L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Camerounpar Winnie Patricia Etonde Njayou Université de Douala - Doctorat 2023 |
PARAGRAPHE II :LA PRISE DE CONTACT ENTREL'ADMINISTRATION COLONIALE ALLEMANDE ETLE PEUPLEDUALA394(*)Le 09 avril 1884, BISMARCK informa le « Foreign Office » que NACHTIGAL voyageait pour l'Afrique de l'Ouest afin de « compléter les informations en possession du Ministère des Affaires Étrangères Allemandes à Berlin sur l'état du commerce allemand sur cette côte... ». BISMARCK demanda au gouvernement britannique d'assister Nachtigal partout où cela serait possible. De cette manière, les Britanniques, sans le savoir, permirent à BISMARCK d'annexer le territoire. Ce dernier décida par la suite d'envoyer un nouvel ordre à NACHTIGAL en lui donnant des instructions pour s'arroger la côte entre Bimbia et CapeSaint John, afin d'y hisser le drapeau allemand et de déclarer que les firmes allemandes avaient conclu des traités avec les chefs.395(*)Alors que NACHTIGAL était en route pour Douala, le représentant de la firme Woermann à Douala, Édouard SCHMIDT, reçut une lettre confidentielle d'Adolf WOERMANN à Hambourg lui demandant de travailler secrètement avec Johannes VOSS, agent de la firme Jantzen et Thormählen à Douala, afin de négocier un traité avec les chefs Duala. Dans cette correspondance, Adolf WOERMANN donna des instructions à Schmidt en ces termes :« Ce sera votre tâche de démontrer aux RoisAkwaBell et à d'autres chefs les avantages qu'ils auront lorsqu'ils seront sous la protection du roi d'Allemagne... Si vous préservez clairement les choses à ces chefs, je n'ai aucun doute que votre démarche sera couronnée de succès... Il me semble que la principale difficulté est de déterminer les préparations avant que les Anglais en aient une nation. En même temps que ces chefs cèdent leur souveraineté, vous devez par tous les moyens acquérir des terres étendues comme propriétés privées, surtout celles qui sont appropriées pour la création des plantations...Si bien que nous pouvons les rendre plus tard. Vous devez naturellement acheter aussi moins cher que possible. On peut acquérir la terre pour presque rien... ». La « ville » principale et la plus influente, Douala était placée sous l'autorité de deux grandes familles Duala : AKWA et BELL. Le cantonAKWA était dirigé par le RoiAKWA396(*)et JIM EKWALLA de Deïdo. Le canton BELL était dirigé par le Roi BELL397(*) sur la rive gauche du Wouri et le Prince LOCK PRISO398(*) sur la rive droite à Hickorytown ou Bonabéri. Dans les deux grandes familles, les princes de Deïdo et de Bonabéri essayèrent d'affirmer leur indépendance vis-à-vis du RoiAKWA et du Roi BELL.Dans le territoire dénommé « Cameroun » avant la colonisation allemande, aucun souverain ne pouvait revendiquer de fait une autorité suprême sur toute la ville, et cet état ne facilita aucunement l'action allemande ou anglaise. Tableau N° 10 :Évolution et composition de la population de Douala
Source: H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons 1884-1916: A case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In S. ARDENER, Eye-Witnesses to the annexation of Cameroon 1883-1887. Buea 1968, p. 28. Dans cette entreprise, la participation indéniable des commerçants et des négociants allemands dans la prise de contact avec les chefs Duala fut un gage de succès pour l'annexion du pays(A-). Cela aboutira à la signature des différents traités entre les commerçants allemands et les chefs Duala(B-). A. LA PARTICIPATION MAJEURE DES COMMERÇANTS ET NÉGOCIANTS ALLEMANDS DANS LA PRISE DE CONTACT AVEC LES CHEFS DUALAL'histoire de la colonie allemande du Cameroun commence avec les contrats de protection que l'explorateur Gustave NACHTIGAL399(*), en sa qualité de Commissaire de l'Empire allemand, avait conclu le 11 et 12 juillet 1884 avec les différents Kings installés sur les rives de l'estuaire du Wouri à Douala, suivi par le lever du drapeau allemand le 14 juillet 1884 et en final, avec la déclaration du Protectorat allemand. C'est à partir de ces évènements qu'a aussi commencé l'histoire de la soumission du pays et de son ouverture progressive aux sociétés commerciales, tandis que les frontières du protectorat allemand avec les colonies des territoires voisins n'ont été délimitées qu'au cours des années suivantes. En 1911, dans le cadre d'un échange de territoire entre la France et l'Allemagne, ce protectorat s'est encore élargi d'un territoire à l'Est et au Sud, agrandissant ainsi la surface de l'ensemble du Protectorat de plus de la moitié400(*), ce qui veut dire à une étendue qui représentait 1, 3 fois la superficie de l'ancien Empire allemand401(*). La politique coloniale de l'Empire allemand a été dirigée par l'Office Colonial de l'Empire402(*) à Berlin qui n'était, dans ses débuts, qu'un Département Colonial au sein du Ministère des Affaires Étrangères placé cependant directement sous la direction du Chancelier de l'Empire. Dès 1868, les intérêts économiques allemands étaient représentés sur la côte camerounaise par la firme WOERMANN de HAMBOURG. Quelques années plus tard, la firme Jantzen &Thormählen venait s'y ajouter et jusqu'en 1884, ces deux maisons de commerce furent les seules à faire contrepoids aux commerçants anglais présents depuis longtemps.Bien que numériquement plus faibles, leur importance ne cessa de croitre aux dépends de celle des Anglais et dans les dernières années avant l'annexion du Cameroun, leur influence était prédominante. Cette forte position était surtout due à la consolidation de leurs relations commerciales avec les chefs Duala.RAMSAY affirme que le chiffre d'affaires des deux firmes allemandes était égal à celui des sept maisons de commerce britanniques. Le système de crédit ou « trust » permettait d'ailleurs de saisir le comment de cette prédominance. Les engagements considérables des chefs Duala vis-à-vis des firmes européennes les mettaient dans une situation de dépendance403(*). Jusque-là,le poids des firmes allemandes était presqu'exclusivement limité au secteur économique, mais dès 1883, Édouard SCHMIDT, l'agent de WOERMANN, chercha à le doubler d'une influence politique en signant de sa propre initiative un traité avec les chefs Akwa, qui sans êtreun traité de protectorat, lui permettait d'intervenir dans les affaires politiques des Akwa404(*).Il s'agit surtout de trois firmes de Hambourg et de Brême : C.Woermann en 1868 et Thormählen et Jantzen qui fusionnent en 1875. Pour l'heure, BISMARCK ne semble s'intéresser qu'au commerce allemand, écartant toute ambition d'acquisition territoriale. Aussi invite-t-il la France, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie qui ont des intérêts analogues, à constituer un pacte de neutralité entre les nations adonnées au commerce d'outre-mer. De ce club, il écarte les Anglais, parce que, dit-il « leurs principes exclusifs en matière coloniale les tiennent à part ». Quelques jours plus tard, le 24 mai 1884, BISMARCK précise sa pensée : « Si nous ne trouvons pas justice outre-mer auprès de l'Angleterre, il nous faudra bien chercher à entrer plus étroitement en contact avec les autres puissances maritimes, y compris la France. A la longue, l'opinion publique allemande ne supporterait pas l'exclusivisme et l'arrogance de l'Angleterre »405(*). La maison de commerce allemande Woermann avec à sa tête Adolf et ÉdouardWOERMANN(1-) ainsi que celle d'ÉdouardSCHMIDT(2-) auront un rôle majeur à jouer dans la signature des traités Germano-Duala. 1. Adolf et Édouard Woermann - La maison de commerce allemande WoermannLa Woermann-Linie est une compagnie maritime allemande fondée à Hambourg en 1885. Elle est réputée être en son temps l'une des plus importantes compagnies maritimes d'Afrique. Ses activités prennent fin lors de la SecondeGuerre mondiale en 1941. L'origine de la compagnie maritime date de 1849, lors de l'envoi d'un premier navire à voile de la maison de commerce Woermann en Afrique occidentale.WOERMANN ouvre des liaisons maritimes sur les côtes ouest-africaines dans les années 1870. La WoermannLinie ou Ligne Woermann est fondée le 15 juin 1885 par AdolfWOERMANN. L'entreprise assure alors un service de ligne de passagers et de fret vers les colonies allemandes avec deux navires. La flotte est renforcée lors de l'établissement du protectorat du Sud-Ouest africain allemand à partir de 1884. Après la mort d'Adolf WOERMANN en 1911, ÉdouardWOERMANN lui succède. En 1916, il vend la « Woermann Linie » et la « German East Africa Linie » à un consortium composé de HAMBURG AMERICA LINIE, NORDDEUTSCHER LLOYD et HUGOSTINNES. Un an après la prise du pouvoir par le parti nazi, la réorganisation du transport maritime en 1934, conduit à la division des grands groupes de transport maritime. HAPAG406(*)et NorddeutscheLloyd ont dû remettre leurs parts de la ligne Woermann au ReichAllemand.En 1941, le Reich vend ces actions au fabricant de cigarettes PhilippF.REEMTSMA, ils les cèdent à l'armateur JohnT.ESSBERGER. Après la guerre, ce dernier continue les lignes africaines allemandes, mais pas la ligne Woermann407(*). Adolf WOERMANN avait succédé à son père en 1880 comme président de la firme C. Woermann ; fondée en 1837, cette firme commence ses opérations commerciales en Afrique Occidentale dès 1849. On la trouve, en 1868 au Cameroun où, par le concours qu'elle apporte à la Cour d'Équité, elle collabore loyalement avec les anglais au maintien de la paix sur la côte. En 1884, AdolfWOERMANN devient membre du Reichstag sous l'étiquette du Parti National Libéral. Mais, bientôt, l'accroissement du commerce colonial, le mouvement des affaires et la crainte qu'il avait de voir les anglais prendre le Cameroun, mettent WOERMANN sur la voie de l'occupation de ce Territoire par les allemands. Sa plus grande fortune dans ce domaine, fut l'estime et l'admiration dont il jouissait auprès de BISMARCK. Il pouvait ainsi correspondre directement avec le Chancelier, dédaignant les voies hiérarchiques pourtant très vivement recommandées par le Gouvernement impérial.C'est donc en utilisant le biais de ses rapports personnels avec lui, qu'il put amener BISMARCK à adopter ses points de vue sur la nécessité de protéger le commerce allemand au Cameroun et sur les problèmes posés par le traité anglo-portugais touchant le fleuve Congo. En faisant rédiger par son frère ÉdouardWOERMANN, puis signer par les chefs Duala, des textes soigneusement préparés d'avance et que NACHTIGAL n'avait plus en fait, qu'à rendre publics, WOERMANN assura inévitablement le succès de la mission de ce dernier. Par la suite, il sut si bien entourer les premiers représentants du Gouvernement impérial au Cameroun qu'après avoir mis ses bateaux à la disposition de NACHTIGAL à son arrivée à Douala, il ne se priva pas du plaisir d'offrir son comptoir comme résidence à BUCHNER, récemment nommé gouverneur de la nouvelle colonie, en remplacement de Nachtigal que d'autres missions appelaient ailleurs. Au Reichstag où il siégea de 1884 à 1890, Adolf WOERMANN fut l'incarnation même du colonialisme ; sa seule préoccupation était de dégager ses affaires de tout frein législatif, étant donné le grand nombre des membres du reichstag qui ne demandaient qu'à voir toute tentative de colonisation sombrer dans un complet échec. La firme Woermann avait en effet de très gros intérêts à sauvegarder en AfriqueOccidentale, en AfriqueOrientale, en Nouvelle-Guinée et au Cameroun. Dans ce dernier territoire, son plus grand désir était de voir ouvrir le plus largement possible l'arrière-pays aux activités commerciales ; aussi demanda-t-il que lui fut confié un monopole commercial sur des régions déterminées.C'est dans ces conditions que la maison Woermann fonda la première grande plantation de la colonie, avant de devenir plus tard directeur dans d'autres plantations, et participer aux activités de la « Gesellschaft Sud-Kamerun » qui venait de recevoir de très grosses concessions commerciales dans le Territoire. Le nombre des stations commerciales appartenant à la firme Woermann s'était ainsi accru et représentait en 1905, une trentaine d'unités. Grâce aux crédits avantageux qu'elle accordait très largement aux indigènes de Douala, la firme Woermann put disposer de gros atouts contre les autres commerçants, les sommes importantes que lui devait par ce biais la famille BELL lui donnèrent, dit-on, l'occasion de patronner cette dernière et d'en faire pratiquement un instrument à son service... Parallèlement à ses autres activités, la firme Woermann voyait le nombre de ses bateaux s'accroître très vite, passant de 15 en 1896 à 35 en 1903. WOERMANN ne manqua pas de s'en servir à des fins de propagande pour intéresser ceux qui étaient encore hésitants, aux réalisations actuelles ou simplement potentielles de la colonie ; en homme d'affaires averti, il savait comment toucher les personnalités ou les organismes dont le témoignage pouvait être décisif pour l'avenir du mouvement colonial. C'est en ce sens qu'il faut interpréter les conditions très favorables qu'il consentait pour le transport des missionnaires se rendant au Cameroun ou en revenant, de même le voyage gratuit qu'il offrit au Cameroun en 1896 à neuf membres du Reichstag, enfin le transport gratuit jusqu'à Hambourg du premier chargement du coton récolté au Cameroun ; ce furent autant d'efforts pour encourager ce qui se faisait sur place, et convaincre ceux des allemands qui pouvaient encore en douter, que l'entreprise coloniale au Cameroun était loin d'être un échec. C'est dans le même esprit que, l'un des tout premiers, il préconisa pour la colonie du Cameroun le rail comme moyen de transport. Il devait devenir par la suite, membre du Consortium chargé de financer la construction du premier chemin de fer du Territoire. Mais, le monopole qui lui avait été accordé sur une très grande concession en 1889 lui ayant été retiré dès 1893, il ne se consacra plus dès ce moment, qu'à celui qui lui fut reconnu en échange sur la ramie408(*). Là, son esprit inventif sut également s'affirmer ; il songea tout de suite aux possibilités de mettre sur pied une machine pour travailler la fibre de cette plante. WOERMANN donna jusqu'à mille marks à la Société Coloniale pour contribuer à des recherches en ce sens, alors que les autres hommes d'affaires n'y contribuaient que pour cinq, dix, quinze et au maximum vingt marks ; il est vrai qu'en cas de succès, c'est WOERMANN qui aurait retiré le plus grand bénéfice de cette invention...Cet homme qui disait de lui-même qu'il n'était bon que pour les affaires et nullement pour autre chose, n'admettait guère d'ingérence dans ce domaine de la part du Gouvernement ; il eut souvent l'occasion de développer cette théorie, en particulier, lorsque le gouvernement local tenta d'interdire la pratique des crédits jusque-là accordés aux indigènes par les firmes. Sa méthode avait toujours été de gagner les autochtones par la douceur, même s'il fallait pour cela, faire du tort aux autres commerçants ; son opposition à toute idée de violence l'amena à demander, assez cyniquement d'ailleurs, que l'on se servit des missionnaires pour briser l'hostilité des indigènes à l'égard des blancs, au lieu de recourir à la force. Pour lui, cette dernière méthode ne pouvait apporter aux affaires que déboires et insuccès. Avec l'arrivée sur la côte du Cameroun de commerçants toujours plus nombreux, l'influence de WOERMANN déclina peu à peu ; il était de moins en moins regardé comme seul interlocuteur en matière de politique ou d'économie coloniale. Quels que soient les reproches souvent formulés contre lui par les autres commerçants, quels que soient même les torts réels qu'il a pu, à certains moments, causer aux progrès du commerce, AdolfWOERMANN n'en fut pas moins l'un des plus grands pionniers du développement économique du Cameroun. Il laisse, en tout cas, le souvenir d'un homme d'affaires dont les vues très larges dans le domaine des activités coloniales ont certes mis en relief le sens aigu qu'il avait de ses intérêts, mais qui, par bien d'autres côtés, a démontré que la recherche de l'intérêt personnel était compatible avec une politique de paix, et une conception satisfaisante des rapports entre indigènes et colonisateurs. Mais, WOERMANN ne fut pas le seul à représenter les intérêts coloniaux au Cameroun ;il y avait aussi, au moment de l'occupation, la firme Jantzen und Thormählen. Jantzen comme Thormählen furent d'abord agents de la firme Woermann au Cameroun ; c'est avec leur concours que fut créée la première plantation Woermann à Edéa. AdolfWOERMANN à Hambourg et Lüderitz à Brême présidaient aux destinées des grosses firmes commerciales. Le 06 juillet 1883, la chambre de commerce de Hambourg présidée par le célèbre ADOLF WOERMANN produisit sur les intérêts allemands en Afrique un mémoire qui trouva un écho favorable en Allemagne409(*). Pour accélérer les choses, le conseiller privé de BISMARCK, à savoir Heinrich VON KUSSEROV, qui soutenait la propagande coloniale allemande, adressa au chancelier, le 30 novembre 1883, deux rapports : l'un sur les desiderata des milieux coloniaux et qui se fondait sur le traité de paix conclu en mars 1883 à Douala par King BELL et King AKWA avec le consul anglais de la place410(*), l'autre sur le plan d'urgence destiné à « court - circuiter » les Anglais et à établir un protectorat allemand sur le Cameroun. VON KUSSEROV proposa donc dans ce second rapport d'envoyer d'urgence un émissaire allemand pour négocier directement ce protectorat avec les chefs locaux à Douala411(*). BISMARCK approuva cette proposition et, sur ses instructions, Gustave NACHTIGAL, alors consul général d'Allemagne à Tunis, s'embarqua à Lisbonne le 1er juin 1884 à bord de la Möwe, accompagné de Max BUCHNER, un grand explorateur de la région congolaise. Il était notamment chargé de négocier des arrangements qui permettraient à l'Allemagne de contrôler des territoires acquis avant et après son arrivée, de hisser le drapeau allemand, et de déclarer que les firmes allemandes avaient passé des traités avec les chefs indigènes412(*). Des instructions confidentielles furent ensuite envoyées aux commerçants allemands à Douala pour qu'ils préparent l'arrivée de Gustave NACHTIGAL. C'est ainsi qu'ils commencèrent à faire des propositions aux chefs concernant l'acceptation du protectorat allemand413(*). La très active firme Woermannde Hambourg, se montra si entreprenante qu'elle entra dans les bonnes grâces des chefs Duala dont elle obtint en 1881, le droit d'établissement sur la côte ; c'était la deuxième fois depuis le début du siècle, qu'un commerçant européen bénéficiait d'un tel privilège. Il faut dire que pour arriver à ses fins, la firme Woermann, aidée par ses gros moyens, n'avait ménagé ni dons en nature, ni même concurrence déloyale, toutes mesures auxquellesles chefs de la côte ne pouvaient être insensibles. Ayant donc acheté un terrain à Deïdo, elle y construisit une factorerie, la première installée dans une localité de la mouvance d'un chef Duala. La grande arme employée par la firme Woermann fut le système du crédit, dont les autres firmes dénonçaient de plus en plus les abus, mais que WOERMANN soutenait très farouchement ; cette firme avait donc pris de très gros risques qui lui auraient sans aucun doute, causé des pertes énormes si, au lieu des allemands, les anglais ou les français avaient occupé le territoire du Cameroun en 1884414(*). Édouard SCHMIDT était le commerçant à la tête de la maison de commerce allemande Jantzen et Thormählen. * 394 Par groupe « Duala », nous entendons les descendants de ces ancêtres aventuriers partit du bassin du Congo entre le XIIIème et le XIVème siècle pour se fixer dans la partie orientale du Golfe de Guinée appelée « Baie de Biafra ». Nous regroupons donc autour de ce tronc commun, les lignages dont l'histoire et les traditions font ressortir une parenté plus ou moins proche à savoir: les Duala stricto sensu, les Jebalè, les Malimba, les Pongo-Songo, les Dibongo, les Bodiman, les Ewodi, les Pongo, les Mongo, les Abo, les Kôlè, les Longase, les Batanga, les Isubu, les Bakweri. Cité par Prince NGANDO EBONGUE AKWA, « Succession des Rois et Chefs Supérieurs Akwa ». Article publié sur le site https://Deïdobonebela.blog4ever.com en mai 2014 et consulté le 04 février 2021. * 395 H. R. RUDIN, Germans in the Cameroons 1884-1916: A case Study in Modern Imperialism, New Haven: Yale University Press, 1938, p. 36. In Shirley ARDENER, Eye-Witnesses, op. cit., p. 22. * 396 NGANDO MPONDO. * 397 NDOUMB'A LOBÉ. * 398 KUM'A MBAPÉ. * 399 1834-1885. * 400 NeuKamerun. * 401 Voir E. MVENG, Histoire du Cameroun, Paris, Présence Africaine, 1963. - Prince KUM'A NDUMBE III (Éditeur), L'Afrique et l'Allemagne de la Colonisation à la Coopération 1884 - 1986 (Le cas du Cameroun), Yaoundé,1986. - A. OWONA, La naissance du Cameroun (1884 - 1914), Paris, 1996. - S. MICHELS (Éditrice), Imagined Power contested. Germans and Africans in the Upper Cross River Area of Cameroon (1887 - 1915), Munster, 2004. - P. B. ESSOMBA, Voies de communication et espaces culturels au Cameroun sous domination allemande (1884 - 1916), Thèse de Doctorat d'État, Université de Yaoundé, 2004/ 2005. - S. MICHELS (Éditrice), « La politique de la mémoire en Allemagne et au Cameroun » - Accès du colloque à Yaoundé, octobre 2003, Munster, 2005. - A. GOUAFFO, Wissens - Und Kulturtransfer im Kolonialen Kontext: Das Beispiel Kamerun - Deutschland (1884 -1919), Saarbrücken, 2007. - Prince KUM'A NDUMBE III, Das Deutsche Kaiserreich in Kamerun. Wie Deutschland seine Kolonialmacht aufbauen konnte (1840 - 1910), Berlin, 2008. * 402 Reichskolonialamt ou Office Colonial de l'Empire. * 403 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916), Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken,1982, p. 72. * 404 Ibid., pp. 72-73. * 405 L.-P. NGONGO, Histoire des institutions et des faits sociaux du Cameroun, TOME I : 1884-1945, Collection : Mondes en devenir, Berger-Levrault, 1984, pp. 16-18. * 406 Hamburg America Linie. * 407 J. BLANKENBURG, « Conférence sur l'histoire du Rotary Club Hamburg Steintor », [archive], 2005.Article publié sur le site https://www.rotary.org et consulté le 10 avril 2020. * 408 A cette époque, la ramie était la fibre d'avenir, destinée à révolutionner l'industrie textile. Le Comité économique ordonna des études à ce sujet dans le protectorat du Cameroun ; c'est à la suite de ces études que Woermann obtint un monopole de 10 ans sur l'exploitation de la ramie. * 409 A. P. TEMGOUA, Le Cameroun à l'époque des Allemands (1884 - 1916), L'Harmattan Cameroun, 2014, pp. 15-18. * 410 A. WIRZ, Vom Sklavenhandel zum Kolonialenhandel: Wirtschaftsraume und Wirtschaftsformen in Kamerun vor 1914, p. 51. Le texte de ce traité se trouve dans J.-R. BRUTSCH, « Les traités camerounais », in Études Camerounaises, 47 - 48, mars-juin 1955, p. 31. * 411 Bundersarchiv Berlin, R 1001, Nr. 4447 ; voir aussi A.P. OLOUKPONA - YINNON, ... Notre place au soleil ou l'Afrique des pangermanistes, Paris, L'Harmattan& Togo, Éditions Hoha, 1985, p. 47. * 412 Homme calme et pondéré, Gustave NACHTIGAL connaissait admirablement la mentalité africaine qu'il avait pu étudier durant ses explorations du Bornou et du Tchad. * 413 M. BUCHNER, Aurora Colonialis. Brüchstücke eines Tagebuches aus dem ersten Begin unserer Kolonialpolitik, (1884 - 1885), Munchen, Piloty & Loehle, 1914, pp. 118 - 119. M. BUCHNER, Deutsche Kolonialzeitung, 11, 1885, pp. 343- 344. * 414 F. ETOGA EILY, Sur les chemins du développement. Essai d'histoire des faits économiques du Cameroun, Centre d'édition et de production de manuels et d'auxiliaires de l'enseignement, 1971, p. 102. |
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