Synthèse
Reprenons ici rapidement les conclusions que nous pouvons
tirer de notre deuxième partie. Trois types de facteurs expliquent, pour
nous, la coexistence dans l'association de militants aux profils divers et
facilitent leur coopération.
Il y a dans un premier temps des facteurs unificateurs ou
permettant l'agrégation de militants divers. Nous avons vu, par exemple,
que l'appartenance à la classe moyenne de la plupart des membres de
l'association pouvait alimenter un ressenti historique partagé et
engendrer une vision commune des problèmes. Les caractéristiques
d'ATTAC, dont on peut retenir principalement le positionnement hors de la
compétition électorale et la variété des
thèmes traités et abordables, semblent jouer comme une assurance
contre la démagogie et les prises de pouvoir. Enfin, nous relevons
l'existence d'un certain nombre de stratégies unificatrices qui visent
à faciliter la coopération des militants et à leur donner
des bases communes. De la mobilisation du consensus par la presse, à
l'éducation populaire, qui unifie les cadres de
références, tout un travail est réalisé pour passer
outre les différences de vues et donner un socle de connaissances commun
aux militants. L'autocontrôle des militants, l'atténuation des
conflits et le soucis de préserver l'image de l'association pour que
chacun s'y sente bien viennent compléter ce dispositif. Toutes ces
données viennent donc relativiser un peu les divergences de
positionnement ou de parcours politiques que nous avons vu en première
partie et dénotent des efforts fournis par l'association pour relever le
pari de la diversité.
Dans un second temps, nous avons vu comment le fonctionnement
de l'association permettait à chacun de pouvoir être entendu.
L'évolution des statuts de l'association vers un fonctionnement plus
démocratique dénote clairement de l'attention accordée
à ce que le pouvoir et l'orientation de l'association ne soit pas
confisqués par des individus ou des groupes particuliers. La
démocratie interne, qui a un coût en termes d'efficacité
politique, assure donc que chaque sensibilité puisse être
respectée. Ce souci se retrouve bien dans les évolutions
statutaires qui viennent parfois juguler des crises internes et adapter les
statuts au fonctionnement réel de l'association. Enfin, la souplesse de
fonctionnement et le poids donné au militant par le pouvoir de l'AG nous
paraît être de nature à satisfaire des militants dont nous
avons vu le refus des mécanismes de délégation ou de
fonctionnement imposé.
Enfin, la possibilité pour les militants de se forger
un militantisme sur-mesure vient assurer que chacun puisse trouver sa place
dans l'association. Il nous est en effet apparu que les militants avaient un
grand choix en termes de thèmes, de types ou de niveaux d'action et de
rapport à l'engagement et qu'ils pouvaient également en proposer
d'autres. Agissant en autonomie avec les militants qu'il choisit, sur ses
thèmes de prédilection et précisément là
où il peut réinvestir des connaissances ou des savoir-faire,
« le militant est roi » à ATTAC. Ce type
d'investissement variable permet aux militants d'agir en fonction de leurs
caractéristiques propres. Il nous apparaît donc comme une
condition centrale du fonctionnement d'ATTAC Strasbourg, en même temps
qu'il permet à l'association de tirer le meilleur parti de la
diversité des ses membres.
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