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Une introduction aux systèmes de lois de conservation

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Michel KENFACK
Université Yaoundé I Cameroun - Doctorant en Mathématiques 2006
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION AUX SYSTEMES

DE LOIS DE CONSERVATION

Mémoire présenté et soutenu le 09 Decembre 2005 en

vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies

(D.E.A.)

Option: Analyse

Spécialité : E.D.P

Par:

Jean-Michel KENFACK
Maître ès sciences Mathématiques

Devant le Jury composé de :

Président : F.WAMON (M C)
Rapporteur : M.DOSSA (M C)
Examinateur: G.MBIANDA (C C)

Table des matières

Abstract-Résumé ii

Introduction 1

1 PRÉLIMINAIRES 2

1.1 Rappels 2
1.2 La méthode des caractéristiques pour l'E.D.P du premier ordre ut (t, x)+

f(u(t,x))x =0. 2

1.3 Solutions faibles ou généralisées 6

1.4 Ondes mobiles- Systèmes hyperboliques. 9

2 PROBLÈME DE RIEMANN 14

2.1 Ondes Simples 14

2.2 Ondes de raréfaction 16

2.3 Ondes de choc - discontinuités de contact 17

2.3.1 L'ensemble de choc 17

2.3.2 Discontinuités de contact - ondes de choc 20

2.4 Solution locale du problème de Riemann 22

2.5 Système de deux lois de conservation. 25

2.5.1 Invariants de Riemann. 25

2.5.2 Non existence de solutions régulières. 27

3 CRITÈRE D'ENTROPIE 32

3.1 Viscosité évanescente-ondes mobiles 32

3.1.1 Première condition d'admissibilité 32

3.2 Paire entropie-flux 36

3.2.1 Deuxième condition d'admissibilité 36

3.3 Unicité de la solution d'une loi de conservation scalaire. 38

3.3.1 Quelques propriétés de la solution entropique. 44

3.4 Solution explicite d'une loi de conservation scalaire 45

3.4.1 La formule de Hopf et Lax. 45

Conclusion 50

Bibliographie 51

ABsTRAcT

We are going to find the solutions of the first order non-linear Cauchy problem of conservation laws ut (t, x) + f (u (t, x)) = 0 which possess good physical properties. We will show that, this problem does not possess a global smooth solution in time; this result comes from the search of this solution by the characteristic method. Under asumption about initial conditions, we give the value of the optimal time for the existence and uniqueness for the smooth solutions. Through the Riemann problem, we give the nature of the global solutions under shape of various kinds of waves. By the entropy inequality, we establish one result of existence and uniqueness of weak entropy solution of the Cauchy problem of conservation laws.

KEYS WORDS : Characteristic method; optimal time; kinds of waves; entropy inequality; weak entropy solution.

REsuMÉ

Nous allons chercher des solutions du problème de Cauchy pour l'équation non- linéaire du premier ordre de lois de conservation ut (t, x) + f (u (t, x)) = 0 qui possèdent des bonnes propriétés physiques. Nous montrerons que ce problème ne possède pas en général de solutions régulières globales en temps; ce résultat provient de la résolution dudit problème par la méthode des caractéristiques. Sous certaines hypothèses sur les données initiales, nous donnons un temps optimal d'existence de solutions régulières du problème. A travers le problème de Riemann, nous donnerons la nature de ces solutions générales sous forme d'ondes de diverses sortes. Grâce à l'inégalité d'entropie, nous établissons un résultat d'existence et d'unicité de la solution faible discontinue de ce problème de Cauchy appelée solution faible entropique .

MOTS CLES : Méthode des caractéristiques; temps optimal; ondes de diverses sortes; inégalité d'entropie; solution faible entropique.

SYSTÈMES DE LOIS DE CONSERVATION.

INTRODUCTION

Les systèmes d'équations hyperboliques sont des systèmes d'équations aux dérivées partielles (E.D.P) qui modélisent un vaste champs de phénomènes physiques. Parmi ces équations, on peut citer notamment, l'équation des ondes, les équations de Maxwell en électro-magnétisme, les équations d' Euler de la dynamique des gaz. En général, on note t la variable temporelle et x la variable spatiale, nous aimerions étudier le comportement de la fonction vectorielle u = u (t, x) = (u1 (t, x) , u2 (t, x) , .., un (t, x)), (t; x) E [0, oc) x Rm où les composantes sont les densités des diffèrentes quantités qui interviennent dans le phénomène physique à étudier. Soit donné une région bornée assez régulière de Rm; notons que

contenu dans à l'instant t dx désigne l'élément de volume et

Ù udx représente la quantité de matières ou le nombre de particules

?Ù uds représente la

quantité de matière traversant le bord de (8 ) à l'instant t ds est l'élément de
surface induit sur 8 par dx. Le principe de lois de conservation stipule que : "L'augmentation ou la dimunition de matière (ou de particules) u dans le domaine est régulée par une fonction flux f : Rn ? Mn×m qui contrôle la traversée de u à travers 8 ,

où Mn×m est l'ensemble des (n x in) - matrices réelles.

Plus précisement, on a pour tout t

Z Z

(1) d u (t, x) dx = - f (u (t, x)) íds

dt Ù ?Ù

í est la normale à (8 ) extérieure à . Utilisant le théorème de divergence pour

Z Z Z

ut (t, x) dx = - f (u (t, x)) ídS = - divx (f (u (t, x))) dx.

Ù ?Ù Ù

réécrire (1), on obtient :

(2)

Ceci étant vrai pour toute région arbitraire c Rm . On en déduit le problème général de systèmes de lois de conservation avec valeur initiale :

½ ut (t, x) + divx (f (u (t, x))) = 0 dans (0, oc) x Rm

(3) u=g sur {t=0}x Rm

g : Rm ? Rn ; g (x) = (g1 (x) , g2 (x) , .., gn (x)), fonction donnée décrivant la distribution initiale. Pour des raisons de commodité et de simplicité, notre étude de (3) se limtera au cas in = 1, on aura alors à faire au problème :

(4)

½ ut (t , x ) + f (u (t , x))x = 0 dans (0 , oc) x R

u = g sur {t = 0} x R

f : Rn -* Rn , g : R -* Rn sont données et u: [0, oc) x R -* Rn est l'inconnue. Pour le cas spécial n = 1, on parlera de loi de conservation scalaire.

Comme exemples de lois de conservation, nous pouvons citer le problème du trafic routier ç')t + (ç')v) x = 0, où ç') = ç') (t, x)) est la densité du trafic à la position x et à l'instant t; v = v (t, x, ç') (t, x)) la vitesse du trafic et m = ç')v le débit du trafic encore appelé flux du trafic.

Les équations d'Euler d'écoulement de gaz compréssible en dimension 1 suivantes :

 

ñt + (ñv)x = 0 (conservation de la masse)

(ñv)t + (ñv2 +p)x = 0 ( conservation du moment)
(ñE)t + (ñEv + pv)x = 0 (conservation de l' énergie)

Dans la première partie, nous allons tour à tour chercher pour notre E.D.P du premier ordre ut (t, x) + f (u (t, x))x = 0 :

* Des solutions classiques par la méthode des caractéristiques pour le cas spécial n = 1, solutions qui malheureusement, seront seulement locales en temps.

* Des solutions faibles ou généralisées qui sont globales en temps, mais qui auront l'inconvénient de ne pas être uniques.

* Enfin, nous allons introduire la condition d'hyperbolicité de notre système d'E.D.P qui est très importante pour la résolution de ce dernier.

Dans la deuxième partie, nous allons étudier la nature des solutions faibles à travers le problème de Riemann qui se caractérise par le fait que la condtion initiale soit constante par morceaux . Nous chercherons tour à tour les solutions de ce problème sous la forme d'onde de choc, de raréfaction, de discontinuité de contact(qui apparaissent pour des temps plus grands que T* donné par la méthode des caractéristiques). Par la suite, nous donnerons une condition d'existence locale de solutions du problème de Riemann.

Enfin nous aborderons le cas de deux lois de conservation (n = 2), ici nous définirons les Invariants de Riemann qui seront fondamentaux dans la simplification du système et sa résolution. Enfin, nous allons donner un critère de non existence de solutions régulières du problème de Riemann.

Dans la troisième partie, nous allons donner un critère appelé critère d'entropie où inégalité d'énergie qui nous permettra de montrer l'existence et l'unicité des solutions faibles généralisées appelées solutions faibles entropiques. En se ramenant de nouveau au cas scalaire (n = 1), nous allons énoncer un résultat d'existence et d'unicité de la solution entropique.

Enfin, à travers la formule de Hopf-Lax, nous allons donner une solution explicite d'une loi de conservation scalaire (cas du problème de Riemann).

Chapitre 1

PRÉLIMINAIRES

1.1 Rappels

Dans ce paragraphe, nous énonçons deux résultats fondamentaux (admis) pour la démonstration des résultats de ce doucment.

Théorème 1.1. (théorème des fonctions implicites). Soit U un ouvert deR2n, soit f E C1 (U, Rm) tel que Jf (x0, y0) =6 0. Alors il existe un ouvert V C U avec (x0, y0) E V, un ouvert W C Rn avec x0 E W et un difféomorphisme g : W -?Rn E C1 tel que : *g(x0) = y0

*f(x,g(x)) = z0 (xEW) oùz0=f(x0,y0)et

* Si (x,y) EV et f(x,y) = z0 alors y =g(x)

*SifECk alorsgECk

Théorème 1.2. (théorème des fonctions inverses). Soit U un ouvert deRn, soit f E C1 (U, Rn) tel que Jf (x0) =6 0, alors il existe un ouvert V C U avec x0 E V, un ouvert W C Rn avec z0 E W tel que :

* La carte f : V -? W est bijective et

*f_1:W -? V est C1

* Si f est Ck, alors f_1 est Ck

Une première idée pour résoudre le problème (4) étant de chercher des solutions régulières, la méthode des caractéristiques nous semble indiquée.

1.2 La méthode des caractéristiques pour l'E.D.P du premier ordre ut (t, x) + f (u (t, x))x = 0.

On considère dans cette partie les problèmes de la forme

{ ut (t, x) + f (u (t, x))x = 0 t > 0, x E R (1.1) u(0,x)=u0(x) xER

Avec f E C°° (R) et u0 E L°° (R). On prend ici u0 assez régulière (par exemple C°° avec toutes ses dérivées bornées). L'idée est de chercher une fonction X : [0, 0e) -? R (appelée courbe caractéristique) telle que, si u est une solution classique de( 1.1); l'application t i-? u (t, X (t)) soit constante, on aurait alors :

d dt{u(t,X(t))} = ut (t,X(t)) +

Xÿ (t) ux (t, X (t)) = 0

et, puisque u vérifie (1.1), on a aussi :

ut(t,X(t))+fÿ(u(t,X(t)))ux (t,X(t)) = 0

Par identification, on obtient Xÿ (t) = fÿ (u (t, X (t))) et se souvenant que l'on a u (t, X (t)) constant et en notant X (0) = x, on trouve

Xÿ (t) =

fÿ(u0(x)), soitX(t)=x+tfÿ(u0(x)).

Les caractéristiques, courbes régulières le long desquelles les solutions de (1.1) sont constantes sont donc des droites, et pour tout x E R, on a

( )

u t, x + t fÿ (u0 (x))= u0(x)

La méthode des caractéristiques ne donnant des solutions régulières que pour des temps très petits, nous allons donner un résultat qui nous permette de trouver la valeur limite de ce temps, au déla de laquelle la méthode des caractéristiques n'est plus fiable.

Théorème 1.3. (théorème du temps optimal T*) Soient u0 et f des fontions données de classe C2, bornées et à dérivées bornées. Soit

n o

+0e · ÿ

-1

n o

infxER f· (u0 (x)) ÿu0 (x)

n o

si infxER f· (u0 (x)) ÿu0 (x)<0

?

???

???

T*=

Alors

* il existe un a > 0 tel que l'application

( )

ø : (t, x) E]a, T *[×R ? t, x + f ÿ (u0 (x)) tE]a, T*[×R est un C°° -difféomorphisme.

* la solution du problème (1.1) est alors donnée par u (t, x) = u0 (?(t, .)_1 (x)) où ?(t, .)(x) (x) = x + tf ÿ (u0 (x)).

Preuve. 1- Soit ?t (x) = x + fÿ (u0 (x)) t, on a ÿ?t (x) = 1 + f· (u0 (x)) ÿu0 (x) t; pour tout t E [0, T*[, ÿ?t > 0 sur R, et si on prend a < 0 assez petit, par exemple a tel que

 

asup

x

(f·(u0 (x)) ÿu0 (x)) <1 (reste vrai sur ]a, 0]),

Pour tout t E]a, T*[, ?t est donc strictement croissant sur R et, puisque u0 est bornée,
?t (x) ? #177;0e lorsque x ? #177;0e. Pour ces t, ?t est donc un difféomorphisme de R.

Cela prouve le caractère bijectif de e : Pour tout (s, y) E]a, T*[×R, il existe un unique (t, x) = (s, v,;1 (y)) tel que e (t, x) = (s, y) . On a de plus

|Je (t,x)| = det

1 0

fÿ(u0 (x)) ÿvt (x)

 

ÿvt (x) .

Ce qui montre que e est un difféomorphisme local en tout point de ]a, T*[×R, puisque son déterminant jacobien ne s'annule pas sur cet ensemble.

2- On a e (t, x) = (t, vt (x)) e (t, v71 (x)) = (t, vt (vt 1 (x))) = (t, x) . D'autre part,

u (e (t, x)) = u0 (x), d'où u (t, x) = u (e (t, vt1 (x))) = u0 (vt 1 (x)).

Il reste à montrer que u définie bien la solution du problème (1.1).

En effet, u (t, x) = u0 (vt 1 (x)) ut (t, x) + fÿ (u0 (vt 1 (x))) ux (t, x)

=(v-1

t(x))tÿu0 (v71 (x)) + (v71 (x))xÿu0 (x)) fÿ (u0 (v71 (x)))

Or (vtov71) (x)=x v71 (x) + tf (u0 (v71 (x))) = x

0 = et {v71 (x) + tfÿ (u0 (v71 (x)))}

et{v71 (x)} +f(u0 (x))) + tf· (u0 (vt 1 (x))) u0 (v71 (x)) et{v71 (x)}

??t {v71 (x)} =

fÿ (u0(v-1t(x)))

1 + tf· (u0 (v71 (x))) ÿu0 (v71 (x))

et ? {v71 (x)} = 1

1 + tf· (u0 (vi1 (x))) ÿu0 (v71 (x))

d'où (v71 (x))tÿu0 (v71 (x)) + (v71 (x)) xÿu0 (v71 (x)) fÿ (u0 (v71 (x))) = 0 et

u (t, x) = u0 (v71 (x)) est solution du problème (1.1).

D'où le théorème.

La méthode des caractéristiques permet donc de construire (explicitement modulo l'inversion de v) une solution régulière à (1.1), mais sous les hypothèses structurelles concernant f· et ÿu0, uniquement locale en temps.

Question : Peut-on construire génériquement une solution régulière définie sur ]0, 8[×R ? A travers quelques exemples, procédons à une illustration.

Exemple 1.1. i) Considérons l'équation de Burgers :

ut + ( 22) =0 x

avec condition initiale continue

u (0, x) = u0 (x) =

?

?

?

1 si x = 0
1 --- x si 0 = x = 1
0 si x= 1

u0 (x) E/ C1

2

On a f (u) = u2 fÿ (u) = u f· (u) = 1 et en utilisant le théorème précédent,

on deduit la valeur du temps optimal d'existence de solutions classiques comme étant
T* = 1. On en déduit que, pour tout t < T*, la solution peut être cherchée par la

méthode des caractéristiques.

la fonction ?t ayant pour expression :

?

?

?

x 7?

x+t si x<0

,

(1 -- x)t+x si 0<x <1 x si x=1

alors

?-1
t

(x)=

?

?

?

x--t si x<t

x-t

1-t si t<x<1

x si x=1

et la solution u est donnée par :

u(x)=

?

?

?

1 si x<t

1-x

1-t si t < x < 1 0 si x=1

.

ii) Considérons à présent l'équation de Burgers avec pour condition initiale continue, u0 (x) = 1 + x2,

1

(u2 )

u assez régulier ut + = 0 ? ut+uux = 0.

2 x

D'après le théorème 1.3, on peut déduire la valeur de T* comme étant J27 (car en

8

posant g (x) = ).

--J27

(1 + x2)2, le minimun de g est atteint au point x0 = --2x 1 J3 et vaut 8

*Par conséquent; pour t < T *, les caractérisitiques sont des applications

?t (x) : t 7? x + tu0 (x) = x + 1 +x2, u étant constant le long de cette caractéristique, t

le problème admet donc une unique solution donnée par :

.

(1.2) u(t,x) = u0 (?-1

t (x))

Remarque 1.1. Au vu des deux exemples ci-dessus, on peut faire le constat suivant : même si la condition initiale est seulemlent continue, même si la condition initiale est infiniment dérivable, la solution peut devenir discontinue après un temps fini. Pour t > T *, les solutions classiques n'existent pas, car la fonction x 7? ?t (x) n'est plus injective et les caractéristiques vont pouvoir se rencontrer, ce qui constitue une situation incompatible : chaque trajectoire porte une valeur différente de la solution, et au niveau de l'intersection de ces trajectoires, on se retrouve avec deux valeurs différentes de la solution. Cette situation est physiquement envisageable, et se traduit par une onde de choc. Il peut aussi y avoir une situation contraire ou ces trajectoires divergent (ou s'écartent), laissant apparaître une onde de détente ou de raréfaction dans l'ouverture créée par la divergence du faisceau des caractéristiques. Il est donc indispensable de caractériser ce lieu de rencontre, on a donc recours à la notion de solutions faibles où généralisées.

Dans toute la suite, on étudiéra le problème pour le cas n> 1.

1.3 Solutions faibles ou généralisées

Courbes de choc-Condition de Rankine-Hugoniot

Il faut donc considérer (comme il est classique en E.D.P), une autre notion de solution pour (1.1), qui permette d'obtenir l'existence d'une solution sur ]0, oc[xR tout entier et non pas uniquement pour des temps petits.

Soit à résoudre le problème de Cauchy suivant :

{ ut + f (u (t, x))x = 0 dans (0, oc) x R

(1.3) u(0,x)=u0(x) sur {t=0}xR

Posons

C'° c = C'° c ((0, oc) x R) = {?: (0, oc) x R ?Rngulière tel que support ? compact } L'idée ici est d'utiliser le principe des fonctions-test on prend une fonction régulière, on multiplie l'équation par cette dernière puis on intègre par partie.

Définition 1.1. u E L'° ((0, oc) x R; Rn) est une solution faible du problème (1.3) si u vérifie l'égalité :

f f f

(1.4) (u?t + f (u) ?x) dxdt + u0 (x) ? (0, x) dx = 0

0 R R

avec ? E C'° c .

Remarque 1.2. Si u est une solution classique (régulière) de (1.3), alors en multipliant la première équation de (1.3) par ? et intégrant par parties, on obtient (1.4) .Mais (1.4) n'a de sens que si u et f(u) sont localement intégrables.

Soit la situation où nous avons une solution faible de (1.3) qui est assez régulière sur l'un ou l'autre côté de la courbe C le long de laquelle u a un saut de discontinuité. Plus précisement, supposons un domaine V C (0, oc) x R tel que V = V g U Vd et V g n Vd = C. En supposant u assez régulière dans Vg avec pour condition initiale ug = u0/Vg , et choisissant la fonction ? tel que support ? compact dans Vg, alors on déduit de (1.4) que :

(1.5) ut+f(u)x =0dansVg

De même on a, ut + f (u) x = 0 dans Vd à condition que u soit assez régulière dans Vd, ayant pour condition initiale ud et support ? compact dans Vd .

A présent, choisissons la fonction test ? tel que support ? compact dans V et qui ne s'annule pas forcement le long de la courbe C. Alors en utilisant (1.4), on obtient :

0=

f f

0 R

(u?t + f (u) ?x) dxdt

ff ff

(1.6) = (u?t + f (u) ?x) dxdt + (u?t + f (u) ?x) dxdt

Vg Vd

Comme support ? compact dans V, on déduit :

(u(pt f (u) (px) dxdt = _

g(ut f (u)x)(pdxdt

vg v

Z(ugv2 + f (ug) v1) ?dl

+

C

(1.7)

ZZ(u(pt f (u) = (usv2 + f (ug) cpdl Vg

d'après (1.5) où v = (v1,v2) est la normale unitaire à la courbe C dirigée de Vg vers Vd.De même on a :

(1.8) (u?t + f (u)?x) dxdt = - L(udv2+f (ud) v1) ?dl

Vd Additionnant (1.7) et (1.8), en utilisant (1.6), on a :

ZC

[(f (ug) - f (ud)) v1 + (ug - ud) v2] ?dl = 0 pour toute fonction régulière ? . Ainsi :

(1.9) (f (ug) - f (ud)) v1 + (ud --- ug) v2 = 0

le long de C Supposant C paramétrée par {(t, x) / x = s (t)} pour toute fonction régulière s (.) : [0, +8) ? R. Alors

v = (v1,v2) = (1 + ÿs2)--

1

2 (1, - ÿs) ,

où (sÿ = ddts).(1.9) devient alors :

(1.10) (f (ud) - f (ug)) = sÿ (ud - ug)

dans V le long de C

Remarque 1.3. R1 : ud - ug est appelé le saut de u à travers la courbe C, f (ud) - f (ug) , le saut de f (u) et ó = sÿ la vitesse de la courbe C.

R2 : la droite d'équation x (t) = ót est appelée une courbe de choc

Définition 1.2. L'égalité (f (ud) - f (ug)) = ó (ud - ug) est appelée condition de saut de Rankine-Hugoniot.

Question : A-t-on toujours unicité des solutions faibles?

Nous allons à travers un exemple montrer que les solutions faibles ne sont pas toujours uniques.

Exemple 1.2.

1- En revenant à l'exemple 1.1 i), pour t = 1, en cherchant la solution sous forme "onde de choc", on a

r 1 si x<s(t)

u1 (t, x) = 0 si x > s (t) où s (t) = 1 + t

2

s (t) est la courbe de choc déterminée par la condition de Rankine-Hugoniot.

( u2 )

2- Soit l'équation de Burgers ut + = 0 avec pour condition initiale u0 définie par
2 x

{ --1 si x < 0

u0 (x) = 1 si x > 0 . Définissons la fonction u par :

{ --1 si x < 0

u (t, x) = 1 si x > 0 i.e u (t, x) = u0 (x) pour tout (t, x) E [0, oc) x R.

Alors u E L00 ((0, oc) x R, R) et par calcul on a :

Z 00 Z 0 Z 0 Z 00

(u?t + f (u) ?x) dxdt + u0 (x) ? (0, x) dx = f (--1) ? (t, 0) dt

0 --00 --00 0

et

Z 00 Z +00 Z +00 Z 00

(u?t + f (u) ?x) dxdt + u0 (x) ? (0, x) dx = -- f (+1) ? (t, 0) dt

0 0 0 0

En sommant ces deux résultats, on constate que u est solution faible puisque f (+1) = f(--1)

3- Donnons encore un exemple avec le même flux f et la même condition initiale. On définit la fonction v E L00 ((0, oc) x R, R) par :

?

??

??

--1 si x < --t

x

t

1 si t < x

si --t = x = t

v(t,x) =

(v2

Dans le domaine --t < x < t,on a vt + 2

)= 0 et un calcul plus poussé permet de

montrer que v est une solution faible. En effet, comme précédemment, on a :

x

Z 00 Z --t Z --t Z 00

(v?t + f (v) ?x) dxdt + v0 (x) ? (0, x) dx = f (--1) ? (t, --t) dt ,

0 --00 --00 0

Z 00 Z t Z t Z 00

(v?t + f (v) ?x) dxdt + v0 (x) ? (0, x) dx = f (1) (? (t, t) -- ? (t, --t)) dt

0 --t --t 0

et

Z 00 Z 00 Z 00 Z 00

(v?t + f (v) ?x) dxdt + v0 (x) ? (0, x) dx = -- f (1) ? (t, t) dt.

0 t t 0

D'où

Z 00 Z +00 Z 00 Z 00

(v?t + f (v) ?x) dxdt + v0 (x) ? (0, x) dx = f (--1) ? (t, --t) dt

0 --00 0 0

Z Z

+ f (1) (? (t, t) - ? (t, -t)) dt - f (1) ? (t, t) dt = 0, car f (1) = f (-1) ,

0 0

et v est bien une solution faible (appelée"onde de raréfaction"). En donnant ces deux exemples, on a montré qu'il peut avoir plusieurs solutions faibles. Cela ne correspond pas aux observations faites sur les modèles physiques dont la modélisation conduit à la première équation de (1.1) et cela n'est pas satisfaisant du point de vue mathématique.

1.4 Ondes mobiles- Systèmes hyperboliques.

Nous allons à présent nous intéresser à une bonne définition des solutions faibles généralisées, ceci va entrainer le critère d'entropie basé sur l'analyse d'ondes de choc. Nous devons considérer la non linéarité de f dans l'espoir de mettre sur pied une bonne approche mathématique et de bonnes conditions physiques . Notre étude portera sur le système de lois de conservation.

(1.11)

?

??

??

u1 t + (f1 (u1...un)) = 0
un t +(fn (u1....un)) = 0

Le système (1.11) s'écrit sous la forme quasilinéaire

(1.12) ut+A(u)u =0

Ici, on veut chercher des solutions particulières qui ont la forme d'ondes mobiles :
(1.13) u (t, x) = v (x ? ót)

(t> 0, x E R) où la fonction v et la vitesse ó E R sont des inconnues. En substituant (1.13) dans (1.12), on obtient l'égalité :

(1.14) ?ó v ÿ(x ? ót) + A (v (x ? ót)) vÿ (x ? ót) = 0

Par observation de (1.14), on constate que ó est la valeur propre de la matrice A(v) correspondant au vecteur propre ÿv. Cette conclusion suggère que si nous devons chercher des solutions de notre système d'E.D.P sous forme d'ondes mobiles ou plus généralement de vagues, solutions de (1.12), nous devons imposer une certaine condition d'hyperbolicité concernant les valeurs propres de A.

Définition 1.3. Si pour tout u E Rn, les valeurs propres de A(u) sont réelles et distinctes, on dit que le système (1.12) est strictement hyperbolique.

Dans toute la suite, nous supposerons le système d'E.D.P (1.12) (pour le cas spécial A = Df) strictement hyperbolique.

Notations

(i) Nous écrirons

À1 (u) < · · · < Àn (u)

pour désigner les valeurs propres réelles et distinctes de A (u) dans l'ordre croissant.

(ii) Pour k = 1 · · · n, dk (u) le vecteur propre non nul tel que :

A (u) dk (u) = Àk (u) dk (u).

(iii) Sachant qu'une matrice et sa transposée ont le même spectre, introduisons les vecteurs propres gk (u) pour la matrice transposée A (u)T, on a :

A (u)T gk (u) = Àk (u) gk (u) ,

qui peut s'écrire encore :

gk (u) A (u) = Àk (u) gk (u).

Ainsi {gk (u)}1<k<n pourra être regardé comme famille de vecteurs propres de gauche et {dk (u)}1<k<n celle de droite.

Remarque 1.4. On pourra considérer les familles gk (u) et dl (u) telles que : gk (u) dl (u) = äkl, u E Rn. En effet; Àl (gkdl) = gk (Àldl)

= gk (Adl) = ATgkdl = Àkgkdl (Àk - Àl) gkdl = 0

d'oùk =6 lgkdl=0 car Àk=6Àl.

Question : Comment se comporte la notion d'hyperbolicité stricte dans un changement de coordonnées?

Théorème 1.4. (invariance de l'hyperbolicité dans un changement de coordonnées). Soit u une solution régulière du strict système hyperbolique (1.12).

Soit Ö : Rn ?Rn un difféomorphisme assez régulier d'inverse W. Alors

u = Ö (u),

est solution du système strictement hyperbolique :

(1.15) ut +

A (u) ux = 0

dans (0, oc) x R pour (1.16)

A (u) := DÖ (W (u)) A(W (u)) DW (u).

Preuve. 1- Le changement de fonction inconnue u 7?u = Ö (u) transforme l'E.D.P (1.11) en l'E.D.P (1.15).

2- Prouvons que le système (1.15) est strictement hyperbolique. Si Àk (u) est une valeur propre de A (u) avec pour vecteur propre de droite dk (u) correspondant, on a: A (u) dk (u) =

Àk (u) dk (u). Posant

(1.17) on a : (1.18) de même on a :

r dk (u) := DI (W (u)) dk (W (u)) Àk (u) := Àk (W (u))

A (u) dk (u) = Àk (u) dk (u),

Au vu de (1.17)...(1.19), on conclut que le système (1.15) est strictement hyperbolique

rgk (u) := gk ( W (u)) DW (u) gk (u) A (u) = Àk (u) gk (u) (1.19) .

Question : Comment se comporte Àk (u), gk (u) et dk (u) quand u varie?

Théorème 1.5. (Dépendance des valeurs et vecteurs propres de u). On suppose la matrice A assez régulière, strictement hyperbolique, Alors :

i) Àk (u) dépend régulièrement de u E Rn ; 1 = k = n

ii) En outre, on peut choisir les vecteurs gk (u) et dk (u) dépendant régulièrement de u tel que |dk(u)| = 1, |gk(u)| =1, 1 = k =n

Preuve. 1- A(u) étant strictement hyperbolique, pour tout u0 ERn, on a :

À1 (u0) < ... <Àn (u0).

Pour k fixé dans {1, ..., n}, pour u0 E Rn, soit dk (u0) satisfaisant

A(u0)dk(u0)=Àk(u0)dk(u0); |dk(u0)| = 1,

supposons dk (u0) = en = (0, 0, .., 1).

En premier lieu, montrons que dans un voisinage de u0, il existe des fonctions assez régulières Àk (u) , dk (u) telles que

A(u)dk(u)=dk(u)Àk(u), |dk(u)| =1.

2- On applique le théorème des fonctions implicites à la fonction régulière I : Rn x R x Rn ? Rn+1 définie par:

I (d, À, u) = (A (u) d - Àd, |d|2) (d, u E Rn; À E R).

-d1

ôI (d,À,u)

=

ô (d, À)

A(u) - ÀI ...

-dn

2d1...2dn 0

((n+1)×(n+1))

Or dk (u0) = en, il suffit de vérifier que :

(1.20) det

A(u0) - ÀI

0
...

-1

=6 0

0...2 0

3- Pour å > 0 suffisament petit, la matrice

(1.21) Aå = A (u0) - (ëk (u0) + å) I

est inversible. Aå (en) = ?åen, par conséquent

0

0

0

=

Aå . . . x

-1

0...2 0

I . . .

()-1

0...0 1

Aå ...

0

0...2 2 ()-1

Sachant que le déterminant de la 2e matrice vaut 1, on a : 0

det

Aå

. . .
-1

= 2 (--å)-1 (det Aå) = 2 Y

j6=k

(ëj (u0) - ëk (u0) --- å) () ()-1

(u2)2
u1

f3 (u) = u2u3

u1

f1 (u) =u2

--

u3 1 (u2)2

+p )

u1 2 u1

f2 (u) =

p u1

u1 2 u1

u3 1 (u2)2 u2 u1

?

???????

???????

f (u) =

0...2 0

qui tends vers 2 Qj6=k (ëj (u0) --- ëk (u0)) quand å > 0.

Comme A (u0) est strictement hyperbolique, la dernière expression est non nulle et la condition (1.20) est vérifiée. Nous allons ainsi invoquer le théorème des fonctions implicites pour extraire dans un voisinage de u0, les fonctions régulières ëk (u) , dk (u) satisfaisant le théorème. Preuve similaire pour les vecteurs propres de gauche

Exemple 1.3. Soient les équations d'Euler d'écoulement de gaz compressible en dimension 1 suivantes :

(1.22)

?

?

?

ñt + (ñv)x = 0 ( conservation de la masse)

(ñv)t + (ñv2 + p)x = 0 ( conservation du moment)
(ñE)t + (ñEv + pv)x = 0 ( conservation de l' énergie)

dans (0, 8) x IR où ñ est la densité de masse, v la vitesse et E la densité d'énergie par

2

unité de masse, p la pression . (E = e + v 2 , e énergie interne). Le système sera strictement hyperbolique si :

Op

p > 0, Oñ > 0, et Op > 0.

Oe

Cette assertion est très difficile à vérifier directement, car le flux définit comme ci-dessous est compliqué.

u = (ñ,ñv,ñE) ,u = (u1,u2,u3) ,u1 > 0.

Supposons un changement de fonction inconnue et regardons la densité ñ, la vitesse v et l'énergie interne e comme des inconnues, d'où le système (1.22) devient alors :

 

ñt + x + ñvx = 0
vt + vvx + ñ1 vx= 0
et + vex + p ñvx = 0

ñ> 0.

Posant w = (ñ, v, e), ce système devient wt + A (w) wx = 0 où

(1.23) A(u)=u2I+

0 u1 0

A(u)

(u1, u3) 0 1

Op Op

u1Oe (u1, u3)

1

u1

1

A(u)= u1

0

p(u1,u3) 0

Le polynôme caractéristique de A (u) est --À (À2 -- ó2) pour

ó2 = p

u12

Op+ Oe

Op.

On revient à (1.23) et on voit que les valeurs propres de A sont :

À1=v--ó, À2=v, À3=v+ó, ó>0

ó est la vitesse locale de son.

Par conséquent, wt + A (w) wx = 0 est strictement hyperbolique à condition qu'on ait

Op Op

>0et >0.

Oñ Oe

Utilisant le théorème 1.4, on déduit que les équations d'Euler sont strictement hyperboliques.

Chapitre 2

PROBLÈME DE RIEMANN

Dans ce chapitre, nous étudierons en détail le système de lois de conservation (2.1) ut+f(u) = 0 dans (0,8) x R

avec la condition initiale

(2.2) u (0, x) = u0 (x) = { u si x < 0

u+ si x>0

Les quantitées u+ et u sont respectivement l'état initial à droite et à gauche du saut à l'origine.

D'une manière générale, la condition initiale doit être constante par morceaux .

2.1 Ondes Simples

Ici, nous cherchons la solution de (2.1) sous la forme d'ondes simples de la forme : (2.3) u (t, x) := v (w (t, x)) (t > 0, x E R)

v:R?Rnetw:[0,8)xR?R sontdesinconnues. En substituant (2.3) dans (2.1), on trouve :

(2.4) wtvÿ (w) + Df (v (w)) v ÿ(w) w = 0.

Au vu de (1.14) du chapitre 1 avec A = Df, (2.4) n'aurait de sens que si pour tout 1 <k < n, w est solution de l'E.D.P

(2.5) wt+ëk(v(w))w =0,

et v est solution de l'équation différentielle

(2.6) vÿ(s) =dk(v(s)).

Si (2.6) et (2.5) sont résolues, avec les conditions initiales respectives v (0) = u0; u = v (w ) et u+ = v (w+), u est appelée une k-onde simple.

Le point important ici est qu'on puisse regarder (2.6) comme une équation différentielle de la fonction vectorielle v et interpréter (2.5) comme une loi de conservation scalaire dew.

Question: Dans quelles circonstances pouvons-nous utiliser les étappes (2.3)-(2.6) pour construire une solution continue de (2.1)? Examinons en premier l'équation (2.6).

Définition 2.1. Soit u0 fixé dansRn, on appelle ke- courbe de raréfaction notée Rk (u0), la courbe intégrale du champs de vecteur dk qui passe par u0.

Soit donné la solution v de (2.6), retournant à (2.5), réécrivant (2.5) sous la forme

wt + fk (w)x = 0

Z s

fk (s) = ëk (v (t)) dt, (s E R)

0

ÿfk (s ) =ëk(v(s))

(2.7) ·fk (s) = Dëk (v (s))vÿ (s) = Dëk (v (s))dk (v (s)).

D'après (2.7), la fonction fk sera strictement : convexe si Dëk (v (u)) dk (v (u)) > 0, (u E Rn)

et concave si Dëk (v (u)) dk (v (u)) < 0, (u E Rn);

fk est linéaire si Dëk (v (u)) dk (v (u)) = 0, (u E Rn).

Définition 2.2. Le couple (ëk (u) , dk(u)) est vraiment non-linéaire si : (2.8) Dëk(v(u))dk(v(u))=60, (uERn)

Définition 2.3. Le couple (ëk (u) , dk (u)) est linéairement dégénéré si : (2.9) Dëk(v(u))dk(v(u))=0, (uERn)

Notations

Si le couple (ëk (u0) , dk (u0)) est vraiment non-linéaire, écrivant :

R+ k (u0) = {uERk(u0) / ëk(u) > ëk(u0)} et R- k (u0) = {uERk(u0) /ëk(u)<ëk(u0)}

Alors

Rk (u0) = R- k (u0) U {u0} U R+ k (u0)

2.2 Ondes de raréfaction

Théorème 2.1. (Existence de la ke-onde de raréfaction).On suppose pour un certain k E {1....n} que :

(i) le couple (Àk (u) , dk(u)) soit vraiment non-linéaire.

(ii) u+ E R+ k (u ).

Alors il existe une solution faible continue u du problème de Riemann (2.1)-(2.2) appelée k-onde simple, constante le long du chemin traversant l'origine.

Preuve. 1- Supposant fk strictement convexe, la carte s i-? Àk (v (s)) est strictement croissante . Choisir w , w+ E R tels que u = v (w ), u+ = v (w+)

Supposons w <w+, considérant alors le problème de Riemann

wt+fk(w)x = 0

½ w si x < 0

w(0,x) = w+ si x>0

La fonction

(2.10)

?

?

?

w si x <tÀk (u )

æ Àk (v ((æ))) = x tsi tÀk (u ) <x < tÀk (u+)

u+ si tÀk (u+) <x

est solution faible continue appelée onde de raréfaction joignant les états w et w+.

En effet, l'équation (2.5) est trivialement satisfaite dans les secteurs x < tÀk (w ) ou x > tÀk (u+) dès que wt = wx = 0.

Par la suite, on voudrait relier les deux valeurs de w entre x < tÀk (u ) et x > tÀk (u+)
par la fonction la plus simple possible. On aurait donc w (t, x) = ç (x ) qui dans (2.5)

t

entraine

x

-

t2

x ) ( ( x ))) (x )

çÿ + 1 t Àk v ç çÿ =0;

t t t

et en posant æ = x t E]Àk (u ) , Àk (u+) [, on a bien

(Àk(v(ç (æ))) ? æ) çÿ (æ) =0.

En supposant

öÿ =6 0, alors

(w+) [, Àk (y (ö (æ))) = æ.

Væ E]Àk (w ) , Àk

Ainsi u (t, x) = y (w (t, x)) où y est la solution de l'équation différentielle (2.6) qui passe par u est une solution faible continue par morceaux de (2.1)-(2.2).

Le cas w > w+ est traité similairement pour fk concave .

2.3 Ondes de choc - discontinuités de contact

Nous nous plaçons dans le cas où les états u et u+ peuvent être joints non plus par les ondes de raréfaction, mais plutôt par un choc.

2.3.1 L'ensemble de choc

Se rappelant de la condition de Rankine-Hugoniot introduite au paragraphe 1.3 du chapitre 1, on fait l'observation suivante dès que

f (u ) - f (u+) = ó (u - u+) (ó E R), alors il existe une courbe de choc d'équation x = ót; cette observation motive les calculs ci-après.

Définition 2.4. Soit u0 fixé dansRn, on définit l'ensemble de chocs S (u0) par : S(u0)={uERn/ f(u)-f(u0)=a(u-u0)}

a = a (u, u0) E R

Théorème 2.2. (Structure de l'ensemble de choc). Soit u0 fixé.

Dans un certain voisinage de u0, S (u0) = Un k=1 Sk (u0) avec Sk (u0) courbes régulières pour un certain 1 k n et possédant les propriétés :

(i) Sk (u0) passe par u0 et est tangente à dk (u0).

(ii) limu?u0 a (u, u0) = Àk (u0) , u E Sk (u0)

(iii) a (u, u0) = 1 2 (Àk (u) + Àk (u0)) + 0 (|u - u0|2) quand u -* u0 avec u E Sk(u0)

Preuve. 1- Définissons A (u) = f0 1 Df (u0 + t (u - u0)) dt Alors

(2.11) A(u)(u-u0) = f(u) - f(u0)

En particulier u E S (u0) si et seulement si

(2.12) (A (u) - aI) (u - u0) = 0,

pour tout scalaire a = a (u, u0).

2- Pour étudier (2.12), posons A(u0) = Df(u0) ,au vu de la stricte hyperbolicité, le polynôme caractéristique À i--* det (ÀI - A (u0)) a n racines réelles distinctes, d'où À '--* det (ÀI - A (u)) a n racines réelles distinctes si u très près de u0.

Utilisant le théorème 1.5 du chapitre 1, nous disons que dans un voisinage de u0, il existe

des fonctions régulières

À1 (u) < ... <

Àn (u) et des vecteurs unitaires {dk (u) , gk (u)}

satisfaisant :

ëk (u0) := ëk (u0),

dk (u0) := dk (u0), gk (u0) := gk (u0) , 1 k n et

J' A (u) dk (u) = ëk (u) dk (u) gk (u) A (u) = ëk (u) gk (u) ,

or {gk (u)}1<k<n , {dk (u)}1<k< n bases de n et ainsi

(2.13) gl

dk = älk.

3- On aura alors l'équation (2.12) si a = ëk (u) pour tout 1 k n et (u - u0) est
colinéaire à dk(u). Au vu de (2.13), ces conditions sont équivalentes à :

(2.14) gl(u)(u-u0)=0,(l=6k).

? n-1 par :

Ces égalités donnent (n - 1) équations des n inconnues composantes de u, que nous souhaitons résoudre en utilisant le théorème des fonctions implicites. Ainsi, définissant Ö k : n

Ök(u) :=(..., gk-1(u)(u-u0), gk+1(u)(u-u0),...), Ök(u0)=0.

DÖk (u0) =

?
????????

g1 (u0) ...

gk-1 (u0) gk+1 (u0) ...

gn(u0)

?
? ? ? ? ? ? ? ?

((n-1)xn).

 

Or les vecteurs {gk (u0)}1<k<n forment une base de n, d'où

rang DÖk (u0) = n - 1.

Par conséquent, il existe une courbe régulière Wk : ? n telle que :
(2.15) Wk (0) = u0

et

(2.16) Ök (Wk (t)) = 0 pour t ? 0.

La trajectoire de la courbe Wk (.) pour t ? 0 définit Sk (u0). Nous pouvons réparamétrer Wk (.) de façon que: ÿWk (t) = 1

4- (2.14)...(2.16) entrainent que

(2.17) Wk (t) = u0 + u (t)

dk (Wk (t)) pour t ? 0,

u : ? assez régulière satisfaisant u(0) = 0,uÿ (0) = 1. Car d'après (2.14),

gl (Wk (t)) (Wk (t) - u0) = 0, (l =6 k) (pour u = Wk (t)). D'où Wk (t) - u0 colinéaire à

dk (Wk (t)) et ? u : t 7? u (t) tel que Wk (t) - u0 = u (t) dk (Wk (t)). Différentiant (2.17) au point t = 0, on a :

(2.18) ÿWk (0) = dk (u0)

D'où le vecteur dk (u0) est tangent à la courbe Sk (u0) en u0 et (i) est prouvée.

5- Au vu de l'analyse précédente, il existe une fonction assez régulière a :Rn×Rn?Rtelque:

(2.19) f (Wk (t)) - f (u0) = a (Wk (t) , u0) (Wk (t) - u0) pour t ? 0

Différentiant au point t = 0, on déduit au vu de (2.15) que : Df (u0) ÿWk (0) = a (u0, u0) ÿWk (0).

Au vu de (2.18), a(u0,u0) = ëk (u0).

6- Posons a (t) := a (Wk (t) , u0) tel que l'on ait (2.19). Différentiant 2 fois (2.19), on a :

( )

D2f (Wk (t)) ÿWk (t) ÿWk (t) + Df (Wk (t)) ·Wk (t) = a· (t) (Wk (t) - u0) + 2 aÿ (t) ÿWk (t) +

a (t) ·Wk (t)

En évaluant cette expression au point t = 0, sachant que a(0) =ëk(u0),Wk(0)=u0, ÿWk (0) = dk (u0), on obtient :

(2.20) (2 aÿ (0) I - D2f (u0) dk (u0)) dk (u0) = (Df (u0) - ëk (u0) I) ·Wk(0)

7- Soit 17k (t) = v (t) l'unique paramétrisation vitesse de la courbe de raréfaction Rk (u0) voisine de u0. Alors :

17k (0) = u0, ÿ17k (t) = dk (17k (t))

Ainsi Df (17k (t)) dk (t) = ëk (t) dk (t) pour ëk (t) = ëk (17k (t)) , dk (t) = dk (17k (t)) Différentiant par rapport à t et évaluant au point t = 0, on obtient :

)(2.21) ( D2f (u0) dk (u0) - ÿëk (0) Idk (u0) = - (Df (u0) - ëk (u0) I) ÿdk (0)

Additionnant (2.20) et (2.21), on obtient :

( ) ( )

2 aÿ (0) - ÿëk (0) dk (u0) = (Df (u0) ? ëk (u0) I) ·Wk (0) - ÿdk (0) Prenant le produit scalaire par gk (u0) et observant gkdk =6 0, on conclut que : (2.22) 2 aÿ (0) = ÿëk (0)

De (2.22), on déduit que 2a (t)?ëk (u0) ? ëk (t) = 0 (t2) quand t ? 0 et (iii) est vérifiée.

On voit à partir du théorème 2-(iii), que les courbes Rk (u0) et Sk (u0) coïncide au moins au premier ordre en u0, dans la suite, avec l'hypothèse de dégénérescence linéaire, on va montrer qu'elle coïncide en fait.

Théorème 2.3. (Dégénérescence linéaire). On suppose pour un certain 1 k n, que le couple (ëk (u) , dk (u)) soit linéairement dégénéré;

Alors pour tout u0 E Rn,

(i) Rk (u0) = Sk (u0) et

(ii) a (u, u0) = ëk (u) = ëk (u0) pour tout u E Sk (u0).

soit

{ vÿ (s)

Preuve. v = v (s) solution de l'équation différentielle

= dk (v (s)) s E R

v(0)=u0

Alors la surface s i?> ëk (v (s)) est constante et :

Z s

f (v (s)) - f (u0) = Df (v (t)) vÿ (t) dt

Z s

0

= Df (v (t)) dk (v (t)) dt

Z s

0

= ëk (v (t)) dk (v (t)) dt

0Z s

= ëk (u0) vÿ (t) dt

0

= ëk(u0) (v (s)-u0).

2.3.2 Discontinuités de contact - ondes de choc

Nous allons à travers les théorèmes 2.2 et 2.3, étudier la possibilité de résolution du problème de Riemann en joignant 2 états donnés u - et u+ par d'autres sortes d'ondes de choc.

Discontinuité de contact :

On suppose que le couple (ëk (u) , dk(u)) est linéairement dégénéré et u + E Sk (u-), d'après cette supposition, nous pouvons définir la solution de notre système de lois de conservation comme étant :

{ u - si x < at

u (t, x) = u+ si x > at

pour a = a(u-, u+) = ëk (u-) = ëk (u+).

On peut faire le constat suivant; dès queëk (u-) = ëk (u+) = a, les projectés de la caractéristique ont la même valeur de part et d'autre de la droite de discontinuité.

Définition 2.5. Le trait x = at est appelé une k-discontinuité de contact.

Remarque 2.1. Physiquement, on interprète la situation précédente comme suit; les particules d'un fluide ne peuvent traverser une discontinuité.

Ondes de choc

On suppose à présent que le couple (Ak (u) , dk (u)) est vraiment non-linéaire et que les états u+ et u- sont connectés par un ke--choc i.e u+ E Sk (u-). Si nous considérons la solution faible :

{u- si x < at

(2.23) u (t, x) =

u+ si x > at ,

pour a = a (u-, u+). On voit qu'on a deux éventualités à savoir :

Ak (u-) > Ak (u+)

Ak (u-) < Ak (u+) .

Au vu de l'assertion(iii) du théorème 2.2, nous avons alors :

(i) Ak (u) > a (u-, u+) > Ak (u+)

Ak (u) < a (u, u+) < Ak (u+) ,

à condition que u- reste très proche de u+.

Remarque 2.2. dans le cas (i), les chocs sont dits physiquement acceptables ou des "bons chocs" et non physiques ou" mauvais chocs" dans (ii).

Définition 2.6. On suppose le couple (Ak (u) , dk (u)) vraiment non-linéaire en u-. On dit que le couple (u-, u+) est admissible au sens de Lax si :

u+ ? Sk(u-) et Ak (u+) < a (u-, u+) < Ak (u) .

Remarque 2.3. Si (u , u+) admissible au sens de Lax, la solution u définie par (2.23) est appelée une k-onde de choc.

Par analogie avec notre décomposition de Rk (u0) en R#177; k(u0), introduisons ceci :

Définition 2.7. Si le couple (ëk (u) , dk (u)) est vraiment non-linéaire, on a :

S+ k (u0)={uESk(u0)/ëk(u0)(u,u0)<ëk(u)} S k (u0)={uESk(u0)/ëk(u)(u,u0)<ëk(u0)} Alors Sk (u0) = S k (u0) U {u0} U S+ k (u0)

On note alors que le couple (u ,u+) est admissible au sens de Lax si et seulement si u+ E S k (u ).

2.4 Solution locale du problème de Riemann.

Définition 2.8. (i) Si le couple (ëk (u) , dk(u)) est vraiment non-linéaire, prendre : Tk (u0) = R+ k (u0) U {u0} U S k (u0).

(ii) Si le couple (ëk (u) , dk(u)) est linéairement dégénéré,

prendre : Tk (u0) = Rk (u0) = Sk (u0).

On voit que les états initiaux très voisins u et u+ pourraient être joints par une kLonde de raréfaction, une onde de choc ou une discontinuité de contact à condition que

(2.24) u E Tk (u+).

Question : Peut-on chercher des solutions du problème de Riemann avec la seule condition que u+ reste très proche de u ?

Tout en espérant qu'on puisse joindre u+ à u par une suite d'onde de raréfaction, d'onde de choc et/ou les discontinuités de contact le long des chemins Tk.

Théorème 2.4. (Solution locale du problème de Riemann) On suppose pour chaque 1 = k = n que le couple (ëk (u) , dk(u)) soit linéairement dégénéré ou bien vraiment non-linéaire. On suppose en outre donné l'état initial de gauche u .

Alors, pour tout état de droite u+ suffisament proche de u , il existe une solution faible u du problème de Riemann, qui est constante le long du chemin passant par l'origine.

Preuve. 1L On va appliquer le théorème des fonctions implicites sur la carte Ö :

n ? n définie dans un voisinage de 0 comme suit. Premièrement, pour toute famille de courbes Tk (1 = k = n), choisir le paramètre non singulier ôk mesurant la longueur de l'arc; plus précisément, si w, w E n avec w E Tk (w), alors ôk (w) ? ôk (w) = (signe) distance de w à w le long de la courbe Tk (w). Nous prendrons le signe"+" pour ôk (w) si w E R+ k (w) et le signe "L" si w E S k (w) .

2L Prenant alors t = (t1, ..., tn) E n avec |t| petit, on définit Ö (t) = w comme suit : écrire (2.24) comme suit :

u = w0,

choisissons les états w1, .., wn tel que :

?

????

????

w1ET1(w0), r1(w1)-r1(w0)=t1
w2ET2(w1), r2(w2)-r2(w1)=t2
...

wn E T n (wn_1), rn (wn) - rn (wn_1) = tn

u+ = wn

et définir '1 (t) = w.

'1 est C1 et '1 (0) = u0.

3- On exige que :

(2.25) D'1 (0) soit non singulière.

Pour voir cela, observons que '1 (0, .., tk, ..0) - '1 (0, ..., 0) = tkdk (u0) + 0 (tk). Ainsi

?'1 (0) = dk (u0) (1 k n) et D'1 (0) = (d1 (u0) , ..., dn (u0))n×n
?tk

Cette matrice est non singulière car la famille {dk (u0)}1=k=n est une base.

4- Au vu de (2.25), le théorème des fonctions inverses, appliqué, pour tout état u+ suffisamment proche de u_, il existe un unique paramètre t = (t1, ..., tn) proche de 0 tel que '1 (t) = u+ . Se rappeler que, si wk_1 et wk sont joints par une k-onde de raréfaction, cette onde est :

?

??

??

wk_1 si x < tÀk (wk_1)

c Àk (y ((c))) = x tsi x t E ]Àk (wk_1) , Àk (wk)[ wk si x > tÀk (wk)

où encore, si wk_1 et wk sont joints par un k-choc, il aurait la forme :

?

?

?

wk_1 si x

t

wksi a(wk, wk_1) < t

< a (wk, wk_1)

x

Àk (wk) < a (wk, wk_1) < Àk (wk_1).

Dans les deux cas, les ondes sont constantes à l'extérieur des régions Àk (w0) - < x < Àk (w0) + pour > 0 très petit, à condition que wk, wk_1 soient très près de w0. Or

t

À1 (w0) < ... < Àn (w0), on voit alors que les ondes de raréfaction, les ondes de choc et/ou les discontinuités de contact joignant u _ = w0 à w1; w1 à w2; ...;wn_1 à wn = u+ sont disjointes Exemple 2.1.

Soit le système de lois de conservation :

(2.26)

?

?????

?????

· u1

[u1]t + = 0

1 + u1 + u2 x

· u 2

[u2]t + = 0

1 + u1 + u2 x

u1 > 0,u2 >0

Ecrivant (2.26) sous la forme quasilinéaire, la (2 x 2) matrice A (u) est donnée par :

 

1 + u2

 

-u1

A(u)=

(1+u1+u2)2

 

(1+u1 +u2)2

-u2

(1+u1+u2)2

1 + u1

(1+u1 +u2)2

Le polynôme caractéristique étant donné par :

+ )2(1+u1+u2)

3 .

PA (À) = À2 - (2+ u1 + u2) 1

(1+ u1 +u2

Les valeurs propres sont données par :

1 1

À1 (u) = (1 + u1 + u2) 2 , À2 (u) = 1+u1+u2

.

Les vecteurs propres respectifs coorespondants aux valeurs propres sont donnés par :

Ç -u1 Ç -1

1

d1 (u) = p ; d2 (u) = 1 v2 .

u2 1 + u2 -u2 -1

2

(1 + u1 + u2)3 ( 1, 1) et 2 (u) =

-2

Comme

1 (u) =

(1+u1 +u2)2

-1(1, 1).

Alors

2(u1 +u2)

(2.27) 1 (u) d1 (u) ==6 0

(1 + u1 + u2)3 p u2 1 + u2 2

car u1 > 0,u2 > 0.

(2.28) 2(u)d2(u) =0.

(2.27) et (2.28) entrainent que le couple (À1 (u), d1 (u)) est vraiment non-linéaire et (À2 (u), d2 (u)) linéairement dégénéré. Dans cet exemple, les deux courbes de choc et de raréfactions coïncident i.e Si = Ri i = 1, 2.

2.5 Système de deux lois de conservation.

(2.29) t + f2 (u1, u2) x = 0 dans

t + f1 (u1, u2)x = 0

1

(0, 8) × R

u2

Dans ce paragraphe, nous analyserons plus profondément le problème avec valeur initiale pour n = 2; on aura à faire au système suivant

{ u

u1 (0, x) = u1 0 (x) ; u2 (0, x) = u2 0 (x) dans {t = 0} × R. f = (f1, f2) ; u0 = (ui , u2 0) ; u = (u1, u2) .

2.5.1 Invariants de Riemann.

Nous allons démontrer que nous pouvons transformer le système (2.29) en la plus simple forme par un pertinant et approprié changement de variables. L'idée est de chercher 2 fonctions w1, w2 : R2 ? R qui possèdent de bonnes propriétés le long des courbes de raréfaction R1 et R2 .

Définition 2.9. On dit que wi : R2 ? R est le je-invariant de Riemann si :
(2.30) Dwi (u) est colinéaire à gj (u); (u E R2 , j =6 j) .

Nous verrons comment la condition (2.30) est utile.

La question que l'on se pose ici est celle de l'existence de l'invariant de Riemann. En effet; comme gi (u) d j (u) = äij, (2.30) est donc équivalent dans R2 à

(2.31) Dwi (u) di (u) = 0,

qui signifie que

(2.32) wi est constant le long de la courbe de raréfaction Ri (j = 1, 2).

En particuler, toute fonction régulière wi satisfaisant (2.31)-(2.32) et (2.30) est le je-invariant de Riemann.

Remarque 2.4. Dans le cas n > 2, les invariants de Riemann n'existent pas en général.

A présent, posons w = (w1,w2) = (w1 (u1,u2) ;w2 (u1, u2)), comme des nouvelles

coordonnées dans l'espace d'état R2 . Remplaçant u = (u1,u2), on définit w : R2 ? R2 par

w(u) =w(u1,u2) = (w1 (u1,u2) ;w2 (u1,u2)) .

La carte inverse est u(w) = u(w1,w2) = (u1 (w1,w2) ;u2 (w1,w2)). Si u = (u1,u2) est une fonction régulière de (2.29), on change les variables dépendantes par

(2.33) v(t,x) = w(u(t,x)) (t>0, x E R).

Question Quel système d'E.D.P satisfait v = (v1,v2)?

Théorème 2.5. (Lois de conservation et Invariants de Riemann). Les fonctions v1,v2 sont solutions du système;

{ v1 t + À2 (u) v1

(2.34) x = 0

x = 0 dans (0, 00) x R

v2 t + À1 (u) v2

Remarque 2.5. Bien que (2.34) ne soit pas écrit sous la forme de lois de conservation, il est beaucoup plus simple que (2.29). En particulier, tandis que l'E.D.P en u1 comporte un terme en u2 x, l'E.D.P en v1 ne comporte pas de terme v2 x. De la même façon, l'E.D.P en v2 ne comporte pas de terme v1 x.

Preuve. (Théorème 2.5)Utilisant (2.33), on obtient pour i = 1,2; i =6 j, v t +Àj (u)v x = Dw (u)ut+Àj (u)Dw (u)ux

= Dw (u) (ut + Àj (u) ux)

= Dw (u) (-f (u)x + Àj (u) ux)

= Dw (u)(-Df(u)+Àj (u)I)ux

=0,

car par définition, Dw (u) est colinéaire à gj (u)

Remarque 2.6. *Nous pouvons interpréter le système d'E.D.P (2.34) en introduisant l'équation differentielle ordinaire

(2.35) ÿx (s)=Àj (u(s,x(s))) (s~0)

pour i = 1,2, i =6 j. Alors au vu de (2.34), on a :

(2.36) v est constant le long de la courbe (s, x (s)), (s ~ 0).

*Sachant que la condition de non linéarité s'écrit :

(2.37) (u)d (u) =60

Regardant À comme une fonction de w = (w1, w2), on réécrit (2.37) pour avoir

(2.38) =6 0 (w E R2, i=6j).

8wj

Montrons que (2.37) et (2.38) sont équivalents. Supposons (2.38) faux, alors :

(2.39)

0 =8wj

=

2
X

k=1

 

8uk

8uk

 

8wj

Or 2 8w 8uk= ä j, par comparaison avec (2.39), on a et Dw orthogonaux au k=1 8uk 8wj

u 8u1

, 8u2

vecteur non nul , dont est colinéaire à Dw . Cependant

8wj 8wj

Dw perpendiculaire à d , et nous obtenons la contradiction (2.37). D'où (2.37) = (2.38), l'implication inverse est établie de la même façon.

2.5.2 Non existence de solutions régulières.

Dans ce paragraphe, nous allons nous intéresser à l'utilité des invariants de Riemann, nous établirons un critère de non existence de solutions régulières.

Théorème 2.6. (Invariants de Riemann). On suppose :

* u0 régulière à support compact.

* la condition de non linéarité :

(2.40) i >0 (i=6j).

0wj

Alors le problème avec valeur initiale (2.29) ne peut avoir de solution régulière u pour tout t = 0 si :

y1 x <0 ou y2 x <0 quelque part sur {t = 0} x R.

Preuve.

1- Supposons que pour tout t, u est solution régulière de (2.29). Posons :

{

a:=y1 x; , b:=y2 x y = w(u); y = (y1,y2) est solution de l'E.D.P (2.34). En différentiant la première

équation de (2.34) par rapport à x, on obtient :

(2.41) at + À2ax + 2 a2 + 2ab=0 où

2
0x

2

0w1+ 0x

2

 

0w2

=

2a+

0w1

 
 
 

0x

 

2 b (car wi, yi constants le long de la courbe

0w1 0w2

0w2

(s, x (s))). Utilisant (2.41) pour réécrire la deuxième équation de (2.34), on a : y2 t +À2y2 x =

(À21)b car (y2 t +À1y2 x)=0.Ona:

[ 1 )]

(2.42) at + À2ax + 22 (y2

a2 + t + À2y2 a = 0

x

0w1 À2 - À1 0w2

2- Intégrer (2.42), fixer x0 E R et poser :

(2.43) î (t) := exp

( Z t )

1 2 (y2 t + À2y2 ) (s, x1 (s)) ds

x

À2 - À1 0w2

0

{ ÿx1 (s) = À2 (u (s, x1 (s))) (s = 0)

(2.44) x1 (0) = x0

.

Ce qui suit est une conséquence importante de (2.36) (qui dit que y1 est constant le
long de la courbe (s,x1 (s)) ). Ecrire y1 (s,x1 (s)) = y1 0 = y1 (0,x0) (s = 0). Ainsi, on

voit que l'expression 1 0A2 considérée comme une fonction de v = w (u), dépend

A2 - A1 0w2

seulement de v2. Posant

f u l 1 0 A2 \

Y (u) .1 0 A2 - A1 0w2) (v01, v) dv.

Alors (2.43) et (2.44) impliquent :

t

(2.45) (t) = exp {/0 dds [Y (v2 (s, x1 (s)))] ds}

= exp {Y (v2 (t, x1 (t))) - Y (v2 (0, x0)) }

0A2

3- En transformant (2.45), on a :

dt( (t) á (t))2 dt

--1 d

A2

[( (t) á (t))-1] = ( (t) á (t)) = 0w 1 -1 car

dt 0 A2 1 2

d (t) 1

A2 -- = A1 0w2 (vt + A2v x) (t) á (t) = 1 (at + A2ax + , 0 á2) (t)

ow1

d'après (2.42),

=d d 0 A2

á (t) dt (t) dtá (t) 0w1 á2 (t)

=d d 0A2 d 0A2

á (t) (t) + (t) dtá (t) =-0w1á2 (t)=dt( (t)á(t)) =-0w1á2 (t)

D'où

t

(t) á (t))-1 = (á (0))-1 + f -1(s)ds.

Ce qui entraine :

u(2.46) á (t) = á (0) -1 (t) 1 + á (0) t 0A21(s) ds) .

0 0w1

4-Au vu de (2.34), v est bornée. Nous déduisons de (2.45) que 0 < è ? (t) = e pour tout t > 0, pour des constantes appropriées è et e. Cependant, il découle de (2.40) et (2.46) que á est bornée pour t > 0, si et seulement si á (0) > 0, ce qui entraine :

v1 x(0, x0) = 0.

En remplaçant v1 par v2 dans les calculs ci-dessus, on obtient v2x (0, x0) = 0. Nous concluons que si v1 x< 0 ouv2 x< 0 quelque part sur {t = 0} x IR, alors il n'existe pas de solution régulière de (2.29) pour tout t = 0.

Exemple 2.2.

Soient les équations générales d'Euler suivantes (quand l'énergie interne e est constante) :

J ñt + (ñv)x = 0 (conservation de la masse)

(2.47)(ñv) t + (ñv2 +p)x = 0 (conservation du moment)

où nous supposons

(2.48) p=p(ñ),

pour toute fonction régulière p : R ? R, (2.48) est appelée "équation d'état". Nous avons la condition d'hyperbolicité stricte

pÿ >0.

Posant u = (u1, u2) = (ñ, ñv) , le système d'équations (2.47) peut s'écrire ut + f (u) x = 0 pour

!

f = (f 1, f2) = u2, (u2)2

u1 + p u1cents ,

à condition que u1 > 0. Alors :

? ?

0 1

)2

A = Df = ? (u2 j

+ pÿ (u1) 2u2

- u1 u1

Par conséquent le polynôme caractéristique de A est donné par :

(u2 )2

PA (À) = À2 - 2u2 - pÿ (u1)

u1 À + u1

Les valeurs propres de A sont donc :

u2

À1 = u1

En notation physique, on a :

p p

p ÿ (u1) et À2 = u2

- u1 + p ÿ (u1)

À1=v?ó; À2=v+ó

pour la vitesse de son :

p

ó := pÿ (ñ).

Utilisant (2.35), considérons les équations différentielles.

(2.49) ÿx1 (t) = v (t, x1 (t)) + ó (t, x1 (t))

(2.50) ÿx2 (t) = v (t, x2 (t)) ? ó (t, x2 (t))

p

ó (t, x) = pÿ (ñ(t,x)), t = 0.

Nous déduisons de (2.36) que l'invariant de Riemann y1 = w1 (u) est constant le long des trajectoires de (2.49) et y2 = w2 (u) est constant le long des trajectoires de (2.50). A présent, déterminons directement w1 et w2. Premièrement, transformons (2.47) sous la forme de non divergence.

(2.51) ñt+ñyx+ñxy = 0

(2.52) ñty +ñyt + ñxy2 + 2ñyyx +px = 0.

Multipliant (2.51) par ó2 = pÿ(ñ) et se rappelant de (2.48), on a :
(2.53) pt+ypx+ó2ñyx =0

(2.51) dans (2.52) donne :

(2.54) ñyt +ñyyx +px = 0.

A présent, nous allons manipuler (2.53) , (2.54) de sorte à faire apparaître explicitement les directionsë1, ë2 = y #177; ó. Pour y arriver, multiplions (2.54) par ó et alors, l'additionant où le rétranchant à (2.53), on a :

½ pt + (y + ó) px + ñó (yt + (y + ó) yx) = 0 (2.55)pt+(y ? ó)px ? ñó(yt+(y?ó)yx)=0

De (2.55), on déduit que :

?

????

????

dt [p (t,X1 (t))] +ñ(t,X1 (t))ó(t,X1 (t)) d

d dt [y(t,X1 (t))] = 0

dt [p (t,X2 (t))] ? ñ(t,X2(t))ó(t,X2(t)) d

d dt [y(t,X2 (t))] = 0

dp
dt

Comme

= ó2 dñ dt ,

on voit que :

ñ

ó dñ #177; dy = 0

dt dt

(2.56)

le long des trajectoires de (2.49), (2.50) à condition que ñ > 0. Penser à present aux invariants de Riemann comme fonction de ñ et y; alors y1 = w1 (ñ, y) étant constant le long de la courbe déterminée par X1 (.) , nous avons :

d [w1 (ñ (t, X1 (t)) ; y (t, X1 (t)))] 0 = dt

Cw1

d Cw1d

=

dt [ñ (t, X1 (t))] + dt [y (t, X1 (t))]

Cñ Cy

Ceci coïncide avec (2.56) si :

 
 
 
 
 
 
 
 

0w1

 

=

ó (P)

P

 

0w1

=1.

 

0P

 

,

0v

Similairement, nous déduisons que :

 
 
 
 
 

0w2

=

ó (P)

P

 

0w2

=--1.

0P

,

0v

Intégrant, nous obtenons les invariants de Riemann suivants :

Z ñ Z ñ

ó (s) ó (s)

w1 = s ds + v, w2 = s d s -- v.

1 1

Vérifions à présent que w1 et w2 sont effectivement les invariants de Riemann; i.e que :
Dwi (u) .di (u) = 0 pour i = 1, 2

En effet, on a :

d1(u) = (1,v--ó); d2(u) = (1,v+ó) et

uó -- v uó + v

Dw1 (u) = P , 1 ; Dw2 (u) = P , --1

D'où

et

P P

uó -- v

Dw1 (u) .d1 (u) = P , 1 . (1, v -- ó)

P

=

ó--v
P

v -- ó + P

=0

uó+v )

Dw2 (u) .d2 (u) = P , --1 . (1, v + ó)

P

=0.

ó+v

=

P

v+ó
P

Par conséquent, w1et w2 sont bien des invariants de Riemann.

Chapitre 3

CRITÈRE D'ENTROPIE

Dans l'étude du problème de Riemann au chapitre 2, nous n'avons pris en considération que la condition d'entropie de Lax

(3.1) ëk(u+) (u-,u+) <ëk(u-),

pour un certain k E {1, .., n} comme critère de selection admissible d'ondes de choc. Ceci est un départ intéressant dans une bonne discussion mathématique et physique, permettant de trouver de conditions plus appropriées d'entropie de diverses sortes, avec pour but de les appliquer pour chercher des solutions faibles moins compliquées de notre système de lois de conservation, ainsi pour obtenir le critère d'unicité, et plus d'informations concernant des probables solutions discontinues, etc.

Un principe général est que, des solutions physiques et mathématiques peuvent être cherchées comme limite des solutions du système régularisé

(3.2) uå t + f () x - Äuå = 0 dans (0, oc) x R

où est un paramètre d'autant plus petit que l'importance des phénomènes de diffusion
est faible et Ä= ?2 xx. A la limite, si on néglige la diffusion ( = 0), on aboutit à l'équation

(3.3) ut+f(u)x =0.

Par conséquent, étudions la limite de uå lorsque ? 0, et de cette manière, nous allons
discuter d'un critère d'entropie plus général pour améliorer la condition de Lax (3.1).

3.1 Viscosité évanescente-ondes mobiles

3.1.1 Première condition d'admissibilité

On dira que la solution faible u du problème (3.3) est admissible s'il existe une suite de solutions régulières uå de

(3.4) uå t +A()uå x = uå xx

qui converge vers u dansL1 loc quand ? 0.

Commençons par chercher la solution du problème (3.2) sous la forme d'ondes mobiles i.e sous la forme :

(3.5) uE(t,x)=v

(x -- Àt

, (t=0, xER)

où les inconnues sont la vitesse À et le profil v. En substituant (3.5) dans (3.2), on cherche v : R ? Rn, v = v (s) solution de l'équation différentielle ordinaire

(3.6) v· = --À vÿ + Df (v) ÿv.

Supposant u , u+ données et que

(3.7) lim

8-4 00

v (s) = u , lim

8-4+00

v(s)=u+, lim

|8|-4+00

vÿ (s) = 0.

Alors de (3.5), on déduit : (3.8) lim

E-40

½ u si x < Àt

uE (t, x) = u+six>Àt

d'où la limite quand ? 0 de notre solution de (3.3) nous donne une onde de choc joignant u et u+. Nous allons à présent étudier attentivement les formes de À et v, et de cette manière, glaner plus d'informations sur la structure de chocs déterminés par (3.8).

Question A-t-on toujours existence de À et v solutions de (3.6) et (3.7) ? Intégrant (3.6), on obtient :

(3.9) vÿ = f (v) -- Àv + cte, (cte = constante de Rn).

On conclut en fonction de (3.7), que :

(3.10) f(u ) -- Àu +c=f(u+) -- Àu+ +c d'où

(3.11) f(u ) --f(u+) =À(u --u+).

Au vu de (3.7), (3.10) et (3.11), (3.9) devient

(3.12) vÿ =f(v)--f(u )--À(v--u )

u est donnée et en supposant la construction d'une onde mobile joignant u à u+. De (3.11), on voit que nécessairement u+ E Sk (u ) pour tout k E {1, ..,n} et À = À(u ,u+).

Théorème 3.1. (Existence d'ondes mobiles pour les systèmes vraiment non- linéaires). On suppose le couple (Àk, dk) vraiment non-linéaire

Soit u+ choisi suffisamment proche de u . Alors il existe une onde mobile solution de (3.2) joignant u+ à u si et seulement si

(3.13) u+ E Sk (u ) pour tout k E {1, .., n}

Preuve. 1- On suppose À et v solution de (3.6), (3.7).

Alors nécessairement u+ E Sk (u ) pour 1 = k = n, À = À (u , u+). Soit

G(u)=f(u) -- f(u )--À(u -- u ),

(3.12) s'écrit alors :

(3.14) vÿ = G(v) et on :a

G (u ) = G (u+) = 0.

D'après (3.11), on a :

DG (u ) = Df (u ) -- ÀI

et les valeurs propres de DG au point u sont {Àk (u ) -- À}1=k=n. Avec les vecteurs propres de droite et de gauche correspondants

(u )

{dk, gk}1=k=n , dk = dk (u ) , gk = gk

2- Dès que u+ E Sk (u ) et |u+ -- u | très petit, on sait d'après le théorème 2.2-(iii) du chapitre 2 que:

1 [Àk (u+) + Àk (u )] + 0 (u+ -- u 2)

À = 2

ainsi

[Àk

Àk (u ) -- À = 1 (u ) -- Àk (u+)] + 0 (u+ -- u 2).

2

Afin qu'il y'ait une orbite de l'équation différentielle (3.14) joignant u (quand s = --oc) à u+ E Sk (u ) (quand s = +oc), on doit nécessairement avoir Àk (u ) -- À > 0; par ailleurs la trajectoire ne pourrait converger vers u quand s ? --oc. Ainsi si |u+ -- u | est assez petit,

(u ) .

Àk (u+) < Àk (u ) u + E Sk

3- La preuve de la suffisance de (3.13) est admise Le résultat du théorème 3.1 utilise la condition de non linéarité du couple (Àk, dk), mais le théorème reste vrai en général à condition d'introduire une variante appropriée de la condition d'entropie de Lax.

Supposons à present u+ E Sk (u ) pour un certain 1 = k = n et en outre

(3.15) À (u, u ) > À (u , u+) ,

pour chaque u compris entre u+ et u et appartenant à la courbe Sk (u ).

Remarque 3.1. (3.15) est la condition d'entropie de Liu, cette condition peut encore être motivée par la recherche des ondes mobiles du système (3.2).

Supposant u donné, alors si |u+ -- u | assez petit, ceci implique qu'il existe une onde
mobile uå (t,x) = v (x ët) , v résolvant (3.6) et (3.7) si et seulement si (3.15) est satis-

å

faite.

Nous allons à présent, à travers un exemple, montrer une application. Exemple 3.1. considérons le p-système :

{ u1 t -- u2 x = 0 ( compatibilité mathématique)
(3.16) u2 t -- p (u1)x = 0 (loi de Newton)

Sous la condition de stricte hyperbolicité

(3.17) pÿ > 0,

notre investigation portera sur l'existence d'ondes mobiles, solutions du système régularisé :

{ uE,1

t -- uE,2

(3.18) x = 0 .

uE,2

t -- p (uE,1)x = åuE,2

xx

Notons que nous avons ajouté les termes de viscosité seulement dans la deuxième équation (physiquement valable), comme la première équation de (3.16) n'est seulement qu'une condition de compatibilité mathématique. Supposons que

ux -- ót

uE = v

å

est une onde mobile solution de (3.18), avec

(3.19) lim

s?-00

v=u-, lim

s?+00

v=u+ et lim

|s|?+00

vÿ =0.

Ecrivant v = (v1,v2) ,partant de (3.18), on a :

u

½ --ó ÿv1 -- ÿv2 = 0 . = d

--ó ÿv2 -- p(v1). = ·v2 ds

En intégrant ce système et utilisant (3.19), on a :

½ óv1 + v2 = óv- 1+ v-

(3.20) ) -- p (v1) = ó v+

2 = óv+ 1 + v+ 2

ÿv2 = ó v- 2 -- v2 ) + p v- ) + p v+ ) -- p (v1) ,

2 -- v2

1 1

I ) I

- - - + + v+ ) . En particulier,

2

óv-1 + v- 2 = óv+ 1 + v+ 2

pour u

{

) = óv+

óv- 2 + p v- 2 + p v+ ) .

1 1

Résolvant ces équations, on obtient :

(3.21) ó2 = p (v+ ) -- p (v- )

1 1 .

v+ 1 --v- 1

Supposons à présent v+ 1 > v-1;alors au vu de (3.17), on peut prendre ó > 0. Dans cette situation, la condition d'entropie de Liu, encore appelée la condition d'entropie d'Oleinik devient :

p(z1) - p (v- )

1

z1 - v 1 -

p (v+ ) - p (v- )

1 1

> v+ 1 - v-1

Pour tout z E Sk (u-) entre u- et u+, z = (z1, z2). Nous pouvons à présent affirmer que le système d'équations différentielles (3.20), avec les conditions aux limites (3.19), a une solution si et seulement si l'inégalité précédente est vérifiée. Pour vérifier cela, combinons les deux équations de (3.20) pour éliminer v2.

(3.22) ÿv1=

p(v1) - p (v- )

1- ó (v1 - v- ) := g (v1)

1

ó

g (v- ) = 0 et g (v+ ) = 0, s'accordant à (3.21). Ainsi, partant du fait que (3.22) a une 1 1

solution, avec

lim

8-4-00

v1 = v-1, lim

8-4+00

v1 = v+ 1 ,

on a g (z1) > 0 pour v- 1 < z1 < v+ 1 . Mais ceci est précisement la condition d' entropie précédente. Pour le cas v+ 1 <v- 1, on procède de la même façon que précédemment.

3.2 Paire entropie-flux

Le critère d'entropie de Lax ou de Liu ne fournissant des restrictions que sur les états de gauche et de droite, joints par un choc (ou une onde mobile pour une approximation visqueuse), on va donc étendre le critère d'entropie. On exigerera à la solution faible de satisfaire certains types d'inégalités appelées inégalités d'entropie (ou d'énergie).

Définition 3.1. Deux fonctions régulières , W : Rn ? R définissent une paire entropie- flux pour la loi de conservation ut + f (u) = 0 si :

est convexe et

(3.23) D (u) Df (u) = DW (u) (u E Rn)

Si u est une solution régulière de (3.3) alors

(3.24) [ (u)] t + [W (u)] = 0

(3.24) signifie que (u) satisfait une loi de conservation scalaire avec W (u) comme flux.

3.2.1 Deuxième condition d'admissibilité

Une solution faible u de (3.3) est entropiquement admissible si
(3.25) [ (u)] t + [W (u)] =0

au sens des distributions pour toute paire ( , W).

D2Ö ().(x ?uå x)=

Xn
i,j
=1

?2Ö (uå)

?uå i?uå j

?uå i · ?uå j

· = 0

?x · ?x

Remarque 3.2. En pratique, les solutions globales ne sont pas assez régulières à cause des chocs et autres irrégularités. Ö (u) sera chaque temps la négative de l'entropie physique, et W (u) le flux d'entropie

L'inégalité (3.25) affirme par conséquent que l'entropie évolue avec son flux, mais peut subir une fine croissance par exemple le long des chocs. Comprendre plus rigoureusement (3.25) comme :

{ f °° f

R [Ö (u) vt + W (u) vx] dxdt = 0

0

(3.26) pour tout v E C°° 0((0, oc) x R), v = 0

Considérons le problème avec valeur initiale

(3.27)

{ut + f (u) x = 0 dans (0, oc) x R u(0,x)=u0(x) sur {t=0}xR

Définition 3.2. u est appelée une solution faible entropique de (3.27), si u est une solution faible et satisfait les inégalités (3.26) pour toute paire entropie/flux.

Essayons de construire une solution faible entropique générale pour la condition initiale u0. Comme dans le paragraphe 3.1, on espère avoir une bonne solution physique, qui soit limite des solutions uå de l'approximation du problème visqueux :

{ uå t + f () x = åuå xx dans (0, oc) x R
(3.28) (0, x) = u0 (x) sur {t = 0} x R

On suppose uå solution régulière de (3.28), convergeant vers 0 quand |x| ? +oc assez rapidement pour justifier les calculs ci-après.On suppose en plus que {uå}0<å<1 est uniformément bornée dans L°° et cependant :

uå?u quandå >0
Remarque 3.3. En pratique, il est extrêmement difficile de vérifier cette convergence.

Théorème 3.2. (entropie et viscosité)

La fonction u est une solution faible entropique de la loi de conservation (3.27).

Preuve. Soit une quelconque paire entropie-flux (Ö, W); Multipliant (3.28) par DÖ (uå), on a :

(3.29) xx

Ö(uå)t+W(uå)x = åDÖ ()

= å [Ö() xx -D2Ö(uå) · (x ?uå x)]

Or

car convexe.

2- Multiplier (3.29) par ? E C 0((0, oc) x R), ? = 0 et intégrant par parties, on découvre que :

Z Z Z Z

[ (uå) ?t + W (uå) ?x] dxdt = [D2 (uå) . (uå x ? uå x) ? -- (uå) ?xx ] dxdt

(uå) ?xxdxdt

0 R 0 Z R Z

= --

0 R

Or par hypothèse, uå ? u dansL1 loc quand ? 0, et d'après le Théorème de Conver-

gence Dominé on a :

Z Z

[ (u) ?t + W (u) ?x] dxdt = 0

0 R

i.e que (u)t + W (u)x = 0 au sens des distributions.

3- Finalement, fixant ? E C 0((0, oc) x R, Rn) et prenant le produit scalaire de l'E.D.P (3.28) par ?, après une intégration par parties, on obtient :

Z Z Z

[uå?t + f (uå) ?x + uå?xx] dxdt + u0 (x) ? (0, x) dx = 0

0 R R

En faisant tendre ? 0, utilisant le Théorème de Convergence Dominé, on déduit que u est une solution faible de (3.26).

Exemple 3.2. En considérant le p-système d'Euler en dimension 1 de l'exemple 3.1, cherchons et W avec convexe et

'\ 0 -1 ) '\ Wz1 )

( z1, z2) =

-- pÿ (z1) 0 Wz2

On a (z) = z2 2 + f z1

2 0 p (s) ds, W (z) = --p (z1) z2 (z E R2) pÿ > 0 convexe.

3.3 Unicité de la solution d'une loi de conservation scalaire.

Soit le problème avec valeur initiale suivant :

(3.30) ut+f(u)x = 0 dans (0,oc) xR

u(0,x) = u0(x) sur {t=0}xR

Supposons f convexe et concevons une notion appropriée de solutions faibles. Comme ci-dessus, introduisons la notion d' entropie.

Définition 3.3. Deux fonctions régulières et W : R ? R sont comprises comme paire d'entropie-flux pour la loi de conservation scalaire ut + f (u) x = 0 si :

* est convexe et

* ÿ (u) fÿ (u) = W ÿ(u) (u E R)

La condition d'entropie devient alors :

Ö (u)t + W (u)x = 0 sur (0, oc) x R Pour toute paire d'entropie-flux (Ö, W). Ceci entraine :

Z 00 Z

0 R

{Ö (u)?t+W(u)?x}dxdt=0 pour tout? E C00 0((0,oc)xR); ?=0

Définition 3.4. Soit u E C ([0, oc); L1 (R)) n L00 ((0, oc) x R). u est appelée solution faible entropique de (3.30) si u satisfait :

Z 00 Z

i) {Ö (u) ?t + W (u) ?x} dxdt = 0 pour tout ? E C00 0 ((0, oc) x R) ; ? = 0

0 R

pour toute paire d'entropie-flux (Ö, W).

ii) u(t,.) ? u0 dans L1 quand t? 0

Remarque 3.4. 1-Cette définition remplace la définition précédente de la solution en- tropique.

2- D'après la défnition 3.4-(i), prenant Ö (u) = #177;u, W (u) = #177;f (u), on déduit :

Z 00 Z

0 R

{u?t+f(u)?x}dxdt = 0

Pour tout ? E C1 0 ((0, oc) x R), dès que u (t,.) ? u0 (x) dans L1. Ainsi,on a montré qu'une solution entropique est une solution faible.

Dans le paragraphe 3.2, nous avons discuté de la construction de la solution entropique; à présent, nous allons établir un résultat d'unicité.

Théorème 3.3. (Unicité de la solution entropique pour une loi de conservation scalaire).

pour tout u0 E L00 (R) , il existe une et une seule solution entropique du problème (3.30).

Lemme 3.1. (inégalité d'entropie dans le cas scalaire).

Soient a E R, u une solution faible entropique de (3.30). Alors

Z 00 Z

0 R

(3.31)

{|u (t, x) -a| ?t + sgn (u (t, x) - a) (f (u (t, x)) - f (a)) ?x} dxdt

Z

+ |u0 (x) - a| ? (0, x) dx = 0

R

Preuve. Pour tout u0, fixé a E R, prendre :

Ök(u) = /3k(u-a) (uER) pour k= 1,..., /3k :R?R, gulière convexe et /3k (u) ? u uniformément

?

?

?

½ 1 si u > 0

ÿ/3k (u) ? sgn (u) = -1 si u < 0

Ainsi Ök (u) ? u - a uniformément pour u E R. Le flux correspondant étant

Z u

Øk (u) = ÿ/3k (w - a) fÿ (w) dw

á

Pour tout u,

Z u

Øk (u) ? sgn (w - a) fÿ (w) dw = sgn (u - a) (f (u) - f (a))

á

uniformement . Méttant Ök et Øk dans (3.26) et faisant tendre k ? oc, on déduit :

Z 00 Z

0 R

{ u (t, x) -a ?t + sgn (u (t, x) - a) (f (u (t, x)) - f (a)) ?x} dxdt

Z

+ u0 (x) - a ? (0, x) dx = 0

R

Preuve. (théorème 3.3) :

L'idée de la preuve de ce théorème est de prendre deux conditions initiales bornées u0 et v0, deux solutions entropiques u et v correspondantes à u0 et v0 respectivement, et comparer u- ven terme de u0 - v0. D'après le lemme précédent, en posant Ök (u) = u - k et Øk (u) = sgn (u - k) (f (u) - f (k)) .On a donc pour tout k, et tout ? gulière positive à support compact

Z 00 Z

0 R

{ u (t, x) - k ?t + sgn (u (t, x) - k) (f (u (t, x)) - f (k)) ?x} dxdt

Z

(3.32) + u0 (x) - k ? (0, x) dx = 0

R

et

Z 00 Z

0 R

(3.33)

{ v (s, y) - k ?s + sgn (v (s, y) - k) (f (v (s, y)) - f (k)) ?y} dyds

Z

+ v0 (y) - k ? (0, y) dy = 0

R

Admettons un instant qu'on puisse prendre k = v (s, y) dans (3.32) (ce qui est bien possible car k doit être constant), on verrait apparaitre la quantité u(t,x) - v (t,x) que l'on souhaite estimer. Puisqu'un tel k ne peut être choisi directement, on va fixer

les variables (s, y), prendre k = v (s, y) .Puis intégrer en (s, y) ; on aura pris le soin de choisir une fonction-test ? qui dépend aussi de (s, y) et contraint (s, y) à être proche de (t,x), (on mettra des approximations de l'unité en t - s et x - y dans la fonction-test). Ainsi on verra effectivement apparaître la quantité |u (t, x) - v (t, x)|, modulo des erreurs dont il nous faudra vérifier qu'elles sont effectivement négligeables. Cette technique de dédoublement des variables est dûe à S.N.KRUZKHOV.

Prenons w E C000 ([0, 00) x [0, 00) x x 118) , w = 0, w = w (t, s, x, y) . Fixant (s, y) E (0, 00) x lik,on prend k = v (s, y) , ? (t, x) = w (t, s, x, y) dans (3.32), intégrant par partie par rapport à s, y ; on obtient l'inégalité :

fo00fo00LL

|u(t, x) --- v (s, y)|wt (t, s, x, y)+F (u (t, x) , v (s, y)) wx (t, s, x, y) dtdsdxdy

Z00u0 (x) - v (s, y)| ? (0, s, x, y) dsdxdy = 0

I

+0R

F (u, v) = sgn (u - v) (f (u) - f (v)) est symétrique. De la même manière, en partant de (3.33) dans lequel k = u (t, x) , et ? (s, y) = w (t, s, x, y), on trouve :

fo00f00LL

|v(s, y) - u (t, x)|ws(t,s, x, y)+F (u (t, x) , v (s, y)) wy (t, s, x, y) dtdsdxdy

00f

+J

v0 (x) - u (t, x)|? (t,0, x, y) dtdxdy = 0 io En sommant ces deux équations, on obtient.

|v(s, y) - u (t, x)|(wt + ws) + F (u (t, x) , v (s, y)) (wy + wx) dtdsdxdy

00 100

fo fRiR

+

1IR IR 0 |u0 (x) -- v (s,y)| ? (0, s, x, y) dsdxdy
00

+

R R | v0 (x) -- u (t, x)|? (t, 0, x, y) dtdxdy = 0

o

Soit è, E C000 (] 0, í[) , pu E C000 (] - u, u[) deux approximations de l'unité. Soit ç E C000 ([0, 00) x IR) positive.

Posons w (t, s, x, y) = è, (t --- s) pu (x - y) ç (t, x) ; on a alors

wt (t, s, x, y) + ws (t, s, x, y) = ÿè, (t - s) pu (x --- y) ç (t, x) + è, (t --- s) pu (x - y) çt (t, x) -ÿè, (t - s) pu (x - y) çt (t, x)

= è, (t - s) pu (x --- y) çt (t, x)

et de même,

wx (t, s, x, y) + wy (t, s, x, y) = è, (t - s) pu (x --- y) çx (t, x)

et puisque Ou = 0 sur ] - 8, 0] , pour tout s = 0, on a w (0, s, x, y) = 0. On trouve donc :

10 fo LIR

|u(t, x) - v (s, y)| Ou (t - s) pu (x - y) çt (t, x)

+F (u (t, x) , v (s, y)) Ou (t - s) pu (x - y) çx (t, x) dtdsdxdy

(3.34) +

fIR IR

|v0 (x) - u (t, x)| Ou (t) pu (x - y) ç (t, x) dtdxdy = 0

Soit R > 0 tel que le support de ç soit inclus dans [0, R]x [-R, R] . Puisque Ou à support compact dans ]0, í[ et pu à support compact dans ] - u, u[ et puisque ces deux fonctions sont d'intégrales 1, on a :

fR Z fR

Io0J--R JR

|v(t, x) - v (s, y)| Ou (t - s) pu (x - y) dtdsdxdy

Z(t,

x) -v(t - æ, x -î)| dtdx) Ou (æ) p(î)dædî u Iu (IR IR
--u
0 --R P

sup (RRu

I R

(t, x) -v(t -æx -î)| dtdx 1. I (æ) p () dæd

0<æ<u,--u<î<u -- --u

(3.35)

fR

= sup

0<æ<u,--u<î<u 0 --R

|v(t, x) --- v (t - æ, x --- î)| dtdx

(on etend eventuellement v par 0 dans les temps négatifs).

Puisque v E L (]0, 8[xR) c L1 loc ([0, 8[xR) , ce dernier terme tend vers 0 quand u et í tendent vers 0.

Ainsi çt etant bornée,

107: IRIR|v(t x) _v(s, y)| Ou (t - s)p(x -- y)çt(t, x) dtdsdxdy

fo I fR fR |v(t, x) - v (t, x)| Ou (t - s) pu (x --- y) çt (t, x) dtdsdxdy + ù1 (u, í)

=

fc° ) (t, x) -v(t, x)| Ou (t - s) dsp(x - y) dy +ù1(u,í)
R 0 R
ù1 (u, í) ? 0 quand í,u > 0. On a RR pu (x - y) dy = 1V x E R. De plus dès que

t > í. RR Ou (t - s) ds = 1 mais

 

Zu|v (t, x) -v(t,x)| Ou(t - s)dsçt(t, x) dtdx R 0

Z Z

< v (t, x) - v (t, x) öt (t, x) dtdx ? 0

0 R

lorsque í > 0. On obtient donc

Z 00 Z 00 Z Z

v (t, x) - v (s, y) O (t - s) PL (x - y) öt (t, x) dtdsdxdy

0 0 R R

Z 00 Z

(3.36) = v (t, x) - v (s, y) öt (t, x) dtdx + w2 (,u, í)

0 R

w2 (,u, í) ? 0 lorsque (,u, í) ? (0, 0). On a

F (u (t, x) , v (s, y)) = sgn (u (t, x) - v (s, y)) (f (u (t, x)) - f (v (s, y)))
<L u
(t,x) -v(s,y)

L est une constante de Lipschitz de F dans un intervalle borné contenant les images de u et v. Donc

F (u (t, x) , v (s, y)) O (t - s) PL (x - y) öx (t, x) dtdsdxdy

Z 00 Z Z

Z 00

<L

u (t, x) - v (s, y) O (t - s) PL (x - y) öx (t, x) dtdsdxdy

0 0 R R

Z 00 Z 00 Z Z

0 0 R R

et en utilisant à nouveau (3.34), on trouve :

Z 00 Z Z

Z 00

0 0 R R

F (u (t, x) , v (s, y)) O (t - s) PL (x - y) öx (t, x) dtdsdxdy

Z 00 Z Z 00 Z

< L u (t, x) - v (t, x) O (t - s) ds PL (x - y) dy öx (t, x) dtdx + w3 (,u, í)

0 R 0 R

Z 00 Z

(3.37) < L u (t, x) - v (t, x) öx (t, x) dtdx + w3 (,u, í)

0 R

avec limL?0, ?0 w3 (,u, í) = 0. puisque v0 EL1 loc (R), on a :

Z 00 Z R Z R

v0 (y) - v0 (x) PL (x - y) dxdy < sup v0 (x ? î) - v0 (x) dx ? 0

0 -R ?L<î<L ?R

lorsque ,u ? 0.De plus, u est continue de [0, 8[?L1 loc (R) et u (0,.) = u0, donc

Z 00 Z R Z

u (t, x) - u0 (x) O (t) ö (t, x) PL (x - y) dtdxdy

0 -R R

R

Z

< MöM00 sup u (t, x) - u0 (x) dx ? 0

0<t< -R

lorsque í > 0.On déduit de ceci que

v0 (y) - u (t, x) Oí (t) Pu (x - y) ç') (t, x) dtdxdy

Z 00 Z Z

0 R R

Z Z 00

= v0 (y) - u0 (x) Oí (t) ç') (t, x) dtdx + w4 (ii, í)

R 0

tion de l'unité, le terme f 00

w4 se comporte comme précédement. Vu que ç') est régulière et Oí est une approxima0(t) ç') (t, x) dt converge uniformement vers ç') (o, x), et on trouve donc :

Z 00 Z Z

0 R R

v0 (y) - u (t, x) Oí (t) Pu (x - y) ç') (t, x) dtdxdy

Z

(3.38) = v0 (y) - u0 (x) ç') (o, x) dx + w5 (ii, í)

R

avec w5 (ii, í) ? 0 quand (ii, í) ? (0,0). En injectant (3.36), (3.37), (3.50) dans (3.34), puis en faisant (ii, í) ? (0, 0), on obtient ainsi, pour tout ç') gulière à support compact, (3.39)

Z

u (t, x) - v (t, x) (ç')t (t, x) + L ç')x (t, x) ) dtdx+ v0 (y) - u0 (x) ç') (o, x) dx = 0

R

Z 00 Z

0 R

Comme voulu lors de l'introduction de la technique de dédoublement des variables, nous avons combiné les équations sur u et v pour obtenir une équation sur u - v .

Lemme 3.2. Inégalités de la L1-contraction (admis). Soient u et v deux solutions faibles entropiques de (3.30), alors

(3.40) Mu (t,.) - v (t,.) ML1(R) < Mu (s,.) - v (s,.) ML1(R)

pour tout 0 < s <t.

Ce lemme entraine trivialement l'unicité de la solution entropique car si u0 = v0, alors l'inégalité (3.40) entraine que u = v pour tout t > 0, et pour tout x E R.

3.3.1 Quelques propriétés de la solution entropique.

Soient u0 et v0 bornées; on note uet v les solutions entropiques de (3.30), correspondant à u0 et v0, on a les propriétés ci-après que nous admettons.

Propriétés 3.1. .

(i) MuML8(]0,00[XR) < Mu0ML8(R) .

(ii) Si u0 E L1 (R) alors u E C ([0, oc[; L1 (R)) et, pour tout t> 0, Mu(t, .)ML1(R) < Mu0ML1(R) .

(iii) Si u0 - v0 E L1 (R), alors pour tout t > 0, on a :

u (t,.) - v (t,.) E L1 (R) et Mu (t,.) - v (t, .)ML1(R) < Mu0 - v0ML1(R).

3.4 Solution explicite d

'une loi de conservation sca-

laire.

Dans ce paragraphe, on fait le lien entre une caractérisation de la solution, sous la forme d'une formule explicite, la formule de Hopf et Lax. La formule de Hopf et Lax étant explicite, elle assure trivialement l'unicité de la solution ainsi caractérisée.

3.4.1 La formule de Hopf et Lax.

On considère la classe des solutions u de l'équation
(3.41) ut+f(u)x = 0,
satisfaisant la condition initiale

(3.42) ?x E R, u (0, x) = u0 (x)

pour u0 suffisament régulière à support compact.

Cette hypothèse permet ici de rendre possible la démarche. On pose :

Z x Z x

v (t, x) = u (t, î) dî , v0 (x) = u0 (î)

0 0

et la fonction v vérifie l'équation

(3.43) vt+f(vx) = 0 , v(0,x)=v0(x).

En effet, dans (3.41), la fonction f n'est définie qu' à une constante près. Le choix 0 au second membre de (3.43) correspond effectivement à un choix particulier de cette constante. On suppose f E C2 (R), convexe. Le but de cette section est de montrer que parmi les éléments de la classe de solutions de (3.41), (3.43), on peut sélectionner une solution vérifiant la formule de Hopf et Lax,

( (x -- x0 ))

(3.44) v (t, x) = inf v0 (x0) + tf* ;

x0 ER t

f* est la polaire conjuguée encore appelée transformée de FENCHEL de f définie par :

f *(p) = sup

vER

(vp--f(v))

que l'on considérera comme la seule solution physiquement acceptable.

Soit v une solution de (3.41), (3.42); pour un paramètre p E R (qui peut dépendre de x et t), on pose vx = p + vx -- p, d'où le développement de Taylor

f(vx) =f(p)+(vx --p)

fÿ (p) + ( vx -- p)2f· (q) , p = q = vx 2

En ajoutant vt, il vient, sachant (3.43),

d'où

0 = vt + f (vx) = vt +

fÿ (p) vx-(pfÿ (p)-f (p)) + (vx 2 p)2f (q)

(3.45) vt +

fÿ(p)vx = pfÿ (p) - f (p) - (vx -2 p)2 f· (q)

Dans (3.45), on a 21 (vx - p)2 f· (q) = 0, et on va rechercher une solution maximale, satisfaisant

(3.46) vt +

fÿ(p) vx = pfÿ (p) - f (p) ,

et la condition initiale v0.

On peut résoudre (3.46) par la méthodes des caractéristiques; soit x ER,t> 0, x0 E R, on note = (s) la caractéristique reliant le point (0, x0) au point (t, x) , avec 0 < s < t. On a donc :

ÿ(s) =

fÿ (p)

vÿ(s) = pfÿ (p) - f (p) (0) = x0

(t) = x

Or fÿ est monotone croissante, on note g sa fonction inverse : g (fÿ (p)) = p .

(En particulier g (s)) = p. En intégrant vÿ (s) le long de la caractéristique, on obtient :

(t, x) = v (0, x0) + f t (pfÿ (p) - f (p)) ds

d'où

(3.47) v (t, x) = v (0, x0) +

lot

((s) g (s)) - f (g (s)))) ds

Etant donné x0 fixé(pour l'instant), on va chercher à minimiser v dans (3.47) sur l'ensemble des trajectoires admissibles, allant de (0, x) à (t, x) . Si la trajectoire minimale est notée * (s) , toute trajectoire est de la forme (s) = * (s) + er (s) , e E R et r = r (s) est une fonction réalisant r (0) = 0; r (t) = 0.

On aura

ÿ =

ÿ *+ eÿr, et

(t, x) =v(0, x0)

+ ft (* -- f o g (ÿ * + ei-)) ds.

On dérive par rapport à e, et on écrit que le minimun est réalisé pour e = 0. Il vient

Z

t (=gÿ(*) *rÿ+ --fÿogMgÿM rÿ ds. 0

Après simplifications, il reste

Z0 t (gî,,«(s)) rÿ (s) ds = 0,

pour toute fonction r tel que r (0) = r (t) = 0.On intègre par parties pour obtenir

t

hg,,«(s)) r (s)] 8=0 0 8 t--i d ds (g (,,« (s))) r (s) ds = 0,

ceci pour tout r tel que r (0) = r (t) = 0 , d'où

ds (g,,«(s))) =

En intégrant, on obtient

g (ÿî,,« (s)) = A , constante , donc ÿî,,« (s) = fÿ (A) , constante.

On intégre encore : î,,« (s) = fÿ (A) s + B. Or î,,« (0) = x0 ,d'où B = x0, et î,,« (t) = x, et on déduit

(3.48) fÿ (A) = x-- x0

t

On insère cette valeur dans la solution optimale, correspondant à î = î,,«, ce qui donne

Z

t (v (t, x) = v (0,x) +g(,,«)î,,«-- f o g (ÿî,,«)) ds, 0 où encore

(t, x) = v (0, x) + Zt (g (fÿ (A)) fÿ (A) -- f o g (fÿ (A))) ds,

0

puis

v (t, x) = v (0, x) + t (Afÿ (A) -- f (A)) = v (0, x) + t f,,« (fÿ (A))

d'où

-

(t, x) =v(0, x)+t f,,« (x x0)

t

il reste à minimiser suivant le paramètre x0 pour obtenir la formule de Hopf et Lax (3.44).

La formule de Hopf et Lax permet de prendre en compte des solutions discontinues, et se généralise facilement au cas où la condition initiale n'est plus nécéssairement à support compact.La section suivante présente un exemple important de l'exploitation de la formule de Hopf et Lax, dans l'équation de Burgers.

Exemple 3.3. Soient données deux constantes réelles notées ug et ud, on considère le problème

/ u2

ut + = 0,

2 x

avec la condition initiale

{ ug si x < 0

u (0, x) =ud si x> 0

En introduisant une fonction v telle que u = vx, on aboutit au problème

vt +

v2 x

2

=0

avec la condition initiale

½ u gx si x < 0

v (0, x) =udx si x > 0

La formule de Hopf et Lax conduit à la solution

( ) (

ugy + (x - y)2 udy + (x - y

v (t, x) = min inf , inf

y<0 2t y>0 2t

}))2

.

Explicitons cette expression; on a :

?

{ ) x2

??

ugy + (x - y)2 2t si x > ugt

inf =

y<0 2t ?? ugx - u2 2 si x < ugt

gt

si x<udt

et

?

{ J ?? x2

udy + (x - y) 2

inf = 2t

y>0 2t ?? udx - 1 2u2 dt si x > udt

Pour ug < ud, on recense trois zones : Si x < ugt, alors :

u

ugx - ug2t

2 , x2 = ugx - ug2t

v (t, x) = min 2 .

2t

Si ugt <x < udt, alors :

x2

v(t,x)= .

2t

Si x > udt, alors :

( )

udx - ud2t

2 , x2 = udx - ud2t

v (t, x) = min 2t 2

Ceci conduit à la solution suivante pour u,

u(t,x) =

?

?

?

ug si x<ugt

x t si ugt<x<udt ud si x>udt

Il s'agit d'une solution régulière correspondant à une onde de raréfaction. Pour ug > ud, on recense quatre zones.

Si x < udt, alors x < ugt, et donc :

( )

ugx - ug2t

2 , x2 = ugx - u2 gt

v (t, x) = min 2 .

2t

Si udt <x < 2(ud+ug)t, alors:

1

( )

ugx - ug2t

2 , udx - ud2t = ugx - ug2t

v (t, x) = min 2 2

Si 1 2(ud+ug)t<x<ugt,alors:

.

( )

ugx - ug2t

2 , udx - ud2t = udx - ud2t

v (t, x) = min 2 2

Si x > ugt, alors :

( )

udx - ud2t

2 , x2 = udx - ud2t

v (t, x) = min 2 .

2t

Il n'y a effectivement que deux valeurs possibles pour v.

Notons que v est continue, et vaut

1

v (t, x) = v (t) = 2ugudt

1

le long de la droite x = 2 (ud + ug) t.

x =

Ceci conduit à la solution suivante pour u, qui est discontinue le long de la droite 1 2 (ud+ug)t,

u(t,x) =

?

????

????

ug si x<
ud
si x>

1 2 (ud+ug)t
1 2 (ud+ug)t

il s'agit d'une solution de type onde de choc, et l'interêt de la formule de Hopf-Lax est de nous avoir précisé la trajectoire du choc. La formule de Hopf-Lax sélectionne et caractérise une (seule) solution physiquement acceptable, qui peut comporter des discontinuités.

En résumé, on peut retenir que la solution du problème de Riemann est soit une onde de raréfaction si ug <ud, ou une onde de choc si ug > ud.

COnClUSIOn

Le problème de Cauchy pour l'équation aux dérivées partielles du premier ordre de lois de conservation possède, sous certaines conditions de régularité sur ses données, une solution classique locale en temps. En considérant la condition initiale constante par morceaux. on a pu constaté qu'en dehors du champs d'application des hypothèses mathématiques (la condition de Lipschitz, la convexité de la fonction flux) le comportement de la solution pouvait perdre son réalisme, ou plusieurs comportements de la solution étaient envisageables. Il a fallu alors au niveau du modèle mathématique, imposer une condition supplémentaire pour écarter les comportements irréalistes, une inégalité d'entropie par exemple. En utilisant cette inégalité, on a montré l'existence et l'unicité globale de la solution faible entropique et bornée, ce que la méthode des caractéristiques ne pouvait faire. Une forme explicite de la solution du problème de Riemann est donnée par la formule de Hopf-Lax, cette formulation caractérise bien une solution physiquement acceptable. Mais, sans aucune condition sur les données, la solution globale n'existerait pas.

Les applications des résultats de la modélisation des matériaux plus élastiques que les gaz ou l'eau sont nombreuses, depuis les similations des crashes ou d'accidents de voiture, pour des modèles utilisés en matière de sécurité, jusqu'à des applications industrielles d'impacts. La prospection géologique ou minière exploite également de tels modèles.

Dans ce mémoire, nous n'avons abordé le problème de Cauchy de lois de conservation que dans les cas où, la variable spatiale était dans R, la fonction flux f était localement Lipschitzienne et convexe; ceci nous amène à nous poser plusieurs questions à savoir : *Que se passerait-il si x ? Rm, m > 1?

*Que se passerait-il si la fonction flux devait être quelconque?

Face à toutes ces inquiétudes, nous vous promettons d'apporter quelques éléments de réponses dans nos recherches futures.

Bibliographie

[1 A.Bressan; Hyperbolic Systems of Conservation Laws in one Space Dimension, Universidat Complutense in Madrid, (1998)

[21 A.Y.Le Roux; Modélisation et calcul scientifique (version provisoire), université de Bordeaux 1, ( 8 avril 2005)

[31 A.Y.Le Roux; La Formule de HOPF et LAX, Cours de DEA, Bordeaux, (Octobre 1999)

[41 J.droniou et C.Imbert; Solutions de Viscosité et Solutions Variationnelle pour E.D.P non-linéaires; (polycopiés de cours-DEA maths); UMR CNRS 5149, (Mai 2004) (http :// www-gm3.univ-mrs.fr/cours/]tc)

[51 J.vovelle; Prise en compte des conditions aux limites dans les équations hyperboliques non-linéaires. Université d'Aix-Marseille 1, ( decembre 2002)

[61 L.C Evans; Partial Differential Equations;
American Mathematical Society, (1997)

[71 L.C Evans; Entropy and Partial Differential Equations; Department of Mathematics, UC Berkeley

[81 P.Lax; Hyperbolic systems of conservations laws and the mathematical theory of shock waves. Siam (1973)

J.M KENFACK

Département de Mathématiques, Université de yaoundé I BP 812 yaoundé, Cameroun

E-mail : jmkenfac@yahoo.fr






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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle