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Le système tontinier dans le financement de l'entrepreneuriat pastoral jeune à  Yaoundé


par Jordan cedric MELI YIMDJI
Université de Yaoundé 1  - Master 2 2022
  

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7-2-3- La théorie du Don/contre-don

La théorie du don/contre-don a fait l'objet de plusieurs travaux dont les premières analyses en sciences sociales furent ceux de Mauss (1924). Il appréhendait ainsi le don/contre-don comme une forme de contrat social inscrit dans une logique économique et basé sur la réciprocité pour appartenir à une société.

Dans une étude comparative sur l'organisation des sociétés mélanésiennes, il découvre le don/contre-don comme un contrat fondateur des liens sociaux : « une prestation obligeant mutuellement donneur et receveur et qui de fait les unis dans une forme de contrat social » (Mauss, 1924 : 21). Pour Mauss, le don/contre-don est une forme de partenariat qui regroupe

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en interaction et de manière durable des individus autour de trois objectifs (donner, recevoir et rendre). Il s'agit donc d'échanges réciproques et surtout symboliques autour de biens et de services et qui de fait renforcent la cohésion du groupe.

Polanyi (2007) quant à lui met en exergue la réciprocité comme véritable fondement de l'économie. Il considère que les relations sociales sont préexistantes aux relations économiques : l'action économique est de ce fait encastrée au sein des réseaux de relations qui placent en contact les individus les uns avec les autres. En effet, une logique économique n'est pas seulement basée sur l'utilitarisme, elle peut se fonder aussi sur la réciprocité. En somme, pour Polanyi, le don/contre-don met en exergue le rapport des pouvoirs et des désirs. Lesquels en constituent d'ailleurs une première contrepartie : le donneur est plus fort par le don qu'il a fait, à la fois sur le plan social et affectif.

Caillé (2007) pour sa part dans son analyse montre que le don/contre-don permet d'appartenir à une société. Il différencie le don/contre-don dans la sociabilité primaire (les relations avec les parents, amis, voisins) et dans la sociabilité secondaire (l'équilibre entre les différentes sphères sociales). On peut alors considérer que les liens sociaux dans les sociétés contemporaines sont en fait moins basés sur l'utilitarisme (satisfaction des besoins matériels) que sur le don, lequel permet d'exister et d'appartenir à un monde. Il définit le don/contre-don comme : toute action ou prestation effectuée sans attente, garantie ou certitude de retour, et comportant de ce seul fait une dimension de gratuité. Selon Alter (2010), le contre don est en même temps libre et obligatoire : libre parce que ce n'est pas une obligation contractuelle, et obligatoire parce qu'il y a une incitation sociale à rendre le don à d'autres dans un système qui favorise les échanges réciproques. En effet, si les uns et les autres acceptent de continuer à coopérer malgré tout dans les organisations, c'est parce qu'ils participent à une oeuvre commune et qu'ils souhaitent y contribuer. L'idée selon laquelle le cycle du don/contre-don engage un endettement mutuel explique bien la coopération qui existe entre la contrainte et le contrat. Ainsi, le donneur à de la valeur dans le fait de savoir donner et le receveur a le privilège de savoir recevoir et le devoir de savoir rendre également à son tour.

Dans le cadre du présent travail de recherche, la théorie du don/contre-don a permis d'étudier les modes d'organisation du système tontinier à Yaoundé à partir du cas des associations EMERCOM et ADJAS. De plus à partir des interviews de terrains auprès des associations cibles, elle a permis d'analyser les différents mécanismes d'accès au crédit mis sur pied dans ces associations.

La mobilisation de ces trois théories a donc permis à terme d'identifier non seulement la nature des différents services financiers et techniques initiés au sein de ces deux associations.

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Mais également, de cerner l'influence de la pratique tontinière dans les activités entrepreneuriales des membres. Ce qui à aider par la suite à dégager le rapport qui existe entre le système tontinier et l'entrepreneuriat pastoral à Yaoundé. C'est dans cette perspective que cette réflexion a été inscrite.

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