Conclusion
Cette recherche sur le comportement des jeunes de 15 à
25 ans sur Facebook s'appuie sur trois hypothèses.
Tout d'abord, Facebook génère divers usages de la
part des utilisateurs.
En effet, les fonctionnalités explicites pour
lesquelles le réseau social a été créé font
part du premier usage des individus. La plateforme, permet la
possibilité d'interagir instantanément entre les individus. C'est
alors, que le réseau social rend possible la communication par le biais
du partage, des commentaires, de la messagerie instantanée et des
mentions `'j'aime».
D'après Dominique Cardon, les jeunes utilisateurs de
Facebook représentent 30% de la catégorie `'Je regarde mais
je ne publie pas». C'est donc par le biais des usages
précisés ci-dessus que les internautes communiquent entre eux.
1
Toutefois, un usage plus implicite est mis en exergue
d'après mon étude et reprend la catégorie analysée
par le sociologue. L'espionnage est, par l'unanimité de mon
échantillon, une activité qu'ils pratiquent via Facebook ou
d'autres plateformes utilisant les mêmes fonctions de partage.
L'intérêt principal de cet usage conduit
généralement par le sentiment de curiosité, et s'apparente
à la récolte d'informations sur autrui. Par cette analyse, je
peux affirmer que ma première hypothèse est validée.
Ma seconde hypothèse postule que Facebook est un outil
de revendication d'une identité travaillée pour les usagers de 15
à 25 ans.
Tout au long de ma recherche, le processus identitaire a
été évoqué puisqu'il est omniprésent pendant
la période durant laquelle l'individu enfant cherche à
s'émanciper pour devenir un individu adulte.
Dans la seconde partie de mon travail, il a été
analysé que l'un des principaux intérêts des individus,
était le travail stratégique de la promotion de soi, ayant
comme
1 Projet Algopol, op.cit., p.23
93
principal récepteur les individus composant leur liste
d'amis. Ce constat me permet d'affirmer que la deuxième hypothèse
de ce mémoire de recherche est validée.
Enfin, ma troisième et dernière hypothèse
me permettait de m'interroger sur la conscience des conséquences des
usages des utilisateurs de mon échantillon.
Par mon analyse, je peux affirmer que les plus
âgés des interrogés, soit les 23, à 25 ans ont une
conscience plus développée sur les conséquences de leur
usage par leur connaissance des fonctionnalités du réseau social.
Ces usagers font partie de la Génération Y reprenant les
individus nés à même temps que l'avènement du Web
2.0.
Contrairement, à cette partie de mon échantillon
les plus jeunes interrogés semblent être moins conscients des
conséquences de leurs usages sur le réseau social, par manque de
connaissance des fonctionnalités que Facebook peut exercer.
Ma troisième hypothèse est donc validée,
dans le sens où différentes consciences plus ou moins
développées existent au sein des utilisateurs de Facebook.
La grande tendance de ce mémoire repose sur le lien
étroit qui existe entre la socio-culture de nos sociétés
modernes et le comportement des jeunes individus sur la plateformes
numérique.
« Plus le voile des connaissances, des instruments,
des plans et des stratégies s'épaissit, plus nous sommes
séparés de nos milieux naturels par le milieu technique que nous
construisons et plus nous nous tournons vers nous-mêmes, vers nos calculs
et nos hypothèses, mais aussi vers nos exigences et nos principes. Nous
devenons de plus en plus puissants, mais aussi de plus en plus fragiles.
À mesure que nous devenons des créateurs plus habiles, nous nous
mettons davantage en danger, car nul ne peut être à la fois
créature et créateur. j...] C'est alors que nous pouvons nous
soumettre entièrement à notre rôle de créateurs, au
point de dissoudre notre subjectivité dans notre recherche de
subjectivation. La créature en nous échappe en partie au
créateur que nous sommes devenus, et c'est sur les ruines du moi que
s'élève le sujet. »1
1 TOURAINE Alain, 2013, La fin des sociétés.
Paris, Éditions du Seuil p. 603-604p
94
Ce travail de recherche et d'analyse nous amène
à la révélation d'une société individualiste
comme l'évoque Alain Touraine dans cette citation.
Par les stratégies mises en place de la part des
individus sur Facebook, auxquelles s'ajoutent le rapport à autrui, la
simple identité de l'internaute se retrouve biaisée par un
surplus de techniques et de calculs pour la promotion de soi.
L'intériorisation du monde numérique face au réel est
devenue commun dans les sociétés modernes. On parle d'
''amis» pour définir un inconnu, ou de `'mur»
comme si l'on évoquait le mur de sa chambre. Toute cette mise en
scène du design de la plateforme participe aisément à
l'intériorisation du monde de Facebook, supprimant ainsi, la
barrière entre le réel et le virtuel.
Facebook serait une mise en scène représentative
de la société réelle dans laquelle les adolescents
s'expriment, sans pour autant, en mesurer toutes les conséquences.
Facebook, met à contribution une plateforme sur
laquelle se révèlent les individus de la société,
qui sont à la fois, individuels et interdépendants.
La Génération Y (les individus nés entre
1982 et 1994) définit en tant que `'Digital Natives»
1, parfois évoquée sous le nom péjoratif
des `'Digital Naïve» semble être plus consciente des
dangers et des limites de Facebook que leurs successeurs.
Toutefois, tous les individus de mon échantillon ont
intériorisé le monde virtuel dans lequel ils divulguent plus ou
moins leur vie privée.
A l'heure de la société numérique,
Facebook est comparé à un outil marketing regroupant toutes les
données d'une cible susceptible de consommer. Les marques l'ont bien
comprise, et peuvent voir en cette plateforme, un portefeuille de diverses
communautés auxquelles elles savent s'adapter pour pousser à la
consommation.
Nous pourrions donc pousser plus loin cette recherche en
étudiant l'autre côté utilitaire de Facebook en analysant
la stratégie des marques pour comprendre leur adaptation à ces
individus connectés et influençables.
1 PRENSKY Marc, op. cit., p9
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Lors des élections présidentielles
américaines, ont été évoquées, les
stratégies de traçabilité des profils dans le but de
proposer aux individus susceptibles d'être convaincus par un candidat
plutôt qu'un autre, le contenu adéquat qui le poussera à
l'action. C'est à travers les réseaux sociaux comme Facebook que
les marques diffusent du contenu marketing qui incite à un comportement.
Il serait donc intéressant de pousser notre réflexion sur les
stratégies politiques mises en place et leur pouvoir dans nos
sociétés de l'image afin de comprendre les campagnes de
communication politiques dont nous faisons l'objet en 2017.
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