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Etude linguistique et sociolinguistique de l'argot contenu dans les textes de rap au Sénégal, l' Exemple Du DAar J


par Mamadou Dramé
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2000
  

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IV METHODOLOGIE

Le corpus sur lequel nous envisageons de travailler est constitué de deux niveaux. Il y a d'une part le corpus oral qui est constitué par les textes du groupe que nous allons transcrire en nous servant d'un magnétophone et d'autre part, il y a le corpus écrit comprenant les indications graphiques marquées sur les jaquettes des cassettes et du disque (les titres des chansons, les dédicaces etc.).

Gumperz a enseigné que dans une situation de communication verbale, les choix langagiers ont une signification symbolique et impliquent des effets de sens (cf. Ndao 1996). Et ici, nous sommes dans le cadre assez particulier de la création artistique où le choix devient figé. Alors il devient difficile d'appliquer la dichotomie code switching conversationnel et code switching situationnel. Mais nous pouvons analyser ce discours qui fonctionne comme un écrit à la lumière du code switching situationnel.

Cela veut dire que ce sont les contextes d'apparition de la langue, de la variété ou de l'alternance qui vont illustrer ce que nous cherchons à savoir. Ainsi la méthodologie que nous allons adopter reposera d'abord sur la description des langues en vue de repérer l'état de leurs combinaisons et alternances, mais aussi les contextes ou situations dans lesquelles elles ont été utilisées. Cette analyse portera d'abord sur l'aspect sémantique. Elle permettra de rendre compte des glissements de sens de certains mots (qui peuvent appartenir à toutes les langues). D'une part, nous nous intéresserons à l'alternance intra-phrastique c'est à dire le cas où elle est présente dans une seule séquence de parole, puis à l'alternance inter-phrastique où l'alternance est réglée en fonction des séquences plus ou moins longues où l'on utilise une langue ou l'autre.

En outre, nous admettrons avec Gumperz que « la connaissance des valeurs culturelles et des facteurs sociaux affectant le langage est le point de départ nécessaire à toute étude sur l'alternance codique »20(*). Donc nous nous intéresserons aux variables socio-économiques et socioculturels qui engagent les jeunes de notre époque.

Cette méthodologie est engagée parce qu'il est difficile, à partir de quelques éléments seulement, d'analyser un corpus certes homogène mais tout aussi consistant en matière d'informations contenues. Nous emprunterons à Pierre Cadiot sa terminologie et ses méthodes d'enquête pour juger cette production artistique, reflet des usages langagiers propres aux jeunes Sénégalais de nos jours.

Cette analyse portera également sur la morphologie des mots. A ce niveau, nous pourrons mettre en évidence les mécanismes de création de l'argot (type sénégalais) fondés essentiellement sur la déformation des mots (troncation, méthathèse, etc.), quelles que soient leurs origines. Nous précisons que l'argot était à l'origine considéré comme le langage des gueux, des mendiants, des coupeurs de route et des voyous21(*). Il est devenu de nos jours une manière toute particulière de parler, manière par laquelle un groupe s'affirme et s'identifie. Il s'agit ainsi d'un langage particulier.

Pour l'exploitation de cette partie, nous ferons appel à Michelle Verdelham-Bourgade22(*) et nous lui emprunterons ses procédés d'analyse sémantique et lexicale du français branché. C'est ainsi que nous pourrons déterminer quelle est la structure du type d'argot qui est actuellement parlé par les jeunes Sénégalais et quel type d'argot est en train d'émerger et de se développer dans ce pays par l'intermédiaire du rap.

Nous n'occulterons pas les niveaux phonétique et phonologique qui porteront sur la prononciation des mots; que cela soit à des fins artistiques (musicales) ou pour les rendre étrangers aux oreilles des Sénégalais.

Enfin nous nous attacherons à relire les titre et les indications graphiques lisibles sur les jaquettes des cassettes. Leurs particularités graphiques qui consistent à allier les lettres et les chiffres informeront certainement sur les motivations idéologiques des auteurs de notre corpus.

A la suite de ces analyses descriptives, nous reviendrons chez Gumperz pour voir les lectures qu'il est possible de faire sur les langues pour donner les raisons de leur présence ou de leur absence. En effet c'est cette cohabitation qui déterminera les visées du groupe et la particularité de cette manière toute jeune d'user du langage. Elle montrera également en quoi la quête d'identité des jeunes est représentée par l'utilisation du verbe.

DEUXIEME PARTIE

* 20 Gumperz John J (1989) :op.cit. p. 71.

* 21 Guiraud Pierre (1980) :L'Argot, Paris, PUF,Collection « Que sais je »,p.6.

* 22 Verdelham-Bourgade Michelle (1989) : « procédés sémantiques et lexicaux du français branché »in Langue Française, op.cit.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein