UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES DE LA
VIE ET DE LA TERRE
DEPARTEMENT DE BIOCHIMIE MICROBIOLOGIE
CENTRE DE RECHERCHE EN SCIENCES BIOLOGIQUES
ALIMENTAIRES ET NUTRITIONNELLES (CRSBAN)
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
RAPPORT D'ENQUETE
PANORAMA DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES
AGRO-ALIMENTAIRES AU BURKINA FASO
Marcel Daba BENGALY
Alfred S. TRAORE
Août 2003Résumé
L'urbanisation rapide des villes africaines et l'accroissement
des populations indiquent un développement entraînant un
changement de style alimentaire, mais posant le problème de
disponibilité de ressource alimentaire.
Au Burkina Faso, l'urbanisation a occasionné un
développement de tous les secteurs de l'agroalimentaire. En effet, en
2000 on comptait environ 1921 entreprises alimentaires reparties entre les
industries agroalimentaires (IAA), les petites industries agroalimentaires
(PIA) et le secteur informel de l'alimentation (SIA) représentant 75,7%
des intervenants dans l'agroalimentaire. Les industries agroalimentaires
contribuent à près de 30% dans l'économie. Elles
transforment plus de 80% des productions agricoles nationales en
différents aliments répondant aux besoins des consommateurs.
Aujourd'hui on assiste à un développement du
SIA, qui est très actif dans la transformation et dans la
diversification des produits alimentaires anciens et nouveaux. Ce secteur
assure la sécurité alimentaire des populations sur le plan
disponibilité. Cependant ces aliments de rue pose des problèmes
de santé (intoxications) chez les consommateurs. Ainsi donc le PIA
pourrait répondre au besoin réel des consommateurs à cause
de ces produits de qualité satisfaisante.
Au terme de cette étude il a été
identifié les forces et les faiblesses des entreprises agroalimentaires.
Ainsi donc des efforts sont nécessaires au niveau national,
régional et international pour l'amélioration des produits
alimentaires pour une nutrition saine. Les efforts visant l'amélioration
des procédés biotechnologiques traditionnelles doivent être
l'un des défis des institutions des Sciences alimentaires au cours des
années a venir.
Mot clés: Industries, aliments, importance,
qualité amélioration, Afrique de l'Ouest
ABSTRACT
The dramatic growth of urban populations in West African towns
provides opportunities, risk for health, availability of alimentary resource
and changing in people consumption scheme.
In ours country the Burkina Faso, the rapid urbanization has
occasioned the development of many activities in food trade. About, 1921
Agro-alimentary industries were identified in Burkina Faso and 75.7% of them
were small scale industries. These industries and street foods processors act
at about 30% in economic sector. In other, 80% of agricultural production was
transformed into different food products. One of important product issue of
these industries was street foods (more than 150 foods were identified). By
their food traditional knowledge and new technology transfer acquired, street
foods makers developed many types of foods and novel foods from local raw
materials. Eg: Juices (Bissap, Gnamakoudji, Tedo, Weda) from wild
fruits, Binsala, Binkida, cocbaga, bread cakes from local
cereals and many dairy products (Gapal Thobal) from local
milk, Kilishi from meat and many other products from beans, tubers
etc.
Today the increase of ready-to-eat food prepared and sold by
street food vendors contribute greatly in urban populations' food security.
However, while street food vending can be effective way of providing low cost
nutrition to urban population, it can also pose risk to health, particularly
for the young, elderly and those with HIV/AIDS.
At the end of ours study we have recommended future research
nationally, regionally and internationally to identified the strengths and
weaknesses of current food issues of small scale industries for improvement of
food safety and quality for a healthy nutrition. The effort should focus on the
rationalization of the traditional technologies of the processing of these
products. This is big challenge for the nearer future.
Key words: Food, industries, traditional-makers,
importance, quality, west Africa.
INTRODUCTION
La production agricole de l'Afrique de l'Ouest est
marquée par son importance et sa diversité. Cette
diversité justifie la multitude d'entreprises alimentaires intervenant
dans l'agroalimentaires. Ce secteur agroalimentaire en Afrique de l'Ouest joue
un rôle important aussi bien dans le dynamisme économique que
l'alimentation des populations. Les trois dernières décennies,
les villes africaines ont subi une croissance rapide qui a été le
principal moteur de développement du secteur industries agroalimentaire
(1,2).
Au Burkina, on comptait en 2000 environ 1900 entreprises
exerçant dans l'agroalimentaire, dont 75,7% constitué
d'unités artisanales, 19% d'unités semi-industrielles. Ce secteur
contribue pour environ 30% au PIB et transforme 80% de la production agricole
(3,4).
Les Petites Industries Agroalimentaire (PIA) à
l'intersection des grandes industries et les unités artisanales ont su
se développer pour répondre aux nouveaux besoins alimentaires
exprimés surtout par les consommateurs urbains plus regardant sur les
qualités hygiéniques des produits alimentaires
(1,2).
Le secteur informel de l'alimentation (SIA), exerce
principalement dans l'alimentation de rue. Plusieurs travaux ont montré
que le secteur de l'alimentation de rue prend de l'ampleur dans les villes
principales et secondaires, alors que les produits proposés ne sont pas
toujours de bonne qualité (5,6,7). En effet, les
études entreprises par la F.A.O (6) et par Danwson et Canet,
(5) ont fait état de l'utilisation de matières
premières et ingrédients de mauvaise qualité et l'emploi
d'additifs non autorisés. Par ailleurs, la qualité des aliments
de rue définie par leur teneur en nutriments et par leur qualité
microbiologique, n'est souvent pas garantie. L'aliment de rue devient dans
certains cas une source de plusieurs maladies diarrhéiques à
origine microbienne. Chaque année, ce secteur est
généralement la source des épidémies microbiennes
et d'intoxications (3,7,8,9,10,11,12).
Ces contraintes socio-économiques et professionnelles
propres aux villes sont à l'origine d'importantes mutations des styles
alimentaires qui se manifestent principalement par une diversification des
régimes, un développement de l'alimentation de rue ou
l'utilisation d'aliments nouveaux présentant de grande commodité
d'usage (1,2). Ces mutations dans les villes qui contribuent
à dynamiser l'économie par la valorisation des productions
agricoles locales ; favorisent l'introduction de nouveaux produits en
zones rurales. Pour subvenir à ces besoins qui vont croissant tant sur
le plan quantitatif que qualitatif, les PIA devront jouer un rôle
important. Ceci implique que ce sous-secteur intègre dans son
développement des exigences de sécurité sanitaire des
aliments et des préoccupations d'amélioration des situations
nutritionnelles. Il apparaît donc nécessaire de mettre plus
à profit les savoirs biotechnologiques qui sont jusque là
détenus dans les universités et centres de recherche.
PANORAMA DES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES EN AFRIQUE DE
L'OUEST
Le paysage de
l'agroalimentaire en Afrique de l'ouest est dominé par trois grands
secteurs de transformation, qui se distinguent par leur taille, leurs
équipements et opérations de production, et enfin les
qualités des produits. Il s'agit des Industries Agroalimentaires (IAA),
des Petites Industries Agroalimentaires (PIA) et du Secteur Informel de
l'Alimentation (SIA). Quelques caractéristiques des entreprises de
transformation agroalimentaires en Afrique de l'Ouest sont données en
annexe 01.
Le SIA assure la transformation des aliments par des
opérations fondées sur des savoirs et savoir-faire empiriques. Ce
sont généralement des transformations manuelles non
standardisées, qui à l'origine étaient pratiquées
au sein des ménages pour une autoconsommation.
L'urbanisation ayant entraînée de nombreux
ménages à se tourner vers des activités autres
qu'agricoles, il s'est développé un tissu de micro-entreprises
informelles (souvent familiales) pour mettre à la disposition de ces
ménages des produits alimentaires locaux (1.2).
Les grosses entreprises industrielles (IAA) implantées
en Afrique sub-saharienne, transforment des matières premières ou
semi-transformées importées (brasseries, minoteries, usines de
reconstitution de produits en poudre, etc.). Elles assurent également un
premier conditionnement des produits locaux (café, cacao, huile de
palme, arachide, canne à sucre, poissons) destinés à
l'exportation (1,2,13).
Exemple de produits d'IAA au Burkina :
Pâte alimentaire
(Burkina Pat)
Sucre de cuisine
(SOSUCO
Les PIA sont des entreprises semi-industrielles qui se situent
entre l'ensemble diffus des micro-entreprises de l'artisanat alimentaire et
celui très restreint des grosses entreprises industrielles. Elles
présentent à la fois des caractéristiques du secteur
artisanal, en raison de leur taille réduite, et des
caractéristiques du secteur industriel, compte tenu des efforts de
rationalisation des procédés de transformation
(1,2,13).
Exemple de produit de PIA au Burkina : Farines
et grumeaux de céréales, confitures, fruits
séchés.
Ces trois intervenants dans l'agroalimentaire mettent à
la disposition des consommateurs une gamme de produits très
variés répondant très souvent à leur demande. Ces
produits transformés proviennent des différentes filières
de l'agriculture locale, régionale ou internationale.
LES PRODUITS DES DIFFERENTES FilièreS
Les productions agricoles dans la zone Ouest Africaine sont
riches et variées. On y rencontre des céréales, des
tubercules, des fruits et légumes, des viandes et les poissons, des
légumineuses, les produits laitiers et apicoles. Ces différentes
spéculations peuvent être regroupées en filières qui
correspondent généralement à des secteurs définis
de transformation (2,13).
Les produits de la Filière céréales
Une production
fluctuante en amont
La production céréalière au Burkina est
dominée par le mil, le sorgho et le maïs. Le riz et fonio sont
cependant des spéculations importantes dans certaines régions du
pays. Ces céréales produites pour l'essentiel dans des
exploitations agricoles traditionnelles, représentent en valeur plus de
50% de la production agricole burkinabé. On observe cependant
d'importantes fluctuations dans les productions (tableau 01), essentiellement
liées aux aléas climatiques.
Cette
irrégularité des tonnages constitue un facteur désordre
dans l'organisation du marché céréalier, qui se
caractérise par une variabilité saisonnière et annuelle
des prix pouvant atteindre 25%. Ceci rend hasardeuses des projections de
marchés et de rentabilité pour les entreprises de transformation
(13).
Tableau 01 : Production agricole nette de
céréales au Burkina Faso (en milliers de tonnes) et
évolution annuelles (en %) de 1997 à 2001.
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Mil
|
663
|
875
|
850
|
653
|
904
|
Sorgho
|
985
|
1082
|
1060
|
915
|
1131
|
Maïs
|
312
|
355
|
440
|
398
|
511
|
Riz paddy
|
94
|
85
|
90
|
98
|
99
|
Fonio
|
11
|
13
|
12
|
16
|
23
|
Evolution
en %
|
|
-8%
|
7%
|
-13%
|
60%
|
Source: Données et indicateurs économiques et
financiers. INSD. 2002
Transformations locales des céréales
La minoterie
La transformation primaire des céréales en
farine s'opère à tous les niveaux du secteur agroalimentaire.
Au niveau artisanal, on distingue un système manuel
utilisant meule et mortier et un système semi artisanal utilisant des
moulins motorisés.
Exemple de moulin motorisé utilisé par le
SIA
Il assure la plus grande part de transformation en volume, et
s'applique généralement au niveau des marchés et des
unités artisanales privées ou communautaires. Les farines
produites sont destinées à l'autoconsommation ou parfois vendues
en vrac sur les marchés.
Les PIA utilisent à une échelle réduite,
un matériel mécanisé et des techniques modernes de
production. Dans ces petites entreprises, la minoterie est souvent une simple
opération de la chaîne de transformation (boulangeries,
biscuiteries, fabriques de farines infantiles, etc.)
Au niveau industriel, de grosses entreprises comme les Grands
Moulins du Burkina (GMB) assurent la production de farine de
céréales locales (maïs) et importées (blé).
Ces farines sont utilisées comme matières premières par
d'autres entreprises agroalimentaires
Exemples de produits élaborés à
base de céréales au Burkina
La transformation des céréales en bière
locale ou Dôlo est l'une des activités
les plus importantes des SIA intervenant dans cette filière. Cette
bière vendue comme aliment de rue aussi bien en milieu rural qu'urbain,
représente une importante activité rémunératrice
pour les femmes.
La préparation des aliments locaux à base de
céréales est également pratiquée chez les
préparatrices/vendeuses d'aliments de rue qui exercent dans l'artisanat.
On peut citer entre autres :
- le Tô (pâte de mil,
sorgho ou maïs)
- les bouillies de viscosité très variable
- le Zoom Kom (boisson obtenue par
suspension de farine)
- le Dèguè
(mélange de grumeaux de céréales et lait caillé ou
yaourt)
Structure de vente de riz dans la rue au Burkina
Des PIA urbaines interviennent pour la mouture et la
préparation de produits commerciaux plus élaborés. On
retrouve ainsi sur le marché des farines enrichies destinées
à l'alimentation infantile, des grumeaux pour la préparation
rapide de bouillie, des pains spéciaux, biscuits, etc. Ces produits
généralement conditionnés dans des emballages plastiques,
font l'objet d'une concurrence assez vive entre les groupements de femmes,
financés pour la plupart par des Organismes Non Gouvernementaux (ONG).
Produits des PIA linéaires de
magasins:
Gâteaux et biscuits
Farines précuites
et grumeaux
L'étiquetage de ces produits est
généralement peu élaboré, ce qui ne favorise pas la
reconnaissance et l'émergence d'un label. De plus les indications se
limitent généralement aux recettes applicables dans leurs
préparations. A quelques exceptions près, aucune indication n'est
donnée sur la composition et la valeur nutritive des aliments
proposés.
Etiquetage entre deux soudures, grumeaux de farine de
petit mil pour préparation rapide de bouillie.
Ces produits ne subissent pas généralement la
concurrence extérieure, car ils ont l'avantage d'être issus de
technologies traditionnelles améliorées, et sont de ce fait
très souvent typiques au Burkina. Ils sont du reste très
appréciés pour les commodités de préparation qu'ils
offrent par la suppression de certaines opérations contraignantes comme
le pilage, les longues cuissons...
Il existe cependant un nombre limité de produits comme
la Vitaline (farine infantile), qui ont une forte
valeur ajoutée. Ce lot de produits subit la concurrence des produits
d'importation malgré leur prix relativement bas.
Exemple de produits de PIA à forte valeur
ajoutée : farine infantile VITALINE
La farine de blé est transformée en pâtes
alimentaires (spaghetti et macaroni) par une unité industrielle
(Burkina Pat). Les produits de Burkina
pat, appréciables pour la faible utilisation des
conservateurs au cours de leur production, font face à une rude
concurrence imposée par les pâtes alimentaires importées
essentiellement de la Côte d'ivoire et de l'Italie.
Macoroni de Burkina Pat : produit d'IAA
Les produits de
Filière Fruits et légumes
Une production des
maraîchages et vergers
Les fruits et légumes du Burkina sont essentiellement
des produits de maraîchage et de vergers. Les principales
spéculations sont le haricot vert de contre saison, la tomate, l'oignon
et la mangue. Cependant, la plupart des fruits et légumes de
consommation locales (carottes, chou, laitue, papayes, pastèques,
oranges, fraises, etc.) sont produites en quantité relativement faible
dans les jardins et vergers.
Fruits vendus en vrac : Etalage
Fruits vendus en vrac : Ambulant
La production des fruits et légumes au Burkina est en
croissance malgré les fluctuations liées aux aléas
climatiques (tableau 02) (13, 14). On note toutefois que la
production de tomate (30% de la production maraîchère) est en
régression depuis la fermeture de l'unique unité de
transformation industrielle (SAVANA) du pays.
Tableau 02 : Production nette de fruits et
légumes au Burkina Faso (en milliers de tonnes) et évolutions
annuelles (en %) de 1997 à 2001.
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
Production
|
388
|
390
|
460
|
599
|
610
|
Evolution %
|
|
5%
|
20%
|
43%
|
4%
|
Source: Données et indicateurs économiques et
financiers. INSD. 2002
En plus de ces fruits domestiques, il existe une
variété de fruits sauvages de consommation courante (liane,
prunes, jujubes, pain de singe, tamarin, raisin sauvage etc.) dont la
cueillette et la vente sont essentiellement réalisée par les
femmes en milieu rural.
Exportations en frais
Une part assez importante des fruits et légumes est
exportée en frais par fret aérien essentiellement vers l'Europe.
Le haricot vert de contre saison est le premier produit d'exportation de la
filière avec 2400 tonnes en 2000-01 (13,14). Cependant, la
production exportée s'est effondrée à 1500 tonnes en
2001-02, suite aux contraintes du fret aérien ainsi qu'aux
difficultés d'organisation de la filière (13,14).
Les mangues fraîches sont exportées par fret
aérien, et collectées par des importateurs de pays voisins en
bord champ. D'autres fruits et légumes comme la tomate sont
également exportés vers les pays voisins.
Transformations locales des
fruits et légumes
Exemples des Jus et confitures
Les opérants du secteur SIA mettent sur les
marchés une diversité de jus conditionnés manuellement
dans des sachets de polyéthylène de faible densité (PEFD).
Ces jus de qualité variables, sont parfois aromatisé
(arômes artificiels), réfrigérés et vendus dans des
glacières par des ambulants.
Vendeur ambulant de jus en glacière
Les plus courants au Burkina sont les jus de gingembre/citron
(Gnamakougui ou
Limbourgui), le Bissap (jus de calices
d'oseille de guinée).
Refroidissement des jus de fabrication artisanale au
congélateur.
Les fruits produits localement sont collectés par des
PIA en vue de leur transformation en jus et confitures destinés au
marché local. On retrouve ainsi sur les linéaires des magasins
des grandes villes des jus et confitures de mangue, de papaye, de tamarin, de
gingembre, d'oseille (Bissap) etc.
Confitures des PIA en vente dans un magasin
Ces entreprises produisent également des
concentrés de jus (nectars et des sirops) de fruits.
Sirop de Bissap (oseille de Guinée) de trois PIA
dans un linéaire de magasin
Certaines entreprises arrivent par des recettes
spéciales et uniques à s'imposer sur le marché. C'est le
cas par exemple de l'entreprise Hochata qui produit
du jus de pois sucré.
Ces produits sont généralement proposés
à des prix très concurrentiels, dans des emballages en verre ou
plastique de forme classique (pots, bouteilles et sachets). Ces emballages
représentent une charge assez importante pour ces petites
entreprises ; on l'estime entre 35 à 40 % du chiffre d'affaire
(13,14). Ce facteur constitue un frein au développement de
ces unités, et mériterait d'être repensé.
A l'exception de l'industrie SAVANA
(qui est temporairement fermée), aucune grosse industrie ne fait dans la
production des jus et confitures au Burkina.
Certains PIA se sont essayé à la fermentation
des jus pour la production de vins et vinaigres, mais cette activité
reste embryonnaire. Les vinaigres locaux sont le plus souvent des
reconstitutions et parfois même de simple dilution d'acide
acétique.
Vinaigre de reconstitution
L'exception est faite par l'unité industrielle pilote
de vinaigrerie Missim (mise en place par l'ONG CEAS)
qui produit du vinaigre de mangue pour la consommation et l'exportation
(13,14,15).
Vinaigre Missim
Conditionnement pour la vente locale
Conditionnement pour l'exportation
Jus de pois sucré produit par la PIA
Hochata
Le Séchage des fruits et légumes
Les dix dernières années, on a assisté
à l'émergence des fruits séchés dont 90% de la
production concerne la mangue. Les 10% restant concernent les autres fruits et
légumes (oignons, tomate, gombo etc.). Ce sont des produits des PIA
utilisant des séchoirs solaires ou à gaz, construits par
l'artisanat local.
Séchoir à gaz.
Vulgarisé par le CEAS
Ces unités ont pour la plupart été mises
en place par des projets d'appui à la filière financés par
des ONG comme le CEAS, ABAC-Geres (15).
Fruits séchés
En vente
Mangues séchées
(Produit de la PIA Bassoma)
Quoique leurs capacités de production soient
limitées (1 à 5 tonnes de fruits/ mois/ unité), ces
technologies contribuent énormément à absorber
l'importante production saisonnière de fruits et légumes.
Oignon séché mise en sachet
(Spécimen CEAS)
La qualité de ces nouveaux produits
(séché en absence d'additif) est généralement
suffisante pour répondre aux exigences internationales pour
l'exportation. Ainsi, les fruits séchés du Burkina, se
positionnent progressivement sur les marchés européens dans la
gamme des produits biologiques. Ils obtiennent une rémunération
intéressante (de l'ordre de 4000 FCFA par kg), ce qui est très
supérieur aux prix des produits asiatiques séchés avec
additifs (13).
Les produits des
Filières Oléo/Protéagineux
Les oléagineux et noix
transformés par le secteur agroalimentaire au Burkina regroupent le
coton graine (sous produit du coton fibre), les noix de karité,
l'arachide et le sésame. La répartition des productions
d'oléagineux (665900 tonnes nette) pour l'année 2001 est
figurée dans le graphique suivant (13,14).
Source: INSD 2002 pour l'arachide le coton et le karité. ONAC
(2001) pour le sésame.
La production des amandes de
karité (produit de cueillette) est la plus variable. Toutefois, on
estime que seulement 10 à 15% des amandes sont récoltées,
sur un potentiel estimé à plus de 600.000 tonnes/an. Les graines
de néré (Parkia biglobosa) sont un autre produit de
cueillette de cette filière. Elles sont essentiellement utilisées
dans la préparation de Soumbala (condiment des sauces)
Transformations locales des produits
oléo/protéagineux
L'huile de coton
Le coton graine n'est pratiquement pas transformé par
les unités artisanales et les PIA. Il est décortiqué et
traité par des huileries industrielles (SN-CITEC, SOFIB) pour produire
l'huile de coton destinée à la consommation humaine, et les
tourteaux pour l'alimentation animale. Ces produits industriels sont
principalement destinés à l'approvisionnement du marché
national
Le beurre de karité
La demande mondiale, renforcée par la nouvelle
législation européenne sur la fabrication de chocolat qui
tolère désormais l'introduction de 5% de matières grasses
végétales autre que le beurre de cacao, a crée un nouvel
engouement pour les amandes de Karité (13,14). Au Burkina,
une part importante des noix de karité (90% des cueillettes) est ainsi
exportée, avec une faible valeur ajoutée locale (extraction des
amandes). La collecte des noix et l'extraction des amandes de Karité
sont principalement assurées par des groupements de femmes bien
organisés.
Concassage manuelle des noix de Karité
Le reste des amandes de karité (10%) est localement
transformé par des unités artisanales et une quarantaine de PIA
sous forme de beurre alimentaire. Ce beurre est essentiellement destiné
à la consommation locale dont la demande est estimée entre 3.000
et 4.000 tonnes de beurre. Une faible proportion (190 tonnes en 2000) est
exportée(13,14).
Le beurre extrait par la technique traditionnelle (barattage
ou la technique de chauffage de la pâte) participe pour 80% à
l'offre totale. Le reste est obtenu par des procédés d'extraction
par presse manuelle ou mécanisée(13,14).
Huile de coton Savor
(Produit de l'IAA CITEC)
Extraction du beurre de Karité par barattage
Le beurre de karité produit est également
transformé en produits cosmétiques (savons, pommades pour le
corps, produits pour cheveux etc.) par des unités semi-industrielles.
L'utilisation du beurre de karité dans l'industrie cosmétique
prend progressivement de l'ampleur, ce qui pourra lui assurer une position
améliorée sur le marché avec une meilleure valorisation du
produit.
Transformation de l'arachide
L'arachide est en grande partie consommée en
l'état, bouillie, grillée ou enrobée de sucre
caramélisé.
Etalage d'arachide coque, grillée et
sucrée
Il fait l'objet de transformations locales pour la production
d'huile et de tourteaux par les unités industrielles (SN-CITEC), PIA et
les opérants du SIA. La pâte d'arachide utilisée dans la
préparation des sauces est essentiellement produite par les
unités artisanales. Les produits semi-industriels, et industriels
rencontrent peu de succès sur le marché à cause de leurs
prix élevés.
Pâte d'arachide : produit de PIA
Transformation du sésame
Le sésame est exporté en l'état dans les
réseaux de produits biologiques vers le marché européen et
asiatique. Sur le marché local, son usage est limité à la
confection de snacks en quantité limitée par certaines
unités artisanales.
Snack de sésame enrobé de sucré
caramélisé. Production artisanale
Exemples de condiments locaux
Les graines de néré sont fermentées en
Soumbala (condiment des sauces) essentiellement par
le secteur informel. Au regard de l'importance de ce condiment, certains PIA
s'intéressent à sa production. Cependant la valeur ajoutée
est très souvent limitée au conditionnement .
Soumbala : Produit artisanal
à gauche,
Produit de PIA à droite
Un autre condiment de l'artisanat féminin, est
Bi-Kalga (ou Soumbala
d'oseille) obtenu par fermentation des graines d'Hibicus sabdariffa.
Ces condiments font face à la rude concurrence des cubes-arômes
industriels importés. Cependant ils persistent sur les marchés
à cause de leur flaveurs typiques.
Bi-Kalga à gauche Soumbala à droite
Les produits de l'Elevage
de la pêche
L'élevage pratiqué au
Burkina est principalement de type extensif. Il se développe de plus en
plus dans les zones périurbaines un élevage plus intensif
destiné à pourvoir la population en viande et en produits
laitiers. Le cheptel est constitué pour l'essentiel de bovins et des
petits ruminants (14). Cependant, les porcins et la volaille
contribuent pour une part non négligeable à la production animale
(14). Traditionnellement excédentaire, le système
d'élevage burkinabè approvisionne des marchés des pays
côtiers (Côte d'Ivoire et Ghana) en bétail sur pieds. Cette
exportation représente la deuxième source de devises et la
filière élevage contribue ainsi pour environ 10% à la
formation du PIB (13,14).
Transformation locale des
viandes et poissons
La Boucherie - charcuterie
La première transformation locale des produits de
l'élevage est l'abattage des animaux pour la production de viande.
L'abattage contrôlé est appliqué dans des abattoirs
modernes situés dans les grandes villes. Dans les zones rurales, il
existe des petits abattoirs artisanaux produisant la viande pour une
autoconsommation.
Une activité importante de cette filière est la
vente des grillades en alimentation de rue, principalement dans les environs
des débits de boissons. Ces viandes (boeuf, mouton, chèvres,
porc, poulet, pintade) sont soit braisées ou rôties dans des fours
artisanaux.
Viande de mouton en grillade
Poulets rôtis en vente dans la rue
Il existe également des charcuteries modernes qui
proposent des services plus élaborés.
Quelques opérateurs exercent dans le séchage des
viandes mais cette activité reste embryonnaire. Ces viandes
séchées sont plus connues au Niger
(Kilishi).
Viande séchée Kilishi
La peau est un sous produit des abattages de bovins et petits
ruminants au Burkina qui, correctement traitée donne des cuirs de bonne
qualité. Les peaux des bovins sommairement séchées sont
exportées vers les pays côtiers (Nigeria, Ghana) pour être
utilisées dans la préparation de soupe destinée à
la consommation humaine.
Les poisons frais - séchés -
fumés
L'essentiel des produits de pêche au Burkina est
constitué de poissons d'eau douce, péchés dans les fleuves
et rivières, les lacs et barrages artificiels. Ces poissons sont vendus
en frais, séchés ou fumés. Ces produits n'arrivent pas
à couvrir la demande locale ;
Etalage de poisons frais
On retrouve ainsi sur le marché du poisson
séché ou fumé et du poisson de mer importé des pays
voisins.
Etalage de poisons fumés
Etalage de poisons séchés
Laiteries / fromageries locales
La production laitière, traditionnelle au Burkina met
à la disposition des consommateurs des laits et laits caillés
issus de procédés empiriques de traite et de fermentation. Ces
laits sont généralement proposés à la consommation
en alimentation de rue.
Vente de lait caillé de préparation
artisanale
Depuis une vingtaine d'années la production de lait
frais fait l'objet d'une collecte et d'un traitement modernisé pour la
production de yaourt (90% de la production) et de fromage destinés
essentiellement aux consommateurs urbains. Il existe également des
unités dont la production est basée sur la transformation des
laits d'importation en poudre. Ce sont des PIA qui travaillent le lait selon
des processus discontinus, avec des capacités journalières
inférieures à 1000 litres (13).
En plus de ces unités semi-industrielles, il existe un
grand nombre d'artisans producteurs et distributeurs qui mettent sur le
marché des yaourts bon marché essentiellement produit à
base de lait reconstitué. On observe ainsi une grande
hétérogénéité des produits tant par leur
variété de goût que par leur qualité.
Yaourts en pot et sachet des PIA
Ces yaourts sont soit natures, sucrés,
aromatisés aux fruits naturels ou avec des arômes artificiels.
Yaourts nature et aromatisés des PIA
Sur le marché, les yaourts de fabrication artisanale
concurrencent sérieusement les yaourts semi-industriels.
Yaourt artisanal
Ces derniers sont conditionnés dans des emballages
adéquats, mais trop coûteux pour la consommation de grande masse.
On estime que 45% du chiffre d'affaire des unités de production va dans
l'acquisition de ces emballages (13,15).
On retrouve également sur le marché des yaourts
et fromages d'importation. Cependant, le coût du transport favorise cette
petite industrie qui, en ce qui concerne les yaourts pratique des prix
très concurrentiels.
Les miels
L'apiculture est une activité peu
développée au Burkina, cependant dans certaines zones la
production de miel est assez importante. Ces miels produits de façon
artisanale sont essentiellement destinés au marché local.
Certains groupements de producteurs le conditionnent après filtration
dans des pots et bouteilles plastiques pour sa mise ne vente dans les magasins
des villes.
Miel conditionné en pot
QUALITE DES PRODUITS des entreprises agroalimentaire
Dans la transformation des aliments, la qualité
constitue un point focal résultant de plusieurs interactions
destinées à favoriser l'acceptabilité de ces produits pour
qu'ils apportent plus de sécurité en tant qu'aliments. La
maîtrise des qualités d'un produit alimentaire, requière
que les intervenants soient conscients de toutes les étapes où se
réalise et se maintient la bonne qualité du produit. Cela est
déterminant pour son implantation sociale, sa vulgarisation et surtout
sa commercialisation. La qualité dépend de facteurs multiples et
tous les acteurs doivent conjuguer leurs efforts pour créer et
stabiliser cette qualité.
Les qualités organoleptiques
Les produits transformés par les PIA et SIA en Afrique
de l'ouest se caractérisent par leurs qualités organoleptiques
spécifiques, qui attirent les consommateurs locaux en quête des
goûts d'aliments traditionnels. Cependant ces qualités (qui
mettent ces produits à l'abri de la concurrence extérieure) sont
menacées par le risque d'altération qui peut survenir lors de la
conservation. Elle influence l'esthétique et la stabilité du
produit. Elle peut dépendre des actions de micro-organismes mais surtout
des phénomènes physico-chimiques susceptibles d'abaisser
sensiblement cette qualité avant même la date normale de
péremption. Au niveau des aliments issu des PIA et des IAA cette
qualité organoleptique est assez stable. Par contre au niveau des
aliments de rue du SIA, elle est très variable. Cela est lié
à la production, au conditionnement et à l'environnement de vente
de ces aliments.
Etalage de condiment dominé par les produits
artisanaux
La qualité hygiénique
Elle définit l'innocuité et la salubrité
d'un produit alimentaire par rapport à l'action des micro-organismes. Ce
paramètre, capital pour la santé des consommateurs, est sous le
contrôle de l'environnement et de l'emballage. Un emballage
inadéquat peut être source de contamination ; c'est le cas
des papiers de récupération utilisés dans l'emballage des
viandes et autres friandises.
Poulet rôti emballé dans papier
récupéré
(Sac de ciment)
Mouton grillé emballé dans papier
récupéré
(Sac de ciment)
Les emballages non hermétiques exposent les aliments
aux contaminations environnementales.
Au niveau industriel la qualité est régie par
l'observation stricte des normes. C'est ce qui justifie la bonne qualité
de leurs produits. Au niveau des PIA, il existe des normes de fabrication.
Cependant elles sont plus flexibles qu'au niveau des IAA. La qualité des
produits est généralement acceptable. Par contre, au niveau du
SIA, il existe un plus grand risque de contamination lié à
l'absence de réglementation et de rigueur dans la production. C'est le
cas des aliments de rue, qui sont très souvent préparés et
vendus dans un environnement peu salubre.
Environnement de vente de grillade de viandes
En exemple, les résultats d'analyse de 24 aliments de
rue de grande consommation, prélevés chez les différentes
catégories de vendeurs à Ouagadougou sont donnés en annexe
02.
La valeur nutritive
Les produits agroalimentaires en Afrique de l'Ouest sont assez
variés et riche pour couvrir les besoins nutritionnels des
consommateurs. Cependant les malnutritions
protéino-énergétiques et les carences en micronutriments
demeurent des problèmes majeurs de santé publiques dans la
plupart de ces pays (réf). Cela se justifie en partie par les
régimes alimentaires dominés par les produits
végétaux. Ces produits végétaux renferment
malheureusement des facteurs antinutritionnels, qui réduisent la
biodisponibilité des protéines et sels minéraux
(1,2).
Les entreprises agroalimentaires se plient
généralement aux habitudes alimentaires des consommateurs ;
ils ne sont donc pas les premiers responsables de cette situation. Certaines
unités de production qui font dans la fabrication de farines infantiles,
offrent du reste des aliments aptes à être utilisés dans la
lutte contre la malnutrition.
les Contraintes des entreprises agroalimentaires
Les contraintes auxquelles sont confrontées les
entreprises agroalimentaires en Afrique de l'Ouest sont variées et
parfois propres à chaque filière. On peut cependant les situer
à différents niveaux :
- En amont il y a des contraintes d'approvisionnement en
matières premières ;
- Des contraintes politico-économiques liées au
contexte et ressources ;
- Des contraintes de fonctionnement d'ordre technologique ;
- Et enfin des contraintes de commercialisation.
De façon générale, cette filière
souffre de l'absence, dans la plupart des pays, de véritables politiques
gouvernementales garantissant des conditions durables au développement
des entreprises. Il n'existe pas non plus de véritable organisation
professionnelle, susceptible de combler le manque de politique, par la mise en
oeuvre d'un système de contrôle des pratiques et des
qualités des produits transformés (2).
Contraintes d'approvisionnement
Les industries agroalimentaires en Afrique de l'ouest
souffrent d'un manque de régularité dans l'approvisionnement du
marché en matières premières. Par exemple, les tonnages
des produits agricoles sont fonction des aléas climatiques, et ces
fluctuations ne sont pas compensées par des mécanismes
d'ajustement assurant un accès permanent à des sources
d'approvisionnement alternatives. Ce manque de culture d'entreprise des acteurs
de la filière est parfois à l'origine de relations conflictuelles
entre les fournisseurs de matières premières et les
transformateurs. L'offre en matières premières peut
également être d'une qualité insuffisante. C'est le cas des
laits collectés en milieu rural au Burkina, dont la qualité
microbiologique n'autorise pas des productions de haute qualité
(13).
Contraintes politico-économiques
L'environnement juridique et réglementaire est soit
tatillon à l'excès, soit absent. Dans le premier cas, on observe
une réticence des entrepreneurs à entrer dans le secteur formel,
dans le second les entreprises sont exposées à la concurrence
déloyale des unités ne fournissant pas les efforts
nécessaires pour la mise sur le marché de produits salubres et de
bonne facture nutritionnelle (2,13).
L'environnement bancaire avec des taux d'intérêt
prohibitifs (supérieurs à 17% au Burkina) est peu favorable
à l'émergence des entreprises agroalimentaires. L'accès au
crédit à court et moyen termes pour financer les investissements
d'extension et de modernisation des unités est difficile, voire
impossible pour les unités artisanales. Si on ajoute à l'absence
de financement, les coûts énergétiques de production
élevés renchéris par la fiscalité locale, on peut
expliquer la réticence des entrepreneurs à entrer dans le secteur
formel.
Enfin, la faiblesse du pouvoir d'achat de la plupart des
consommateurs, limite la production d'aliments à forte valeur
ajoutée, qui incorporent des services que les ménagères
acceptent encore de prendre en charge au niveau ménager (1).
Cela constitue une limite objective à l'expansion des unités
productrices d'aliments locaux améliorés.
Contraintes technologiques
Le fonctionnement des entreprises rencontre des
difficultés souvent liées à l'insuffisance des
connaissances technologiques des entrepreneurs, au faible niveau de formation
du personnel et à la maintenance inadaptée des équipements
(1,2). La non-maîtrise des processus de stockage des
matières premières et des produits contribue à
l'abaissement de la qualité des productions.
Ce manque de professionnalisme caractérise surtout les
unités artisanales, qui appliquent des procédés empiriques
de transformation, ce qui conduit à des produits non homogènes et
de qualité hygiénique discutable.
A l'inverse l'apport de technologies modernes
inappropriées au dimensionnement encore modeste des marchés
pourrait également être une contrainte.
La mise au point d'un conditionnement est un problème
crucial pour la plupart des entreprises agroalimentaires de petites tailles qui
se tournent vers les sachets plastiques (polyéthylène). Faute de
formation, d'appui et de moyens, les emballages des produits présentent
de nombreuses insuffisances parmi lesquels on peut citer (15) :
- des défauts d'étiquetage (informations
insuffisantes ou erronées, peu lisibles),
- défauts de présentation (découpes ou
soudures inesthétiques, aspect peu engageant, poids
irréguliers);
- des problèmes de conservation (films
inadaptés, conditionnement de produits non stabilisés, mauvaises
conditions d'entreposage);
- une incidence excessive sur le prix de revient du
produit.
Ces insuffisances peuvent réduire les chances de
succès des produits mal conditionnés. De tels produits sont peu
concurrentiels par rapport aux produits importés vendus plus chers mais
de bonne présentation, ou aux produits locaux vendus moins chers sous
leur forme traditionnelle (15).
En plus des limites techniques de ces sachets de
polyéthylène dans la conservation des qualités, ces
substances non biodégradables posent un sérieux problème
environnemental.
La mise en oeuvre de technologies appropriées par le
secteur agroalimentaire dans les pays d'Afrique de l'Ouest nécessite une
forte implication des Etats. L'absence de contrôle sanitaire des services
étatiques sur les produits mis sur le marché est une contrainte
qui, si on n'y pend garde, risque de décrédibiliser la production
locale au profit des importations de produits élaborés
(1,2).
Contraintes commerciales
La contrainte commerciale majeure des entreprises
agro-alimentaire est la mévente des produits. Elle peut être
liée l'absence d'une véritable étude des marchés
avant la mise en place de l'unité. Les marchés potentiels peuvent
alors être surestimés et la commercialisation décevante
lorsque la production n'est pas ajustée à la demande effective
(1,13).
Une sous-estimation des coûts de production et des
seuils de rentabilité conduit à l'impossibilité de
produire à un coût suffisamment bas pour pénétrer le
marché, et faire face à la concurrence des produits analogues,
transformés localement importés. Une mévente des produits
peut également être liée à la non satisfaction des
attentes des consommateurs (1,13).
La mauvaise gestion des aides financières
(apportées généralement par les ONG) peut être
considérée une contrainte commerciale. Par soucis de
résultats, les producteurs bénéficiant de ces appuis
pratiquent une concurrence déloyale en vendant leurs produits à
des prix non conformes aux charges de production. Au terme des projets, les
unités mises en place sont très souvent incapables de se
maintenir sur le marché (1,13).
Enfin, on peut évoquer l'absence d'une culture
d'excellence (basés des licences de fabrication de produits modernes et
de contrats de fourniture de produits finis ou semi-finis) qui freine le
développement de partenariats commerciaux avec les pays du Nord,
PERSPECTIVES DE développement des entreprises
agro-alimentaires en afrique de l'Ouest
Le développement des entreprises agroalimentaires en
Afrique de l'Ouest nécessite que les contraintes évoquées
ci-dessus, à défaut d'être levées soient assouplies.
Au niveau des pouvoirs publics, il apparaît
nécessaire de définir une politique de développement des
petites industries, fixant notamment leur cadre juridique et
réglementaire. Dans la définition de cette politique, les
législateurs devront cependant avoir le souci de protéger
à la fois les entrepreneurs et les consommateurs. Cela passe par
l'adoption de normes alimentaires adaptées au contexte et aux produits,
et par la définition et la mise en oeuvre de moyens réalistes
pour les faire respecter (1,2).
Le secteur bancaire devrait consentir un assouplissement des
conditions d'octroi de crédits aussi bien aux fournisseurs de
matières premières qu'aux transformateurs. Cela implique une
réelle professionnalisation des petites et micro entreprises
agroalimentaires, qui passera forcement par la formation.
Pour assurer une formation adéquate des intervenants
dans l'agroalimentaire, le développement de pôles de formation et
de recherche appliquée à un niveau national ou régional
semble être la bonne, voire l'unique alternative. De tels pôles
existent au Bénin (Cerna), Burkina (CRSBAN), Cameroun (ENSAI), Ghana
(FRI) et Nigeria (FIIR) et sont susceptibles d'apporter un appui
nécessaire aux entreprises de la sous région (1,2).
Une synergie d'action entre ces pôles et les
entreprises, devrait permettre la mise sur le marché de produits
à haute valeur nutritionnelle et de bonne qualité
sanitaire ; susceptibles de contribuer à résoudre des
problèmes nutritionnels de santé publique.
Etudiant du CRSBAN analysant un échantillon de
mangue séchée d'une PIA
Il serait cependant nécessaire que les services
étatiques concernés jouent leur partition en sensibilisant les
consommateurs sur la gravité et les conséquences des
problèmes nutritionnelles ; et les possibilités de les
résoudre par les aliments.
Etudiant du CRSBAN mesurant la viscosité d'une
bouillie de céréale (formulation de bouillies infantiles)
Les scientifiques travaillant dans le domaine des sciences des aliments et de la consommation
doivent s'investir dans la formation des intervenants de l'agroalimentaire, et
la recherche appliquée (utilitaire).
Ils devraient ainsi définir des cursus de formation
professionnelle pour les entrepreneurs afin de leur transmettre (dans un
langage adapté) les notions de base nécessaires à leur
activité. Ces notions incluent la technologie, la nutrition, la gestion
et le marketing (1,2).
Les scientifiques devraient s'engager plus dans la recherche
appliquée en nutrition et technologie alimentaire, pour :
- faire le point et compléter les connaissances sur la
nature et les effets des procédés traditionnels de transformation
des aliments et sur les aspirations des consommateurs ;
- optimiser ou mettre au point des procédés
nouveaux de transformation et des techniques de marketing adaptées ;
- élaborer et évaluer les modalités de
transfert, au niveau des entreprises, de ces procédés nouveaux ou
améliorés.
Cela nécessite un réel rapprochement entre
universités/institutions de recherche et entreprises. Un facteur
efficace de rapprochement qui a fait ses preuves, est la mise en stage des
étudiants dans les entreprises. Cela met à la disposition des
entreprises une expertise gratuite, et permet un enrichissement des programmes
de recherche des universités et institutions de recherche. Cette
recherche qui se veut utilitaire, doit être définie en
étroite collaboration par les scientifiques et les utilisateurs
(1,2).
Enfin, à un niveau international, des actions doivent
être mises en oeuvre pour aider les différents intervenants
à remplir leur rôle. Les systèmes de capitalisation et de
diffusion des connaissances, tels que le réseau TPA (Technologie et
partenariat en agroalimentaire) ou le programme régional de promotion
des céréales locales au Sahel (Procelos), doivent être
renforcés. Par ailleurs, il est souhaitable que soient
développés des échanges d'expérience entre
différentes régions d'Afrique, mais aussi entre différents
continents, en particulier Afrique et Amérique latine en ce qui concerne
la transformation d'aliments de base comme le maïs et le manioc
(1,2).
CONCLUSION
En Afrique de l'Ouest trois grands types d'entreprises de
transformation dominent le secteur de l'agroalimentaires. Malgré la
diversité de leur activité, ce secteur reste peu
développé. Ce faible niveau de développement des
entreprises agroalimentaires n'est certainement pas le principal
déterminant de la précarité des situations alimentaires et
nutritionnelles en Afrique de l'Ouest. Mais il est clair que, au fur et
à mesure que les populations seront davantage informées sur les
bonnes pratiques alimentaires et sur la manière de prévenir
certaines maladies de carence et pour autant que l'augmentation du pouvoir
d'achat permette de faire des choix alimentaires, le développement du
sous-secteur des PIA deviendra une priorité (1,2).
A cet égard, le grand nombre d'opérateurs actifs
dans le secteur informel et les petites industries, se présente comme
une pépinière dense d'où pourra sortir progressivement des
entreprises performantes; même si les échecs au cours des
processus de sélection seront nombreux(1,2). Il est donc
temps que ces entreprises s'engagent dans la recherche de la qualité
pour mieux rivaliser dans le futur avec les produits d'importation, et
conquérir l'important marché sous-régional ouvert par
l'UEMOA.
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