CONCLUSION 92
BIBLIOGRAPHIE 93
TABLE DES MATIERES 99
ANNEXES 102
INTRODUCTION
La maîtrise des risques ne peut se concevoir sans
prendre en compte le comportement des individus face aux risques ainsi que de
la perception qu'ils en ont. En effet, on a pu remarquer que même si on
informe les individus sur les risques auxquels ils peuvent être
confrontés, ces derniers n'en changent pas forcément leurs
comportements, en continuant de fumer, d'avoir une conduite rapide qui
dépasse les limitations de vitesse ou de ne pas porter certains
équipements nécessaires à leur protection comme la
ceinture de sécurité ou les casques de sécurité.
Quel est le lien entre danger, représentation du risque
et comportements de sécurité ? Si nous souhaitons nous
intéresser à la formation des personnes à la
maîtrise des risques, nous devons considérer l'approche
individuelle du risque comme élément fondateur pour
l'actualisation ou la création de cahiers des charges de formation. En
effet, les notions de gravité et de fréquence d'occurrence ne
sont pas les seuls éléments pris en compte par les
opérateurs.
D'autres variables de dimensions psychosociologiques ou
cognitives modifient la perception du risque et sont par conséquent
susceptibles d'influencer plusieurs piliers constitutifs d'une démarche
de prévention des risques. A ce titre, les analyses d'accidents, les
campagnes de prévention ou la formation professionnelle doivent prendre
en compte ces aspects.
Généralement, les formations à la
maîtrise des risques sont basées sur des aspects informationnels
qui laissent à la marge les aspects comportementaux. On part du principe
qu'une fois l'information donnée, les comportements de
sécurité s'effectueront de manière appropriée et
adéquate selon le message délivré. Mais ce lien n'est pas
si évident.
En effet, les comportements de sécurité sont
souvent plus élevés que le risque en lui même : d'un
danger, peut se déduire plusieurs risques impliquant eux même une
quantité importante de comportements de sécurité.
Ce mémoire est l'aboutissement d'une période de
stage réalisée sur la centrale nucléaire de Cruas Meysse
au sein du service de la formation continue. La commande initiale
prévoyait, dans le cadre d'une future certification d'un système
de management de la sécurité et santé au travail (OHSAS
18001), la mesure des écarts entre les obligations réglementaires
de formation relatives à la sécurité et la santé au
travail et les pratiques effectives du site. Cette caractérisation
devait permettre la définition d'un plan d'action de formation
adapté aux agents EDF concernés.
D'une manière générale, et au delà
des exigences de formalisation et de conformité aux obligations
légales de formation, il s'agissait d'appréhender, au coeur de la
situation de travail et de son organisation, des indicateurs pouvant permettre
l'amélioration continue de la performance des salariés et mis au
service des animations pédagogiques qu'elles soient informative,
sensibilisatrice ou formative.
La valeur ajoutée d'une action de formation
dépend de la bonne définition des objectifs pédagogiques.
Ceux-ci doivent pouvoir s'inspirer des particularités d'une situation de
travail, en particulier des éléments
« clés » qui la structurent. Pour le domaine qui
nous intéresse, l'étude s'inscrit principalement dans le champ
comportemental de l'individu en situation de travail qui présente des
risques dans un environnement donné.
Aussi, l'analyse de situation réelle de travail peut
également permettre d'identifier certaines difficultés sur la
synchronisation entre les pratiques et le travail prescrit par le CNPE pour
viser à l'amélioration des cahiers des charges de formation. Nous
avons souhaité compléter la demande du CNPE par la prise en
compte de la dimension de la prescription interne en rapport avec
l'activité des agents dans un contexte où « la
sécurité est l'affaire de tous ». Nous nous sommes donc
intéressés à un second type de distance, celui de
l'écart entre la prescription et l'activité réelle du
travail dans un système complexe et dynamique, ainsi qu'à ses
incidences en terme de prévention des risques professionnels..
Cette approche sera le prélude d'une démarche
plus « locale » de l'activité pour identifier les
concepts qui en permettent la conduite en nous basant sur la théorie des
champs conceptuels. Le but est de prévenir le risque d'une
pédagogie standardisée et déconnectée des
spécificités de l'organisation, en vue de proposer un cahier des
charges de formation à la prévention des risques chimiques. La
source de notre réflexion sera celle des théories prévues
pour le développement des compétences de l'enfant en situation
quotidienne, mais qui peuvent s'adresser dans une certaine mesure aux adultes
en situation professionnelle, notamment par la place de la conceptualisation
dans le développement des compétences.
Une seconde approche de l'activité des agents nous
permettra d'identifier certains indicateurs pouvant permettre de comprendre la
genèse des accidents fréquents de plain-pied, qui ne fait pas
logiquement l'objet d'un prescriptif spécifique, mais qui pose question
en raison de son aspect équivoque : alors qu'il peut faire sourire,
il est également susceptible de blesser gravement ou mortellement.
L'objectif est de rendre plus lisible les représentations du risque
propres à chaque acteur, à différents échelons
hiérarchiques et dont les tâches interviennent à
différents niveaux de temps, dans une logique organisée.
Nous consacrerons la première partie de l'étude
à présenter les principales caractéristiques de la
prévention des risques, sa dimension normative et les principales
notions qui la sous tendent. Ce cadrage permettra de cerner les enjeux du
domaine.
Puis, avec le souci de clarification de l'étude, il
nous a paru nécessaire de présenter, au sein d'un champ
d'investigation potentiellement très large, une description du contexte
qui n'est donc pas exhaustive. A coté du système d'exploitation
de la centrale, nous avons ainsi orienté nos analyses sur les aspects
qui nous permettaient d'asseoir nos réflexions et qui seraient
susceptibles de rendre opératoires nos préconisations :
l'importance de la prescription dans un système à risque,
l'activité de surveillance et d'appui transversale à tous les
métiers du CNPE, ou les questions relatives à la fiabilisation
des interventions.
Par la suite, deux axes de travail sont proposés. Nous
nous consacrerons dans un premier temps à la présentation de la
méthodologie employée pour détenir les indicateurs
destinés à comprendre pourquoi, à un moment donné,
l'agent n'a pas été en mesure d'assurer son équilibre
corporel dans un environnement où la sécurité et la
sûreté sont des enjeux majeurs.
Puis, toujours dans l'optique de réduire les distances
entre la tâche prescrite et la tâche réelle, il s'agira de
montrer dans quelle mesure l'expérience d'un agent, dans un
environnement dont il ne peut en saisir tous les composants, peut assurer la
maîtrise d'un risque, et de présenter la méthodologie
utilisée dans la conception d'une action de formation à la
prévention du risque chimique, afin de soutenir cette expertise.
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