Conclusions
La scolarisation des enfants hyperactifs est une
problématique dont nous avons vu qu'elle affecte la scolarisation de
tous les élèves dès la PS. Chaque année, ou
presque, elle détermine le rythme et la nature des activités
proposées par les enseignants. L'attention des élèves,
indépendamment de troubles spécifiques, est une denrée
rare et précieuse, qui demande du talent et du travail de la part des
enseignants pour apprendre à la capter. La formation professionnelle
doit mieux les préparer à assurer cette tâche. Le travail
réalisé a pu montrer que des réflexes professionnels
autour de la captation et de l'engagement de l'attention de tous les
élèves peuvent être mis en place, non par l'application de
théories, mais par des gestes précis, et des détails
pratiques. L'étude est incomplète : l'organisation d'une
journée de classe, le travail en groupe, la coopération, tous ces
aspects mériteraient d'être davantage développés. Le
travail avec l'enseignante de PS n'a pas donné les résultats
escomptés. Il gagnerait à être prolongé et
approfondi. Il a néanmoins montré que la priorité doit
être mise sur la construction de l'attention conjointe, condition pour
instaurer un climat propice aux apprentissages. La théorie de
l'autodétermination a montré ses limites dans un tel contexte,
témoignage des risques d'une recherche théorique trop
éloignée des problématiques des professionnels.
Au-delà des pratiques enseignantes, les deux
études réalisées ont montré la difficile adaptation
des élèves hyperactifs au sein de l'institution scolaire.
L'ambition politique d'une scolarité longue et uniforme pour l'ensemble
des enfants du pays est à l'origine de décisions dont les
conséquences, plusieurs dizaines d'années après, sont
encore lourdes pour l'avenir de nombreux jeunes.
Par ailleurs, le dépistage du trouble et les prises en
charge proposées sont insuffisants, justifiant la récente
recommandation de bonne pratique publiée en 2014 par la Haute
Autorité de santé.
Ce travail est également le témoignage de
l'intérêt de croiser différentes disciplines, d'utiliser
les apports de la neuroscience, notamment, pour mieux comprendre les
apprentissages. Multiplier les points de vue pour enrichir les regards et
avancer en suivant les conseils d'un « pédagogue
d'exception » : « Il faut savoir [...] assouplir ce
qui existe, développer ce qui peut se différencier, en rapport
avec des individus tous différents et dont les différences
peuvent devenir complémentaires ou harmoniques. Pour un tel projet, il
n'est pas de baguette magique. Mais, comme le prince épris de
Cendrillon, il faut patiemment chercher l'ajustement, pas à pas,
pied à pied. Il faut, à cet effet, se débarrasser des
fantasmes tristes et identitaires, adhérer aux chances de notre
système d'enseignement dans sa progressive diversification et
accroître la confiance dans notre jeunesse et nos enseignants»
(Peretti, 1993, p. 380).
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