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L'administration coloniale allemande et les pouvoirs politiques traditionnels Duala et Bamun (1884-1916): une analyse de l'histoire politique du Cameroun


par Winnie Patricia Etonde Njayou
Université de Douala - Doctorat 2023
  

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PARAGRAPHE I :L'ORIGINE DU PEUPLE DUALA ET SA STRUCTURE SOCIALE

L'organisation politique et sociale se fondait sur la parenté, puisque chaque communautése réclamait généralement d'un ancêtre commun ; il en était de même pour le peuple Duala.Tous les Duala avaient pour ancêtre commun « EWALE », fils de MBEDI. C'est la déformation du nom de l'ancêtre qui donna plus tard Duala.

Vraisemblablement jusqu'en 1810, les Duala étaient tous sous l'autorité d'un chef unique, issu du lignage BELL ; l'Anglais ROBERTSON de passage à Douala vers cette époque dit qu'un « indigène » qui se fait appeler King BELL détient l'autorité principale.King BELL était donc reconnu comme étant le seul chef supérieur des Duala puisqu'il était à l'époque le seul à porter le titre de « King ».

Mais dès 1814, KingBELL trouvait son pendant en la personne de « Ngand'a Kwa du lignage Bonambela » ; ce dernier, à la suite de dissensions au sein de la branche BELLqui s'était en quelque sorte affaiblie, avait réussi à se rendre indépendant et portait désormais le titre de « King ». Ce phénomène de segmentation, défini par LOMBARD comme étant un système selon lequel les groupes familiaux inférieurs se divisent pour former les uns vis-à-vis des autres,des unités antagonistes, fut sans doute une caractéristique de l'ethnie Duala.En effet, au sein des branches Bell et Bonambela va se produire au milieu du 19ème siècle une nouvelle scission, et les deux Kings devaient désormais compter avec les chefs de leurs sous-lignages280(*).

La communauté villageoise était constituée par des groupes patrilinéaires et représentait une unité politique avec à sa tête le « sango a mboa » qui signifie le père de la maison. La chefferie en tant qu'institution coutumière était reconnue mais son organisation était peu marquée. Le pouvoir était partagé entre segments du groupe ethnique. Le chef de segment le plus ancien était accepté comme chef de la communauté ; il jouissait certainement d'un plus grand prestige mais n'était en fait qu'un « primus inter pares ». Pour garantir la cohésion des différents segments, il existait une institution appelée « Ngondo » qui représentait l'ethnie dans sa totalité et qui allait ainsi281(*) au-delà de l'autorité détenue par les Kings et les chefs.

Créé vers le début du 19ème siècle par King AKWA, le« Ngondo », cette assemblée du peuple Duala, était convoqué chaque fois qu'un évènement menaçait l'unité ethnique ou que l'ethnie devait faire face à une menace extérieure. La présidence du « Ngondo » revenait tour à tour aux chefs des deux principales branches, c'est-à-dire aux deux Kings.

Cependant, l'autorité du « Ngondo » ne semblait pas très importante face à celle de ces derniers282(*). Du point de vue économique, les Duala pratiquaient l'agriculture, la chasse, l'artisanat et la pêche, activités qui leur permettaient de couvrir leurs propres besoins ; mais très tôt,ils s'orientèrent vers le commerce...

Les principaux produits du trafic étaient l'huile de palme et l'ivoire ; ils étaient échangés contre les rames à feu, la poudre, la verroterie .... Ils comprirent surtout après leur installation définitive sur le fleuve Wouri qu'ils ne pouvaient pas que vivre des produits de la pêche. Alors, ils conquirent de vastes territoires dans l'Hinterland où ils installèrent leur plantation car ils avaient besoin de matières premières pour leur propre consommation et pour le commerce avec les Européens. Ils possédèrent de vastes plantations dans le Nkam, le Mungo, la Sanaga-Maritime et le Sud-Ouest. Le commerce d'esclaves aussi faisait partie de leur principale activité économique et fut abolie au début du 19ème siècle par les missionnaires anglais notamment Alfred SAKER283(*).

En 1843, avec sa femme, Alfred SAKER est engagé comme missionnaire par la Société missionnaire baptiste et prend un bateau pour la Jamaïque, avant d'arriver à Port Clarence (Malabo) sur Fernando Poo (île de Bioko, Guinée équatoriale) en 1844284(*). En 1845, il rejoint Douala au Cameroun et y fonde une école285(*). En 1849, Alfred SAKER fonde l'église baptiste Béthel286(*). Alfred SAKER fonde la ville de Victoria (aujourd'hui Limbé) au Cameroun en 1858287(*). Dans ces actions d'évangélisation, il traduit la Bible en langue Duala288(*). Un monument à sa mémoire a été érigé à Limbé, à l'occasion du centenaire de la ville (1858-1958).

Les lieux suivants portent son nom :

· A Limbé : Le Collège Baptiste Saker et l'Église baptiste Alfred Saker.

· A Douala : Le Collège Alfred Saker Deïdo et la Rue Alfred Saker à Douala.

Les Baptistes sont les premiers missionnaires chrétiens à s'installer de façon permanente au Cameroun en 1843. En juillet 1884, ce territoire est sous la coupe de l'Allemagne. Les premières manifestations de la compétition missionnaire sur le terrain s'observent à Douala, dès le débarquement en 1890 de missionnaires allemands appartenant à la société des prêtres Pallotins. À leur arrivée, les Baptistes et les Bâlois ont déjà un grand nombre d'adeptes sur la côte camerounaise, principalement à Douala et à Victoria289(*). Jesko VON PUTTKAMER, alors gouverneur par intérim les accueille290(*). PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur ZIMMERER...Il exprime sa joie de voir des missionnaires catholiques travailler aussi, aux côtés du gouvernement allemand, à la « mission civilisatrice » des peuples du Cameroun291(*). Il veut savoir où les Pallotins auraient l'intention de commencer leur oeuvre d'apostolat.

Mgr VIETER lui répond que WOERMANN à Hamburg leur avait conseillé Édéa292(*). En réalité, le directeur de ladite compagnie commerciale avait fait valoir qu'aucune autre mission n'était installée en ce lieu293(*). De plus, Édéa est en communication, par le fleuve, avec Douala et peut être considérée comme une porte d'accès facile vers l'intérieur du pays. En fait, WOERMANN (protestant) avait l'intention d'y ouvrir une factorerie et pensait que la présence des missionnaires dans cette localité relativement peuplée attirerait une clientèle autochtone importante294(*). Dans ses mémoires, Mgr VIETER lui-même révèle que l'agent.... Mais, Jesko VON PUTTKAMER, partisan de la politique religieuse de BISMARCK en matière de division du territoire en zones d'influence confessionnelle295(*)296(*).

La principale raison réside dans le fait que les Baptistes, les missionnaires de la Mission de Bâle et les Presbytériens américains sont à l'oeuvre sur la côte du Cameroun et ses environs, depuis quelques dizaines d'années. Les Presbytériens sont au Sud ; tandis que les Baptistes et les Bâlois occupent Douala, Sanaga, Victoria et ses environs. Il ne reste que la région située au Nord de ce territoire. C'est donc celle-ci que le gouverneur propose aux Pallotins297(*). Son intention est de partager le territoire du Cameroun entre ces quatre sociétés missionnaires, afin d'éviter les querelles religieuses.En réaction à cette proposition, le Père WALTER fait vivement savoir au gouverneur que son projet de partage du territoire en « zones d'influence confessionnelle » est contre les décisions de la Diète298(*).

Du côté de la direction de la Mission de Bâle, le pasteur BOHNER, ayant appris l'arrivée des Pallotins, s'oppose à leur installation, aussi bien à Douala qu'à Édéa299(*). Il la dénonce « comme un danger au même titre que l'alcool »300(*). Dans la logique des Bâlois, la partie Nord du littoral camerounais devrait demeurer la « chasse gardée » de leur société missionnaire. BOHNER le signifie d'abord au gouverneur, puis aux deux Pères, après sa démarche infructueuse auprès de l'autorité allemande301(*). Mais les Pallotins opposent une résistance tant à VON PUTTKAMER qu'au missionnaire bâlois, dont l'intention commune est de partager le Cameroun entre catholiques et protestants.

Mgr VIETER s'en explique :« Je voulais éviter à tout prix un partage. J'aurais préféré rentrer en Europe plutôt que d'accepter du gouvernement un petit coin du Cameroun avec interdiction de pénétrer dans les territoires où travaillaient les protestants »302(*). Le vicaire apostolique du Cameroun tient à affirmer la catholicité de sa Mission. Il ne peut en être autrement à ses yeux, car le droit de limiter, d'accroître ou de diviser quelque territoire missionnaire catholique que ce soit n'appartient qu'à Rome303(*)304(*).

Longeant la côte un peu plus au sud, ceux-ci remontent le fleuve Sanaga et s'établissent, non loin de son embouchure, sur une colline à laquelle ils donnent en 1890, le nom de « Marienberg » ou Montagne de Marie305(*). C'est en fait à partir de là, qu'ils essaiment d'abord à Édéa (1891), Kribi (1891), Engelberg ou Bojongo (1894). Puis, ils prennent pied à Grand-Batanga (1900), Yaoundé-Mvolyé (1901), Ikassa (1906), Einseideln ou Sasse (1907), Victoria (1908), Ngovayang (1909), Dschang (1910), Ossing (1912), Minlaba (1912), Deïdo (1913)306(*).

Les progrès sont plus rapides encore dès que, avançant vers l'intérieur, ils sont en contact avec le groupe « béti » de la région de Yaoundé307(*)Néanmoins, c'est sur la côte et les environs du mont Cameroun que les Pallotins allemands ont la plupart de leurs Missions308(*). Il faut attendre jusqu'en 1898 pour qu'ils puissent retourner à Douala et y prendre pied. Ils ont désormais dans leur jeu plusieurs atouts. L'Allemagne qui n'a que peu de colonies peut consacrer à ceux-ci des moyens financiers et matériels capables de les développer rapidement. La nouvelle congrégation missionnaire, selon Maurice BRIAULT, « apparaît (donc) aux 27 millions de catholiques allemands comme l'une des rares qui se situent nettement sous leur pavillon national »309(*). Cette donnée encourage leur générosité. Ensuite, les autorités coloniales allemandes du Cameroun, se réglant sur l'esprit de Berlin, ne se montrent à l'égard des Pères Pallotins et leurs oeuvres, ni tracassiers, ni méfiants. Parfois même, elles les encouragent ouvertement310(*).

Avec l'arrivée des missionnaires, les Duala traversent une période de renouvellement culturel vu que ceux-ci abhorraient la plupart des pratiques locales, y compris la nudité. Ajouté à l'embarras qu'avait leurs épouses faces aux jeunes filles nubiles se mouvant peu couvertes devant leurs époux, il ne fallut pas longtemps pour qu'il soit inculqué aux femmes que seule une tenue décente plaisait au Seigneur. C'est ainsi que celles-ci commencent à se vêtir d'une couverture rugueuse qu'elles appelaient en leur dialecte « kaba », une déformation du mot anglais « cover ». Ce grand sac avec des ouvertures pour la tête et les bras fût le premier vêtement indigène, développé sous l'influence des européens.

Ayant appris les arts ménagers et la couture de Helen SAKER311(*), c'est au début du 20ème siècle alors que la mode victorienne battait son plein (grandes jupes sous des corsages à même le corps) que les autochtones ont commencé à créer, tailler et coudre leurs propres « couvertures ».

La coquetterie féminine fit le reste et peu à peu elles mirent en pratique leur sens du goût et du style en transformant le sac difforme original en un vêtement Duala authentique et sophistiqué. Il est rapporté qu'au milieu des années 1940, seules les femmes âgées portaient des « kaba », non seulement en signe de maturité mais aussi de prestige, car il fallait beaucoup d'argent pour se procurer autant de tissu.

L'import du tissu était de plus en plus fréquent avec les familles et les communautés faisant produire des tissus portant l'emblème ou le totem familial en signe d'appartenance. Voilà pourquoi le « kaba » des « Bonamikengué » a des fourmis comme motif, celui des « Bonadoumbé » a une houe et des feuilles de manioc tandis que celui des « Akwa » porte les 20 villages qui forment le canton.

Au fil des années donc, il eut une explosion des barrières régionales, culturelles, linguistiques, sociales et géographiques du « kaba » qui pourtant n'a pas toujours eu la notoriété dont il jouit aujourd'hui.

En effet, les deux décennies qui ont suivi l'indépendance étaient plutôt sombres pour le « kaba » qui s'est vu relégué au fond des placards, porté que pour les travaux ménagers, les enterrements et les jeunes filles le trouvaient disgracieux et pour les grand-mères.

Dans les années 1980, les tailleurs exerçant dans les marchés renversent la tendance créant ainsi le « mini-kaba ». Dans les années 1990, les stylistes modélistes exploitent cette tendance lucrative. La camerounaise Ly DUMAS étant la plus prisée car elle utilisait de merveilleux tissus comme le « Ndop » et était la première à exporter notre vêtement national. Autres créateurs de renommée internationale tels que PACO RABANNE, Parfait BEHEN, Caroline BARLA (et sa fameuse collection révolutionnaire de « kaba » en jean sous le label « Caramelle »), Rodrigue TCHATCHO et CHRISTALIX ont été subjugués par l'originalité du « kaba » qu'ils ont présenté sous plusieurs modèles haute couture.

Un festival annuel « Lambo la tiki » permet à des jeunes créateurs de relooker à chaque édition le « kaba ngondo » classique le rendant ainsi une tenue appropriée pour toutes les occasions ! Dans « Le Paradis Tabou », Valère EPEE explique qu'il existe plusieurs types de « kaba » à savoir : le « kaba » de cérémonie «mindènè», le « kaba » élégant «mukuku» et le « kaba » de maison « Misodi ». L'ensemble complet a emprunté des accessoires à d'autres cultures: l' « ébasi » européen, le « jupon » Togolais et l'écharpe « Igbo », jetée avec élégance sur l'épaule gauche. Grâce à sa popularité, le « kaba » est non seulement la tenue officielle du « Ngondo » depuis les origines des assises traditionnelles (d'où le nom « kaba ngondo »), mais il est également devenu un costume national féminin, porté lors de toutes sortes d'évènements.La « couverture » du 19ème siècle a fait du chemin ! Tout comme le « Ndolè » et le « Makossa », le « Kaba Ngondo » fait désormais partie de notre patrimoine national312(*).

Sur le plan de la spiritualité, le peuple Duala est un peuple animiste comme tous les peuples Bantou. Ils pratiquaient le culte des « Miengu » au singulier ou « Jengu » au pluriel qui sont des divinités aquatiques, à qui les Duala vouent un culte afin qu'ils intercèdent pour eux auprès du « NyambeWeke » ou le « Dieu créateur » afin qu'il accorde sa bénédiction.Chaque année,le 1er dimanche du mois de décembre, les « Sawa »313(*) se réunissent à Douala pour la messe de l'eau et l'immersion du vase sacré qui est la dernière articulation du « Ngondo ».

Le « Ngondo » est l'Assemblée traditionnelle du peuple Sawa. Autrefois, il jouait le rôle de gouvernement car c'est lui qui gérait tous les conflits concernant le peuple. Il y existe un certain nombre de sociétés secrètes dont : le « Mingi », l'« Ekongolo », etc...

En conclusion, les Duala sont des animistes mais reconnaissent l'existence d'un Dieu créateur appelé « Nyambe »314(*).Partant de là, nous nous sommes interrogés sur les origines du peuple « Duala »(A-) et les différents cantons qui le constituent (B-).

A. L'ORIGINE DU PEUPLE « DUALA »

Le peuple Duala fait partie du grand groupe ethnique Bantou. Partis de l'Égypte, ils longèrent le continent et s'installèrent dans un premier temps dans l'ex-Zaïre et y fonde une tribu appelée « Batoka » ; à la fin du 12ème siècle, une rixe éclata et le groupe se divisa : une partie prit le large et remonta l'estuaire. Une autre partie du groupe s'arrêta dans l'actuel Gabon et l'autre continua. L'histoire légendaire nous dit qu'ils ont chaviré et ont été accueillis à « Pitti » dans le département de la Sanaga-Maritime, leur chef était appelé MBEDIMBONGO.

Ils y rencontrèrent leurs frères arrivés avant eux du nom de NGASSEMBONGOqui les accueillit et ils cohabitèrent avec les « Mpo'o »315(*) . « Pitti » était un grand marché où Mbedi et sa troupe fournissaient le poisson316(*), les Bassa et les Mpo'o apportèrent du gibier et les produits de l'agriculture.

Un jour, lors de l'expédition de pêche, deux fils de MBEDI voyèrent dans le fleuve des peaux de bananes qui venaient du haut et alors, ils y sont allés et rencontrèrent d'autres clans Mpo'o et Bassa plus loin.Après la mort de MBEDI MBONGO, le groupe conduit par EWALA MBEDI, fils cadet de MBEDI MBONGO, alla s'installer à l'actuelle « Longasse » chez leur oncle NGASSE MBONGO.

Le problème d'espace se posa, alors les fils de MBEDIMBONGO s'éparpillèrent et allèrent occuper des terres dans l'actuel Littoral et y formèrent des clans autonomes. EWALE et son grand frère JONGO allèrent s'installer dans l'actuel plateau Joss et dans les zones de « Youpwe ». Ils y trouvèrent les « Mpo'o » qui leur céda quelques terres car leur mère était elle-même une « Mpo'o ».

Les livres d'histoires scolaires nous disent qu'il y eut une guerre entre ces deux peuples mais cette version des faits est fausse car un petit groupe de 10 à 20 personnes ne pouvait faire la guerre à plus d'un millier de personnes. Les Duala ont entrepris une série d'alliances et de mariages avec des filles « Mpo'o » et Bassa.

Ils prirent le contrôle économique car ils étaient d'excellents commerçants ; ils traitaient avec les Européens depuis leur départ du Zaïre.Ils imposèrent leur religion et leur culte. C'est ainsi qu'ils prirent le contrôle des territoires et obligèrent les deux autres peuples à aller chercher leur autonomie ailleurs317(*).

Partant de là, quelle est la signification du mot « Duala » (1-) et quels sont les toponymes lies au mot Duala(2-) ?

1. Que signifie le mot « Duala » ?

Le mot « Duala » est la forme contractée de « Doul'Ewala » qui signifie la rive ou l'embouchure d'EWALA MBEDI318(*)319(*). Pour le commun des habitants de Douala, le nom de cette cité est une altération phonétique d'EWALÉ, nom de l'ancêtre éponyme des Duala.

Cette version est contestée par EBÉLÉ WEI qui, dans l'ouvrage « Paradis tabou, autopsie d'une culture assassinée », professe que : « La ville de Douala qui (...) porte officiellement son nom actuel depuis le décret colonial allemand du 1er janvier 1901, le portait déjà rituellement depuis 1578 par la grâce de son fondateur Ewalé quand celui-ci installa son peuple au bord du Wuri (Wouri), en un lieu qu'ils baptisa péremptoirement Madu M'Ewalé ou l'embouchure d'Ewalé (situé entre l'estuaire et le plateau Joss, et plus tard étendu vers l'Aqua Beach, aux alentours de Bonamouti). MaduM'Ewalé progressivement simplifié en Madumalé, est la forme plurielle de Dul'Ewalé, simplifiée en Duwalé qui par la « faute » du génitif « A » de Duwal'A Mbedi est devenu Duala.

Dès lors, l'on peut considérer comme une anecdote ou un simple jeu de mots l'hypothèse situant l'étymologie de Duala à l'exclamation « Dua, Ala ! » (« Démarre, vas-y ! ») qui n'a rien à voir avec le débarquement des fils d'Ewalé, et encore moins avec le patronyme de l'ancêtre donné au site par voie de baptême »320(*).

Par ailleurs, quels sont les toponymes liés au mot « Duala » ?

* 280 J. GOMSU, Colonisation Et Organisation Sociale. Les Chefs Traditionnels Du Sud-Cameroun Pendant La Période Coloniale Allemande (1884-1916). Thèse De Doctorat De 3ème Cycle, Université De Metz, Faculté Des Lettres Et Sciences Humaines, Saarbrücken, 1982, pp. 55-56.

* 281 Du moins théoriquement.

* 282 NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Bali/ Je Nde Nyai Seto Dibanga/ ndola-bali.asso-web.com/27-le-peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 283Ibid., pp. 55-57.

* 284W. H. BRACKNEY, Historical Dictionary of the Baptists, Rowman & Littlefield, USA, 2021, p. 525.

* 285F. B. NYAMNJOH, Regional Balance and National Integration in Cameroon: Lessons Learned and the Uncertain Future, African Books Collective, UK, 2011, p. 198.

* 286R. E. JOHNSON, A Global Introduction to Baptist Churches, Cambridge University Press, UK, 2010, p. 200.

* 287ENCYCLOPEDIE BRITANNICA, Alfred Saker [archive], britannica.com, USA, consulté le 11 aout 2018.

* 288J. VAN SLAGEREN, Les origines de l'Église évangélique du Cameroun: missions européennes et christianisme autochtone, Brill Archive, Netherlands, 1972, p. 29.

* 289Mgr H. VIETER, « Chronique de la Mission catholique du Cameroun 1890-1895 », transcrit par H. SCHULTE, Limburg a.d.Lahn, 30 novembre 1955, p. 4. Voir S. EYEZO'O, « Politique coloniale , compétition missionnaire et division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158. 

* 290Ibid., p. 13. PUTTKAMER assure l'intérim du gouverneur ZIMMERER.

* 291Ibid.

* 292Ibid.

* 293Archives de la Congrégation du Saint-Esprit (CSSP), 2J1.1a., P. BERGER, « Les origines spiritaines des Missions Catholiques du Cameroun ».

* 294Ibid. Dans ses mémoires, Mgr VIETER lui-même révèle que l'agent principal de la firme Woermann partit avec ses confrères et lui, car il devait ouvrir une succursale à Édéa. Cf. Treize années de souvenirs au Cameroun 1890-1903, p. 10.

* 295 La position de BISMARCK à cet effet était claire : « Il n'est pas bon, du reste, que les missionnaires des différentes religions agissent simultanément au même endroit ». En d'autres termes, les catholiques ne peuvent s'établir au Cameroun, si les protestants de Bâle y sont déjà ; à moins de s'installer dans une autre zone. Arch. CSSp., Cameroun, 2J1.1a, Anonyme, « Parlement allemand, les missionnaires dans les colonies allemandes », 

Le Monde, 29 novembre 1885.

* 296 Mgr H. VIETER, Chronique de la Mission catholique du Cameroun, p. 4.

* 297Ibid.

* 298Ibid.

* 299Ibid.,p.14.

* 300 « Missions Freund », 1890, p. 47, in R. STUMPF, La politique linguistique au Cameroun de 1884 à 1960. Comparaison entre les administrations coloniales allemande, française et britannique et du rôle joué par les sociétés missionnaires, Berne-Francfort-sur-le-Main et Las Vegas, 1979, p. 49.

* 301Ibid.

* 302 Op. cit., p. 49.

* 303Ibid., p. 50. Selon STUMPF, « ces deux contestations désapprouvent les thèses de Hausen et de Hallden qui croient trouver dans le refus Pallotin le complexe de concurrence qui aurait repoussé la proposition de partage ». Cf. K. HAUSEN, « Deutshe Kolonialwirtschaft » in Afrika, Zurich, Atlantis, 1970, p.233, in RPK, À propos du rôle de la centralité romaine dans la régulation des frontières missionnaires en contexte catholique, lire l'intéressant article de Claude PRUDHOMME, « Centralité romaine et frontières missionnaires », in Mélanges de l'École Française de Rome, Italie et Méditerranée, Mefrim, t. 109, 1997-2, pp. 487-504.

* 304 On se souvient de la triste expérience des Spiritains sur la côte camerounaise en 1885.

* 305 J. BOUCHAUD, « Les débuts de l'évangélisation au Cameroun », Les Missions catholiques, n° 11, mai 1952, p. 141.

* 306E. MVENG, L'Église catholique au Cameroun 100 ans d'évangélisation. Album du centenaire (1890-1990), Presso 24. Grafiche Dehoniane, p. 23.

* 307Le Père Maurice BRIAULT tente d'expliquer la grande poussée des peuples de tout le centre du Cameroun vers le catholicisme, par le fait que leurs chefs, « humiliés des dédains des Douala et autres gens de la Côte gagnés aux protestants » se sont jetés dans les bras des missionnaires Pallotins. M. BRIAULT, « La Mission de Douala avant et après la guerre », Annales des Pères du Saint-Esprit, janvier 1934, p. 25.

* 308 J. BOUCHAUD, « Les débuts de l'évangélisation au Cameroun », op. cit., p. 14.

* 309 M. BRIAULT, « La Mission de Douala » op. cit., p. 25.

* 310S. EYEZO'O, « Politique coloniale, compétition missionnaire et division du territoire en zones confessionnelles. Le cas du Cameroun (1884-1922). Légende ou réalité ? » Dans HISTOIRE, MONDE ET CULTURES RELIGIEUSES, 2014/3 (n°31), pp. 133-158. 

* 311Epouse d'Alfred SAKER.Le 25 Février 1840, Alfred SAKER épousa Miss Helen JESSUP, qu'il connaissait depuis l'enfance et qui, née dans l'Église Anglicane avait, de son propre choix, adopté les doctrines baptistes. Elle partageait donc les convictions de son mari et possédait, grâce à son éducation et à sa consécration, les qualités requises pour être sa compagne et sa collaboratrice. Quelques mois avant ses fiançailles, elle avait offert ses services à la Church Missionary Society pour être envoyée en terre païenne. À cette époque, cela constituait un geste de foi car la société n'avait jamais encore accepté de dame célibataire pour ses champs de missions et, fidèle a sa politique, mais ne voulant pas décourager l'initiative de Miss Jessup, elle la prévint qu'il faudrait attendre que Dieu lui ouvre une voie.Entre-temps, Alfred Saker en fit sa compagne et l'emmena à Devonport, où il travaillait comme dessinateur dans un chantier naval.Deux enfants vinrent combler le bonheur de ce jeune ménage chrétien qui prospérait et avait gagné la haute estime de tout son entourage. Voir REGARD - Bibliothèque Chrétienne Online, « ALFRED SAKER - 01 ». Article publié en 2013 sur le site http://www.regard.eu.org/Livres.7/Alfred.Saker et consulté le 21 décembre 2023.

* 312MASOSO MA NYAMBE, « L'histoire du Kaba Ngondo ». Article publié le 07 avril 2011 sur le site https://masoso.unblog.fr et consulté le 21 décembre 2023.

* 313 Peuple qui occupe l'espace allant de Campo à Mamfe.

* 314 NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 315 Qu'ils surnommèrent « Bakoko » qui est la forme contractée de « Batoba Mukoko » qui signifie « les gens du sable » et les Bassa.

* 316 Ils étaient des pêcheurs.

* 317NDOL'A BALI, « Le peuple Duala/Ndol'a Bali/ La Fraternité de Dibanga/ndola-bali.asso-web.com/27-le peuple-duala (n.d.) ». Article publié sur le site www.facebook.com et consulté le 27 janvier 2021.

* 318 Ancêtre éponyme des Duala.

* 319 Idem.

* 320 J.-P. MEGOPÉ FOONDÉ, « Douala. Toponymie, histoire et cultures », Yaoundé, Édition Ifrikiya/Collection Interlignes, 2011. Extrait du 2ème paragraphe de la section intitulée « Le choix des noms », p. 104-105. Article publié sur le site www.wikipédia.fr et consulté le 28 janvier 2021.

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