2.1.1.2. L'accroissement des prélèvements au
fil des ans
Il faut d'emblée noter qu'il n'existe pas actuellement
à Maga, de limites de captures globales ou individuelles. Mais, des
limites quant à la taille minimale des espèces
pêchées. Aucun Total Admissible de Captures (TAC) n'a
été défini. Si la législation désigne les
hippopotames comme espèces protégées, la
réglementation de l'exercice de la pêche ne prévoit pas
l'utilisation de dispositifs de réduction des captures accidentelles.
C'est le cas des « faux poissons »30 qui ne sont
ni commercialisables ni comestibles sinon que faire l'objet de rejets
méprisables.
Tout comme l'effectif de pêcheurs, les
débarquements ont connu un développement rapide au fil des ans.
Trois tendances caractérisent leur accroissement pendant les 15
dernières années, dont une croissance lente entre 2000 et 2004
passant de 34 tonnes en 2000 à 80 tonnes en 2004 (figure 9).
Cette lente reprise de la croissance fait suite à « une
surexploitation de croissance dénoncée par la mission
d'étude piscicole du barrage de Maga en 2018 »31.
Puis, une évolution notable au cours de la période 2005-2009 qui
s'explique par la reprise de la croissance des juvéniles dans le
lac.
30 Expression vulgarisée par J.P. Corlay pour
désigner les captures effectuées accidentellement par les filets
perdus, abandonnés ou rejetés dans l'eau.
31 Rapport du chef du CACP de Maga, octobre 2003.
Quantités en tonnes
1000
400
900
800
700
600
500
300
200
100
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
2013 2014 2015
34 42 49 75 80
203
Années
357
430 461 453 420 425
529
695
860
813
71
Source : Données de la
DAEPIA- MAGA.
Figure 9 : Évolution des
débarquements à Maga (2000 à 2015).
En espace de 05 ans, les débarquements
enregistrés à Maga ont plus que quintuplé passant de 34
tonnes en 2000, à 203 tonnes en 2005. En 2011, ils sont
inférieurs à ceux de 2007, c'est-à-dire à 430
tonnes. Cela s'explique par le fait que les statistiques de l'année 2011
ne sont pas réelles. Elles ont été mal enregistrées
par le responsable du CACP de Maga en raison de certains bouleversements
administratifs survenus au cours de l'année. À partir de 2010, la
croissance est en récession jusqu'en 2012 où, elle s'achemine sur
une reprise brutale tirée par l'augmentation étonnante du nombre
de pêcheurs.
Néanmoins, la chute des captures en 2015 pourrait
signifier que « le lac a atteint son maximum à cause du
désordre et de la pression qu'il a toujours subie » comme
l'indique le quatrième rapport trimestriel de la DAEPIA/Maga
déposé en octobre 2015. Les débarquements estimés
de concert par la SEMRY, la FAO et le MINEPIA au début de la
décennie 2010 font état de plus de 2000 tonnes de captures chaque
année. Une telle quantité de prélèvement viole
expressément les prescriptions de la FAO par rapport au Rendement
maximum durable (RMD)32 de la retenue fixé à 1500
tonnes/ans depuis les années 1970-1980.
32Le rendement maximal durable correspond à
la quantité maximum d'un stock de poisson que l'on peut
théoriquement prélever sans porter atteinte à sa
capacité de reproduction. Au-delà du seuil fixé par le
RMD32, il y a surexploitation et la capacité de
renouvellement est mise en danger ainsi en est-on à Maga
72
Au regard de ce qui précède, il convient de
retenir que si pendant plus de trois décennies, la production
halieutique fut tirée par l'effectif des pêcheurs sur la retenue,
aujourd'hui, tel n'est plus le cas. Le lac a atteint son maximum et les
tentatives d'adaptation des acteurs portent des signatures diverses au nombre
desquelles, le renforcement de la technologie d'équipage et de
capture.
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