4.3.1.2. Les contraintes socio-économiques : la
pauvreté des populations comme un réel défi pour la
gestion durable des ressources halieutiques
La pauvreté est avant tout, un concept difficile
à définir. Jusqu'à présent, seule la
définition donnée par la Banque Mondiale est prise comme une
référence dans le monde entier. Elle considère comme
« pauvre » toute personne dont le revenu journalier est
inférieur à un dollar. À vrai dire, ce chiffre
représente le minimum pour que cette personne puisse satisfaire ses
besoins fondamentaux. C'est juste un indicateur approximatif, mais qui ne
reflète pas toujours la réalité des choses. La
définition de la pauvreté dépend toujours « de
l'idée que s'en fait la population d'une société
donnée à un moment précis » (Roe D.,
Elliot
J., 2005). Pour le cas du Cameroun par exemple,
l'Institut National de la Statistique a trouvé qu'à un niveau
individuel, un homme ou une femme est considéré (e) comme pauvre
s'il/elle : « est confronté à une complexité de
problèmes inter-reliés qu'il ne peut pas résoudre ; n'a
pas assez de terres, de revenus ou d'autres ressources pour satisfaire ses
besoins fondamentaux et en conséquence vit dans des conditions
précaires ; est incapable de se prendre en charge ».
Ainsi, les communautés de Maga et Kaï-kaï
sont confrontées à un déséquilibre entre la
croissance démographique, et les revenus par tête par
pêcheurs en deçà du niveau de 1986. Car, même si
l'incidence de la pauvreté a commencé à reculer, les
indicateurs de développement humain se sont considérablement
dégradés au cours des années de crise (1980-1990) dans le
secteur de l'éducation et de la santé, mais avec un scoop
donné à Kaï-kaï. La cause latente en est que la carence
en infrastructures sociales de base a généré des besoins
onéreux que ne peuvent couvrir que la pêche (supra, chapitre
1, 1.3.2.2.) : emploi, eau potable, éducation, soins de
santé, alimentation, Mobilité, etc.
158
Certes, de 2011 à 2016, les carences en infrastructures
de base dans les deux arrondissements sont mitigées, mais elles stagnent
dans les campements56 sinon, s'enveniment d'ailleurs57 et
les asymétries de développements locaux restent visibles avec au
nord du lac, un arrondissement fort peuplé (180000 âmes à
Maga) et au Sud, une commune pauvre, encore en retard sur plusieurs plans qui
vient de bénéficier du « projet filets sociaux
»58 de la banque mondiale afin de se tirer de l'impasse de
la pauvreté. Comment dès lors, être attentifs aux discours
des gestionnaires quand on a faim ou lorsqu'on ne sait pas lire et/ou
écrire ? Dans l'un ou l'autre des cas, c'est un véritable
challenge. Car, ne dit-on pas souvent : « ventre affamé n'a pas
d'oreilles » ?
L'hypothèse selon laquelle, la pression
démographique exacerbée par des paramètres
socio-économiques défavorables, est la cause majeure de bien de
menaces directes et indirectes sur les ressources et l'écosystème
au niveau de la retenue d'eau de Maga n'est donc pas fantaisiste quand bien
même, d'autres facteurs peuvent compléter l'origine des
menaces.
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