UNIVERSITE LIBRE DE KIGALI (ULK)
CAMPUS DE GISENYI
B.P. : 243 Gisenyi
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET GESTION
DEPARTEMENT DE DEVELOPPEMENT RURAL
ROLE DES COOPERATIVES DES THEICULTEURS DANS LA STABILISATION
DES PRIX DU THE AU RWANDA. CAS DE LA COOPERATIVE DES THEICULTEURS DE
GISOVU-MUKO (COOTHEGIM) PERIODE 2002-2007
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du grade de
Licencié en Développement Rural
Par NZAMURAMBAHO Innocent
Directeur : CCA. RUHARA MULINDABIGWI Charles
Codirecteur : Ass. RUTERAHAGUSHA Roger
Gisenyi, février 2008
DEDICACE
A notre regrettée mère,
A vous KANYANDEKWE Zackarie pour
qui les mots manquent pour vous remercier, pour tant de sacrifices et
peines consenties pour faire de nous ce que nous sommes devenu aujourd'hui.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à
exprimer toute notre joie de voir sortir ce travail, qui, n'aurait pas vu le
jour, sans le recours des différentes personnalités.
Nos vifs remerciements s'adressent premièrement au
Promoteur et Président de l'Université Libre de Kigali, le
Sénateur Rwigamba Balinda pour son initiative de promouvoir
l'éducation au Rwanda.
Ensuite, nous remercions le CCA. RUHARA Charles et
RUTERAHAGUSHA Roger qui ont accepté d'en assurer respectivement la
direction et codirection. Les conseils et les directives qui ont
émané de leur expérience en son les piliers.
Notre gratitude s'adresse aussi au FARG pour son soutien
financier et matériel.
Nos sincères remerciements s'adressent à tous
les Professeurs de l'ULK en général et ceux de la Faculté
des Sciences Economiques et Gestion, département de Développement
Rural pour ce qu'ils ont fait durant notre formation.
Toute notre famille, surtout NTAGARA Jean Marie Vianney et les
membres de l'association des Orphelins Rwandais, ont travaillé jour et
nuit pour que nous puissions parachever nos études, nous disons merci.
Nous remercions également le personnel de
l'OCIR-Thé, du District de Karongi, de l'Usine à Thé de
Gisovu ainsi que celui de la COOTHEGIM nous ont facilité accès
à leurs archives. Ils ont répondu aux questions que nous leur
avons posées.
Enfin, Nous remercions tous les compagnons de lutte, avec qui
nous avons partagé les souffrances .Nous réitérons
nos remerciements à tous les amis et à notre famille
élargie.
NZAMURAMBAHO
Innocent
SIGLES ET ABREVIATIONS
AET: Association
des Exportateurs de Thé
|
APPT : Association des Pays Producteurs de Thé
|
BUCO : Bureau de Coordination
|
CACAM : Coopérative des Agriculteurs du Café
dans le secteur Mubuga
|
CCI : Centre du commerce International
|
CDF: Common Development Fund
|
CNUCED : Conférence des Nations-Unis pour le Commerce et
le Développement
|
COOTHEGIM : Coopérative des Théiculteurs de
Gisovu-Muko
|
FARG: Fonds d'Assistance aux Rescapés du
Génocide
|
FMI : Fond Monétaire International
|
FRW : Francs Rwandais
|
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture et de
l'Elevage
|
MINICOM : Ministère de Commerce, de l`Industrie, du
Tourisme et des Coopératives
|
OCIR: Office des Cultures Industrielles du Rwanda
|
OIT : Organisation Internationale du Thé
|
PDD: Plan de Développement du District
|
PMA : Pays les Moins Avancés
|
PPPMER: Promotion des Projets de Petites et Moyennes Entreprises
au Rwanda
|
RDC: République Démocratique du Congo
|
USD : United States Dollar (Dollar américain)
|
LISTE
DES TABLEAUX
Tableau 1 : Production de feuilles
vertes
26
Tableau 2 : Production de thé
noir
28
Tableau 3 : Durée de participation des
membres
44
Tableau 4 : Etendu de la parcelle
44
Tableau 5 : Sorte d'intrants distribués
par la COOTHEGIM
45
Tableau 6 : Approvisionnement en
matériaux agricoles
47
Tableau 7 : Participation aux
formations
48
Tableau 8 : Octroi de crédits à
court et moyen terme
49
Tableau 9 : Les différentes qualités
pour le thé de Gisovu
52
Tableau 10 : Evolution du prix nominal aux membres
de la COOTHEGIM de 2002 à 2007
54
Tableau 11 : Interaction COOTHEGIM/Usine
à thé Gisovu
69
Tableau 12 : Interaction
COOTHEGIM/OCIR
69
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Production mondiale de
thé
17
Figure 2 : Evolution du prix moyen du
thé depuis 1989
19
Figure 3 : Evolution de la production mondiale
1990- 2006
60
Figure 4: Evolution du prix nominal aux membres de
COOTHEGIM
63
Figure 5 : Prix réel aux membres de la
COOTHEGIM
63
LISTE DES ANNEXES
Annexe I : Questionnaire
Annexe II : Arrêté ministériel dotant de la
COOTHEGIM d'une
personnalité juridique
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX
v
LISTE DES FIGURES
vi
LISTE DES ANNEXES
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
1. CHOIX ET INTERET DU SUJET
1
1.1. Intérêt personnel
1
1.2. Intérêt académique et
scientifique
2
1.3. Intérêt social
3
2. DELIMITATION DU SUJET
3
4. HYPOTHESES
7
5. OBJECTIFS DU TRAVAIL
8
5.1. Objectif global
8
5.2. Objectifs spécifiques
8
6. TECHNIQUES ET METHODES
8
6.1. Techniques
8
6.2. Méthodes
10
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
11
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET
CONCEPTUEL
12
I.1. Le thé dans le monde
12
I.1.1 Introduction
12
I.1.2. Historique
12
I.1.3 Culture
12
I.1.4 La cueillette
13
I.1.5. Procédés de fabrication du
thé
14
I.1.5.1. Feuilles de théier
14
I.1.5.2. Thé vert
14
I.1.5.3. Thé jaune
14
I.1.5.4. Thé blanc
15
I.1.5.5. Le thé noir
15
I.1.5.6. Les thés parfumés ou
aromatisés
15
I.1.5.7. Composition et vertus du thé
15
I.1.5.8. Thé au lait
16
I.1.6. Économie du thé
16
I.1.6.1. Vue d'ensemble
16
I.1.6.2. Répartition de la production
mondiale du thé en 2004
17
I.1.6.3. Production
17
I.1.6.4. Échanges
18
I.2. Thé au Rwanda
19
I.2.1. Historique du Secteur Théicole au
Rwanda
19
I.2.2. Conditions climatiques et
géographiques
20
I.2.2.1. Climat
20
I.2.2.2. Conditions géographiques
21
I.2.3. Gestion des plantations et des
usines
22
I.2.3.1. Les plantations
22
I.2.3.2. Les usines
24
I.2.4. Impact économique du secteur
théicole
25
I.2.4.1. Production de feuilles vertes
26
I.2.4.2. Production de thé noir
28
I.2.4.3. Nombre et niveau des employés
29
I.2.4.4. Importance économique
30
I.4. Coopérative
35
I.5. Association
36
I.6. Stabilisation des prix
36
CHAPITRE II : ROLE DE LA COOTHEGIM
DANS LA STABILISATION
DES PRIX DU THE
38
II.1. présentation de la COOTHEGIM
38
II.1.1. Région
38
II.1.2. Historique
40
II.1.3. Superficie cultivée et
équipement
40
II.2. OPERATIONNALISATION DE L'ENQUETE
41
II.2.1. Méthodologie
41
II.2.2. Description de l'échantillon
42
II.3. Présentation et analyse des
résultats
45
II.3.1. Appui de la coopérative envers ses
membres
45
II.3.1.1. Approvisionnement en Intrants
agricoles
45
II.3.1.2. Approvisionnement en matériaux
agricoles
46
II.3.1.3. Formation sur les techniques modernes de
théiculture
48
II.3.1.4. Octroi de crédits à court
et à moyen terme
49
II.3.2. Marché des gourmets et des
spécialités
51
II.3.3. Evolution de la qualité du
thé de Gisovu-Muko
52
II.4. Importance socio économique de la
COOTHEGIM dans la région de Gisovu-Muko
54
II.4.1. Importance économique
54
II.6.2. Importance sociale
55
CHAPITRE III : LIMITES DE LA COOTHEGIM
DANS LA
STABILISATIONDES PRIX DU THE
59
III.1. Le commerce mondial du thé
59
III.1.1. Offre et demande
59
III.1.2. Evolution des cours mondiaux
61
III.1.2.1. Instabilité des prix au niveau
mondial
61
III.1.2.2. Instabilité des prix au niveau
local
62
III.2. Exposition des agriculteurs au risque des
prix
66
III.2.1. Risques liées aux imprévus
climatiques et temporels
66
III.2.2. L'usine, la COOTHEGIM et les exportateurs
face au risque de
67
prix
67
III.2.3. Faible intervention de l'Etat dans la
gestion de risque de prix
68
III.2.4. Faible interaction COOTHEGIM OCIR
69
III.3. Stratégie de commercialisation
70
III.3.1. Objectifs de commercialisation
70
II.3.2. Libéralisation effective des
activités du secteur thé
71
III.3.3. Le rôle de l'Etat dans la protection
des producteurs
72
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
74
1. CONCLUSION GENERALE
74
2. SUGGESTIONS
79
BIBLIOGRAPHIE
81
INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
1.1. Intérêt
personnel
L'agriculture est une activité onéreuse mais
aussi un tremplin pouvant permettre progressivement aux paysans d'avancer si et
seulement si d'autres conditions, notamment la commercialisation de la
récolte à un bon prix, sont réunies. C'est pourquoi notre
sujet n'est pas un fait de hasard.
Dans la vie quotidienne, nous avons été
frappé par l'ampleur de l'instabilité des prix du thé
ainsi que l'impact négatif que cette situation a sur les
théiculteurs. Ceci se fait particulièrement sentir auprès
des membres des coopératives des théiculteurs, (dont les membres
de la COOTHEGIM) qui avaient pourtant trouvé refuge dans ces
associations pour échapper à la loi du plus fort.
Cependant, vue que certaines associations de
théiculteurs ne maîtrisent guère les changements
fréquents des prix observés sur le marché et qui sont
liés à plusieurs facteurs de la loi de l'offre et la demande,
nous avons voulu mener une étude visant à évaluer les
perspectives et les limites de leur rôle dans la prise de décision
en tant que producteurs. Le présent travail sera dans la vision et dans
la promotion du rôle des coopératives des théiculteurs dans
la prise de décision sur le prix de leur production. Par ailleurs, ce
travail est pour nous un important exercice intellectuel, pratique et formatif
qui permet de jeter une nuance entre les connaissances théoriques que
nous avons eues sur la méthodologie de la recherche et la
réalité de recherche sur terrain.
1.2. Intérêt
académique et scientifique
Dans les régions théicoles de notre pays, la
culture du thé occupent plus de 90% d'activités
génératrices de revenues. Pour que les recettes de cette
activité puissent être à la base du développement
des populations qui s'adonnent à la théiculture, il est essentiel
de mieux comprendre quelles sont leurs forces et faiblesses dans la prise de
décision en ce qui concerne la fixation du prix de leur produit.
A notre connaissance, aucune étude sur le rôle
des associations de théiculteurs dans la stabilisation des prix
liés à la commercialisation du thé n'a été
effectuée au Rwanda. Les quelques travaux qui ont été
menés sur les théiculteurs se focalisent essentiellement sur la
contribution du secteur théicole dans l'amélioration de situation
socioéconomique de la population mais n'accordent pas d'importance
à la commercialisation de la récolte.
Les résultats issus de ce travail fourniront des
données de base dans l'élaboration de plan d'action en
matière de gestion des prix du thé ou dans la politique de mise
sur pied des coopératives de théiculteurs.
Sans doute, les propositions et les recommandations qui seront
données, aideront les planificateurs du domaine social et
économique du MINAGRI, de l'OCIR Thé et du district de Karongi et
serviront de documentation aux futurs chercheurs. En plus de cela,
l'étude est menée pour répondre à l'exigence
académique de faire un mémoire à la fin du deuxième
cycle universitaire qui sera accomplie avec ce travail de recherche.
1.3. Intérêt
social
Les résultats de cette étude seront
bénéfiques aux membres de la COOTHEGIM en particulier et aux
membres de toutes les coopératives de théiculteurs en
général. Ils y trouveront notamment les lois qui régissent
la fixation des prix du thé ainsi que leur rôle dans ce processus
si complexe.
2. DELIMITATION DU
SUJET
Notre travail est limité dans le temps, dans l'espace
et dans le domaine. Dans le temps, cette étude s'étend sur une
période allant de 2002 à 2007. Le choix de repère temporel
vise l'étude exacte de la réalité sur terrain. Il se
justifie d'abord par le fait que les textes légaux portant
création de la COOTHEGIM ont été ratifiés le 4 mars
2002. Ce repère se justifie ensuite par notre présence physique
dans le milieu. En effet, c'est à cette année que nous avons
commencé à nous intéresser à la théiculture
dans la région de Gisovu-Muko.
Dans l'espace, notre champ d'investigation est la
Coopérative des Théiculteurs Gisovu-Muko.
Dans le domaine, l'étude est faite le cadre du cours de
d'Animation et Gestion de la Coopérative.
3. PROBLEMATIQUE
Le thé et le café occupent la deuxième
place, après le pétrole, dans les échanges mondiaux et
revêt une extrême importance pour un grand nombre de pays les moins
avancés (PMA)(UNICTAD, 2007 :48). Ils jouent un grand rôle
dans les échanges monétaires entre les pays
développés et les pays en voie de développement. Depuis
plusieurs années, le prix de ces denrées n'a connu aucune
stabilité. Et, l'on s'est souvent posé la question de savoir qui,
entre l'acheteur et le vendeur a plus de poids dans la fixation de leurs
prix.
En effet, le thé et le café sont cultivés
et exportés par plus de 70 pays en développement dans les zones
tropicales et subtropicales mais les pays développés en
consomment la plus grande partie. Dans certains pays en voie de
développement, comme c'est le cas du Rwanda, c'est plus de 70% des
recettes d'exportation qui proviennent du thé et du café. (Source
: Statistique FMI, 2006 : 25)
Source d'emploi considérable, le thé à
lui seul occupe 20 millions de personnes dans le monde. La consommation
mondiale en 1998 était de 76.6 millions de sacs avec en tête les
Etats-Unis. L'Allemagne occupe la seconde place suivie de la France, du Japon
et de l'Italie. Avec plus de 400 milliards de tasses consommées chaque
année, le thé est la boisson la plus populaire au monde,
après l'eau. La consommation par tête d'habitant est
élevée dans les pays nordiques suivis par d'autre pays d'Europe
et les Etats-Unis. La consommation dans les pays producteurs est faible, seul
la Chine, la Turquie, le Japon, le Venezuela, l'Inde et l'Indonésie ont
une consommation intérieure importante. [Guide de l'exportateur,
2006 : 3]
Ces dernières années, les cours mondiaux de ce
produit de base n'ont cessé de fluctuer pour connaître les cours
les plus bas en 2002. De plus, la suspension des contingents à la fin de
l'année 1999 n'a pas résolu le problème du
déséquilibre persistant entre l'offre (production et stock de
report) et la demande.
Dès lors, un certain nombre de pays exportateurs ont
révisé leur politique d'exportation. Le grand changement fut la
suppression des offices de commercialisation jouissant d'un monopole et la
suppression des caisses de stabilisation. Ces pays se sont lancés sur la
voie de la libéralisation de l'exportation du thé en choisissant
une privatisation progressive ou radicale.
Avec la libéralisation du secteur thé et la
privatisation de plusieurs usines à thé dans notre pays, les
théiculteurs se sont regroupés dans des coopératives, seul
moyen, selon le plan stratégique développé par l'OCIR
(Rapport annuel 2004) pour qu'ils aient un mot à dire sur le
marché de leur production. Plusieurs coopératives,
communément appelées Coopthés ont vu le jour au cours de
la décennie 1995-2005.
Toutes ces coopératives ont
bénéficié d'un suivi particulier de la part de l'OCIR qui
a formé des agronomes pour cet effet (OCIR, Rapport annuel 2004 :
46). Les agronomes ont reçu l'ordre d'aider ces coopératives
naissantes à pouvoir peser lourd sur le marché du thé au
Rwanda et dans le monde. Ils ont assisté dans la distribution des
intrants agricoles et autres fertilisants pour relever la qualité et la
quantité du thé produit. Les théiers vieillis ont
été remplacés par de nouveaux plants jugés par les
experts de l'OCIR de « semences
sélectionnées ». Etant données toutes ces
conditions qui visaient à favoriser l'évolution du prix du
thé du Rwanda à partir de l'amélioration de sa
qualité, les théiculteurs devraient avoir eu un mot sur le
marché. Le prix réel du thé devrait, par la même
occasion, monter très sensiblement.
Cependant, malgré une nette amélioration de la
qualité et une augmentation de la quantité du thé
rwandais, les prix n'ont guère évolué. Ils ont
stagné voire chuté à certains endroits, comme dans la
Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko. Des recherches
antérieures, comme celle de Joseph Ntamatungiro (1998) ont montré
que lorsque les fluctuations du prix proviennent essentiellement de l'offre, le
producteur profite de la stabilisation alors que le consommateur en est fort
lésé. L'auteur a aussi montré que la stabilisation des
prix n'aboutissait pas nécessairement à la stabilisation des
recettes suite au problème de partage des gains.
La CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le
Commerce et le Développement) a publié ces dernières
années beaucoup de travaux de réflexion sur la gestion de risque
lié à la fluctuation de prix des matières
premières. Que ce soit les produits agricoles ou miniers, ils sont d'une
importance capitale dans l'économie des pays en développement et
en émergence. Ces derniers ont souvent besoin d'un appui technique pour
la bonne gestion de ces secteurs d'activité stratégiques.
A l'instar de toutes ces révélations,
différents auteurs ont données leurs avis selon les recherches
qu'ils avaient menées. Les uns ( comme l'OCIR Thé, 2004)
affirment que les producteurs, s'ils sont regroupés dans des
coopératives, peuvent imposer un prix de leurs produits tandis que les
autres (comme Joseph Ntamatungiro,1998 : 56) affirment le contraire. Selon
cet auteur, quoique fassent les producteurs sur terrain, le prix restera le
panage de l'acheteur, surtout en ce qui concerne les matières
premières du secteur agricole. Pour clôturer ce point, voici
quelques questions qui nous serviront de guide dans notre travail.
1. Quel est le rôle de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé ?
2. Quelles sont les limites de la COOTHEGIM dans son action de
stabiliser efficacement les prix du thé ?
4. HYPOTHESES
Les hypothèses sont des éléments des
réponses anticipées aux problèmes soulevés dans le
départ. Elles sont des propositions qui peuvent être
confirmées ou infirmées ou nuancées selon le cas
précis.
D'après BRAY et HOHMANN Y. (1998 :37-39),
l'hypothèse est la pierre angulaire du travail de recherche. Elle est le
fil conducteur d'un travail scientifique. Cette étude se base sur les
travaux antérieurs, les rapports et les enquêtes sur terrain pour
tester les hypothèses suivantes:
· La COOTHEGIM contribue dans la stabilisation des prix
du thé au Rwanda en améliorant la qualité du thé
vert ; en approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres
matériels de base à un prix abordable et en formant ses membres
sur les techniques de culture et de production du thé.
· Malgré les efforts fournis par la COOTHEGIM pour
stabiliser le prix du thé de ses membres, elle est limitée par le
rapport entre la loi de l'offre et la demande et l'instabilité des prix
au niveau mondial.
5. OBJECTIFS DU
TRAVAIL
5.1. Objectif
global
L'objectif global de ce mémoire est d'évaluer le
rôle des coopératives théicoles dans la stabilisation des
prix du thé au Rwanda.
5.2. Objectifs
spécifiques
Les objectifs spécifiques sont :
· Passer en revue l'historique de la filière
thé au Rwanda et dans le monde ;
· Expliquer les activités que mène la
COOTHEGIM dans l'amélioration de la qualité et l'augmentation de
la quantité du thé de ses membres ;
· Expliquer les limites qui empêchent la COOTHEGIM
à jouer son rôle dans la stabilisation des prix du
thé ;
6. TECHNIQUES ET
METHODES
Pour atteindre nos objectifs, nous avons recouru à
quelques techniques et méthodes de recherche.
6.1. Techniques
Selon CHEVALIER (1978 :68), les techniques sont des
outils de recherche impliquant des procédés de collecte de
données adoptées et surtout au point de vue qui guide la
recherche. Les techniques suivantes vont être utiles lors de la collecte
des données :
· Technique documentaire : Cette technique nous a
permis d'accéder aux différentes théories existantes sur
les coopératives, la filière thé et la fixation des prix.
En plus, elle nous a procuré différentes données sur le
milieu étudié et sur la COOTHEGIM ;
· Technique d'interview : Cette technique a
été utile lorsque nous sommes allé chercher les
informations relatives à notre domaine de recherche ;
· Technique de sondage : Cette technique nous a
permis d'obtenir, sur base des échantillon choisis, les informations
relatives à notre sujet de recherche.
· Technique d'observation : Cette technique nous a
aidé à visiter les plantations du thé de Gisovu-Muko pour
y recueillir certaines informations. Ainsi, les contacts avec les
théiculteurs nous ont permis de constater ce dont ils ont besoin pour
peser lourd dans la fixation du prix de leur produit.
Technique d'échantillonage : Cette technique nous
a aidé à surmonter des contraintes de temps, de ressources
humaines et de financement. Il a été précisément
question de tirer de notre population cible (2500 théiculteurs membres
de la COOTHEGIM) un certain nombre de personnes sur lesquelles a porté
notre enquête.
6.2.
Méthodes
RWIGAMBA B. définit la méthode comme
étant un ensemble ordonné des principes, des règles et des
opérations intellectuelles permettant de faire l'analyse en vue
d'atteindre un résultat.
Les méthodes suivantes nous ont permis d'analyser les
données récoltées auprès de la COOTHEGIM.
· Méthode historique : Cette méthode a
permis de suivre l'évolution des prix du thé vert auprès
de la COOTHEGIM ;
· Méthode analytique : Cette méthode
nous a permis de faire une analyse systématique de toutes les
informations récoltées au cours de notre recherche ;
· Méthode statistique : Cette méthode
nous a aidé dans la présentation des données sous forme de
tableaux et de figures ;
· Méthode descriptive : Cette méthode
a été utile lors de la description de la COOTHEGIM.
7. SUBDIVISION DU
TRAVAIL
A part l'introduction, la conclusion et les suggestions, notre
travail comprend trois chapitres. Le premier chapitre présente le Cadre
Théorique et Conceptuel. Le deuxième chapitre traite de la
Contribution de la COOTHEGIM dans la stabilisation des prix du Thé. Le
troisième chapitre évalue les limites de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé sur le marché.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
I.1. Le thé dans le
monde
I.1.1 Introduction
Le thé est une
boisson stimulante, obtenue
par infusion des feuilles du
théier,
préalablement séchées et parfois fermentées
(Encyclopaedia Universalis 2001 : 3657). D'origine
chinoise, où il
est connu depuis l'Antiquité, le thé est aujourd'hui la boisson
la plus bue au monde après l'
eau. La boisson elle-même
peut prendre des formes très diverses : additionnée au lait
et au sucre, longuement bouillie avec des épices, préparée
dans de minuscules
théières...
Par analogie, le mot désigne, dans certaines régions, une
infusion préparée à partir d'autres plantes (par ex.
thé de tilleul) bien que l'on doit parler plus proprement de
tisane.
I.1.2. Historique
Selon la légende chinoise, l'utilisation du thé
comme boisson serait apparue en l'an 2737 avant notre ère, quand des
feuilles se seraient détachée d'un arbre pour tomber dans l'eau
chaude de l'Empereur
Shen
Nung. Des récipients à thé datant de la
dynastie Han
(dès -206 à 220) ont été retrouvées, mais
c'est sous la dynastie des
Tang (618 - 907) que
le thé a été clairement identifié comme la boisson
populaire (Quid, 2005 : 1526).
I.1.3 Culture
Le thé est cultivé dans le monde entier,
principalement en
Chine,
en
Inde, au
Sri Lanka, au
Taïwan, au
Japon, au
Népal, en
Turquie, au
Kenya, en
Tanzanie et dans toute la
région des grands lacs (Encyclopaedia Universalis, 2001 : 3658).
Le théier a besoin d'un climat chaud et humide, avec
une
saison
sèche peu marquée. En plantation (densité de 10 000
pieds par hectare), le théier est taillé pour ne pas
dépasser un mètre de haut, afin de faciliter la cueillette. Les
premières récoltes commencent au bout de trois à quatre
ans (Encyclopaedia Universalis, 2001 : 3658).
I.1.4 La cueillette
La cueillette s'effectue encore à la main, sauf au
Japon et en Géorgie où elle est mécanisée. Elle se
pratique plusieurs fois par an, jusqu'à quatre fois ou plus selon les
régions. Les cueillettes se font par round de 4 à 14
jours, le temps que le théier se renouvelle.
Les feuilles les plus jeunes sont vert clair. Ce sont les plus
riches en substance (
caféine,
tanin, etc) et celles qui
fournissent la boisson la plus goûteuse et la plus raffinée. A
l'extrémité des branches se trouve un bourgeon recouvert d'un
duvet blanchâtre et qui n'est autre que la jeune pousse enroulée
sur elle-même. Ce bourgeon est particulièrement recherché.
Plus on redescend sur la branche, plus les feuilles sont larges et moins la
boisson sera savoureuse.
On effectue donc plusieurs sortes de cueillette suivant la
qualité recherchée de la boisson. Dans la cueillette dite
« impériale », on cueille uniquement le bourgeon
plus une feuille, dans la cueillette « fine », le bourgeon
plus deux feuilles et dans la cueillette normale, le bourgeon et trois feuilles
ou plus (Encyclopaedia Universalis 2001 : 3659).
I.1.5. Procédés de
fabrication du thé
I.1.5.1. Feuilles de
théier
Les différentes sortes de thés (noirs, verts,
jaunes, etc.) ne proviennent pas de différentes espèces de
théier, comme on l'a longtemps cru, mais sont obtenues en traitant
différemment les feuilles récoltées. Si les
opérations élémentaires sont simples à
décrire, les méthodes exactes sont des secrets industriels
jalousement gardés. En plus des opérations décrites
ci-dessous, les feuilles de thé sont parfois façonnées
à la main en boules, en fleurs, en dragons, etc. (Encyclopaedia
Universalis 2001 : 3660)
I.1.5.2. Thé vert
Le thé vert est un thé dont les feuilles,
après la cueillette, seront le plus souvent flétries et
chauffées à haute température, afin de neutraliser les
enzymes responsables de
l'oxydation. Elles seront ensuite roulées et séchées
plusieurs fois afin d'obtenir une forme particulière. On peut distinguer
deux méthodes principales pour obtenir du thé vert. La
méthode chinoise, d'une part, par laquelle les feuilles sont
chauffées dans de grandes bassines de cuivre placées sur le
feu ; la méthode japonaise, d'autre part, par laquelle les feuilles
seront chauffées à la vapeur, très brièvement, en
moins d'une minute, avant d'être roulées et
séchées.
I.1.5.3. Thé jaune
Thés d'origine
chinoise, les plus fins et souvent les plus rares des thés.
Très délicats, ils subissent une légère
fermentation à l'étouffée et leurs feuilles ne sont pas
travaillées. Seuls les bourgeons duveteux sont utilisés.
I.1.5.4. Thé blanc
Thés d'origine
chinoise, à l'instar des thés jaunes, ce sont des thés
très délicats qui, eux, ne subissent aucune fermentation. Les
trois premières feuilles, dont le bourgeon, peuvent être
présentes. Elles sont simplement séchées à l'air
libre.
I.1.5.5. Le thé noir
Les thés noirs sont issus d'un processus de fabrication
mis au point par les Britanniques, en Inde, au milieu du
XIXe siècle.
Les Britanniques se sont inspirés des méthodes chinoises, qu'ils
ont largement rationalisées et simplifiées, introduisant
notamment l'usage de machines (broyeuses, séchoirs, tamis, etc.).
I.1.5.6. Les thés
parfumés ou aromatisés
Une fois les feuilles de thé préparées,
des additifs peuvent être utilisés pour parfumer le thé
avant son infusion. Cela peut être des fleurs (
jasmin,
rose), des essences
(
bergamote,
citron) ou bien encore des
épices (
gingembre,
cardamome,
cannelle,
poivre noir,
clou de girofle,
muscade). Les
thés parfumés ou aromatisés peuvent être produits
à partir de n'importe quel type de thé : vert, blanc, noir.
Le plus souvent, ces arômes sont ajoutés à un thé
noir.
I.1.5.7. Composition et vertus
du thé
Une simple tasse de thé est un mélange complexe
de plus de 500 substances actives. Outre les différences liées
à la nature du thé, la durée d'infusion, la nature et la
température de l'eau entraînent une variabilité
extrême de la composition de la boisson.
Les principaux composants du thé sont l'
eau (environ 75 % du
thé « sec »), des
tanins (environ 4 %),
des
protéines
(~4 %, seule l'
albumine est soluble dans
l'eau), des
lipides (moins de 1 %),
des acides organiques, des
vitamines (A, B, C, E, P),
des
minéraux (
potassium,
fluor,
phosphore,
magnésium) et
des centaines de substances aromatiques ou aux propriétés
pharmacologiques (
caféine,
théophylline,
théobromine,
etc.) (Quid 2005 : 1526-1527).
I.1.5.8. Thé au lait
De nombreuses études expérimentales et cliniques
antérieures ont révélé que le thé
exerçait un effet protecteur contre les maladies cardiovasculaires.
Toutefois, une étude allemande a prouvé récemment que, si
la consommation de thé noir permet d'améliorer de manière
significative la dilatation des artères par rapport à la
consommation d'eau chaude, l'ajout de lait a totalement supprimé les
effets du thé en raison de la présence des
caséines et de
la formation de complexes avec les
catéchines du
thé (Quid 2005 : 1528).
I.1.6. Économie du
thé
I.1.6.1. Vue d'ensemble
L'essentiel du thé est produit par de grandes
exploitations en Inde ou au Sri Lanka, à destination des grandes
entreprises de l'agro-alimentaire. À l'opposé de cette production
industrielle, de nombreux « jardins », plantations parfois
minuscules, fabriquent des thés très recherchés des
amateurs. Ces derniers peuvent se comparer aux très grands crus de vins
français, à la fois par leur rareté et par leur prix. Leur
économie échappe largement aux grands courants mondiaux
(Statistiques de la FAO, 2005 :25).
I.1.6.2. Répartition de
la production mondiale du thé en 2004
Figure 1 : Production
mondiale de thé
Source : Statistique FAO, 2005 :
26
I.1.6.3. Production
D'après la FAO (2005 : 26), en 2004, la production
mondiale de thé a atteint 3,15 millions de tonnes par an. Le principal
pays producteur est l'
Inde suivi par la
Chine,
le
Sri Lanka et le
Kenya. La
Chine
reste aujourd'hui le seul pays à produire toutes les familles de
thé (thé blanc, thé jaune, thé vert, thé
rouge et thé noir).
I.1.6.4. Échanges
a) Exportations
Selon la FAO (2005 : 27), La quantité de
thé produite augmente mais les échanges sont en baisse, les
exportations mondiales étaient de 1,4 millions de tonnes de thé
en
2003 et ont subi une diminution
de 2,6 % par rapport à l'année
2002. Ceci est principalement
dû à la forte diminution des exportations de l'Inde et de
l'Indonésie.
b) Importations
Les principaux importateurs de thé sont la
CEI
(Communauté des Etats Indépendants ex URSS), l'
Union
européenne, le
Pakistan, les
États-Unis, l'
Égypte et le
Japon. La quantité de
thé importée en 2004 a atteint 1,39 millions de tonnes, soit une
hausse de 1 % par rapport à l'année
précédente.
c) Prix
Figure 2 : Evolution
du prix moyen du thé depuis 1989
Sources :
FAOSTAT (2005 : 27)
Si
l'on observe cette figure, on remarque que les quantités importantes du
thé produites en 2003 n'ont que peu affecté les prix qui sont
restés relativement stables en 2003. Cependant, dans la plupart des cas,
le prix de thé connaît des hauts et des bas.
I.2. Thé au Rwanda
I.2.1. Historique du Secteur
Théicole au Rwanda
Selon
le Rapport d'évaluation de la filière thé au
Rwanda (2006 : 12) même si, depuis la deuxième guerre
mondiale, il y a eu des modestes tentatives de cultiver le thé au
Rwanda, ce n'est qu'à partir des années 60 que la culture
industrielle de thé fût vraiment introduite dans le pays. La
première unité théicole fût créée
à Mulindi (ex préfecture de Byumba) en 1960. Dix ans plus tard,
déjà, six unités étaient
opérationnelles.
En
1964, l'Office de Cultures Industrielles du Rwanda (OCIR) voyait le jour, avec
comme mission de gérer les filières théicoles et
caféicoles. En 1978, les deux offices
« café » et « thé » ont
été séparés, donnant naissance à
l'OCIR-Thé, chargé de la promotion théicole, d'en assurer
la gestion et d'en coordonner les moyens d'expansion.
En
1975, des importateurs de thé, en collaboration avec le gouvernement
rwandais (49%), mirent sur pied la première usine de thé
privée au Rwanda, Sorwathé.
Depuis
la création de l'unité de Mulindi, le secteur théicole au
Rwanda n'a pas cessé d'agrandir. En 1971, la production de thé
sec avait atteint 1.600 tonnes, dix ans plus tard il s'agissait de plus de
5.000 tonnes, et en 1990 presque 13.000 tonnes provenaient du pays. Le
génocide de 1994, avec son horrible destruction humaine et
matérielle, a eu des graves conséquences aussi pour le secteur du
thé, mais celui-ci c'est tout de même redressé très
vite pour atteindre en 2001 une production de près de 18.000 tonnes, un
niveau jamais connu auparavant (Rapport d'évaluation de la
filière thé au Rwanda, 2006 : 14).
I.2.2. Conditions climatiques
et géographiques
I.2.2.1. Climat
Le
Rwanda connaît un climat idéal pour la culture de thé,
favorisant la production de thé de première qualité. Les
températures sont douces et la gelée nocturne, qui se produit ici
et là aux hautes altitudes, est sans impact sur la production.
La
pluie est en général suffisante, même si la production de
beaucoup de plantations diminue pendant la saison sèche en août et
septembre. En 1999, pourtant, le Rwanda a subi les conséquences du
phénomène El Niño, qui a causé une longue
période de sécheresse, influençant de manière
significative la production de thé sec. Il y a une moyenne de 140 jours
de pluie et de 1239 mm (observations dans 6 des 9 plantations de
l'OCIR-Thé). Il faut en plus noter qu'il y a quelquefois des cas de
grêle qui ont joué sur la production du thé (Rapport OCIR
2004 : 37).
I.2.2.2. Conditions
géographiques
Nommé
le « Pays des mille collines », il est évident que
le Rwanda est géographiquement bien disposé à la culture
de thé. Surtout au long de la Crète Congo-Nil, qui traverse le
pays du nord-ouest au sud-ouest, les altitudes permettent la production de
thé de première qualité. Avec seulement quatre
unités théicoles implantées sur la Crète Congo-Nil,
elle a encore un grand potentiel d'exploitation, notamment dans les districts
de Karongi, Nyaruguru et Nyamagabe.
Aussi,
l'acidité du sol (dans les régions favorables à la culture
de thé en moyenne entre 4,5 et 5,5 Ph) contribue à créer
des conditions idéales pour la production de thé. En plus, le sol
dans l'ouest du Rwanda est volcanique, donc riche. Il faut noter finalement que
la culture de thé au Rwanda ne connaît presque pas de
problèmes d'insectes ou de maladies (Rapport OCIR : 2004 :
67).
Les
conditions mentionnées ci-haut, très favorables à la
culture de thé, ont comme conséquence que la qualité du
thé rwandais est parmi les meilleures du monde. Ainsi, en 1999 le
thé rwandais est produit en grande partie sous formes de grades
primaires (pf1, pf, pd, d1, bp1) selon ledit rapport.
I.2.3. Gestion des plantations et des usines
I.2.3.1. Les plantations
Selon
le Rapport d'évaluation de la filière thé au
Rwanda (2006 : 14), une superficie totale de 12.541 Ha était
exploitée pour la culture de thé au Rwanda en 2004. Les
plantations se présentent sous différentes formes selon
ledit rapport :
a)
Les blocs industriels (BI)
La
gestion de ces plantations est rattachée aux usines, elles sont
exploitées directement par l'OCIR-Thé. A l'exception de Shagasha
et Mulindi, toutes les usines de thé possèdent des blocs
industriels. Ces plantations font parti des unités à
privatiser.
La
superficie des BI s'élevait en 2004 à 4.002 Ha, ou 31,91% de la
superficie nationale des plantations (Rapport d'évaluation de la
filière thé au Rwanda, 2006 : 16).
b)
Les coopératives de théiculteurs
(Coopthés)
Ces
coopératives ont été créées dans le but
d'associer les agriculteurs à la mise en valeur des plantations et de
leur fournir, par la suite, une activité rémunérée
par le produit de celles-ci. Elles ont été appuyées par le
gouvernement rwandais. En 2004, la superficie des plantations exploitées
par les Coopthés était égale à 1.895 Ha, soit
15,11% de la superficie nationale des plantations de thé (Rapport
d'évaluation de la filière thé au Rwanda, 2006 :
17).
c)
L'Association de Planteurs de thé
(L'Assopthé)
Le
cas Assopthé (Association de Planteurs de Thé) se présente
seulement à Cyohoha-Rukeri. Les plantations gérées par
cette association ont été créées, comme les
Coopthés, par le gouvernement rwandais. La situation de
l'Assopthé ressemble à celle des Coopthés, la seule
différence fondamentale est que pour chaque membre de l'Assopthé,
un lot de 23 ares lui a été distribué et qu'il s'en occupe
personnellement, tandis que les plantations des Coopthés appartiennent
aux coopérateurs sans considération de parcelles
individuelles.
La
superficie des plantations de l'Assopthé s'élevait en 2004
à 852 Ha, 6,79% de la superficie nationale des plantations de thé
(Rapport d'évaluation de la filière thé au Rwanda,
2006 : 17-18).
d)
Les plantations villageoises (PV)
Ces
plantations sont réalisées par les agriculteurs, soit sur leurs
propres champs, soit sur des parcelles aménagées par
l'OCIR-Thé. On distingue ainsi deux types de PV :
· Les
plantations regroupées : des plantations cultivées dans des
marais, aménagées par l'état (OCIR-Thé), lequel y a
distribué des parcelles individuelles aux agriculteurs pour la culture
de thé ;
· Les
plantations isolées : des plantations de thé se trouvant sur
les collines et sises dans des parcelles familiales.
Il
existe des tentatives de regroupement des planteurs villageois dans certaines
unités théicoles pour se constituer en associations de planteurs
de thé. Certaines, comme à Mulindi, ont déjà
élaboré des statuts qui attendent l'agrément des
autorités compétentes.
En
2004, les plantations villageoises couvraient une superficie de 5.540 Ha, soit
44,18% de la superficie nationale des plantations de thé (Rapport
d'évaluation de la filière thé au Rwanda, 2006 :
18).
e)
Société Rwandaise des Théiculteurs
(Sorwathé)
Même
si Sorwathé, la première usine de thé privée au
Rwanda, achète une grande partie des feuilles vertes à
l'Assopthé Cyohoha-Rukeri, l'entreprise possède elle-même
des plantations d'une superficie de 252 Ha, soit 2,01% de la superficie
nationale des plantations de thé (Rapport d'évaluation de la
filière thé au Rwanda, 2006 : 19).
I.2.3.2. Les
usines
Certaines
usines sont détenues entièrement jusqu'à présent
par l'Etat ou elles sont semi-privées. La Sorwathé a
été la première usine à être partiellement
indépendante de l'Etat. 49% des actions de Sorwathé sont toujours
détenues par l'Etat rwandais, directement à travers
l'OCIR-Thé et indirectement par la Banque Rwandaise de
Développement, dans laquelle l'Etat a 56% des actions (Rapport
d'évaluation de la filière thé au Rwanda, 2006 :
19-20).
Sorwathé,
créé en 1975, a prouvé la viabilité d'une usine de
thé privée au Rwanda. En 2004, la société (ensemble
avec l'Assopthé) possédait 9% des plantations de thé au
Rwanda ; pourtant, elle a réalisé 23% de la production
nationale de feuilles vertes et 25% de la production de thé noir. En
atteignant en rendement de thé sec de 3.487 kg/Ha, Sorwathé
dépasse largement celui des blocs industriels de l'Etat, qui est de 841
kg/Ha. En 2004, la production de thé noir de l'usine a atteint 3.550 T.
Son chiffre d'affaires était de 1.558.258.374 Frw (#177;4mio$us) en
2001. Sorwathé emploie 570 travailleurs permanents et 1.000 temporaires
(Rapport d'évaluation de la filière thé au Rwanda,
2006 : 20).
I.2.4. Impact
économique du secteur théicole
Après
une guerre de 4 ans, le Rwanda a été bousculé en 1994 par
un génocide qui a coûté la vie à près d'un
million de personnes, et qui a laissé les infrastructures du pays en
ruines. Il est d'autant plus remarquable que, quelques années
après ces événements tragiques, le secteur théicole
au Rwanda a pu se redresser et a même atteint en 2004 une production de
thé noir jamais connue dans le pays.
I.2.4.1. Production de feuilles
vertes
Tableau 1 :
Production de feuilles vertes
Source
: OCIR Rapport 2006
A
travers ce tableau, on remarque qu'au cours de l'année 2005, la
production nationale de feuilles vertes a été de presque 78.000
T, après une chute en 2003, quand la production s'élevait
à 8.700 T, soit 13,2% moins que la production de 2002. Cette
retombée est surtout due à la sécheresse prolongée
(El Niño) qui a frappée non seulement le Rwanda mais toute la
région (Kenya, Ouganda, Éthiopie, ...).
Au
cours de deux semestres de 2003, pendant la saison pluvieuse, des engrais
chimiques ont été appliqués (notamment NPK 20-10-20 et,
dans certaines plantations, aussi KCL). La dose moyenne a été de
190 Kg/Ha. Ici aussi, la sécheresse a dérangé
l'application optimale des engrais (OCIR Rapport 2006 : 30).
I.2.4.2. Production de thé
noir
Tableau 2 :
Production de thé noir
PRODUCTION DE THE NOIR (kg)
|
Usines
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
CT
|
Mulindi
|
3
136 805
|
1
914 828
|
1
971 316
|
3
173 381
|
4,33
|
Shagasha
|
1
312 657
|
1
485 619
|
1
593 081
|
1
928 589
|
4,49
|
Gisakura
|
1
660 869
|
1
468 465
|
1
582 525
|
1
796 742
|
4,64
|
Mata+Nshili
|
975
316
|
1
173 506
|
1
008 845
|
1
298 700
|
4,72
|
Kitabi
|
1
342 226
|
1
194 788
|
1
216 653
|
1
615 980
|
4,02
|
Rubaya
|
1
120 876
|
1
169 496
|
1
110 520
|
1
292 174
|
4,32
|
Nyabihu
|
443
107
|
460
726
|
642
382
|
760
423
|
4,25
|
Pfunda
|
672
323
|
1
040 422
|
948
051
|
1
202 985
|
4,43
|
Gisovu
|
1
189 849
|
800
214
|
786
258
|
1
195 307
|
4,27
|
Total
OCIR
|
11
854 028
|
10
708 064
|
10
859 631
|
14
266 282
|
4,39
|
Sorwathé
|
3
020 552
|
2
261 812
|
3
531 795
|
3
549 386
|
4,26
|
Total
National
|
14
874 580
|
12
969 876
|
14
391 426
|
17
815 668
|
4,37
|
CT
= coefficient de transformation = la quantité en kg de feuilles vertes
nécessaires pour la production d'un kilo de thé
noir
Source
: OCIR Rapport 2006
Dans
ce tableau, on constate qu'en 2003, la production nationale de thé noir
a atteint 17.800 T, ce qui constitue un record dans l'histoire du secteur
théicole au Rwanda. Cette production a confirmé les bons
résultats de 2004 et 2002, quand la production s'élevait à
respectivement 14.391 T et 14.874 T. La production a diminué en 2003, la
cause étant une fois de plus la sécheresse, et la diminution de
la récolte de feuilles vertes causée par celle-ci (OCIR Rapport
2006 : 40).
Tout
en tenant compte des aléas climatologiques, force est de constater
qu'avec un rendement moyen de 841 kg de thé sec par hectare dans les
blocs industriels, le secteur théicole est encore largement
sous-exploité. En effet, comme l'indiquait l'OCIR-Thé (Rapport
2006 : 42), dans des conditions idéales (climatologiques et
application d'engrais) il est possible d'atteindre des rendements de 3 tonnes
de thé sec par ha dans les marais et de 2,5 tonnes dans les plantations
sur les collines. Ainsi, dans la plupart des usines la production peut doubler
- ce qui implique bien sûr que la capacité des usines doit
s'agrandir également.
I.2.4.3. Nombre et niveau des
employés
Le
secteur théicole est l'un des grands employeurs au Rwanda. Avec 56.695
théiculteurs (Thé Villageois et Coopthés) et 59.452
employés dans les blocs industriels et les usines, plus presque 1.600
engagés par Sorwathé, le secteur constitue une source de revenus
pour à peu près 120.000 personnes (ainsi que pour leurs
familles). Ceci est sans compter certaines activités
périphériques ou complémentaires (transport etc.) (Rapport
d'évaluation de la filière thé au Rwanda, 2006 :
78).
Quant
au niveau des employés, il faut constater qu'il y a un manque de
personnel qualifié et bien formé dans le secteur, notamment dans
la transformation et l'entretien des machines dans les usines. L'une des causes
les plus importantes, parmi d'autres, est la faible structure salariale de
l'OCIR-Thé (OCIR Rapport 2003 : 24).
I.2.4.4. Importance
économique
Le
thé n'est pas seulement une source de revenus pour les milliers
d'employés dans le secteur, le pays entier en bénéficie.
L'exportation du thé représentant 36% des recettes de
l'État (25,9 million $us en 1998). Seulement 3% de la production est
destiné à la consommation locale - une grande partie du
thé bu par les Rwandais est du thé de qualité
inférieure, importé à partir des pays voisins (OCIR
Rapport 2004 : 39).
La
production est vendue aux enchères à Mombasa. Les pays-acheteurs
les plus importants sont la Grande Bretagne pour le thé de
première qualité, et le Pakistan (qui consomme 65% du thé
rwandais) pour les grades moyens. Les grades inférieurs trouvent un
marché en Somalie, au Sudan et en Afrique du Sud.
Ce
qui est moins évident, mais certainement pas à sous-estimer, est
le potentiel touristique du secteur théicole pour le Rwanda. Quel
visiteur, en route vers Rusizi, encore impressionné par la force
magistrale de la forêt de Nyungwe, n'est pas enchanté par la
beauté sereine des champs verts en pente de Gisakura ? À
Musanze, qui dispose, avec le Parc National des Volcans où habitent les
fameux gorilles des montagnes, de l'atout touristique le plus important du
pays, les plantations peuvent offrir une attraction complémentaire aux
visiteurs venus de tous les coins du monde. La ville de Gisenyi, qui offre
déjà la sérénité du Lac Kivu aux touristes,
peut de surcroît exploiter l'effet relaxant d'une promenade parmi les
plantations - et, bien sûr, d'une tasse de thé délicieux de
l'Unité Théicole de Pfunda.
Ainsi,
le réputation du thé rwandais peut bénéficier de
l'épanouissement du secteur touristique au Rwanda, aussi bien que le
paysage particulier et enchantant des plantations peut se développer en
atout touristique.
I.3. Le prix
« Le
prix est le montant monétaire échangé contre un
bien ou un
service
lors d'un achat ou d'une vente » (Encyclopaedia Universalis,
2001 : 3432). En
économie et en
finance, le concept de prix
diffère de celui du
coût en ceci que le
coût a à voir avec les dépenses liées aux
intrants alors que le prix a
à voir avec la
vente ou la
valeur psychologique qu'est
prêt à payer le consommateur ou le client. Ce qui est pour l'un un
prix de vente est pour l'autre un coût d'achat et si la
valeur numéraire est par définition identique, les
problématiques en jeu sont fort différentes.
I.3.1. Formation du
prix
Le prix peut être un prix de marché ou
un prix imposé, selon le régime économique.
Dans une
économie
de marché, les prix résultent de la libre confrontation de l'
offre et de la
demande sur le
marché : la
rareté fait monter les prix tandis que l'offre excessive les fait
descendre. Ce système de prix libres remplit trois fonctions selon
l'économiste
Milton Friedman
(1980 : 45) :
· Transmission de l'information sur l'offre et la demande
· Incitation pour les producteurs à s'orienter
vers les secteurs aux prix élevés et, partant, à permettre
un retour à l'équilibre
· Répartition des revenus
Dans une
économie
centralement planifiée, les prix sont fixés autoritairement
par les pouvoirs publics, selon qu'ils estiment qu'un produit est utile (le
prix est subventionné) ou nuisible à la société (le
produit est renchéri).
Dans certaines situations (comme dans une économie de
guerre), ou dans certains systèmes interventionnistes (
économie
planifiée), les autorités recourent au «
contrôle
des prix », ou du moins de certains prix pratiqués sur le
marché, ou encore influent sur l'offre (
protectionnisme,
subvention...) ou la
demande (
rationnement).
La liberté totale des prix n'existe dans les faits jamais, notamment
à cause de l'impact de la
fiscalité qui
les concerne dans leurs marchés respectifs.
I.3.2.
Évolution des prix
L'évolution des prix est mesurée par l'
inflation. Il existe
différents indices de prix pour chacun des prix
concernés :
· Les prix à la consommation sont mesurés
par l'
Indice
des prix à la consommation (IPC).
· Les prix à la production sont mesurés
séparément, et correspondent aux
Coûts de
production.
Pour un
bien, on parle de Prix nominal lorsque l'on fait
référence au prix exprimé pour un bien donné, dans
une
monnaie donnée. On
parle de Prix réel lorsque l'on extrait du prix nominal
la part due à l'évolution de la monnaie, c'est-à-dire
l'inflation mais aussi les coûts occasionnés par la
préparation de ce bien [Milton Friedman, 1980 : 46].
I.3.3. Politique de prix pour une entreprise
Pour une entreprise donnée la décision du choix
du prix de vente d'un produit est délicate car, un prix
élevé peut procurer des marges unitaires importantes mais risque
de décourager la demande. A l'inverse un prix unitaire bas procure de
faibles marges unitaires mais peut générer des ventes en plus
grandes quantités. En réalité la fixation d'un prix de
vente relève d'un ensemble de facteurs dont les principaux sont les
coûts, la demande et la concurrence.
I.3.4. L'approche par les coûts
Le prix de vente est alors fixé en majorant le
coût de revient d'un pourcentage déterminé. C'est une
méthode usuelle notamment dans le commerce. Il faut simplement prendre
garde à ce que le prix ainsi fixé ne décourage pas les
consommateurs. Dans l'industrie un problème apparaît du fait de la
variabilité des coûts de revient avec les quantités
produites. L'usage d'un coût "normal" (coût d'imputation
rationnelle) comme base de calcul semble donc préférable.
I.3.5. L'approche par la demande
Les quantités demandées varient en fonction des
prix pratiqués par l'entreprise (élasticité de la demande
par rapport aux prix). En général les prix et les
quantités demandées varient en sens inverse car lorsque le prix
monte les quantités demandées sont plus faibles. La connaissances
des élasticités/prix permet à l'entreprise de fixer son
prix de façon à obtenir la plus grande part de marché
et/ou le plus grand bénéfice.
Dans cette optique la connaissance des zones
d'acceptabilité et des prix psychologiques joue un
rôle important.
· Le
prix
d'acceptabilité est un prix que le plus grand nombre de
consommateurs est
disposé à payer. Il est généralement estimé
après une enquête auprès de ces consommateurs.
· Il faut savoir également qu'il existe des
seuils psychologiques (prix ronds) et des prix magiques (9,99
par exemple). Le franchissement d'un seuil psychologique fait chuter la demande
[Milton Friedman, 1980 : 55].
I.3.6. L'approche par la concurrence
L'idée est ici de se référer aux prix
pratiqués par les concurrents. Lorsqu'il existe un leader sur le
marché ou lorsqu'il existe un prix de marché certaines
entreprises sont souvent amenées à positionner leurs prix et
peuvent alors choisir soit de vendre plus cher (stratégie d'image) soit
de vendre moins cher (guerre de prix).
I.3.7. La pratique de prix différenciés
Les entreprises pratiquent parfois des prix différents
pour un même produit : en fonction des quantités
commandées, ou de la qualité des clients (commerçants,
particuliers), ou des régions de vente. Dans le domaine des services il
peut exister des critères plus subtils tels que la période de
vente (hôtellerie, transports, cinémas, etc.), la catégorie
du client (cinémas) ou même le comportement d'achat (location de
voitures). Les limites de ces pratiques sont commerciales et légales.
Commercialement il ne faut pas que les clients qui payent moins cher fassent
fuir les autres. D'un point de vue légal les prix constituent un domaine
très réglementé.
I.3.8. Le prix du produit nouveau
Il existe trois stratégies de prix pour une entreprise
lors du lancement d'un produit sur le marché [Milton Friedman,
1980 : 86] :
1. la
stratégie de
pénétration qui correspond à fixer un prix
inférieur à ceux pratiqués par la concurrence
(considérée comme de la publicité déguisée),
2. la stratégie d'alignement qui correspond au fait de
fixer des prix égaux à la concurrence et enfin
3. la stratégie d'
écrémage
qui a pour but de fixer un prix supérieur à la concurrence
(recherche qualitative).
I.4. Coopérative
La coopérative est une forme de
société
fondée sur le principe de la
coopération.
Elle a pour objectif de servir au mieux les intérêts
économiques de ses participants (sociétaires ou
adhérents). Elle se distingue en cela de l'
association dont le but
est moins lié aux activités économiques.
Pour les prises de décision, elle repose sur le
principe
démocratique
« une personne = une voix ». Les salariés ou usagers
sont ainsi
égaux
en droit.
L'Alliance Coopérative
Internationale définit une coopérative comme "une
association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire
leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs
au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et
où le pouvoir est exercé démocratiquement
I.5. Association
Une association est un regroupement d'au moins deux personnes
qui décident de mettre en commun des moyens pour poursuivre un but
commun sans qu'il y ait d'enrichissement personnel ; on parle aussi
d'association à but non lucratif (ou d'
association
sans but lucratif en Belgique). L'absence de but lucratif implique
l'absence de profit mais n'implique pas l'absence de
bénéfices : ces derniers, engendrés par les
activités d'une association, doivent être réinvestis pour
développer l'activité.
I.6. Stabilisation des prix
La stabilisation est le fait de rendre les prix moins
changeants. Dans la plupart des cas, les prix connaissent les hauts et les bas.
Cet état de choses fait que les producteurs soient lésés
par les acheteurs ou vice versa.
CONCLUSION PARTIELLE
Pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre le sujet que
nous avons traité, dans ce premier chapitre intitulé
« Cadre théorique et conceptuel », nous y avons mis
les définitions des concepts clés et passé en
revue la littérature consacrée
à notre thème. C'est ainsi que nous avons parlé
notamment des coopératives des théiculteurs (coopthés) et
de la stabilisation des prix du thé à travers les trois
points : le thé dans le monde, le thé au Rwanda et le prix.
Sur « le thé dans le monde », nous
avons parlé de l'historique du thé de sa culture, de sa
cueillette, de ses procédés de fabrication et de son
économie.
Sur le « le thé au Rwanda », nous
avons parlé de l'historique du secteur théicole au Rwanda,
des conditions climatiques et géographiques du pays, de la gestion des
plantations/des usines ainsi que de l'impact économique du secteur
théicole.
Sur « le prix », nous avons parlé
de la formation du prix, de son évolution, de la politique de prix pour
une entreprise, de l'approche par les coûts, de l'approche par la demande
et de l'approche par la concurrence. Nous avons parlé également
de la pratique de prix différenciés ainsi que de la fixation de
prix pour produit nouveau.
CHAPITRE II : ROLE DE LA COOTHEGIM DANS LA STABILISATION
DES PRIX DU THE
II.1. présentation
de la COOTHEGIM
II.1.1. Région
La zone de Gisovu-Muko est située dans le district de
Karongi, province Ouest. Le District de Karongi est l'un des sept districts qui
composent la Province de l'OUEST. Situé au centre de cette province, il
est limité au Nord par les districts de Rutsiro et Ngororero, au Sud par
les districts de Nyamasheke et Nyamagabe, à l'Est par les districts de
Muhanga et Ruhango et à l'Ouest par la République
Démocratique du Congo.
Sa situation géographique est de
nature à favoriser l'activité commerciale parce qu'il est le
carrefour reliant les deux provinces de l'OUEST et du SUD, sans ignorer
l'importance du lac Kivu facilitant l'accès du district de Karongi
à l'Est de la R.D.C.
le district de Karongi compte 279.135 habitants dont 122.811
hommes et 156.324 femmes, répartis sur 13 secteurs administratifs, 88
cellules, 539 imidugudu avec 59.450 ménages, sur une superficie de 993
km2. Sa densité moyenne est donc 281 habitants par
km2 (PDD Karongi, 2007 :9)
Son relief est accidenté, avec des montagnes
qu'arrosent plusieurs cours d'eau dont les uns se dirigent vers le bassin du
Congo, les autres vers celui du Nil. Les plus importants de ces cours d'eau
sont : Muregeya, Musogoro, Nyabahanga et Kiraro se déversant dans
le bassin du Congo, Munzanga, Mashyiga, Gatare , Mbirurume et Nyabarongo
se dirigeant dans le bassin du Nil. Il faut de plus, signaler que le fleuve du
Nil prend sa source dans le district de Karongi, plus précisément
dans le secteur de Twumba dans le Parc National de Nyungwe.
L'altitude du district varie entre 1400 mètres au bord
du lac Kivu et 2800 mètres au sommet du mont Karongi. Cette
diversité lui offre l'opportunité d'avoir une multitude de
cultures adaptées à chaque zone climatique.
L'économie du district de Karongi est essentiellement
basée sur l'agriculture et l'élevage dont la pratique reste quasi
traditionnelle, rendant difficile son développement rapide. Les
principales cultures sont, selon l'altitude et la catégorie, le
caféier (4.300.000 pieds ) et le macadamia (7.435 pieds dans les
secteurs de Mubuga et Bwishyura), cultures de rente dans les zones basses,
ainsi que les cultures vivrières qui sont le haricot, le sorgho, le
soja,les légumes, les bananiers et le maïs, tandis que dans les
hautes altitudes, c'est le théier comme culture de rente sur une
superficie de 1.067 ha, alors que les cultures vivrières restent
dominées par les pommes de terre, le petit pois, le blé et les
arbres fruitiers tel que le maracuja et le prunier du Japon (PDD Karongi,
2007 : 12).
Concernant le traitement du thé, l'usine à
thé de Gisovu a produit 1.219.129 kg de thé sec en 2006. Avec le
projet d'extension des superficies théicoles atteignant 2000 ha, on
envisage l'installation d'une autre usine à Rugabano (PDD Karongi,
2007 : 15).
II.1.2. Historique
La Coopérative des Théicultuers de Gisovu-Muko a
été créée le 26 septembre 2001 et a
été agréée par l'arrêté
ministériel n° 021/15.00/2002/COOP du 4 mars 2002 (Annexe II). La
COOTHEGIM regroupe 2500 membres et s'est fixée trois stratégies
pour relever le prix de leur production de thé sur une période de
25 ans :
· Relever la qualité et la quantité de la
production du thé de ses membres
· Approvisionner ses membres en intrants agricoles et
autre matériel de base à un prix abordable
· Former ses membres sur les techniques modernes de
culture et de production du thé
II.1.3. Superficie
cultivée et équipement
Voici quelques informations chiffrées relatives
à la filière théicole de la région de Gisovu-Muko.
(OCIR Rapport, 2004 : 78-79):
· Surface totale : 1.072 ha (1.014ha en rapport)
: Blocs industriels - 340 ha / Thé Villageois - 732 ha (Qui est
géré par la COOTHEGIM)
· Production feuilles vertes
: 2002 : 4.846 T
2003 : 3.189
T
2004 : 3.286
T
2005 : 5.108
T
· Cycle de cueillette : 12-14 jours
· Excès de pluie (la production diminue
de 50% pendant la saison sèche en août/septembre); il y a des
installations de pluviométrie
· Parfois il y a de la gelée nocturne
· Pas de problèmes avec des
insectes
Voici, également quelques informations chiffrées
relatives à l'évolution de l'usine à thé de Gisovu.
(OCIR Rappor 2004 : 92)
· Construite en 1979, les activités ont
commencé en 1983
· Capacité installée : 1.200 T de
thé noir
· Production : 2002 : 1.190 T de
thé noir
2003 : 800
T de thé noir
2004 : 786
T de thé noir
2005 : 1.195
T de thé noir
· Grades primaires : 94,7%
(2003)
· 2 lignes de production (1 nouvelle, octobre
2003; 1 ancienne).
· 60 tables roulantes pour fermentation.
· 1 nouveau séchoir (450 kg/h de
thé noir). 1 chaudière opérationnelle. 1 Rotorvane. 2
systèmes de triage (un nouveau, un ancien).
· Electricité : réseau national et
1 groupe électrogène (450KVA).
II.2. OPERATIONNALISATION
DE L'ENQUETE
II.2.1. Méthodologie
Ce chapitre présente les résultats obtenus lors
de notre enquête auprès des membres de la coopérative sur
le rôle de leur coopérative dans le relèvement de la
qualité et la quantité du thé en vue de vérifier la
première hypothèse de notre travail ainsi libellée :
« La COOTHEGIM contribue dans la stabilisation des prix du thé
au Rwanda en améliorant la qualités du thé vert ; en
approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres matériels de
base à un prix abordable et en formant ses membres sur les techniques de
culture et de production du thé ».
Le dépouillement a été fait manuellement
mais le traitement des données a été réalisé
par l'ordinateur à l'aide du logiciel Microsoft Excel. Les
résultats ont été présentés selon les
indicateurs retenus pour la vérification des hypothèses et
traduits en pourcentage pour montrer à quel niveau la contribution de
la COTHEGIM a un impact sur les activités de ses membres. Les
réponses obtenues sont présentées en regard des effectifs
et des pourcentages des répondants
En vue d'attendre les résultats fiables nous avons
traduit notre hypothèse en indicateurs sur lesquels reposent nos
questions. Nous donnons ces indicateurs ci-dessous.
· Membres de la COOTHEGIM et étendu de leurs
parcelles
· Appuis de la COOTHEGIM envers ses membres
· Impact socio économique de la COOTHEGIM dans la
région de Gisovu-Muko
II.2.2. Description de
l'échantillon
Nous avons distribué des questionnaires à un
échantillon de théiculteurs pour récolter certaines
informations qui nous montrent le rôle de la COOTHEGIM dans la recherche
de la stabilisation des prix du thé de ses membres. Pour
déterminer la taille de notre échantillon, nous avons
utilisé la formule statistique suivante (COCHRAM, W.G.,
: 1977 : 61) :
: n = (Z².P.q)/
d²
Où
n= taille de l'échantillon
Z= 1,96 paramètres liés au risque de l'erreur
(pour un degré de certitude de 95 %).
P= 0,50 car on ne connaît pas exactement le niveau de
satisfaction des membres de la COOTHEGIM.
q= 1-p = 0,50
d= degré de précision souhaité à
10 %
n = (Z².P.q) / d² =
(1,96)² (0,50) (0,50) / (0,10)² = 96 théiculteurs sur
un effectif total 2500 théiculteurs.
Le questionnaire a donc été distribué
à 96 membres de la COOTHEGIM rencontrés lors d'une formation des
formateurs organisée par la coopérative à l'usine à
thé Gisovu du 3 au 5 décembre 2007 sur les techniques modernes de
production et de culture du thé. Sur les 96 théiculteurs
enquêtés, 18 n'ont pas remis leurs questionnaires. C'est pourquoi
nous avons considéré les 78 théiculteurs qui ont
répondu à nos questions.
La plupart des membres de la COOTHEGIM sont parmi les membres
fondateurs :
Tableau 3 : Durée de participation des
membres
Durée
|
Nombre
|
Pourcentage
|
1 an
|
1
|
1,5%
|
2-5 ans
|
12
|
15%
|
+ de 5 ans
|
65
|
83,5%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
De ce tableau, nous remarquons que plus de 83%
dépassent 5 ans de participation dans les activités de la
coopérative. Ceci est dû au fait que les membres fondateurs
payaient 1000 Frw pour la cotisation tenant lieu de part sociale. Ce prix a
évolué avec le temps et aujourd'hui, pour être membre de la
COOTHEGIM, on doit verser 50000 Frw. Cette somme décourage les nouveaux
membres qui ne sont que moins de 2%. Ce montant est versé une fois lors
de l'admission comme membre.
Tableau 4 : Etendue de la parcelle
Etendu
|
Nombre
|
Pourcentage
|
-1Ha
|
16
|
20,5%
|
1-5Ha
|
59
|
75,5%
|
+5Ha
|
3
|
4%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source: Notre enquête , 2007
Dans ce tableau, nous constatons que seul 4% des membres de la
COOTHEGIM ont plus de 5 Ha de superficie cultivée. Ceci veut dire que la
coopérative est formée des gens ordinaires qui cultivent des
parcelles peu étendues.
II.3. Présentation
et analyse des résultats
II.3.1. Appui de la
coopérative envers ses membres
II.3.1.1. Approvisionnement en
Intrants agricoles
L'approvisionnement en intrants agricoles constitue une
activité de premier plan dans le but de relever à la fois la
qualité et la quantité de la production du thé. Cette
activité est la mère de toutes les autres que mène la
coopérative pour soutenir ses membres à en juger par l'effectif
de ses bénéficiaires :
Tableau 5 : Sorte d'intrants distribués
par la COOTHEGIM
Intrants
|
Nombre
|
Pourcentage
|
NPK2555
|
68
|
87%
|
KCL
|
8
|
10,5%
|
NPK20-10-20
|
2
|
2,5%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
De ce tableau, nous constatons que tous les membres (100%)
utilisent les intrants achetés à la coopérative. Cela
s'explique par le fait que, dans le but d'honorer ses engagements, la
coopérative vend les intrants agricoles à un prix relativement
bas par rapport aux autres commerçants. Par exemple, selon les
informations reccuillies auprès des théiculteurs, le NPK2555 se
vend à 300 Frw le kilo à la coopérative, tandis qu'il est
à 350 le kilo chez les autres commerçants.
Parmi les trois sortes d'intrants disponibles dans la
coopérative, l'NPK2555 est la plus utilisés (87%) du fait que
c'est un nouvel arrivage. Il a été obtenu en améliorant
les variétés qui étaient couramment utilisées (dont
NPK20-10-20) et qui ne donnaient plus le résultat escompté. Dans
le but d'honorer ses engagements, la COOTHEGIM cherche toujours de meilleures
qualités d'intrants agricoles et est disposée à faire
disparaître ceux qui ne donnent plus de bons rendements.
L'acquisition des intrants agricoles à un prix minimum
a un impact très remarquable sur le prix réel du thé dans
ce sens qu'elle réduit les coûts occasionnés par les
travaux des champs. Notons que les prix des intrants à la
coopérative restent inchangés sur une longue période.
II.3.1.2. Approvisionnement en
matériaux agricoles
La grande majorité de l'équipement des
théiculteurs est acheté à la coopérative à
un prix également qui écarte toute concurrence :
Tableau 6 : Approvisionnement en matériaux
agricoles
Matériels
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Tout
|
60
|
77%
|
Quelques uns
|
18
|
23%
|
Aucun
|
0
|
0
|
Source : Notre enquête, 2007
Dans ce tableau, nous remarquons qu'une grande partie du
matériel utilisé dans les travaux de théiculture est
achetée à la coopérative. Le matériel le plus
couramment utilisé dans la théiculture est composé de
houes, pelles, machettes, paniers à filets, ciseaux, charrettes,
balance, etc. 77% des enquêtés ont affirmé que tout le
matériel qu'ils utilisent est acheté à la
coopérative, tandis que 23% achètent une partie de leur
matériel chez les autres commerçants non pas parce qu'ils sont
à un prix bas par rapport à celui de la coopérative mais
parce que le stock de la coopérative est vide desdits matériels.
A propos du prix, la coopérative offre toujours les
meilleurs prix par rapport à ces concurrents. Par exemple, une houe qui
se vend à 2000 Frw chez les autres commerçants, est vendue
à 1850 Frw à la coopérative, selon les propos d'un
vulgarisateur. Outre le matériel qui est relativement moins cher
à la coopérative, nous ne pouvons pas passer sous silence les
plants de thé qui sont distribués gratuitement aux membres de la
COOTHEGIM pour remplacer les théiers vieillis. Le fait que les
théiculteurs achètent la quasi-totalité des
matériaux dont ils ont besoin à la coopérative et sur un
prix minimum réduit les coûts que cela devrait occasionner. Les
plants de thé qui sont distribués gratuitement quant à
eux, ne font qu'augmenter le prix réel revenant aux fermiers.
II.3.1.3. Formation sur les
techniques modernes de théiculture
Le renforcement des capacités de ses membres est l'une
des activités de prédilection de la coopérative. Les
nouvelles techniques de production et de culture du thé sont acquises
à travers différentes formations offertes par la
coopérative à ses membres. Le tableau suivant nous résume
cette situation :
Tableau 7 : Participation aux
formations
Formation
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
78
|
100%
|
Non
|
0
|
0%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
Nous devons rappeler ici que, ceux qui ont répondu aux
questionnaires se trouvaient à l'usine à thé de Gisovu,
dans une formation de formateurs sur les techniques modernes de production et
de culture du thé. C'est donc à 100% que se chiffrent les
bénéficiaires desdites formations si l'on considère
l'échantillon.
Outre les formations sur les nouvelles techniques de
théiculture, les membres de la COOTHEGIM bénéficient des
voyages d'études vers les autres théiculteurs. Ils visitent
généralement les autres unités théicoles
disséminées à travers le pays, mais aussi, leurs
représentants sont allés dans certains pays voisins comme le
Kenya pour échanger l'expérience avec les théiculteurs
kenyans.
Les différentes formations dont
bénéficient les théiculteurs sont un moyen de les aider
à améliorer la qualité et la quantité de leur
production. En améliorant la qualité et la quantité du
thé, son prix nominal devrait logiquement monter stabilisant ainsi le
prix réel. Cela leur donnent des connaissances suffisantes sur les
nouvelles techniques de culture du thé évitant ainsi les
coûts liés aux experts qui viendraient ailleurs pour les aider
à les appliquer.
II.3.1.4. Octroi de
crédits à court et à moyen terme
Tableau 8 : Octroi de crédits à
court et moyen terme
Crédit
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Oui
|
78
|
100%
|
Non
|
0
|
0
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
La COOTHEGIM a mis sur pied plusieurs mécanismes visant
à assister financièrement ses membres :
· COOPEC THEGIM : c'est une coopérative
d'épargne et de crédit travaillant au sein de la COOTHEGIM. Il a
des taux d'intérêt extrêmement réduits (3%) et
n'octroie des crédits qu'aux seuls membres de la COOTHEGIM. Si l'on
compare à la banque populaire qui demande 14% d'intérêt, on
remarque la nette différence qui existe entre les deux taux
d'intérêt.
· La COOTHEGIM octroie à ses membres un
crédit sans intérêt appelé d'urgence. Il est
remboursable en trois mois et ne peut pas dépasser 100000 Frw.
· La COOTHEGIM donne des intrants agricoles à ses
membres, paie les cueilleurs de ses membres et assure le transport de leur
production sous forme de crédits remboursables après la
récolte à raison de 14 frw par Kilo.
De ce tableau, il est clair que tout le monde a reçu au
moins une de ces trois sortes de crédits disponibles à la
COOTHEGIM. Il est rare que les théiculteurs utilisent leur fond propre
pour payer les salaires des travaux champêtres. Normalement, la
coopérative avance les frais de la cueillette et le remboursement se
fait systématiquement sur chaque kilo de thé vert vendu à
l'usine. Ce système garantit la stabilisation des prix du thé car
les théiculteurs ne manquent jamais d'argent pour réaliser les
travaux nécessaire à leurs travaux champêtres. Les
liquidités qui sont disponibles à un taux d'intérêt
réduit, s'appliquent sensiblement au prix réel du thé
vendu à l'usine.
II.3.2. Marché des
gourmets et des spécialités
On entend par « thé gourmet » les thés
d'une seule qualité et d'une même provenance, souvent originaires
d'une même plantation ou d'un même secteur géographique et
pouvant se vendre sensiblement plus cher.
Le segment des thés pour gourmets et des
spécialités revêt une importance considérable pour
les producteurs, non seulement en raison des incitations que cela
représente au niveau de prix mais aussi et surtout parce que cela
rehausse l'image du thé dans le commerce de détail.
En effet, les informations reccuillies auprès du
« Directeur Commercial » de l'usine à thé de
Gisovu, affirment qué : « L'OCIR-Thé vend le
thé gourmet en provenance de Gisovu depuis 2004 aux Pakistan et à
la Grande Bretagne. Après trois ans d'expérience, le
thé de Gisovu connaît du succès chez les consommateurs
pakistanais qui trouvent que ce produit correspond à leurs goûts.
En 2005, les prix offerts pour le thé gourmet offre une prime de 45% en
rapport avec les prix des qualités standard ». Avec ce
prime, les théiculteurs ont décidé de produire en grande
quantité les thés qui seront commercialisés sur le
marché des spécialités.
Les agents de l'usine à thé de Gisovu affirment
que le thé vendu sur les marchés spécialisés
constitue l'avenir pour les petits producteurs comme les membres de la
COOTHEGIM. Il est par conséquent d'une importance capitale pour les
opérateurs de thé, de contribuer à l'amélioration
de la qualité qui, ces dernières années, n'a cessé
de se dégrader.
II.3.3. Evolution de la
qualité du thé de Gisovu-Muko
Tout le thé produit par les membres de la COTHEGIM est
traité par voie de fermentation. Selon le mode de traitement, on aboutit
aux différentes qualités du thé noir. Au sein de chaque
qualité, on distingue différents grades :
Tableau 9 : Les différentes qualités
pour le thé de Gisovu
Grades primaires : 89,6% de la production de
thé noir (2006)
|
PF1
|
53,6%
|
PF
|
2,5%
|
PD
|
16,7%
|
D1
|
8,4%
|
BP1
|
8,4%
|
Source : Rapport d'activités de
l'usine à thé Gisovu (2006)
L'un des objectifs de la création de la COOTHEGIM
était d'améliorer la qualité. En effet, les
éléments pour accroître les revenus provenant du thé
de la COOTHEGIM et pour survivre sur la scène internationale sont: la
meilleure qualité, le bon traitement du thé et une
commercialisation efficace. Etant donné la faible part de la production
du thé d'origine rwandaise à l'échelle mondiale, il est
plus stratégique de viser les niches comme les marchés des
spécialités et les marchés des gourmets pour être
compétitif.
Toutefois, cet objectif fixé a été
atteint. En plus de l'augmentation de la production en terme quantitatif, la
qualité du thé de Gisovu s'est améliorée au cours
de cette dernière année. En particulier, la part de la
qualité supérieure, «PF1 » est passée de 41.54%
de la production totale du PF1 lors de la campagne 2005 à 53,6% lors de
la campagne 2006.
Cette augmentation de la production du thé à
Gisovu et l'amélioration de la qualité s'expliquent par les
éléments suivants qui sont en partie des fruits de l'implication
de la COOTHEGIM :
- La motivation des producteurs qui serait liée
à la politique menée par la COOTHEGIM en vue d'exhorter les
producteurs à se regrouper pour une meilleure prise en charge,
- Forte utilisation d'intrants, fertilisants et insecticides,
qui est une conséquence directe de l'approvisionnement
systématique pratiquée par la COOTHEGIM,
- Utilisation de nouvelles techniques suite aux formations
organisées par la COOTHEGIM,
- Intérêt pour les théiculteurs
d'adhérer à la COOTHEGIM pour bénéficier des
avantages réservés à ses membres,
- Le renouvellement de théiers. En effet, la COOTHEGIM
distribue gratuitement les nouveaux plants pour remplacer ceux qui ont
vieillis.
L'amélioration de la qualité du thé de
Gisovu-Muko a entraîné une légère hausse des prix
nominaux et cela a contribué beaucoup à stabiliser le prix
réel revenant au producteur. En effet, les prix sont passé de 50
Frw par kilo en 2002 à 70 Frw en 2007 comme vous pouvez le voir dans le
tableau suivant :
Tableau 10 : Evolution du prix nominal aux membres de
la
COOTHEGIM de 2002 à 2007
Année
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
Prix
|
50
|
50
|
55
|
55
|
65
|
70
|
Source : Notre enquête, 2007
II.4. Importance socio
économique de la COOTHEGIM dans la région de Gisovu-Muko
II.4.1. Importance
économique
Le thé, étant donné la place qu'il occupe
dans l'économie rwandaise, joue un rôle primordial en tant que
source de devises, de revenus agricoles et de recettes nationales et compte
pour plus de 70% des revenus monétaires pour les planteurs.
Premier produit agricole et premier produit d'exportation, le
thé procure en moyenne 40% des recettes d'exportation du pays. Pourtant,
le Rwanda n'est pas un grand producteur à l'échelle mondiale. Sa
production a été, en moyenne sur ces 4 dernières
années, de 31'000 tonnes/an. Elle représente 0.5% de la
production mondiale mais le thé originaire du Rwanda est connu sur le
marché mondiale pour sa bonne qualité (OCIR Rapport 2006 :
12).
La région de Gisovu-Muko est depuis longtemps
productrice de thé grâce aux planteurs sur des
propriétés de moins d'un hectare. La plupart des
propriétaires possèdent entre 1 et 5 Ha de théiers et
utilisent des méthodes d'exploitation traditionnelles. Le rendement
moyen par rapport aux standards internationaux, varie entre 300 kg/ha et 1000
kg/ha de thé vert selon les régions. [OCIR Rapport, 2006 :
22]
A la question de savoir le revenu mensuel provenant de la
culture du thé, les répondants ont indiqué qu'il est, en
moyenne, de 30000 Frw par mois par hectare.
II.6.2. Importance sociale
A lui seul, le thé occupe la moitié des
exploitations agricoles de la région de Gisovu-Muko. Si nous
considérons uniquement les membres de la COOTHEGIM (2500 personnes) avec
les cueilleurs qui travaillent dans les parcelles de ces 2500 membres (au moins
3 par parcelle, soit 7500 personnes), ainsi que 1000 personnes
employées par l'usine, nous remarquons l'ampleur de la main d'oeuvre qui
est employée dans le thé de la COOTHEGIM.
A peu près, onze mille personnes (11000) vivent ou
dépendent de la culture du thé dans la région de
Gisovu-Muko. Ce secteur constitue une source de revenus pour à peu
près 44.000 personnes si l'on considère également leurs
familles à raison de 4 personnes par famille selon la moyenne
établie par le recensement de 2002. Ceci est sans compter certaines
activités périphériques ou complémentaires
(transport, restauration, bars etc.).
C'est un effectif non négligeable si l'on
considère à la fois la localisation rurale de la COOTHEGIM et la
situation économique des habitants de cette région en
général.
La situation actuelle de la filière thé dans la
région de Gisovu-Muko, comme nous avons pu le démontrer, est le
résultat de l'implication de la COOTHEGIM entamée depuis 2002.
Cette implication est vouée à s'accroître comme l'atteste
les objectifs de la coopérative. Ces objectifs mettent un accent sur
l'augmentation de la quantité du thé de ses membres, et qui dit
augmentation de la quantité dit également augmentation de la main
d'oeuvre proportionnelle aux travaux de la nouvelle donne.
CONCLUSION PARTIELLE
Nous arrivons ainsi à la fin de notre deuxième
chapitre qui était consacré à la vérification de la
première hypothèse selon laquelle « La COOTHEGIM
contribue dans la stabilisation des prix du thé au Rwanda en
améliorant la qualités du thé vert ; en
approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres matériels de
base à un prix abordable et en formant ses membres sur les techniques de
culture et de production du thé ». Après documentation
et analyse de toutes les réponses des théiculteurs aux questions
portant sur l'implication de la COOTHEGIM dans l'amélioration de la
qualité et la quantité du thé de ses membres, il nous a
été révélé que :
- la majorité de nos répondants (83,5%) ont plus
de 5 ans de participation dans les activités de la COOTHEGIM
- Les membres de la COOTHEGIM ont des parcelles d'une modeste
étendue.
- Les membres de la COOTHEGIM utilisent les intrants
achetés à la coopérative à un prix réduit
par rapport aux prix d'autres commerçants.
- Les matériels agricoles utilisés par les
membres de la COOTHEGIM sont achetés à la coopérative
à un prix imbattable.
- Les membres de la COOTHEGIM bénéficient de
plusieurs formations sur les techniques de théiculture.
- Les membres de la COOTHEGIM reçoivent facilement des
crédits à court et moyen terme.
- L'évolution des prix nominaux du thé est
passé de 50 Frw le kilo en 2002 à 70 Frw en 2007
- La COOTHEGIM a une importance considérable sur la
situation socio-économique des habitants de la région de
Gisovu-Muko.
Ainsi nous avons constaté que les données
récoltées sur les différents indicateurs de l'implication
de la COOTHEGIM dans l'amélioration de la qualité et la
quantité du thé de ses membres, confirment et vérifient
l'hypothèse selon laquelle « La COOTHEGIM contribue dans la
stabilisation des prix du thé au Rwanda en améliorant la
qualités du thé vert ; en approvisionnant ses membres en
intrants agricoles et autres matériels de base à un prix
abordable et en formant ses membres sur les techniques de culture et de
production du thé ».
Cependant, même si la COOTHEGIM apporte une contribution
considérable aux théiculteurs pour essayer de stabiliser les prix
de leur récolte, il n'aboutit pas aux résultats escomptés.
Nous allons démontrer les difficultés qui limitent les efforts de
la coopérative à stabiliser efficacement les prix dans le
chapitre III.
CHAPITRE III : LIMITES DE LA COOTHEGIM
DANS LA
STABILISATION DES PRIX DU THE
Au cours de notre enquête sur l'implication de la
COOTHEGIM dans la stabilisation des prix du thé, les réponses que
nous avons reçues ont montré que la COOTHEGIM fait son mieux pour
relever la qualité et la quantité du thé de ses membres.
Cependant, l'évolution des prix n'est pas proportionnelle aux efforts
consentis. C'est pourquoi, dans ce chapitre, nous allons chercher à
comprendre les limites qui entravent la COOTHEGIM dans son but de stabilisation
des prix.
Les données qui nous ont été utiles ont
été récoltées par le même questionnaire
tandis que d'autres proviennent de différents rapports ou études
faites en rapport avec la COOTHEGIM, l'usine à thé de Gisovu,
l'OCIR-Thé et les institutions internationales oeuvrant dans le secteur
thé. Parmi les limites que la COOTHEGIM rencontre dans la stabilisation
des prix du thé, nous pouvons citer les difficultés liées
au commerce mondial du thé comme la loi de l'offre et de la demande,
l'instabilité des prix au niveau tant mondial que local, celles
liée à l'exposition des agriculteurs aux risques des prix comme
celles liées aux imprévus climatiques et temporels, la faible
intervention de l'Etat dans la gestion des prix, le manque d'interaction
COTHEGIM/Usine/OCIR et bien d'autres.
III.1. Le commerce mondial
du thé
III.1.1. Offre et demande
L'offre est considérée comme étant la
somme de la production dans une année théière
donnée, augmentée des stocks reportés de l'années
précédente. Les exportations s'obtiennent en déduisant la
consommation intérieure (Guide de l'Exportateur, p. 35).
Figure 3 : Evolution de la
production mondiale 2002- 2006
2002 2003 2004 2005 2006
Sources : Statistiques de l'OIT
(2006)
La figure 3 montre bien que le thé est une culture
cyclique avec alternance entre les années à forte production et
les années à faible production. La production mondiale annuelle
du thé a fluctué au cours de ces cinq dernières
années entre 80 et 108 millions de sacs avec une moyenne de 93 millions
de sacs. La production en 2004 a été parmi les meilleures avec
104 millions de sacs. La répartition de cette production par groupe de
thé est de :
- 17% pour le thé rouge,
- 30% pour le thé noir,
- 30% pour le thé vert,
- 23% pour les autres formes de thé.
La consommation à l'intérieur des pays
producteurs est faible. En effet, comme nous l'a confirmé le
« Directeur de l'Exportation » à l'OCIR, la majeure
partie de la production est destinée à l'exportation. De plus, la
consommation dans les pays importateurs est stable. Ainsi, les pays producteurs
sont obligés de constituer des stocks pour essayer de soutenir les
cours.
Comme l'ont confirmé les théiculteurs, ceci
s'explique par le fait que les bonnes années, les théiers
portent plus de feuilles qu'ils ne peuvent effectivement en nourrir. Cette
surcharge crée un besoin accru en éléments minéraux
qui sont alors préférentiellement destinés aux fruits au
détriment de la croissance végétative. L'année
suivante, la formation des rameaux est ralentie, tandis que le théier
récupère : la production est alors faible.
III.1.2. Evolution des cours
mondiaux
III.1.2.1. Instabilité
des prix au niveau mondial
Dans « Le rapport d'étude sur la
compétitivité des principaux pays producteurs, 2004 : 33)
», l'auteur analyse la relation entre le niveau des stocks et le niveau
des prix. Il explique que le niveau bas des stocks correspond aux cours
élevés et inversement. Le Directeur Commercial » de
l'OCIR a confirmé cette situation et reconnaît
qu' « elle est à la base de l'instabilité des
prix qui ont été observé dans notre pays en
2004 ». il a ajouté que « Pendant cette
année, les stocks étaient à leur plus haut niveau. Les
prix ont étaient très instables entraînant l'intervention
de l'Etat qui a subventionné le secteur théicole pour maintenir
un semblant de stabilité ».
Comme nous le savons, les stocks représentent les
disponibilités immédiatement mobilisables sur le marché.
Selon le « Directeur Commercial » de l'OCIR, l'impact des
stocks sur les cours internationaux dépend de la nature des agents
économiques qui les maîtrisent. Un des enjeux des interventions
menées par les pays producteurs en 2004 pour rehausser les cours, a
été précisément de maîtriser une partie des
stocks mondiaux pour les neutraliser et les « sortir » du
marché. Donc, les cours élevés sont habituellement
associés à des stocks peu élevés et vice versa.
Lorsque le marché subit un choc - gel ou sécheresse - par
exemple, les cours s'envolent et atteignent des niveaux que les règles
d'offre et de demande ne justifient pas. De même, des entraves au libre
échange et des réactions de simple spéculation peuvent
entraîner des niveaux de prix que la loi de l'offre et la demande ne
saurait justifier.
III.1.2.2. Instabilité
des prix au niveau local
Pour un bien, on parle de Prix nominal
lorsque l'on fait référence au prix exprimé pour un bien
donné, dans une
monnaie donnée. On
parle de Prix réel lorsque l'on extrait du prix nominal
la part due à l'évolution de la monnaie, c'est-à-dire
l'inflation mais aussi les coûts occasionnés par la
préparation de ce bien [Milton Friedman, 1980 : 26].
Le prix payé au producteur est toujours fixé
avec l'intervention de l'Etat au début de l'année
théière via l'OCIR Thé en collaboration avec les usines
à thé. En cas de fortes baisses de cours, la caisse de
stabilisation compense les déficits afin de permettre aux producteurs de
toucher un prix minimum. La figure 4 montre que depuis 2002, le prix nominal
n'a
jamais baissé. En 2002, il est passé de 50 Frw
le kilo à 70 Frw en 2006, en passant par 60 Frw en 2004 et 2005.
Figure 4: Evolution du
prix nominal aux membres de la COOTHEGIM
2002 2003 2004 2005
2006
Source : Notre enquête, 2007
Figure 5 : Prix
réel aux membres de la COOTHEGIM
2002 2003 2004 2005 2006
Source :Notre enquête, 2007
Malgré la hausse du prix nominal, le prix réel
n'a pas cessé de baisser. En effet, au cours des interviews que nous
avons eu avec les fermiers, nous avons constaté que le coût de
différents travaux (Sarclage, cueillette, ...), des intrants et des
commissions avancés par l'Usine et la COOTHEGIM au profit des
théiculteurs, l'inflation (même si elle n'a pas été
très importante ces dernières années) ont
considérablement érodé le pouvoir d'achat des producteurs.
Même l'importante hausse du prix nominal observée en 2006 n'a pas
réussi à inverser la tendance.
En effet, le salaire moyen d'un cueilleur est passé de
10 Frw le kilo en 2002 à plus de 30 Frw en 2006. C'est, au contraire, le
travailleur des champs qui a bénéficié de la hausse du
prix du thé observé ces dernières années au
détriment du propriétaire de la parcelle.
Ceci montre que le prix au producteur est
déterminé en fonction des considérations internes telles
que l'évaluation des besoins des producteurs ou la
nécessité d'éviter les conséquences
socio-économiques.
Les différentes hausses décidées par les
dirigeants ont eu pour but de faire face à l'impact de l'inflation en
lui garantissant un prix minimum. En 2000, le prix au producteur,
représentait environ 80% du total du prix déterminé par
les enchères. Dans l'étude sur la stratégie des
producteurs de thé au Rwanda, H. Cochet analyse l'évolution de la
part du prix au producteur par rapport à la rémunération
totale de la filière. Il montre que jusqu'en 2002, le prix aux
producteurs représentait entre 70 et 80% de la
rémunération totale de la filière. Pendant la
période de baisse rapide du cours mondial de 1998 à 2002, le
producteur a été partiellement protégé par
l'accroissement de la part du prix d'exportation revenant au producteur.
Pourtant, la flambée brutale des cours en 2006 n'a pas
été répercutée au niveau du producteur. La part de
la rémunération de ce dernier dans le prix moyen de vente du
thé rwandais sur le marché international a chuté. Il
était inférieur à 50% en 2006, année de forte
hausse de cours sur le marché mondial. [Figure 3]
Pendant les années de cours propices, ce sont les
autres acteurs de la filière qui profitent des bénéfices
au détriment du producteur. L'exemple à citer est le taux des
taxes à l'exportation qui a été fixé par les
autorités à 31% en 2006 alors qu'il est habituellement de 10%
environ. Cette mesure a privé la filière des
bénéfices qui devraient permettre de nouveaux investissements
pour améliorer sa performance. Cette constatation confirme
l'hypothèse de plusieurs analystes qui trouvent que les politiques de
protection des revenus aux producteurs contre la baisse de prix ne laissent pas
profiter les gains liés à la hausse des cours.
La dégradation du prix réel payé au
producteur pour le thé illustre la baisse de leur pouvoir d'achat dans
un contexte non inflationniste et en rapport aux autres produits qu'ils peuvent
souhaiter acheter ou vendre. Des études antérieures ont
montré que le thé subissait un « désavantage
comparatif » par rapport aux autres produits plus
rémunérateurs, comme le café par exemple, qui ont permis
plusieurs entrées monétaires ces dernières années
grâce au commerce des gourmets comme celui de « Maraba
coffee » ou « Nkora coffee ».
III.2. Exposition des
agriculteurs au risque des prix
Alors que la libéralisation de la filière a
augmenté le prix au producteur dans plusieurs pays, elle a
augmenté en même temps la volatilité des prix. Dès
lors, les producteurs qui attendent une production future, les transformateurs
(Usines à thé) qui achètent les matières
premières brutes pour les revendre ainsi que les négociants qui
fixent un prix pour une livraison différée font face à un
risque permanent lié à l'incertitude quant à l'avenir.
III.2.1. Risques liées
aux imprévus climatiques et temporels
La production est toujours menacée par les
intempéries ou tout autre changement brusque des conditions climatiques.
Avant la récolte, le prix auquel le produit sera vendu est inconnu.
Entre la date d'achat des matières premières et la fin du
processus de traitement de thé, le prix du produit fini aura
changé occasionnant des pertes ou des gains. La COOTHEGIM et l'usine
à thé Gisovu, qui prend des engagements sur un produit dont elles
ne disposent pas encore, espèrent que les prix vont baisser au moment de
l'achat pour les revendre ensuite plus cher. Le risque de prix est le facteur
important que ces opérateurs doivent gérer afin de maintenir
leurs marges.
Tout le long de la filière, de la production à
la vente, des risques persistent même s'ils ne se présentent pas
de la même façon. La grêle, les insectes, et la
sécheresse restent les principaux facteurs de risques qui
empêchent une bonne qualité/quantité de la
récolte.
Les planteurs de thé membres de la COOTHEGIM au nombre
de 2500, disposent de petites exploitations (environ 1 ha) comme nous l'avons
vu dans le chapitre II. Les fluctuations de prix, si elles s'appliquent sur les
revenus des producteurs, ont un impact sur le bien être d'un grand nombre
de personnes, étant donné que tous les membres de la famille
participent aux activités d'entretien et de récolte comme nous
l'ont révélé les théiculteurs.
Les interviewés ont montré qu'ils ne sont pas en
mesure de supporter le risque de prix en plus du risque agronomique lié
à l'alternance entre les années de bonnes récoltes et les
années de mauvaises récoltes.
III.2.2. L'usine, la COOTHEGIM
et les exportateurs face au risque de
prix
Dans l'entretien que nous avons eu avec le Représentant
de l'usine à thé de Gisovu, nous avons retenu que la
totalité de la production du thé produit dans la région de
Gisovu-Muko est vendue par l'usine en collaboration avec la COOTHEGIM, aux
enchères à des exportateurs privés. Les enchères,
qui ont lieu à l'OCIR, permettent de rassembler en un seul lieu la
récolte nationale pour la vendre aux exportateurs. Les adjudications
permettent d'assurer la transparence des prix. Néanmoins, elles ont
comme inconvénient d'empêcher l'Usine et la COOTHEGIM de faire des
prévisions sur les quantités. Ils ne peuvent donc pas contracter
des engagements sur le long terme. Les exportateurs eux aussi ignorent le prix
auquel ils devront payer le produit qu'ils ont vendu d'avance. Tous ces
éléments montrent la nécessité pour les deux
parties de se protéger contre la fluctuation des prix sur le
marché mondial.
Cet état de chose renforce l'instabilité des
prix car tout un chacun veut minimiser les coûts et maximiser les revenus
car ils ignorent le prix réel qui sera en vigueur sur le marché.
Selon le Représentant de l'usine, les contrats qu'ils
continuent d'utiliser ne suffisent pas pour protéger leurs recettes
futures en négociant d'avance un prix fixe. « L'Usine et
la COOTHEGIM encourent des risques en cas d'évolution défavorable
des cours. Ce climat de négoce augmente le risque de contrepartie et les
exportateurs à faible surface financière ont des
difficultés à honorer leurs engagements ».
III.2.3. Faible intervention de
l'Etat dans la gestion de risque de prix
Le fonds de stabilisation, géré au compte de
l'Etat, encaisse le risque du producteur. Le Président de la COOTHEGIM
nous a expliqué que : « sans un système de
couverture de risque, les déficits des caisses de stabilisations
devraient comblés par les prélèvements sur le budget de
l'Etat ». Cependant, faute de moyens, l'Etat n'est pas
en mesure de financer les déficits de tous les secteurs.
Pour remédier à ce problème, il est
possible de passer par les banques de commerce (BCDI, BK, BCR...). Ces
dernières peuvent servir d'intermédiaires et ouvrir accès
à ces marchés à terme car elles ont l'infrastructure
requise. Seul que les usines n'ont pas encore saisi cette opportunité,
si l'on en croit le Représentant de l'usine à thé de
Gisovu.
III.2.4. Faible interaction
COOTHEGIM OCIR
Dans le questionnaire que nous avons distribué aux
théiculteurs en formation, nous avons voulu savoir comment ceux-ci
jugent l'intéraction entre la COOTHEGIM d'une part et l'Usine à
thé de Gisovu et l'OCIR Thé d'autre part. Voici, sous forme de
tableau les résultats obtenus :
Tableau 11 : Interaction COOTHEGIM/Usine à
thé Gisovu
Libellé
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Excellent
|
75
|
96%
|
Moyen
|
3
|
4%
|
Mediocre
|
0
|
0%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
Tableau 12 : Interaction
COOTHEGIM/OCIR
Libellé
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Excellent
|
5
|
6%
|
Moyen
|
35
|
45%
|
Mediocre
|
38
|
49%
|
Total
|
78
|
100%
|
Source : Notre enquête, 2007
D'après ces deux tableaux, il se dégage
très nettement que les membres de la COOTHEGIM apprécient
beaucoup (96%) les relations qu'ils entretiennent avec l'usine à
thé de Gisovu. Par contre, ils ont un regard nettement critique par
rapport à leurs relations avec l'OCIR. Cette situation s'explique par le
fait que la COOTHEGIM est présente dans toutes les réunions de
prise de décision qui se déroulent au sein de l'usine mais
rarement invitée dans les cessions de planification/évaluation de
l'OCIR Thé.
Certains répondants disent même que l'OCIR
Thé ne fait pas grand-chose pour que le prix de leur production
croît à l'instar de l'effort que fournit l'OCIR Café. Il
faut également noter que la formation sur les nouvelles techniques de
production du thé en question avait été financée,
à 50% par l'usine à thé Gisovu. La COOTHEGIM avait
financé le reste. Il n'y a pas eu de contribution de la part de l'OCIR,
ce qui explique en partie le scepticisme des répondants vis-à-vis
de cette institution. Cette situation freine la COOTHEGIM dans son effort
à négocier les prix.
III.3. Stratégie de
commercialisation
III.3.1. Objectifs de
commercialisation
Partant des problèmes soulevés par
différents acteurs nous avons trouvé que l'usine et la COOTHEGIM
ont le choix entre différents expéditeurs et sont souvent plus
exigeants que lorsque leur seul interlocuteur bénéficie d'un
monopole de vente. Après la libéralisation, ces exportateurs
privés qui ont relayé l'Etat ont dû prouver qu'ils sont de
bons partenaires. En effet, un exportateur sérieux s'efforce de se
rendre indispensable à ses acheteurs en allant au devant de leurs
desiderata. La capacité d'adapter la qualité aux exigences d'un
acheteur confère un important avantage à un exportateur. La
fiabilité est un autre élément très
apprécié dans les affaires. L'exportateur qui expédie une
qualité inférieure à la qualité convenue, puis
accorde une remise- si l'acheteur constate la différence- finira par
perdre au profit de ceux qui respectent méticuleusement les normes de
qualité et acquièrent de ce fait une réputation de
fiabilité.
La persévérance est un autre critère qui
permet à un exportateur de rester actif. Dans le climat de privatisation
actuel, les usines et les coopératives des théiculteurs, qui
montent les affaires ne réussiront que s'ils montrent la
persévérance. En effet, certains commissionnaires et maison de
négoce hésitent à travailler avec des exportateurs qui
viennent de s'établir dans les affaires. Ces exportateurs n'ont d'autres
choix que d'envoyer régulièrement des échantillons et de
communiquer renseignements et prix jusqu'à ce que vente s'en suive.
Les unités théicoles qui réussissent
à s'introduire comme fournisseurs de certains types de thé
recherché peuvent se créer une affaire stable pour autant qu'ils
respectent la qualité et garantissent des expéditions assez
régulières. C'est ce que s'efforcent de faire l'unité
théicole de Gisovu.
II.3.2. Libéralisation
effective des activités du secteur thé
Face à l'échec de la politique de stabilisation
de prix des matières premières dans les années 90, la main
invisible qui régit l'offre et la demande a conduit à
libéraliser la commercialisation des produits de base au début
des années 2000. C'est dans cette même ligne que la réforme
de la filière thé a été initiée au Rwanda
afin de répondre aux exigences du marché mondial de thé.
Nul n'ignore que les modifications d'un secteur aussi stratégique pour
un pays prennent du temps face aux hésitations des uns et la peur des
autres. Mais le Rwanda devait s'inspirer de l'expérience des autres pays
qui ont libéralisé totalement le secteur.
La privatisation des unités théicoles publiques
devrait être conduite jusqu'au bout. La question de savoir si la
meilleure façon de procéder est la vente des actifs de l'Etat
à plusieurs acteurs ou la vente de toute l'entité au plus offrant
ne devait pas se poser. Le plus important est d'intéresser les nouveaux
acquéreurs en facilitant le processus de libéralisation et en
ciblant les plus méritants. La privatisation de certaines unités,
comme Pfunda, qui a été un succès pourrait servir de
référence dans cette démarche.
La privatisation n'aurait pas de sens sans la
libéralisation de toutes les activités du secteur thé et
des prix intermédiaires. Dès lors, les prix en vigueur
appliqués seraient régis par la loi de l'offre et de la demande.
En d'autres termes, tous les acteurs de la filière thé,
producteurs compris, seraient rémunérés en fonction des
cours mondiaux.
III.3.3. Le rôle de
l'Etat dans la protection des producteurs
Le rôle joué par le producteur, acteurs
jugés vulnérables face aux fluctuations des cours mondiaux,
pourrait être renforcé par le regroupement de plusieurs
producteurs sous forme des coopératives. Ces dernières
bénéficieraient du soutien de l'Etat si des raisons
socio-politiques l'expliquent. Notamment en octroyant des facilités
d'accès aux crédit, à l'encadrement, etc. Le rôle
joué par l'Etat se limiterait à la réglementation du
secteur de la qualité en octroyant les licences aux meilleurs
éléments ainsi qu'à inclure dans les contrats de
privatisation une clause qui protège les coopthés
opérationnelles telle que la COOTHEGIM.
CONCLUSION PARTIELLE
Nous arrivons à la fin du troisième chapitre
dont la préoccupation était de vérifier la deuxième
hypothèse selon laquelle « Malgré les efforts fournis
par la COOTHEGIM pour stabiliser le prix du thé de ses membres, elle est
limitée par l'ingérence de la loi de l'offre et la demande et
l'instabilité des prix au niveau mondial ». Les limites
suivantes ont été expliquées : La loi de l'offre et
la demande, l'instabilité des prix au niveau tant mondial que local, les
imprévus climatiques et temporels, la faible intervention de l'Etat dans
la gestion des pris et en fin le manque d'interaction COOTHEGIM/OCIR où
seuls 6% d'enquêtés l'ont qualifiée d'excellente.
Ayant entré en détails de chaque limite telle
que trouvée dans les documents qui nous ont éclairé ou
énoncée par différents acteurs du thé lors de notre
enquête, nous avons trouvé que notre hypothèse est
confirmée et vérifiée par les données
récoltées.
CONCLUSION GENERALE ET
SUGGESTIONS
1. CONCLUSION GENERALE
Pour mener à bien ce travail, il a fallu emprunter des
voies théoriques de recherche suffisamment exploitées mais dont
les applications en études de cas étaient rares. Il a fallu
considérer les avis parfois divergents des théoriciens.
Malgré nos efforts d'investigation, une telle recherche dans le domaine
de la théiculture ne pouvait cependant que rester partielle, le domaine
étant suffisamment vaste comme nous avons pu le démontrer dans le
cheminement de notre étude. En reprenant ici les étapes
essentielles et les conclusions générales, nous allons rendre
compte du chemin parcouru.
Au départ, notre intérêt a
été éveillé par une question fondamentale qui a
suscité un débat non encore vraiment tranché : celle
du rapport de force qui existe entre le producteur et le consommateur en
matière de fixation du prix des produits du secteur agricole. Certes les
notions bien connues de « la loi de l'offre et la demande » de
la force des « producteurs regroupés en
coopératives » qui ont été reprises et enrichies par
les auteurs de l'OCIR Thé comme J-B Veron et bien d'autres avaient
été, avec succès d'ailleurs, contredites par d'autres
théoriciens de la faiblesse du producteur face au consommateur. C'est
surtout Joseph Ntamatungiro qui s'est présenté comme adepte de la
supériorité de la demande au détriment de l'offre dans le
complexe processus de fixation du prix des produits agricoles.
Cependant, les affirmations des théoriciens
n'étaient pas étayées par l'existence d'études de
cas suffisantes. En choisissant d'étudier le Rôle de la COOTHEGIM
dans ce processus, une coopérative rurale qui regroupe près de
2500 théiculteurs, nous avons tenté de répondre à
ces deux questions qui nous ont guidé tout au long de notre
travail :
1. Quel est le rôle de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé ?
2. Quelles sont les limites de la COOTHEGIM dans son action de
stabiliser efficacement les prix du thé ?
C'est ainsi que nous avons avancé les deux
hypothèses suivantes :
· La COOTHEGIM contribue dans la stabilisation des prix
du thé au Rwanda en améliorant la qualités du thé
vert ; en approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres
matériels de base à un prix abordable et en formant ses membres
sur les techniques de culture et de production du thé.
· Malgré les efforts fournis par la COOTHEGIM pour
stabiliser le prix du thé de ses membres, elle est limitée par
l'ingérence de la loi de l'offre et la demande et l'instabilité
des prix au niveau mondial.
Après enquête, recherche et documentation, les
deux hypothèses ont été respectivement confirmées
par le deuxième et le troisième chapitres. Le choix fait pour
valider ces hypothèses s'est naturellement porté sur une
région rurale (Gisovu-Muko) qui se trouve, presque entièrement,
dans le district de Karongi, ciblé à cause de ma présence
sur terrain.
Dans notre travail, nous avons d'abord fait un exposé
de la situation de la filière thé dans le monde en
général, au Rwanda et dans la région de Gisovu-Muko, en
particulier. Nous avons revu également quelques concepts clés en
rapport avec cette étude sur le rôle des coopératives des
théiculteurs dans la stabilisation des prix du thé au Rwanda. La
stabilisation des prix du thé ne pouvait cependant pas être
abordée sans précaution. La notion est si complexe qu'il fallait
en préciser les limites applicables à notre recherche. Notre
travail était limité dans le temps, l'espace et le domaine. Dans
le temps, cette étude s'est étendue sur une période allant
de 2002 à 2007. Dans l'espace, notre champ d'investigation a
été la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko.
Dans le domaine, notre recherche a porté sur le plan interne et externe
de la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko, tout en
cherchant à relever et analyser son impact sur la stabilisation des prix
du thé. L'étude a également exploré l'impact de
cette coopérative sur la situation socio-économique des
villageois de la région en général et des
théiculteurs, en particulier.
Parmi plusieurs possibilités d'approches qui
s'offraient à nos yeux, nous avons surtout choisi les techniques et les
méthodes en bas pour des raisons suivantes : La technique
documentaire nous a permis d'accéder aux différentes
théories existantes sur les associations, la filière thé
et la fixation des prix. En plus, elle nous a aidé à nous
procurer de différentes données sur le milieu
étudié et sur la coopérative COOTHEGIM.
La technique d'interview nous a aidé dans la
collecte d'informations auprès des théiculteurs. La technique de
sondage nous a permis d'obtenir sur base des échantillons choisis,
les informations relatives à notre sujet de recherche. La technique
d'enquête nous a aidé à recueillir les informations
relatives à la théiculture et aux conditions de vies des
ménages des théiculteurs. La technique d'observation nous a
aidé à visiter les plantations du thé de Gisovu-Muko pour
recueillir des informations y relatives.
La méthode historique nous a permis de suivre
l'évolution des prix du thé vert auprès de la COOTHEGIM.
La méthode analytique nous a permis de faire une analyse
systématique de toutes les informations récoltées au cours
de notre recherche. La méthode statistique nous a aidé dans la
présentation des données sous forme de tableaux et de figures. La
méthode descriptive nous a été utile dans la
description de la COOTHEGIM.
Par ailleurs, notre cheminement, qu'elle soit basé sur
toutes ces techniques et ces méthodes, laisse de nombreux champs non
encore explorés qui pourraient donner matière à d'autres
recherches. C'est le cas notamment du point de vue de l'OCIR Thé sur la
réussite ou l'échec des coopératives des
théiculteurs disséminées un peu partout dans le pays.
D'autre part, les coopthés pourraient également être
évaluées du seul point de vue de l'amélioration des
conditions de vie de leurs membres. Certains théiculteurs croupissent
toujours dans une misère indescriptible et ne sont même pas en
mesure de payer les frais de scolarité à leurs enfants.
En règle générale, la question de
l'interaction entre les coopératives des théiculteurs, les usines
à thé ou unités théicoles et l'OCIR Thé
reste très délicate dans la mesure où la réussite
de l'un dépend de celle de l'autre. Malgré notre grand souci
d'entrer en profondeur de ce sujet, beaucoup d'aspects ont été
laissés à l'ombre et pourraient fournir une matière
abondante à de nombreux projets de recherche.
Malgré ces insuffisances dues, en grande partie, aux
contraintes méthodologiques liées aux objectifs que nous nous
sommes fixé au départ, notre travail apporte, croyons-nous, une
contribution à la recherche dans trois domaines clefs : la
théiculture, les coopératives et le commerce local et mondial. Ce
mémoire aura le mérite d'avoir participé au débat
scientifique non encore tranché pour valider l'opinion que nous avons
suffisamment justifiée. Rares sont les travaux qui confrontent le
commerce à la théiculture. L'application de ces deux concepts
à l'existance des coopthés constitue une voie de recherche
où l'analyse ne s'est aventurée que très
parcimonieusement. L'ouverture du développement rural pour
l'étude du comportement des théiculteurs de la région de
Gisovu-Muko face à leur poids dans le complexe processus de fixation du
prix de leur production constitue, quant à elle, un véritable
travail de pionnier car, à notre connaissance, aucune étude
n'existe à ce sujet.
C'est sans doute dans la tentative d'évaluer le
rôle de la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko dans
la stabilisation des prix du thé qu'il faut chercher l'apport le plus
important de ce mémoire.
2. SUGGESTIONS
2.1. Au gouvernement rwandais via l'OCIR
· Encourager le regroupement en coopératives de
tous les théiculteurs et leur faciliter l'obtention des documents
juridiques y relatifs.
· Conduire à bout le processus de
libéralisation des activités de production et de
commercialisation du thé.
· Revoir la situation actuelle qui a conduit à une
hausse du prix nominal tandis que le prix réel, lui, est en baisse pour
laisser les changements suivre leur cours normal.
· Le système de rémunération
actuelle qui affecte à priori les résultats d'exploitation des
différents intervenants au détriment des théiculteurs, est
à remplacer par le système de rémunération qui
déduit directement les prix des différents acteurs des cours
mondiaux.
· Garantir au fermiers un prix minimum qui est cette
fois-ci un vrai prix plancher qui permettra de garder le niveau de pouvoir
d'achat, indexé en quelque sorte à l'inflation et aux coûts
occasionnés par les travaux des champs.
· Se charger de l'encadrement et du renforcement des
capacités des coopératives des théiculteurs car il a
été démontré qu'elle font tout ce qui est possible
pour amener les théiculteurs à « peser
lourd » dans le processus de fixation des prix, mais que leurs
efforts sont anéantis par la situation des cours mondiaux et
l'ingérence de la loi de l'offre et la demande.
· Rester garant de la qualité du produit
exporté et des prix équitables pour tous les acteurs.
2.2. A l'usine à thé de Gisovu
· Négocier les prix du thé avec
différents opérateurs bien avant les enchères en fonction
de l'évolution des cours mondiaux.
· Mettre sur pied une caisse de compensation Quand les
cours tomberont en dessous d'un certain seuil, la caisse de compensation
versera des paiements supplémentaires, afin d'offrir aux producteurs le
prix minimum. A l'inverse, en cas de cours élevés, les
producteurs verseront une certaine prime à la caisse de compensation.
2.3. A la COOTHEGIM
· Renforcer le système de crédit accessible
aux agriculteurs les plus démunis (crédits soudures,
crédits non liés à une épargne préalable,
etc.)
· Baisser le montant des parts sociales fixé pour
l'admission comme membres afin de faciliter les nouveaux arrivages.
· Maintenir et à améliorer l'image, la
qualité et la fiabilité du thé de ses membres.
BIBLIOGRAPHIE
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