b) Le rhizome comme
représentation d'Internet
Mireille Buydens justifie son choix ainsi :
« Il y a une dimension de la modernité qui a besoin de la
philosophie deleuzienne comme herméneutique. » Internet est
avant tout un réseau (ou un réseau de réseaux), il est
constitué de noeuds qui traitent et véhiculent l'information (les
ordinateurs personnels eux mêmes reliés à des serveurs...)
et de liens ou encore des passerelles (câbles, modem, lignes
téléphoniques...). Ces noeuds et ces liens, qui constituent la
matérialité d'Internet, forment un espace multidirectionnel, qui
peut se rapporter à la structure du rhizome selon le principe de
connexion. D'un point de vue humain, Internet met en jeu des serveurs
qui offrent des services à des clients et qui émettent de
l'information. Mais cette distinction est en réalité floue car un
client peut à son tour devenir source d'information, comme le serveur
peut devenir client. On s'aperçoit donc que cela correspond aux
principes d'hétérogénéité et de
métamorphose énoncés par Gilles Deleuze, qui
prend effet dans un processus de permutation. De plus la croissance du
réseau s'établit non pas de l'intérieur mais de
l'extérieur, de telle sorte que le réseau évolue de
manière anarchique et linéaire. Cela révèle
le principe d'extériorité. Pour ce qui est du
principe de rupture asignifiante, chaque utilisateur peut
à tout moment se retrancher du réseau ou au contraire s'y
adjoindre. Il est évident que l'utilisateur est aussi dépendant
des structures techniques, et que parfois le réseau ne le satisfait pas.
Le principe de cartographie et de décalcomanie :
le réseau ne se cartographie pas ou mal et il croit de manière
anarchique, au rythme des nouveaux branchements. Cette conception d'Internet
peut se rapporter aux métaphores et comparaisons qui le
caractérisent comme virtuel. En effet Internet, est aussi appelé
le cyberespace, ce terme est apparue pour la première fois dans
l'ouvrage de William Gibson, Neuromancer, par lequel il désigne
un espace abstrait, sans directions, sans repères. La métaphore a
été filée sur le thème de la non-localisation
géographique. Les termes employés pour désigné
Internet comme « les autoroutes de l'information », le
« village virtuel » ou encore « le village
global » inventé par Marshall McLuhan, dans les années
1960, dans la Galaxie Gutenberg. Cependant le lecteur ou l'utilisateur
devant son écran ne voit que la structure apparente, c'est-à-dire
le world wide web, dont le principe de fonctionnement est l'hypertexte.
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