CONCLUSION GENERALE ET
SUGGESTIONS
1. CONCLUSION GENERALE
Pour mener à bien ce travail, il a fallu emprunter des
voies théoriques de recherche suffisamment exploitées mais dont
les applications en études de cas étaient rares. Il a fallu
considérer les avis parfois divergents des théoriciens.
Malgré nos efforts d'investigation, une telle recherche dans le domaine
de la théiculture ne pouvait cependant que rester partielle, le domaine
étant suffisamment vaste comme nous avons pu le démontrer dans le
cheminement de notre étude. En reprenant ici les étapes
essentielles et les conclusions générales, nous allons rendre
compte du chemin parcouru.
Au départ, notre intérêt a
été éveillé par une question fondamentale qui a
suscité un débat non encore vraiment tranché : celle
du rapport de force qui existe entre le producteur et le consommateur en
matière de fixation du prix des produits du secteur agricole. Certes les
notions bien connues de « la loi de l'offre et la demande » de
la force des « producteurs regroupés en
coopératives » qui ont été reprises et enrichies par
les auteurs de l'OCIR Thé comme J-B Veron et bien d'autres avaient
été, avec succès d'ailleurs, contredites par d'autres
théoriciens de la faiblesse du producteur face au consommateur. C'est
surtout Joseph Ntamatungiro qui s'est présenté comme adepte de la
supériorité de la demande au détriment de l'offre dans le
complexe processus de fixation du prix des produits agricoles.
Cependant, les affirmations des théoriciens
n'étaient pas étayées par l'existence d'études de
cas suffisantes. En choisissant d'étudier le Rôle de la COOTHEGIM
dans ce processus, une coopérative rurale qui regroupe près de
2500 théiculteurs, nous avons tenté de répondre à
ces deux questions qui nous ont guidé tout au long de notre
travail :
1. Quel est le rôle de la COOTHEGIM dans la
stabilisation des prix du thé ?
2. Quelles sont les limites de la COOTHEGIM dans son action de
stabiliser efficacement les prix du thé ?
C'est ainsi que nous avons avancé les deux
hypothèses suivantes :
· La COOTHEGIM contribue dans la stabilisation des prix
du thé au Rwanda en améliorant la qualités du thé
vert ; en approvisionnant ses membres en intrants agricoles et autres
matériels de base à un prix abordable et en formant ses membres
sur les techniques de culture et de production du thé.
· Malgré les efforts fournis par la COOTHEGIM pour
stabiliser le prix du thé de ses membres, elle est limitée par
l'ingérence de la loi de l'offre et la demande et l'instabilité
des prix au niveau mondial.
Après enquête, recherche et documentation, les
deux hypothèses ont été respectivement confirmées
par le deuxième et le troisième chapitres. Le choix fait pour
valider ces hypothèses s'est naturellement porté sur une
région rurale (Gisovu-Muko) qui se trouve, presque entièrement,
dans le district de Karongi, ciblé à cause de ma présence
sur terrain.
Dans notre travail, nous avons d'abord fait un exposé
de la situation de la filière thé dans le monde en
général, au Rwanda et dans la région de Gisovu-Muko, en
particulier. Nous avons revu également quelques concepts clés en
rapport avec cette étude sur le rôle des coopératives des
théiculteurs dans la stabilisation des prix du thé au Rwanda. La
stabilisation des prix du thé ne pouvait cependant pas être
abordée sans précaution. La notion est si complexe qu'il fallait
en préciser les limites applicables à notre recherche. Notre
travail était limité dans le temps, l'espace et le domaine. Dans
le temps, cette étude s'est étendue sur une période allant
de 2002 à 2007. Dans l'espace, notre champ d'investigation a
été la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko.
Dans le domaine, notre recherche a porté sur le plan interne et externe
de la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko, tout en
cherchant à relever et analyser son impact sur la stabilisation des prix
du thé. L'étude a également exploré l'impact de
cette coopérative sur la situation socio-économique des
villageois de la région en général et des
théiculteurs, en particulier.
Parmi plusieurs possibilités d'approches qui
s'offraient à nos yeux, nous avons surtout choisi les techniques et les
méthodes en bas pour des raisons suivantes : La technique
documentaire nous a permis d'accéder aux différentes
théories existantes sur les associations, la filière thé
et la fixation des prix. En plus, elle nous a aidé à nous
procurer de différentes données sur le milieu
étudié et sur la coopérative COOTHEGIM.
La technique d'interview nous a aidé dans la
collecte d'informations auprès des théiculteurs. La technique de
sondage nous a permis d'obtenir sur base des échantillons choisis,
les informations relatives à notre sujet de recherche. La technique
d'enquête nous a aidé à recueillir les informations
relatives à la théiculture et aux conditions de vies des
ménages des théiculteurs. La technique d'observation nous a
aidé à visiter les plantations du thé de Gisovu-Muko pour
recueillir des informations y relatives.
La méthode historique nous a permis de suivre
l'évolution des prix du thé vert auprès de la COOTHEGIM.
La méthode analytique nous a permis de faire une analyse
systématique de toutes les informations récoltées au cours
de notre recherche. La méthode statistique nous a aidé dans la
présentation des données sous forme de tableaux et de figures. La
méthode descriptive nous a été utile dans la
description de la COOTHEGIM.
Par ailleurs, notre cheminement, qu'elle soit basé sur
toutes ces techniques et ces méthodes, laisse de nombreux champs non
encore explorés qui pourraient donner matière à d'autres
recherches. C'est le cas notamment du point de vue de l'OCIR Thé sur la
réussite ou l'échec des coopératives des
théiculteurs disséminées un peu partout dans le pays.
D'autre part, les coopthés pourraient également être
évaluées du seul point de vue de l'amélioration des
conditions de vie de leurs membres. Certains théiculteurs croupissent
toujours dans une misère indescriptible et ne sont même pas en
mesure de payer les frais de scolarité à leurs enfants.
En règle générale, la question de
l'interaction entre les coopératives des théiculteurs, les usines
à thé ou unités théicoles et l'OCIR Thé
reste très délicate dans la mesure où la réussite
de l'un dépend de celle de l'autre. Malgré notre grand souci
d'entrer en profondeur de ce sujet, beaucoup d'aspects ont été
laissés à l'ombre et pourraient fournir une matière
abondante à de nombreux projets de recherche.
Malgré ces insuffisances dues, en grande partie, aux
contraintes méthodologiques liées aux objectifs que nous nous
sommes fixé au départ, notre travail apporte, croyons-nous, une
contribution à la recherche dans trois domaines clefs : la
théiculture, les coopératives et le commerce local et mondial. Ce
mémoire aura le mérite d'avoir participé au débat
scientifique non encore tranché pour valider l'opinion que nous avons
suffisamment justifiée. Rares sont les travaux qui confrontent le
commerce à la théiculture. L'application de ces deux concepts
à l'existance des coopthés constitue une voie de recherche
où l'analyse ne s'est aventurée que très
parcimonieusement. L'ouverture du développement rural pour
l'étude du comportement des théiculteurs de la région de
Gisovu-Muko face à leur poids dans le complexe processus de fixation du
prix de leur production constitue, quant à elle, un véritable
travail de pionnier car, à notre connaissance, aucune étude
n'existe à ce sujet.
C'est sans doute dans la tentative d'évaluer le
rôle de la Coopérative des Théiculteurs de Gisovu-Muko dans
la stabilisation des prix du thé qu'il faut chercher l'apport le plus
important de ce mémoire.
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