III. SPECIFICITE DE L'INITIATIVE PPTE
L'Initiative PPTE est un instrument et/ou dispositif de
développement à l'instar de l'Aide publique au
développement (APD) et des Programmes d'ajustement structurel (PAS). En
quoi se distinguent-ils ?
III.1. L'Initiative PPTE et l'APD
Bien qu'antérieure à l'Initiative PPTE, l'Aide
publique au développement est d'une apparition relativement
récente dans l'histoire économique. Définie comme aide
apportée aux Etats par d'autres Etats (et on parle d'aide
bilatérale) ou transitant par des organismes internationaux, comme les
agences spécialisées des Nations Unies, le FMI et la Banque
mondiale (on parle alors d'aide multilatérale), elle a été
instituée pour la première fois après la deuxième
guerre mondiale. Ses bénéficiaires à cette époque
n'étaient pas les pays en voie de développement, mais l'Europe,
l'objectif étant de lui permettre de se relever après les
destructions et le traumatisme de la deuxième guerre mondiale. C'est
à cet effet qu'a été créée la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD),
l'actuelle Banque mondiale. Le Plan Marshall a été un volet
essentiel de cette stratégie de reconstruction de l'Europe en ruines.
Ce n'est qu'autour de 1955 que cette aide va se reporter vers
le Tiers Monde nouvellement indépendant, principalement l'Asie, dans un
but à la fois politique (éviter l'extension du communisme) et
humanitaire. Elle s'est secondairement et progressivement dirigée vers
les pays les plus pauvres parmi lesquels ceux de l'Afrique subsaharienne.
La notion même d' « Aide publique au
développement » n'a été définie qu'en 1969 par
le Comité d'aide au développement (CAD) de l'Organisation pour la
coopération et le développement (OCDE). Pour le CAD, ressortent
de l'APD :
-les ressources fournies dans un cadre bilatéral aux
pays en développement ou accordées par le biais des institutions
multilatérales ;
-les ressources attribuées par des organismes publics
;
-les ressources dont le but est de favoriser le
développement économique ;
-les ressources assorties de conditions financières
favorables : dons ou prêts dont l'élément de
libéralité est au moins égal à 25%.
En résumé, l'APD représente les
décaissements de dons et les prêts accordés par tous les
organismes publics à des conditions financières
bilatérales en vue de promouvoir le développement
économique et la protection sociale. Ce sont des prêts
concessionnels consentis à un taux d'intérêt
inférieur d'au moins 25% du taux couramment pratiqué sur le
marché. Outre ces apports financiers, l'APD comprend les
allègements de dette et la coopération technique.
L'APD comporte deux variantes, à savoir les dons et les
prêts. Le don est une opération unilatérale du donateur
vers le bénéficiaire qui n'entraîne pas de créance.
Il peut s'agir d'une aide en nature ou en assistance technique. Le prêt,
quant à lui, exige toujours un mouvement de retour de capitaux vers le
donateur. Car l'obligation est faite au pays bénéficiaire de
rembourser le principal et de payer les intérêts aussi petits
soient-ils.
L'APD, pour les pays les plus pauvres comme pour les pays dits
« à revenus intermédiaires », a débouché
sur un endettement considérable, véritable fardeau qui a
conditionné, à partir de 1980, l'orientation de la
coopération pour le développement vers le règne de
l'ajustement structurel et aujourd'hui vers celui de l'Initiative PPTE.
L'APD est, à l'instar des PAS et de l'Initiative PPTE,
un instrument de la coopération Nord-Sud. L'avènement de
l'Initiative PPTE n'entraîne aucunement sa disparition. Mais plusieurs
facteurs expliquent sa tendance baissière en Afrique. Il s'agit, entre
autres, de sa mauvaise utilisation et l'échec de l'ajustement structurel
qui découragent les bailleurs de fonds internationaux ; de
l'effondrement de l'aide apportée jusqu'à la fin des
années 1980 par l'ex-Union soviétique d'une part, et les pays
arabes d'autre part, en raison de leurs difficultés financières,
et qui n'est pas compensée par l'émergence de nouveaux donneurs
tels la Corée du Sud ou Taiwan ; la concurrence croissante de nouveaux
pays (ex-Union soviétique) qui ouvrent de nouvelles destinations pour
l'aide ; une tendance de plus en plus forte à privilégier l'aide
d'urgence et l'aide humanitaire ; la lassitude croissante des donneurs face
à la stagnation des pays les moins avancés (PMA) après
plus de quatre décennies d'aide au Tiers Monde ; des coupes
budgétaires croissantes pratiquées dans les pays riches pour
endiguer la montée des déficits publics, en raison de la
montée du chômage, de l'exclusion et d'une tendance croissante des
vieux pays industriels au repli sur des problèmes nationaux. Qu'en
est-il de l'Initiative PPTE et les PAS ?
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