Troisième
partie : l'expression identitaire : analyse sur le terrain
I. Introduction
Si l'identité des habitants de l'île se retrouve
et s'exprime dans les productions littéraires, théâtrales
et surtout musicales qu'en est-il de la volonté des acteurs culturels de
la prendre en compte ? Les institutions politiques, les nombreuses
entreprises culturelles ainsi que les artistes réunionnais qui s'y
produisent ont-ils misés sur une reconnaissance régionale de la
culture ? L'ont-ils au contraire abandonnée au profit d'une
volonté de se positionner sur le marché mondial en se basant sur
des productions standardisées, appréciables et comprises par la
majorité des pays engagés dans le processus des échanges
mondiaux ? Font-ils la synthèse entre production locale et
internationale dans le but de s'ouvrir aux autres tout en affirmant leur
identité ? Nous avons vu que le public réunionnais
n'était pas hermétique à une ouverture sur les productions
artistiques extérieures. La multiplicité de leurs origines
explique en grande partie cette capacité qu'ils ont à s'ouvrir
sur le monde et à être tolérants.
Toutefois, on a aussi révélé l'importance
pour les réunionnais de valoriser leur culture. Cette volonté est
d'autant plus grande qu'ils sont en pleine reconstruction identitaire depuis la
fin de la colonisation et qu'ils ont donc besoin, pour ce faire, de s'appuyer
sur des repères stables les aidant à se définir et
à se valoriser par rapport aux « Autres ». Nous
verrons en quoi l'Office Départemental de la Culture (ODC) peut
répondre à ces aspirations. Il propose une programmation
variée où se mêlent les différents styles musicaux,
le théâtre et la danse. Les spectacles sont la plupart du temps
fréquentés par une clientèle d'habitués qui
s'intéresse de près au monde culturel.
Pour drainer un public de plus en plus nombreux et averti,
l'ODC met en place un certain nombre de stratégies. La plus importante
consiste à se créer une image qu'il véhicule via une
politique. Cette politique de programmation doit être cohérente
avec l'image qu'il veut montrer au public de lui et qui lui servira à
ériger une véritable identité. On pourra ainsi
l'identifier comme une structure qui a pour but de promouvoir la culture comme
moyen de développement, d'offrir un programme culturel de
qualité, riche et varié, de participer à l'affirmation de
l'identité Réunionnaise, de démocratiser l'accès
à la culture, de veiller à l'équilibre entre les
spectateurs locaux et extérieurs et de permettre la
décentralisation des spectacles. Ces axes constituent la base de toutes
ses actions sur lesquelles vont venir se greffer une philosophie globale qui
lui est propre et qui devra répond aux attentes de son public à
travers un choix de programmation artistique approprié. D'autres
stratégies auront ensuite pour objectif de mettre en oeuvre la
programmation préalablement pensée de manière la plus
professionnelle qui soit. Les professionnels qui oeuvrent dans ce sens devront
ainsi mettre leur savoir technique, administratif, communicationnel et
artistique au profit de la réalisation des objectifs et du
fonctionnement global de l'entreprise. Dans ce cadre, si l'on considère
les spectacles de l'O.D.C comme des produits de consommation, on peut dire
qu'ils constituent une offre répondant à une demande provenant
des consommateurs. Par extension, on peut alors déduire que toute
entreprise culturelle existe par rapport à un public et donc, à
une demande.
Mais l'O.D.C et son public se situent sur un territoire
abritant d'autres agents oeuvrant dans le domaine culturel et qui sont eux
même guidés par leur propre politique. Il est donc primordial, de
décrire l'environnement dans lequel l'O.D.C s'inscrit avant d'engager la
moindre étude sur son fonctionnement et sa capacité à
servir de vecteur aux identités réunionnaise. Une meilleure
appréhension du monde culturel qui l'entoure, allant des institutions
politiques jusqu'aux professionnels de la culture, nous permettra d'envisager
les influences éventuelles qui peuvent s'exercer sur lui et les liens
qu'il a pu tisser avec les autres acteurs.
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