"en aparté"sur Canal Plus : l'invité, le public et le média comme tiers autoritaire dans une émission de conversation( Télécharger le fichier original )par Marylène Khouri Institut Français de Presse Paris II-Assas - Maà®trise d'information et communication 2005 |
2 - La place de Pascale Clark dans une généalogie des animatricesPour mieux comprendre la place qu'occupe Pascale Clark au sein de l'espace médiatique, il convient d'esquisser une généalogie des animatrices. Précisons tout d'abord ce que l'on entend par « animateur »10(*) : on en recense près de 200 en 1985. Avec le développement des chaînes câblées et la télévision numérique terrestre, on peut aujourd'hui doubler cette donne. Pasquier et Chalvon- Demersay définissent l'animateur comme étant « toute personne qui assure la présentation d'une émission ne relevant pas du secteur de l'information, reprenant ainsi une coupure entre information et programmes (...) qui oeuvrent dans des genres télévisuels variés, qui possèdent des compétences diverses et qui jouissent d'une renommée variable » En fait, Pascale Clark se situe à la croisée de l'animatrice et de la journaliste, si l'on considère qu'elle anime une émission de divertissement mais en ayant une formation de journaliste. Cependant, il serait réducteur de définir En aparté comme une simple émission de divertissement ; il s'agirai plus ici d'une émission d'entretien, que nous préciserons plus tard par la qualification d' « émission de conversation ». Dans cette lignée, on retrouve des femmes comme Ménie Grégoire et Mireille Dumas, qui se sont spécialisées dans le recueil de confidences. La différence majeure avec ces femmes est que Pascale Clark recueille la parole de la personnalité, à laquelle on s'identifie. Cependant, elle utilise les ressorts habituels de l'entretien télévisé : « Ses questions sont guidées par ce qu'il suppose être le point de vue du téléspectateur et son degré de connaissance du sujet ou de la personne (...) le présentateur est un accoucheur d'idées ou d'histoires instructives, un interprète requis pour nous éclairer et nous familiariser avec le sujet. »11(*) Pascale Clark reçoit les hommes politiques ce qui peut apparenter son émission à une émission d'information. Tout comme les émissions de Mireille Dumas ou de Ménie Grégoire, l'émission de Pascale Clark s'inscrit dans une perspective relationnelle, genre pour lequel l'univers machiste de la télévision aime faire appel à des figures féminines. En effet, selon Pierre Bourdieu, « les femmes savent mieux identifier une émotion représentée non verbalement et déchiffrer l'implicite d'un dialogue »12(*). Il est intéressant d'établir un parallèle entre le parcours de Ménie Grégoire et celui de Pascale Clark ; toutes deux se sont arrêtées au niveau licence, ont écrit des romans en parallèle de leur carrière médiatique. Ménie Grégoire a inventé la radio moderne, donnant la parole au public. Par ailleurs, elle était réputée pour la qualité de sa voix, qui mettait ses invités, eux anonymes, en confiance. Cependant, et surtout pour son époque, Ménie Grégoire a complètement révolutionné la notion d'intimité à la radio. Quant à Mireille Dumas, elle possède le même ton psychologisant et la même capacité à mettre à l'aise l'invité. Elle apparaît souvent comme une référence dans les ouvrages étudiés pour la rédaction de ce mémoire. Par ailleurs, la qualité des invités rehausse la crédibilité de Pascale Clark au sein d'une généalogie des animatrices/journalistes. Car comme le signifient D. Pasquier et S. Chalvon-Demersay, l'animateur doit souvent choisir entre « la consécration populaire et la reconnaissance professionnelle ». Or Pascale Clark a réussit à combiner respect du public et de la profession. Son émission reste assez populaire en recevant des invités appréciés du grand public (Mickael Youn, Jamel Debbouzze) tout en recevant des personnalités culturelles plus « haut de gamme » comme Amélie Nothomb ou Bjork. * 10 « Drôles de stars, la télévision des animateurs », Dominique Pasquier et Sabine Chalvon-Demersay, ed.aubier page 18 * 11 « La fenêtre et le miroir », Dominique Mehl, ed. Payot, page 22 * 12 « La domination masculine », Pierre Bourdieu, ed.Le seuil, page 37 |
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