Section II : L'évolution de la place
Casablancaise, du début des années 70 à nos jours
Le visage des bourses de valeurs a profondément
changé au cours des quarante dernières années.
Traditionnellement perçues comme de vénérables
institutions chargées de veiller au bon déroulement des
transactions boursières, elles sont désormais soumises à
un impératif de compétitivité vis-à-vis de
prestataires concurrents
Rappelons que le Maroc a institué une bourse sous forme
d'établissement public doté de la personnalité juridique
et de l'autonomie financière de puis 1966, après qu'elle ait
fonctionné avant l'indépendance sous l'appellation d'office de
cotation des valeurs mobilières. De même que pour permettre une
large diffusion de titres dans le public, et ne pas limiter l'accès du
marché aux seuls intervenants institutionnels, il fut crée la
même année, une société nationale d'investissement
(SNI) dont l'objet était d'élargir le marché boursier par
des émissions diverses.
En effet, l'examen de l'activité de la bourse,
révèle clairement un manque de
dynamisme et de vitalité au sein de ce pauvre
marché.
Quel est donc le bilan de plus d'un quart siècle de
fonctionnement de cette institution?
Paragraphe 1 : La décennie 70, Une phase oisive du
marché boursier
L'examen du chiffre d'affaires de la bourse révèle
sa faiblesse et sa très lente progression, ce qui exprime sa place
marginale dans le financement de l'économie malgré les voeux des
plans.
Ce chiffre d'affaires a certes connu quelques
améliorations à l'occasion des opérations de
marocanisation consécutives au Dahir de 1973, à titre indicatif,
le chiffre d'affaires en 1975 atteint son niveau record avec un montant de 212
millions de dirhams, mais il s'est dégradé fortement jusqu'aux
années 80 où l'introduction à la cote des emprunts
nationaux lui a apporté quelque vigueur.
Quoi qu'il en soit lorsqu'on rapporte le chiffre d'affaire total
de la bourse au volume de la formation brute du capital fixe (F.B.C.F), on
relève l'extrême modestie de la contribution de cette institution
au financement de l'investissement au Maroc (2,65%).
Paragraphe 2 : La décennie 80, une phase de
transition
Depuis 1983, les transactions se sont affermées en hausse
grâce à l'introduction à la cote officielle de deux
emprunts d'Etat à 3 ans, et aux mesures d'incitation fiscale de la loi
de finance de 1983, qui a supprimée la retenue à la source sur
les produits des parts sociales et des actions instituées par la loi des
finances de 1978.
Ainsi, pour l'ensemble des marchés, le chiffre d'affaires
s'élève à 146 millions de dirhams, tous les marchés
sans exceptions sont en avance. Cela dénote une situation tout à
fait nouvelle. En effet, depuis de longue date, on a pas assisté
à une pareille évolution.
Pour ce qui est des caractéristiques de l'offre et de la
demande au sein de la bourse, on peut relever un phénomène de
concentration qui reflète la polarité du marché et qui
s'ajoute à son exiguïté.
Au niveau de l'offre les sociétés cotées ne
représentent qu'une fraction marginale du total des
sociétés patentées, à titre indicatif de 14 000
sociétés patentées en 1986, 76 seulement sont
cotées en bourse des valeurs de Casablanca. Ce phénomène
se confirme par la rareté des introductions nouvelles qui laissent
écouler parfois, plusieurs années avant de se manifester.
Au niveau de la demande, la concentration provient à la
fois de la prépondérance des investisseurs institutionnels et du
phénomène des cessions directes entre partenaires de mêmes
groupes.
En ce qui concerne le chiffre d'affaires d'une part, on constate
qu'il a évolue durant cette phase avec un rythme modeste 396 en 1987,
d'autre part, et quand on s'intéresse à la capitalisation
boursière, on constate qu'on est encore à l'ère
préhistorique.
Pour conclure, on peut confirmer que l'activité sur le
marché boursier national est restée jusqu'à la veille de
l'annonce officielle du programme de privatisation limitée, et loin en
deçà du potentiel de l'économie nationale.
Cette situation trouvait sa justification essentiellement, dans
la marginalisation de ce marché, en tant que source de financement pour
les entreprises marocaines. C'est ce n'est qu'après l'adoption de la loi
sur la privatisation 1989, que le marché a commencé de sortir de
sa léthargie.
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