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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

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par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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Le cas particulier de la musique indienne

Nous avons vus plus haut l'héritage de la musique indienne dans les milieux ruraux, arrivée avec les premiers engagés Malbars des plantations et qui se perpétue aujourd'hui. A une époque plus récente, une partie de ces Malbars a donné naissance à une communauté Tamoule, généralement urbaine. On sent aujourd'hui chez les uns comme chez les autres le désir de se donner des marques visibles distinctives, tant au niveau individuel (par les vêtements, par exemple) que collectif (l'architecture des temples). Les rituels et les musiques qui les accompagnent viennent ancrer ces différences, tout en participant à la construction d'une identité propre à chacun des deux groupes. Il est incontestable que l'Inde ait largement influencé les productions musicales de La Réunion. Après la lecture et l'analyse de l'ouvrage dirigé par Florence Pizzorni-Itié90(*) on comprend mieux que l'espace indo-créole de l'île offre un lieu intéressant d'observation pour le domaine musical.

La musique des grands temples

La musique des grands temples urbains est très différente de celle des temples ruraux. Jouée à l'intérieur comme à l'extérieur du temple, elle est composée d'un ensemble instrumental diversifié dont est exclut le tapou car il est associé aux sacrifices d'animaux. L'ensemble instrumental est composé de deux hautbois où l'un assure la mélodie et l'autre tient lieu de bourdon. A cet ensemble hétérogène se joignent occasionnellement les tablas et un petit harmonium portatif. Ces deux derniers accompagnent les chants dévotionnels, les « Bhajans », et les chants classiques récemment importés d'Inde ou de l'île Maurice. Si l'apprentissage et la transmission de la technique instrumentale reposent généralement sur un lignage familial (patrilinéaire), les grands temples accueillent désormais des enseignements livrés par des maîtres venus de sud de l'Inde. Aux côtés de la langue tamoule, on y apprend notamment le chant classique, la technique des divers instruments. Ces nouveaux apports bouleversent les habitudes musicales des gens sur le plan de l'exécution et sur les choix de répertoires et des critères d'appréciation. Elle se rapproche davantage d'une conception occidentale de l'accompagnement car il s'agit ici d'honorer les dieux à travers une esthétique musicale fondée sur la beauté de l'interprétation, la richesse des timbres ou la qualité vocale des chanteurs. En souhaitant « s'indianiser » les musiciens favorisent l'introduction d'instruments et de techniques vocales propres au continent.

* 90 PIZZONI-ITIE F., 1998 : Tropiques métis, Edition de La Réunion des musées nationaux, Seuil, Paris, 142p.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand