Conclusion du chapitre 8
Les parcelles occupées pour l'exploitation
minière sont des terres de cultures ou des jachères. Du fait de
l'importance de l'emprise de l'industrie minière sur ces parcelles, il y
a une réduction des terres agricoles. Dans le cadre de l'exploitation
industrielle, les terres agricoles sont totalement décapées et
définitivement acquises avec de vastes superficies. L'orpaillage, bien
que se déroulant sur des parcelles dont les superficies varient entre 2
et 5 ha, leur nombre et leur progression à chaque épuisement de
site en multiplie les incidences sur l'agriculture. L'activité
minière influence diversement l'agriculture. Certes, l'occupation des
terres agricoles entraine une baisse des superficies cultivées, mais
également la baisse de la production agricole tant au niveau des
cultures pérennes que des cultures vivrières. La main d'oeuvre
agricole est aussi affectée par l'activité minière. De
nombreux agriculteurs ont perdu leurs terres cédées à la
société minière et du fait de la baisse de productions
liées à l'activité, les autres se sont résolus
à se reconvertir ou ont opté pour le départ vers d'autres
localités. L'exploitation aurifère constitue également une
menace sur la sécurité alimentaire des populations de
Hiré, tant du point de vue de sa qualité qu'en termes de
quantité. On constate aussi une perte des moyens de subsistances en
provenance de l'agriculture pour les populations.
249
CHAPITRE 9 : LES CONFLITS FONCIERS EXACERBÉS
PAR L'EXPLOITATION DE L'OR
INTRODUCTION AU CHAPITRE
Au nombre des problèmes que posent la
redécouverte de l'or dans la sous-préfecture de Hiré,
figurent ceux de l'accès aux terres cultivables et d'habitation, les
tensions entre villages autour de limites de terroir, entrainant ainsi la
résurgence de la récession foncière due à la
rareté des terres ressentis depuis les années 1980.
En effet, la situation géographique de la
sous-préfecture est d'abord une contrainte pour les paysans. La ville
est entourée de collines et de montagnes qui ne favorisent pas assez son
expansion et l'activité agricole. Avant la nouvelle vague de
l'exploitation de l'or, la rareté des terres communautaires et
familiales était au coeur des conflits fonciers locaux. L'exploitation
de l'or s'est donc superposée aux tensions foncières existantes
tout en les complexifiant.
9.1 LES DESACCORDS SUR LES INDEMNITES 9.1.1 Les
indemnisations selon l'Etat
L'Etat autorise les détenteurs d'une concession
minière à payer des indemnités aux personnes
sinistrées par des déplacements, des destructions pour raison
d'utilité publique. L'indemnisation est prescrite par
le code minier et le décret N°2014-397 du 25 juin 2014
déterminant les modalités d'application de la loi N°2014-138
du 24 mars portant code minier précise en son chapitre 2 les relations
avec les occupants du sol. Ainsi, l'article 134 énonce
que « l'indemnité au profit de l'occupant légitime du sol
dont les terres sont devenues impropres à la culture est
déterminée par la formule suivante :
[D=(R x 15) + (P x S) + r]N
Avec
D=Dédommagement en francs CFA
R=Revenu annuel de la parcelle
N=Nombre d'années d'occupation
P=Prix moyen d'acquisition ou d'usufruit d'un hectare
S=Superficie en hectare
r=revenu obtenu des cultures associées payé en
pied.
15=le nombre d'années d'exploitation que va durer la
mine.
250
Le code minier ivoirien ne précise pas le prix moyen
d'acquisition ou d'usufruit. Il est normalement fixé par
décret.
La puissance publique précise également ce point
: « les mines constituent une propriété distincte de la
propriété du sol. Elles appartiennent à l'Etat et
constituent un domaine public particulier...». Cela veut dire en
clair que les populations présentent sur les terroirs villageois peuvent
être soit propriétaires coutumiers du sol, soit
propriétaire de l'usage du sol et de ce qu'elles y ont planté
mais elles ne sont en aucun cas propriétaires du sous-sol.
La gestion des droits de propriété et d'usage
des terres en Côte d'Ivoire relève du droit coutumier et de la Loi
98-750 du 23 décembre 1998. La sous-préfecture de Hiré
n'échappe pas à cette réalité et les deux modes de
gestion y ont cours. Les terres en Côte d'Ivoire sont divisées en
deux grandes catégories : celles qui appartiennent aux particuliers
détenant un titre de propriété, et celles qui
appartiennent à l'Etat de façon déclarée auxquelles
il faut ajouter toutes les terres vacantes et sans maître. Pour la
gestion de son domaine, l'Etat a mis en place un ensemble de dispositions
juridiques contenues dans le régime domanial. Ce régime divise le
domaine de l'Etat en deux parties : le domaine public de l'Etat, et le domaine
privé de l'Etat. On distingue donc le domaine privé de
l'État en zone rurale gérée par le Ministre chargé
de l'Agriculture ; le domaine privé de l'État en zone urbaine
gérée par le Ministre chargé de la Construction et de
l'Urbanisme.
Jusqu'au 7 mars 2006, son emprise était estimée
à 25 millions d'hectares sur lesquels seulement 1 à 2 % faisaient
l'objet d'un titre d'occupation ou d'un titre de propriété
délivré par l'Administration. Il s'agit de l'arrêté
de concession provisoire sous réserve des droits des tiers,
l'arrêté de concession pure et simple, l'arrêté de
concession définitive et le bail emphytéotique. Tous ces titres
étaient délivrés traditionnellement par le ministre en
charge de l'agriculture.
Le point de friction entre les populations dont les terres
sont occupées par la mine vient des divergences de points de vue entre
les propriétaires coutumiers, les occupants locaux et la mine agissant
sous le couvert de l'État.
9.1.2 Les indemnités selon les
populations
Les désaccords exprimés portent sur les
barèmes appliqués pour les cultures aussi bien vivrières
que pérennes. La non prise en compte des propriétaires fonciers a
également été motif de conflits.
251
9.1.2.1 Le refus des barèmes des indemnités
portant sur les cultures vivrières.
Chaque culture selon sa nature est concernée : manioc,
maïs, igname, riz, banane. Les populations jugent que les taux
fixés par le ministère de l'agriculture en ce qui concerne chacun
de ces plants sont dérisoires. Elles font part de leur indignation et
interprète cela comme un profond manque de respect des fonctionnaires de
l'État qui fixent ces taux dont ils ne peuvent que savoir qu'ils vont
provoquer la famine et le découragement dans le monde paysan. Elles
demandent à ce sujet le relèvement des taux aux conditions
réelles du marché local du vivrier.
9.1.2.2 Le refus des taux d'indemnisation des plantations
de café et de cacao.
Le café et le cacao sont les cultures pérennes
qui faisaient jadis la fierté de la région agricole de
Hiré. Tout le périmètre exploité par la
société, était jusqu'à un passé
récent, occupé par de grandes plantations de cacao et de
café. C'est à partir de 2006, avec l'installation de la mine qui
a nécessité l'accaparement des terres de cultures et la
destruction des plantations, que de nombreux planteurs ont perdus leurs sources
de revenus. Les planteurs de café et de cacao considérés
comme les hommes forts de cette cité, sont les plus grandes victimes.
La base du dédommagement à eux proposé
par la compagnie minière n'a pas été approuvée. En
effet, les cultures de café et de cacao sont des cultures
pérennes dont la production dure selon la variété entre 15
et 30 ans. Le niveau de l'indemnisation de la compagnie minière est
basé sur le barème d'indemnisation des cultures d 1972
actualisé en 1995. Les populations ont bruyamment protesté contre
ces agissements de la compagnie minière. Toutes les voies conduisant
à la mine d'or ont été bloquées par les planteurs
en colère qui exigeaient que le calcul de l'indemnisation soit revu
à la hausse.
9.1.2.3 La non prise en compte de l'indemnisation du
sol
Les populations constatent avec stupeur que la compagnie
n'indemnise pas le sol. Les actes d'indemnisation qu'elle pose concernent des
personnes disposant d'un titre foncier, ou d'une concession provisoire. Toutes
les autres terres sont censées être sans maître. Les
populations font valoir que cette interprétation n'est pas valable car
elles sont les propriétaires coutumiers de la terre et à ce titre
elles ont droit à une indemnisation conséquente pour la perte de
leur patrimoine d'espace ou de territoire.
252
9.1.2.4 Le scandale des jachères
En Côte d'Ivoire, il est dit par l'Administration que
les terres vacantes appartiennent à l'État. Dans le cadre des
indemnisations lorsque la compagnie minière rencontre des
jachères, elle ne les compte pas dans ses calculs. À vouloir le
faire, elle ne saurait même pas par rapport à quelle
catégorie décrite dans les textes elle devrait les compter. Pour
elle, les jachères sont des espaces vides. Comme la loi foncière
précise que le sol n'est pas indemnisé, la compagnie ne tient ni
compte des jachères, ni du sol. Dans les cas de Bonikro, la compagnie
n'a pas indemnisé les jachères. Alors quand les populations ont
pressenti l'arrivée de la compagnie sur les 1 000 ha de la zone
Hiré, elles ont tenté de négocier la prise en compte de
l'indemnisation des jachères. Cependant, cela s'est avéré
vain. Alors, elles se sont résolues à une tactique qui consiste
à planter rapidement n'importe quoi qui peut avoir de la valeur sur leur
terre. Cela a conduit au choix du teck.
Le teck est une culture arborescente, un bois à forte
valeur ajoutée. Il convient aux climats tropicaux et présente une
résistance remarquable dans les conditions extrêmes
d'exploitation. Il résiste même aux feux de brousse. En
très peu de temps, la périphérie de Hiré s'est
couverte de teck, des arbres plantés de nuit et de jour par les
propriétaires fonciers au grand dam de la compagnie et des usagers
courants du sol. Le teck est ainsi appelé à Hiré "culture
opportuniste". Maintenant que ces tecks remplacent les jachères, les
populations ont exigé que la mine indemnise les jachères au prix
le plus fort de sa valeur soit 20 000 FCFA par plant.
9.2 LA CLARIFICATION DES AYANTS DROITS : PROPRIETAIRES
COUTUMIERS, ALLOGENES ET USAGERS DU SOL
9.2.1 La géographie des maîtres coutumiers
du sol dans la région de Hiré
9.2.1.1 Bouakako et Hiré, deux villages
autochtones en conflit autour de la propriété coutumière
du sol des gisements dans la ville de Hiré
La première famille à s'installer sur les terres
de Bouakako est la famille Douzoua. Elle occupait par le passé
le site qui abrite l'école du village. Les membres de la famille Douzoua
sont donc les fondateurs du village et par conséquent, ils sont les
chefs de terre. Avec les guerres de voisinage, une partie de la famille se
détacha pour fonder deux autres familles que sont la famille
Agbalé et la famille Zabregouan. Ceux de Hirégouan sont
allés vers Hiré actuel. Ils n'ont donc pas une autonomie
vis-à-vis des gens de Bouakako. Ces familles ont été
rejointes plus tard par une famille Baoulé qui est
représentée par la famille Akan.
253
Les personnes interrogées à Bouakako au sujet de
l'histoire de la création du village commencent par préciser que
les terres cultivables sont éloignées du village et nombreuses
sont celles qui sont touchées par la mine et l'exploration actuelle. Les
terres de Bouakako vont très loin, jusqu'à la limite de Taabo,
Oumé et Zégo, disent-elles.
Le conflit entre Bouakako et Hiré village, porte sur la
propriété de la partie de Hiré qui abrite la mairie. Bien
que situé dans la ville de Hiré, tout le côté
à droite de la voie bitumée est à Bouakako et le
côté gauche est à Hiré. Cependant, bien que le
sachant, le chef de village de Hiré est celui qui reçoit de
l'argent lors des immatriculations de lots dans la zone.
La Cellule Stratégique pour la Défense et la
Protection des Intérêts de Bouakako (CSDPIB) a été
créée en 2014 avec la collaboration des jeunes cadres et
intellectuels dudit village pour assoir des échanges équitables
avec la société minière. Cette cellule a entrepris en six
mois la formation de la jeunesse et de la notabilité pour les instruire
sur comment gérer les relations avec la société
minière. La CSDPIB se positionne désormais comme le porte-voix du
village de Bouakako dans ses rapports avec la compagnie minière. En tant
propriétaire du site de la mine de Hiré Est, la communauté
de Bouakako par la CSDPIB, s'octroie le droit de définir les conditions
et les modalités d'exploitation des ressources aurifères de leur
terre.
Les premières incompréhensions entre Bouakako et
NEWCREST portaient sur la question de la libation qui traduit la reconnaissance
des autorités villageoises comme autorité morale établie
sur l'ensemble des terres du dit-village. Il est vrai que les parcelles
occupées appartiennent à des individus, à des familles
mais leur propriété est liée à leur appartenance au
village. Les autorités minières ne l'entendant pas de cette
oreille ont au début de leur activité sur le site de Hiré
composé exclusivement avec les propriétaires terriens en faisant
fi de la tradition et donc des autorités villageoises. Cet état
de fait a eu pour conséquence d'irriter la population dudit village qui
s'est vue ignorée. La population de Bouakako a donc à travers la
CSDPIB, manifesté son mécontentement par des actions.
La CSDPIB a compilé l'ensemble de ses revendications
dans un document appelé « livre blanc de Bouakako » afin de
donner selon le responsable, une orientation aux actions de
développement que doit mener la société minière
à Bouakako village hôte de la mine de Hiré.
9.2.1.2 Gogobro et Kagbè : propriétaires
coutumiers du sol de Bonikro
Gogobro et Kagbè n'étaient à l'origine
qu'un seul village. Cependant, des querelles incessantes de voisinage vont
amener les populations actuelles de Kagbè à partir à la
recherche de nouvelles
254
terres cultivables et retrouver la paix sociale. Ceux qui sont
venus à Kagbè étaient moins nombreux que ceux qui sont
restés à Gogobro. D'après le chef de Gogobro, après
cette scission, il n'y avait jamais eu de problème de terre entre les
deux villages. Il affirme que les gens de Gogobro venaient demander la terre
à ceux de Kagbè parce qu'ils n'en avaient pas assez chez eux et
ils la leur donnaient parce qu'ils se considèrent comme des
frères. Kagbè proclame toujours son autonomie vis-à-vis de
Gogobro. Il affirme qu'ils font limite avec Gabia, Bouakako, Hiré et
Diégonéfla et compterait une vingtaine de campements.
Depuis l'ouverture de la mine de Bonikro, un litige foncier
oppose Kagbè à Gogobro au sujet de la propriété des
terres de Bonikro. Selon les populations de Kagbè, les terres de Bonikro
leur appartiennent et ils réclament d'être reconnu en tant que
propriétaire terrien et de recevoir les privilèges liés
à ce rang.
9.2.1.3 Zaroko : une communauté Dida
réclamant sa part des retombées minières
Zaroko est un village démographiquement très
important. Son histoire est difficile à retracer du fait que deux
familles y revendiquent la chefferie de terre. Pourtant, c'est le chef de terre
qui, en tant que descendant du fondateur, détient l'histoire du village.
Cependant, cette rivalité autour de la chefferie des terres est
récente. Elle est née de la compétition pour le
bénéfice du dédommagement de LGL pour l'exploitation de la
mine.
En définitive, les Dida de Hiré ont
accédé à la terre par trois modes : l'installation,
l'occupation, les guerres de conquête. Depuis lors, la terre est
considérée comme une propriété ancestrale dont les
générations actuelles héritent de l'usufruit. La
découverte de l'or dans le terroir ainsi que l'économie de
plantation, ont attiré dans la région de nombreuses populations
allogènes. Pour les installer, les populations autochtones ont
été poussées à quelque peu transgresser les droits
coutumiers locaux.
9.2.1.5 Douaville, un village Watta en marge de
l'exploitation aurifère
Les terres de Douaville ne sont pas touchées par
l'exploitation aurifère qui a lieu dans la sous-préfecture de
Hiré. Ce village est donc en marge des conflits de
propriété territoriale bien qu'étant installé sur
les terres de Zaroko.
9.2.2 Les allogènes exploitants non
propriétaires de sol
Chez les Dida de Hiré, la terre est
considérée comme l'âme qui leur permettrait
d'exister socialement et économiquement. Elle est un outil de
production, une source d'enrichissement,
255
une identité sociale, une valeur culturelle
léguée par les ancêtres. La terre appartient à la
famille, au clan et a une forte représentation sociale de par la
richesse qu'elle constitue. Les premiers responsables terriens au sein de la
communauté sont les chefs de terres. Ils sont les garants des bonnes
relations entre les populations et leurs ancêtres et réalisent les
divers rites et rituels en la matière. Les terres du terroir sont
reparties entre les familles des différents villages. Elles sont
administrées pour le compte de chaque famille par le chef de famille.
Les délimitations entre les terres familiales sont
généralement des éléments naturels tels que les
arbres, les rivières etc. Autrefois, la famille entière
créait une plantation que gérait le chef de famille. Lorsqu'un
membre d'une famille voulait créer son propre champ ou sa propre
plantation, il devait avoir l'autorisation du chef de famille et lui seul
pouvait octroyer une portion de terre à un quelconque étranger
à la famille. Cependant, la vente anarchique et illicite de terre
occasionnée par l'exploitation minière (industrielle et
artisanale) a mis un terme à cette façon de gérer les
terres.
Les terres sont cédées par tous et à tous
sans recours aux chefs de terre et de familles. Ces contrats de location sont
verbaux ou écrits avec beaucoup de flou au point qu'il arrive même
que le cédant et l'acquéreur ne s'accordent pas sur l'objet
cédé. Alors que le cédant se défend de n'avoir
transféré qu'un simple droit d'usage du sol et non le sol
lui-même, l'acquéreur estime avoir acquis la
propriété.
Les allochtones de la sous-préfecture de Hiré
pour leur installation accèdent à la terre par divers moyens
comme le don, le troc, l'échange, l'héritage, l'achat (contre vin
et récolte) et autres arrangements. Ainsi, les statistiques ci-dessous
indiquent la proportion des différents modes d'accès à la
terre ou l'installation des allochtones.
256
Figure 33: mode d'accès à la terre par
les allochtones
19%
7%
3%
10%
32%
29%
Achat Don Echange Héritage Troc Autres
Source : nos enquêtes, 2017
La figure ci-dessus présente la proportion des
différents modes d'accès à la terre dans la
sous-préfecture de Hiré. Le mode d'accès le plus courant
est le don car 32% des personnes enquêtées ont ainsi obtenues
leurs terres. L'achat et l'héritage constitue respectivement 29% et 19%
des modes d'accès à la terre. Les allochtones accèdent
également à la terre par troc, par échanges et par
d'autres moyens.
La plupart des terres occupées par les allogènes
dans la sous-préfecture de Hiré leur ont été
cédées par don moyennant des vins et récoltes dont la
quantité reste au choix de l'exploitant. Selon la tradition, les Dida
offraient aux immigrants des portions de terres pour leur permettre de
s'installer et lesquels en échange offraient des cadeaux et dons aux
tuteurs Dida. Cependant avec l'augmentation du nombre de migrants Baoulé
et Dioula à la recherche de terre cultivable associé à
l'essor des plantations de café et cacao dans les années 1970, la
terre a eu une double valeur aux yeux des Dida notamment comme un
héritage sacré légué de génération en
génération et un facteur déterminant de richesse. Ainsi,
la configuration de l'usage des terres s'est considérablement
modifiée chez les Dida qui ont ainsi cessé de céder
gratuitement la terre pour réclamer des redevances de la part des
migrants. C'est de la sorte que d'autres modes d'accès se sont
développés notamment l'achat sans preuve tangible ou avec des
écrits non notariés, par troc très souvent avec les dettes
funéraires ou scolaires, par échange soit avec un matériel
roulant et sous d'autres formes, soit verbalement soit par des écrits
transactionnels.
257
Le conflit des conceptions équivoque entre acteurs
locaux sur le terrain des parcelles à indemniser au sujet de qui est
propriétaire et qui est locataire s'atténue avec la clarification
de certaines notions. Après plus de trois années de confusions,
les éclairages suivants sont apparus. Il existe à Hiré
l'ensemble suivant des types d'acteurs susceptibles de se réclamer
propriétaires:
- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida de
Bouakako pour les sites de
gisement de Hiré,
- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida de
Gogobro pour les gisements de
Bonikro,
- les propriétaires coutumiers du sol autochtones de
Kagbé pour les gisements de Bonikro
en litige de souveraineté avec les villageois de
Gogobro,
- les propriétaires coutumiers du sol autochtone de
Hiré village ayant procuration du
village de Bouakako sur les terres du site de la ville de
Hiré,
- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida du
terroir de Zaroko,
- les propriétaires coutumiers du sol, autochtones Dida du
terroir de Douaville,
- Les allogènes Baoulé et autres ivoiriens
propriétaires de leurs impenses et locataires sur
les terres des Dida quels que soit leurs arguments à se
déclarer propriétaire foncier par
achat ou par omission,
- Les non ivoiriens propriétaires de leurs impenses et
locataires sur les terres des Dida
quels que soit leurs arguments à se déclarer
propriétaire foncier par achat ou par
omission,
- Les étrangers ayant un titre de
propriété,
- Les ivoiriens non Dida ayant un titre de
propriété,
- Les attributaires de lots urbains dans la ville de
Hiré.
- 109 propriétés coutumières,
- 115 parcelles de propriété coutumières,
- 2 467 parcelles d'exploitants,
- 99 propriétaires coutumiers de la terre,
- 1 352 exploitants cultivant 2 467 parcelles.
9.2.2.1 La difficulté d'identification des
propriétaires terriens et des exploitants
La difficulté majeure au niveau des indemnisations est
liée à l'identification des propriétés des terres
et des exploitants. Cette difficulté vient principalement de la
compréhension des droits coutumiers de propriété et
d'usage à plusieurs niveaux qui affectent Hiré comme c'est
258
généralement le cas en milieu rural. Les droits
coutumiers à Hiré sont cédés sous diverses formes.
La société Dida est patrilinéaire et l'héritage au
sein de cette société se transmet de père en fils. Surtout
la cession des terres, car, elle est considérée comme un bien
familial qui ne doit pas sortir de ce cercle. C'est ce qui explique le fait que
la cession se fait parfois d'oncle à neveu. Quand l'oncle n'a pas eu de
fils ou estime que ses fils ne peuvent user de sa terre, il la cède
à ses neveux. Les femmes étant appelées à partir
fonder des familles ailleurs, n'ont généralement pas droit
à la terre. Elle la transmettrait sinon à ses enfants donc
à une autre famille. Cependant, la réalité est tout autre.
On trouve des femmes qui possèdent des terres et même qui en
héritent. Les Dida Watta considèrent la terre comme «
l'essence » de sa société. Au-delà d'être un
instrument de production, la terre est pour les populations autochtones de
Hiré, l'expression de leur existence sociale et économique.
Les chefs de terre sont responsables, au sein de la
communauté, de l'attribution des terres et de la réalisation des
diverses cérémonies qui aident à maintenir de bonnes
relations entre la population et leurs ancêtres. Toutefois, du fait de
l'économie de plantation puis de l'orpaillage aujourd'hui, les droits
coutumiers ont été diversement cédés à des
tiers en contrepartie d'un arrangement précis. Ces cessions se sont
faites parfois à l'insu des chefs de familles ou des autres membres de
la famille, soit verbalement, soit par écrits non notariés. Avec
la question des indemnisations, certaines cessions sont remises en cause et
posent un véritable problème quant à l'identification des
propriétaires des terres et des propriétaires des cultures. Ce
problème oppose généralement les communautés
autochtones aux communautés allogènes et est motivé par la
logique de contrôle et de sécurisation des droits sur le foncier
(Babo, 2008 ; Dozon, 1997).
Les terres déjà vendues aux autres ethnies sont
désormais réclamées par d'autres Dida de la même
famille. Leur argument est que la terre appartenant à une famille, elle
ne peut être vendue qu'avec l'accord de toute la famille. Cet état
de fait engrange une série de tensions entre les différentes
communautés à Hiré. Dans certains cas, les transferts de
terres aux migrants étaient conditionnés par la seule production
des cultures de subsistance. Ces arrangements n'étaient pas toujours
respectés par les migrants qui profitaient pour planter le cacao et le
café. Pour les migrants planter les cultures pérennes leur
donnerait une certaine garantie aux droits sur les terres exploitées en
référence au discours de feu le Président de la
République FHB « la terre appartient à celui qui la met
en valeur » (Chauveau ; opc). Cette déclaration a
occasionné chez les migrants une multitude de comportements
opportunistes dans leur course à l'appropriation foncière en zone
forestière ivoirienne.
Dans d'autres cas, les contrats de cession sont conclus soit
verbalement soit par écrits non
259
notariés. Cependant, il arrive que le cédant et
l'acquéreur ne s'accordent pas sur l'objet cédé. Parfois,
les clauses des contrats sont mal comprises par un des acteurs. Il arrive par
exemple que le propriétaire estime n'avoir cédé que le
droit d'usage tandis que l'acquéreur estime avoir acquis la
propriété foncière.
Cette difficulté à bien identifier et distinguer
les propriétaires des parcelles et des cultures, oppose la
communauté à la société minière. Cela se
traduit par les plaintes des populations à propos des erreurs
récurrentes à ce sujet. Des personnes se plaignent de ce que
leurs plantations ne sont pas indemnisées alors que pour NEWCREST elles
le sont. Le paiement des indemnités étant conditionné par
la présentation de documents prouvant soit la propriété de
la parcelle, soit la propriété des cultures, lorsqu'une personne
présente tous ces papiers, la mine ne peut que la reconnaitre. En
réalité certaines personnes se revendiquent propriétaire
d'un bien alors qu'elles ne le sont pas. Dans ce cas la mine ne pouvant payer
deux personnes pour la même parcelle, le vrai propriétaire se
retrouve perdant. Ces situations se produisent généralement entre
personnes d'une même famille, entre vendeurs et acquéreurs ou
entre voisins de parcelles. Pour ce qui concerne les litiges entre voisins de
parcelles ils opposent généralement les autochtones entre eux.
Toutefois, les limites entres les terres des différentes familles comme
les limites entre villages ne sont matérialisées que par des
éléments de la nature tels que les cours d'eau, les arbres, etc.
Certains éléments physiques qui servent de limites arrivent
à disparaitre et il devient difficile surtout pour les jeunes
héritiers de connaitre les limites de leurs parcelles. Cependant, il
n'est pas à écarter que ce type d'erreur est parfois volontaire.
Certaines personnes pour bénéficier des indemnités,
profitent de l'ignorance de leurs voisins et empiètent sur les parcelles
des autres.
Pour mettre fin aux conflits portant sur qui a droit à
être indemnisé ou non, la compagnie minière s'est
proposée d'adopter les conclusions de la classification des populations.
Les propriétaires coutumiers du sol prétendent à une
indemnisation sur le sol comme si le sol était vendu
indépendamment de tout ce qu'il porte. Ils interdisent le versement de
cette indemnisation pour perte de sol à tous les non autochtones y
compris à ceux des autochtones Dida dont le sol concerné n'est
pas une partie de leur terroir. Ainsi sont seulement
bénéficiaires des indemnités attendues de la zone de
Hiré Est les Dida de Bouakako. Il en est de même pour la zone de
la mine de Bonikro dont les Dida de Gogobro se réclament
propriétaires.
260
Pour ce qui relève des indemnités compensatoires
des cultures, les non Dida les perçoivent quand ils sont locataires de
la terre avec ou sans contrat. Les Dida les perçoivent aussi quand ils
exploitent directement les parcelles dont ils sont propriétaires.
Au début de l'exploration et de l'exploitation de la
mine de Bonikro la société EQUIGOLD s'était appuyée
sur les textes de l'État pour ne pas payer les propriétaires
coutumiers du sol. Les Dida de Gogobro propriétaires en avaient
été particulièrement mécontentés au point
d'en vouloir à la mine. Ceux-ci exigeaient réparation. Lors de
nouvelles extensions de la surface à exploiter les villageois de Gogobro
ont fait savoir à la mine que rien ne se feraient sans la prise en
compte de leur statut de propriétaires fonciers. Ce fut l'occasion de
faire un inventaire du périmètre à l'effet que les
propriétaires soient identifiés ainsi que les locataires. Pour
faire la police de cet inventaire, les jeunes de Gogobro en appui à leur
chef du village sont intervenus afin d'éviter toute reconnaissance de
propriété foncière coutumière à des
Baoulés et des Burkinabés qui présentaient des
attestations d'achat de terres payées aux Dida. Après bien des
réunions au village sous la férule des jeunes, les
allogènes qui font valoir leur statut de propriétaire ont
consenti à verser 20% de leur indemnité de compensation, soit 250
000 F CFA à l'hectare à la chefferie du village pour être
reconnus comme propriétaires coutumiers.
Par la voix du chef du village, les Dida ont qualifié
cette proposition d'injure grave à leur dignité et à leur
bon sens en déclarant qu'il appartient au propriétaire coutumier
de faire le partage et non le contraire. Les négociations ont
trainé près de six mois sans solution avant que le
sous-préfet soit saisi par la compagnie minière très lasse
des atermoiements préjudiciables des villageois. Le 31 mai 2016,
l'administrateur après avoir réécouter les parties en
conflit tranche : il suit les arguments de la chefferie de Gogobro en affectant
75% des indemnités aux Dida, 25 % aux allogènes
propriétaires-locataires. Ainsi, sur 5 651 450 F CFA d'indemnités
pour cause de perte du sol, les villageois de Gogobro ont perçu 4 238
588 F CFA et les allogènes 1 412 862 FCFA. Une fois ce partage fait, il
est apparu une nouvelle cause de dissension au sein du village. Les jeunes se
posant en sauveurs de la chefferie réclament une bonne part des
compensations allouée au village. Le sous-préfet y répond
en leur affectant un quart de la part de la somme dédiée au
village mais les jeunes exigent les trois quarts. Là apparaissent sur le
champ des négociations, les conflits d'intérêt et de
posture entre jeunes et adultes.
9.2.3. Les problèmes
intergénérationnels
Les problèmes intergénérationnels se
posent aussi bien au sein des familles qu'au sein de la communauté.
261
Au sein des familles, ils opposent les ainés, chefs de
famille aux plus jeunes. Les jeunes se plaignent de la gestion de
l'héritage par les ainés après le décès du
père. Les jeunes estiment que la gestion familiale des terres n'est pas
la bonne. Ils justifient leur position par le fait que les plantations qui
appartiennent à toute une famille sont vendues à l'insu de
certains membres de la famille. Ils estiment qu'il y a une gestion opaque des
terres par les ainés qui ne contribue pas à assurer leur
lendemain. Cela les emmène à vendre à leur tour des
parcelles. Lorsque des plantations familiales sont indemnisées par la
mine, les jeunes se plaignent de la répartition de l'indemnité
qui est faite par leurs ainés. Ils estiment devoir recevoir plus et ces
questions sont à la base de plusieurs conflits au sein d'une même
famille.
L'autre forme de conflits inter générationnels
est ceux qui opposent les jeunes aux leaders communautaires ou aux cadres. Les
conflits qui les opposent portent sur la divergence de point de vue dans la
gestion des conflits entre villages et les villages et la compagnie
minière. Pour ce qui concerne les conflits entre villages, les jeunes
rejettent parfois les solutions préconisées par les
autorités coutumières. C'est le cas pour le conflit foncier entre
Bouakako et Hiré pour lequel l'ensemble des chefs du canton, venu
aidé au règlement du litige avaient proposés et acquis que
les terres de la commune soient considérées désormais
comme appartenant à Hiré. Cependant, la jeunesse de Bouakako
remit en cause cet acquis et s'est opposé à son application car
disent-ils, leur village a cédé trop de terres à
Hiré.
Pour ce qui concerne les conflits avec la
société minière, les jeunes estiment qu'il ne faut pas
utiliser la délicatesse. Pour eux, seuls aboutissent les méthodes
drastiques comme les blocages des routes et des travaux de la compagnie ainsi
que le saccage des biens de la société minière.
9.2.4. La manifestation des conflits entre les
communautés locales
Les conflits entre les communautés portent
généralement sur les questions de limites de territoires. Ces
conflits opposent les villages de Hiré et au village de Bouakako, le
village de Gogobro à celui de Kagbè. Ces litiges se manifestent
par des bagarres, des pratiques mystiques, des malédictions, de
fétichisme etc.
Les privilèges accordés aux villages
propriétaires terriens des sites occupés par la mine a fait
renaitre la question des limites entre les villages de la
sous-préfecture de Hiré. Des six villages que compte la
sous-préfecture de Hiré, les conflits inter-villages en opposent
quatre. Il s'agit de Hiré village, Bouakako, Gogobro et Kagbè,
mais aussi Gabia, un village de la sous-préfecture d'Oumé. Ces
villages revendiquent tous la propriété sur les terres qui
accueillent les
262
installations de la mine d'or de Bonikro. Les terres sont
délimitées par des éléments naturels
représentés par des arbres, des rivières etc. Le canton
Watta fait frontière au Nord avec le village Gabia et sur l'axe
Hiré-Oumé des campements de Hiré et de Gabia sont voisins.
Ces quatre villages partagent tous une limite avec Gabia.
Selon l'histoire de l'installation des Dida Watta, les
villages Bouakako, Douaville, Gogobro, Hiré, Kagbè et Zaroko,
étaient tous situés sur les collines. Cependant, pour des raisons
diverses, Hiré et Kagbè sont descendus pour occuper les sites sur
lesquels ils sont aujourd'hui. Les populations du village de Hiré
avaient voulu partir plus loin, mais les habitants de Bouakako leur ont
céder les terres qu'elles occupent. Le côté Est de la
commune de Hiré est donc bâti sur les terres de Bouakako, et le
côté Ouest après la mairie appartient à Hiré
village. L'ouverture par NEWCREST de la fosse satellite de Hiré, donne
lieu à des litiges entre les deux villages.
Les villages de Gogobro et de Kagbè partagent
également une limite dont l'emplacement est sujet de disputes. Les
limites entre les terroirs sont des limites naturelles dont la connaissance est
transmise de génération en génération.
Ces conflits de limites de territoires se manifestent par des
bagarres, des pratiques mystiques, des malédictions, de
fétichisme etc. Cependant, ces villages suivant le conseil de la MUDH,
ont entrepris la délimitation par le Cabinet d'Experts pour l'assistance
conseil en Topographie et Foncier (CETIF) des différents terroirs
villageois de Hiré.
9.3. LES SITES IMPACTES ET NON IMPACTES : LE DIALOGUE
DE MAUVAISE FOI A PROPOS DES INDEMNISATIONS
Les mésententes entre la compagnie minière et
les populations proviennent d'une autre source qui est le statut
d'impactés ou de non impactés par les activités
minières. C'est un sujet d'une extrême intensité. Au
début les agents de la mine confortés par l'autorité de
l'État font irruption dans les terroirs des villageois et dans leur
cadre de vie quotidienne. C'est lors de ces rencontres que les agents de la
compagnie minière informent la population de ce qu'ils vont occuper les
terres, les champs et les plantations appartenant aux villageois. Cette
décision est mal vécue par les populations qui finissent par s'en
tenir à la force dont dispose la mine pour s'établir. En retour,
les injonctions faites par la mine aux populations de ne plus utiliser les
zones impactées sont accompagnées de promesses de versement
d'indemnités. Dans le cours des rapports entre population et mines, il
arrive que la compagnie ne veuille plus payer des indemnités pour des
sites occupés, ou que les villageois considèrent comme
occupé du fait de leur lecture des impacts de l'activité
minière. Les parties rentrent alors dans une confusion conflictuelle.
263
9.3.1 Le cas du campement de Konankro
Bien que l'EIES qui a précédé les travaux
d'exploitation de la mine de Bonikro ait relevé la
nécessité de déplacer les cinq campements autour de la
mine, la société minière n'avait pas prévu le
déplacement de Koutouklou-Konankro. Ce campement est habité par
des Baoulés installés près de la mine de Bonikro.
Situé à 1,17 km de l'usine de traitement, le campement de
Koutouklou-Konankro subissait les effets négatifs de sa proximité
à la mine. Les populations font état des bruits, des tremblements
de terres, des poussières qui dérangent leur vie au quotidien. Le
campement était envahi par la poussière excessive
mélangée à des produits très toxiques. Les eaux
usées issues du traitement et celles du service du lavage automobile
envahissaient les plantations des habitants de ce village. Elles font cas du
manque d'eau dans les puits, des maladies diverses (diarrhées, boutons,
d'enflure de membres, de vomissement), ainsi que des décès
fréquents et incompréhensibles. La Compagnie, quant à
elle, déclare et prouve par ses experts que chez les populations de ce
campement il y a surtout la recherche de faits justificatifs dans le but de se
faire prendre en compte comme impactées. S'engage alors une longue
campagne d'information et de désinformation mutuelle qui dure quatre
ans. Les villageois ont mené une lutte contre la compagnie pour que le
dommage qu'ils subissent leur soit compensé par une relocalisation. Cela
a fini par ce faire avec le déplacement du campement sur la route de
Hiré à l'entrée de la ville.
9.3.2 Absence de conflit dans le cas du campement de
Bandamakro
C'est près de ce campement que l'entreprise
minière a construit son lac à résidu. Les populations ont
vécu trois années durant près de ce lac avant d'être
déplacées. C'est donc en 2009 que la mine a effectué
l'évaluation des maisons de Bandamakro et le déplacement s'est
finalement effectué en 2010. Pour ce déplacement, il n'y a pas eu
de conflit avec la compagnie minière. La proximité de l'ancien
site de Bandamakro du bassin de boue exposait les populations de ce campement
en danger. Les inscriptions qu'on lit sur les pancartes apposées par la
compagnie mine autour de ce lac artificiel montrent que les responsables de la
compagnie minière sont bien conscients de la menace qu'il
représente.
9.3.3 Conflit autour de la zone dite du moratoire, de
Hiré Est et des zones impactées
En 2009, la compagnie constate la fin prochaine de
l'exploitation du gisement situé sur le terroir de Gogobro dans la zone
de Bonikro. Elle engage des activités d'exploration fructueuses en
trouvant trois gisements d'or dans la périphérie urbaine de
Hiré Est. Par mesure de précaution
264
elle émet une déclaration de servitude visant
à créer un statut de zone interdite aux populations en
perspective d'une exploitation minière. Toutes les autorités
administratives de la ville sont mobilisées pour dire aux populations
usagers de la périphérie, qu'il leur est désormais
interdit d'activité pérennes de lotissement, de construction dans
la zone. La compagnie dispose ainsi d'un moratoire le 31 juillet 2009. En un
trait de plume sur la carte de Hiré une frontière est
tracée au-delà de laquelle une surface de 1 069 ha est interdite
à tout usage. La compagnie entend faire sur cet espace une EIES à
l'effet de déterminer la conduite à tenir. Le temps passe. La
mise à défend qui devait durer un an (2010) s'enlise dans la
période électorale hautement dangereuse où
l'administration fonctionne peu dans un climat de peur pour l'entreprise
minière installée en zone politiquement sensible.
9.3.3 Les incertitudes dans la définition des
périmètres miniers
En 2012, après la crise postélectorale, la
société réduit l'emprise de son projet de 1069 à
882 hectares. En affinant d'avantage sa zone d'intervention potentielle, la
compagnie parvient en 2013, à estimer qu'elle n'a plus besoin que de 546
hectares, puis de 440 hectares en 2014, pour finalement retenir en 2015 une
emprise estimée à environ 640 hectares (figure 35).
265
Figure 34 : évolution des
périmètres du projet minier de Hiré entre 2009 et
2015
Source : NEWCREST, 2016
Le projet d'exploitation du gisement d'or de Hiré
intervient dans un environnement très particulier. En effet les
populations comprennent que la venue de la mine sur l'espace de Hiré
préfigure tous les événements qui ont eu lieu dans la zone
de Bonikro. Elles se sont préparées au fait que l'entreprise va
leur causer des dommages mais qu'elles pourront tirer un profit de sa
capacité à les indemniser. Les populations savent que la
compagnie a obligation à le faire mais qu'elle résistera et
cherchera à minimiser les montants. En plus la mise en défend
préventive dans la zone de Hiré a pris du temps. Au lieu de
l'année prévue pour mettre en place l'emprise de la mine, quatre
ans sont passés. Les populations ont attendu, mais aussi longuement
réfléchi sur l'impact du moratoire et ce que cela leur
crée comme désagrément d'attente de l'indemnisation.
La zone du moratoire qu'avait dégagée la mine
est à l'origine de nombreux désaccords entre les populations et
la mine. Les révisions constantes des superficies prises en compte et
réellement occupées par la mine (voir figure 36) a
entrainé des mécontentements chez les populations. Alors que
toutes formes de mises en valeur étaient interdites sur les parcelles
concernées, la mine après des années d'attente a retenu
certaines parcelles et en a rejeté d'autres.
266
Pourtant, les populations dont les portions de terre n'ont pu
être retenues, ont pour certaines perdu leurs cultures pour avoir
cessé leur entretien, ou parce qu'elles ne peuvent plus avoir
accès à leurs parcelles compte tenu des barbelés
installés par l'entreprise. Les communautés profitent pour mettre
sur la table de nombreuses revendications qui résument leur
confrontation avec la mine.
267
Figure 35 : zones interdites aux populations en
perspective de la mise en exploitation minière dites moratorium 1 et
moratorium 2
Source : NEWCREST, 2016
268
Ainsi pour elles, si la compagnie a défini une zone de
servitude de 1 069 ha obligeant les populations à subir des dommages, il
faut qu'elle la respecte en dédommageant tous ceux qui sont dans ce
périmètre. Il n'est pas question de dire comme la compagnie le
présente que seulement ceux concernés par les 640 ha finalement
occupés seront pris en compte.
Une mobilisation générale s'est faite dans le
cadre d'une confrontation entre les communautés pour déterminer
qui est propriétaire de l'emprise et qui en est locataire.
La question du dédommagement de la
propriété du sol a été sévèrement
posée par les autochtones Dida notamment par le village de Bouakako. Des
querelles fratricides ont opposé les communautés autochtones
quant à déterminer qui sont les propriétaires coutumiers
du sol qui prétendent aux indemnisations. Les questions d'identification
et de reconnaissance des non Dida comme propriétaires coutumiers sont
aussi revenues en permanence sur le devant de la scène. Tout le
problème de la redéfinition des indemnités de purge
à la hausse est revenu en surface, attisé par toutes les
communautés qui accusent la mine de ne pas payer, de payer moins et de
payer tard. La proximité de la ville fait que l'emprise du projet
s'étend sur des lotissements, sur des maisons construites et en
construction, sur des projets de vie. Tous les acteurs réclament des
indemnités de réinstallation, exigent des relogements juteux et
demandent la prise en compte de la surface du moratoire de 2009 qui est de 1
069 ha laquelle s'étend sur plusieurs lots (figure 37), soit 2 615 lots
qu'ils comptent contre 2 251 lots comptés par la compagnie qui ne veut
pas les prendre tous en compte.
Le temps du moratoire ayant été trop long, les
populations exigent en 2014 la prise en compte de tous leurs investissements
survenus depuis sur le terrain. A cela la compagnie, munie de documents, de
photos géo-référencées, oppose que les populations
n'ont pas respecté le moratoire ou qu'elles ne disposent ni de lettres
d'attribution, ni de permis de construire les cases dont elles réclament
indemnisation.
269
Figure 36: les îlots urbains concernés par
la mise en exploitation minière à Hiré
Source : NEWCREST, 2016
270
Il est survenu l'épineuse question des terres vacantes,
notamment des jachères. Tirant la leçon du passé
récent des cultures seulement indemnisées dans
l'opération, de Bonikro, les populations se mettent en alerte. Elles
posent la question du pourquoi la mine se refuse à indemniser les
jachères alors que ce qui lui est très utile est la terre,
support des jachères qui représente près de 50% des terres
à occuper. Voyant que la mine éviterait le sujet ou se
défendrait très bien sur la question, les populations ont
décidé de mettre en valeur au sens des indemnités toutes
les jachères. Pour ce faire, elles ont réfléchi à
la méthode la plus efficace pour le faire. Les actions ont porté
sur le planting de teck, produit à haute valeur d'indemnités
pouvant être planté sur tous les sols le plus rapidement possible.
Les acteurs de cette opération ont été très servis
par le temps d'enlisement du moratoire, ce qui leur a permis de planter
près de 200 ha de teck en plantations sauvages qui a rendu indirectement
ces jachères éligibles à l'indemnisation.
La question des retombées financières et
sociales positives de la mine de Hiré a été posée
aussi bien par les résidents de Hiré que par les
propriétaires coutumiers du sol et tout l'ensemble des autres
communautés vivant dans l'environnement local. Le nouveau gisement de
Hiré à exploiter repose, sur le fond et sur la forme, toute la
question de l'évaluation des impacts et des indemnités
posées par le précédent de Bonikro. Un facteur est venu
aggraver ces revendications : la compagnie certainement contrainte par le temps
et les échéances de la concession d'exploitation s'est mise en
situation de quasi exploitation du site en pleine tourmente dans la
négociation des indemnités. Ceci a généré
beaucoup d'incompréhension et des résistances individuelles
multiples qu'il a fallu ensuite résoudre au cas par cas pour
régler l'ensemble des problèmes posés.
Face à ces agissements de la société et
à son refus de réagir favorablement aux revendications
socio-économiques des agriculteurs et des personnes qui exercent un
droit coutumier sur ces parcelles de terre, les populations ont eu de vives
réactions. Par exemple, les femmes du quartier baoulé ont
initié un blocus du site d'exploitation minière de la ville de
Hiré afin de contraindre la mine à prendre en compte leurs
revendications.
9.4. LES MECONTENTEMENTS ISSUS DES RELOCALISATIONS 9.4.1
Les mécontents des relogements de Bonikro
Pendant la construction, le chantier étant interdit
à toute personne étrangère, il n'a pas été
possible pour les populations de visiter les maisons qui allaient bientôt
les accueillir. Les
271
populations ont découvert les maisons le jour de leur
installation en mars 2008. Les mesures d'accompagnement qui devaient suivre et
qui étaient essentiellement constituées de compensation
financière n'ont pas été apporté jusqu'à la
fin de l'installation de la mine et ce jusqu'au départ D'EQUIGOLD. Les
populations de Bonikro ont donc informé la compagnie minière LGL
qui a repris les actifs d'EQUIGOLD de ce fait, mais le repreneur n'a pas
accordé de suite à cela jusqu'à aujourd'hui.
En outre les populations de Bonikro n'ont reçu aucun
document relatif à la propriété des maisons et des terres
sur lesquelles est bâti le nouveau campement de Bonikro. Les maisons
construites par EQUIGOLD pour les populations de Bonikro présentent
plusieurs imperfections. D'abord, le campement a été construit
sans cuisines, ce qui a emmené chaque ménage à se
bâtir une cuisine de fortune. Les murs des maisons construites sont sans
chaînage, c'est-à-dire sans poteaux en béton pour cadrer et
soutenir les murs, au point qu'elles sont déjà toutes
fissurées. Elles présentent également des problèmes
d'étanchéité quand il pleut, l'eau s'y infiltre et passe
d'une pièce à une autre causant des désagréments.
Il est courant que les populations se retrouvent dans l'eau pendant leur
sommeil. Surtout, le nombre de pièces par maison a été
réduit par rapport aux maisons démolies, dans le cadre du projet.
Le nouveau campement a été organisé sans ménager
une réserve foncière par famille autorisant la construction
ultérieure d'extensions. De ce fait, les populations ne peuvent pas
construire de nouveaux bâtiments et sont obligées de dormir
à plusieurs dans les chambres comme le décrit le chef de Bonikro
:
« Ils nous ont délocalisés ici, sans
nous accorder un centimètre d'espace de plus. Conséquence, nous
ne pouvons pas construire d'autres bâtiments. Nous sommes obligés
de dormir à plusieurs dans chaque pièce. Nous n'avons plus
d'intimité dans nos foyers ».
Au sujet des infrastructures, les maisons du campement de
Bonikro bénéficient de l'adduction à l'eau potable et du
branchement au réseau électrique. Par ailleurs l'éclairage
public du nouveau village est en place. L'ancien site était lui
doté d'une école de trois classes et trois logements
d'instituteurs, d'une église, d'un foyer de jeunes. Sur le nouveau site,
la mine a construit les mêmes choses à l'exception de
l'école, qui y compte désormais six classes. Un dispensaire est
également construit, mais il demeure à ce jour non fonctionnel
puisque non équipé.
272
Avant la relocalisation, l'un des accords était que la
société EQUIGOLD dédommage toutes les plantations.
Cependant, elle a incité les populations à partir en leur
assurant que les plantations seraient indemnisées progressivement.
Toutefois, après trois ans, il s'est avéré que sur les 33
familles que comptait le campement, les terres de 09 familles n'ont pu
être indemnisées par la société alors que les
paysans ne peuvent plus les exploiter. Face à cette
réalité, les populations ont posé le problème de
l'accessibilité de leurs plantations, puisqu'elles sont désormais
à environ 07 à 09 km du campement. Suite à cette demande,
la société a mis à la disposition de la population un bus
qui a assuré pendant une année leur transport, de Bonikro
à leurs plantations. Puis après, cette première
année, un véhicule loué en ville par la compagnie
minière assure jusqu'à présent ce déplacement.
9.4.2 Les points de revendication des populations de
Koutouklou- Konankro
Les principaux points de critique des populations portent sur
le nombre de pièces et sur la reconstruction de toutes les maisons.
Cette question du nombre de pièces a été la plus
soulevée par les populations. Celles-ci ont constaté la
différence dans le nombre de pièces entre la maison neuve et
l'ancienne maison. Selon leur calcul, il manque en moyenne une pièce
à chacune des maisons de compensation. Dans la logique des populations,
l'entreprise minière devrait construire le même nombre de
pièces recensés par maison sur l'ancien site. L'ensemble de la
communauté a exigé que le PDR reproduise intégralement
toutes les constructions telles que figurant sur l'inventaire photographique de
2012. Le chef de Konankro a insisté sur cela au point d'en faire un
motif de blocage et de boycott des signatures en mai 2014. Suite à cette
plainte des populations et dans un souci de transparence, un comité de
suivi et d'évaluation des travaux de construction du nouveau campement,
composé des jeunes dudit campement a été installé.
Toutefois, la société minière explique les constats des
populations par le fait que le relogement ne se fait pas par le remplacement
d'une pièce par une autre pièce. Selon NEWCREST, l'attribution
d'une maison se fait selon la valeur vénale de la maison
détruite. Elle relève que le standard de relogement le plus
proche admis par le ministère de la construction et de l'urbanisme est
une maison urbaine valant dix fois la valeur vénale de la case initiale.
Concernant les revendications sur la reconstruction intégrale de toutes
les constructions de l'ancien site, NEWCREST, déclare qu'il y a eu une
équivoque dans le message d'annonce des compensations. Les populations
disent avoir entendu que la société reproduirait toutes les
constructions. Ces incompréhensions ont persisté au point que ce
comité démissionne. Malgré les échanges entre la
mine et la population, des insatisfactions ont toujours subsisté au
point que le déménagement sur le nouveau site prévu pour
le 1er mai 2017 s'est effectué que pour une
273
fraction des familles. Une partie de la population a
aménagé avec le chef dans le nouveau quartier désormais
urbain et l'autre partie est restée sur l'ancien site. Cette
dernière était celle qui réclamait des mesures
d'accompagnement pour le déplacement et se plaignait le plus des
défauts de qualité des maisons qui leur étaient
attribuées. Cependant, du fait de l'indifférence de NEWCREST face
à leur requête, ces populations se sont résolues en
août 2017 à rejoindre le nouveau campement de Bonikro.
9.5. LES RECOURS A LA VIOLENCE PAR LES DIFFERENTES
PARTIES PRENANTES
Les différends qui opposent les communautés
locales à la compagnie minière ont provoqués au fil du
temps diverses manifestations de contestation. D'abord, les premiers
mécontentements des populations étaient exprimés à
la compagnie minière à travers des courriers. Les chefs de
villages ou de communautés adressaient directement ou par le biais
d'autorités administratives comme le sous-préfet, le maire, etc.,
des courriers aux autorités de la mine afin de leur exprimer leurs
mécontentements ou leurs requêtes. Les réponses à
ces courriers leurs étaient transmises par le même moyen ou
faisaient l'objet de rencontres, quand cela le nécessitait. Puis au fil
du temps, les populations ont trouvé qu'elles n'avaient pas de suites
favorables à leurs demandes ou que la compagnie minière les
évitait. Elles ont donc opté pour des mesures plus drastiques qui
contraindraient la compagnie minière à considérer leurs
plaintes. Ces mesures sont les blocages de routes et de travaux de la
compagnie, le saccage des biens de l'industrie minière, les poursuites
judiciaires, des menaces de mort à l'encontre du personnel minier
etc.
La compagnie minière, pour faire face à ces
différents agissements qui troublent ses activités, utilise
également la force en recourant aux agents de l'ordre et de
sécurité publique (police et gendarmerie). Ceux-ci interviennent
pour libérer les routes entre carrières et usine, l'accès
aux sites et ainsi, restaurer l'ordre.
Les personnes qui bloquent les accès à la mine
et qui recourent à la violence sont souvent les jeunes en tant que
porte-étendards de leurs communautés villageoise respectives et
ayant en arrière-plan le soutien de leurs chefferies, ce sont
principalement :
- les groupes communautaires impactés migrants
allogènes et étrangers, et ;
- les groupes réclamant des bénéfices en
investissements locaux d'infrastructure et de formation de ressources humaines
pour leur village ou pour la ville.
274
Ils sont soutenus par l'expression démocratique des
libertés d'action officiellement instituées, tels que les avocats
et les huissiers, les discours des organisations internationales sur le respect
des populations, la presse locale d'opposition. Le tableau suivant fait
l'inventaire des blocages communautaires entre août 2014 et
décembre 2015 et de leur traitement. On observe ainsi que sur cette
période, ce sont 30 mouvements de protestations qui ont
été menés par les populations. Les raisons de ces blocages
varient mais tournent généralement autour de la question des
indemnisations. Pour les disperser, les autorités minières et
administratives sollicitent les interventions répétées de
la police, voire de la force armée. Cependant, elles ne sont pas la
règle. Ces différends se soldent majoritairement par la
médiation entre les communautés et la compagnie pour traiter des
problèmes qui les opposent.
275
Tableau 36 : récapitulatif des blocages
communautaires en 2015
N°
|
DATE DE BLOCAGE
|
ZONE DE BLOCAGE
|
PROTESTATAIRES
|
RAISONS DE BLOCAGE
|
DUREE ET LEVEE DU BLOCAGE
|
1
|
16-janv-15
|
Site de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes de Bouakako
|
Demande d'emplois pour les jeunes
|
Une demi-journée, intervention de la police
|
2
|
19-janv-15
|
Site de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Allégation de destruction de parcelles non reconnues
|
Une demi-journée, intervention de la police
|
3
|
26-janv-15
|
Site de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Allégation de destruction de parcelles non reconnues
|
Une demi-journée, intervention de la police
|
4
|
27-janv-15
|
Site de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Demande d'emploi et non satisfaction des compensations
|
Une journée, négociation avec et
représentants et NEWCREST
|
5
|
14 au 18 février
2015
|
Site de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Non satisfaction des compensations et paiement des hectares
|
5 jours et nuits, 17 février 2015, visite de NEWCREST au
ministre des mines
|
6
|
19-févr-15
|
Camp du personnel à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Non satisfaction des compensations et paiement des hectares
|
Réunion publique avec le préfet, la direction
des Mines et les autorités
|
7
|
17-mars-15
|
Piste du camp du personnel à Hiré
|
Un plaignant
|
Allégation de non-paiement de compensation de 100°000
F CFA
|
Une demi-journée, reconnaissance d'avoir reçu le
montant la semaine
|
8
|
24-mars-15
|
Route de chapelle à Hiré
|
Famille Anga
|
Non satisfaction des montants de paiement
|
Une journée, négociation avec les
représentants et NEWCREST
|
9
|
27-mars-15
|
Route de chapelle à Hiré
|
un groupe de jeunes se réclamant des impactés
|
Non satisfaction des compensations, paiement des parcelles non
retenues
|
Une journée, négociation avec les
autorités
|
10
|
31-mai-15
|
Ligne électrique Akissi-so
|
Jeunesse de Gnankakro
|
Demande de compensation ou emploi à la mine
|
Une journée négociation avec les plaignants
|
11
|
04-juin-15
|
Route de convoyage
|
Famille Koffi
|
Demande de compensation d'une parcelle familiale
|
Une demi-soirée, reconnaissance de compensation à
un membre de la famille
|
12
|
05-juin-15
|
Site d'Akissi-so
|
Un groupe de jeunes de Bouakako
|
Demande de la réalisation de la cérémonie de
libation
|
Une journée, négociation avec les
autorités
|
13
|
11-juin-15
|
Ligne électrique Akissi-so
|
Jeunesse de Gnankakro
|
Demande de compensation d'une parcelle ou emploi à la
mine
|
Une journée, négociation avec les plaignants
|
14
|
29-juin-15
|
Site de construction du centre de santé de Hiré
|
Un groupe de jeunes
|
Protestation contre la construction d'un CSU dans une ville
minière
|
Manifestation suspendue pour des échanges avec les
parties
|
15
|
30-juin-15
|
Ligne électrique Akissi-so
|
Un plaignant
|
Allégation de non-paiement de compensation de parcelle
|
Une demi-journée, reconnaissance d'avoir perçu la
compensation dans la semaine
|
16
|
03-juil-15
|
Tous les accès au site de Bonikro
|
La jeunesse de Konankro
|
Récusation de l'entreprise SUISSE construction par
Konankro
|
Une journée, négociation avec les
autorités
|
17
|
07-juil-15
|
Site d'Assondji-so
|
Un plaignant
|
Réclamation de la
compensation de sa parcelle
|
Une demi-journée, visite de constats avec levé de
points GPS
|
18
|
08 au 11 août 2015
|
Tous les sites du projet de Hiré
|
La jeunesse de Bouakako
|
Tentative de contournement de la cérémonie de
libation
|
4 jours et nuits, échec des négociations,
intervention de la gendarmerie de Divo
|
19
|
01 septembre au 21 octobre 2015
|
Tous les sites du projet de Hiré
|
Une centaine de femmes âgées et de jeunes
|
Non satisfaction des compensations, emploi jeune et paiement des
772
|
52 jours et nuits, négociation avec le gouvernement et les
plaignants
|
20
|
05-oct-15
|
Route de convoyage
|
La jeunesse de Gogobro
|
Emploi jeune, arrêt des travaux du TSF, réalisation
des engagements
|
Une demi-journée, négociation sur le site de la
gendarmerie
|
21
|
14 au 17 décembre
2015
|
Tous les sites du projet de Hiré
|
La jeunesse de Bouakako
|
Emploi des jeunes à la mine et prise en compte du livre
Blanc de Bouakako
|
4 jours et nuits, échec de négociation,
intervention de la police et gendarmerie
|
Source : nos enquêtes, 2016
276
9.6. LA GESTION DES CONFLITS PAR LA
NEGOCIATION
Les conflits fonciers liés à l'activité
minière sont réglés soit par les organes traditionnels
soit par les organes modernes. Les organes traditionnels de règlements
de conflits concernent tout le système coutumier, à savoir la
chefferie familiale et le tribunal villageois. Pour ce qui concerne les organes
de règlement moderne de conflits, il comprend les autorités
administratives locales, le tribunal moderne, le comité de gestion des
doléances foncières et agraires, et le mécanisme de
gestion des doléances communautaires de la compagnie NEWCREST.
9.6.1. L'arbitrage des organes coutumiers de
règlement des conflits
Le règlement des conflits selon l'organisation
coutumière est à trois échelles. Quand il s'agit d'un
conflit au sein de la famille, le premier recours est le chef de famille.
Celui-ci réunit toute la famille et avec elle, entend les
belligérants et essaie de trouver un accord afin d'apaiser leur
différend.
Lorsque la famille n'a pas pu régler le litige ou pour
les litiges qui opposent des membres de plusieurs familles d'un même
groupe ethnique, le règlement se fait par les sous-comités
ethniques. La plupart des groupes ethniques présents à
Hiré ont des sous-comités ethniques (Baoulé,
Malinké, Burkinabè, etc.). Ces sous-comités ethniques
fonctionnent comme des tribunaux coutumiers pour le règlement des
conflits.
Les comités de chef de village interviennent, quant
à eux, pour le règlement des conflits intercommunautaires ou
inter-villages. Pour le canton Watta, il s'agit du comité des six chefs
des six villages Watta (Bouakako, Douaville, Gogobro, Hiré,
Kagbè, Zaroko).
9.6.1.1. Le Comité de Gestion Foncière
Rurale (CGFR)
Créé par Arrêté préfectoral,
le Comité de Gestion Foncière Rurale (CGFR) est
présidé par le Sous-préfet et comprend douze (12) membres
: six (6) chefs de service en rapport avec le foncier et six (6)
représentants des communautés rurales des villages et des
autorités coutumières désignées sur proposition des
populations pour une durée de trois ans. Il est l'organe de Gestion
foncière rurale et valide à cet effet les enquêtes
officielles de constats des droits fonciers coutumiers après approbation
des comités villageois et est obligatoirement informé de
l'établissement des certificats fonciers et des actes de gestion.
277
9.6.1.2. Le Comité Villageois de Gestion
Foncière Rurale (CVGFR)
Le Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale
est créé par décision du Sous-préfet, sur
proposition de dix (10) à vingt (20) membres des populations
villageoises. Renouvelable tous les trois ans, il est l'organe de
reconnaissance des droits du demandeur et chargé aussi d'aplanir les
divergences survenues durant les enquêtes foncières. Enfin, il
supervise l'enquête officielle, délivre l'attestation
d'approbation de l'enquête et le constat d'existence continue et paisible
des droits coutumiers. Cependant, le faible pourcentage des terres
détenues avec les titres de propriétés légaux fait
que les terres rurales sont presque entièrement gérées en
marge de la loi officielle. La sous-préfecture de Hiré
n'échappe à la sombre réalité de
l'inapplicabilité de la loi foncière.
Cela créé des problèmes aux
administrateurs et aux tribunaux pour résoudre les conflits de
propriété de terres, car de nombreuses transactions ont
été faites sans document ayant valeur juridique.
9.6.2. La gestion assurée par l'administration
publique
Les organes modernes de règlement de conflits sont :
les autorités administratives locales, la préfecture de Divo), le
tribunal de justice (Divo, Abidjan), le comité de gestion des
doléances foncières et agraires et le mécanisme de gestion
des doléances de NEWCREST.
Les autorités administratives locales que sont la
mairie et la sous-préfecture jouent un rôle capital dans le
règlement des conflits entre les communautés locales et la
compagnie minière. Elles interviennent régulièrement dans
la recherche de solution aux tensions entre les parties notamment dans la
gestion des réclamations sur la compensation des terres et cultures.
Pour le règlement des conflits entre les populations et
la mine, le recours au tribunal (de Divo ou d'Abidjan) est récurrent.
Parfois comme premier recours, parfois après avoir épuisé
sans suite favorable les autres voies de recours. Les raisons principales pour
lesquelles les populations ont recours au tribunal sont les cas de
réclamation sur les modes de compensation de bien ou tout autre dommage
résultant des activités de la compagnie minière. La
compagnie minière a également recouru au tribunal de Divo pour
une plainte contre le président de la MUDH pour avoir mené avec
les jeunes de Gogobro des actions destructrices sur leurs installations en
janvier 2017.
278
9.6.3. La gestion mise en place à l'initiative
de la compagnie minière privée
Un comité de gestion de doléances agraires et
foncières a été mis en place au niveau de la mine. La
récurrence des conflits entre les communautés et la
société minière a amené les autorités de la
mine à prendre un certain nombre de disposition pour son
règlement. Depuis le début de la phase d'exploitation de la fosse
satellite de Hiré, la question des droits à l'indemnisation est
source de conflits. Les réclamations et oppositions sur le paiement des
indemnités perturbent le processus de compensation des cultures et des
terres. C'est dans ce cadre que malgré l'existence de toutes les
structures mentionnées plus haut, le préfet de région
d'alors a proposé et obtenu la mise en place en Février 2015 du
Comité de gestion des doléances agraires et foncières. Ce
comité a été mis en place pour traiter les
réclamations sur les compensations du projet minier de NEWCREST à
Hiré. Il est composé comme suit :
- sous-préfet de Hiré, (président du
comité);
- directeur régional de l'Industrie et des Mines de Divo
(secrétaire du comité);
- directeur régional de la Construction et de l'Urbanisme
(spécialiste foncière);
- directeur régional de l'Agriculture (membre et
spécialiste agraire);
- 1er Adjoint au maire de Hiré (membre et
représentant communal);
- chef de Hiré village (membre et représentant de
la chefferie Watta);
- quatre représentants des impactés
(propriétaires terriens et exploitants);
- trois représentants du département des affaires
sociales de la compagnie minière et ;
- consultant de la compagnie minière chargée de
l'expertise foncière et agraire.
Le comité siège une fois par semaine à la
sous-préfecture pour traiter les réclamations sur les
compensations du projet minier de Hiré et relayer aux parties prenantes
(les propriétaires terriens et exploitants impactés) les
informations sur l'évolution dans le traitement de leurs plaintes pour
éviter tout blocage des travaux de la compagnie sur le terrain. Ce
comité a traité à ce jour 944 réclamations sur un
millier de doléances reçues.
9.6.4. Nouveaux protocoles et nouvelles promesses de la
mine
9.6.4.1. Pour le village de Bouakako propriétaire
du sol sur le site du gisement de Hiré
Pour apaiser les tensions dans le secteur de la mine de
Hiré, la compagnie a décidé de prendre en compte toutes
les nouvelles donnes de sa situation dans les rapports communautaires. Elle
reconnaît la propriété foncière du village de
Bouakako sur sa zone d'installation à Hiré Est. Elle prend aussi
en compte toutes les nouvelles forces sociales configurées par ce
village pour venir
279
en discussion, notamment la Cellule Stratégique de
Défense et Protection des intérêts de Bouakako (CSDPIB).
Elle a été créée à l'initiative des
intellectuels, des cadres et des hommes politiques originaires du village, et
constitue la faîtière de toutes les organisations communautaires
de base des Dida de Bouakako. Elle se présente comme très
critique des retombées déplorables de l'activité
minière mais se montre coopérative avec la mine sur la base d'un
protocole d'accord de permis d'exploiter contre obligation à investir
dans le développement de la localité, signé le 3 juin 2016
à Bouakako. Le tableau 37 fait un récapitulatif des engagements
issus du protocole d'accord NML-Bouakako.
280
Tableau 37 : récapitulatif des engagements issus
du protocole d'accord NML-Bouakako
N°
|
Points discutés
|
Engagements pris
|
1
|
Emplois jeunes
|
Renforcement des capacités des jeunes de Hiré
par la formation à différents métiers afin de leur donner
des qualifications.
|
2
|
Activités
agropastorales
|
NEWCREST s'engage à financer entièrement et hors
CDLM des projets agricoles porteurs et viables sur les terres.
|
Bouakako prendra l'initiative de proposer des projets
agricoles viables sur ses propres terres en vue de leur financement par la
mine.
|
3
|
Constructions d'infrastructures
|
Lotissement du
village
|
Bouakako soumettra une requête de projet de lotissement
dont la faisabilité sera évaluée par la mine.
|
NEWCREST ne prendra de décision finale qu'au regard du
projet final soumis par Bouakako
|
Construction de 9
logements d'enseignants
|
NEWCREST ne peut satisfaire entièrement à la
requête de 9 logements d'enseignant. En revanche, elle s'engage à
construire quelques logements dont le nombre sera communiqué
après une évaluation financière
|
Dotation en aire de jeux
|
Bouakako proposera un espace propice pour la
réalisation de l'aire de jeux à l'appréciation des deux
parties.
|
NEWCREST réalisera l'aire de jeu à la seule
condition que l'espace désigné par le village y soit propice.
|
Reprofilage des
deux (02) voies d'accès du village
|
NEWCREST assurera le reprofilage deux fois par an de la voie
principale qui mène à Bouakako à partir de la voie
nationale (Divo - Hiré), avec des rigoles pour l'écoulement des
eaux de pluie.
|
4
|
Étapes vers la
reprise de
l'Exploration à
Miré Est
|
Barème de
compensation des
cultures
|
NEWCREST et Bouakako solliciteront concurremment par
écrit l'avis formel des ministères concernés (agriculture
et eaux et forêts) pour requérir respectivement arbitrage et
clarification.
|
Plaintes résiduelles
sur la compensation de Hiré
|
Bouakako transmettra à NEWCREST une liste exhaustive
des cas de contestations non encore satisfaites dans le cadre des
compensations. NEWCREST fournira à Bouakako, un tableau du statut de
chacun des cas
|
Récusation du
Cabinet Djessan
|
Pour les évaluations et compensations agraires,
NEWCREST désignera un nouveau géomètre responsable des
travaux, en collaboration avec les agents du ministère de
l'agriculture.
|
Comité de suivi
|
Un comité conjoint composé des
représentants de la communauté et des membres de l'équipe
d'exploration de NEWCREST sera désigné pour le suivi des travaux
relatifs aux compensations à Hiré-Est.
|
Traitement des
réclamations
communautaires à Hiré Est
|
A la demande écrite de Bouakako, NEWCREST s'engage
à saisir le préfet et le sous-préfet pour que la chefferie
de Bouakako puisse arbitrer et trancher les réclamations ou arbitrage
éventuels sur les terres de Hiré-Est
|
Fiche d'inventaire
des impactés
|
NEWCREST délivrera les fiches de comptage de cultures
à tous les impactés avant la phase de paiement.
|
Emplois spéciaux
|
Création de 30 positions permanentes d'emplois non
qualifiés chez NEWCREST et 5 autres postes auprès des
sous-traitants au profit de Bouakako et Gogobro, et priorisation des emplois
aux propriétaires de terre
|
Travaux
d'exploration à Hiré
|
Démarrage des travaux préliminaires de
l'exploration le 7 Juin 2016 par l'inventaire des cultures
|
5
|
Voie de déviation communautaire
Chapelle/ Akissi-so
|
NEWCREST envisagera des mesures d'atténuation d'impact
au profit des communautés impactées par la modification de la
voie d'accès aux plantations (traitement des points d'eau,
aménagement de la voie, etc.)
|
Source : NEWCREST, 2016
281
9.6.4.2. Pour les propriétaires du sol du village
de Gogobro
Le village de Gogobro n'a pas du tout été
content de l'ignorance faite par les différentes sociétés
minières (EQUIGOLD LDL puis NEWCREST) de son statut de
propriétaire du territoire de la mine de Bonikro. Il a observé
plusieurs points de non prise en compte par les compagnies en
conséquence de cette ignorance coupable. Les cadres de ce village ont
dénoncé l'exploitation sans limite de leur terre et
décrié la présence de la mine tout en l'acceptant de peur
des représailles du gouvernement central d'Abidjan. Les blocages
répétés par leurs jeunes leur ont permis d'obtenir raison
et d'amener la mine à la discussion et à un protocole d'accord.
Ce protocole signé le 9 mai 2017 (tableau 38), impose à la
société de régler le passif envers le village depuis la
création de la mine et d'entreprendre des actions de
développement.
Tableau 38 : protocole d'accord
NEWCREST-Gogobro
N°
|
Points discutés
|
Engagements pris
|
1
2
|
Emplois spéciaux
|
Création de 30 positions permanentes d'emplois non
qualifiés au sein de NEWCREST et 5 autres postes auprès de ses
sous-traitants au profit de Bouakako et Gogobro
|
Adduction en eau dans les ménages
|
NEWCREST s'engage à réparer ou remplacer la pompe
du forage actuel qui alimente le village de Gogobro pour améliorer
le remplissage du château d'eau du village.
|
3
|
Extension du lotissement du village
|
NEWCREST s'engage à étendre le lotissement du
village de Gogobro. Le nouveau lotissement portera sur 300 lots.
|
Mettre en place un comité technique pour le projet qui
sera composé de NEWCREST, Gogobro et le cabinet Djessan
|
4
|
Autres infrastructures
et équipements
|
NEWCREST s'engage à fournir une bâche (8 m x 6 m) et
200 chaises à la communauté de Gogobro
|
NEWCREST s'engage à fournir une broyeuse aux femmes de
la communauté de Gogobro
|
NEWCREST s'engage à faire le reprofilage deux (2) fois
par an de l'axe Hiré - Gogobro - Douaville
|
Évaluation et réhabilitation des quatre (4)
bâtiments de l'école primaire au standard du bâtiment
construit par LGL Mines en 2010.
|
Source : NEWCREST, 2017
282
9.6.4.3. Nouveau protocole et nouvelles promesses de la
mine pour la communauté de Hiré
Le 3 octobre 2017, la communauté de Hiré a
signé un protocole d'accord avec la compagnie dans lequel celle-ci
s'engage à :
- la construction de six (6) bornes fontaines dans les zones
d'influences du projet ; - la réhabilitation d'un bâtiment au sein
de l'école primaire publique d'Akissi-so ; - le reprofilage de dix (10)
kilomètres de voies à Hiré, priorisant les routes
d'Akissi-so; - et l'électrification de 600 à 1000 mètres
dans la zone du projet d'expansion.
Ces protocoles montrent l'entente autour des projets dont
l'objectif est d'améliorer les conditions de vie et de revenus des
populations locales et sont en cela l'expression des besoins de ces
populations. Ces projets dont la durée de vie se prolonge dans le temps
montrent l'apprentissage et le degré de maturité finale de la
population dans la formulation de ces besoins au fur et à mesure des
échanges avec la compagnie minière.
|