RESUME ET TRANSITION
Le rôle de coordinateur du HCR constitue en quelque
sorte une démission de la communauté internationale envers son
devoir de prise en charge politique de ses crises humanitaires complexes. Au
lieu de s'occuper de résoudre les nombreux aspects du conflit
(politiques, économiques, sociétaux, ethniques...), la
communauté internationale, à travers ses organes
multilatéraux, se concentre sur les aspects strictement humanitaires des
conflits, faisant ainsi une lecture a minima du concept de
sécurité humaine. Les afflux massifs de réfugiés
constituent la partie la plus visible de l'iceberg humanitaire, parce qu'ils
menacent aussi la sécurité des Etats. C'est pourquoi le mandat
d'agence chef de file est souvent confié au HCR. Mais ce concept
d'agence chef de file reste trop faible, il ne permet pas d'atteindre une
stratégie politique efficace.
Même quand la communauté internationale se
mêle militairement de ces conflits, de manière
multilatérale ou non, la coordination de leurs activités avec
celles des ONG et du HCR n'est pas chose aisée. Deux mondes et deux
cultures entrent en contact, or humanitaires et militaires n'ont pas toujours
ni les mêmes objectifs ni les mêmes stratégies. Souvent
l'indépendance des humanitaires est donc menacée. Et si au
contraire les militaires se mettent au service des acteurs humanitaires, alors
leur fonction première, la sécurité, est
oubliée.
C'est cette fonction sécuritaire, indispensable
à l'établissement de la sécurité humaine, qui fait
souvent défaut aux acteurs humanitaires, et surtout à leur
leader, le HCR. L'aspect le plus flagrant de ce manque de
sécurité est visible dans les camps de réfugiés, et
il provoque parfois la reprise ou le déplacement des conflits par des
processus et des mécanismes que nous allons étudier dans ce
second chapitre.
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