La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie( Télécharger le fichier original )par Aurélie CAUVIN Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001 |
3. le lecteur interactifL'hypertexte comme réseau électronique et notamment comme logiciel comme support de l'Internet permet justement une consultation plus pratique, plus rapide, qui se situe dans la simultanéité ou plus précisément dans l'interactivité. L'interactivité est un terme relatif à l'informatique, dans la théorie des systèmes elle se définit tout d'abord comme un type de relation entre deux systèmes qui fait qu'une modification dans le comportement de l'un modifie le comportement de l'autre et ensuite comme la propriété d'un programme qui modifie son déroulement en fonction du comportement de son utilisateur. Appliquée au domaine du livre le texte se trouve modifié, cette notion remet en cause un certain nombre de concepts. Roger Chartier63(*) explique les modifications qu'implique le texte électronique sur la relation auteur-lecteur : « Avec le texte électronique, il n'en va plus de même. Non seulement le lecteur peut soumettre le texte à de multiples opérations (il peut l'indexer, l'annoter, le copier, le démembrer, le recomposer, le déplacer, etc.) La distinction fortement visible dans le livre imprimé, entre l'écriture et la lecture, entre l'auteur du texte et le lecteur du livre s'efface au profit d'une réalité autre : celle ou le lecteur devient un des acteurs d'une écriture à plusieurs voix, ou à tout le moins se trouve en position de constituer un texte nouveau à partir de fragments librement découpés et assemblés.64(*) » La relation auteur-lecteur est au coeur de la théorie de l'hypertexte, déjà Balzac écrivait au dix-neuvième siècle « lire c'est écrire peut-être à deux » et Umberto Eco a théorisé la relation auteur lecteur dans son ouvrage Lector in Fabula. Dans Apostille au nom de la rose, un essai dans lequel il revient sur la relation auteur-lecteur : « au cours de l'élaboration de l'oeuvre il y a un double dialogue : celui entre ce texte et tous les autres textes écrits auparavant (on ne fait des livres que sur d'autres livres et autour d'autres livres et celui entre l'auteur et son lecteur modèle (...)Dans les deux cas que l'on croie s'adresser à un public qui est là devant la porte, prêt à payer, ou que l'on se propose d'écrire pour un lecteur à venir, écrire c'est construire, à travers le texte, son propre modèle de lecteur »65(*) L'interactivité se définit donc comme une interaction auteur-lecteur, interaction du texte vers d'autres textes, interaction du texte et du lecteur, interaction du texte vers l'auteur. Le lecteur est-il un compilator, un scriptor, un commentator ou au contraire un auctor. Dans quels limites se trouvent le lecteur d'Internet, qui est aussi un utilisateur du réseau. Mais quelles sont les limites de l'interactivité. Les niveaux de l'interactivité sont variables, Jean Pruvost définit ce nouveau lecteur comme un interlecteur, « lecteur interactif », « lecteur internaute », « lecteur utilisateur ». Quelles sont les limites de cette liberté accordé au lecteur, n'est-il pas au contraire sous contraintes. * 63 Roger Chartier, « Du Codex à l'écran les trajectoires de l'écrit », Paris, revue écart numéro 2, textualité et nouvelles technologies, pp 41-47 * 64 ibid, p 46 * 65 Umberto Eco, Apostille au nom de la rose, Paris, Grasset, coll. le livre de poche, biblio essai, 1985, pp 54-61 |
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