 : Evaluation des coûts
d'ajustement par région ACP
Source : MILNER, C., « An assesment of the
overall implementation and adjustment costs for the ACP countries of Economic
Partnership Agreements », in R. Grynberg et A. Clarke, The European
Development Fund and Economic Partenership Agreements, Division des
Affaires économiques du Secrétariat du Commonwealth, 2006.
G. INDICES DE DEVELOPPEMENT HUMAIN PAR REGION
ACP ET EN EUROPE
· Annexe 17 : Les indicateurs de
développement humain par région ACP Source : Rapport
mondial sur le développement humain PNUD (2005).
· Annexe 18 : Les indicateurs de
développement humain dans l'Union européenne
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
H. COMMERCE UE-ACP
· Annexe 19 : Importations et exportations
des pays ACP en 2005 Source : Commission européenne, Fiche
pays ACP commerce des produits entre l'Union européenne et les ACP,
Bruxelles, 22 mars 2006.
· Annexe 20 : Concentration des
importations en provenance de l'UE sur quelques pays dans chaque région
ACP
Source : RESEAUX REGIONAUX
D'ORGANISATIONS PAYSANNES (EAFF, PROPAC, ROPPA, SACAU, WINFA), Evaluation
à mi-parcours des négociations de l'APE entre les régions
ACP et l'Union européenne au titre de l'article 37.4. de l'Accord de
Cotonou, Note de synthèse des évaluations régionales,
10 décembre 2006, p. 26.
· Annexe 21 : Concentrations des
exportations ACP à destination de l'UE sur quelques pays dans chaque
région
Source : RESEAUX REGIONAUX D'ORGANISATIONS PAYSANNES,
op.cit., p. 26.
· Annexe 22 : Comparaison des
régimes SPG, SPG-PMA et Cotonou de l'Union européenne
Source : LIPCHITZ, A., Les accords de partenariat
économique : des accompagnements nécessaires. Document de
travail n°36, Agence française de Développement
(Département de la Recherche), Janvier 2007, pp.1-37. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/p
ublications/documents-de-travail/dt36-Accords-partenariat-economiques.pdf
I. ETAT DES LIEUX DES NEGOCIATIONS
· Annexe 23 : Régime commercial
applicable au 01/01/08 par pays ACP Source :
SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE,
Accords de partenariat économique. Etat des lieux et propositions de
la CE concernant les prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23
janvier 2008, p.6.
· Annexe 24 : Analyse de la
libéralisation future ACP
Source : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS
D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat
économique. Etat des lieux et propositions de la CE concernant les
prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.8.
· Annexe 25 : Marchandises exclues de la
libéralisation
Source : ECDPM, La négociation des APE :
Etat des Lieux, 7 avril 2008. Document téléchargé sur
Internet. Lien url :
http://www.acp-eu-
trade.org/library/files/ECDPM_07-04-08_La-negociation-des-APE-Etat-des-
lieux final .pdf
· Annexe 26 : Contenu des Accords
Source : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS
D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat
économique. Etat des lieux et propositions de la CE concernant les
prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.9.
J. APE ALTERNATIFS ET ALTERNATIVES AUX APE
· Annexe 27 : APE alternatifs et
alternatives aux APE
Source : BILAL, S., « APE Alternatifs et
alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour les relations
commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p.122-123.
K. RETRANSCRIPTIONS D'INTERVIEW
· Annexe 28 : Retranscription de
l'Interview avec Mr Gérard KARLSHAUSEN, chargé des questions
européennes au CNCD et délégué belge au CONCORD.
A. LES CARTES DES PAYS ACP
Annexe 1 : Carte des États d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique
Source : Site Internet de la Documentation
française. Lien URL :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/developpement-pays-acp/pays-acp.shtml
Annexe 2 : Carte de l'Afrique de l'Ouest
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2005/october/tradoc_125554.pdf
Annexe 3 : Carte du Pacifique
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2007/june/tradoc_134815.pdf
Annexe 4 : Carte de l'Afrique Australe et Orientale
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/february/tradoc_127348.pdf
Annexe 5 : Carte des Caraïbes
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/march/tradoc_126273.pdf
Annexe 6 : Carte de la SADC
Source : Site Internet de la Commission
européenne. Lien URL :
http://trade.ec.europa.eu/doclib/docs/2006/february/tradoc_127350.pdf
Annexe 7 : Carte de l'Afrique Centrale (CEMAC) + Sao
Tomé et Principe
Source : Site Internet pour des Moyens d'existence
durables dans la Pêche. Lien URL :
http://www.sflp.org/fr/004/uemoa.html
B. LES PAYS ACP
Annexe 8 : Liste des pays ACP
Source : LEFORT, J-C., Rapport d'information sur la
négociation des accords de partenariat économique avec les
pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, Assemblée
nationale française. Délégation pour l'Union
européenne, n°325 1, Paris, p.327.
Annexe 9 : Liste des pays ACP qui sont
PMA
* Conformément à l'annexe 6 de la convention de
Cotonou Source : LEFORT, J-C., op.cit., 328.
C. COMPOSITION DES REGIONS
Annexe 10 : Les régions ACP avec
lesquelles la Commission a ouvert les négociations
Source : LEFORT, J-C., op.cit. p.331.
D. HISTOIRE DES RELATIONS UE-ACP
|
Annexe 11 : Chronologie d'un demi
siècle de relations ACP-UE
Source : ECDPM, Chronologie d'un demi siècle
de relations ACP-UE, Maastricht. Site Internet ECDPM :
www. ecdpm.org
Source : ECDPM, Chronologie d'un demi siècle
de relations ACP-UE, Maastricht. Site Internet ECDPM :
www. ecdpm.org
Source : ECDPM, Chronologie d'un demi siècle
de relations ACP-UE, Maastricht. Site Internet ECDPM :
www. ecdpm.org
Source : ECDPM, Chronologie d'un demi siècle
de relations ACP-UE, Maastricht. Site Internet ECDPM :
www. ecdpm.org
E. LES SOUS-ENSEMBLES ACP EN AFRIQUE
Annexe 12 : Les sous-ensembles ACP en
Afrique
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.333.
F. IMPACTS DES APE
Annexe 13 : Droits de douane dans les pays
ACP classés par groupement régionaux
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.127.
Annexe 14 : Estimations des pertes de
revenus en pourcentage des recettes totales de l'État
résultant des APE
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.130.
Annexe 15 : Effets sur les revenus d'un APE
entre l'UE et les régions
Source : LEFORT, J-C., op.cit., p.132
Annexe 16 : Evaluation des coûts d'ajustement par
région ACP
Source : MILNER, C., « An assesment of the overall
implementation and adjustment costs
for the ACP countries of Economic Partnership Agreements »,
in R. Grynberg et A. Clarke, The European Development Fund and Economic
Partenership Agreements, Division des Affaires
économiques du Secrétariat du Commonwealth,
2006.
Annexe 17 : Les indicateurs de
développement humain par région ACP
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005). Source : Rapport mondial sur le
développement humain PNUD (2005).
G. INDICES DE DEVELOPPEMENT HUMAIN PAR REGION ACP ET EN
EUROPE
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
Annexe 18 : Les indicateurs de développement humain
dans l'Union européenne
Source : Rapport mondial sur le développement
humain PNUD (2005).
H. COMMERCE UE-ACP
Annexe 19 : Importations et exportations
des pays ACP en 2005
Source : Commission européenne, Fiche pays
ACP commerce des produits entre l'Union européenne et les ACP,
Bruxelles, 22 mars 2006.
Source : Commission européenne, Fiche pays
ACP commerce des produits entre l'Union européenne et les ACP,
Bruxelles, 22 mars 2006.
Annexe 20 : Concentration des importations
en provenance de l'UE sur quelques pays dans chaque région ACP
Source : ROPPA, SACAU, WINFA), Evaluation à
mi-parcours des négociations de l'APE entre les régions ACP et
l'Union européenne au titre de l'article 37.4. de l'Accord de Cotonou,
Note de synthèse des évaluations régionales, 10
décembre 2006, p. 25.
Annexes 21 : Concentrations des exportations ACP à
destination de l'UE sur quelques pays dans chaque région
Source : RESEAUX REGIONAUX D'ORGANISATIONS PAYSANNES
(EAFF, PROPAC, ROPPA, SACAU, WINFA), Evaluation à mi-parcours des
négociations de l'APE entre les régions ACP et l'Union
européenne au titre de l'article 37.4. de l'Accord de Cotonou, Note
de synthèse des évaluations régionales, 10 décembre
2006, p. 26.
Annexe 22 : Comparaison des régimes
SPG, SPG-PMA et Cotonou de l'Union européenne
Source : LIPCHITZ, A., Les accords de partenariat
économique : des accompagnements nécessaires. Document de
travail n°36, Agence française de Développement
(Département de la Recherche), Janvier 2007, pp. 1-37. Document
téléchargé sur Internet. Lien URL :
http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/myjahiasite/users/administrateur/public/publications/doc
uments-de-travail/dt36-Accords-partenariat-economiques.pdf
I. ETATS DES LIEUX DES NEGOCIATIONS
Annexe 23 : Régime commercial
applicable au 01/01/08 par pays ACP
Source : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS
D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat
économique. Etat des lieux et propositions de la CE concernant les
prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.6.
Annexe 24 : Analyse de la
libéralisation future ACP
Source : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS
D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat
économique. Etat des lieux et propositions de la CE concernant les
prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.8.
Annexe 25 : Marchandises exclues de la
libéralisation
Source : ECDPM, La négociation des APE :
Etats des Lieux, 7 avril 2008. Document téléchargé
sur Internet. Lien url :
http://www.acp-eu-trade.org/library/files/ECDPM_07-04-08_La-negociation-des- APE-Etat-des-lieux_final.pdf
Annexe 26 : Contenu des Accords
Source : SECRETARIAT DU GROUPE DES ÉTATS
D'AFRIQUE, DES CARAIBES ET DU PACIFIQUE, Accords de partenariat
économique. Etat des lieux et propositions de la CE concernant les
prochaines étapes en 2008, Bruxelles, 23 janvier 2008, p.8.
J. APE ALTERNATIFS ET ALTERNATIVES AUX APE
Source : BILAL, S., « APE Alternatifs et
alternatives aux APE. Scénarios envisageables pour les relations
commerciales entre Les ACP et l'UE », op.cit., p. 122-123.
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