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Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

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IV.2.1. Le territoire pastoral de proximité en saison pluvieuse

Pendant la pleine saison pluvieuse (nduungu), les espaces parcourus et valorisés par les troupeaux de case sont constitués d'interstices entre des parcelles cultivées, de jachères, de parcours naturels, de pistes à bétail, de routes, de points d'eau et de bas-fonds. Sur ces parcours, le bétail effectue journellement 7 à 14 km en 8 h de temps pour rechercher du fourrage et s'alimenter. La grande partie de ce trajet du troupeau (62 % du total) se trouve sur des espaces pastoraux légitimés (pistes à bétail, pâturages

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classés, collines), tandis que 27 % du trajet s'effectuent sur les interstices non cultivés situés à proximité ou entre les champs qui sont normalement exclus à l'élevage. La conduite du bétail sur les interstices est très risquée, à cause des dégâts occasionnés régulièrement sur les cultures qui génèrent souvent des conflits. La détermination des éleveurs à y faire paître leur bétail est liée à leur potentiel fourrager plus important que dans les parcours, mais aussi au fait que certains de ces champs ont été installés en empiétant sur les espaces réservés à l'élevage. La largeur des pistes à bétail fixée par la législation est de 50 m au minimum. Aujourd'hui, ces pistes dépassent rarement 5 m, ce qui rend difficile le passage de troupeaux et accentue les dégâts.

Encadré 1. Chaîne de pâturage d'un troupeau sédentaire au Cameroun

Pendant gataaje ou seeto (fin saison sèche-début saison des pluies), les animaux restés sur le terroir agropastoral broutent principalement là où l'herbe repousse vite : dans les bas-fonds (tchofol ou lougguere) et sur les zones en attente d'une mise en culture (soynere et n'guessa). A nduungu (hivernage), les jachères (soynere ou sabeere) et unités de collines (foukah, hossere), gagnent de l'intérêt, alors que les zones cultivées (n'guessa) sont exclues des parcours. Durant djaamde (fin de l'hivernage, saison de récoltes), les pâturages se font principalement le long des bas-fonds (tchofol, lougguere, fitaare), secondairement sur les jachères (soynere, sabeere) qui perdent de l'intérêt par rapport à la période précédente, et surtout sur les premiers résidus agricoles (n'guessa). La nuit, certains éleveurs installent temporairement le parc de nuit sur les collines (hossere) à l'écart des champs en attente de récolte. Durant dabuunde (vaine pâture, saison sèche froide), la récolte est finie, la grande majorité du temps de broutage se déroule dans le domaine agricole, sur les résidus (nyayle). Ensuite, tout au long de ceedu (saison sèche chaude), les troupeaux parcourent les parties du domaine agricole (n'guessa et soynere) épargnées par le feu, et les pâturages des zones inondables (tchofol, bolaaho, bomboru, fitaare) pour les repousses des herbacées vivaces. En fin de circuit de ceedu, les bergers émondent les ligneux fourragers pour alimenter les troupeaux.

Source : Dongmo et al., (2010)

Dorénavant, les éleveurs contestent tout morcellement des parcours sur les terroirs pastoraux de proximité. La tactique régulièrement déployée pour (ré) affirmer leurs droits consiste à diriger un broutage volontaire du bétail sur de nouvelles parcelles indument installées par les agriculteurs sur les parcours et les pistes à bétail, afin de les dissuader. Ils y expriment donc collectivement une appropriation qui se limite à sa défense à l'encontre d'une privatisation ou d'un accaparement par d'autres usagers du foncier et sa protection au profit d'une utilisation pastorale. En revanche, tout comme dans leur territoire d'attache, les éleveurs ne s'investissent pas pour améliorer le potentiel fourrager et la gestion de ces parcours. Ce désintérêt provient-il des difficultés à négocier avec les agriculteurs ou au contraire de la possibilité qu'ils ont encore d'envoyer une partie ou tout le troupeau en transhumance, bien loin du territoire d'attache ?

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