MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY
D'ABIDJAN-COCODY
Unité de Formation et de Recherche des Sciences
de l'Homme et de la Société Institut de Géographie
Tropicale (I.G.T)
Année académique 2018-2019
|
|
Cote attribuée par la bibliothèque
|
Thèse de Géographie
Pour l'obtention du Grade de Docteur Parcours :
Géographie Humaine et Économique
Sujet :
Exploitation aurifère et développement
local dans la
sous-préfecture de Hiré
|
Présentée et soutenue publiquement par
:
YOBO JUDITH épouse GNAHOUA
Président de Jury : Monsieur HAUHOUOT
ASSEYPO CELESTIN PAUL, Professeur Titulaire de
Géographie, Université Félix
Houphouët-Boigny, Abidjan
Directeur de thèse : Monsieur NASSA
DABIE DESIRE AXEL, Maître de Conférences de Géographie,
Université Félix Houphouët-Boigny Abidjan
Membre du jury : Monsieur TOH ALAIN,
Maître de Conférences de Sociologie, Université
Félix Houphouët-Boigny, Abidjan
Membre du jury : Monsieur KOUAMELAN ALAIN
NICAISE, Maître de Conférences de Géologie,
Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan
Membre du jury : Madame COURET DOMINIQUE,
Directrice de Recherches de Géographie, UMR 245, CESSMA, IRD, Paris
7
UNIVERSITE FELIX HOUPHOUËT-BOIGNY
D'ABIDJAN-COCODY
UFR DES SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA
SOCIÉTÉ
DEPARTEMEMNT DE GÉOGRAPHIE
Année académique
2018-2019
THÈSE UNIQUE
Parcours : Géographie Humaine et
Économique
Sujet :
Exploitation aurifère et développement
local
dans la sous-préfecture de Hiré
Présentée et soutenue publiquement par :
YOBO JUDITH épouse GNAHOUA
Sous la direction de :
Monsieur NASSA DABIE DESIRE AXEL
Maître de Conférences
1
DÉDICACE
« Aussi Dieu seul fait la liaison et
la communication des substances, et c'est par lui que les
phénomènes des uns se rencontrent et s'accordent avec ceux
des autres, et par conséquent qu'il y a de la réalité
dans nos perceptions ».
Leibniz (1646-1716).
A mon père qui m'a inculqué le goût du
travail et m'a poussé à aller
toujours plus loin, A ma mère dont l'amour me
donne des ailes, A ma très chère Edwige, ma soeur, mon amie,
mon modèle et mon guide, A Pacôme et Eric, mes frères,
mes amis, Merci pour tout.
A mon époux et à ma Minerve dont l'amour et
le soutien ont allégé ces années d'études.
2
SOMMAIRE
DÉDICACE 1
SOMMAIRE 2
AVANT-PROPOS 4
REMERCIEMENTS 5
SIGLES ET ABRÉVIATIONS 7
LISTE DES TABLEAUX 10
LISTE DES FIGURES 12
LISTES DES PHOTOS 14
I.INTRODUCTION GENERALE 15
II. REVUE DE LITTERATURE 18
III. PROBLEMATIQUE 33
IV. OBJECTIFS DE RECHERCHE 35
V. METHODOLOGIE DE RECHERCHE 36
PREMIERE PARTIE : 62
LA DISTRIBUTION SPATIALE DES ACTIVITES AURIFERES DANS LA SOUS-
PREFECTURE DE HIRE 62
CHAPITRE 1 : DISTRIBUTION SPATIALE DES SITES MINIERS 63
DE HIRE 63
CHAPITRE 2 : LA PRATIQUE DE L'EXPLOITATION MINIERE DANS
L'ESPACE
LOCAL DE HIRE 85
CHAPITRE 3 : LA RECOMPOSITION DE L'ESPACE DE HIRÉ 102
DEUXIEME PARTIE : 121
UN ESPACE LOCAL EN PLEINE MUTATION SOCIO-ECONOMIQUE 121
CHAPITRE 4 : CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE ET DYNAMIQUE URBAINE
À
HIRÉ 122 CHAPITRE 5 : LES ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DE
LA COMPAGNIE MINIÈRE
153 CHAPITRE 6 : LES MUTATIONS SOCIALES LIEES A
L'EXPLOITATION DE L'OR
189
TROISIEME PARTIE : 197
CONFLITS ET COOPERATIONS ENTRE COMMUNAUTES ET COMPAGNIE
MINIERE DANS LA LOCALITE DE HIRE 197
3
CHAPITRE 7 : LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
PAR
L'EXPLOITATION MINIÈRE 198
CHAPITRE 8 : RÉCESSION AGRICOLE DANS LE CANTON WATTA
228
CHAPITRE 9 : LES CONFLITS FONCIERS EXACERBÉS PAR
L'EXPLOITATION DE
L'OR 249
CONCLUSION GÉNÉRALE 284
BIBLIOGRAPHIE 288
WEBOGRAPHIE 296
ANNEXES 299
TABLE DES MATIERES 300
4
AVANT-PROPOS
La vision présentée par l'État de
Côte d'Ivoire à travers le Plan National de Développement
(PND 2012-2015), fait du secteur minier un des éléments
stratégiques du développement du pays. Cette décision est
basée sur le potentiel minier ivoirien en la présence de
plusieurs gisements de fer, de diamant, d'or, etc. A travers le PND,
l'État réaffirme l'intérêt pour ce secteur qui,
depuis la décennie 2000, se traduit par la multiplication des permis
miniers. Cet intérêt pour les ressources minières
intervient pour soutenir les apports au développement de l'agriculture
pilier de l'économie ivoirienne depuis 1960 qui est en crise. Cette
économie de plantation est bouleversée par les aléas du
binôme café-cacao du fait de la chute des prix à
l'international et par le vieillissement du verger. De nombreuses
conséquences ont suivi ces difficultés dans l'agriculture ce qui
a conduit l'État à explorer le secteur minier pour impulser un
nouveau souffle au développement. Plus de vingt ans d'exploitation
minière interrogent sur les mutations spatiales,
socio-économiques et environnementales induites par l'exploitation
minière et leur capacité à favoriser le
développement. C'est ce que nous tentons d'observer dans la
région de Hiré où s'est mise en place une importante
activité d'exploitation de l'or.
5
REMERCIEMENTS
Pendant la réalisation de cette thèse, nous
avons bénéficié de l'inestimable soutien de diverses
personnes que nous voulons, à travers ces quelques lignes, remercier.
Nous remercions premièrement le docteur NASSA
Dabié Désiré Axel, Maître de Conférences,
notre Directeur de thèse. Nous lui sommes infiniment reconnaissant pour
nous avoir initié à la recherche et inculqué le goût
du travail bien fait, ce depuis l'année de maîtrise jusqu'à
ce jour.
Nous tenons à remercier également le docteur
DEMBELE Ousmane, Maître Assistant, qui a été au vrai sens
du terme, un co-encadrant de l'ombre tout au long de cette aventure. Nous avons
eu la chance de bénéficier de ses contributions diverses allant
de conseils précieux et avisés aux appuis techniques qui ont
permis d'aboutir à ce produit final.
Notre reconnaissance également à l'ensemble des
membres du jury pour avoir accepté de participer à
l'évaluation de cette thèse. De fait, nous remercions Monsieur
HAUHOUOT Asseypo, Professeur Titulaire de Géographie, qui a
accepté de présider ce jury de thèse. Nous avons eu la
chance de bénéficier de ses contributions diverses au cours de
notre formation académique. Nous remercions Madame Dominique COURET,
Directrice de Recherches en Géographie pour sa lecture et ses
commentaires enrichissants sur la thèse. Nous remercions Monsieur TOH
Alain, Maître de Conférences de Sociologie qui a accepté
d'instruire cette thèse pour la qualité de ses commentaires. Nous
disons merci à Monsieur KOUAMELAN Alain Nicaise, Maître de
Conférences de Géologie, pour sa lecture et pour avoir
accepté de siéger dans ce jury.
Nos arguments de géographe ont été
forgés auprès de grands maîtres de la géographie
à l'Institut de Géographie Tropicale (IGT) de l'Université
Félix Houphouët Boigny d'Abidjan. Nous profitons de cette
thèse qui marque la fin de nos études universitaires, pour
exprimer notre reconnaissance à tout le corps enseignant de l'Institut
de Géographie Tropicale qui d'une manière ou d'une autre a
contribué à nous donner ces arguments de géographes qui
nous ont permis de mener ce travail à son terme. Nous voudrions en
particulier dire un grand merci au Professeur BIKPO, Responsable de recherche
de l'institut de géographie tropicale qui dans le secret est un
modèle pour nous. Nous remercions également les Professeurs
ALOKO-N'GUESSAN, ANOH Kouassi et HAUHOUOT Asseypo pour la formation qu'ils nous
ont donné. Notre gratitude également aux docteurs ALLA Della,
KASSI-DJODJO, KABLAN N'guessan et SERHAN Nasser, tous Maîtres de
Conférences à l'IGT pour leurs conseils avisés. Merci au
docteur LOBA Akou Don, Maître de Conférences pour son engagement
personnel
depuis la licence jusqu'à ce jour dans notre formation.
Merci aux docteurs KOUADIO Marylise de l'ENS, TAGRO-NASSA Josée,
GUÉDÉ Marius, MEMEL Frédéric et TAMBOURA Awa pour
leurs soutiens et leurs encouragements.
Nous remercions également toutes les
personnalités rencontrées lors de nos enquêtes de terrain.
Merci à M. N'GUESSAN, sous-directeur de la direction des mines, ainsi
qu'à M. MÉGNONRON Silué de la même direction. Nous
remercions également M. YÉO Soumaïla, directeur
régional de l'agriculture de Divo, M. OKOU Agoh, directeur des mines
dans la région du Lôh-djiboua, le directeur régional de
l'urbanisme ainsi qu'à M. DJÉDJÉ Abou, chef de secteur
ANADER de Divo, pour leur disponibilité à répondre
à nos préoccupations. Nos remerciements s'adressent
également au sous-préfet de Hiré, M. AHUI Roger, qui nous
a reçus à chaque fois que nous en exprimions le besoin. Merci
commandant, pour l'intérêt que vous avez accordé à
notre sujet. Merci à M. GONÉDRÉ Bi Boh, chef de service
administratif et à M. TÉ Auguste, chef du service technique de la
mairie de Hiré. Merci aux responsables locaux des eaux et forêts,
de l'ANADER et de l'agriculture.
Merci au président de la MUDH, Dr DAGO Célestin
qui en dépit de ses nombreuses occupations professionnelles, trouvait du
temps à nous consacrer. Merci également au président de la
CSDPIB, M. GNAMINI Jérémie.
Nous remercions le docteur KOUASSI Kouadio Nicolas pour son
aide lors de nos enquêtes à Hiré. Merci à M.
BLÉ, président des orpailleurs de Hiré, aux
différents chefs des villages et campements qui nous ont bien
reçus, merci à toutes les populations qui ont accepté de
nous accorder de leur précieux temps en répondant à nos
questions et en nous accompagnant parfois dans leurs plantations. Merci
à M. YAO Hubert pour sa disponibilité et sa
générosité. Votre apport a été d'une grande
utilité. Merci à notre tuteur à Hiré, M. GNAKPA
Ahipo Hilaire et à sa petite famille qui nous a accueillis à bras
ouverts.
Nous ne saurons terminer cette série de remerciements
sans dire merci à nos amis étudiants. Merci à YEO Nahoua
du CURAT, à nos amis ASSI Lordia, BONI Alika, ADOU Yao Timothée,
KONAN Lydie, TONAN Sabine, ZUO Estelle, KONE Hobela et KOUASSI Apolinaire.
Merci à toutes ces personnes que nous ne pouvons citer
nommément mais qui par une action ou un geste nous ont permis de
réaliser ce travail. Merci infiniment.
6
.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
AGR : Activités
Génératrices De Revenus
ANADER : Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural
ANDE : Agence Nationale De l'Environnement
APDH BIAO BM BNETD
CDCI CDL
CDLM CECAF CEI CERAP
: Actions Pour les Droits De L'homme
: Banque Internationale pour l'Afrique Occidentale
: Banque Mondiale
: Bureau National d'Étude Technique et de
Développement
: Compagnie de Distribution de Côte d'Ivoire
: Comité de Développement Local
: Comité de Développement Local Minier
: Cabinet d`Études de Conseil d`Audit et de Formation
: Commission Électorale Indépendante
: Centre de Recherche et d'Action pour la Paix
CETIF : Cabinet d'Experts pour l'assistance
conseil en Topographie et Foncier
CGFR : Comité de Gestion Foncière
Rurale
CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-Pollution
CIE : Compagnie Ivoirienne
d'Électricité
CMA COOPEC CSDPIB CSU CVGFR DMDG EIES
: Christian Missionary Alliance
: Coopérative d'Épargne et de Crédit
: Cellule Stratégique pour la Défense et la
Protection des Intérêts de Bouakako
: Centre de Santé Urbain
: Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale
: Direction des Mines Direction de la Géologie
: Étude d'Impact Environnemental et Social
IEPP : Inspection de l'Enseignement Primaire et
Préscolaire
EPP FAO F CFA FHB GIZ GTZ
: École Primaire Publique
: Food & Agriculture Organisation
: Franc de la Communauté Financière Africaine
: Félix Houphouët Boigny
: Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit
: Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
7
GPS : Global Positionnement System
ha : Hectare
H2O : l'eau
HCN : Cyanure d'Hydrogène
IDRM : Institute for Defence Resources
Management (Canada)
IF : Institut Français
IFEF : Institution de Formation et
d'Éducation Féminine
IGT : Institut de Géographie
Tropicale
INS : Institut National de la Statistique
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
IST ITIE Km LGL MUPES NE NaCN NaOH NML NSIA
NW
: Infections Sexuellement Transmissibles
: Initiative pour la Transparence dans l'Industrie Extractive
: Kilomètre
: Lihir Gold Limited
: Mutuelle pour la Promotion de l'Enseignement Secondaire
: Nord Est
: cyanure de sodium
: Hydroxyde de sodium
: Newcrest Mining Limited
: Nouvelle Société Interafricaine d'Assurance
: Nord West
8
MME : Ministère des Mines et de
l'Energie
MUDH : Mutuelle pour le Développement de
Hiré
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PDL : Plan de Développement Local
PDR : Plan de Relocalisation
PE : Permis d'Exploitation
PH PND PNIA
|
: Potentiel Hydrogène.
: Plan National de Développement
: Plan National d'Investissement Agricole
|
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PS PSD
: Professionnelles du Sexe
: Plan Stratégique de Développement
RCI : République de Côte
d'Ivoire
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
RSE : Responsabilité Sociale des
Entreprises
SAG SMIG SODECI SODEFEL SODEMI
: Semi Autogène
: Salaire Minimum Garanti
: Société de Distribution d'Eau de la Côte
d'Ivoire
: Société d'État pour le
Développement des Fruits et Légumes
: Société pour le Développement Minier de la
Côte d'Ivoire
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UEMOA UICN
: Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
9
: Union Internationale pour la Conservation de la Nature
10
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 1 : tableau synoptique de l'étude 61
Tableau 2 : les différentes compagnies minières
exploitants l'or en Côte d'Ivoire 64
Tableau 3 : répartition des orpailleurs selon la
nationalité 93
Tableau 4 : origine socio professionnelle des orpailleurs 94
Tableau 5 : Matrice de confusion 2002 en pourcentage 107
Tableau 6 : Matrice de confusion 2016 en pourcentage 107
Tableau 7 : mode de calcul de l'indemnisation pour destruction de
biens immobiliers 119
Tableau 8 : répartition de la population par origine des
villages de Hiré 131
Tableau 9 : structure résumée de la population de
Hiré en 2014 133
Tableau 10 : répartition de la population agricole de
Hiré par culture selon le sexe en 2014 136 Tableau 11 :
répartition de la population de la sous-préfecture de Hiré
par localité en 1998 et
2014 141
Tableau 12 : Evolution de la population de la ville de
Hiré de 1965 à 2014 141
Tableau 13 : Caractéristiques de l'habitat à
Hiré 144
Tableau 14 : Classification des quartiers de la ville de
Hiré selon la position et le standing 146
Tableau 15 : répartition des établissements
primaires dans la ville de Hiré 148
Tableau 16 : quelques structures présentes dans la commune
de Hiré 152
.Tableau 17 : récapitulatif des investissements de LGL
à Hiré entre 2009 et 2010 154
Tableau 18 : récapitulatif de la réalisation des
requêtes de Gogobro par les différents gérants de
la mine de Bonikro. 161 Tableau 19 : investissements de LGL en
participation à la vie communautaire, entre 2009 et
2010 166
Tableau 20 : investissements de LGL en appui aux activités
génératrices de revenus 167
Tableau 21 : investissements de LGL en infrastructures socio
communautaires 167
Tableau 22 : les localités concernées par le CDLM
de Hiré 169
Tableau 23 : récapitulatif des investissements sociaux
majeurs réalisés par l'entreprise minière
NEWCREST 176 Tableau 24 : récapitulatif des projets
prioritaires réalisés du partenariat NEWCREST-PNUD
178
Tableau 25 : récapitulatif des projets prioritaires
exécutés sur la période 2012-2015 179
Tableau 26 : actions socio-économiques
réalisées par le CDLM 2016 - 2017 182
11
Tableau 27 : inventaire des projets réalisés en
2017 par le CDLM de HIRE 183
Tableau 28 : les activités génératrices
identifiées par les populations et le tandem NEWCREST-
PNUD 187
Tableau 29 : les causes des conflits entre parents et enfants
liés à l'activité minière 191
Tableau 30 : répartition des conflits selon leur nature
au sein de la population enquêtée 193
Tableau 31 : les quantités annuelles des produits
chimiques utilisés par la société NEWCREST
dans le traitement du minerai dans la sous-préfecture
de Hiré 201
Tableau 32 : superficies occupées par NEWCREST 229
Tableau 33 : origine socio professionnelle des orpailleurs
234
Tableau 34 : productions maraichères dans la
sous-préfecture de Hiré- campagne SODEFEL
année 1991-1992. 238 Tableau 35: Production de riz
et de maïs, dans la sous-préfecture de Hiré - campagne
SODEFEL
année 1991-1992 240
Tableau 36 : récapitulatif des blocages communautaires
en 2015 275
Tableau 37 : récapitulatif des engagements issus du
protocole d'accord NML-Bouakako 280
Tableau 38 : protocole d'accord NEWCREST-Gogobro 281
12
LISTE DES FIGURES
Pages
Figure 1 : modèle de production du développement
local 38
Figure 2 : position des localités dans l'espace local
45
Figure 3 : sites d'exploitation aurifère en Côte
d'Ivoire en 2016 66
Figure 4: répartition des sites d'orpaillage 70
Figure 5 : évolution des orpailleurs présents sur
le périmètre de NEWCREST à Hiré de 2010 à
2016 73 Figure 6 : évolution de l'occupation du
périmètre de Hiré Est par les orpailleurs de 2010 à
2014
74
Figure 7 : Localisation des permis d'exploitation de NEWCREST
Côte d'Ivoire 78
Figure 8 : Situation géographique des sites occupés
par la compagnie minière 80
Figure 9 : Occupation du sol par le complexe minier à
Bonikro 83
Figure 10 : Chaîne de production artisanale de l'or 87
Figure 11 : Occupation du sol de 2002 103
Figure 12 : Répartition dans l'occupation du sol en 2002,
avant la mise en place de l'exploitation
minière industrielle 104
Figure 13 : Occupation du sol de 2016. 105
Figure 14: Répartition de l'occupation du sol en 2016,
après la mise en place des sites
d'orpaillage et d'exploitation industrielle 105 Figure 15 :
évolution globale des superficies par type d'occupation du sol entre
2002 et 2016.
106
Figure 16 : anciens et nouveaux sites des campements
déplacés par la compagnie minière 110
Figure 17 : courbe d'évolution de la population de
Hiré sous-préfecture selon les RGPH 1975
à 2014 127
Figure 18 : orpailleurs immigrés selon l'année
d'arrivée 129
Figure 19 : répartition de la population de Hiré
selon l'ethnie et la nationalité 130
Figure 20: répartition de la population
étrangère enquêtée selon la nationalité
132
Figure 21 : pyramide des âges de la population de
Hiré en 2014 134
Figure 22 : répartition de la population de la
sous-préfecture de Hiré par branche d'activité135
Figure 23 : carte d'évolution de la population de
Hiré entre 1998 et 2014 140
Figure 24: Évolution de l'emprise spatiale de la ville de
Hiré 142
Figure 25: organisation spatiale de la ville de Hiré en
2016 145
13
Figure 26: répartition des types d'habitat dans la ville
de Hiré 147
Figure 27 : Carte de la zone d'influence du CDLM de Hiré
170
Figure 28: carte d'identification des chefs de village et autres
personnes influentes dans le watta
173
Figure 29 : carte NEWCREST synthétisant les zones
touchées par l'inondation 219
Figure 30 : courbe d'évolution de la production agricole
de 2006 à 2015 231
Figure 31: courbe d'évolution de la production en cultures
vivrières de 2006 à 2015 239
Figure 32 : les mutations observées au sein de la
population agricoleErreur ! Signet non défini.
Figure 33 : les fondamentaux de la sécurité
alimentaire 247
Figure 34: mode d'accès à la terre par les
allochtones 256
Figure 35 : évolution des périmètres du
projet minier de Hiré entre 2009 et 2015 265
Figure 36 : zones interdites aux populations en perspective de la
mise en exploitation minière
dites moratorium 1 et moratorium 2 267
Figure 37: les îlots urbains concernés par la mise
en exploitation minière à Hiré 269
14
LISTES DES PHOTOS
Photo 1 : site d'orpaillage d'Assayé 68
Photo 2 : site du bas fond de Bouakako 71
Photo 3 : Vue aérienne de la mine de Bonikro 81
Photo 4 : le lavage simple 89
Photo 5: Instrument de lavage appelé « le
wombiaré» 90
Photo 6 : Instrument de lavage appelé « pirogue
» 91
Photo 7 : Aménagement pour le raffinage au cyanure
92
Photo 8 : Vue de haut du nouveau site de Bonikro 112
Photo 9 : le modèle de maison construits à
Bonikro 112
Photo 10: Cuisine de fortune à Bonikro 113
Photo 11: Vue de haut du nouveau campement de Bandamakro
114
Photo 12: Modèle de maisons construites à
Bandamakro 114
photo 13: Vue aérienne de Koutouklou- Konankro 116
Photo 14: ancien site de Koutouklou-Konankro 116
Photo 15: Modèle de logement construit à
Koutouklou-Konankro 117
Photo 16: Hôtel de luxe de Hiré 149
Photo 17: La succursale bancaire BIAO-CI 150
Photo 18: station-service Essenci 150
Photo 19: un des super marchés de la ville de
Hiré 151
Photo 20: le bâtiment de trois classes construit par
NEWCREST 162
Photo 21: le logement de la sage-femme 162
Photo 22: le logement de la sage-femme 162
Photo 23: maternité de Gogobro 163
Photo 24: Marché de Gogobro 163
Photo 25: Site d'extraction aurifère industrielle de
Hiré-Est 203
Photo 26 : site d'orpaillage avec absence de
végétation 203
Photo 27: Le bois est coupé pour servir d'étaie
dans les fosses 209
Photo 28: dépôt de cyanure sur le sol. 214
Photo 29: végétation brulée par le
cyanure 214
Photo 30 : dégâts causés par les
explosions de dynamitage au quartier Baoulé 217
Photo 31: des constructions à moins de 300m de la mine
de Hiré 217
Photo 32: pancarte située près du lac à
cyanure 221
Photo 33: pancarte signalant la présence de cyanure
dans la zone 221
Photo 34 : les pieds malades du chef de Konankro 226
15
I.INTRODUCTION GENERALE
I.1. Justification du choix du sujet
La Côte d'Ivoire a choisi de faire de l'agriculture le
pilier de son économie au lendemain de l'indépendance en 1960.
Cette agriculture, composée de cultures pérennes et
vivrières, s'est développée dans l'ensemble du pays. Elle
contribue à elle seule à plus de 21% du PIB (plus de 11% pour
l'agriculture vivrière et environ 10% pour l'agriculture d'exportation)
et occupe désormais environs 2/3 de la population active (REEA, 2017).
Cette agriculture est tributaire du binôme café-cacao auquel
s'ajoutent la banane, l'ananas, le coton, l'huile de palme, le sucre,
l'hévéa, l'anacarde, l'igname, le manioc, la banane plantain, le
maïs, le riz, etc. Elle a pendant les trois premières
décennies de l'indépendance permis à la Côte
d'Ivoire de connaitre une forte croissance économique. Pendant ces
décennies, le surplus tiré des recettes d'exportation a permis de
financer les investissements dans les secteurs sociaux de base (santé,
éducation) et dans les infrastructures économiques (routes,
ports, aéroports, industries). Ces investissements ont lancé et
soutenu la croissance qui, au début des années 1980, a atteint
l'indice de 7%. Toutefois, la forte dépendance et la chute des prix des
principales cultures pérennes et d'exportation que sont le café,
le cacao, le palmier à huile vis-à-vis du marché
international a entrainé une crise économique profonde et
persistante. Dès lors, bien qu'accordant toujours un point d'honneur
à l'agriculture, le gouvernement ivoirien a décidé de
diversifier les bases économiques du pays en mettant en place
différentes stratégies pour sa relance qui connait jusqu'à
présent des balbutiements.
C'est dans ce contexte que le potentiel minier ivoirien
découvert depuis les années 1950 va être valorisé.
Les activités minières, à l'exception de l'exploitation
des hydrocarbures, ne jouaient pas un rôle prépondérant
dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Ce n'est qu'à partir
de 1991, avec l'ouverture des mines d'Ity et de Tongon, que l'État a
véritablement commencé à afficher une volonté de le
mettre en valeur. Cette volonté de faire de l'activité
minière un maillon essentiel de l'économie ivoirienne a connu une
ascension depuis la première décennie des années 2000. Les
différents gouvernements qui se sont succédé depuis lors
mettent un accent particulier sur la politique de développement du
secteur minier afin de le redynamiser. On assiste alors à un
développement sans précédent des activités
d'exploration et d'exploitation menées par de nombreuses compagnies
minières en provenance de tous les continents.
16
Cette explosion de l'activité minière est tenue
par les compagnies minières étrangères, attirées
par la libéralisation du secteur à travers la mise en place de
réformes institutionnelles et règlementaires ( modification du
code minier de 1995) qui ont entre autres abouti à l'adoption du nouveau
code minier de 2014 qui comporte des exemptions fiscales, le rapatriement des
bénéfices, les faibles paiements de redevances, les
régimes de compensation médiocres, la protection des entreprises
étrangères en cas de litiges, des normes environnementales peu
rigoureuses (Morgan, 2002; Segbor, 2014, cités par Awovi A. K. (2017)
).
Ce sont 171 permis d'exploration qui ont été
octroyés et treize permis d'exploitation qui ont été
signés (MME ; 2016). Une politique et un contexte réglementaire
incitatifs ont été mis en place pour attirer les investisseurs
nationaux et étrangers. Le nouveau code minier de 2014, conjugué
aux efforts consentis par l'État pour répondre aux exigences de
l'ITIE, montre une volonté ferme de l'État de faire du secteur
minier un maillon essentiel dans la chaîne des ressources
économiques du pays. De tous les minerais dont regorge le sous-sol
ivoirien, l'or est le plus exploité. En effet, des douze permis
d'exploitation en cours, l'or concentre à lui seul huit permis dont deux
dans la seule sous-préfecture de Hiré.
L'ouverture des exploitations minières dans les
localités dominées par l'agriculture apparait comme un
élément nouveau dans leur paysage. Les localités et leurs
populations subissent donc diverses mutations entrainées par
l'activité minière. Cette étude doctorale intitulée
"Exploitation aurifère et développement local dans la
sous-préfecture de Hiré, au centre Sud de la Côte
d'Ivoire", pose la question de la contribution de l'activité
minière au développement local de Hiré.
I.2. Présentation de la zone
d'étude
La sous-préfecture de Hiré a été
créée par la loi n° 76-877 du 22 décembre 1976
portant création des sous-préfectures de Hiré-Watta et
Zikisso. Située au sud de la Côte d'Ivoire, elle appartient
à la région administrative du Lôh-Djiboua, avec pour
chef-lieu de région Divo. La circonscription administrative couvre une
superficie de 560 km2 et possède des frontières avec
plusieurs autres sous-préfectures notamment celle d'Oumé au Nord,
Didoko au Sud, Taabo et Zégo à l'Est et Zikisso à
l'Ouest.
La sous-préfecture de Hiré comprenait deux
cantons : le canton Watta et le canton Zégo ainsi que plus de 356
campements. Le canton Watta est composé de six villages : Zaroko,
Bouakako,
17
Gogobro, Kagbè, Douaville et Hiré village. Quant
au canton de Zégo, il est composé de quatre villages :
Zégo, Bokasso, Apparagra et Goudi. Notons cependant que le
découpage administratif de 2011 a érigé Zégo en une
sous-préfecture. Celle de Hiré comprend désormais au plan
administratif le seul canton Watta avec plus de 200 campements. Cependant, dans
le cadre de cette étude, nous nous intéressons qu'aux cinq
campements autour de l'usine minière de Bonikro que sont : Petit
Bouaké, Chantier Konankro, Bonikro, Bandamakro et Koutouklou-Konankro.
Hiré est aussi un chef-lieu de commune situé à 43 km de
Divo, à 27 km d'Oumé et à environ 243 km d'Abidjan. La
commune de Hiré existe depuis le 16 octobre 1985 et s'étend sur
une superficie de 134 km2. Elle est composée de dix quartiers
qui ont chacun des caractéristiques et une histoire particulière,
mais Hiré Dida en est le village noyau.
18
II. REVUE DE LITTERATURE
La revue de la littérature a consisté à
explorer l'essentiel de la littérature portant sur l'activité
minière dans le monde, en Afrique et singulièrement en Côte
d'Ivoire. Le constat est que l'exploitation minière est une
activité économique qui a intéressé les chercheurs
de plusieurs disciplines comme les géographes, les sociologues, les
géologues, les historiens, etc. Ces chercheurs ont, par ailleurs
abordé ce sujet sous divers angles. Avec cette pluralité
d'écrits sur l'activité minière, il est important de faire
un état des lieux sur la question dans les limites du thème de
recherche relatif au rapport entre exploitation minière et
développement local. Les éléments suivants ont nous guider
et nous ont permis de circonscrire la portée des termes charpentes de la
problématique et d'exposer la méthode d'approche adoptée.
En nous focalisant sur cette réflexion, nous regroupons les
connaissances sur la contribution de l'activité minière au
développement local en trois rubriques :
- la définition des concepts ;
- l'historique de l'activité minière, de son
importance ;
- l'impact de l'activité minière sur le
développement social, économique, environnemental et spatial des
localités hôtes.
II.1. La définition des concepts
II.1.1. Les principes du développement
local
Vers la fin des années 1950, Friedman et Stohr font
émerger la théorie du développement endogène. C'est
une approche volontariste axée sur un territoire restreint qui
conçoit le développement comme une démarche partant du bas
vers le haut se basant principalement sur les ressources propres
(endogènes).
Le concept de développement local est compris de la
même façon tant dans sa portée géographique que dans
ses domaines d'intervention. De ce fait, il convient de retenir que le
développement local se définit à partir d'une base
territoriale. Cette base territoriale est déterminée en
s'appuyant sur le constat qu'il existe presque toujours un niveau
d'organisation territoriale où s'établissent les relations entre
d'une part le tissu social constitué par les communautés rurales
et d'autre part les fonctions administratives primaires, les fonctions
économiques et les services de « base » dans les centres et
les villes d'encadrement de cette communauté. Le développement
local suppose une pluralité de niveau d'action qui constitue
19
l'une de ses caractéristiques essentielles ; et enfin
il se fonde sur des notions de participation, de partenariat et de
contractualisation.
C'est ainsi que Lazarev et Arab (2002) définissent le
concept de développement local. Pour ces deux auteurs, les partenaires
du développement local sont : le gouvernement local (partenaire
institutionnel local), les communautés rurales, les organisations de la
société civile (associations locales) et les entreprises
privées de types modernes.
Teissernc (2000) présente le développement local
comme un processus de changement capable de faire passer le territoire en tant
que réalité économique, sociale institutionnelle d'un
état à un autre ». Pour lui, le développement local
consiste à appréhender le territoire dans sa globalité,
à engager un processus de transformation qui touche à toutes ses
composantes.
Selon Decoster D.P (2000), bien que les principes du
développement local forment une méthodologie globale applicable
à tout territoire, sa mise en oeuvre variera d'un lieu à l'autre
et d'une période à l'autre en fonction des potentialités
et des vulnérabilités locales et du moment d'activation. Ces
principes sont : une approche globale, intégrée et
transversale.
L'approche globale tient compte du contexte territorial dans
lequel s'inscrit la zone en développement local. Chaque zone de
développement local appartient à un développement
territorial c'est-à-dire à un territoire élargi. Il
convient d'éviter les redondances d'activités, leur expansion.
Leur maintien nécessite un spectre de chalandise suffisant. Une
concurrence d'activités identiques entre zones de développement
voisines conduit à la faillite des concurrents. Il faut, au contraire,
pour des activités nécessitant un territoire plus large, pouvoir
compter sur la supra-communalité, dépasser les frontières
des communes ; la démarche de développement local est
intégrée car elle repose sur les potentialités et les
vulnérabilités locales et s'adapte en fonction de ces
éléments. Elle doit respecter les équilibres locaux entre
les volets du développement pour ne pas en déstabiliser
l'harmonie. L'approche est dite transversale car elle repose sur le principe
d'un décloisonnement des secteurs d'activités. Chaque secteur
public ou privé doit sortir de sa logique organisationnelle en colonne
hiérarchisée.
Le développement local peut être compris comme un
processus de création (production), de rétention (appropriation),
et de redistribution (partage équitable) des richesses sur un
territoire. Ce processus de développement s'articule autour de trois
dimensions : l'espace, le temps et les acteurs. Il permet à la
population du territoire concerné de résoudre progressivement ses
problèmes et de réaliser ses ambitions dans les domaines
économique, social, culturel, et
20
environnemental par la participation active, individuelle et
collective de l'ensemble des citoyens (MEDEV, 2006).
Le développement local est aussi l'ensemble des actions
et initiatives concourant à l'amélioration durable des conditions
de vie des populations organisées dans un espace géographique
déterminé (MEDEV, 2005).
Le développement local se définit comme un
processus dynamique dans lequel les acteurs organisés et
mobilisés initient et mettent en oeuvre des actions sur leur espace
donné en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie.
Le développement local est une dynamique locale
fondée sur la mobilisation locale des ressources et du savoir-faire et
met l'accent sur le développement des initiatives, le renforcement des
solidarités intercommunautaires, la prise en compte des aspirations et
des besoins de la population dans les domaines économique, social et
culturel. Il permet un saut qualitatif des acteurs locaux dans l'exercice de
leur rôle politique, économique, social et culturel, une
capacité collective à définir une stratégie
cohérente d'actions de développement et une organisation de la
société civile.
Au total, le développement local implique une
démarche partenariale associant autour de la collectivité
territoriale, les différents acteurs locaux ainsi qu'un fort
développement de la démocratie locale participative à
côté de la démocratie représentative.
Le développement local dont il est question dans ce
travail est le développement local minier c'est-à-dire que
celui-ci est conçu et mis en oeuvre par la compagnie minière avec
l'implication pleine et entière des populations dans le cadre des
actions communautaires des sociétés minières.
II.1.2. L'exploitation minière
L'exploitation minière est une activité
très ancienne d'extraction de minerais. Elle est pratiquée de
façon artisanale depuis la nuit des temps et depuis le XIIIème
siècle. La forme industrielle est également pratiquée
(UICN/PACO, 2011) avec les progrès technologiques.
II.1.2.1. L'exploitation minière
artisanale
L'exploitation minière artisanale se définit
comme « toute opération qui consiste à extraire et
concentrer des substances minérales et à en
récupérer les produits marchands pour en disposer
21
en utilisant des méthodes et procédés
traditionnels ou manuels » (Nyembo, 2007). Cette définition se
rapproche de cette autre définition selon laquelle, l'exploitation
artisanale est synonyme de l'exploitation traditionnelle ou encore de
l'orpaillage dans le cas de l'or. Le code minier ivoirien en son article
premier définit l'exploitation traditionnelle ou artisanale comme toute
exploitation dont les activités consistent à extraire et
concentrer les substances minérales et à en
récupérer les produits marchands par les méthodes,
procédés manuels et traditionnels. L'exploitation artisanale,
c'est aussi l'utilisation directe de l'énergie humaine dans l'extraction
des minerais. Le terme orpaillage est souvent utilisé pour
désigner l'exploitation traditionnelle ou artisanale de l'or. Pour
certains, le terme orpaillage tire son origine étymologique du mot
« harpailler » qui signifie en ancien français, saisir,
attraper (Orru, 2004). Pour d'autre, il vient du mot paille, en
référence à la paille que les chercheurs d'or d'antan
plaçaient sous les riffles pour piéger l'or (Polidori ; 2001).
Cette forme d'exploitation très ancienne est beaucoup pratiquée
par de nombreuses personnes comme le montre Mazalto (2008). En effet, il donne
l'exemple de la RDC où la Banque mondiale estime à dix millions
le nombre de personnes, soit 16 % de la population, qui dépend de
l'activité minière artisanale pour leur survie quotidienne. Le
secteur artisanal générerait environ 90 % de la production
minière totale exportée par la RDC (World Bank et International
Développement, Association, 2007). Une bonne partie de l'activité
minière du Congo est le fait d'exploitants artisanaux, ou «
creuseurs », qui travaillent manuellement. En fait, le secteur minier
artisanal a aidé à réduire la pauvreté par la
création d'emplois pour une nombreuse main d'oeuvre inemployée ou
sous employée, par l'effet multiplicateur de sa croissance, par la
stabilité économique et sociale qui résulte de
l'accès à l'infrastructure et par les avantages résultant
de l'emploi des femmes. Cependant, les conditions de travail dans ce secteur
sont extrêmement dangereuses. Généralement les creuseurs
travaillent pieds nus, sans équipement de protection individuelle, dans
des puits non étayés et non ventilés, en
s'éclairant à la bougie.
II.1.2.2. L'exploitation minière
industrielle
L'exploitation minière industrielle est définie
comme l'exploitation minière par des moyens mécaniques qui
permettent l'extraction de grandes quantités de minerais. L'industrie
minière est l'ensemble des activités concernant la
découverte et l'extraction de minéraux qui se trouvent sous la
surface de la terre. Ces minéraux peuvent être métalliques
(tels que l'or et le cuivre) ou non métalliques (tels que le charbon,
l'amiante ou le gravier). Les métaux sont mélangés
à beaucoup d'autres éléments mais parfois on en retrouve
de grandes quantités concentrées dans une zone relativement
petite, « le gisement », d'où l'on peut extraire un ou
plusieurs métaux
22
avec des bénéfices économiques. Les
dimensions des mines peuvent être très variées, depuis les
petites opérations d'exploitation produisant moins de 100 tonnes par
jour jusqu'aux grandes mines qui déplacent des centaines de milliers de
tonnes de minerais. L'activité minière est composée de
deux étapes : la phase d'exploration et la phase d'exploitation.
La phase d'exploration consiste à rechercher les
indices d'existence d'un minerai et d'en déterminer le degré de
concentration afin d'évaluer la rentabilité de celui-ci en cas
d'extraction. C'est un programme long et couteux. Les dépenses
d'exploration sont engagées avant qu'il n'y ait le moindre revenu
disponible. C'est pourquoi les États ont adopté des dispositions
particulières régissant le traitement des dépenses
d'exploration avant production aux fins de l'imposition future des
bénéfices. Lorsque cette exploration donne des résultats
concluants au sujet de la rentabilité du gisement découvert alors
arrive la phase d'installation de la mine.
L'aménagement d'une mine demande beaucoup de capitaux
et l'importation de nombreux équipements très divers de
fournisseurs spécialisés. Plusieurs gouvernements tiennent compte
de l'intensité capitalistique de cette industrie et offrent divers
moyens d'accélérer le recouvrement des dépenses
d'établissement une fois que la production a commencé. Lorsque
les équipements doivent être importés, l'État offre
souvent un mécanisme de franchise de droits de douane pendant
l'établissement de la mine et la plupart des pays offre aussi un
allègement de la TVA sur les achats d'équipements, en particulier
si la production de la mine est destinée à l'exportation. Une
fois l'installation de la mine achevée commence l'extraction du minerai.
La phase d'exploitation ou phase de production est la phase au cours de
laquelle les sociétés minières procèdent à
l'extraction du minerai découvert. Cette extraction se fait selon divers
procédés en fonction de la nature du minerai et des profondeurs
d'enfouissement de celui-ci.
II.1.3 La méthode d'exploitation
minière
La méthode d'exploitation utilisée pour extraire
un minéral déterminé dépend de sa nature des
dimensions et de la profondeur du gisement et des aspects économiques et
financiers de l'opération en question.
La quête des placers a été un des aspects
essentiels sinon le principal des diverses ruées vers l'or que connut le
monde dans la seconde moitié du XIXème siècle. Les dragues
tirent les sables aurifères des cours d'eau. On extrait par cette
technique, le diamant, l'or et l'étain (Lerat, 1971).
Pour exploiter les charbons et les lignites enfouis sous
quelques mètres ou quelques dizaines de mètres de terrains
stériles, il est vite apparu très avantageux, dans le domaine
économique, de
23
procéder à une dénudation (strip-line) de
l'horizon exploité de façon à pouvoir entreprendre
l'attaque de la couche productrice avec des engins mécaniques (Gastou M,
2014). Dans ces types d'exploitation, des engins mécaniques d'allure
aérienne, surnommés « sauterelles » rejettent les
déblais à plusieurs dizaines de mètres du point
d'extraction. L'évacuation de la production est assurée par des
trains ou par des lourds camions ou par des convoyeurs roulants qui courent
dans la tranchée.
La carrière est un paysage minier bien plus
fréquent que le précédent. La quasi-totalité des
matériaux de construction autres que les sables et les graviers est
extraite dans les carrières. Sont aussi obtenus de cette façon
des tonnages croissants de bauxites, de minerais de fer et de métaux non
ferreux.
Pour atteindre les minerais solides enfouis
profondément, l'homme creuse des mines. L'exploitation des ressources
minières profondes marque moins sensiblement le paysage que l'extraction
des richesses superficielles. L'exploitation souterraine n'est pas toujours
totalement indépendante de l'extraction à ciel ouvert. Dans
nombre de gisements, l'exploitation commencée à ciel ouvert est
poursuivie sous terre. L'extraction en profondeur proprement dite est
menée différemment selon la topographie et la profondeur de
l'horizon producteur.
II.2. Historique et importance de l'exploitation
minière II.2.1. Historique de l'exploitation minière
L'histoire de l'exploitation minière se perd dans la
nuit des temps (Lerat, opc). Il y a des mines dans la plupart des pays et des
régions du monde. L'exploitation minière était
pratiquée sur tous les continents de façon traditionnelle et
s'est développée différemment d'un continent à un
autre selon les réalités de ceux-ci. Les activités
minières sont toutefois de taille différente d'un continent
à un autre et d'un pays à un autre.
L'Europe reste essentiellement productrice de combustibles
solides. Dans la moitié du XVIIIème siècle, le potentiel
charbonnier fut peu à peu valorisé. Le mouvement a
débuté aux Royaume-Uni où la production, bien plus
qu'ancienne, s'éleva de 2,5 millions de tonnes en 1700 à 10
millions de tonnes un siècle plus tard. Le développement
industriel suscita aussi l'expansion d'activités minières plus
anciennes et fut à l'origine de nouvelles créations. Au nombre de
ceux-ci, on a l'extraction de la potasse, qui débuta en 1850. Le
développement des mines de fer est contemporain à l'essor de la
sidérurgie ; (Lerat, opc).
24
Sans avoir connu une activité minière aussi
précoce que l'Europe moyenne, l'Amérique latine est l'une des
plus vieilles régions minières du monde. On y ouvre dès
1545 de grandes exploitations de minerai souvent polymétalliques mais
renfermant tous les métaux précieux. Au XIXème
siècle, les besoins des pays industriels ont stimulé la
prospection et la mise en valeur de nouvelles richesses utilisables par
l'industrie chimique puis par l'industrie métallurgique. Les nitrates de
l'Atacama, alors boliviens et péruviens, étaient connus
dès le XVIIIème siècle, mais leur exploitation ne fut
entreprise que vers 1830 pour atteindre son apogée dans les
dernières décennies du XIXème siècle et
pratiquement cesser devant la concurrence des nitrates de synthèse en
1928. Aujourd'hui, l'Amérique et singulièrement l'Amérique
Latine demeure une région minière essentielle.
Le Moyen Orient est une région riche en ressources
naturelles, particulièrement en pétrole dont elle est la plus
riche et sur laquelle elle a bâti sa fortune. Avec un pays comme l'Arabie
Saoudite, plus grand pays de la région dont le secteur minier est le
troisième pilier de l'économie.
Si l'Afrique est, à en croire l'anthropologie moderne,
le berceau de l'humanité, l'Afrique est aussi le berceau de
l'activité minière de l'homme. La plus ancienne mine jamais
découverte par les archéologues est africaine, elle date de 43000
ans avant Jésus-Christ, et se trouve au Swaziland, sur le site d'une
exploitation actuelle de minerai de fer (Yachir, 1987).
L'Afrique regorge de multiples ressources minières
allant des matières premières minérales aux
carrières. Les techniques d'extraction traditionnelles qui existaient
avant le développement de l'industrialisation ont permis l'extraction
des métaux précieux à des degrés très
faibles. Ce qui a permis à l'Afrique de conserver son potentiel minier
et d'être aujourd'hui courtisé par les sociétés
minières transnationales.
Les pierres précieuses dont l'or ont une grande
importance dans la société africaine. L'exploitation
aurifère en Afrique subsaharienne est antérieure à la
colonisation car à cette époque, l'or avait une valeur
économique, sociale et religieuse.
En Afrique, cinq à six millions de personnes (20
millions dans le monde) pratiquent la «petite mine», souvent en
complément de l'agriculture. Plusieurs substances s'y prêtent, des
matériaux de construction aux pierres précieuses (diamant) et
à l'or. Au Ghana, second producteur africain d'or, les revenus de
l'orpaillage, qui sont injectés dans l'économie du pays, sont
supérieurs à ceux générés par l'exploitation
industrielle. L'activité minière participe directement aux
économies locales rurales dans la mesure où elle constitue une
source de revenus importants.
25
L'exploitation minière industrielle est très
couteuse. Elle est assurée en Afrique par des multinationales qui
assurent l'essentiel de l'exploration et de l'exploitation. Les compagnies
minières étrangères apportent en plus des capitaux, les
technologies et les débouchés commerciaux.
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