Première partie : Mikhaïl
Gorbatchev : un souffle d'espoir pour l'URSS
À la fin des années 1970, le KGB dirigé
par Iouri Andropov, diligenta une enquête confidentielle pour
évaluer le PNB soviétique selon les critères qualitatifs
occidentaux et non plus seulement en volume comme le voulait la tradition
socialiste. Le résultat fut très défavorable et apportait
la preuve du déclin de l'Union Soviétique qui avait vu son
économie dépassée par celles du Japon et de la R.F.A,
anciens ennemis de l'URSS. D'autre part, à partir de 1978, la Chine
dirigée par Deng Xiaoping, entreprit une véritable
révolution économique qui rétablissait en fait le
capitalisme et insufflait ainsi un dynamisme considérable à
l'économie chinoise.
L'URSS était ainsi confrontée à une
situation géopolitique nouvelle :
- le Japon et la RFA disposaient désormais chacun d'une
économie plus puissante que la sienne ;
- la Chine commençait une croissance économique
exceptionnelle ;
- les USA, toujours aussi hostiles, accroissaient
l'écart entre les deux pays.
Or, tous ces pays étaient plus ou moins limitrophes de
l'URSS et entretenaient un contentieux territorial sérieux avec elle
excepté les États-Unis.
Consciente du danger, la direction vieillissante du Parti
Communiste de l'Union Soviétique (PCUS) porte au pouvoir le
représentant d'une nouvelle génération mais aussi un pur
produit du régime, né bien après 1917. Originaire du
Caucase du nord (il est né dans le Krai de Stavropol) de parents
kolkhoziens, Mikhaïl Gorbatchev étudia le droit à
l'Université Lomonossov de Moscou. Il adhère au Parti Communiste
en 1952 et en devient le dirigeant pour la ville de Stavropol en 1962. Entre
1964 et 1967, il étudie à l'Institut Agronome de Stavropol et se
spécialise dans les problèmes agricoles. C'est là qu'il
est remarqué par Iouri Andropov. Dès lors, sa carrière
s'accélère : il est élu au Comité Central en
1971 à 40 ans et au Politburo en 1980 à 49 ans.
Arrivé au poste de Secrétaire
Général du Parti Communiste de l'URSS en mars 1985, Gorbatchev
tente d'insuffler une nouvelle jeunesse à l'économie du pays par
des réformes de structures très profondes par rapport aux
principes léninistes classiques avec la perestroïka et la glasnost
et d'ouvrir davantage son pays au monde extérieur en assouplissant ses
relations avec la communauté internationale, notamment les
Etats-Unis.
I / Réformer le système : la
priorité de Gorbatchev :
Une restructuration nécessaire : la
perestroïka :
Lorsqu'il arrive au pouvoir, Gorbatchev hérite d'un
pays mal en point sur tous les plans, particulièrement
économiques et politiques. Les structures du Parti commencent à
vieillir ainsi que ses cadres dirigeants, encore fidèles à
Brejnev et sa politique immobiliste. Il est alors nécessaire de
réformer complètement le système, de le moderniser.
Andropov avait déjà compris, en 1982, cette
nécessité pour son pays mais n'avait pas eu le temps d'appliquer
ses idées. Gorbatchev reprend le flambeau dès 1985. Il est alors
conscient que l'URSS ne peut tenir son rôle de grande puissance ni sortir
de l'enlisement si les soviétiques persistent à ne pas
s'intéresser à l'effort économique indispensable et au
sort de la patrie socialiste. C'est alors qu'il lance dans un ouvrage
intitulé Perestroïka ses idées novatrices. Ce terme
signifie « restructuration » et le but de celle-ci est de
concilier socialisme et démocratie. Ce programme, très vaste,
doit totalement transformer la vie de l'URSS car il concerne les citoyens ainsi
que l'Etat, le Parti, la vie économique... C'est une véritable
révolution. Mais il sait que ces réformes, s'attaquant donc aux
règles ancestrales du Parti, risquent de se trouver confronter au refus
de la nomenklatura en place, cette dernière ne voulant pas
abandonner ses privilèges et pouvant à tout instant
décider de sa destitution. Pour éviter cela, il entame une
modification des institutions afin de contrer les résistances des
conservateurs. Il veut faire en sorte que les candidatures des responsables du
Parti soient soumises au vote populaire, car il estime que ceux-ci ont tendance
à s'éloigner des intérêts du peuple. C'est pour lui
le seul moyen pour le Parti de retrouver une forme de crédibilité
et d'autorité morale aux yeux des électeurs. C'est pourquoi au
printemps 1989, un Congrès des députés du peuple est
élu. Celui-ci a notamment pour objectif de désigner le Soviet
Suprême et d'en élire le président, qui deviendra alors
chef de l'Etat. Gorbatchev se fait élire à ce poste le 22 mai
1989, se mettant ainsi à l'abri de toute éviction possible par
ses adversaires. Les instances sont alors changées dans leur grande
majorité et, le plus important, davantage en faveur de Gorbatchev. Il
cumule alors les postes de Premier Secrétaire et de chef de l'Etat. Son
programme peut alors s'appliquer sans rencontrer d'opposition au sein des
institutions politiques.
Cette perestroïka signifie aussi de grands
changements dans l'économie du pays. L'objectif de cette réforme
était de créer une économie mixte où le secteur
d'Etat, toujours dominant, serait redynamisé par la présence de
secteurs privé et coopératif. Gorbatchev veut remédier aux
dysfonctionnements les plus graves : une autonomie plus large, à
base de décentralisation, est laissée aux entreprises, les plus
importantes se voyant exhortées à faire des
bénéfices. Il veut en outre « rapprocher l'homme de la
propriété » en louant la terre aux paysans sous forme
de contrat de sous-traitance familiale. Gorbatchev sait d'ailleurs que c'est
à l'aune de la réussite économique que la
perestroïka dans son ensemble sera jugée, les autres
problèmes étant indirectement les conséquences du
paupérisme croissant. Il a voulu sortir l'URSS de la
« stagnation » en relançant l'économie sur
une nouvelle base pour lui redonner une compétitivité
internationale.
Cependant, ces grands chantiers ne doivent pas ignorer les
deux fondements majeurs du régime que sont la dictature du
prolétariat et la propriété par l'Etat des moyens de
production.
De plus, cette nouvelle libéralisation lancée
par Gorbatchev est très soutenue par l'intelligentsia.
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