5.0 CONCLUSIONS
D'aucuns soulignent par trop « l'échec de la
loi de 1970 ». C'est oublier un peu vite que cette loi a
marqué le début dans la différence qui sépare le
toxicomane du trafiquant et qu'elle reconnaît implicitement le toxicomane
en tant que malade. C'est d'ailleurs à partir de cette
« reconnaissance » que le traitement du toxicomane a pu
évoluer et s'est intégré dans la réforme sanitaire
de 1994.
Cependant, l'ambition de la loi du 18 janvier 1994 se heurte
au rapport de force qui existe entre l'organisation hospitalière et
l'institution carcérale. Cette situation cristallise les conflits et
n'est pas sans incidence sur le traitement du détenu toxicomane.
Le système pénitentiaire français subit
une crise de pouvoir dans la perte du monopole des soins. L'absence de
consensus demanderait la présence d'un
« Ombudsman » des prisons qui se fait attendre
pour prévenir ou contenir les problèmes.
L'évolution sanitaire de la prison passe aujourd'hui
par un nouveau paradigme de l'action publique, mais les nouvelles mesures
n'ajoutent rien de très nouveau et ne font qu'accentuer le rapport de
force entre le toxicomane et les pouvoirs publics.
Le système est difficilement gérable puisqu'il
possède deux têtes et adopte deux logiques antagonistes. Le
toxicomane, malade et délinquant à la fois, supporte seul cette
dualité. Il ne semble pas que le récent toilettage des
textes effectué les 5 mai et 10 août 2007 changera quelque chose
dans la politique du traitement des toxicomanes.
Tout le problème demeure dans l'absence chronique de
moyens, les bâtiments et les nouvelles places prévues accusent un
sérieux retard. Tout manque ! Personnel, encadrement,
surveillants, travailleurs sociaux. De nouvelles structures médicales
mieux adaptées, du personnel soignant, des médecins, des
psychologues !
La réponse des pouvoirs publics est
l'élaboration de textes sans un dispositif de moyens, cela aboutira sur
une répression quasi-automatique. Le système actuel choisit de
punir plutôt que de soigner. La technique est digne du grand
renfermement, elle fait entasser les malades, les fous et autres
insensés, les criminels endurcis et petits délinquants primaires
dans les mêmes bâtiments, dans les mêmes cellules.
L'accroissement prévu de la population pénale
d'ici à 2012, va cependant obliger l'Etat à trouver d'autres
solutions afin d'éviter la faillite annoncée du système
pénitentiaire.
En dehors du milieu fermé, l'organisation des
subventions aux associations de lutte contre la toxicomanie pose plusieurs
problèmes.
Actuellement, elle répond à deux principaux
objectifs, tout d'abord pouvoir bénéficier des structures du
réseau associatif pour l'économie qu'elle procure à
l'Etat, ensuite prendre tout ou partie du contrôle de ces structures par
le financement qu'elle dispense.
L'équilibre sur le financement des traitements
auprès de la population des toxicomanes entre les subventions des
pouvoirs publics et la CPAM pourrait faire l'objet de remaniements et provoquer
certaines ruptures. Un changement de politique de la MILDT n'est pas à
exclure et les associations indépendantes qui lui sont associées,
mais qui souhaiteraient garder un certain espace de manoeuvre, devront sans
doute se résoudre à se passer de leurs subventions.
La criminalisation de catégories de personnes est une
politique observée depuis quelques années, elle ne concerne pas
le toxicomane en particulier mais tout ce qui apparaît déviant,
l'électoralisme se place au niveau des sautes d'humeur de l'opinion
publique. Le droit de déplaire au « peuple » n'est
plus envisageable.
L'apathie et la naïveté populaire annoncent des
enjeux qui mettront dans la balance l'avenir de nos libertés
individuelles.
Cette pénalisation de la République qui se
banalise transformera le rôle social de l'Etat dans celui du
répressif. Le toxicomane, malade et déviant, en paiera le prix
fort.
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