L'identité et le spectacle vivant à La Réunion( Télécharger le fichier original )par Virginie Verbaere Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004 |
L'un pervertie, l'autre qui résiste« Il y a deux courants de musique à La Réunion. Y a le séga qui est une espèce de danse d'Afrique rentrée dans les salons qui serait mélangée avec des danses d'Europe : scottish etc., ou en tout cas serait juxtaposée. Musique pas métissée mais plutôt pervertie, presque détournée. Pas du tout pure. Le maloya c'est un chant de lutte, de résistance, de refus non pas de l'autre mais de se couler dans un moule. [...] une manière d'affirmer l'identité réunionnaise. [...] Y a donc deux courants sur la base du maloya, le maloya électrique avec des musiciens qui cherchent, pas forcément traditionnels, qui font de la guitare, du clavier mais qui ont cette musique chevillée au corps, car c'est pour eux, à mon sens, une réalité identitaire, un repère identitaire. Donc, y a des gars [...] qui ont travaillé en Europe, mais qui sont des Réunionnais profonds qui se réfèrent à ce qui est un repère identitaire qu'est le maloya... » On relève dans ce témoignage que l'apport d'un modèle européen dans le séga peut être considéré comme une perversion par certain réunionnais. Sans doute que cet apport dans la constitution du séga occasionne un sentiment de gêne car ce métissage prive les réunionnais d'une autonomie. Par contre, le maloya est bel et bien associé à la véritable identité réunionnaise. Ceci implique que le maloya, musique des esclaves, serait le fond culturel de tous les Réunionnais. Attribuant le même rôle identitaire au séga, une jeune étudiante questionnée sur la musique locale répondra pourtant dans un article sur la culture que « Le séga ça marche très bien. Ce genre est très apprécié par les Réunionnais et représente parfaitement notre culture. »100(*). L'extrait suivant nous donne plutôt l'impression du contraire: « Le séga avec sa structure harmonique, rythmique et mélodique nous amène à se demander où est le réunionnais là-dedans. 90% du séga est européen ». * 100 Le Quotidien, 4 octobre 1992, in CHERUBINI B., 1996, Regards sur le champ musical, Travaux & Documents, Université de La Réunion |
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