La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie( Télécharger le fichier original )par Aurélie CAUVIN Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001 |
b) Le «work in progress» : le spectacle de l'épisodeL'évolution de la forme permise par le cyberespace et le réseau se dévoile dans la métaphore du « work in progress », encore appelée par George Landow « work in expanded » , elle signifie l'oeuvre en mouvement, l'oeuvre en avancement, elle est reprise chez les auteurs dans la notion d'avatar164(*), d'épisode. La seule exception est peut-être Sale temps dans la mesure où sur support cédérom elle n'a pas de suite à proprement parler. Ainsi cette opposition au livre comme support fermé est reprise car l'Internet permet aux auteurs, de remanier leur(s) oeuvre (s) : ajout de lien, d'images, de textes. L'historique des oeuvres a permis de mettre en évidence le renouvellement de l'oeuvre. Comment hyper-roman, l'hyper-nouvelle, ou encore l'hyperfiction, est une littérature livrée en épisode ? Pour mettre en évidence cette théorie du « work in progress » les auteurs livrent parfois les indications de leur démarches, par exemple Lucie de Boutiny indique les dates de ses épisodes, et a inclus un mode d'emploi. De même Anne Cécile Brandenbourger désigne sous le nom d'avatar165(*) les épisodes successifs d'Apparitions inquiétantes, le premier est considéré comme l'avatar #1 et le dernier qui est la version papier avatar #12. Dans un entretien réalisée par e-mail, pour « Inside Internet » en février 2000166(*) elle répond à la question « comment a débuté Apparitions Inquiétantes ? » ainsi : « Le responsable d'un site luxembourgeois m'a proposé de réaliser un feuilleton dont l'action se serait déroulée à Luxembourg et dont l'objectif aurait été d'attirer les touristes. J'ai décliné l'offre parce que Luxembourg ne m'inspirait que des idées assez destroy qui n'auraient pas convenu aux buts du site demandeur. Mais l'envie de réaliser un feuilleton m'est restée en tête. J'ai longuement réfléchi et surfé pour voir ce qui se faisait dans le genre (pas grand-chose à l'époque, c'est-à-dire en 97) et je suis arrivée à la conclusion qu'un texte « littéraire » sur le web ne pouvait se concevoir de la même façon qu'un feuilleton traditionnel conçu pour les journaux ou la télé. »167(*) Dans cette même optique Xavier Malbreil explique que sa nouvelle est « livrée par épisode » et il nous donne les indications suivantes : « "Je ne me souviens pas très bien" est mis en ligne au fil de son écriture. » Pour ce qui est de websoap lors du contact avec les auteurs l'homme à l'origine du projet a leur a donné pour consigne : « La clé de voûte de notre récit sera la forme épistolaire, dans son plus récent avatar, l'e-mail. » Ainsi hyperfiction se trouve donc dans un noeud, pour reprendre le titre d'une hyperfiction, elle se trouve dans une confluence d'influence qui emprunte ici au genre épistolaire, au genre fragmentaire, feuilletonniste les modalités de son discours. Tout est donc inter-relié, interconnecté, dans cette tentative de dé-closion, de dé-limitation, de réseau à la fois humain, technologique et littéraire. Ainsi l'auteur de l'hyperfiction le Noeud explique : « Le Noeud est un essai littéraire profitant à fond des capacités d'organisation et de recoupement de l'hypertexte (d'où le vocable "hyperfiction"). Plusieurs courts textes sont donc regroupés et forment un noeud, c'est-à-dire une entité compacte où tout est inter-relié. La forme ouverte de ce noeud me permet d'ajouter, de réarranger ou de modifier à ma guise ses différentes composantes.»168(*). Au miroir de cette dernière phrase, le renouvellement de l'oeuvre tant au niveaux contenu, qu'au niveau graphique reflète une constante de ce genre. La « forme ouverte » apparaît aussi comme un des invariants de l'hyperfiction, l'épisode est peut-être la forme qui supporte le mieux cette « ouverture ». Mais suivant les auteurs, la livraison de l'épisode, de l'avatar peut varier. * 164 La notion d'avatar prend ses origines dans la religion hindoue, elle représente les différentes incarnations du dieu Vichnou. * 165 l'avatar signifie métamorphose, transformation elle se place donc dans la multiplicité le refus de donner une fin à son oeuvre. * 166 Anne Cécile Brandenbourger et Olivier Lefevre, paru dans « Inside Internet » n°29, * 168 http://www.total.net/~amnesie/ |
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