Conclusion partielle
La pêche artisanale lacustre de Maga, repose sur de
solides fondements physiques et humains. Elle s'inscrit dans une dynamique
spécifique liée à l'introduction de la riziculture
irriguée dans les plaines du Mayo-Danay. Mais, elle a significativement
évolué depuis ses débuts en 1980 tant par ses effectifs en
hommes45, en matériels que par les moyens techniques et
socio-économiques mis en oeuvre. D'une économie d'exploitation
familière, le secteur a connu des changements importants liés
à la panoplie des transformations techniques, d'une demande accrue du
marché puis de nouvelles finalités dans l'exercice du
métier. Ces changements se sont traduits dans la retenue par une
augmentation de la dynamique de peuplement, une recomposition territoriale,
bref un accroissement du rôle de la pêche dans l'économie
locale. D'où, la pression sur les ressources et
l'écosystème. Malheureusement, de plus en plus, les effets
pervers abondent et la recherche ne les a pas inconsidérés.
45 Elle emploie plus de 8000 personnes dans des
villages/campements (Kéleo, Gamack, Malka, Pouss, Djafga, etc.)
très dynamiques et y contribue à l'essentiel des apports en
protéines animales des habitants.
DEUXIÈME PARTIE :
L'AVENIR DE LA PÊCHE ARTISANALE LACUSTRE DE
MAGA
109
Introduction partielle
La pêche artisanale dans le lac de Maga comporte des
enjeux socio-économiques et environnementaux très importants. Une
grande majorité de la population des arrondissements de Maga et
Kaï-Kaï (8000) en dépend pour leurs moyens d'existence.
Cependant, face à la dégradation constante des ressources
halieutiques dans cette pêcherie et la crise socio-économique qui
affecte ce secteur, il est primordial de s'interroger sur l'avenir de cette
activité devenu problématique. Que reste-t-il des ressources
halieutiques dans le lac de Maga pour pérenniser cette activité ?
Il faut donc d'abord évaluer les dommages biologiques et
environnementaux causés par les trois décennies de
prélèvements irrationnels subis par cette pêcherie
(Chapitre 3) puis présenter le dispositif juridique mis en
place par l'État et les acteurs variés afin de juguler ce
phénomène (Chapitre 4) qui intègre
déjà l'idée de chronicité.
110
CHAPITRE 3 : IMPACTS DES ACTIVITÉS DE
PÊCHE SUR LES RESSOURCES HALIEUTIQUES ET
L'ÉCOSYSTÈME
Introduction
Les chapitres précédents ont pu établir
que la retenue d'eau de Maga est une immense pêcherie,
particulièrement riche, mais sous pression sans cesse grandissante. Le
RMD a été dépassé depuis plus de 30 ans
déjà dans ce plan d'eau, et les ressources halieutiques en sont
visiblement touchées. Si tant est-il que toute surpêche constitue
une offense à la pêcherie, on est en droit de s'interroger en ces
termes : pendant trois décennies, quels dommages, la pêche
a-t-elle causé dans le lac de Maga ? Une telle question implique une
« évaluation des stocks »46 de la
pêcherie. Ce chapitre analyse d'abord les renseignements biologiques et
statistiques des ressources halieutiques exploitées afin
d'établir les variations de l'abondance des stocks halieutiques sous
l'effet de la pêche et, dans la mesure du possible, de prédire les
tendances futures de l'abondance des ressources. Ensuite, on s'insistera sur la
situation de leur environnement avant d'aborder l'impact socioéconomique
de cette surexploitation.
3.1. IMPACTS DES PÊCHES SUR LES RESSOURCES
HALIEUTIQUES
Le lac de Maga n'est pas, à ce jour, parvenu à
se doter des instruments techniques et d'une expertise nécessaire
à une évaluation de son stock biologique. Car, s'agissant de
l'évaluation de l'abondance des stocks par méthodes
indirectes47 employées dans cette recherche (ces
dernières reposent sur l'analyse de séries temporelles de
captures et des paramètres de l'exploitation), les données
disponibles sont limitées à des espèces dans le temps et
dans l'espace.
3.1.1. La structure des ressources exploitées
Cette partie rassemble, les niveaux de connaissances de
l'habitat, du cycle biologique, du comportement des espèces et les
mutations de leur écosystème pour déterminer les impacts
sur les structures des captures.
46 Cette opération se fonde sur des prospections des
ressources, la connaissance de l'habitat, du cycle biologique et du
comportement de l'espèce, l'emploi d'indices environnementaux pour
déterminer les impacts sur les stocks et les statistiques des captures
puis définir les conditions présentes d'une pêcherie et son
avenir probable.
47 Un cas particulier de méthode directe est
l'estimation de l'abondance des géniteurs à partir de la
quantité d'oeufs pondus, (estimée par échantillonnage de
l'ichtyoplancton), et la fécondité des femelles.
111
|