Pour l'obtention du
Master Tourisme et Développement Durable des
Territoires
Mémoire de Master 2
Révolutionner le séjour des sourds dans
les hôtels avec l'Outil Numérique de Communication Interne
Dématérialisée (ONCID)
Par
Fatemeh Sadat LAVASSANI
Sous la direction de :
Madame POULOT Marie-Laure, Maîtresse de
conférences, Université de Montpellier 3
Béziers - Le 15 Juin 2020
1
2
Avec ceux qui agissent pour le tourisme inclusif
É
3
Résumé
Notre objectif vise à révolutionner le rapport
interculturel entre le public sourd et les entendants dans les hôtels. Ce
travail est basé sur un corpus de données documentaires et des
éclaircissements d'un expert d'une entreprise informatique afin
d'exposer la solution moderne et digitale, concevable sur mesure. L'Outil
Numérique de Communication Interne Dématérialisée
(ON-CID) augmente le bien-être de toute clientèle exigeante dans
les établissements hôteliers, et facilite les échanges
depuis leurs chambres. Les mesures techniques prises auparavant n'opti-misent
pas l'accessibilité du public sourd au milieu d'hôtellerie.
4
Mots-clés : Sourd, Hôtellerie,
Accessibilité, Outil digital, Communication numérique.
5
Abstract
Our goal is to revolutionize the intercultural relationship
between deaf costumers and hearing staff in hotels. This work is based on
documentary research as well as some technical tips from an IT company. This
one is in order to expose a modern and customizable solution. Our idea about a
Digital Internal Communication Tool (ONCID) increases the well-being of all
hotel establishment's difficult customers, and so, facilitates exchanges
directly from their room. The technical measures taken previously do not
optimize the accessibility of the deaf public in hotels.
Keywords : Deaf, Hotel, Accessibility, Digital
tool, Digital communication.
6
Liste des sigles et expressions
utilisés
Ad'AP
L'Agenda d'Accessibilité Programmée. Un
dispositif qui permettait jusqu'au 31 mars 2019 aux entreprises de
déposer un dossier pour reporter la mise en accessibilité de leur
domaine, et donc de retarder l'accessibilité de l'ensemble du
patrimoine.
ADT Aveyron
L'Agence de Développement Touristique de l'Aveyron.
Audisme
Terme utilisé pour nommer les préjugés
négatifs et discriminatifs, témoignés à l'encontre
des personnes sourdes.
« La croyance selon laquelle les personnes qui
entendent sont supérieures en fonction de leur aptitude à
entendre, à parler et à agir comme quelqu'un qui entend, et donc
supérieures à celles qui sont sourdes ou malentendantes
» (Humphries, 1975 ; cité par Leduc, 2015).
Autonomie
Être capable sans aucune contrainte d'assister aux
pratiques touristiques et culturelles, en toute égalité dans la
société.
Ne pas avoir besoin d'accompagnement d'une tierce personne ou
de quelconque appareillage pour ses activités.
CIH
La Classification Internationale du Handicap.
CNIL
La Commission Nationale de l'Informatique et des
Libertés.
CRM
Customer Relationship Manager en anglais ou Gestion de la
Relation Client (GRC) en Français.
Déficience
Selon CNRTL insuffisance ou absence d'une fonction physique ou
intellectuelle.
C'est un terme d'utilité purement biologique et
médicale qui exclue la population sourde du reste de la
société, et qui encourage le jugement négatif sur la
capacité de cette communauté singulière.
7
DGE
La Direction Générale des Entreprises.
DMZ
Zones démilitarisées ou Demilitarized Zone en
anglais.
Entendant
Celui qui n'est pas sourd et qui, pour comprendre, a besoin
d'entendre. La langue première d'une personne entendante est sonore.
ERP
Les Établissements Recevant du Public.
FNSF
La Fédération Nationale des Sourds de France.
Handicapé
Une appellation qui ne favorise que la vision déficitaire
et discriminatoire envers la population sourde.
Ce terme n'a pas encore de remplaçant qui met en
lumière l'originalité et singularité de la culture
sourde.
IA
L'Intelligence Artificielle.
INSEE
L'Institut National de la Statistique et des Études
Économiques.
IOP
L'Installation Ouverte au Public.
LS
Les Langues des Signes dans leur intégralité.
LSF
La Langue des Signes Française.
NTIC
Les Nouvelles Technologie d'Information et de Communication
8
ONCID
L'Outil Numérique de Communication Interne
Dématérialisée.
Oralisation
Le fait de lire sur les lèvres pour comprendre la
parole. Ceci peut être un choix ou un moyen forcé par la
société oralisée.
Oralisme
Du mot « Orale » qui est sonore et
énoncé de vive voix et affixe « Ime » pour
désigner les systèmes de pratiques et d'attitudes.
C'est une méthode qui est utilisée par les
sourds pour pouvoir communiquer avec les entendants.
Oraliste
Sourd Oraliste est un « Terme désignant une
personne sourde ou malentendante dont la langue première ou principale
est une langue orale. » (Leduc, 2015).
Personne invalide
Celle dont sa singularité culturelle et fonctionnelle
n'entre pas dans les critères biologiques. Elle n'est donc pas
considérée comme valide.
Personne valide
Celle qui répond positivement à tous les
critères biologiques pour être confirmée comme normale.
Autrement dit, elle ne possède aucune déficience médicale,
elle est donc valide socialement.
PMS
Property Management System.
Rapport exolingue
La communication « exolingue » est définie
comme « celle qui s'établit entre individus ne disposant pas
d'une [langue première] commune » (Porquier, 1984) et s'oppose
à la communication « endolingue » qui s'établie entre
personnes de même langue maternelle (Baggioni, 1995).
RGPD
Le Règlement Général sur la Protection des
Données.
9
Société oralisée
Une société dans laquelle, le seul vecteur de
communication est d'utiliser les langues vocales. Une société
dans laquelle il existe le besoin de la voix pour être entendues et
comprises.
Sourd
Celui qui vit avec une surdité légère,
moyen, ou profonde. Une personne qui possède une culture et une langue
particulière.
SSO / LDAP
Le serveur Authentification Unique ou Single Sign-On pour SSO, et
Lightweight Directory Access Protocol pour LDAP.
T&H
La marque nationale Tourisme et Handicap.
Tourisme adapté
Tourisme inclusif et solidaire. Un type de tourisme qui agit pour
l'autonomie touristique de tous et de manière égale.
UNSAF
Le Syndicat National des Audioprothésistes de France.
10
Remerciements
Je remercie,
Je remercie Madame Marie-Laure POULOT, enseignante et
responsable du Master TDDT de l'université Paul Valéry
Montpellier 3, pour son intérêt, sa confiance, sa bienveillance,
mais aussi pour ses enseignements et les éclairages qu'elle m'a
adressé tout au long de la réalisation de ce travail.
Je remercie ensuite l'ensemble des enseignants et des
personnels du Master 2 TDDT Promotion 2019-2020, dont leurs présences,
leurs discours et leurs enseignements éclairés a aidé
l'en-semble des réflexions qui se dégagent de ce travail.
Je remercie enfin le directeur de projets informatiques de la
société KLEE-GROUPE, pour avoir répondu rapidement
à notre sollicitation concernant les aspects techniques en lien avec
l'outil numérique d'échange interne.
11
Sommaire
Résumé
Abstract
Liste des sigles et expressions utilisés
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3
5
6
|
Remerciements
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10
|
Introduction
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13
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PARTIE I : Sourds, accessibilité touristique,
communication
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16
|
1. Les sourds dans la société
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17
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|
1.1. Vision normative et culturelle
|
18
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|
2. La surdité selon les chiffres
|
21
|
|
2.1. Nombre des personnes concernées en France
|
21
|
|
2.2. Coût de la surdité en France
|
22
|
|
3. Accessibilité touristique pour les sourds
|
23
|
|
3.1. Maturité sociale et métamorphose du regard
normatif
|
24
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3.1.1. Initiative éthique
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26
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|
3.2. Légalité pour une égalité
|
28
|
|
3.2.1. Points obscurs de la loi d'accessibilité
|
30
|
|
3.2.2. Obligations juridiques d'accessibilité pour les
sourds
|
32
|
|
3.3. Bienfaits économiques d'accessibilité pour les
sourds
|
33
|
|
4. Communication avec les sourds
|
35
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|
4.1. Communication colorée de théâtralisme
|
36
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|
4.1.1. Non à l'Oralisme
|
38
|
|
4.2. Écrire et lire pour échanger
|
38
|
|
4.3. Rôle de l'informatique et d'internet
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40
|
|
PARTIE II : Hôtellerie, sourds, séjour
optimisé
|
|
44
|
1. La clientèle sourde dans le milieu de
l'hôtellerie
|
45
|
|
1.1. Réflexion sur l'enquête antérieure
|
45
|
|
1.1.1. Vision des hôteliers
|
46
|
|
1.1.2. Freins à une meilleure accessibilité
|
46
|
|
2. Mode de communication préférentiel
|
49
|
|
3. Outils permettant d'accéder à une autonomie
clientèle
|
50
|
|
3.1. Formation de la LSF pour les personnels
|
50
|
|
12
3.2. Équipements techniques et informatiques
|
51
|
|
4. Période d'entre deux mémoires de Master et les
nouveautés
|
52
|
|
4.1. Nouveautés chez Accor hôtels
|
52
|
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4.1.1. Nouveau poste créé
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52
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|
4.1.2. Challenge LSF chez Accor
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53
|
|
4.1.3. Assistant virtuel pour hôtel
|
54
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|
4.2. Nouveautés informatiques et technologiques
|
55
|
|
4.2.1. Nouveaux outils informatique d'échanges
instantanés
|
55
|
|
4.2.2. Nouvelles technologies robotiques
|
58
|
|
PARTIE III : Outil Numérique de Communication
Interne Dématérialisée
|
|
61
|
1. Contexte du travail, objectifs, méthode et populations
concernées
|
62
|
|
1.1. Problématique
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62
|
|
1.2. Objectifs et intérêts
|
63
|
|
1.3. Populations concernées
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63
|
|
1.4. Méthode et la mise en oeuvre du travail
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64
|
|
1.4.1. Les difficultés rencontrées
|
65
|
|
2. Présentation de l'ONCID
|
65
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|
2.1. Architecture technique de l'ONCID
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65
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|
2.2. Architecture fonctionnel de l'ONCID
|
69
|
|
3. L'interface de l'ONCID
|
70
|
|
3.1. L'interface de commandes pour les clients
|
71
|
|
3.2. L'interface de gestion des commandes pour les personnels
|
74
|
|
Conclusion 77
Bibliographie 80
Liste des figures 85
13
Introduction
Continuer à croire que la surdité est un
déficit et d'estimer que la personne
sourde devra soit réparer ses oreilles en se livrant aux
audioprothésistes, soit se nor-
maliser en peaufinant sa capacité de lecture labiale, est
un jugement injuste qui n'ai-
dera ni le développement de la diversité ni
l'autonomie égalitaire en tourisme.
De nos jours, la surdité a comme conséquence une
limite d'accès à l'informa-
tion. Cela dit dans le milieu du tourisme et d'hôtellerie,
comme le reste de la société,
la paralysie d'échanges épanouis entre les sourds
et les entendants est due au manque
de connaissance des professionnels de la culture sourde et la
place illégitime qu'ils
donnent à la Langue des Signes Française (LSF).
Avec en moyenne 1000 nouveau-nés par an en France
touchés par une baisse
d'audition (Unsaf,2017) et avec environs 11,2% de la population
française vivant
avec une surdité (INSEE,2008), aussi qu'une estimation
d'environ 24 milliards d'eu-
ros pour le coût de la surdité sans appareillage en
France (De Kervasdoué et Hart-
mann, 2016), nous avons à réfléchir à
des solutions efficaces et solidaires pour une
autonomie optimale des sourds.
L'importance d'éliminer le barrage de communication entre
le monde des
sourds et le monde des entendants nous a été
prouvée lors de la crise sanitaire de
2020. Les sous-titrages français et les alertes
interprétés en LSF, les affiches illustrées
Etc., nous apportent la preuve de l'importance d'une transmission
d'informations au-
tant pour les sourds que pour les entendants.
De plus, les obligations juridiques existantes pour la mise en
place de l'ac-
cessibilité des sourds aux services hôteliers et ses
bienfaits économiques nous mènent
à y réfléchir plus sérieusement.
Dans ce document la première question à laquelle
nous avons essayé de ré-
pondre est la suivante : quelle est la communication
préférentielle des deux interve-
nants - c'est-à-dire les sourds et les entendants - lors
d'un séjour à l'hôtel ? De ce
fait, à partir de sa réponse, nous avons
évoqué notre problématique qui est la sui-
vante : Quelle est la solution la plus adaptée et
partagée entre les deux parties ?
14
À notre époque où l'apprentissage de la LSF
n'a pas encore trouvé sa place
légitime parmi les professionnels hôteliers, ils
préfèrent les Nouvelles Technologies
d'Information et de Communication (NTIC) pour faire leurs devoirs
en services tou-
ristiques. Les sourds, eux, apprécient les
possibilités proposées par les facilitateurs
numériques quand le recours à la LSF n'est pas
encore envisageable.
La conception de l'Outil Numérique de Communication
Interne Dématéria-
lisé (ONCID) peut alors devenir une solution efficace
là où la communication écrite
avec la possibilité de son effective à distance est
le choix croisé des deux parties.
Pour développer les différentes réflexions
qui seront présentées dans le pré-
sent document, il nous a apparu important de les décliner
en trois grandes parties de
manière suivante :
En première partie du travail (réf. page
16), nous allons expliquer la place des
sourds dans la société d'aujourd'hui et leur
représentation sociale ; quelques données
chiffrées liées à la surdité en
France qui révèlent l'importance du sujet traité par ce
document ; l'accessibilité touristique des sourds et la
maturité sociale et les bienfaits
économiques que cela procure; ainsi que les modes de
communication avec les
sourds avec le rôle important des NTIC dans le
déblocage de ceux-ci.
Nous allons aborder dans une deuxième partie de
mémoire (réf. page 44), la
place des sourds dans l'hôtellerie et leur
présentation sociale auprès des personnels
hôteliers en soulignant de manière
détaillée les freins qu'ils rencontrent lors de leur
séjour dans un hôtel. Nous développerons
ensuite, le type de communication préfé-
rentiel des deux intervenants, c'est-à-dire les sourds et
les personnels entendants, lors
d'une rencontre. Ensuite dans la même partie, nous
évoquerons les outils nécessaires
à la mise en place des mesures ayant comme objectif de
rendre la clientèle sourde
autonome; Autrement dit les mesures mises en oeuvre au profit de
la diversité au
milieu hôtelier.
Au final en troisième partie (réf. page 61),
nous allons présenter l'objet du
travail réalisé dans le cadre de ce document,
c'est-à-dire la présentation de l'ONCID
en tant que notre idée de solution. Pour cela nous allons
tout d'abord expliquer son
objectif, son intérêt et la population cible; pour
ensuite révéler en détail l'architecture
informatique du système, accompagnée de quelques
maquettes illustratives de l'in-
terface que nous avons créées.
15
Nous conclurons enfin ce mémoire (réf. page
77), avec une ouverture sur
d'autres voies de recherche qui pourront être suivies afin
d'apporter davantage
d'éclaircissements.
16
PARTIE I :
Sourds, accessibilité touristique,
communication
17
1. Les sourds dans la société
De nos jours, la surdité est une appellation globalement
adoptée pour toute
perte d'audition (Faveur, 2014). Néanmoins, on dissocie
une surdité légère, notam-
ment d'une seule oreille, d'une surdité profonde qui
touchent les deux oreilles. Celle-
ci a comme conséquence une limite d'accès à
l'information (Repessé, 2011). La sur-
dité totale, quant à elle, peut paralyser
l'ensemble des échanges de la vie quotidienne
chez l'individu.
Ce défaut d'échanges répandu entre les
personnes sourdes et les personnes
entendantes peut s'étendre aux activités sociales
de l'individu et provoquer une limi-
tation de la réalisation des pratiques culturelles et par
conséquence touristiques.
Les croyances normatives de notre société
vis-à-vis de la surdité, combinées
au manque de connaissances que les entendants ont de la culture
sourde, déterminent
« [les] schèmes cognitifs, comme les
représentations mentales ou psychiques [É] »
ou bien les clichées et les préjugés sociaux
(Mannoni, 2016, p.36).
Ainsi les visions normatives et culturelles de l'ensemble de la
société impri-
ment la représentation de la population sourde. Selon D.
Jodelet :
« [Les représentations sociales renvoient
à] une forme de con-
naissance, socialement élaborée et
partagée, ayant une visée
pratique et concourant à la construction d'une
réalité com-
mune à un ensemble social. »
(Jodelet, 1989, p. 36)
En d'autres termes, de nos jours la place sociale des personnes
sourdes est
associée à leur représentation sociale ainsi
qu'à la position de leur langue et de leur
culture dans la collectivité. Par ailleurs, quel est le
regard normatif et culturel de
l'ensemble de la société actuelle sur la
surdité ?
18
1.1. Vision normative et culturelle
En premier lieu notre société juge la
surdité avant tout comme un handicap à
réparer à l'aide des appareillages, dans le cas
où le niveau de celle-ci le permet. C'est
donc ainsi que la vision déficitaire portée sur la
population sourde est créée. Selon
Andrea Benvenuto, ce regard déficitaire trouve son origine
dans les traits histo-
riques :
« [c'est] la pensée médicale dominante
développée dans les
institutions de sourds au XIXe siècle [qui] a
alimenté l'idée
que la surdité est une anormalité à
corriger car elle empêche
l'acquisition de la langue orale, la langue de la
pensée et de
l'intelligence. »
(Benvenuto, 2011)
Dans la vision déficitaire de la surdité,
l'individu - jugé selon une échelle
purement médicale - possède une réduction
partielle ou totale de sa capacité fonc-
tionnelle physique, donc d'audition. Pour la
société alors, la personne sourde est pla-
cée dans une déficience biologique qui la distingue
des autres êtres de la collectivité
sociale qui eux répondent favorablement aux
critères médicaux.
« Longtemps, le ` marqueur' principal du handicap, [...]
dé-
coulait d'une approche à la fois bio-fonctionnelle,
défectolo-
gique et déficitaire. [...] La déficience [...]
concerne les diffé-
rentes fonctions des parties du corps de l'individu. Elle
ren-
voie à des dysfonctionnements organiques ou psychiques
qui
entrainent une incapacité, c'est-à-dire une
réduction [...] par-
tielle ou totale de la capacité d'accomplir une
activité d'une
façon, ou dans des limites considérées
comme normales pour
un être humain. »
(Reichhart et al., 2013)
De ce fait, de la vision déficitaire découlent deux
autres termes qui sont sou-
vent utilisés pour décrire des populations
particulières telle que la population sourde
19
avec une culture différente. Les deux expressions de
« personne valide » et « per-
sonne invalide », forts dans le sens de discrimination,
semblent trouver leur origine
dans la perspective triptyque du « handicap », le terme
issu de l'échelle purement
biologique. Cette distinction strictement biologique engendre en
deuxième lieu la vi-
sion discriminative envers les populations autrement capables
dont les sourds.
Selon la Classification Internationale du Handicap (CIH) «
le triptyque défi-
cience - incapacité - désavantage social »
est la perspective qui définit les caracté-
ristiques des populations nommées « handicapés
». La surdité - considérée comme
une déficience - en tant que « perte de substance
ou altération d'une fonction ou
d'une structuration psychologique, physiologique ou
anatomique » et le désavantage
social est défini comme un « préjudice qui
résulte de la déficience ou de l'incapacité
et qui limite ou interdit l'accomplissement d'un rôle
social considéré comme normal
compte-tenu de l'âge, du sexe, et des facteurs
socioculturels. » (CTNERHI, 1988)
La représentation normative des sourds dans la
société paralyse au final, les
interventions sociales, car selon Mottez, la surdité est
avant tout un rapport social :
« [É] au lieu de chercher à trancher sur
ce que sont les
sourds, sur ce qu'ils devraient être, sur ce que l'on
pourrait
faire d'eux et pour eux, les entendants commenceront à
s'in-
terroger plus simplement sur la gêne qu'ils
éprouvent dans
leurs relations avec eux, sur la nature bien
particulière des
comportements qu'ils adoptent lorsqu'ils sont avec eux et
sur
les raison de ces comportements, en bref sur la façon
dont ils
se débrouillent avec eux, un pas décisif sera
fait permettant
d'analyser le rapport de surdité. »
(Mottez, 1981, p.5)
Cependant, que ces regards déficitaire et discriminatoire
jaillissent de l'his-
toire collective, des préjugés collectifs ou autre,
l'ensemble de la société attend une
« normalisation » des sourds par une implantation
cochléaire ou par l'oralisation. La
société reste ainsi rigide à l'égard
de la singularité de la langue et la culture des
sourds, ce qui freine leur vie normale (Kerbourc'h, 2010).
20
C'est à partir de la vision discriminative et
déficitaire de la surdité qu'une
limitation d'activités sociales et de rôles sociaux
apparaît :
« En effet, le couple
déficience/incapacité va se répercuter au
niveau de la réalisation d'activités sociales,
culturelles, spor-
tives, professionnelles, touristiques. Ainsi, un lien se
tisse entre
la fonction biologique et la fonction socio-symbolique :
une
personne handicapée ne peut pas avoir des loisirs,
elle ne peut
pas faire du sport ou partir en vacances. »
(Reichhart et al.,2013)
En bref, ces visions soulèvent une méconnaissance
de la singularité de la po-
pulation sourde. C'est-à-dire que l'individu et son
originalité de culture et de langue
méconnue deviennent une identité sociale à
part entière pour l'exclure de possibles
pratiques socioculturelles y compris le tourisme.
Autrement dit l'originalité culturelle et linguistique des
sourds reste propre-
ment ignorée et inexploitée, dans ses
réelles capacités, par la société (Delaporte,
2002). Alors qu'une connaissance précise de cette
population a une importance ma-
jeure :
« Caractériser la population des personnes
handicapées sup-
pose que l'on soit capable d'identifier les individus qui la
com-
posent. Or cette identification est sujette à des
variations selon
que l'on privilégie telle ou telle conception du
handicap. »
(Letourmy et Ravaud, 2005)
En d'autres termes, connaître les besoins et la culture
composante des sourds
est primordiale afin de promouvoir l'accessibilité et donc
par la suite de développer
un tourisme adapté dans la société.
21
2. La surdité selon les chiffres
L'intérêt des données chiffrées de la
surdité ne se limite pas au nombre des
personnes touchées mais également son fardeau
économique en France, afin de pou-
voir mieux réfléchir sur l'importance qu'a une mise
en place de mesures facilitant
l'intégration socioculturelle des sourds, y compris leur
accessibilité dans les do-
maines du tourisme et de l'hôtellerie.
2.1. Nombre des personnes concernées en France
En France, la surdité concerne chaque année environ
1000 nouveau-nés, soit
0,25 % dont 40 % entre eux sont touchés par une
surdité profonde.
Les données plus récentes révèlent
que la surdité augmente avec le vieillisse-
ment ainsi le nombre des personnes concernées
s'accroît avec chaque tranche d'âge
(Unsaf, 2017).
Figure 1- Part des personnes ayant des Limitations auditives
selon l'âge et la gravité (Unsaf, 2017)
Selon l'INSEE en 2008 et les estimations les plus
récentes, environ 7,056,000
personnes ont déclaré une baisse d'audition en
France, soit 11,2 % de la population
22
Française. Le degré de surdité de ceux-ci
varie entre le niveau totale, sévère,
moyenne et légère (Haeusler et al., 2014).
Figure 2- Nombres de personnes déclarant de baisse
d'audition (De Laval et al., 2014).
De plus, en tant que clientèle du tourisme, on estime
qu'en moyenne 3 clients
sur 100 des hôtels souffrent des difficultés
liées à la surdité. C'est-à-dire qu'environ
3 millions de personnes sont en véritable
difficulté d'autonomie lors de leur séjour
dans les hôtels (Mousny, 2016).
2.2. Coût de la surdité en France
La prise en charge pour les appareils auditifs
s'élève à 210 euros par oreille du côté
sécurité sociale, soit une prise en charge à hauteur d'un
peu moins de 35 % en moyenne en France (Taquet, 2016). On s'engage pourtant
dans une prise en charge intégrale des prothèses auditives d'ici
2021 (Ameli et vous, 2019), et en 2020 pour sa première étape, le
reste à charge est passé de 1300 à 800 euros du
côté des sourds (Ameli.fr, 2020).
D'autre part, alors que l'appareillage et les investissements
exclusivement
dans ce sens ne visent qu'une partie de la population sourde, si
aucun des sourds
n'était appareillé les coûts liés
à la surdité s'estimait à environ 24 milliards d'euros
en France (De Kervasdoué et Hartmann, 2016).
23
Figure 3 - Coût du fardeau de la surdité sans
appareillage (De Kervasdoué et al., 2016).
En d'autres termes, ces chiffres nous permettent de
réfléchir aux politiques d'investissement des ressources
financières afin de pouvoir se préparer à une autonomie
totale sans dépendance à autrui, pour toutes les activités
et tous les secteurs tels que le tourisme et l'hôtellerie.
3. Accessibilité touristique pour les sourds
L'accessibilité touristique des personnes sourdes
menant à une autonomie touristique est de nos jours moins
étudiée. Les mesures consacrées à l'autonomie du
public sourd en tourisme et hôtellerie semble être
négligée comparé à d'autres communautés des
personnes capables autrement, tel que les déficients moteurs.
« 30% des personnes interviewées ont pu
préparer seules leurs vacances. Cette possibilité varie en
fonction du handicap. Les déficients moteurs se montrent plus autonomes
que les déficients visuels ou auditifs, voire mentaux. »
(Atout France, 2010)
Pourtant la clientèle des personnes sourdes, comme
d'autres communautés des personnes autrement capables, réserve un
beau potentiel économique pour l'en-semble de l'industrie touristique.
Il est donc important que les acteurs professionnels
24
du tourisme sachent comprendre leurs attentes et besoins
spécifiques, afin de propo-
ser une offre adaptée et innovante tout en respectant les
obligations et le droit fonda-
mental. Une connaissance précise des sourds a donc une
importance majeure. Autre-
ment dit, connaître les besoins et la culture composant
l'identité originale du public
sourd (réf. page 35) est primordiale afin de
promouvoir l'accessibilité et donc par la
suite de développer un tourisme adapté.
« Caractériser la population des personnes
handicapées sup-
pose que l'on soit capable d'identifier les individus qui la
com-
posent. Or cette identification est sujette à des
variations selon
que l'on privilégie telle ou telle conception du
handicap. »
(Letourmy et Ravaud, 2005)
Néanmoins, le développement du tourisme accessible
pour les sourds englobe
plusieurs facteurs tels que la métamorphose de leur
représentation sociale avec une
solidarité collective, clarifier les mesures juridiques
avec l'optimisation des poli-
tiques d'inclusion, ainsi que la dimension économique.
3.1. Maturité sociale et métamorphose du
regard normatif
Il est à noter que l'accessibilité touristique dans
sa globalité est une approche
socio-environnementale qui prend en compte la
nécessité de transformer l'environ-
nement en fonction des caractéristiques de l'individu.
Autrement dit, l'accessibilité est une métamorphose
de la vision de la collec-
tivité - c'est-à-dire la vision déficitaire
- sur autrui, pour ensuite adopter une trans-
formation de l'environnement afin de s'adapter aux
différences. Selon Reichhart et
Lomo Myazhiom c'est à partir de cela que les politiques
d'inclusion prennent du
sens :
« De ce changement de paradigme va émerger un
concept qui
va se démocratiser : l'accessibilité. A
présent, ce n'est pas à
l'individu de s'adapter à l'environnement mais
à l'environne-
ment de se transformer en fonction des
caractéristiques de
l'individu. L'inclusion et les politiques inclusives sont
en
marche. En parallèle avec cette évolution
conceptuelle qui
25
marque le passage d'une vision individuelle a une vision
éco-
logique du handicap, on assiste à l'émergence
d'une dimen-
sion politique ; la personne handicapée devient sujet
de droit
et revendique les mêmes droits que tous [É]
»
(Reichhart et al., 2013)
Aussi, la mise en accessibilité touristique pour les
sourds en tant qu'enjeu
social représente une belle occasion de mutation
sociale.
Pour F. Liarge, avoir accès aux infrastructures
touristiques, tel que les héber-
gements, dans notre société moderne favorise
l'épanouissement de la société :
« L'aspiration légitime des personnes en
situation de handicap
de vivre pleinement leurs vacances dans l'offre
généraliste est
le meilleur moteur d'une réelle intégration
sociale car les va-
cances, la découverte, l'ouverture aux autres
contribuent à
[une] éveil [de notre société] sur la
différence. »
(Liagre, 2003)
Autrement dit, la participation sociale des personnes sourdes et
par extension
leur accessibilité aux pratiques touristiques est un signe
des avancées sociales et donc
par la suite un signe de la démocratisation de la
société.
De même, si la participation aux activités
touristiques est considérée comme
« un marqueur du social », le tourisme
adapté peut être considéré comme un analy-
seur de cette progression de la société,
étant donné que le rapport de chaque société
à la surdité est révélateur de la
place qu'elle donne aux personnes différentes :
« Partir en vacances est donc devenu la règle. Ne
pas partir
un problème, symptôme d'une position marginale
ou pré-
misses d'une exclusion. Les vacances et les voyages
apparais-
sent aujourd'hui comme les repères stables qui
rythment notre
temporalité collective et ressoudent, dans nos vies
privées, des
modes de vie de plus en plus fragilisés.
»
(Viard, 2000)
26
La pensé éthique du tourisme dans son approche
sociale, ne dit pas le con-
traire.
3.1.1. Initiative éthique
Être éthique, agir éthique ou bien prendre
des initiatives selon les principes
éthiques philosophiques, c'est savoir avant tout si
l'offre touristique proposée à la
clientèle sourde est bien conforme à leurs attentes
et à leurs besoins (Éric Well, 2002,
cité par Schéou, 2009).
Autrement dit, il est important de savoir si les mesures
entreprises Ð à la suite
des obligations légales ou de la sensibilisation
engagée par la marque nationale Tou-
risme et Handicap (T&H) Ð sont toutes en accord avec les
valeurs reconnues par la
communauté sourde. Savoir s'ils aident à
l'élimination de la vision déficitaire envers
la surdité ou à l'amélioration de la place
des sourds en tant que clients dans un hôtel.
Savoir s'ils optimisent le service inégalitaire de
séjour.
Selon Schéou (2006) quand il s'agit de l'intention
éthique, nous parlons de
deux pôles : « Je » et « Tu » et la
liberté qui les dépose. Alors, « cette liberté
se
manifeste par la possibilité de s'opposer à ce
qui existe déjà, par la possibilité
d'agir » (Schéou, 2006, p. 20).
En revanche, nous sommes dans l'éthique quand « Je
» reconnait « Tu »
comme son semblable et donc ils veulent une liberté
réciproque. Ces deux libertés
peuvent s'affronter et s'opposer dans l'action. C'est là
que le troisième pôle Ð la jus-
tice, les valeurs, l'égalité Ð joue le
rôle médiateur entre la liberté du pôle « Je
» et du
pôle « Tu ».
Alors en ce qui concerne la nouvelle identité
clientèle touristique créée, c'est-
à-dire la clientèle sourde, il semble que les
acteurs de tourisme jouent le rôle du pôle
« nous dominant » face au public sourd en tant que
pôle « tu dominé » avec un pôle
médiateur qui est « l'accessibilité »
Ð ou par exemple dans son sens figuré la marque
nationale T&H Ð pour équilibrer
l'échange.
Cependant, étant donné que « [É]
l'intention éthique se greffe donc sur une
structure préexistante [É] » et que « La
règle est une institution [qui] préexiste à tout
nouveaux choix [É] » (Schéou, 2006, p. 20), la
relation entre la clientèle sourde et
les acteurs du service touristique reste encore très loin
d'une relation équitable.
En effet, les règles imposées - comme par exemple
l'Agenda d'Accessibilité
Programmée (Ad'AP1) pour rendre accessible les
établissements recevant du public
(ERP) ou les critères incontournables de la marque
nationale T&H pour son acquisi-
tion - par le pôle médiateur sont partielles et
même non-éthiques2.
Alors, c'est pourquoi il est également intéressant
de réfléchir sur la nécessité
d'améliorer certains facteurs de la marque nationale
Tourisme et Handicap, notam-
ment ses critères incontournables, en tant que la
structure ou l'institution préexis-
tante. Sachant que :
« [...] s'il me préexiste, cela ne signifie pas
[...] qu'il n'est pas
possible de la charger de significations nouvelles.
»
(Schéou, 2006)
Le tourisme accessible pour les sourds définit donc la
maturité sociale et
alors, c'est de là que le droit aux vacances et
l'accès aux pratiques touristiques pour
toutes les catégories de populations de différentes
classes sociales prennent de l'im-
portance.
27
1 Le dispositif Ad'AP, a été institué par
l'article 3 de l'ordonnance n° 2014-1090 du 26 septembre 2014 et est
relative à la mise en accessibilité des établissements
recevant du public, des transports publics, des bâtiments d'habitation et
de la voirie pour les personnes handicapées. Depuis le 31 mars 2019, il
n'est plus possible de déposer d'Ad'AP, sauf pour le département
Mayotte. « [ceci] se poursuit cependant avec la mise en oeuvre des
travaux [...] et le suivi des agendas de plus de trois ans. ».
(Ministère de la transition écologique et solidaire, 2020). Ceci
n'empêchera pas toutefois, de prolonger la durée de la mise en
accessibilité des sites ou la retarder.
2 Selon les créateurs de la marque nationale Tourisme
et Handicap, un hôtel peut acquérir le label de la surdité
si uniquement il met en place le système de sécurité en
flash et l'outil d'amplification du son qui est utilisé uniquement par
les malentendants appareillés. La connaissance de la LSF et les
dispositifs domestiques - sonnette avec flashs lumineux sur la porte ou
système de tchat interne etc. - ne sont donc pas obligatoires. Cela
n'étant pas conforme aux réelle attentes de l'ensemble des sourds
et ne pouvant pas alors être destiné à toute la population
sourde, n'est donc pas éthique. En bref, acquérir cette marque ne
veut pas forcément dire que l'établissement possède toutes
les meilleures mesures d'accessibilité ou que les personnels ont les
connaissances indispensables de la langue et de la culture sourde. Pour en
savoir plus voir :
http://www.tourisme-handicaps.org
.
28
3.2. Légalité pour une
égalité
La prise en compte de la population sourde - en tant qu'une
partie intégrante
de la société - semble comme un
phénomène multidisciplinaire basé notamment sur
un élément important et majeur qui est "un
accès égal à tout, pour tout le monde".
Ceci touche également le tourisme et ses alliés,
c'est-à-dire les différents sec-
teurs qui y sont directement ou indirectement connectés,
tel que le transport, la res-
tauration, etc.
« La prise en compte de la personne handicapée
comme acteur
de la collectivité, intégrée dans la
société, apparait comme une
question interdisciplinaire, qui s'analyse essentiellement
sur
la base d'un critère : l'égal accès
à tout, y compris au tou-
risme. »
(Degros, 2013)
La loi d'inclusion des personnes autrement capables y comprit
donc les sourds
- la loi du 11 Février 2005 - prévoit la mise en
accessibilité de la société pour l'en-
semble des citoyens.
Cette loi de 2005 englobant trente-six articles - articles 41 au
54 - se penche
sur trois axes principaux de la question de
l'accessibilité. La scolarité et l'emploi étant
parmi ces axes, nous nous intéressons notamment au
troisième axe qui est le cadre
bâti.
« Les dispositions architecturales, les
aménagements et équi-
pements intérieurs et extérieurs des locaux
d'habitation, qu'ils
soient la propriété de personnes privées
ou publiques, des éta-
blissements recevant du public, des installations ouvertes
au
public et des lieux de travail doivent être tels que
ces locaux et
installations soient accessibles à tous, et notamment
aux per-
sonnes handicapées, quel que soit le type de handicap,
notam-
ment physique, sensoriel, cognitif, mental ou psychique
fÉ] »
(Loi 11 Février 2005, Article L. 41)
29
Cette loi encadre donc uniformément - mais de
manière générique - la mise
en accessibilité des biens et des services accueillant du
public. Il existe néanmoins,
quelques points obscurs dans la loi d'accessibilité
(réf. page 30).
L'égalité est le support sur lequel
l'accessibilité se matérialise. Ainsi à partir
de ce dernier le droit au tourisme et l'accessibilité au
tourisme durable se construit
progressivement.
Abordons tout d'abord le droit de l'homme. Une loi qui est
apparue le 26 aout
1789 en France et qui présage dans son premier article
que « Les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées
que sur l'utilité commune [...] », donc
c'est ainsi qu'à partir de cette loi « [...] chacun
doit pouvoir accéder aux droits de la personne et aux
libertés fondamentales sans
discriminations [...] » (Degros, 2013)
A l'égard de ce fondement d'égalité chacun
doit avoir l'accès aux biens et
aux services quel que soit la nature d'activité et
l'identité sociale de l'individu. Ceci
vaut aussi lorsqu'il est question d'accès de l'ensemble
des touristes - y compris les
touristes sourds - à l'ensemble des services sans
distinctions :
« [afin] de permettre aux personnes handicapées
de vivre de
façon indépendante et de participer pleinement
à tous les as-
pects de la vie, les Etats Parties prennent des mesures
appro-
priées pour leur assurer, sur la base de
l'égalité avec les
autres, l'accès à l'environnement physique, aux
transports, a
l'information et à la communication, y compris aux
systèmes
et technologies de l'information et de la communication
[É] »
(La convention ONU, 2006)
Il est donc question de rendre la société
accessible le plus largement possible,
afin de permettre à tout individu - sourd ou non - d'avoir
accès sans frein à tous les
secteurs d'activités et de pratiques, aux biens et aux
services. De plus, il ne faut pas
oublier qu'en favorisant l'accessibilité des personnes
sourdes au patrimoine - et donc
par la suite au tourisme - nous nous permettons de créer
une identité clientèle et de
consommateur originale :
30
« [l]'amélioration de l'accès aux biens,
aux services et aux
infrastructures courants permet aux personnes
handicapées de
devenir des consommateurs. »
(Commission européenne, 2007 : 9)
L'accessibilité en tant que critère du tourisme
durable, doit être prise en
compte par les acteurs professionnels du tourisme et de
l'hôtellerie afin de respecter
les principes de développement durable, et donc de
tourisme durable. Ainsi ils ren-
dent le droit au tourisme - et donc le droit d'accès
équitable aux services - opéra-
tionnel. De plus, ils participent ainsi au fonctionnement des
droits du citoyen - per-
sonne - et de la consommation :
« [É] l'accessibilité du patrimoine, mise
en oeuvre par le droit
français de l'accessibilité, constitue un
critère fondamental du
tourisme durable, sur lequel repose le droit au tourisme.
Dans
cette hypothèse, le droit au tourisme s'appuie sur le
tourisme
durable, qui est lui-même fonde sur
l'accessibilité, afin de con-
crétiser le principe de l'égal accès de
`tous a tout'. »
(Degros, 2013)
En bref, l'accessibilité permet un passage d'une vision
individuelle à une vi-
sion écologique de la surdité et, concrétise
une dimension politique qui revendique
les même droits pour tous. Celle-ci donc affirme les droits
d'accès des personnes
autrement capables au tourisme.
Alors, à la suite de l'impact de l'accessibilité
sur l'évolution des droits, l'ap-
proche pathologique et déficitaire de la surdité se
voit muter vers une citoyenneté de
plein droit et une participation sociale avec une
indépendance la plus maximale pos-
sible.
3.2.1. Points obscurs de la loi d'accessibilité
Premièrement, à partir du décret
d'application du 7 mai 2006 de la loi 2005,
il y existe désormais deux sortes de distinctions. La
première consiste en une distinc-
tion entre les établissements recevant du public existant
et ceux qui sont neufs. La
31
deuxième distinction est liée au seuil de
fréquentation du public, catégorisé à partir
de 1500 personnes pour le premier classement jusqu'à un
nombre plus faible pour le
cinquième et dernier classement.
De ce fait il existe un seul critère qui définit -
de manière générale - ces
établissements, et cela est « l'accueil du public
». Ce terme en tant que condition
nécessaire n'est pas alors suffisante « pour en
reconnaître l'existence légale » et ce
en raison de « l'absence de définition de la loi
du 11 février 2005 et de ses décrets
d'application. » (Degros, 2013).
Selon E. B. Degros ces distinctions et catégorisations ne
sont pas à la faveur
de la mise en oeuvre des principes de l'accessibilité et
donc ne facilitent pas le fonc-
tionnement de celui-ci :
« La distinction opérée entre les
Etablissements Recevant du
Public (ERP) et les Installations Ouvertes au Public (IOP)
et
le classement effectué entre les différents ERP
ne sont pas sans
conséquences sur la mise en oeuvre du principe de
l'accessibi-
lité, qui peut à cette occasion connaitre une
certaine inhibi-
tion. »
(Degros, 2013)
Deuxièmement, il est à noter que l'article 41 de la
loi prévoit quelques excep-
tions en faveur des établissements recevant du public pour
la mise en accessibilité de
leur patrimoine. Ce régime « échappatoire
» est basé sur trois motifs : d'ordre tech-
nique - impossibilité technique lié à
l'environnement du site - ; d'ordre économique
- influence forte sur l'activité économique de
l'entreprise - ; et lié à la conservation
du patrimoine culturel lorsque les travaux sont en contrainte
avec la conservation du
patrimoine architectural et culturel.
Troisièmement, à partir de la décision du 26
septembre 2014 pour la création
d'un Agenda d'Accessibilité Programmée (Ad'AP), les
établissements qui ont dé-
posé un dossier avant 31 mars 2019 ont eu la
possibilité de reporter toute action visant
à la mise en accessibilité de la
société et du patrimoine (Legifrance, 2014), ce qui
explique clairement la lenteur des démarches prises pour
l'accessibilité de la société.
32
Parmi les éléments abordés ce qui nous
paraît le plus important est le régime
dérogatoire de la loi 2005 avec son motif d'ordre
économique car nous avions cons-
taté auparavant que les acteurs professionnels du tourisme
- tels que les responsables
hôteliers ou les prestataires d'oenotourisme - mentionnent
les raisons pécuniaires
pour échapper aux travaux en faveur de la clientèle
sourde (Lavassani, 2019).
« f...] le représentant de l'Etat f...] peut
accorder des déro-
gations f...] lorsque les travaux d'accessibilité
f...] sont sus-
ceptibles d'avoir des conséquences excessives sur
l'activité de
l'établissement. »
(Loi 11 février 2005, Article 41)
3.2.2. Obligations juridiques d'accessibilité pour
les sourds
La mise en place des systèmes et des services
adaptés pour le public sourd
dans les établissements hôteliers n'est pas
uniquement un geste de conscience, mais
elle est notamment une obligation juridique. Pour mémoire,
les Art 4 Arrêté du 24
décembre 2015 ou Art 5 JORF n°0288 du 13
décembre 2014 Texte n°49 nous obli-
gent à prendre des initiatives qui facilitent
l'accès des personnes autrement capables
aux bâtiments collectifs et individuels.
De plus, rappelons-nous de la loi n° 2015-988 du 5
août 2015 ratifiant l'or-
donnance n° 2014-1090 du 26 septembre 2014, Art. L. 4142-3-1
qui insiste sur l'obli-
gation de la formation des personnels d'accueil en relation avec
les personnes ca-
pables autrement dans les structures possédant une
capacité d'accueil de 200 per-
sonnes au minimum.
En outre, la loi du 11 février 2015 met l'accent sur la
reconnaissance de la
langue des signes française comme « une langue
à part entière. » (Fédération Natio-
nale des sourds en France, 2015).
En bref, la surdité est reconnue au niveau
législatif par diverses obligations.
Pourtant, elle est soumise aux visions injustes de la part de la
société. Celle-ci est
sujet de divers investissements de réparation. Un
changement de regard est alors né-
cessaire afin de conduire les efforts, les énergies et les
ressources vers les champs
opérationnels.
33
3.3. Bienfaits économiques d'accessibilité
pour les sourds
Garantir un maximum d'autonomie pour les personnes sourdes
dans leur séjour touristique à l'hôtel et faciliter leurs
échanges d'information et leur communication avec les personnels gagne
de l'importance lorsque les bienfaits d'une telle avancée concerneront
non seulement les personnes sourdes de naissance mais également les
séniors chez qui la baisse d'audition s'amplifie avec l'âge.
En France, le marché des personnes autrement capables
représentant entre 19,2 et 57,6 millions de nuitées -
accompagnateur compris - et les séniors élargissent la
clientèle du marché des touristes sourds, étant
donné qu'ils deviennent une partie non négligeable de la
démographie de population du pays (
Economie-gouv.fr, 2017).
Figure 4 - Projection de population par grand groupe
d'âges (INSEE, 2018)
D'autant plus que selon les chiffres ces derniers -
séniors âgés de 61 ans et plus - ont réalisé
plus de 22 milliards d'euros de dépenses touristiques en 2014 (Direction
Générale des Entreprises, 2016).
34
Figure 5 - Dépenses touristiques selon l'âge (DGE,
2016, p.3)
Ceci alors mérite d'être examiné avec plus
d'attention car « La France [É] comptera en 2050, une personne
sur deux âgée de plus de cinquante ans » (Mangin et al.,
2006, p.11).
L'accessibilité pour les personnes sourdes est
liée aussi à l'économie solidaire. Car celle-ci dans son
approche sociale facilite la communication interculturelle et le rapport
social, et quant à l'économie solidaire, celui-ci est un
système de relations sociales et non pas indépendante de celui-ci
:
« L'économie sociale et solidaire constitue
une remise en cause du système économique classique en se
distinguant à la fois par le sens du projet qui se réfère
à la notion de la solidarité, donc à l'utilité
collective, et par le statut de l'organisation concernée qui exprime une
référence à la notion sociale et suppose un fonctionnement
démocratique. »
(Schéou, 2009, p.72)
35
4. Communication avec les sourds
En ce qui concerne le tourisme dans sa globalité, la
qualité de communication
est importante du fait que la faculté d'accéder aux
informations pertinentes influence
les choix de voyage :
« En effet, l'accès à l'information joue
un rôle capital sur la
décision de départ et l'organisation du
séjour [...]. »
(AtoutFrance, 2010)
Lorsqu'on aborde la communication entre les sourds et les
entendants, l'objet
se situe premièrement sur la définition
phénoménologique de la communication qui
est la transmission du sens et l'accès à
l'information pour ensuite deuxièmement,
mettre l'accent sur l'approche socioculturelle de la
communication qui est produire
l'image et conditionner l'identité de l'autre :
« On définit généralement la
communication come un transfert
d'informations. Cependant, lorsqu'on est attentif aux
diffé-
rentes formes concrètes de communication humaine, on
se
rend compte que cette définition est beaucoup trop
étroite.
Nous communiquons aussi pour nouer des relations, pour
par-
tager des émotions et des sentiments, pour agir sur
autrui,
pour séduire ou pour attaquer, pour confronter notre
identité
ou celle des autres. [...] une part importante des
interactions
sociales tend à produire une certaine image de soi,
à entériner
ou remettre en cause celle que l'interlocuteur veut donner
de
lui et à « négocier » ces
différents aspects. Plus précisément,
[...] l'identité est à la foi la condition,
l'enjeu et la résultante
d'un grand nombre de communications sociales. »
(Lipiansky, 1993, p.31)
Ainsi lorsque l'identité des sourds, et de la même
façon leur type de commu-
nication et leur culture, n'est pas accueilli de manière
optimisée par les acteurs du
tourisme et de l'hôtellerie, une instabilité entre
deux « mondes » s'installe. Une pré-
carité entre le monde des entendants et les services
touristiques qui sont construits
36
pour ceux qui entendent, auquel les sourds doivent rester loyaux,
et celui des sourds
qui répond à des exigences identitaires
réelles mais qui demande un effort constant
pour s'adapter à l'extérieur.
Néanmoins, en parallèle de tout effort conduisant
à une métamorphose ou
évolution sociale au profit de la surdité, il est
primordial de créer un équilibre entre
ces deux mondes et leurs composants - notamment au milieu
hôtelier et pour les
séjour touristiques - à l'aide d'un
médiateur qui facilite l'échange et qui évite toutes
sortes de sur effort.
Toutefois afin de pouvoir réaliser un échange
performant avec les sourds et
de participer donc à la constitution d'une identité
clientèle originale, il faut d'abord
se familiariser avec le monde des sourds, pour ensuite
connaître leurs modes de com-
munication :
« Dans l'imaginaire collectif, la surdité renvoie
au fait de ne
pas entendre [...] de ne pas être pris en compte [...]
ou de ne
pas être d'accord. À l'image du professeur
Tournesol dans les
albums de Tintin, le sourd est perçu comme distrait et
étourdi.
[...] La surdité est une source de questionnement
sociologique
dans la mesure où elle pose la question du corps et du
langage,
de la culture et de l'identité, de l'éducation
et de la société.
[...] Il s'agit d'étudier les différentes
conceptions existantes
aussi bien dans les représentations sociales et dans
les travaux
scientifiques que dans les expériences subjectives
vécues par
les sourds eux-mêmes. »
(Bedoin, 2018, p. 3-6)
4.1. Communication colorée de
théâtralisme
Dans la Langue des Signes Française (LSF) le corps est le
transmetteur prin-
cipal des émotions et du message. Plus
précisément c'est avec l'expression du visage
et la posture corporelle que le message émis, qui est
l'enchaînement des différents
signes, retrouve son sens et sa destination.
37
« La personne sourde est captive des informations
visuelles
dans son rapport au monde, [...] elle peut être
isolée, dès lors
qu'elle est coupée de la communauté de ses
pairs. »
(John et al., 2009)
Cette langue, reconnue comme une langue à part
entière depuis la loi 2015, a
sa syntaxe propre et les signes sont accompagnés des
expressions théâtrales qui, agis-
sant comme l'intonation ou la prosodie dans les langues audio,
définissent les affects.
Ceci montre à quel point il est important de jouer avec le
visuel pour communiquer
avec les sourds :
« Sur la scène publique, la langue des signes,
longtemps res-
tée méconnue, s'affiche désormais dans
les médias, se diffuse
sur les réseaux sociaux et fait l'objet de formations
ouvertes
au grand public. Il est aujourd'hui possible en France de
se
familiariser avec les signes dès la crèche, de
présenter une
épreuve facultative de langue des signes au
baccalauréat et
même de poursuivre des études supérieures
dans ce domaine
en s'orientant vers l'enseignement ou
l'interprétariat. »
(Bedoin, 2018, p. 3-6)
En effet, même si la pratique de la LSF tend à se
répandre, sa pratique reste
rare chez les professionnels hôteliers. Ce mode de
communication est important
car son utilisation est source d'une grande jouissance pour les
sourds et donc une
manière pour les fidéliser :
« L'utilisation de la LSF en présence des
entendants est source
d'une grande jouissance : celle de pouvoir exclure ceux
qui
ont exclu, celle enfin de « montrer » sa
singularité sous un
autre angle que celui du manque. [...] « Cela suppose
qu'ils
maîtrisent la LSF pour être citoyens à
part entière et auto-
nomes ! » »
(John et al., 2009)
38
4.1.1. Non à l'Oralisme3
La Langue des Signes (LS) est une langue véhiculaire pour
l'ensemble des
sourds du monde entier. Il n'existe pas une seule langue mais
plusieurs langues des
signes, ce qui est méconnu par beaucoup de personnes. En
ce qui concerne la France,
la Langue des Signes Française (LSF) varie aussi entre les
régions. C'est pourquoi
nous pouvons considérer la LSF et sa répartition
comme un moyen qui représente la
culture locale dans son sphère communicationnel en tant
que code gestuel.
Les personnes sourdes s'approprient la LSF car cette langue est
représentative
de leur culture et leur monde singulier. Il est donc possible que
même lorsqu'ils ont
un bon niveau de langage oral - ce qu'on appelle un sourd
oraliste4- l'oralisation5
soit refusée.
Ceci dit qu'il refuse le mode de communication purement «
audisme6 » qui
n'est pas le reflet de son identité originale. En d'autres
termes, lors d'un échange
entre un sourd et un entendant, la personne sourde qui est
capable à lire sur les lèvres
pour comprendre la parole, peut refuser en pleine conscience
cette méthode afin d'in-
viter l'autre à faire un effort.
4.2. Écrire et lire pour échanger
Lorsque le recours à la Langue des Signes Française
(LSF) pour parler et
communiquer avec les sourds n'est pas possible, notamment chez
les acteurs hôte-
liers, la communication écrite peut être le seul
vecteur de la compréhension rapide.
Autrement dit, pour une personne sourde lettré,
écrire et lire sont les seuls
moyens pour accéder à la totalité d'un
message ou satisfaire leurs besoins par un
service qui leur est dû.
3 L'oralisme est une méthode qui est utilisée par
les sourds pour pouvoir communiquer avec les entendants.
4 Un sourd qui sait lire sur les lèvres pour comprendre la
communication verbale des entendants. Dans ce cas-là, la langue
première et principale de la personne sourde, avant d'apprendre la LS,
est une langue orale.
5 Le fait de lire sur les lèvres pour comprendre la parole
des entendants.
6 « La croyance selon laquelle les personnes qui
entendent sont supérieures en fonction de leur aptitude à
entendre, à parler et à agir comme quelqu'un qui entend, et donc
supérieures à celles qui sont sourdes ou
malentendantes» (Humphries, 1975 ; cité par Leduc, 2015).
39
Néanmoins, il ne faut pas oublier que cette forme de
communication, là où les équipements et les installations
adaptées n'existent pas, peut forcer la personne sourde à se
déplacer constamment à l'accueil de l'hôtel par exemple et
attendre un service.
« La majorité des sourds s'accrochent pour se
débrouiller malgré l'enseignement parfois inadapté. [la
communication écrite] est accessible et compense le manque, de sorte que
les sourds se sentent moins différents. »
(John et al., 2009)
Toutefois, il est à noter que les communications SMS
nécessitent une maîtrise suffisante de l'écrit qui n'est
accessible qu'aux sourds plus grands7 avec un pourcentage de 59%
d'illettrisme pour les enfants sourds (ADT Aveyron, 2020).
Figure 6 - Estimation du nombre d'illettrés parmi les
sourds (ADT Aveyron, 1998)
« La transcription (sous-titrage, transcription en
direct par vé-
lotypie ou sténotypie) est une aide majeure pour
les personnes sourdes ou malentendantes. Mais cette population serait
illet-
7 Il est à rappeler que l'acquisition de la langue
orale et par la suite de la langue écrite est un parcours
compliqué et fragile pour les enfants sourds. « Les sourds
n'ont pas de « chair sonore », mais fabriqueraient-ils l'idée
de cette « chair » ? Bien qu'elle soit une zone d'incertitude,
l'imagination est un appui considérable dans la lecture et
l'apprentissage de celle-ci. » (Hamm, 2012).
40
trée à 80 %. La contradiction n'est
qu'apparente, ce pourcen-
tage est exagéré. Il ne concerne, au pire, que
les personnes
nées sourdes et, particulièrement, les enfants.
»
(ADT Aveyron, 2020)
Toutefois il est à souligner même aujourd'hui le
besoin d'une vraie étude of-
ficielle de recensement du nombre d'illettrés parmi les
sourds se fait fortement res-
senti.
« Aucun chiffre officiel ne recense le taux
d'illettrisme parmi
les sourds - celui de 80%, cité dans un rapport datant
de 1998,
est souvent avancé, mais sa fiabilité est mise
en doute - mais
tout le monde s'accorde sur le fait qu'il est
anormalement
élevé. »
(Maudet, 2016)
4.3. Rôle de l'informatique et d'internet
Jusqu'à l'arrivée du Minitel dans les années
1980, les sourds ne pouvaient
communiquer avec les autres que par écrit. Depuis la
création de la Langue des signes
française, l'apparition puis l'extension de l'Internet
dans les années 1990 ont été un
avancement inédit, qui a sorti les personnes sourdes de
l'isolement.
« Internet est non seulement d'une grande richesse, mais
éga-
lement un outil « thérapeutique ».
L'Internet est devenu un ou-
til de communication essentiel pour les sourds qui
l'utilisent,
d'une importance bien supérieure à celle du
téléphone pour
les entendants. »
(John et al., 2009)
Au point de vue du tourisme même, l'internet a
facilité la diffusion d'infor-
mations et d'offres aux personnes autrement capables :
« Internet constitue la première source
d'information, suivie
par le contact avec un professionnel du tourisme [agence
de
41
voyage, tour opérateur]. Les associations en lien avec
le han-
dicap interviennent peu dans la préparation du
départ, hormis
pour les séjours de groupe. »
(Atout France, 2010)
À l'instar de la population générale les
nouveautés technologiques dans le
domaine de la communication, que l'on désigne
habituellement sous l'acronyme
NTIC pour « Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication » -
c'est-à-dire l'Internet, Tchat, SMS,
Visioconférence, Webcam et Visio-chat, etc. -
favorisent un échange authentique et ont
révolutionnés la vie des sourds.
Citons le témoignage d'un sourd dans un article
publié en 2010 par l'associa-
tion non lucratif de Forom-écoute :
« La fonction chat a été une grande
révolution, renchérit
Marco Ecclésia. Cela m'a évité non
seulement les déplace-
ments dans mon lieu de travail, mais m'a aussi permis de
com-
prendre les consignes plus rapidement et plus
sûrement!»
(Forom écoute, 2010)
Les Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication sou-
tiennent la construction d'une identité clientèle
sourde en fortifiant l'inscription de
leur originalité dans le milieu du tourisme et de
l'hôtellerie. Autrement dit, pour un
sourd qui vit la précarité du lien et qui est
engagé, dans une culture de sur-effort sans
fin, à se déplacer pour communiquer, la
nécessité d'un accueil et d'un séjour facilité
se fait fortement ressentir. Ainsi avec les NTIC le maintien d'un
lien stable et régu-
lier, avec une qualité relationnelle sera possible.
« Le[s] support [numérique] correspond bien
à l'attente des
sourds. Et les rend un peu plus «autonomes» et
«respon-
sables». Aidant les sourds à progresser dans leur
«comporte-
ment social et de communication» [ainsi que leur
accès aux
services]. »
(John et al., 2009)
42
Les NTIC en hôtellerie mettent à disposition une
multitude de services per-
mettant aux personnes sourdes de ne plus dépendre
régulièrement d'un tiers pour
leurs utilisations de services ou d'offres. Celle-ci peut
être en lien direct avec la ré-
ception pour les demandes banales, la restauration et les
commandes de room service,
le service des étages ainsi que les sollicitations
techniques ou urgentes, etc.
Citons le témoignage de Eva Hammar, chargée de
communication des sourds
à la Fédération suisse, publié par
l'association Forom-écoute :
« Ce qui a vraiment changé ma vie, ce sont les
SMS. [...] Enfin,
un moyen de communication à distance, où je
suis vraiment à
égalité avec les entendant et où il n'y
a pas de risque de ma-
lentendus dus à ma surdité. [Le tchat] un outil
très pratique
pour communiquer et être joint en cas d'urgence [...]
»
(Forom écoute, 2010)
Selon la même source, l'utilisation de l'informatique et
d'Internet peut donc
émerveiller les sourds plus que les entendants.
« Grâce à la vidéo, nous diffusons
des informations en langue
des signes, car les personnes sourdes n'ont pas toutes un
ni-
veau suffisant en français pour comprendre ce qu'il y
a sur les
sites. [...] Autre avantage : pour les sourds, ces
vidéos sont
accessibles en tout temps et à toute heure.
»
(Forom écoute, 2010)
Tout de même, il ne faut pas oublier que ceux-ci ne
remplacent pas le contact
humain et donc la nécessité et l'importance de la
maîtrise de la LSF qui pourrait être
comblé avec les Visio-tchat grâce à la webcam
ou la diffusion de vidéos explicatives
en Langue des signes.
43
En bref, nous avons constaté que la représentation
sociale des sourds définit
la position de leur langue et de leur culture dans la
société, et que de nos jours le
regard normatif de la surdité est limité à
une échelle uniquement biologique la con-
sidérant comme un déficit à
réparer.
L'accessibilité touristique pour les sourds apporte alors,
une vision éthique et
solidaire qui permet à la société de faire
un pas vers une métamorphose de la vision
déficitaire et discriminatoire sur la surdité.
L'accès égalitaire est donc l'indice d'une
maturité sociale pour laquelle légalité joue
un rôle indispensable. C'est à partir de là
qu'il nous a paru important de vérifier les
définitions abordé dans les milieux d'hô-
tellerie, dans la partie suivante
44
PARTIE II :
Hôtellerie, sourds, séjour
optimisé
45
1. La clientèle sourde dans le milieu de
l'hôtellerie
Après avoir traité dans la première partie
la question de la représentation des
sourds dans la société et leur accessibilité
touristique, ainsi que leurs différents modes
de communication, il nous est paru important de dévoiler
non seulement la perception
des personnels hôteliers de la surdité -
principalement de la clientèle sourde - mais
aussi d'étudier les prérequis d'une autonomie
clientèle optimisée au profit des per-
sonnes sourdes.
Dans cette partie, dans un premier temps nous allons faire
succinctement un
retour sur les résultats de l'enquête que nous
avions menée antérieurement auprès des
hôteliers et du public sourd8, afin
d'éclairer quelques aspects importants sur lesquels
nous allons devoir nous baser pour ce travail. Puis dans un
deuxième temps, en pas-
sant par la présentation des outils nécessaires de
la réalisation d'une meilleure auto-
nomie clientèle, nous allons aborder quelques
nouveautés qui ont été observées pen-
dant la période d'entre deux mémoires, celui de
Master 1 en 2019 et celui-ci pour le
Master 2 en 2020.
Il est à préciser que le terrain de recherche de
nos deux travaux est les hôtels
de groupes Accor. La raison de ce choix d'échantillon de
terrain est liée à la taille de
cette entreprise, son origine, son étendu
géographique et internationale, son capital
financier et donc son grand pouvoir de production de chiffres
d'affaire, son grand
pouvoir d'investissement, ainsi que sa grande capacité
pour réaliser un modèle de
service hôtelier identique et un enseigne original.
1.1. Réflexion sur l'enquête
antérieure9
Cette étude avait pour objectif d'évaluer dans un
premier temps le rapport
exolingue et interculturel entre les clients sourds et les
personnels entendants dans
les hôtels, à l'aide d'un corpus d'entretiens -
enregistrés et transcrits - qui ont été
8 « Accueil du public sourd dans les hôtels »,
Mémoire de Master 1 E2F, Université Toulouse 2, 2019.
9 Une brève révision des résultats de
l'enquête menée dans le cadre du mémoire de Master 1 en
2019, qui aide une meilleure compréhension de l'intérêt de
ce présent travail de Master 2 en tant que prérequis. Pour
accéder au texte intégral consulter :
http://dante.univ-tlse2.fr/id/eprint/9031
.
46
effectués auprès de la population sourde, des
personnels hôteliers et des entreprises
d'interprétations LSF et supports techniques.
Côté hôtelier, le terrain de recherche de
cette étude était les hôtels de groupe
Accor à Toulouse, de différentes catégories
de classement hôtelier. Les éléments ana-
lysés de l'étude étaient la
représentation normative de la surdité chez les personnels,
les freins d'accès aux services de qualité
égalitaire de la clientèle sourde ainsi que
l'évaluation des mesures techniques prises auparavant.
1.1.1. Vision des hôteliers
La vision des professionnels de l'hôtellerie ne
diffère pas du reste de la so-
ciété. C'est-à-dire que pour eux la personne
sourde incarne un individu diffèrent des
autres avec une déficience à traiter. Ainsi dans
leur vision, un sourd est un individu
qui appartient à une communauté sociale en
minorité qui est capable dans la majorité
des cas d'oraliser et lire sur les lèvres.
« Il est à noter que ces préoccupations
pécuniaires Ð comme
l'installation des dispositifs nécessaires Ð
s'ajoutent à la ques-
tion de la fréquentation. Cela dit, si la
fréquentation des
sourds profond, dans un établissement hôtelier
n'arrive
qu'«une fois par an », la prise en compte de cette
clientèle
dans les investissements de services et dispositifs est alors
peu
intéressante puisqu'elle n'augmente pas le chiffre
d'affaires. »
(Lavassani, 2019)
Ainsi puisque la fréquentation des sourds dans les
hôtels est rarement aper-
çue, son accueil devra se faire de
préférence avec le minimum de coûts et d'efforts,
autant plus que les sourds savent « normaliser » leurs
relations avec les autres.
1.1.2. Freins à une meilleure
accessibilité
La mauvaise compréhension des hôteliers de la
surdité conjointe à une vision
erronée de la surdité dans les hôtels
complique la voie d'une accessibilité égale et
47
équitable. Ainsi cela suscite des malaises chez les sourds
et provoque des freins sur
la voie de leur accès optimal aux services
hôteliers.
Notre étude nous avait révélé que la
personne sourde s'adapte constamment
pour communiquer ou pour demander un service. Une carence dans
tous ce qui est
accès à l'information spécifique de
l'établissement d'accueil ne nous a pas étonné.
C'est-à-dire que raccourcir toutes les informations aux
quelques mots et quelques
phrases écrites sur un bout de papier, là où
des livrets d'accueil illustrés ou des vidéo
explicatives préenregistrées en LSF n'est pas
possible, beaucoup d'informations sur
notamment des offres périodiques échappent aux
clients sourds. De la même façon,
une lacune d'accès facile aux services, pour lesquels il
faut pouvoir appeler par télé-
phone ou attendre et entendre qu'on toque à la porte de la
chambre, rendent le séjour
peu agréable.
Pour exemple, une commande de room service, une demande de
serviette
dans la chambre, un signalement d'un fuite d'eau dans la chambre,
une demande d'un
réveil ou d'un départ tardif à minuit etc.,
obligera le client sourd à se déplacer à l'ac-
cueil. Il sera alors obligé d'écrire sur un bout de
papier ou taper sa sollicitation sur
son téléphone pour montrer aux personnels, et il
devra ensuite attendre qu'ils lui ré-
pondent ou qu'on lui rend le service :
« fÉ] je vais donner un exemple et vous parler
d'une vraie
expérience. Par exemple si j'ai besoin d'un service ou
une
chose particulière par exemple une serviette si je
suis dans la
chambre et que je vois qu'il y a une chose qui manque
c'est
toujours à moi de descendre à la
réception pour le demander
car je ne peux pas téléphoner ou communiquer
avec la récep-
tion. Puis à la réception, pour me donner la
serviette il y'a
toujours deux cas : soit la personne me demande d'attendre
à
la réception pour aller chercher la serviette, et me
la donner
directement à la réception. Pour ça je
dois attendre longtemps.
Deuxième cas c'est lorsque le réceptionniste me
demande de
retourner dans ma chambre pour me le monter dans « 10
mi-
nutes » comme ils disent toujours. Mais s'il toc
à la porte moi
je n'entends pas donc je suis obligé à laisser
la porte ouverte
48
jusqu'à ce qu'il revient. Et cela, ces 10 minutes
parfois durent
beaucoup plus de temps. »
(Lavassani, 2019, Transcription d'entretien avec le sourd 2,
p.71)
De ce fait, nous comprenons mieux que certaines mesures
suggérées dans les
critères d'accessibilité touristique et cadre
bâti des établissements de services,
comme l'installation des amplificateurs du son pour les
malentendants, ainsi que les
investissements mis en action pour financer cela, ne
résolvent pas les problématiques
de l'accessibilité des sourds.
La surdité est un blocage soudain de communication
(Kerbourc'h, 2010) entre
tous les deux parties d'intervenants, c'est-à-dire les
clients sourds et les personnels
entendants de l'hôtel. Néanmoins, dans un rapport
égal et éthique, aucune de ces
parties d'intervenants ne devra essayer de dominer l'autre en lui
imposant des sur
effort pour une adaptation à autrui. Toutefois, de nos
jours grâce aux NTIC ceci est
réalisable sous forme de facilitateurs techniques et
technologiques de l'accessibilité :
« [...] Nous [les sourds] attendons qu'en France, les
hôtels de
moyen gamme avec les prix raisonnables, utilisent plus
les
nouvelles technologies pour nous accueillir. Les hôtels
de luxe
et très cher s'ils proposent des services
adaptés on y va rare-
ment bien sûr. [...] Je pense que c'est vraiment
dommage que
dans les hôtels en France on fait moins d'effort que
dans
d'autres pays hors l'Europe comme les États-Unis.
Là-bas
l'anglais c'est leur langue d'origine et les clients
d'habitude
savent cette langue, donc nous les sourds nous
attendons
moins d'effort de leur part mais on voit qu'ils font plus
d'effort
à communiquer, à m»mer, à
même utiliser les nouvelles tech-
nologies dans les hôtels de milieu de gamme, là
où les sourds
fréquentent encore plus. »
(Lavassani, 2019, Transcription d'entretien avec le sourd 2,
p.72-73)
49
2. Mode de communication préférentiel
Par le travail passé nous avions constaté que la
majorité des personnels hôte-
liers pour communiquer avec les clients sourds adopte la solution
d'écriture : partager
l'écran de son PC ou son téléphone portable,
prendre un bout de papier pour écrire,
etc.
Voici quelques exemples des réponses :
« [...] ce que j'aurais fait [en tant que personnel
hôtelier] c'est
de prendre un bout de papier avec je mettais les questions
ba-
siques nom prénom et ensuite je lui récapitule
sa réservation
les dates
etc. et je lui tourne le papier
pour savoir si tout est
correct et ensuite je lui indique tous les services sur un
format
papier, le petit déjeuner etc. »
(Lavassani, 2019, Transcription d'entretien avec personnel
hôtelier 2, p.97)
« [...] Je partage mon écran [de l'ordinateur
d'hôtel] avec
cette personne [le client sourd] afin de pouvoir
communiquer.
[...] »
(Lavassani, 2019, Transcription d'entretien avec personnel
hôtelier 3, p.103)
Ceci ne dérange pas les sourds même-s'ils
préfèrent un minimum de connais-
sance de la LSF par les personnels, au moins comme un signe de
respect envers la
communauté sourde et de regard positif à la
diversité :
« [...] comme solution je pense qu'en première
faut savoir
quelques petits signes nécessaires. C'est la marque de
poli-
tesse envers nous les sourds. Puis deuxièmement avec
les nou-
velles technologies comme Ipad on devrait avoir au
minimum
à quoi contacter ou écrire en cliquant.
Troisièmement c'est la
solution sur la présentation des informations et
service dans
l'application et sites en images. Préciser leurs
informations et
leurs services en ligne pour pouvoir choisir, pour pouvoir
sa-
voir où je vais. Et puis pareil sur place. Faire des
images pour
50
les différents services pour nous donner les
informations com-
plémentaires et urgentes. [É] Je pense que les
applications
d'interprètes en ligne sert à rien sauf dans
les cas de crise et
d'urgence. Pour les petits problèmes le mieux c'est la
forma-
tion des signes plus utilisés, apprendre la culture
des sourds et
mimer et puis mettre en disposition des technologies de
com-
munication par écrit. »
(Lavassani, 2019, Transcription d'entretien avec le sourd 2,
p.72)
En bref, selon les déclarations des deux parties,
c'est-à-dire les personnels
hôteliers et les personnes sourdes, nous pouvons constater
que leurs avis se rejoint
sur la nécessité d'utilisation de nouvelles
technologies d'informatiques et numé-
riques afin de pouvoir faciliter l'échange et donc
optimiser le séjour et la consomma-
tion du service.
3. Outils permettant d'accéder à une
autonomie clientèle
De nos jours, dans certaines structures hôtelières
en France, les mesures mises
en place pour l'accessibilité des personnes sourdes se
limitent aux critères imposées
par les lois généralisés
d'accessibilité, telles que l'amplification du son et le
système
d'alarme en flashs lumineux. Celles-ci restent minuscules
comparées aux carences
en termes notamment d'accès aux informations et aux
services, comme mentionnées
dans les pages précédentes (réf. page
45).
Toutefois, dans cette partie nous allons mettre l'accent sur les
deux outils né-
cessaires au développement de l'autonomie totale de la
clientèle sourde dans les hô-
tels
3.1. Formation de la LSF pour les personnels
La formation à la Langue des Signes par les
salariés d'hôtels est une astuce
intéressante et surtout nécessaire en terme
d'inclusion et d'accessibilité. Il ne faut pas
oublier que la LSF est une ouverture vers une connaissance
profonde du monde des
51
sourds. Elle est également la garantie d'une meilleure
communication interculturelle
qui pourra placer un établissement à la hauteur des
obligations existantes.
Les services de plateformes d'interprétation à
distance ou sur place, tel que
Sémyosis ou Élioz10 pour les
interactions brèves et rapides qui se font habituellement
entre les personnels hôteliers et les clients, ne sont pas
une astuce adaptée à mettre
en place, sauf pour les centrales de réservation ou
services de relations clientèles
situés aux sièges des grands groupes
hôteliers come Accor ou IHG, mais non pas
dans chaque établissement de manière
individuelle.
Ainsi, parfois avec une simple formation d'une journée
intensive pour ap-
prendre les alphabets et les mots de grande
nécessité en LSF, les personnels seront
capables de débloquer la communication rapidement lors
d'une rencontre ou lors
d'une sollicitation.
Pourtant nous avions bien constaté au cours de
l'enquête antérieure de Master
1 que les hôteliers n'envisagent pas l'apprentissage de la
LSF et cette langue n'est
pas considérée comme une langue à part
entière pour les personnels. Donc pour eux,
l'installation des supports techniques et informatique est une
solution qui aura sa
place en priorité.
3.2. Équipements techniques et informatiques
Par équipement technique et informatique, il faut entendre
toute installation
de matériaux, conçus avec une possibilité de
transmission de quelconque information
rapidement, sans déplacement à faire et d'une autre
manière qu'à l'aide du son.
Les coussins mobiles vibrants équipés des signaux
lumineux, les bracelets
vibrants avec possibilité de la réception des
messages textes - comme les appareils
utilisés pour biper les infirmières dans les
hôpitaux -, ou des applications de com-
mandes et de tchat directe qui permettent une communication
interne avec les diffé-
rents services de l'établissement de séjour en
temps réel peuvent être utilisés non
10 Le centre de service d'interprétation et
d'intermédiation de Sémyosis ( URL : https://semyosis.org/
) propose des services d'accompagnement sur mesure avec l'obligation d'une
réservation par avance. Le centre de services d'accessibilité
téléphonique et physique d'Elioz ( URL : https://www.elioz.fr/
) propose des service d'accompa-gnement via des abonnements d'entreprise,
qui permettent de les contacter en Visio conférence pour une
interprétation en LSF. Ces services ne sont pratiques qu'en cas
d'urgence, et non pas pour les brefs échanges multiples pendant le
séjour.
52
seulement au profit des personnes sourdes mais également
d'autres segments clien-
tèles.
4. Période d'entre deux mémoires de Master et
les nouveautés
Cette partie vise à dresser une sorte d'état des
lieux autour du contexte de
notre sujet de travail, Une des entrées pour effectuer
cette étude est de vérifier les
nouveautés qui sont entrées en vigueur notamment
depuis notre dernière recherche
de Master 1.
Pour cette mise à jour, nous allons regarder dans un
premier temps les avan-
cées de l'ordre technologique, de l'innovation et de la
ressource humaine chez le
groupe hôtelier Accor. Puis dans un deuxième temps,
nous allons élargir notre champ
de recherche de manière à pouvoir récolter
des données sur l'ensemble des dispositifs
informatiques et robotiques, en lien avec notre sujet.
4.1. Nouveautés chez Accor hôtels
Dans cette partie nous allons présenter quelques nouvelles
mesures mises en
place chez le groupe hôteliers AccorHôtels telle
qu'une offre d'emploi créée récem-
ment, le nouveau challenge de la LSF et l'outil numérique
de DM-book à la place du
cahier des consignes de l'hôtel.
4.1.1. Nouveau poste créé
Accor a créé en une seule offre en 2018, un nouveau
poste de « Chargé de
mission handicap ».
Comme nous avons pu constater à travers notre recherche
sur le site d'avan-
tage-entreprise11 et la plateforme de carrières
de groupe Accor, le fait que ce poste
11
https://www.avantage-entreprise.com/7-avantages-salaries-Accor/metiers-et-offres-emploi/2827/Charge-de-mission-handicap-chez-Accor
53
n'a été proposé qu'une seule fois en 2018
peut paraître intéressant car ce dernier peut être un signe
d'ouverture sur la diversité dans son ensemble.
Cela révèle donc une avancée significative
en ce qui concerne l'inclusion et ouverture toute naissante envers la
diversité.
Cependant, ce dernier s'agissant uniquement sur une approche
professionnelle, l'approche clientèle n'a pas encore été
prise en compte de manière convaincante.
Figure 7 - Profils recherchés par Accor
(Avantage-entreprise, 2020)
4.1.2. Challenge LSF chez Accor
Parmi les avancées en matière de la
diversité chez groupe Accor, nous constatons un geste récent
d'une bonne considération de la langue des sourds dans
différentes villes françaises, telle que Paris ou Marseille.
Ce challenge réalisé dans quelques
établissements Mercure, Novotel et Ibis, se traduit par une consigne
à destination des personnels de l'hôtel d'accueillir les clients
avec une phrase de bienvenue de type « Bienvenue dans notre hôtel,
Vive la
54
diversité » en LSF. L'établissement enregistre
également cette annonce de bienvenue
sous forme de vidéo ou GIF pour ensuite la partager sur
les réseaux sociaux.
Il est à noter que ce challenge non-officiel a
été initié par une stagiaire ma-
lentendante dans un des hôtels du groupe Accor durant la
semaine du handicap en
novembre 2019.
Ceci a été ensuite poursuivi par quelques autres
établissements - parfois de
façon amateur en mélangeant les signes
françaises et internationales - sous le hashtag
« LSFChallenge » pour manifester un geste positif
envers la diversité.
De ce mouvement, nous pouvons retenir les conclusions suivantes :
tout
d'abord cette démarche est l'indice de la
possibilité d'étendre immédiatement une
idée au prix d'un geste commercial et solidaire, notamment
quand ceci est réalisé
sans frais supplémentaires et à l'aide des
réseaux sociaux. Ensuite, nous pouvons
estimer qu'il existe le besoin d'un investissement dans une
politique de formation à
destination des personnels hôteliers12.
4.1.3. Assistant virtuel pour hôtel
Une autre nouveauté est l'outil numérique « DM
book » qui remplace la mé-
thode traditionnelle de cahier des consignes des personnels, dans
certains hôtels du
groupe.
Certains hôtels se sont donc abonnés à cet
outil digital et moderne afin de
faciliter la gestion des tâches quotidiennes des services
et des missions des person-
nels, de manière durable en réduisant la
consommation de papier.
12 Quelques établissements qui ont participé ce
challenge « non-officiel » en novembre 2019 :
Hôtel Mercure Paris Centre Tour Eiffel:
https://www.facebook.com/193466264078356/vi-deos/721583575015331/
;
Hôtel Ibis Paris CDG Airport :
https://www.facebook.com/283466141700358/videos/570525743515987/
;
Hôtel Novotel Suites Marseille Centre :
https://www.facebook.com/NovotelSuitesMarseilleCentre/vi-deos/1142847389438758/
; Mercure Paris Montmartre Sacré Coeur :
https://www.facebook.com/MercureParisMontmartreSacreCoeur/vi-deos/2887635554603477/
; Hôtel Mercure Paris Gare de Lyon :
https://www.facebook.com/MercureParisGareDeLyonTGV/vi-deos/1197735020432450/
.
55
Cette astuce mise en place nous révèle la place
des NTIC parmi les professionnels hôteliers.
Ceci pourrait passer par un outil numérique de
communication interne qui faciliterait la gestion des demandes des clients en
réduisant le nombre des sollicitations physiques.
Figure 8 - Photos d'écran des interfaces de l'assistant
virtuel pour hôtel (DM Book, 2020)
4.2. Nouveautés informatiques et technologiques
Dans cette partie nous allons vérifier les
nouveautés numériques et informatiques existantes au profit des
sourds dans le monde de l'hôtellerie, ou même quelques
nouveautés notamment robotiques qui sont au service de la langue des
sourds.
4.2.1. Nouveaux outils informatique d'échanges
instantanés
Pour commencer nous avons réalisé un état
des lieux des outils d'échanges instantanés déjà
existants entre les clients et les personnels hôteliers.
56
Selon l'entreprise « Chartsbeds Property Management System
(PMS) », un
chatbot intelligent Ð un agent robot conversationnel Ð
avec possibilité d'intégration
sur les applications mobiles tels que Whatsapp, Facebook, Etc.,
est un outil très uti-
lisé aujourd'hui, notamment dans les hôtels haut de
gamme.
Cependant, l'utilisation du service Smart Concierge et la
technologie d'Intel-
ligence Artificiel (IA) reste limitée en raison de
défaut de contrôle sur les échanges
par les hôteliers :
« Certains hôteliers sont aujourd'hui
réservés sur l'utilisa-
tions qu'ils doivent faire de leur messagerie
conversationnelle
et de l'autonomie qu'ils doivent laisser à
l'Intelligence Artifi-
cielle pour communiquer directement avec leurs clients. Ils
hé-
sitent à utiliser un chatbot (un agent
conversationnel) ou une
Intelligence Artificielle, pour gérer les relations
avec leurs
clients et préfèrent surveiller et
contrôler les discussions. »
(Chartsbeds, 2020)
Citons pour exemple le « Quicktext » qui offre la
possibilité de service de
notification et d'échange d'avis instantané sur les
sites de réservation et de vente des
hôtels :
« Rappelez-vous que les appareils mobiles ont de petits
écrans.
C'est là que la personnalisation et le service
instantané entrent
en jeu. Votre premier défi pour augmenter les
réservations di-
rectes de votre hôtel est d'être
instantanément pertinent. »
(Quicktext, 2020)
57
Figure 9 - Notification chatbot pour booster les ventes directes
(Quicktext, 2020)
Cependant, ce service n'est possible que lors d'une
réservation directe afin de pouvoir booster les ventes à l'aide
d'une conversation intelligente avec les clients.
Autre exemple est l'interface numérique des
établissements Zénitude13. L'image ci-dessous est
l'interface d'un guide numérique de chaque établissement
Zénitude. Ce qui nous a paru intéressant c'est que cette
interface numérique donne des informations pertinentes et
illustrées sur les horaires des services aux clients qui
séjournent à l'hôtel, mais aussi sur les
événements touristiques et culturels de proximité.
Figure 10 - Interface numérique de connexion à
l'établissement (Zénitude Béziers, 2020)
13 URL :
https://notre.guide/zenitude-beziers-centre/
pour l'établissement de Zénitude de Bézier Centre.
58
Cependant, ce système n'inclus pas une
possibilité de communication interne ou de Visio-tchat lors d'un
séjour à l'hôtel.
Figure 11 - Guide numérique de l'établissement
(Zénitude Béziers, 2020)
En bref, le défaut d'outils informatiques et
numériques qui offrent des services adéquats de communication
interne est une des raisons pour lesquelles nous nous intéressons
à cette étude qui pourrait donner place à la mise en
oeuvre d'un service révolutionnaire de séjour dans un avenir
proche.
4.2.2. Nouvelles technologies robotiques
Dans cette partie nous allons présenter quelques
nouvelles technologies robotiques de ces dernières décennies qui
ont été innovées et utilisées notamment au Japon,
au profit des sourds et de leur langue.
Commençons par « Aiko Chihira » un robot
humanoïde dévoilé en 2014 par la compagnie japonaise
Toshiba. Le point fort de ce robot est le déploiement de 43 actionneurs
dans ses articulations, afin de parler en langue des signes japonaise.
Selon Starr sa finalisation de sa capacité
communicationnelle a été prévue pour 2020 :
59
« À ce stade, sa portée est assez
limitée: il peut imiter des mouvements simples, tels que des
salutations, mais la société prévoit de développer
le robot - nommé Aiko Chihira - en un robot de communication complet
d'ici 2020. Cela comprendra la synthèse vocale, reconnaissance vocale,
commande robotique et autres capteurs. »
(Starr, 2014)
Figure 12 - Toshiba humanoïde robot (Youtube, 2014)
D'autres robots humanoïdes moins récent est «
Asimo » qui a été lancé par la compagnie Japonaise
Honda en 2000. Son point fort était sa vitesse d'action et de
réaction :
« fÉ] Ses mains sensibles peuvent saisir un
gobelet en papier sans l'écraser et il parle couramment la langue des
signes américaine et japonaise. »
(Hitchings, 2014)
Figure 13 - Honda humanoïde robot (Youtube, 2011)
En bref, comme nous avions constaté, parmi les
différents modes de communication existante des sourds, l'importance du
rôle des NTIC n'est pas négligeable.
60
Ainsi nous avons pu répondre à la première
question de notre étude relative à la com-
munication préférentielle des sourds et des
entendants - lors d'un séjour à l'hôtel.
Notre constatation était alors qu'un échange
écrit optimise le séjour et la con-
sommation du service hôtelier, lorsqu'il est
facilité par les nouvelles technologies
d'informatiques et numériques. De ce fait à partir
de cette conclusion, dans la partie
suivante, nous allons présenter notre idée, en tant
qu'une solution numérique et adap-
tée à la problématique.
61
PARTIE III :
Outil Numérique de Communication Interne
Dématérialisée
62
1. Contexte du travail, objectifs, méthode et populations
concernées
Dans cette partie nous allons aborder notre sujet du travail et
expliquer par la
suite les populations qui sont directement ou indirectement
concernées par celui-ci.
Nous abordons également la méthode que nous avons
empruntée.
1.1. Problématique
Aujourd'hui, comme nous l'avions souligné
précédemment (réf. page 52), il
n'est pas compliqué de trouver des applications de PMS ou
de gestion de la relation
client (CRM) qui donnent la possibilité de messagerie
intelligente lors d'une réser-
vation afin de permettre aux clients de l'hôtel d'entrer en
contact avec les personnels,
c'est-à-dire laisser des commentaires, poser leurs
questions sur une réservation, ou
simplement faire des requêtes avant leurs arrivées.
Cependant, qu'en est-il pour les
requêtes pendant un séjour à l'hôtel
?
De nos jours, la réponse de cette question semble
être claire. C'est-à-dire que
s'il existe des requêtes clients lors d'un séjour,
qu'ils aient une importance majeure
ou pas, il n'existe que deux options : il est possible soit de
passer un coup de fil à la
réception pour avoir une réponse rapide. Mais cette
dernière risque d'être débordée
et de mettre le client en attente ; soit de passer directement
à l'accueil pour échanger.
Tout comme la première option le client devra
potentiellement patienter devant l'ac-
cueil pour être pris en charge.
Cette procédure banale peut parfois être la raison
d'un mécontentement de la
clientèle lorsque l'attente est longue ou lorsque la
requête est urgente. Il ne faut pas
négliger le côté stressant pour le personnel
de l'accueil lorsqu'il y a une charge de
sollicitations permanente et forte. Mais cela peut être
surtout bloquant et perturbant
ou même dangereux lorsqu'il est question d'un client qui ne
peut pas passer un coup
de fil ou ne peut pas se déplacer pour échanger.
Pour mieux expliquer, imaginons qu'un client sourd à
l'hôtel, constate une
fuite d'eau dans la salle de bain de sa chambre. Il n'a pas
d'autre choix que de passer
à la réception, montrer ce qu'il a écrit sur
son téléphone ou sur un bout de papier pour
transmettre son message et puis attendre qu'on lui écrive
une réponse après avoir
63
consulté le technicien. Il perd donc beaucoup de temps
dans cette procédure jusqu'à
la résolution du problème.
Il est donc important de remédier au blocage de la
communication entre les
sourds et les entendants lors d'un séjour.
1.2. Objectifs et intérêts
L'Outil Numérique de Communication Interne
Dématérialisée (ONCID)
étant efficace en termes de Gestion de la Relation Client
(GRC), elle permet une
approche beaucoup plus personnalisée et accessible 24h sur
24. Les hôteliers peuvent
ainsi avoir la possibilité de mieux connaître les
préférences de leurs clients et de les
traiter avec plus de rapidité.
Pour donner un exemple, si un client sourd ou entendant demande
à ce que sa
chambre soit nettoyée via ONCID de l'hôtel, ce
dernier peut lui proposer de s'instal-
ler au bar de l'hôtel ou sur son bain de soleil à
côté de la piscine et y être servie en
attendant que sa chambre soit préparée.
Les hôtels transforment ainsi une demande ordinaire,
c'est-à-dire l'entretien
ménager, en un moyen générateur de revenus,
sans pour autant être débordé à la ré-
ception par les sollicitations diverses.
Quant aux clients sourds ils auront une réponse rapide
sans avoir à se déplacer
à l'accueil ou pour les clients entendants ils ne seront
pas mise en attente au téléphone
pour leur réponse.
1.3. Populations concernées
La première population concernée est le public
sourd pour qui la communi-
cation écrite a plus d'utilité en
accessibilité et échanges avec les entendants.
64
Figure 14 - Accessibilité des aides techniques ou humains
(ADT aveyron, Consulté en 2020)
Cependant, cet outil de communication
dématérialisée est utile en deuxième position, pour
les seniors, les PMR, et même pour les clients internationaux pour qui le
fait de se déplacer ou prendre le téléphone est moins
confortable.
Finalement en troisième, sont les personnels de
l'hôtel qui peuvent bénéficier des avantages de cet outil,
en gérant plus facilement et rapidement les demandes qui notamment
nécessitent l'intervention de plusieurs services en même temps.
Ils auront le temps nécessaire pour s'organiser en toute liberté
et d'apporter une réponse ou un service de qualité de
manière plus efficace. Ce fonctionnement leur permettra de se
détacher du desk pour s'approcher des clients afin d'optimiser la
relation.
1.4. Méthode et la mise en oeuvre du travail
Pour ce travail nous nous sommes rapprochés en premier
lieu de l'équipe de l'entreprise « Klee Groupe » et un de
leurs directeurs de projet afin de récolter des informations sur les
aspects techniques du sujet.
Par la suite nous avons eu la possibilité de construire
une maquette illustrative de cet outil à l'aide de Microsoft PowerPoint
et donc ainsi de lui donner corps afin d'apporter une meilleure
compréhension du sujet.
65
1.4.1. Les difficultés rencontrées
La plus grande difficulté de ce travail est liée en
premier lieu à l'étude de la
phase d'expérimentation et de validation de l'outil, qui
reste longue dans le temps.
Car cela nécessitera tout d'abord une mise en place de
l'outil par un établissement
hôtelier pour se permettre ensuite, une évaluation
constante de son efficacité dans le
temps.
En deuxième lieu, la difficulté rencontrée
consiste à la limite qui a été impo-
sée par la circonstance exceptionnelle causée par
la pandémie covid19. Celle-ci nous
a limité dans nos prises de contact avec les
professionnels des domaines concernés.
Cependant, aucune d'entre elles ne nous a pas
empêché d'apporter des résul-
tats intéressants dans ce travail.
2. Présentation de l'ONCID
Dans cette partie nous allons présenter les deux
schémas informatiques d'ar-
chitecture de l'Outil Numérique de Communication Interne
Dématérialisée (ON-
CID), c'est-à-dire le schéma d'architecture
technique et le schéma d'architecture
fonctionnelle, afin de mieux comprendre ce système, d'un
point de vue informatique.
2.1. Architecture technique de l'ONCID
Au niveau technique dans sa globalité, l'ONCID fonctionne
sur trois sous-
réseaux isolés, dits « Zones
démilitarisées » ou « Demilitarized Zone
(DMZ)14» en
anglais.
Une Zone Démilitarisée (DMZ) en informatique est un
sous-réseau contenant
plusieurs machines - ou Devices en anglais - qui sont
isolées et séparées d'internet
- qu'on appelle réseau externe - et du réseau local
- qu'on appelle réseau interne -.
14 L'origine de ce nom provient d' « une zone qui se
situe à la frontière entre la Corée du Nord et la
Corée du Sud. Cette DMZ de Corée a été
créée en 1953 à la suite de l'armistice de Panmunjom entre
les 2 pays. » (VoyageWay, 2019)
66
Une DMZ permet alors de protéger l'ensemble de ses
propositions de services à l'intérieur ou à
l'extérieur, des communications non-autorisées :
« Il y a le réseau interne, votre
réseau actuel ; le réseau externe, internet ; le DMZ avec le
pare-feu, un serveur web et un serveur de messagerie, côté
interne, mais qui reste disponible dans la DMZ. »
(Ibrahim Patel, 2017)
Figure 15 - DMZ (Supinfo, 2017)
Une DMZ est donc accessible par les deux réseaux
interne et externe. Cependant, le réseau externe n'est pas
autorisé à accéder au réseau interne. Cette
protection est garantie par un logiciel ou un composant matériel qu'on
appelle un « pare-feu » ou bien firewall en anglais. Ceci
protège le système et les machines des attaques malveillantes.
Quant au réseau interne, lui, aura accès au réseau
externe.
En ce qui concerne ONCID pour le rendre fonctionnel, comme
nous pouvons constater sur le schéma ci-dessous15, il existe
en premier lieu une « DMZ Chambres » qui englobe tous les
devices connectés par les clients en chambres. Celle-ci constitue
alors un réseau séparé des chambres.
15 Il est à noter que les figures 16,17 et 18,
représentant l'architecture fonctionnel de l'ONCID, ont
été conçus suite à notre demande auprès de
l'entreprise « Klee groupe » (URL : http://www.kleegroup.com/
) par un expert informatique.
DMZ Chambres (réseau des chambres)
Chambre N°100
Chambre N°101
Chambre N°200
Chambre N°300
...
...
DMZ Applicatif
(réseau de l'hébergement du système)
Serveur SSO / LDAP (annuaire)
Vérification de l'identité
Apache frontale Tomcat
(serveur applicatif)
DMZ employés (réseau des employés)
Restaurant
Reception
Etage
SPA
67
Figure 16 - ONCID schéma d'architecture technique
(Réalisé par l'équipe d'entreprise Klee groupe suite
à notre de-
mande)
De l'autre côté en deuxième lieu et en
face, nous avons une autre DMZ qui constitue le réseau des personnels de
l'hôtel. Ainsi l'ensemble des postes de chaque service hôtelier -
le spa, la restauration, les étages, Etc. - est intégré
dans cette DMZ employés.
Entre la DMZ Chambres et la DMZ Employés, il existe en
troisième lieu la DMZ isolée et séparée Applicatif.
La DMZ Applicatif qui est le réseau de l'héberge-ment du
système, est le coeur du bon fonctionnement de l'ONCID.
Pour ce troisième réseau lui-même, les
communications entrantes des deux autres réseaux doivent passer par un
pare-feu afin de garantir une sécurité maximale, car ceux-ci sont
considérés comme des réseaux externes.
Une fois que la communication est considérée
comme autorisée par le firewall - dans un cas où par
exemple le client du DMZ Chambres souhaite se connecter à l'ONCID, ou
bien le personnel de la DMZ Employés souhaite accéder au
système - celle-ci est dirigée vers une page de connexion qui est
gérée par le serveur « Apache frontale » situé
dans le réseau de l'hébergement du système. Le serveur
frontal Apache est l'URL que nous connaissons sous forme HTTPS, donc la page de
connexion sur laquelle l'utilisateur doit entrer son identifiant et son mot de
passe. La
68
maquette illustrative de cette page est consultable plus loin
dans la partie « L'inter-
face de l'ONCID » ou en cliquant 3 ci-dessous.
Une fois, l'utilisateur a renseigné son identifiant pour
se connecter, il y existe
une autre communication qui s'établie au sein de la
même DMZ Applicatif, et celle-
ci pour vérifier l'exactitude des informations. Cette
vérification se fait à l'aide d'un
serveur Single Sign-On (SSO) / Lightweight Directory
Access Protocol (LDAP) qui
a le rôle de l'annuaire des utilisateurs autorisés
par l'entreprise.
Cet annuaire est mis à jour après chaque
arrivée ou départ d'un client, et
chaque prise de poste pour les personnels. Celui-ci empêche
toutes connexions abu-
sives. Une fois la connexion autorisée, l'utilisateur sera
dirigé vers les fonctions de
l'ONCID, présenté par le serveur applicatif «
Tomcat ».
Apache Frontale
HTTP
Utilisateur
Accès autorisé
Serveur SSO / LDAP
Tomcat
Vérification de l'identité dans l'annuaire
69
Le serveur d'application Tomcat héberge et exécute
l'application ONCID.
Comme nous pouvons constater sur le schéma
d'architecture technique, il existe un autre serveur qui est le « Data
base ». Celui-ci archive et enregistre tous les données transmises
et enregistrés lors des demandes ou des échanges sur l'ONCID.
2.2. Architecture fonctionnel de l'ONCID
Dans cette partie nous allons voir la façon dont une
demande simple et directe - comme une commande directe d'une serviette - ou une
demande qui nécessite un échange entre les deux intervenant,
c'est-à-dire le client et le personnel, se réalise de
manière fonctionnelle.
En premier lieu, ci-dessous le schéma d'architecture
fonctionnel pour une demande simple.
Dans ce cas précis, le client se connecte alors en
s'identifiant auprès du serveur frontale apache et renseigne son
identifiant et mot de passe pour être reconnu par le système. Par
la suite, autorisé à accéder aux fonctionnalités de
l'ONCID se dirige vers le service hôtelier concerné et choisi son
service ou produit directement.
De l'autre côté le personnel du service
concerné est averti de la demande par le système, la consulte et
répond alors à la requête. Une notification est
envoyée alors au réseau des chambres à la chambre N qui
peut à son tour consulter la réponse.
Figure 17 - ONCID Schéma d'architecture fonctionnel pour
une requête simple (Réalisé par l'équipe
d'entre- prise Klee groupe suite à notre demande)
70
En deuxième lieu, ci-dessous le schéma
d'architecture fonctionnel pour une demande qui nécessite un
échange entre les intervenants, c'est-à-dire le client de la
chambre N et le personnel du service A.
Figure 18 - ONCID Schéma d'architecture fonctionnel pour
une requête nécessitant un échange (Réalisé
par l'équipe d'entreprise Klee groupe suite à notre
demande)
Comme nous pouvons constater, la seule différence dans
ce cas précis est que le réseau de l'hébergement du
système - DMZ applicatif - et ses serveurs seront sollicité
à répétition par les deux autres réseaux - DMZ
Chambres et DMZ Employés -, ce qui est montré par une
flèche rouge sur le schéma fonctionnel ci-dessus.
3. L'interface de l'ONCID
Dans cette partie nous allons exposer quelques maquettes
illustrant le décore ou le design de l'interface de l'Outil
Numérique de Communication Interne Dématérialisée
(ONCID). Cette partie se répartie sur deux interfaces, celle des clients
et celle des personnels de l'hôtel.
Il est à noter que pour rendre notre idée plus
compréhensible, nous avons conçus les illustrations des
interfaces de l'ONCID à l'aide de logiciel PowerPoint.
71
3.1. L'interface de commandes pour les clients
Comme nous l'avions constaté dans les pages
précédentes (réf. page 67), l'ONCID englobe trois
sous-réseaux ou DMZ qui se connectent et communiquent entre elles en
passant par des pares-feux de sécurité, et un serveur
d'identification et de vérification.
Nous avons souligné que le serveur apache frontale est
la page de connexion qui permet aux utilisateurs possédant un compte -
client en séjour à l'hôtel en chambre N ou personnel de
l'hôtel du service A - de se connecter au serveur appli-catif, donc
l'application et ses fonctionnalités.
L'image ci-dessous est le design de cette page de connexion
avant d'entamer l'accès à la page d'accueil du système
ONCID sur IPad par exemple.
Système d'échange interne
Votre mot de passe`
Votre identifiant`
Valider
Figure 19 - ONCID la page de connexion
Une fois les champs de connexion sont renseignés, comme
nous l'avons souligné, l'apache frontale sollicite l'annuaire des
utilisateurs enregistrés par l'établisse-ment dans le serveur
Authentification Unique ou Single Sign-On (SSO) ou Lightweight
Directory Access Protocol LDAP, là où les informations et
les données autorisées par l'entreprise sont
centralisées.
72
Nous avions expliqué que les communications entrantes
autorisées auront accès au serveur Apache Tomcat qui est le
serveur applicatif de l'ONCID.
L'image ci-dessous est le design de cette page d'accueil au
point de vue des clients qui propose différents services.
|
|
H0351
|
|
Bienvenue Mme DUPOND Nathalie (chambre n°
101)
Nous vous souhaitons un excellent séjour dans notre
établissement Nos équipes sont à votre disposition
|
Planifier un taxi
Demander une serviette
Demander une assistance
Touchez l'option de votre choix avec votre doigt
Planifier un réveil
Demande de pressing
Tchater avec la réception
Commander en room service
Demande de nettoyage
Visio avec la réception
Réserver une séance de SPA
Signaler un problème
Figure 20 - ONCID la page d'accueil de l'interface de
demandes
Comme nous pouvons constater cette page est constituée de
trois grandes par-
ties :
Premièrement, le bandeau supérieur rassemble les
identifiants du client - son nom et prénom et le numéro de sa
chambre - enregistrées au préalable par les personnels sur le
serveur SSO/LDAP de la DMZ Applicatif de l'ONCID. Aussi cette partie rappelle
le code de l'hôtel - pour les hôtels de groupe Accor ceci est
reconnu par la lettre H suivi d'un code de référence de
l'établissement - et sa marque.
Deuxièmement, sur la partie située au milieu de
la page d'accueil, figure les différents services qui peuvent être
demandés par une simple commande de manière directe.
73
L'image ci-dessous est le design de cette page de la commande
simplifiée,
comme nous l'avions abordé dans le schéma
d'architecture fonctionnel (réf. page
69), qui donne aux clients la possibilité de
choisir les options de leurs choix.
|
Mme DUPOND Nathalie (chambre n°101)
Nous vous souhaitons un excellent séjour dans notre
établissement Nos équipes sont à votre disposition
|
H0351
|
Vous souhaitez des serviettes Nombre de serviettes
demandées :
Type de serviettes demandées:
Envoyer ma demande
Serviette de bain
Figure 21 - ONCID la page de la demande simplifiée de
l'interface de demandes
Troisièmement, c'est la partie inférieure de la
page d'accueil qui est en lien
avec le schéma d'architecture fonctionnel de l'ONCID pour
les demande non-sim-
plifiée, nécessitant un échange entre les
intervenants (réf. page 70).
Comme nous pouvons le constatez sur la Figure 20 (réf.
page 72), il existe
trois possibilités dont la première est de demander
une assistance en cas d'urgence.
Aussi l'option de Visio avec la réception qui peut
être notamment utile pour les per-
sonnes autrement capables. À noter que la communication
visuelle avec la réception
pour les personnes sourdes pourra être un grand pas vers la
diversité si les personnels
sont en mesures de communiquer en LS. Afin de ne pas être
sollicité en Visio no-
tamment dans les hôtels possédant un nombre de
chambre important, cette option
peut être active uniquement pour les personnes autrement
capables lors de leurs en-
registrements à l'arrivée.
Une autre option dans cette troisième partie de la page
d'accueil est la fonc-
tion du tchat avec la réception. C'est cette partie qui a
une importance majeure afin
de débloquer les obstacles à la communication entre
les personnels entendants et le
public sourd.
74
Ci-dessous le design simplifié de cette page du tchat vu
par les clients.
Votre message :
Réception
Réception
Réception
Bien-sûr, à quelle heure vous souhaitez
partir?
C'est noté.
Merci
En quoi puis-je vous aider Mme Dupond ?
Mme DUPOND Nathalie (chambre n°101)
Nous vous souhaitons un excellent séjour dans notre
établissement Nos équipes sont à votre disposition
J'aimerais savoir si je peux avoir un late checkout?
13h
Vous
Vous
H0351
Figure 22 - ONCID la page d'échange de l'interface de
demandes
3.2. L'interface de gestion des commandes pour les
personnels
Après avoir exposé les maquettes des
différentes pages de l'interface de commandes vues par les clients, dans
cette rubrique nous allons visualiser le design de l'interface pour les
personnels d'hôtel.
Ci-dessous l'image de la page d'accueil de l'ONCID pour le
personnel avec trois parties majeures : donc la première rassemble
l'identifiant du personnel, le code de l'établissement et la marque
symbolique de l'hôtel - ici le groupe Accor - avec
75
une possibilité de recherche élastique
(ElasticSearch16) qui permet de lancer une re-
cherche dans l'ensemble des archives et données
enregistrées si nécessaire.
Ensuite, il existe la partie des commandes et demandes en
attentes telles que
les requêtes simplifiées reçues et les
discussions en attentes.
H0351
Interface de gestion des demandes
Réceptionniste : MORIN Magalie
Recherche Elastic
Touchez l'option de votre choix avec votre doigt
Demandes à répondre
9 3
Tchat en attente
Historique des demandes
Créer un compte client entrant
Historique des tchats
Supprimer compte client sortant
Figure 23 - ONCID Page d'accueil de l'interface de gestion des
demandes
De plus au milieu de la page, nous trouvons la possibilité
d'accéder aux his-
toriques des requêtes et des discussions stockés
dans le serveur de base de données
du réseau de l'hébergement du système.
Au final nous avons l'option de création ou suppression
d'un compte pour les
clients entrants et sortants qui est lié directement au
serveur SSO/LDAP.
Pour rester conforme aux règles du règlement
général sur la protection des
données (RGPD) et de la Commission Nationale de
l'Informatique et des Libertés
16 ElasticSearch est un composant technique qui peut
être intégré à l'application. Ce composant permet
d'indexer différentes facettes de recherche. L'utilisateur peut
également utiliser des opérateurs (ET, OU, etc.) à
l'instar de Google.
76
(CNIL), toutes les données personnelles d'un client
sortant sont supprimées du système à sa sortie.
Ci-dessous, une image de la page des discussions
reçues. Chaque fenêtre figure le nom et prénom des clients
et leurs numéros de chambre. Cette page donne également la
possibilité d'une recherche élastique dans les données
indexées du réseau applicatif.
H0351
Interface de gestion des demandes
Réceptionniste : MORIN Magalie
Recherche Elastic
3
Liste des tchats en attente
Chambre n°204
Mme MI-PHUNGPINPIN
Message envoyé il y a 8 minutes
Chambre n°223 M. LEFEVRE JEAN
Message envoyé il y a 3 minutes
Chambre n°301 Mme. BIZE Michele
Message envoyé il y a 5 minutes
Figure 24 - ONCID page des discussions en attentes de l'interface
de gestion des demandes
En bref, nous avons proposé une solution de
communication dématérialisée qui va permettre la
réduction du temps de transmission de la requête jusqu'à
son traitement ainsi que de réduire la charge de consultation physique
ou téléphonique en réception. Cette solution aidera
grandement à concentrer le temps et l'énergie aux relations avec
la clientèle et à la mobilité des personnels au sein de
l'hôtel.
L'ONCID est un nouvel outil qui permet de communiquer avec les
clients sourds, lors de leur séjour, par écrit mais aussi par
Visio tchat dans les établissements où la pratique de la LSF
deviendra un atout.
77
Conclusion
Ce travail nous a permis d'aborder différentes
réflexions théoriques, tech-
niques et expérimentales à propos de la
surdité dans le milieu touristique et plus pré-
cisément dans l'hôtellerie. L'objectif de ce travail
était d'analyser la question du sé-
jour de la clientèle sourde dans les hôtels.
En d'autres termes, ce travail visait à donner corps
à l'idée d'un facilitateur
numérique qui offre une accessibilité aux sourds
dans le milieu de l'hôtelier. Un outil
digital de la famille des NTIC qui se positionne convenablement
là où la surdité est
perçue comme un handicap pour les entendants.
C'est-à-dire la communication et la
transmission des messages.
Dans un premier temps et à partir d'une mise en contexte,
développée en pre-
mière partie du mémoire, nous avons pu
révéler la place des sourds et de la surdité
dans son ensemble au sein de la société. Ensuite,
nous avons analysé le concept de la
surdité dans ses approches culturelle, touristique et
hôtelière.
D'un point de vue sociale, nous avons constaté que la
surdité jugée à partir
d'une échelle purement médicale est
considérée comme un déficit à réparer. La
com-
munauté sourde, considérée donc comme
invalide, est victime des visions et des per-
ceptions injustes, parfois discriminatoires alors qu'elle est
porteuse d'une langue et
d'une culture à part entière.
Dans les milieux touristiques nous avons vu que les droits
à l'accessibilité
conduisent la société depuis 2005 vers une
ouverture à la diversité. Mais ceux-ci,
utilisent dans leur vocabulaire les termes biologiques tels que
« déficit auditif » ou
« invalide » qui ne facilitent pas une
accélération de la maturité sociale pouvant con-
duire à une métamorphose de la vision
déficitaire. Il est donc normal de constater que
dans les structures hôtelières, prises comme un
échantillon des terrains sociaux, une
insistance sur le côté déficitaire ou
réparable de la surdité par la diffusion du symbole
de l'oreille barré au lieu du pictogramme des mains
(représentatif de la langue des
sourds) soit observée. Il en est de même pour les
établissements qui ont mis en place
des boucles magnétiques utilisés uniquement par les
oreilles « réparées » à l'aide
d'une prothèse.
78
Dans l'asphère culturelle, nous avons pu constater que les
hôteliers, considé-
rant les sourds comme une minorité avec une faible
fréquentation, ne réservent pas
une place légitime pour la langue et la culture des
sourds. Par conséquence ils privi-
légient l'écriture comme moyen de communication
avec les sourds. Solution qui ne
les expose à aucun investissement financier en la
matière d'accessibilité. Cette solu-
tion ne déplaît pas aux sourds lorsque la LSF n'a
pas encore trouvé légitimement sa
place mais reste primitif.
Dans un deuxième temps, nous avons remarqué que
pour communiquer, lors
d'une rencontre entre les clients sourds et les entendants
à l'hôtel, les nouvelles tech-
nologies de communication peuvent jouer un rôle important.
Car dans un cas ordi-
naire les éléments qui constituent l'échange
sont : le déplacement physique constant,
l'oralisation labiale des sourds, et l'écriture qui se
fait par les deux intervenants pour
se dépanner et assouvir un besoin.
Un outil digital et fonctionnel forme alors une nouvelle
façon de « se parler »
et facilite l'échange pour notamment celui qui est victime
de sur effort, c'est-à-dire
la personne sourde. Cette méthode pour la famille
modernisée du tourisme compense
les lacunes existant en termes d'accessibilité et de
service équitable tels que la trans-
mission complète d'information, ou
légitimité de la LSF comme une langue à prati-
quée par les personnels.
Il reste à ce jour encore du chemin à parcourir
pour faire disparaître les clichés
autour de la surdité.
Nous devons nous rappeler que l'égalité des droits
et des chances pour les
personnes sourdes dans leur activité touristique, se
traduit par la nécessité d'une auto-
nomie complète. Ceci est possible en rapprochant les
offres touristiques aux besoins
réels des sourds. Cela dit que la communauté
sourde, par leurs besoins particuliers,
incitent les acteurs professionnels à optimiser leurs
services touristiques en accordant
de l'attention aux idées innovantes qui alimentent un
développement constant et du-
rable de leur activité. La marque nationale «
Tourisme et Handicap » joue le rôle d'un
outil qui aide à la mise en place de la loi 2005 en
milieu touristique. Cependant, afin
de garantir une vraie qualité de service touristique pour
le public sourd, il est impor-
tant de vérifier si cette marque reflète
efficacement l'accessibilité d'un site, ou en-
core, si l'acquisition de la marque T&H et le pictogramme de
la surdité est l'indice
79
que la structure touristique qui le porte est en capacité
d'offrir des services adéquats
aux attentes des sourds.
La communauté sourde souhaite faire connaître sa
culture et sa langue. Elle
n'apprécie guère le symbole qui insiste sur leur
déficit. Elle préfère donc, le symbole
des deux mains qui illustre leur culture et leur langue
gestuelle. Cependant le label
« Tourisme et Handicap » étant un outil
essentiel pour changer la vision déficitaire
de la société, ne répond pas favorablement
à cette attente et utilise le pictogramme
de l'oreille barré comme symbole de la surdité tout
comme le vocabulaire utilisé pour
désigner la communauté sourde. Des termes tels que
le « déficient auditif » ou « han-
dicapé auditif » n'aide pas la démocratisation
rapide de l'accessibilité au sein de la
société touristique.
Pour la majorité des structures porter le pictogramme du
handicap moteur de
la marque T&H est récurrent. Mais ceci n'est pas le
cas pour les sourds ou les
aveugles. Selon nos recherches effectuées dans le cadre
des ateliers du master 2
TDDT17 les structures touristiques étaient
moins enclins à s'intéresser à tout inves-
tissement pouvant améliorer le séjour des personnes
sourdes si celui-ci n'est pas im-
posé par la législation. Ceci alors même que
cet investissement à destination des per-
sonnes sourdes ne semble pas extrêmement coûteux
comparé à leurs autres dépenses
annexes. Par conséquence il semble que la sensibilisation
à l'accessibilité de chaque
communauté telle que la communauté sourde et
l'utilisation de la marque nationale
pour cette dernière s'arrête aux obligations
légales.
Pour conclure, compte tenu de ce qui a été
abordé, il semble que le dévelop-
pement d'accessibilité touristique pour les sourds soit
lié au changement du triangle :
l'appellation, le symbole et les droits. La problématique
triangle de l'accessibilité des
sourds en tourisme et l'hôtellerie entant que fondement du
changement de la vision
sociale envers la surdité pourrait commencer avant tout
par la naissance d'une « néo-
appellation » qui remplace le mot « handicapé
» biologique dans les textes publics.
17 « OEnotourisme et Accessibilité : Choisir les
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Liste des figures
Figure 1- Part des personnes ayant des
Limitations auditives selon l'âge et la gravité 21
Figure 2- Nombres de personnes
déclarant de baisse d'audition. 22
Figure 3 - Coût du fardeau de la
surdité sans appareillage. 23
Figure 4 - Projection de population par grand
groupe d'âges 33
Figure 5 - Dépenses touristiques selon
l'âge 34
Figure 6 - Estimation du nombre
d'illettrés parmi les sourds 39
Figure 7 - Profils recherchés par
Accor 53
Figure 8 - Photos d'écran des
interfaces de l'assistant virtuel pour hôtel 55
Figure 9 - Notification chatbot pour booster
les ventes directes 57
Figure 10 - Interface numérique de
connexion à l'établissement 57
Figure 11 - Guide numérique de
l'établissement 58
Figure 12 - Toshiba humanoïde robot
59
Figure 13 - Honda humanoïde robot 59
Figure 14 - Accessibilité des aides
techniques ou humains 64
Figure 15 - DMZ 66
Figure 16 - ONCID schéma
d'architecture technique 67
Figure 17 - ONCID Schéma
d'architecture fonctionnel pour une requête simple 69
Figure 18 - ONCID Schéma
d'architecture fonctionnelle pour une requête complexe 70
Figure 19 - ONCID la page de connexion 71
Figure 20 - ONCID la page d'accueil de
l'interface de demandes 72
Figure 21 - ONCID la page de la demande
simplifiée de l'interface de demandes 73
Figure 22 - ONCID la page d'échange de
l'interface de demandes 74
Figure 23 - ONCID Page d'accueil de
l'interface de gestion des demandes 75
Figure 24 - ONCID page des discussions en
attentes de l'interface de gestion 76
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