Mondialisation, pauvreté et inégalité : Cas des quelques pays en développement et pays en transition( Télécharger le fichier original )par Patrick LUSENGE NDUNGO Université de Kinshasa - Licence en sciences économiques et de gestion 2005 |
I.4. Existe-t-il un lien entre commerce international, pauvreté etinégalité ?Dans une étude de l'organisation mondiale du commerce sur le Commerce international, disparités des revenus et pauvreté (2000), il a été relever que les liens entre commerce international et pauvreté ne sont pas aussi directs et immédiats que les liens qui existent entre la pauvreté et les politiques nationales dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la réforme foncière, du micro crédit, des infrastructures, de l'amélioration de la gestion des affaires publiques, etc. Dans cette même étude, le Professeur Dan Ben David de l'Université de Tel-Aviv, analyse en profondeur les interactions entre commerce international, croissance économique et disparités internationales des revenus. La principale conclusion à laquelle il aboutit est que, dans une économie mondiale caractérisée par un écart de revenus croissant entre pays riches et pauvres, le commerce peut contribuer à faire converger les niveaux de revenus. Parallèlement, il constate que dans les pays qui ont opté pour la libéralisation, cette convergence s'accompagne d'une croissance plus rapide. En outre le Professeur L. Alan Winters de l'Université du Sussex, examine les différents mécanismes par le biais desquels le commerce international peut influer sur les perspectives économiques des pauvres. Il conclut que la libéralisation du commerce international contribue généralement à la réduction de la pauvreté car elle aide les gens à réaliser leur potentiel de production, stimule la croissance économique, limite les interventions arbitraires des pouvoirs publics et aide à résister aux chocs. Toutefois, la plupart des réformes auront un coût pour certaines catégories de la population (parfois même un coût durable) et pourraient aggraver temporairement la pauvreté. En pareil cas, la politique appropriée consiste à soulager les personnes les plus touchées et à faciliter l'ajustement plutôt qu'à abandonner le processus de réforme. Enfin, l'auteur donne une liste de points à examiner pour aider les responsables à évaluer l'impact de la réforme du commerce extérieur sur la pauvreté. Selon Bruno, Ravallion et Squire dans étude en 1998 : « très peu de pays ont connu une augmentation ou une diminution tendancielle significative des inégalités sur les dernières décennies. » Compte tenu de cette apparente stabilité, les inégalités à l'intérieur de pays ont été expliquées comme le résultat de ses caractéristiques structurelles, telles que la répartition de la terre, le système politique, le niveau d'éducation ou encore les croyances religieuses [cf. Gradstein et al. (2001)]. Deux études récentes ont introduit l'ouverture commerciale parmi les variables permettant d'expliquer les inégalités dans différents pays, arrivant à des conclusions quasiment opposées32(*). Dollar et Kraay (2001) ont trouvé que la consommation ou les revenus du quintile le plus pauvre de la population augmentent au même taux que le revenu par habitant du pays. Cette relation n'est pas affectée par les réformes économiques, ouverture commerciale comprises. Seule la lutte contre l'inflation est associée à une réduction des inégalités. Sur la base de ces résultats, la mondialisation ne peut pas être considérée comme une source d'inégalités accrues. D'un autre côté, Lundberg et Squire (1999) ont trouvé que l'ouverture commerciale conduisait à des inégalités plus fortes. Cet effet n'est pas statistiquement significatif pour les deux quintiles les plus pauvres de la population, mais il devient plus important (et fortement significatif) pour les quintiles les plus riches. L'effet de l'indice de Gini est, lui aussi, statistiquement significatif. Réconcilier ces résultats n'est pas une tâche aisée [cf. Ravallion (2001)]. Plutôt que d'essayer de les reproduire, nous tacherons, dans la partie empirique à vérifier la significativité du lien entre commerce international, pauvreté et inégalité car en réalité, le commerce international peut avoir des effets, tant négatif que positifs, sur les perspectives économiques des pauvres. CHAPITRE II : LA THEORIE DU COMMERCE INTERNATIONAL Au chapitre I nous avons abordé les considérations théoriques sur les concepts de mondialisation, de pauvreté et d'inégalité. Ceci nous a permis de mieux appréhender les différents contours de ces phénomènes et plus pratiquement les mesures (métriques) par le biais desquelles ils sont captés. Dans ce chapitre, nous abordons la théorie du commerce international qui constitue la justification théorique d'un commerce équitable à l'échelle mondiale. Ainsi, nous tenterons de répondre théoriquement aux questions essentielles liées à la relation entre commerce international et croissance économique et plus pratiquement à la relation entre commerce international et pauvreté. * 32 Rama M., Globalization, inequality and Labor Market Policies, Worldbank, Washington, 2001, p.46 |
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