3.1.7. Activités économiques
3.1.7.1. Agriculture de subsistance
La bande culturale est la portion de la Réserve
spéciale où l'agriculture est autorisée. Un ménage
entretient 1 à 2 parcelles de vivriers d'une superficie totale
estimée entre 0,4 à 1 hectare avec 1 à 3
jachères.
L'agriculture pratiquée dans la zone est de type
itinérant sur brûlis. Les opérations culturales se font par
la main d'oeuvre familiale. Les hommes s'occupent du défrichage et de
l'abattage dans une moindre mesure du nettoyage. Le reste des opérations
sont du ressort des femmes et des enfants. Les principales cultures
vivrières d'importance consommées ou destinées à la
vente sont par ordre d'importance : le manioc qui est consommé
principalement sous forme de couscous et l'arachide plus orienté vers la
vente.
Ces champs subissent beaucoup de pressions de la faune
sauvage. Les plantations de bananiers sont rares car les productions sont
automatiquement consommées par les éléphants.
Le café est la seule culture de rente avec la
variété robusta. Les superficies des plantations ne
dépassent pas 1 hectare à cause de l'espace limité de la
bande culturale.
3.1.7.2. Chasse
La chasse est l'une des activités principales. Elle
vient après l'agriculture. Elle est intense à cause de la
richesse de la faune dans cette région. La faune suscite un regard des
pouvoirs publics et des ONG tant nationales qu'internationales dont l'objectif
est de la protéger. La figure 4 présente les zones de chasses
villageoises de la commune de Yobé-Sangha.
On retrouve dans cette zone trois types de chasses :
- la chasse au filet, chez les Baaka ;
- la chasse coutumière de subsistance ;
- la chasse aux fusils.
La chasse aux filets est pratiquée de concert par les
Baaka, régulièrement, avec les visiteurs qu'ils accueillent pour
des parties de chasse. Les produits reviennent aux chasseurs pour
consommation.
La chasse coutumière de subsistance à la chasse
à courre ou au moyen des pièges (surtout à câbles
d'acier) se pratique toute l'année car elle constitue pour le village
une source de protéine, étant donné l'interdiction
d'élevage de boeufs dans la Réserve. Le gibier attrapé est
destiné à l'auto consommation, surtout chez les Baaka.
La chasse aux fusils par les détenteurs légaux
d'armes de chasse est autorisée dans la zone de chasse communautaire
(Figure 4.). La Réserve compte quarante et sept (47) détenteurs
légaux d'armes de chasse. Cependant, nous ne cessons de rencontrer, en
forêts, des chasseurs avec des armes de fabrication tant artisanale.
Selon la population, la chasse est une source sûre pour
gagner de l'argent et dans un délai court (un céphalophe bleu
coûte 2000 Fcfa dans toute la Réserve). Un simple tour au
marché de Bayanga ou dans les quartiers et villages de la Commune montre
les pressions que subit la faune sauvage. Les produits issus de cette chasse
ravitaillent les grandes villes.
3.1.7.3. Pêche
La pêche est une activité qui intéresse
beaucoup plus les Bilo que les Baaka. Elle est pratiquée tant par les
hommes, les femmes que les enfants. C'est une activité traditionnelle,
elle est intense en saison sèche (janvier-avril et juin-décembre)
période pendant laquelle les déplacements en pirogue sont moins
dangereux sur la Sangha et la rivière Mossapoula. Les techniques de
pêches utilisées sont :
- la pêche à la ligne, à l'épervier et
au filet, pratiquée par les hommes ;
- la pêche à la nasse et au barrage,
pratiquée par les femmes et les enfants.
Les poissons les plus prisés sont les carpes ; les silures
; les brochets ; les capitaines et les crustacées.
Les pêcheurs de Bayanga et Mossapoula déplorent les
captures qui deviennent de moins en moins importantes à cause de la
présence presque permanente des ceux
de Nola qui utilisent des moyens non conventionnels tels que les
pesticides pour pêcher.
On note à Bayanga l'existence de deux (2) étangs
piscicoles.
3.1.7.4. Elevage
C'est une activité très marginale,
influencée par la richesse de la faune sauvage. C'est un élevage
traditionnel. Les animaux élevés sont destinés
prioritairement à la satisfaction des besoins courants de la famille
(dot, funérailles, réception des étrangers).
L'élevage porte essentiellement sur les caprins (chèvres,
moutons), porcins et volaille avec une prédominance des poules,
étant entendu que l'élevage de bovin est prohibé à
l'intérieur de la Réserve. De façon
générale, la taille du cheptel ne dépasse pas cinq
têtes par ménage.
Figure 4: Carte des zones de chasses
villageoises de la commune Source : PDS
3.1.7.5. Exploitation des produits forestiers non ligneux
(PFNL) a. Exploitation des autres PFNL
La cueillette est pratiquée pour la collecte des
feuilles, des écorces, des fruits et des racines de certaines plantes.
Le tableau 3.1. présente les produits forestiers non ligneux (PFNL) qui
constituent une source de revenus et d'aliments non négligeables pour la
population. Ces produits sont les chenilles, les fruits, les feuilles, le miel,
le vin de palme et de raphia, les vers blancs et les champignons. Ces produits
sont destinés à l'autoconsommation mais certains tels que les
fruits de Payo et les feuilles de Gnetum spp., les chenilles, les
termites, les champignons, les fruits et graines, les écorces, le rotin
et autres lianes et racines font souvent l'objet de troc (chez les Baaka) ou
d'une commercialisation qui rapporte des revenus aux ménages.
La forêt demeure une « pharmacie naturelle » pour
la population de Mossapoula, en raison du coût et de la pénurie
des produits pharmaceutiques.
Tableau 3.1. : Quelques produits forestiers
utilisés par la population
Nom Baaka
|
Nom pilote
|
Nom Scientifique
|
Partie récoltée
|
Utilisation
|
Payo
|
Payo
|
Irvingia gabonensis
|
Fruit
|
Alimentation
|
Mobei
|
Ebom
|
Anonadium mannii
|
Fruit
|
Alimentation
|
Ekoba
|
Essessang
|
Ricinodendron heudelotii
|
Fruit
|
Alimentation
|
Ngala
|
Kanda
|
Beilschmeidia fulva
|
Fruit
|
Alimentation
|
Ngala
|
Kanda
|
Beilschmeidia obscura
|
Fruit
|
Alimentation
|
Popoko
|
Calatier
|
Cola latericia
|
Fruit
|
Alimentation
|
Goro
|
Calatier
|
Cola ballayi
|
Fruit
|
Alimentation
|
Popoko
|
Calatier
|
Cola sp.
|
Fruit
|
Alimentation
|
Mokata
|
Onie
|
Garcinia punctata
|
Fruit
|
Alimentation
|
|
Sissongo
|
Pennisetum sp
|
Feuille
|
Alimentation
|
Koko
|
Gnetum
|
Gnetum spp.
|
Feuille
|
Alimentation
|
Payo
|
Andok ngoé
|
Irvingia grandifolia
|
Fruit
|
Alimenattion
|
Nguluma
|
Akak
|
Duboscia veridiflora
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Kela
|
Fromager
|
Ceiba pentandra
|
Feuille
|
Carie dentaire
|
Bokoko
|
Eveuss
|
Klainedoxa gabonensis
|
Ecorce et fruit
|
Rhumatisme, afrodiziaque
|
Nom Baaka
|
Nom pilote
|
Nom Scientifique
|
Partie récoltée
|
Utilisation
|
Monganga
|
Fraké
|
Terminalia superba
|
Ecorce
|
Antibiotique
|
Gbonga
|
Ilomba
|
Pycnanthus spp.
|
Ecorce
|
Vomitif, toux
|
Banga/monganja
|
Mukulungu
|
Autranella con golensis
|
Ecorce
|
Paludisme
|
Ekobo
|
|
Ricinodendron heudelotii
|
Ecorce
|
Antibiotique
|
Mboyo
|
Sapelli
|
Entandrophragma cylindricum
|
Ecorce
|
Toux, paludisme
|
Gouka
|
Emien
|
Alstonia congensis
|
Ecorce
|
Paludisme, désenvoutement
|
Babango
|
Ebène
|
Diospyros iturensis
|
Ecorce
|
Médecine traditionnelle
|
Source: Données de terrain, mars 2007
b. Exploitation des palmiers raphia
Une vaste superficie du marécage le long de la
rivière Mossapoula et de son
affluent Mandjokala est occupée par les raphiales,
milieux très riches en diversité biologique abritant une faune
importante (Meutchieye, 2007). Garreau (1999) a identifié deux
espèces de raphia dans la zone (tableau 3.2).
Tableau 3.2. : Les deux espèces de raphia
de la zone
Espèces
|
Nom Sango
|
Lingala
|
Utilisation
|
Raphia vinifera
|
Péké
|
Mousendé
|
Principale source de vin de palm, tuiles pour les cases, nasses
pour la pêche, bambou pour construction.
|
Raphia hookeri
|
Bambou
|
Maboungou
|
Nasses pour la pêche, tuiles pour les cases, paniers,
piège pour les animaux, clôture des jardins de case
|
Source: Données de terrain, mars 2007
· Tuiles de raphia
La collecte pour la fabrication des tuiles de raphia n'est pas
liée au cycle des saisons. Elle ne constitue pas une activité
principale pour la population. La fabrication des tuiles de raphia est plus
intense à l'approche des pluies.
La vente se fait à Nola, Berberati et est sujette des
transports. La vente dans la ville de Bayanga est plus importante du fait que
la majorité des maisons ont des toits en tuiles de raphia. Un paquet de
10 tuiles de 1,5 mètre se vend à 500 FCFA tandis que celui de 2
mètres se livre à 1.000 FCFA. Le revenu moyen mensuel est de 42
000 FCFA, soit un revenu annuel de l'ordre de 504.000 FCFA.
Figure 5: Confection des tuiles de raphia
(20/03/2007)
· Vin de raphia
La récolte de vin de raphia n'est pas sujette à
des cycles liés aux saisons mais plutôt au niveau
général de l'activité économique de la zone,
surtout au versement des salaires.
Depuis des décennies, le vin de raphia fait partie des
aliments de base de l'homme Sangha-sangha. Les fruits du raphia (pandé)
sont cuits et consommés, après avoir séjournés 24
heures dans l'eau. Actuellement, le vin de raphia est devenu un produit de
commerce pour cette population qui vit une pauvreté accrue.
Après exploitation d'un pied de mousendé pour le
vin pendant deux à quatre mois, il y a apparition des verres blancs dans
le tronc qui sont systématiquement terrassés pour l'extraction de
vers. Cette situation est visible au-delà du confluent Sangha-Mossapoula
laissant une clairière. Quelques informations sur l'exploitation ont
été aussi collectées :
- 47 récolteurs du vin de raphia ;
- 10 secteurs d'exploitation ;
- 26 lieux de vente dont quatre à Mossapoula ;
- Les apprentis-récolteurs ne sont pas pris en compte car
ils constituent une population très flottante.
Cette dernière catégorie ne reçoit pas de
salaire en tant que tel. Mais elle bénéficie de deux jours de
récolte par semaine ; le lundi et le jeudi. Les titulaires travaillent
dans la matinée, les apprentis le soir.
3.1.7.6. Exploitation minière
Cette activité s'exerce, de manière
incontrôlée, dans la partie nord de la Réserve. Elle attire
une population composée de commerçants étrangers, en
dépit de son interdiction par l'article 20 du texte réglementaire
de la Réserve.
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