WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les territoires de mobilité pastorale: Quelle mobilité dans un contexte de pression sur le territoire rural en zone soudano-sahélienne du Nord-Cameroun?


par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université Paul Valéry Montpellier III France - Habilitation à Diriger des Recherches 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion

La mobilité pastorale se déroule au Nord Cameroun dans un contexte spatial complexe et contraignant. Les différents territoires de mobilité sont diffus et leur accès est entravé par les champs. Cette région connait en effet une migration permanente à l'origine de l'augmentation des surfaces agricoles. Le cheptel bovin est lui aussi en augmentation. En plus des animaux détenus par les éleveurs purs, les agro-éleveurs et les citadins détiennent eux-aussi un grand nombre d'animaux. À côté de ces acteurs permanents sur ces espaces, nous assistons à l'arrivée massive des animaux venus de la RCA, fuyant les bande armées anti-balaka. Non seulement, l'élevage extensif pratiqué par les éleveurs dans le Nord du Cameroun est menacé par l'emprise agricole grandissante due à l'extension de cultures de rente ou vivrières, mais également par les classifications de larges superficies de savanes en zones exclusives de chasse et de protection de la faune sauvage. Ainsi, la mobilité se pratique entre ces zones protégées et les 15% de la région occupée par les cultures, les montagnes et les villages. Les éleveurs n'ont d'autres alternatives que de faire pâturer dans les quelques grands parcours et dans les zones marginales de collines mais aussi dans certaines ZIC peu gardées où ils pénètrent pour « voler » le pâturage. Les parcours deviennent ainsi une mosaïque de zones permises et interdites où il est difficile de se déplacer du fait de l'exigüité, voire de la disparition des pistes à bétail. La recherche de complémentarité

22 Haut-Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés.

50

entre des zones aux productions fourragères différentes (en fonction des saisons) devient de plus en plus difficile alors qu'elle constitue la base de la conduite du bétail. À ces contraintes, s'ajoute la difficulté de traverser les zones mises en culture pour atteindre, à la fin de la saison sèche, les vastes zones au sud de la région, du fait de l'absence de relations contractuelles avec les agriculteurs. Les étendues pour l'agriculture et l'élevage semblent suffisantes, mais ils sont mal répartis dans l'espace et leur accessibilité pose problème. Le chapitre suivant présente les enjeux sociétaux de la mobilité pastorale dans la région du Nord-Cameroun.

51

Chapitre II. Contexte sociétal autour des territoires de mobilité
pastorale : rapports entre les acteurs locaux

La mobilité pastorale au Nord-Cameroun se déroule dans un contexte sociétal complexe entre les différents acteurs (éleveurs, agriculteurs, citadins, autorités traditionnelles et administratives). Pour comprendre la marginalité que subissent que les éleveurs pour le contrôle, l'accès et la gestion des territoires de mobilité, nous allons revenir à la genèse de leur installation dans la région et les processus d'acquisition des territoires de fixation. Ensuite, seront analysé les relations ambigües qu'ils entretiennent avec les autorités traditionnelles et administratives. Quant aux relations des éleveurs avec les citadins, elle permettra de mieux comprendre la logique de leur insertion dans le système de pouvoir pouvant leur permettre de mieux défendre leurs intérêts et de s'intégrer. L'analyse des rapports des éleveurs avec les agriculteurs permettra de comprendre les relations qui oscillent entre conflits, échanges et complémentarités. Enfin, les éleveurs entretiennent entre eux également des relations tant d'échanges, de complémentarité que de conflits qui permettent de mieux saisir la difficulté de cohésion sociale et de vision commune pour défendre leurs intérêts.

II.1. Genèse de l'installation des éleveurs mbororo dans la région

Les Mbororo représentent l'une des composantes de la communauté peulh. Avec le temps, les foulbé sédentaires ont fini par les appeler « mbororo » ou « Fulbe ladde » (peulh de la brousse). Leur plus forte concentration se trouve au Nord du Cameroun. Ils font des déplacements entre les départements de la Bénoué, du Mayo Rey, du Faro, de la Vina dans la région de l'Adamaoua, et en fonction des saisons, d'autres se rendent au Nord du Nigeria, au Tchad ou en République Centrafricaine à la recherche des pâturages. Ils communiquent régulièrement entre eux les jours de marché où chaque clan envoie un représentant pour transmettre et en retour recueillir des nouvelles des autres communautés. Ces mouvements sont coordonnés sous l'oeil vigilant du Chef Spirituel. Ils se subdivisent en trois grands groupes, se distinguant surtout par les races bovines qu'ils élèvent, miroirs des groupes humains (Boutrais,

52

1995). Mais ils ont en commun la particularité d'élever des animaux de grand format, dont les exigences alimentaires motivent leur grande mobilité.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera