4.2. L'IMPORTANCE D'UNE COGESTION, BIEN QU'IMMATURE
L'importance de la gestion communautaire du lac de Maga se
révèle à travers la spécificité du contenue
des accords de cogestion et son mode opératoire.
4.2.1. La spécificité des clauses et
signataires de l'accord de gestion
La cogestion est spécifique tant par les acteurs
qu'elle a réunis lors des négociations que son organisation
efficace.
4.2.1.1. Les tractations d'un accord historique aux
objectifs ambitieux
Le constat fait au niveau de la baisse des captures et la
diminution de la taille de celles-ci ainsi que l'existence de nombreux conflits
entre les pêcheurs a amené l'administration des pêches, avec
l'appui du PMEDP53, à organiser un diagnostic participatif au
niveau de ce plan d'eau en 2001. C'est les résultats de cet exercice qui
ont conduit à l'identification de la cogestion comme une approche
appropriée pour une gestion durable et bénéfique des
ressources halieutiques de cette retenue. Celle-ci, financée par le
PMEDP, a démarré en décembre 2003. Jamais un engagement
n'avait réuni autant des participants au sujet de la pêche
à Maga.
Les pourparlers qui vont achoppés depuis 12 mois entre
les parties prenantes suivantes à Maga, vont aboutir les 8 et 9
décembre 2004 à la conclusion d'un accord historique en 10 points
afin de communautariser la retenue. Il s'agit entre autres de l'administration
des pêches, des autorités administratives (Sous-préfets de
Maga et de Kaï-Kaï), des Forces de Maintien de l'Ordre, des
représentants des services déconcentrés des autres
ministères (agriculture, forêts, faune, environnement), des CTD de
Maga et de Kaï-Kaï, des autorités traditionnelles, de la
SEMRY, des acteurs primaires et secondaires (pêcheurs, transformateurs,
transformatrices, transporteurs, commerçants, etc.) et les autres
utilisateurs des eaux et des ressources du lac.
Sans se détacher de la stratégie globale
décrite plus haut propre au gouvernement, les mesures communautaires
relatives à la gestion durable de la retenue soulignent que :
- L'accès à la retenue est
libre à tout pêcheur camerounais en règle avec la
réglementation en vigueur.
53 Programme pour des Moyens d'Existence Durables dans
la pêche
150
- L'exercice du droit de pêche est
conditionné par l'acquisition des autorisations délivrées
par les services compétents. Ces autorisations sont individuelles et non
collectives.
- Tout pêcheur doit utiliser le
matériel réglementaire (annexe 4). L'usage des engins
actifs (sennes, éperviers, filet encerclant, nasses
appâtées et produits chimiques) est interdit ainsi que la coupe
des plantes aquatiques.
- Le comité de gestion doit en
collaboration avec les services de pêche, délimiter la zone de
frayère.
- Les pêcheurs doivent respecter une
période de repos biologique allant du 1er juillet au 30
septembre de chaque année.
- Les pêcheurs doivent prendre les
mesures de sécurité contre les hippopotames. Toutefois, le
comité de gestion pourra saisir l'administration compétente avant
de prendre une décision concernant la lutte contre les hippopotames.
- Le comité de gestion appuie la
création des structures telles que les associations, les GIC, les
coopératives, etc. Puis, favorise la création d'une structure de
micro finance pour faciliter l'épargne et encourager les actions
communautaires (scolarisation, acquisition des matériels de pêche,
soins sanitaires ...). Cependant, une partie des revenus des pêcheurs
doit être mobilisée pour assurer le fonctionnement du
comité de gestion.
- Deux types d'infractions sont relevés
:
a) Les infractions de droits communs : vol, coup et
blessures
b) Les infractions spécifiques : violation des
dispositions réglementaires tels le règlement intérieur,
les accords de gestion...
- La gestion du niveau d'eau se fait en
concertation entre la SEMRY et le MINEPIA qui doit informer et sensibiliser les
pêcheurs sur les impacts potentiels.
151
L'objectif à terme est d'impliquer les acteurs dans le
processus de prise de décision, l'exécution et le suivi des
mesures de gestion et de conservation des ressources halieutiques.
Concrètement, il s'agit de sensibiliser les populations pour une
activité de pêche responsable, contrôler la zone de
frayère, faire respecter le repos biologique, faciliter la
délivrance du permis de pêche aux concernés.
4.2.1.2. Organisation et moyens la cogestion
La cogestion dispose de moyens financiers, des ressources
humaines et des partenaires qui l'assistent dans le domaine logistique et
infrastructurel. Elle est financée à hauteur de 16 millions de
FCFA chaque année, soit 8000000 FCFA à Maga et le reste à
Kaï-kaï par l'État. Ses bureaux comprennent deux organes
fonctionnels exécutant chacun, des tâches /rôles bien
définis.
Le comité de gestion est chargé de l'application
et du suivi des accords. Il coordonne les activités des comités
de pêche et des comités de vigilance et rend compte des
activités aux administrations concernées à savoir les
DAEPIA et les sous-préfets de deux arrondissements. Le comité de
pêche est l'organe chargé du suivi des directives du Comité
de gestion au niveau des groupements des campements de pêche. Il met en
place les comités de vigilance et supervise leurs activités,
représente les campements des pêcheurs au niveau du Comité
de Gestion, rend compte de ses activités au comité de gestion et
dresse la liste des pêcheurs de ces campements.
Placé sous l'autorité du Comité de
pêche, le comité de vigilance est l'organe chargé de la
sécurité dans un campement de pêche. Ses attributions sont
la lutte contre le vol des engins et les mauvaises pratiques de pêche, la
dénonciation aux autorités compétentes de tout fait
illégitime. Il comprend 18 membres à Maga et 22 à
Kaï-kaï tous, délégués parmi les pêcheurs
après formation au CACP de Maga.
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