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De la prise en charge du toxicomane en détention et du suivi à sa libération( Télécharger le fichier original )par Philippe THOMAS Université Paris VIII - DEA droit de la santé, médical et médico-social 2006 |
2.0.3 - Prophylaxie en détentionLa prise en charge du toxicomane dans des conditions d'hygiène difficile soulève plusieurs interrogations sur la qualité des soins. Plusieurs rapports se sont montrés critiques non seulement sur l'hygiène mais également sur la réalité objective des traitements. Un rapport de la mission santé justice de 2000* révèle des cas de grandes disparités médicales selon les établissements pénitentiaires. C'est sans aucun doute, le manque de personnel spécialisé qui crée cette situation et désorganise les protocoles entre la prison et l'établissement hospitalier. Le résultat affecte la prise en charge de la toxicomanie en détention. Le repérage de personnes toxicomanes rappelé plus haut106(*) semble donc mal effectué et les difficultés rencontrées dans la mise en place de traitements, laissent le personnel soignant découragé. Ainsi la proportion des détenus admis à suivre un traitement de substitution est particulièrement faible, d'autant que certains médecins sont réfractaires à ce mode de traitement. Cela favorise le trafic interne et oblige certains détenus à poursuivre leur consommation dans de très mauvaises conditions. Bien que l'usage de la drogue en milieu carcéral ne soit pas un secret, les pouvoirs publics continuent à refuser une mise à disposition de seringue en détention. D'après les données européennes fournies par REITOX, entre 0,2 et 34 % des détenus ont consommé de la drogue par injection en prison.107(*) Malgré toutes les recommandations de l'OMS,108(*) l'administration pénitentiaire reste dans une attitude figée voire hypocrite malgré des conséquences prévisibles à terme. C'est dans ces conditions que des injections sont
réalisées la plupart du temps. La pratique de partage de
seringues aux aiguilles réutilisées et souvent cachées
dans des endroits crasseux* * Cela pour éviter les sanctions prévues aux articles D.249-1 et D249-2 du CPP : de 30 à 45 jours de quartier disciplinaire (mitard) pour détention d'objet non autorisé par le règlement. De nombreuses voix se sont élevées pour qu'un débat soit organisé sur la question avec les pouvoirs publics. Ce souci de santé publique, navigue à contre courant de la pensée administrative qui ne nie plus la problématique des drogues à l'intérieur des établissements pénitentiaires, mais la réduit à sa plus simple expression. * 106 Guide méthodologique relatif à la prise en charge sanitaire des personnes détenues et à leur protection sociale - page 61 - http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/detenus_protecsociale/detenus.pdf * 107 http://ar2005.emcdda.europa.eu/fr/page082-fr.html#fn-146-1-1-10_2_1_0_0_0-5-0-2_188 * 108 Organisation mondiale de la santé. Directives de l'OMS sur l'infection à VIH et le sida dans les prisons. Genève : OMS, 1993. * 109 La note de la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) du 5 novembre 1997 autorise la distribution d'eau de javel à tous les détenus pour « nettoyer les sols » : Circulaire 739 DH/DGS/DAP du 5 décembre 1996, note DAP JUSE9740135N du 5 novembre 1997 |
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