La robotique industrielle et la performance qhse( Télécharger le fichier original )par Ludovic HERGOTT IAE Metz - Master II QHSE 2018 |
ANNEXESPage 83 sur 111 Entretiens : 16 entretiens ont été réalisés : L'ensemble des entretiens ne seront pas retranscrits dans un souci de temps disponible pour l'élaboration de ce mémoire. Parmi l'ensemble des 16 entretiens, 4 ont été entièrement retranscrits et ont été choisis en fonction de la catégorie socioprofessionnelle, du contenu et conclusions originales que peuvent porter les entretiens. Faurecia Hambach BAGBIEGUE Noureddine - Projets d'entreprise BARBIER Éric - Responsable laboratoire et développement BONDU Bruno - Technicien qualité DECHOUX Isabelle - Direction DOSNE Sébastien - Méthodiste assemblage FAFOURNOUX Jean Sébastien - Technicien logistique - Représentant du personnel KOENING Dominique - Régleur moule MARTELLOTA Jordan - Technicien assemblage MOUGEL Anne-Sophie - Animatrice Hygiène, sécurité et environnement POINSIGNON Fabienne - Superviseur laboratoire SCHISSLER Martin - Responsable informatique, hygiène, sécurité et environnement LAGUNA Vincent - Qualité injection TRIMBORN Arnaud - Expert injection, programmateur robots presses ULRICH Vincent - Technicien qualité Externe : HUG Patrick-Responsable Recherche et développement Arcelor Mittal - Maizières WALTER Fanny - Ingénieur qualité Steelcase - Sarrebourg Page 84 sur 111 Arnaud Trimborn Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ? Pour moi, le robot et l'automate sont deux notions différentes. Comparons ces deux points à l'humain, cela reviendrait à dire que le robot serait le cerveau, et l'automate le bras. «Pour moi la robotisation c'est un plus pour l'entreprise, mais c'est également un coût. Je constate que lorsqu'il y a un amortissement long on ne met pas en place un robot car ces derniers coûtent cher, pour moi cette vision est erronée car ces robots sont multitâches, je pense à mon sens, dans les entreprises que j'ai vu qui possède beaucoup de robot et peu de personnel, c'est des entreprises performantes. Ces entreprises sont issues du domaine métallurgie, sidérurgie et automobile. Essentiellement dans la fabrication des moules et injection de pièces. Les apports positifs d'une robotisation ? Je constate la régularité, la répétabilité et la précision de ces robots, toujours en terme qualitatif. Cela permet de respecter la cadence imposée par notre client. On élimine des tâches pour certains ouvriers, mais finalement ces tâches sont souvent répétitives. Cependant en termes de sécurité, je pense que c'est identique. J'ai des difficultés à croire que les accidents avec les robots n'existent pas, pour moi il risque d'y avoir autant d'accident dès lors qu'il y a interaction entre les robots et les hommes, parfois je constate que c'est vraiment dangereux. On n'est pas à l'abri de bugs et de collision (programmation). D'ailleurs ces accidents n'engagent pas toujours la sécurité des employés mais peuvent être de réelles pertes économiques. Page 85 sur 111 Que voyez-vous comme limites ? Si ce n'est pas compensé par des aides pour d'autres emplois, s'il n'y a pas une loi qui impose un reversement des gains lors de l'implantation des robots pour favoriser d'autres emplois, c'est destructif. De toute manière même si nous obtenons de nouveaux emplois sur notre ligne d'assemblage, je pense que le nombre sera nettement inférieur à ceux qui disparaîtront avec cette nouvelle technologie. L'aspect qualité : Je pense que l'erreur sera toujours humaine, même si on laisse une autonomie ou un pouvoir décisionnel à ce robot, l'erreur initiale sera induite à l'homme. Issue d'une mauvaise programmation initiale, c'est toujours l'humain qui aura oublié quelque chose ; Plus vous avez de données d'entrée dans un robot, plus ce robot est nourri d'expérience et moins il y aura d'erreurs, dans mon cas je constate, mis à part quelques défauts électroniques lié à la conception de certains composants, des erreurs, mais ces erreurs proviennent de l'homme. Après coup, cela peut être sécurisant de se dire qu'un système est plus intelligent que nous, plus intelligent qu'une seule personne, ou une petite équipe. Je pense que ce système dépasse l'humain à un moment car c'est la mise en collectivité de toutes ces données, toutes ces connaissances qu'une seule personne ou une petite équipe de personne ne peut pas contenir. Forcément cela va dépasser les hommes et ce n'est pas parce que ces derniers jugent que la notion de bien et de mal. Le robot ne dispose pas de ces notions fondamentales d'éthique de bien et de mal sauf si l'homme détermine les règles en place. Malheureusement rien ne nous assure que ces robots ne soient pas capables de déroger à ces règles là et par leur pouvoir décisionnel décider d'eux même des suites à réaliser. S'il est capable de déroger à ces règles, je pense aussi car c'est l'homme qui a souhaité qu'il se fasse dépasser. Je pense que l'avenir va dépendre de l'intention des personnes développant ces nouvelles technologies. Dans l'industrie, si ce n'est qu'une intention économique alors on va droit dans le mur et il faudra s'attendre à de nombreux conflits sociaux, on pourrait imaginer Mai 68. Mais si cette technologie est utilisée pour développer la compétence du personnel et assurer de meilleures conditions de travail, alors nos enfants auront un bel avenir devant eux. Cela va beaucoup dépendre de la morale des gens qui mettront cette technologie en place qui prédominera, et non les robots. Page 86 sur 111 Nous sommes des êtres sociaux, et travailler avec très peu de monde, on sait tous vers quoi cela mène : dépression et vous perdrez votre intérêt et votre motivation à travailler dans cette entreprise. Quelles seraient vos propositions ? Travailler moins. C'est à dire travailler et être capable de dire à nos salariés à l'injection : travailler sur une plus courte période pour pouvoir avoir une vie plus enrichissante. Travailler moins ne signifie pas être moins productif, cela signifie juste de mieux répartir les tâches. Former mieux les gens pour qu'ils soient plus performants à dépanner des robots, à les reprogrammer. Certes on peut imaginer un robot en réparant un autre, ou en programmant un nouveau à la place de l'homme/ Mais nous n'y sommes pas encore. Dans ce que je constate actuellement, la solution c'est de répartir le travail sur plusieurs personnes. Ce n'est pas les robots qui décident, et tant que l'homme aura ce pouvoir de décision il orientera vers quel aspect (positif ou négatif) cette technologie tendra. Si l'homme a des intentions criminelles, les dirigeants qui ont le pouvoir, le mot d'ordre vers d'autre nation, le robot prendront le pas et suivront, Page 87 sur 111 Jean Sebastien Fafournoux Méthode logistique depuis 1998 dans l'entreprise. J'exerce dans l'implantation et l'optimisation de la logistique, Je suis également délégué du personnel et membre titulaire du comité d'entreprise. Je suis également membre du CHSCT, (4eme mandat) et secrétaire adjoint de ce dernier. Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ? A titre personnel, je pense que ce serait une bonne idée car cette technologie permettrait de supprimer des travaux pénibles à titre syndical, ça peut aider l'humain si cela ne supprime pas l'emploi en permettant de soulager les tâches mais que l'opérateur garde le pilotage de la tâche, alors oui. J'ai peur qu'on arrive vers une dérive qui va vers une évolution telle de cette technologie qu'on permet la robotisation à outrance et qu'on ait plus besoin de l'humain en production pour faire des tâches manuelles voir même intellectuel. Dans certains pays comme le japon, les hôpitaux sont déjà capables de remplacer l'humain pour porter les patients. Cela permettrait aussi d'éviter les travaux de nuit qui génèrent selon moi beaucoup de conflit, on sait très bien que c'est un facteur aggravant, cancérigène pour l'humain, et je ne suis pas sûr que travailler la nuit pour fabriquer des Smart soit la meilleure chose à faire, ça ne fait que dérégler le cycle de l'Homme. Aujourd'hui je n'ai pas assez de recul pour affirmer ou non si ces robots vont détruire les emplois ou ça va le moderniser, cela va demander une adaptation, de nouvelles connaissances pour que les personnes puissent maitriser, coordonner ces robots. La question sera de se demander comment remplacer finalement ces métiers perdus. D'après moi il y a une sphère de métier facilement robotisable, dont les tâches sont répétitives ou liées à des cadences de production. Si techniquement c'est réalisable, il faudra veiller à que ce soit également moralement acceptable. Page 88 sur 111 Si on estime qu'un opérateur est uniquement employé, rémunéré pour faire une tâche de production en 8 heures de temps sans penser son travail, en se mettant à la place d'une entreprise, oui le robot sera rentable, il ne tombe pas malade, ne négocie pas d'augmentations de salaire, de coefficient, et on peut le faire travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Il n'y a pas photo. En revanche si on souhaite qu'il y ait une émancipation de l'humain et que dans une entreprise il y ait un minimum de lien social pour que les gens puissent améliorer leurs conditions de travail, améliorer leurs postes de travail, si on supprime l'humain et qu'on le remplace par des robots, ce phénomène n'existera plus. Même s'il faudra des techniciens pour régler ces robots, les dépanner et faire le service après-vente. On sera dans une déshumanisation. On sait également que le secteur automobile est l'acteur majoritaire dans la robotisation des lignes de production. L'assemblage est le secteur qui se développera le plus dans cette technologie et il n'est pas improbable que dans les années à venir les conclusions faites aujourd'hui se réalisent pour de vrai et il est important de réfléchir en amont pour diminuer au maximum les risques liés à cette technologie. Quelles seraient ces risques, limites ? Les robots sont finalement dotés d'une intelligence artificielle, un processeur, et avec l'évolution de l'informatique, les processeurs calculent de plus en plus vite. Actuellement les chercheurs n'arrivent plus à déterminer l'acheminement des étapes logiques d'un robot. Pour réaliser une tâche précise il va réaliser une multitude de tâches en amont dont il est le seul à connaitre le chemin. J'ai peur qu'à terme on n'a plus de moyen de contrôle sur ces robots. Il y a donc un risque de perte de maitrise global. C'est difficile de déterminer les risques à l'état actuel car il n'y a pas de connaissances précises à ce sujet. Page 89 sur 111 Éric Barbier Je suis scientifique, j'ai un doctorat en matériaux et j'ai travaillé pour la première fois dans un laboratoire de recherche et développement de la peinture et j'ai par la suite travaillé chez un équipementier automobile pour définir les chaînes peinture. Puis me voilà chez Faurecia, à son époque sous dynamite Nobel (1997) pour m'occuper de l'ensemble du développement peinture. J'ai donc eu l'occasion de m'occuper de toute la partie développement peinture, injection et laboratoire. Ma rencontre avec des robots, les premiers que j'ai vu réellement dans le domaine du travail est en peinture. Quand je suis arrivé il y avait beaucoup de chaine peinture réalisé par des peintres qui étaient dans la chaîne, qui peignait les pièces manuellement, ils avaient une gestuelle et réalisaient tout le temps les mêmes gestes tout le long de la journée, ils étaient équipés de combinaisons, de masques, c'était dur. Et puis petit à petit sont arrivé les chaînes automatisées, au début là où j'ai rencontré mes premiers robots c'était au flammage pour activer la surface du polypropylène, dans cette situation nous avions besoin de mettre en place ces robots 6 axes bourrés de capteurs qui déplacent le pistolet suivant une certaine distance et vitesse en fonction de la pièce rencontrée. Quelle est votre vision vis-à-vis de la robotisation ? Ma vision par rapport à la robotisation est que cette technologie a connue plusieurs phases, et on est en plein dedans. Elle a connu plusieurs stades, selon moi l'automatisation fût le 1er stade, nous sommes aux prémices de la robotisation et elle sera et restera dans l'avenir. Il y a toujours eu des robots / automates pour réaliser les soudures du véhicule. Dans l'automobile il y a beaucoup de robots, dans l'industrie de manière générale ça s'est robotisé assez rapidement, ces robots de mouvements, de gestes, pour avoir de la précision et de la répétabilité. A l'avenir cela va évoluer parce qu'on va avoir à faire à des cobots, cette collaboration entre le robot et l'être humain. Pour l'instant nous avons à faire à ces robots et l'humain reste en retrait de ces robots pour des questions de sécurité, il y a des barrières immatérielles de sécurité pour que le robot s'arrête dès qu'il y a un être humain dans son voisinage, a l'avenir il va y avoir plus d'interaction entre le robot et l'être humain, qui vont aider l'humain dans sa tâche, qui vont le Page 90 sur 111 soulager pour essayer d'éviter des maladies de type TMS (troubles musculo squelettiques) des choses comme ça. Cette technologie va aider l'homme mais ne le remplacera pas ? Cela peut le remplacer, mais peut être à la marge, en tout cas si effectivement il le remplace je pense que ce sera sur des tâches éprouvantes qui ne sont pas censés être faite par des humains, 5 jours sur 7 pendant toute une vie. Le robot c'est fait pour aider, soulager. Mais également pour des questions qualité en termes de répétabilité, fiabilité de l'opération etc. D'après vous quelles sont les points positifs de robotisation d'une production industrielle ? Concrètement, cela permet d'éviter que les êtres humains soient exposés, on peut imaginer envoyer ces robots dans des atmosphères qui ne sont pas bonne pour les êtres humains ou dans la sidérurgie, les gens étaient exposés à des températures très hautes, c'était dangereux pour avoir le ruisseau de métal fondu, il pouvait avoir des projections de métal en fusion. Faire travailler des robots c'est des questions de sécurité, pour éviter également toute cette gestuelle, mais également pour la qualité. Le Robot va être répétable, la qualité devient toujours de plus en plus sévère, les clients sont de plus en plus sevrés en qualité et il devient de plus en plus dur de repérer ces défauts etc. Le robot est plus performant sur cette analyse. Parmi les UAP Faurecia, lesquelles voyez-vous robotisés ? Toutes. L'injection, la peinture, l'assemblage. A l'injection on peut imaginer que ça soit robotisé. Bon effectivement j'ai encore du mal à imaginer un robot qui ait l'apparence d'un humain dans nos chaînes de production (rire). Certains postes ont fait l'objet de robotisation car on s'est rendu compte qu'il y avait de nombreux incomplets, c'était difficile pour quelqu'un d'être vigilant pendant tout un poste, de voir chaque fois un incomplet à des endroits différents et donc il y avait des cellules qui examinaient la conformité des pièces et étaient directement envoyés dans des containers. On peut alors imaginer qu'il y a des contrôles qualité fait par des contrôles qualité. On dispose également d'un HRL, cette structure entièrement intelligente permettant de transporter des pièces et permettant de chercher des pièces en FIFO, en Page 91 sur 111 déterminant sa trajectoire en fonction de l'encombrement des allées dans laquelle il n'y a pas de demande. Notre structure définie elle-même ses ordres de priorité etc. Cette zone n'aurait pas pu être réalisée par une chaîne logistique traditionnelle de type caristes, et a été robotisé dès le début en 1997. Mais cette technologie a été développée. On peut également imaginer le laquage en imaginant remplacer notre parc d'automates par des robots intelligents capable de regarder les pièces et détecter les défauts avant même que ces dernières poursuivent leur cycle habituel de production. Vous n'imaginez pas le gain de temps et d'argent que l'on peut faire. Actuellement le contrôle de pièce est réalisé par une personne, de manière systématique dont le jugement de l'opérateur fait foi. Il faudrait vraiment mettre en place ces robots qui détectent. J'y vois finalement beaucoup d'avantage, le traitement de l'information de masse étant l'une également. D'après vous quelles seraient les limites ? Les limites seraient d'avoir moins d'emplois plus de chômage. Parce Que le robot ne remplacerait beaucoup trop de personne. Car dans le modèle économique mis en place actuellement, le robot serait utilisé uniquement pour réaliser un peu plus de bénéfices pour les entreprises et il n'y aurait aucune contrepartie pour les remplacements des personnes par des robots. On peut imaginer, si on va très loin qu'il y aurait une masse de chômeurs assez importante et des robots qui les remplacent, qui coûteraient au début un investissement mais qui ne coûteraient plus grand chose par la suite et qui seraient beaucoup plus, économiquement rentable qu'une personne. Même en cas de panne ? En cas de panne, on imaginerait même un robot qui en répare un autre. De manière générale les gens vont réaliser un calcul à un moment donné et vont se dire : «voilà là j'ai autant de chance d'avoir des pièces mauvaises qui sont considérées par l'opérateur comme bonne, avec le robot je n'ai pas ce risque», Je pense que les industriels vont rapidement faire tout un calcul et conclure sur le prix d'achat d'un robot à long terme, «j'ai tant de maintenance par an, une personne coûte autant etc.», et ne vont remplacer que lorsque ce sera économiquement rentable. Le risque évident que je perçois c'est de se débarrasser entièrement de l'être humain. Je pense qu'aujourd'hui c'est le monde de la finance qui gouverne et de façon très dure, c'est probable que ce soit l'issue de cette technologie dans notre société. Page 92 sur 111 Que voyez-vous comme autre facteur limitant ? Un point particulier attire mon attention, et cela me fait peur même au niveau personnel, c'est la surveillance et le flicage au travail. Par exemple imaginons qu'il y ait un être humain en même temps que le robot, ce dernier va emmagasiner une énorme masse de donnée, qui peuvent ensuite être utilisées pour dire « Ce salarié, il est quand même moins performant que les autres, là il va 2 secondes moins vite, là il fait ça comme ça etc.» et donc en analysant ces données recueillies on peut arriver à justifier que tel salarié est moins compétitif qu'un autre. C'est vraiment comparable aux réseaux sociaux, si quelqu'un s'accapare des données personnelles et les croises, qui les étudies, peut dire « cette personne là j'arriverai à lui vendre mon produit, à lui faire croire ceci ou cela, car j'ai remarqué que dans sa personnalité il a tendance à ... « dans ce cas-là ce n'est pas honnête. On parle donc de ces «Big Data» qui peuvent être utilisée à des fins positives qui peuvent servir à éliminer des rebuts ou des défauts dans le processus de fabrication mais il y a également des datas qui peuvent être utilisés à l'encontre du salarié. Cela dépendra vraiment de son utilisation et de l'organisme dans lequel ces données seront recueillies. Il peut y avoir dans l'entreprise des personnes qui l'utilisent à des fins négatives (flicage, sanctions, ...) plutôt qu'à des fins positives en se disant «bah tiens, ici je remarque qu'il y a des lacunes, on va accompagner ce salarié en lui proposant des formations», ça peut être utilisé comme tel, enfin j'y crois. Une certaine forme de résistance au changement ? Oui, je pense que c'est le cas en tout cas chez les allemands c'est culturel. Les allemands aiment bien la mécanique et tout ce qui touche les machines, c'est les rois de la machine à outils dans le monde et c'est grâce à tout ça qu'ils ont une balance à l'exportation positive. Je pense que par notre culture on aura toujours tendance à avoir peur face à ces nouvelles technologies car certains métiers seront amenés à disparaître. Quels types de métiers ? Dans l'industrie c'est toujours les métiers les plus faciles à remplacer car les tâches ne sont pas très compliquées ; enfin compliqué au point de vue physique il faut une bonne vue, une Page 93 sur 111 bonne attention pour tenir pendant un poste complet le contrôle des pièces et voir tous les défauts qui peuvent être très difficile à voir mais après ce sont des tâches facilement remplaçables par des robots car il y a des jugements qui sont plus facile à faire que d'autres. Je pense que les niveaux les plus «bas» tel que les opérateurs de production à la chaîne qui seront remplacé et aussi les niveaux les plus bas en employés aussi, ceux qui ont le moins de décisions à prendre, les choses comme ça. Je dirai qu'il va falloir s'adapter mais dans les métiers dits plus créatifs ce sera plus difficile de remplacer les robots. De toute façon c'est pas dans l'industrie qu'il y aura le plus de problème selon moi, c'est dans les services, dans les banques et les assurances, ou en remplace les gens qui sont appelés en anglais : «front office» qui sont en contact avec la clientèle, tout ça c'est de plus en plus remplacé par des robots avec les banques qui sont sur internet, par téléphone, tout ce qui est dématérialisé, on constate une hausse de cette robotisation, c'est des voix, des logiciels intelligents qui comprennent quand même toute une panoplie de base de demande , pour l'instant ils ne sont utilisés qu'à des fins rudimentaires pour savoir par exemple combien il reste sur son compte, si il est débiteur, créditeur, si tel retrait a été fait, tout ça c'est des choses simples mais plus ça va , plus ils vont être utilisés car ils disposent de base de données immenses à leur disposition et peuvent avoir recours très rapidement et peuvent donner des réponses beaucoup plus rapidement qu'un conseiller clientèle, c'est surtout au niveau du service que ce changement va s'effectuer, tout comme cela s'est constaté au domaine de l'agriculture, au début c'est surtout l'agriculture qui a souffert . Puis vient les mines et la sidérurgie. Prenons exemple avec Watson et IBM, qui a fait un robot pour remplacer les conseiller clientèle, qui est implanté au crédit mutuel CIC, pour le moment sans remplacement de personnel mais ce n'est pas un pied passé dans la porte. Les gens se disent en ce moment «oui, on a eu peur que Watson nous remplace» mais les gens ne sont pas remplacés et sont très content de cet assistant puisqu'il n'est pas en Front office mais en back office et est là pour aider les gens. Pour le moment c'est un aide leur permettant de consulter les informations dans sa base de données, il est très rapide et a accès à des textes, sur l'assurance vie, des questions compliqués, lui est capable en peu de temps avec des mots clés de trouver la réponse facilement. Pour le moment c'est qu'une aide mais qui dit que dans 10 ans cela ne deviendra pas le remplacement définitif. Page 94 sur 111 Quelles seraient vos propositions pour accompagner cette technologie ? Au départ, si on ne souhaite pas que ces personnes, il va falloir quand même des gens pour fabriquer ces robots, il va falloir des logiciels pour créer des algorithmes pour traiter les bases de données. Certes, une fois que le robot donne ces données il faut quelqu'un qui traite ces données, quoique peut être qu'un autre robot le fera (rires), mais une fois que c'est traité, il faut quelqu'un qui le regarde pour l'interpréter. Il va y avoir l'émergence de nouveaux métiers et il faut s'y préparer, il faut les formations ; au départ si on veut, il faut avoir des formations adaptées pour pouvoir s'installer au mieux dans les nouveaux métiers que la robotisation va créer. Si le robot devient monteur ajusteur, on aura plus besoin de monteur ajusteur, mais pour créer ces robots il faudra cette connaissance pour réaliser l'architecture même du robot. Je pense que ça va créer des métiers qui demandent plus d'autonomie et de responsabilité, d'initiative, de réflexion et créatif. Moins répétitif, plus créatif (rire). Cela passera par de la formation puis de manière politique il faudra rester vigilent que tout ce bénéfice dégagé par ces robots n'aille pas que vers un tout petit nombre de personne, une caste que se les approprie mais que cela reste bénéfique pour l'ensemble de la société et que les emplois qui vont être perdus, la perte soit partagée et que le bénéfice arrive à payer la perte de ces emplois. Une petite phrase pour conclure : L'homme au service du robot, vous y croyez ? Cela voudrait dire que l'homme est inférieur au robot. Cela voudrait dire que l'homme est capable de créer un être supérieur à lui, finalement l'homme aurait créé son dieu. Page 95 sur 111 Patrick HUG J'arrive en fin de carrière, je suis bientôt à la retraite et je dirige un très gros département de recherche et développement chez Arcelor Mittal depuis toujours. J'ai toujours dirigé des secteurs de recherche, ça peut fluctuer selon les niveaux, entre 60 et 100 personne, parfois même plus que cela. J'ai toujours eu un pied dans le management et l'autre dans la science. Par plaisir personnel je me suis intéressé très tôt aux neurosciences, ce qui m'a amené à réfléchir aux biais de décisions, les prises de décision les aspects négociation et la conduite des hommes pour aller vers la performance. Quelle est votre vision de la robotisation en industrie ? Elle est inéluctable, aujourd'hui je ne connais pas de grand groupe qui ne se pose pas la question de savoir quelle va être leur positionnement personnel et stratégique et concurrentiel par rapport à l'entrée des robots dans l'entreprise. Certaines entreprises sont terriblement bien implantées en matière de robot, comme le monde automobile, le monde d'Arcelor Mittal l'est aussi en grande partie et se pose bien sûr d'autres questions de la robotisation que celle des gestes intelligents pour remplacer les hommes en termes de pénibilité du travail, de zone dangereuse, de gestes précis à réaliser. En termes de communication également, nous somme capable aujourd'hui de réaliser des opérations à distance, je pense que cela va changer réellement le modèle actuel. Mais il faut faire attention, ce n'est pas que les robots, c'est surtout l'intelligence artificielle qui permet d'interconnecter un certain nombre d'objets comme les modèles virtuels. Cela va être aussi un changement de modèle dans tout ce qui touche les big data et autres choses, sur lesquels il y a probablement des espoirs qui sont terriblement fondés dans les big data que sont les espoirs de corrélation, c'est à dire de creuser des données comme l'a fait Google et autres en ce moment pour trouver des informations en imaginant que l'on puisse faire des économies de la phénoménologie scientifique. La robotisation est jusqu'à présent est une robotisation simple algorithme, simple sur la répétabilité de syntaxe. Page 96 sur 111 Quelles sont les points positifs d'une robotisation d'industrie selon vous ? Nous ne sommes pas encore dans un univers robotique, c'est à dire qu'à titre personnel je n'ai pas une grande importance dans ce domaine. Comme beaucoup de personne qui observe ce phénomène sociologique, du monde du travail et dont la façon que ce monde va bouger, et être impacté par cela, l'idée est de savoir si on remplace des emplois ou si on déplace des emplois ? C'est à dire que jusqu'à présent et dans l'histoire de l'humanité, les gains de productivité ont toujours servi au capital et aux individus on a nettement plus de congés, de repos que n'en n'avait nos anciens, on a une espérance plus longue que n'en avait nos anciens, on a une capacité de se faire soigner très supérieure à ce qu'avait nos anciens. On peut regarder aujourd'hui la robotisation comme étant la capacité de pouvoir remplacer l'humain dans un certain nombre de tâche répétitives, barbantes, dangereuses. Il faudrait peut-être repositionner les besoins d'un individu en matière de curiosité, de développement de compétences en matière de choix de ses propres options, il y a un certain nombre de travaux, pour savoir quelle était la véritable valorisation des travaux tels qu'ils sont réalisés aujourd'hui. La pensée de certaines personnes dirait que quand un employé travaille sur une chaîne de production il est excessivement difficile d'être heureux. Alors s'il est difficile d'être heureux 43 ans de sa vie sur une chaîne de production, saluons les robots qui un moment donné va faire ce boulot. La question de fond c'est comment allons-nous occuper l'humain. Il est fort probable qu'un certain nombre de travaux disparaissent, on voit de façon plus simple des gens qui veulent plus tondre la pelouse. On voit une émergence de ces nouvelles technologies. L'évolution se fait comme elle doit se faire sans finalité. A l'hôpital les travaux d'infirmiers ou d'aide-soignant sera remplacé par des robots qu'on voit de plus en plus, des robots intelligents et pourquoi pas ces robots intelligents pourraient donner des médicaments. Cela va remplacer un certain nombre de tâche sur lequel il est possible que la valeur ajoutée humaine soit faible, et qu'actuellement l'humain lui-même est utilisé comme un robot avec des procédures fixes et de choses comme ça. Considéré comme un robot ce qui peut être expliqué pourquoi il est si difficile pour certains d'imaginer le plaisir que l'on pourrait trouver au travail quand on occupe ces fonctions-là. Etat d'âme que n'auront pas les robots. Page 97 sur 111 En quoi cela déplace les champs de métiers ? Les métiers qui vont être pris par des robots va laisser l'humain en réflexion sur quel genre de place créative il va occuper. On pourrait presque considérer que le véritable bonheur de l'homme se trouve dans la capacité de mobiliser ses fonctions imaginatives, son imaginaire et d'ailleurs on constate à quel point c'est réalisé avec du virtuel 3D. C'est comme dans le temps le tracteur a libéré du cheval, la machine à laver libère, mais la question est de savoir que fait-on du temps libéré ? Et comment on e réalise dans le temps libéré ?Alors il y a peut-être des opportunités pour l'humanité, en utilisant le temps libéré pour améliorer l'humanité entre les individus, le soin qu'ils prennent les uns des autres ou faire de ce temps libéré un temps d'isolement. Imaginez qu'une partie de ce temps libéré, peut-être que les infirmiers de demain, libéré d'un certain nombre de tâche, par exemple les robots s'occupant de la distribution des médicaments, pourront passer plus de temps dans le relationnel avec les malades. On sent qu'aujourd'hui il y a une souffrance des malades et du personnel soignant dans l'incapacité d'avoir une incapacité d'avoir des gestes mécanisés, par rapport à ce qu'on considère comme besoin fondamental qu'est être en relation. Alors si les robots s'occupent de cela, et qu'on ouvre de plus en plus les métiers vers les services, parce qu'il est possible de le faire alors on est dans une voie qui est tout à fait intéressante. Les métiers ne remplaceront pas les métiers créatifs, et ne remplaceront pas les métiers qui tissent le lien car celui-ci est systémique. Aujourd'hui nous savons qu'une trentaine de pourcent de personne de plus de soixante années vivent seul, radicalement seul, aujourd'hui il y a beaucoup d'animaux de compagnie qui servent de substitut aux relations humaines qu'on ne peut pas avoir, il est possible qu'à un moment donné nous serons capables de causer avec un robot, on aura l'impression, l'illusion. La résistance au changement ? C'est une crainte fondée car il y a disposition du monde actuellement énormément de personne qui n'ont pas forcément eu l'accès à une éducation d'abstraction suffisante. Aujourd'hui on peut faire le même rapprochement avec ce qui était l'âge d'or de l'humanité avant le développement de l'agriculture. Avant le développement de l'agriculture, les volumes de boîte crânienne de l'humain, et ce qu'on imagine être des compétences cognitives de survie dans la nature, la compétence qui s'appelle survivre, ce que fait les animaux mais également l'humain Page 98 sur 111 c'est une compétence extraordinairement riche, ce qui avait requis un volume de boîte crânien un peu supérieure à ce qu'on trouve aujourd'hui. On estime qu'avec le développement de l'agriculture il s'est passé deux phénomènes, le premier, l'humanité a commencé à exploser avant l'humanité était parcellaire sur la planète, très peu d'humains. Des familles humaines rencontraient rarement à l'échelle d'une vie une autre famille humaine. On était dans un contexte d'isolement et de développement dans une sphère réduite. Ensuite l'agriculture se développe va amener une première forme d'esclavage d'un point de vue consenti des hommes/ Même pour ceux qui n'étaient plus tout à fait en situation de survie dans la nature, les animaux eux-mêmes ont accepté eux même sans comprendre ce qu'ils se passait l'action de domestication, Depuis cinq à six mille an on trouve une espèce de courant très fort de séparation des métiers, de spécialisation des métiers de stratification des métiers, et cela va se trouver encore pendant longtemps. Je comprends qu'un certain nombre de personnes aient peur car il y va y avoir un tri dans ces métiers. Quand vous avez aujourd'hui des gens qui travaillent dans des chaînes de tri sur des vêtements de type Emmaüs, les gens avec des gestes extrêmement rapides vont réaliser un premier tri. C'est sûr que pour être heureux dans ce travail il faut expliquer la valeur sociétale et personne qui est derrière et d'avoir une hygiène salariale qui leur permet de vivre de ce qu'elles font. Vous avez ces personnes-là, leur poser des questions et vous constatez qu'elles ont beaucoup de difficultés dans le monde industriel ou commercial tel qu'il est construit aujourd'hui ou de trouver leur place. On n'en voudra pas dans un métier d'assistant de direction, ce sont des métiers de niches, mais il y en a beaucoup des métiers comme ça. Et d'un seul coup on va dire qu'on va installer sur cette ligne là un robot, avec un oeil intelligent, plus performant que l'oeil humain, capable de percevoir les fibres synthétiques du textile et avec un bras extrêmement rapide capable d'effectuer la tâche. Les personnes qui sont là peuvent se poser à juste titre la question : qu'est-ce que je deviens ? Et toutes les personnes qui se sont à un moment donné installé dans un métier dans une fonction, dans une habitude de vie vont systématiquement se poser la question de qu'est-ce qu'on devient ? Si on n'est pas capable d'apporter des réponses à la question : qu'est-ce que je deviens ? On peut comprendre effectivement cette résistance au changement. Il va falloir imaginer des emplois. Je ne suis absolument pas persuadé, bien au contraire que l'ensemble des métiers soit résous par des robots. Page 99 sur 111 Votre point de vue vis-à-vis de la performance qualité ? Il faut réellement faire attention à ce point, les robots ont une extraordinaire capacité et un défaut fondamental : c'est qu'ils font juste. Prenons par exemple la terre, le véritable moteur de l'évolution dans le vivant, ce sont les défauts de réplication de l'ADN. Quand on fait des gestes justes on a plus la moindre capacité de se développer. Il faut bien comprendre ce point. Dit autrement je ne pense pas qu'il y aura une compétition entre le robot et l'homme. Le robot est fait pour faire des choses justes pour être plus précis qu'éventuellement une main, pour voir dans une longueur d'onde qu'on ne voit pas, pour assimiler plus vite l'information, on ne peut pas lutter contre les processeurs et leurs capacités de calculs. Un cerveau humain c'est fait pour se tromper en permanence et pour pouvoir ajuster ses réponses de façon heuristique et créatives et pouvoir assembler un comportement très adapté avec des décisions qui étaient fausses. Moi ce que j'essaie de pousser beaucoup dans l'entreprise et je pense qu'il a des biais dans nos démarches qualité, il y en a beaucoup d'ailleurs dans la démarche qualité mais, en fait qu'est-ce qu'on fait de nos erreurs ? Nos erreurs sont extraordinairement fécondes et dans beaucoup de métiers, ce qui va faire la force de l'humain c'est sa capacité à se tromper. L'essentiel des découvertes humaines sont des erreurs d'interprétation. Je souhaite découvrir la route des indes mais en réalité je découvre l'Amérique. Partout où ou ces tâches seront robotisés il faut que cela laisse un espace pour l'homme et leur imaginaire. Parlez-moi de votre point de vue sur l'intelligence artificielle De nos jours il y a pas mal de questions concernant ce point. L'Homme construit cette intelligence. La façon qu'a l'intelligence artificielle dans le Deep Learning, qui est capable de se faire un modèle, nous décidons que ceci est un lapin car il bouge comme ça, a des yeux comme ça et des oreilles comme ça, le robot va décider que ceci est un lapin avec un autre critère qu'est le nôtre, il va y avoir d'autres intelligences qui vont se mettre en place et on estime, c'est même déjà le cas, qu'un robot constitue un autre robot. Aucun humain aujourd'hui n'est capable de faire un processeur, c'est un robot qui le crée. On va demander à un robot de faire des morceaux de robot et il n'y a pas de raisons spéciales qu'à un moment donné avec des algorithmes qui nous échappent qu'un robot puisse faire un robot plus performant que lui-même et qui a son tour en Page 100 sur 111 fasse un plus performant etc., C'est un courant de pensée qui dit qu'à un moment donné le robot prendra la main sur le monde et qui nous accepterons comme animaux de compagnie. Possible ? Il faudra un paquet de temps pour que cela advienne. Je ne sais même pas si c'est possible. Pour que cela soit possible il faudra qu'on introduise la fonction d'erreur dans le robot. Le cerveau humain a derrière eux 2,5 milliard d'année d'évolution et d'adaptation et les robots peuvent aller plus vite et en quelques décennies rattraper ce retard. Mais il faudra introduire s'ils veulent se rapprocher d'une intelligence humaine, l'émotion, l'erreur etc. Dans un monde planétaire qui bouge ne pas se tromper c'est mourir. Ne pas se tromper cela veut dire ne pas provoquer l'émergence d'une anomalie qui pourrait me servir pour pouvoir mieux m'adapter dans mon monde. On peut avoir le même raisonnement dans l'entreprise et en particulier dans le management de la qualité. Quand on regarde un moment donné ou sont les erreurs. Quand une entreprise se positionne par rapport à ses concurrents où sont les vrais leviers de la différentiation de la concurrence ? On a les mêmes machines que les concurrents, on a les mêmes méthodes des concurrents, les mêmes circuits d'embauches des concurrents, les mêmes clients, les mêmes contraintes légales alors qu'est ce qui peut faire une différence significative entre moi dans mon organisation et mes concurrents ? Il y a quelque chose de vaporeux et vague qui s'appelle la culture, mais que mettre dans cette culture ? Immanquablement l'adaptation à un monde qui bouge et je vais observer les erreurs qui se produisent dans mon organisation. Et je vais pallier ces erreurs. Car ce sont mes lieux d'apprentissage et de différentiation. Car tout ce qui écrase les erreurs ou qui les considère comme des fautes et pas des erreurs et sur lesquelles les personnes vont se justifier etc., la question est : en quoi l'erreur me renseigne sur le monde, en quoi la façon de la traiter va me rendre plus puissant après l'avoir traité qu'avant ? Je soupçonne que tant qu'on aura cette capacité à l'échelle de l'humain on aura un avantage contre n'importe quel robot. Une entreprise peut survivre sans la robotisation ? Cela dépend desquelles et de ce qu'on met dans le mot robotisation. Je pense qu'il existera des entreprises de soins, de service, ou sa relation aux personnes qui se feront avec des retards de robotisation. Peut-elle survivre sans robotisation ? Cela viendra partout, c'est une tendance lourde des puissances du monde, la révolution de la puce au silicium qui a commencé Page 101 sur 111 après la seconde guerre mondiale et en particulier l'invention du transistor qui a changé les choses puis les processeurs. C'est inéluctable, irréversible et envahissant, les vrais puissants changements du monde ne sont que là. Prenez par exemple l'épigénétique ; aujourd'hui par la robotisation on est capable de décrypter le génome humain et son épigénome en l'espace de quelques poignées de minutes, ça coute mille euros et cela tiens sur la table. Ce faisant, ceci existant ceci ouvre un champ absolu de recherche, ce que e crois c'est que le développement de cette robotisation va nous amener à gagner très vite la connaissance sur le monde et va changer radicalement la façon dont la planète va se faire : dans un siècle on ne se soignera plus de la même façon, il y aura peut-être du transhumanisme à travers des pièces pour quelqu'un qui est paralysé du bas du corps, avoir la possibilité un jour de lui greffer un processeur qui par la pensée lui permettrait de retrouver une mobilité, cela viendra et se fera, cela va envahir tous les secteurs. Cette technologie s'accompagne toute seule, je pense que beaucoup de choses échappent à l'humain, l'humain l'a produit mais lui échappe. On ne peut rien faire sur ça. Que proposeriez-vous pour ne pas la subir ? Dans un aspect systémique cette technologie qu'on a produit à l'origine est plus forte que nous, c'est comme l'économie, elle nous surpasse, elle est haut delà de nous, c'est nous qui l'avons mise en place et nous échappe. Je pense qu'il est illusoire de l'imaginer canalisée. La seule chose c'est de dire maintenant que cela existe, comment arrivons-nous à trouver notre place dans ce système ? Pour certains individus, cela ne posera jamais de difficultés mais je ne sais pas s'il y aura de la place pour tout le monde à tout moment. Certains seront à l'aise dans les éléments sociaux culture qui sont les leurs, d'autres non, qui seront en crainte. A quoi sert de gagner l'argent ? Imaginons par exemple les entretiens des routes se ferait par des robots et les problèmes d'inondation qu'on connait aujourd'hui qui sont aussi en partie liée à des hommes ne faisant plus le travail car cela coute cher, on préfère déplacer le problème vers les assurances, imaginons qu'a un moment donné que les machines de la DDE viennent et réalisent des curages etc. si nous ne changeons pas notre modèle économique, il va y avoir des personne perdues, et on va se poser des questions comment va-t-on redistribuer ces richesses aux personnes ? N'aura de sens à l'échelle des personnes que si ces dernières savent ce qu'ils vont faire et organisent leur vie ? Il y a une forme d'angoisse des personnes qui partent à la retraite, c'est pour ça d'ailleurs qu'il y a beaucoup de personnes qui une fois sont à la retraite disparaissent, qui s'appelle Page 102 sur 111 comment je vais occuper mon temps, ce n'est pas un problème de ressource financière et d'accès au bien de consommation, c'est quel sens et qu'est-ce que je fais de ma vie ? L'absence de travail individuel parce que pris en charge par des robots va questionner. Finalement distribuer un salaire universel règle les problèmes d'aujourd'hui mais pas ceux de demain, cela ne règle pas les questions de fond, du bien être en soi. Il y a beaucoup de choses qui vont s'auto réguler. Les robots auraient pris la main sur la terre, et l'humain aurai disparu, moi ce que je pense c'est que ce sont des scénarios que l'on voit souvent dans les films de science-fiction, mais je trouve que ces films sont les plus juste en matière d'anticipation. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter , quel que soit les bifurcations qui vont être prises ce que je pense c'est que la robotisation va interroger les humaines que nous sommes dans les choix personnels et le conditionnement socioculturel qui sont les nôtres les modèles qu'on prend pour vrai d'organisation du social et du vivant va questionner l'ensemble car d'une part on va atteindre des zones de crises et cela va je pense ouvrir le champ à des nouveaux moyens d'investigation, on va connaitre beaucoup mieux la matière, la mécanique quantique, les vérités de l'univers, on va rentrer un peu plus dans le vivant, dans le génétique , dans la façon dont tout cela se combine, et on aura la possibilité d'accéder à des énergies définitives. On entend souvent l'énergie est rare, ce n'est pas vrai, c'est ce qu'il y a de plus rependu dans l'univers. Ce sont les conversions d'énergie que l'on ne sait pas faire. La robotisation pourra nous donner accès à ces connaissances-là. Ce temps libre libéré par les robots amène le monde à réfléchir autrement grâce à ce temps libre. La robotisation et l'informatique a permis en moins de 17 ans on est passé de la victoire du décodage du génome humain a la production en masse de ce dernier, ce qui libère des laboratoires entiers, qui crée des métiers nouveaux, qui ouvre des champs extraordinaires pour soigner des maladies qu'on n'imaginait même pas qu'elles soient soignables, je pense aux cancers, à la sclérose en plaque. Tous ces modèles vont bouger, la seule structure qu'on a aujourd'hui est la structure par l'emploi rémunéré. Le simple accès au travail rémunéré n'est pas suffisant pour se sentir heureux, il faut avoir une sensation d'utilité, de réalisation. Tout se repensera tout seul, on imagine qu'on aura les commandes des choses mais ce n'est pas le cas. Il faut comprendre que ces phénomènes ne sont pas maitrisables. On aimera bien contrôler mais il faut se souvenir qu'on a très peu de points de fonctionnement pour contrôler un Page 103 sur 111 système. C'est comme les tornades ou les grosses pluies, il faut qu'on apprenne à vivre avec mais vous ne pouvez pas empêcher une tornade de se faire, comme vous ne pourrez pas empêcher la robotisation. C'est terminé. Le simple fait qu'on en parle c'est terminé. Elle vit à son propre rythme. On peut mettre autant de barrières qu'on voudrait, et de principes écrits, c'est fini. On peut éventuellement l'arrêter dans notre pays, elle ne se fera pas là, mais elle se fera ailleurs. Et c'est un frein pour notre modèle économique qui est prévalent, ne pas le faire c'est une erreur, une faute. Cela s'appelle la mémétique, vous ne pouvez pas l'empêcher. Vouloir l'empêcher c'est vouloir l'amplifier. La robotisation ne sera pas simple pour tous les individus, pour moi inclus. La seule chose que je dis, j'ai plutôt confiance, je pense qu'on peut avoir un retour à la nature. C'est à nous d'enchanter et d'humaniser les choses. On est en droit d'exister, d'être. Je trouve qu'il y a une fécondité dans l'erreur et qu'il y a très peu de fécondité dans la réussite, on a besoin de la réussite, massivement de la réussite pour nous endormir, et nous rendre confortable et trouver les énergies pour pouvoir faire quelque chose de nos erreurs. C'est à nous d'humaniser un robot. Page 104 sur 111 |
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