CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre travail, il convient de s'interroger sur le
chemin parcouru au cours
de ce mémoire, d'en dégager les principaux
apports, les limites et les perspectives de recherche.
Les efforts consentis par l'IASC (notamment IASB) d'une
part, et l'enjeu de la globalisation et de l'internationalisation de
l'économie d'autre part, ont rendu nécessaire une certaine
harmonisation comptable internationale. L'analyse des comptes
d'entreprises de nationalité différente reste
néanmoins difficile en raison de la diversité des
pratiques comptables nationales. Pour la plupart des auteurs,
l'explication des divergences entre les systèmes comptables est
à rechercher dans la diversité des cadres
institutionnels de l'économie caractérisant chaque pays (le
contexte du marché, le contexte légal et le
référentiel socioculturel).
Dans cette perspective, l'ambition de cette recherche
étant de trouver la nature de la relation existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité
?
La réponse à notre problématique
impliquerait, préalablement à toute proposition de
modèle de recherche d'instruire l'étude à travers
une revue de la littérature théorique et pratique, ainsi
que de la pratique internationale du cadre institutionnel de l'économie
et de la comptabilité.
La partie théorique de notre travail nous a permis
de dégager une proposition de recherche articulée autour de
deux axes :
· le cadre institutionnel de l'économie
contient, principalement, un marché, un
contexte légal et un référentiel
socioculturel.
· La comptabilité peut être
représentée par les éléments suivants : les
principes comptables (les critères de qualité
assignés à l'information, les hypothèses et
conventions comptables), les procédures de traitement des inputs de la
comptabilité (les procédures liés aux opérations
d'exploitation et aux opérations d'investissement), les
informations et données comptables (les états financiers, les
autres informations et les inputs aux traitements
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comptables) et les utilisations managériales de la
comptabilité (outil de prise de décision, de communication, de
contrôle des réalisations et de positionnement).
Le test empirique concernant la proposition de recherche
a permis de relever les résultats suivants :
· Le cadre institutionnel de l'économie
influence le construit et la pratique
comptable, mais à des degrés variables
selon l'élément de comptabilité à prendre en
considération. Ce qui confirme et valide la
première hypothèse à savoir : le
cadre institutionnel de l'économie conditionne les choix
comptables.
· Le degré d'influence des éléments du
cadre institutionnel de l'économie sur la
comptabilité tunisienne n'est pas égalitaire. Il
obéit au classement suivant :
1. le contexte légal (43,85
%);
2. le marché (35,56 %) ; et
3. le référentiel
socioculturel (20,59 %).
· Les éléments du cadre institutionnel de
l'économie tunisienne doivent exercer plus d'influence sur la
comptabilité. En effet, le développement de la
comptabilité tunisienne vers des standards internationaux,
nécessite une structure plus développée et active
du marché, du contexte légal et du référentiel
socioculturel tunisien.
· La comptabilité tunisienne doit évoluer
dans la pratique vers des utilisations managériales
valorisables.
l'apport de recherche est double, le premier est de
nature théorique et réside dans l'étude
regroupée des trois composantes du cadre institutionnel de
l'économie et leurs relations avec la comptabilité
financière, un domaine de recherche où les études
théoriques et empiriques associées sont assez rares. Le
deuxième apport de notre travail est de nature pratique, les
résultats obtenus ont montré le caractère émergent
de la comptabilité tunisienne.
Ce constat est tout à fait logique puisque le
système comptable des entreprises tunisiennes est
relativement récent et opte pour un alignement sur les
normes de l'IASB, et donc pour une culture anglo-saxonne.
L'intégration d'une culture anglo-saxonne dans
la comptabilité tunisienne est relativement récente,
puisque pour des raisons historiques, elle poursuivait, au paravent, une
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logique continentale et plus précisément,
française (plan comptable de 1967, influence notable du contexte
légal sur la normalisation comptable, reporting comptable limité,
etc).
De plus, les éléments du cadre
institutionnel de l'économie tunisienne (surtout, le marché
et le référentiel socioculturel) ne sont pas assez
développés pour pouvoir agir convenablement sur la
normalisation comptable en général. Enfin, on peut dire
que la normalisation comptable tunisienne est largement
inspirée du référentiel comptable international et
qu'elle poursuit les prérogatives de la globalisation qui tend à
standardiser le comportement et par conséquent les
éléments du cadre institutionnel de l'économie.
Pour ce qui est des limites de ce travail de recherche, la
première limite réside dans la portée subjective des
réponses données. En effet, le degré de la
pertinence des réponses, dépend des convictions des
personnes interviewées, de la culture et du métier
qu'elles exercent. Ce background a conditionné dans une grande mesure la
validité des réponses.
La deuxième limite de notre travail est
inhérente au degré de maturité de la recherche sur la
nature de la relation existant entre le cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité. En effet, ces notions
constituent des champs friches au sein desquels les questionnements sont
relativement récents et peu de repères existent.
Enfin, plusieurs autres éléments peuvent influencer
la normalisation comptable citant par exemple, l'intervention de l'Etat, le
niveau de développement (pays développés et pays
en voie de développement), l'ancienneté, la
compétence et l'organisation de la profession comptable, etc.
La dynamisation des axes du cadre institutionnel de
l'économie tunisienne dans la prérogative d'alignement sur
les normes internationales serait de nature à favoriser la
recherche et l'effort oscillerait entre la globalité et la
spécificité. La globalisation standardise
le comportement, unifie les procédures et oriente
les choix vers une certaine unification
justifiant l'existence d'un socle commun. Quelles seraient la
nature, la portée et les limites de
ce socle et quelle serait l'importance des
éléments différentiels ? Une étude plus large
valoriserait cet effort de recherche.
L'ambition mérite l'engagement, le résultat est
certainement méritoire.
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