La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie( Télécharger le fichier original )par Aurélie CAUVIN Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001 |
c) L'hyperfiction et la génération automatique de texteA première vue, ses corrélations avec l'hypertexte et l'hyperfiction n'apparaissent pas, dans la mesure où l'écriture générative n'implique pas obligatoirement une écriture « hypertextuelle », mais son influence se dévoile dans les principes de navigation du lecteur, comme dans le rêve d'un illimité. En effet la navigation du lecteur dans l'oeuvre Trajectoires s'effectue par l'hypertexte : plusieurs choix de circulation s'offrent au lecteur : il peut naviguer par les plages horaires : quatre plages horaires de six heures, soit par les lettres du titre « TRAJECTOIRES », cette navigation libre repose sur la combinatoire. Une troisième navigation repose sur le « semi-aléatoire » qui est l'arbre généalogique fondé sur la chronologie. · La navigation du lecteurLa navigation hypertextuelle peut ainsi être combinatoire ou aléatoire. La combinatoire est une notion mathématique, qui fait appel aux permutations, et aux combinaisons. Elle fait référence à une navigation libre, c'est-à-dire que le lecteur peut choisir une navigation fondée sur le hasard. Par exemple Anne Cécile Brandenbourger, pour Apparitions Inquiétantes132(*) a inséré un icône « destination aléatoire », qui emmène le lecteur au hasard dans une étape qui n'aura aucun lien avec la page sur laquelle le lecteur se trouve. En ce qui concerne l'hyperfiction le Noeud133(*), l'auteur a inclus une « génératrice de hasard », grâce à laquelle le lecteur peut se perdre dans le récit. Les termes qu'il emploie pour désigner ce processus reflète l'influence de la génération automatique de texte avec l'hyperfiction. De la même manière, Alain Salvatore explique que ce qui l'intéresse le plus dans l'hypertexte, c'est plus le fait que le lecteur puisse se perdre, comme dans un labyrinthe, que de s'y retrouver. Mais l'éphémère de l'oeuvre, qui implique un rêve d'illimité peut aussi se ressentir dans l'oeuvre. · La métamorphose de l'oeuvre : rêve de l'illimitéLa métamorphose de l'oeuvre peut se situer dans l'écriture, pour éclairer cette démarche, Pause134(*), apparaît le mieux définir l'évolution de l'oeuvre, d'un point de vue du texte. Cette oeuvre est le second « hyper-roman » de François Coulon, le premier était 20% d'amour en plus. Le scénario de Pause repose sur le processus suivant, présenté par l'auteur lors de Isea 2000 : « Je me suis souvent interrogé sur cette propension que nous avions à présenter comme volontaires, comme issues de choix délibérés, toutes ces situations que, la plupart du temps, nous subissions sans pouvoir y faire grand chose. Quand à la liberté qu'il nous reste, si nous en maîtrisons les conséquences, si chaque rupture ne nous coûtait pas quelque chose, la littérature, interactive ou non, ne servirait à rien. De Dominique et Marjorie -les personnages de Pause- ce n'est donc pas tant le caractère ou le comportement qui se modulerait sous l'influence du lecteur, que le passé, l'environnement, le quotidien dans lequel il les voient évoluer et qu'à chaque fois, il remet en question... ». L'intervention du lecteur se situe moins dans le choix que dans la modification des circonstances. Le texte dans Pause, change à vue d'oeil, les séquences sont courtes, de l'ordre du fragment, à partir duquel le lecteur peut tourner. Le texte a une version originelle, qui à chaque passage de souris du lecteur, change. Ce processus s'effectue au moyen d'incises, qui changent les circonstances : le temps, la cause, le lieu...Ce mouvement s'effectue par l'ajout de propositions soit indépendantes, soit subordonnées. La version originelle du texte apparaît en couleur de police blanche, alors que texte, symbole du mouvement, apparaît en rose. Malgré le nombre de fins déterminées ( au nombre de trente ), cette expérimentation s'inscrit dans une volonté de briser le texte comme fini, qu'elle prenne naissance dans la génération automatique de texte ou dans l'hyperfiction. L'interactivité peut néanmoins refléter un trope commun, le texte dans la génération automatique n'apparaît au lecteur qu'une seule fois, il n'a pas la possibilité de revenir en arrière, dans Pause, le lecteur modifie les circonstances. Par analogie avec la définition de l'interactivité, un récit interactif serait donc un récit où le lecteur peut interagir, intervenir sur le cours de l'histoire, faire des choix qui dirigent sa lecture. * 132 Anne-Cécile Brandenbourger, Apparitions inquiétantes [en ligne] 1997-2000 : http://www.anacoluthe.com/bulles/apparitions/jump.html * 133 Jean François Verrault, Le Noeud, [en ligne], 1998-2000 : http://www.total.net/~amnesie/ * 134 François Coulon, Pause, Paris, présentations personnelles sur le thème fiction et écriture, dans le cadre de Isea 2000, vendredi 8 décembre 2000. informations disponibles sur le site : http://www.francoiscoulon.com |
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