Paragraphe 2 : Le nouveau système comptable des
entreprises tunisiennes
Le système comptable tunisien est une
véritable loi ; il s'applique à toute personne physique ou
morale, à caractère privée, assujettie à la tenue
d'une comptabilité. Par ailleurs,
« il est institué un conseil national de la
comptabilité chargé d'examiner et de donner son avis sur :
- les projets de normes comptables et les modalités de
leur application ;
- les projets de textes légaux et réglementaires
qui comportent des dispositions ayant trait à la comptabilité
;
- les sujets relatifs à la comptabilité.
Le conseil est également chargé d'examiner les
questions relatives à la comptabilité et
de proposer les moyens de son amélioration
».371
Le système comptable des entreprises tunisiennes comporte
un cadre conceptuel de la comptabilité, des normes comptables
générales et des normes sectorielles.
L'article 6, du chapitre II intitulé du cadre conceptuel
et des normes comptables, de la
loi 96-112 du 30 décembre 1996 relative au système
comptable des entreprises, stipule que
« le cadre conceptuel de la comptabilité
constitue un guide pour l'élaboration des normes comptables et
leur interprétation, il sert de support pour le traitement des
opérations relatives aux transactions de l'entreprise et des effets des
événements liés à son activité et n'ayant
pas
été traités par ces normes
».372
371 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Loi N° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au
système comptable des entreprises, Chapitre premier : dispositions
générales, article 5, Editions C.L.E, 1997, p. 5.
372 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Loi N° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au
système comptable des entreprises, Chapitre II : Du cadre
conceptuel et des normes comptables, article 6, Editions
C.L.E, 1997, p. 6.
150
Le cadre conceptuel tunisien traite des objectifs de
son élaboration, des utilisateurs, leurs besoins et les objectifs
des états financiers, des concepts fondamentaux et l'arbitrage entre
eux.
L'objectif de l'élaboration d'un cadre conceptuel consiste
à aider à : «
- l'élaboration de normes cohérentes pouvant
faciliter la production de données
et d'états financiers ;
- l'arbitrage en cas de divergences d'appréhension ou
d'oppositions d'intérêts et
la recherche de solutions appropriées ;
- l'interprétation des états financiers ;
- la résolution des questions comptables n'ayant
pas été traitées par les normes ».
373
Le cadre conceptuel de la comptabilité tunisienne
est structuré selon la hiérarchie suivante :
- Au premier niveau sont énoncés les utilisateurs,
leurs besoins et les objectifs
des états financiers.
- Au second niveau les concepts fondamentaux qui comprennent :
· Les caractéristiques qualitatives de l'information
contenue dans les états financiers,
· Les hypothèses sous-jacentes et les conventions
comptables.
· La terminologie comptable et la prise en compte des
éléments des états financiers.
- au troisième niveau, les guides
opérationnels qui traitent des procédés de
mesure.
- Au dernier niveau, les mécanismes de communication
de l'information qui
dérivent des objectifs des états financiers.
Concernant les utilisateurs des états financiers, le
législateur tunisien distingue deux catégories :
- les utilisateurs internes ; et
373 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.15.
151
- les utilisateurs externes.
Les utilisateurs internes sont les dirigeants, les
organes d'administration et les différentes structures
internes de l'entreprise, notamment, les salariés. Bien que, le
cadre conceptuel privilégie les utilisateurs externes, il
reconnaît l'utilité d'un tel cadre de référence,
surtout, pour les dirigeants des PME. Les utilisateurs externes sont
les fournisseurs de capitaux (investisseurs, prêteurs et
subventionneurs), l'administration et les autres institutions dotées de
pouvoirs de réglementation et de contrôle (les
autorités fiscales, monétaires, financières ainsi que
les organes chargés de la comptabilité et statistiques nationales
et tout autre organisme ayant le pouvoir de planification, de
réglementation et de contrôle) les autres partenaires de
l'entreprise (salariés, syndicats, fournisseurs, autres
créanciers, client et autres bénéficiaires des biens et
services produits par l'entreprise) et les autre groupes d'intérêt
(les organismes professionnels et de défense
d'intérêt, la presse spécialisée et les
médias, les chercheurs, les divers organes et associations et le public
en général).
Le cadre conceptuel de la comptabilité
privilégie principalement, les besoins des investisseurs, bailleurs
de fonds et l'Etat en matière d'information comptable. Il estime que
« l'élaboration d'états financiers
répondant à leur besoin peut également
répondre aux
besoins des autres utilisateurs privilégiés des
états financiers ».374
Les états financiers, édictés par le
système comptables des entreprises, comprennent le bilan qui fournit
une information relative à la situation financière,
l'état de résultat qui concerne l'information sur la
performance, l'état des flux de trésorerie qui renseigne
l'entreprise sur la situation de sa trésorerie et les notes aux
états financiers.
Les objectifs des états financiers consistent à :
«
- fournir des informations utiles à la prise de
décision relative à l'investissement, au crédit et autres
décision similaires ;
- présenter des informations utiles pour estimer la
probabilité de réalisation des
flux futurs de trésorerie ainsi que l'importance de
ces flux et les moments auxquels ces derniers peuvent avoir lieu ;
- renseigner sur :
374 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.19.
152
· la situation financière de l'entreprise
et particulièrement sur les ressources économiques
qu'elle contrôle ainsi que sur les obligations et les effets
des transactions, évènements et circonstances susceptibles
de modifier les ressources et les obligations ;
· la performance financière de l'entreprise ;
· la manière dont l'entreprise a obtenu et
dépensé des liquidités à travers ses
activités d'exploitation, de financement et d'investissement et à
travers d'autres facteurs qui affectent la liquidité et la
solvabilité.
· le degré et la manière dont les dirigeants
ont réalisé les objectifs qui leur ont été
assignés dans le cadre du mandat social ;
· le degré de conformité de l'entreprise
aux lois, règlements et autres dispositions contractuelles
».375
Au deuxième niveau, le cadre conceptuel
tunisien édicte les caractéristiques qualitatives de
l'information financière ; il s'agit de :
- l'intelligibilité ;
- la pertinence ;
- la fiabilité ; et
- la comparabilité.
Il comprend aussi les hypothèses sous-jacentes et les
conventions comptables ; il s'agit
de principes découlant « d'un environnement
économique, social et légal particulier et ils constituent
une base pour l'élaboration des normes comptables et la recherche de
solutions appropriées aux problèmes comptables posés
».376
Les hypothèses sous-jacentes, énoncé par le
cadre conceptuel tunisien, sont :
- la continuité de l'exploitation ; et
- la comptabilité d'engagement.
375 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.20.
376 Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant
approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.25.
153
Parallèlement, les conventions comptables « sont
des règles concrètes qui guident la pratique comptable. Elle
sont développées par les pratiques en conformité avec les
objectifs
et les caractéristiques qualitatives ».377
Elles comprennent douze conventions, il s'agit de :
- la convention de l'entité
- la convention de l'unité monétaire ;
- la convention de la périodicité ;
- la convention du coût historique ;
- la convention de réalisation du revenu ;
- la convention de rattachement des charges aux produits ;
- la convention de l'objectivité ;
- la convention de la permanence des méthodes ;
- la convention de l'information complète ;
- la convention de prudence ;
- la convention de l'importance relative ; et
- la convention de la prééminence du fond sur la
forme.
Au troisième niveau, le cadre conceptuel tunisien
défini les éléments des états financiers
et leurs prises en compte, il s'agit des actifs, des passifs,
des capitaux propres, des revenus, des gains, des charges et des pertes.
L'actif, le passif et les capitaux propres constituent les
éléments du bilan, alors que, les revenus et les gains
ainsi que les charges et les pertes constituent les
éléments de l'état de résultat.
Le dernier volet du cadre conceptuel tunisien
est consacré aux mécanismes de communication de
l'information financière. Il s'agit d'états financiers
« dont la publication périodique est utile pour les
utilisateurs afin d'évaluer, comparer et prédire la
rentabilité de l'entreprise, sa solvabilité et sa
liquidité. Comme nous l'avons précisé au paravent, les
états de synthèse comprennent le bilan, l'état de
résultat, l'état de flux de trésorerie et les
notes aux états financiers. A titre facultatif, d'autres renseignements
peuvent être divulgués, il s'agit :
- des comptes prévisionnels ;
- de l'état sur les ressources humaines ;
- du rapport sur les performances environnemental ; et
- de l'état sur la technologie.
377Le système comptable des entreprises
tunisiennes I, Décret n° 96-2459 du 30 décembre
1996, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité,
Editions C.L.E, 1997, p.26.
154
Outre le cadre conceptuel, le système comptable des
entreprises tunisiennes comprend environ 27 normes comptables ; ces derniers
sont d'ordre général ou spécifique (sectorielles).
Le tableau 6 illustre les différentes normes
tunisiennes.
TABLEAU 6 : LES NORMES COMPTABLES TUNISIENNES
Normes comptables n°
|
Intitulé
|
1
|
La norme comptable générale
|
2
|
Les capitaux propres
|
3
|
Les revenus
|
4
|
Les stocks
|
5
|
Les immobilisations corporelles
|
6
|
Les immobilisations incorporelles
|
7
|
Les placements
|
8
|
Le résultat net de l'exercice et éléments
extraordinaires
|
9
|
Les contrats de construction
|
10
|
Les charges reportées
|
11
|
Les modifications comptables
|
12
|
Les subventions publiques
|
13
|
Les charges d'emprunt
|
14
|
Les éventualités et événements
postérieurs à la date de clôture
|
15
|
Les opérations en monnaies étrangères
|
16
|
La présentation des états financiers des OPCVM
|
17
|
Portefeuille titres et autres opérations effectuées
par les OPCVM
|
18
|
Contrôle interne et organisation comptable dans les
OPCVM
|
19
|
Les états financiers intermédiaires
|
20
|
Les dépenses de recherche et de développement
|
21
|
Présentation des états financiers des
établissements bancaires
|
22
|
Le contrôle interne et l'organisation comptable dans les
établissements
bancaires
|
23
|
Les opérations en devises dans les établissements
bancaires
|
24
|
Les engagements et revenus y afférents dans
les établissements
bancaires
|
25
|
Le portefeuille titres dans les établissements
bancaires
|
26
|
La présentation des états financiers des
entreprises d'assurance et / ou de
réassurance
|
27
|
Le contrôle interne et l'organisation comptable dans
les entreprises
d'assurance et / ou de réassurance
|
155
|