INTRODUCTION GENERALE
1
Les états financiers sont sincères,
réguliers et reflètent une image fidèle de la situation
financière de l'entreprise, de son résultat ainsi que de son
patrimoine ; cette affirmation des commissaires aux comptes
procédant à la certification des comptes témoigne de la
conformité des états financiers présentés par
l'entreprise. Les états financiers sont des documents périodiques
assurant une représentation financière structurée des
événements affectant une entreprise et des transactions
réalisées par celle-ci. La comptabilisation de ces
évènements et transactions réalisées par les
entreprises est soumise à un ensemble de règles
particulières clairement définies par le système de
normalisation comptable en vigueur.
Les états financiers sont destinés à une
gamme variée d'utilisateurs pour qui ils représentent un outil
indéniable d'aide à la prise de décision.
Cette vocation n'est donc possible que si ces utilisateurs
accordent une confiance raisonnable aux informations qui leur sont transmises
par les états financiers des entreprises.
Cependant la multiplicité des destinataires des
états financiers ayant chacun des besoins différents complexifie
la mise en oeuvre d'une normalisation comptable. En effet, Skinner en 1987
mettait en évidence cette complexité en affirmant que «
la normalisation comptable n'est plus une pure affaire technique. Les sujets
sont extrêmement complexes et souvent résolus [...] via
l'interaction des groupes d'intérêts différents
»1.
Nous notons donc que la mise en oeuvre d'une normalisation
comptable requiert la prise en compte préalable d'une dimension de
celle-ci qui dépasse les frontières du cadre comptable car la
normalisation intègre aussi parfaitement des aspects tout autant
politiques que sociales.
Ainsi, dans leur élaboration, certains systèmes
de normalisation comptable sont effectués de sorte à aboutir sur
une conclusion consensuelle intégrant les attentes et besoins des
parties prenantes. C'est dans ce sens que Walton PERTER (2003) évoque
assez souvent la notion de « normalisation par compromis social
» 2.
Au-delà de toute ces considérations, la mise
oeuvre d'une normalisation comptable répond à un besoin
préalable d'harmonisation des pratiques comptables en application dans
un espace économique donné afin d'y assurer la comparaison des
informations comptables et financières transmises par le biais des
états financiers.
1 Skinner .1987. p.622 In N. E Sadi. «
Epistémologie de la normalisation comptable dans les pays en transition
`à l'économie de marche ». Comptabilités et
innovation, May 2012, Grenoble, France. pp.cd-rom<hal-00691022>
2 Walton Peter, « La normalisation comptable
internationale. Origine, pratiques et enjeux », Revue française
de gestion 6/2003 (no 147), p. 21-32
2
Ainsi, depuis le 1er janvier 2005, la France ainsi
que l'union européenne procèdent à l'application des
normes internationales IAS/IFRS3 pour les comptes consolidés
des sociétés cotées en bourse et ce, conformément
à l'article 4 du règlement CE n° 1606/2002 du parlement
européen et du conseil du 19 juillet 2002 sur l'application des normes
comptables internationales de la commission européenne4.
Cependant, la recrudescence des scandales financiers durant
ces dernières décennies, en l'occurrence les scandales d'ENRON
(2001) et WORLDCOM (2002) marqués par la diffusion d'états
financiers biaisés, ont ébranlé la confiance des
investisseurs sur les places financières internationales et
relancé le débat sur la nécessité de transmettre
l'information comptable et financière suivant un langage commun fiable,
harmonisé et accessible à tous les utilisateurs : cela
requière la convergence des systèmes de normalisation comptables
des états vers les normes internationales IAS/IFRS.
Ainsi, sous l'égide de l'union européenne, l'on
assiste à l'émergence d'une volonté internationale des
états à assurer la convergence de leurs systèmes de
normalisation comptable internes, vers une normalisation conforme aux normes
internationales IAS/IFRS qui assurent un système de normalisation
comptable unique, fiable, applicable par toute entreprise à travers le
monde, garante d'une transcription fidèle de l'image de la situation
financière des entreprises.
Elaborées par un organisme privé qui se veut
indépendant de toute influence étatique, en l'occurrence
l'international accounting standards board (IASB), les normes
internationales IAS/IFRS visent à apporter une réponse
concrète aux attentes des utilisateurs notamment en termes
d'amélioration de la qualité et de la fiabilité de
l'information financière.
Ainsi, une décennie après leur adoption il
s'avère nécessaire de dresser un bilan de l'application des
normes IAS-IFRS et du projet d'harmonisation comptable internationale à
l'origine de leur élaboration.
Les pays d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale
regroupés au sein de l'OHADA (organisation pour l'harmonisation du droit
des affaires en Afrique) procèdent à l'application
3 Le référentiel de normalisation
comptable internationale regroupe ensemble de normes portant initialement
l'appellation de « IAS » (International Acconting Standard) et qui
deviendront par la suite « IFRS » (international Financial Reporting
standard)
4 règlement (CE) no1606/2002 du parlement
européen et du conseil du 19 juillet 2002 sur l'application des normes
comptables internationales : Article 4 intitulé Comptes
consolidés des sociétés qui font appel public à
l'épargne « Pour chaque exercice commençant le
1er janvier 2005 ou après cette date, les
sociétés régies par le droit national d'un État
membre sont tenues de préparer leurs comptes consolidés
conformément aux normes comptables internationales adoptées dans
le cadre de la procédure prévue à l'article 6, paragraphe
2, si, à la date de clôture de leur bilan, leurs titres sont admis
à la négociation sur le marché réglementé
d'un État membre au sens, de l'article 1er, point 13, de la
directive 93/22/CEE du Conseil du 10 mai 1993 concernant les services
d'investissement dans le domaine des valeurs mobilières ».
3
du Système comptable OHADA (SYSCOHADA)
harmonisé, adapté au contexte africain et qui se présente
comme un système comptable intégrant à la fois des
spécificités du modèle comptable continental
européen et du modèle anglo-saxon (exemple : US-GAAP).
Le développement économique du continent
requiert l'intégration de l'Afrique dans la dynamique de mondialisation
et de son corolaire qu'est l'ouverture des marchés financiers du
continent aux capitaux internationaux. Dès lors il s'avère
nécessaire que la confiance des utilisateurs soit aussi assurée
sur les places financières africaines : l'application du langage
international comptable et financier commun est donc inéluctable.
Tout au long de notre étude, il sera donc question de
traiter les questions suivantes :
Quels enseignements tirer de la décennie
d'application des normes IFRS en Europe et au sein de l'OHADA ?
Quels sont les enjeux pour les pays de l'OHADA d'une
convergence du SYSCOHADA vers les IFRS ?
Afin d'apporter des réponses concrètes et
adéquates à ces interrogations, il convient de prime abord de
dresser un bilan succinct de cette décennie d'application des normes
IAS/IFRS (Chapitre I).
Ensuite, nous identifierons quelques points de convergence et
de divergence existants déjà entre le référentiel
international de normalisation comptable IAS/IFRS et le SYSCOHADA (Chapitre II)
afin d'appréhender au mieux les efforts qui seront nécessaires
dans le cadre de l'harmonisation de ces systèmes de normalisation.
Enfin, ayant pris connaissance de ces similitudes et
disparités existants entre ces référentiels, l'on pourra
raisonnablement discuter du devenir des IFRS ainsi que des enjeux du projet de
convergence comptable du Syscohada vers les IFRS (Chapitre III).
NORMES IAS-IFRS : PRESENTATION ET BILAN D'UNE DECENIE
D'APPLICATION
Chapitre I
4
Introduites au sein de l'union européenne depuis 2005
afin d'assurer la qualité de l'information financière et
vulgarisées par la volonté commune des états à
assurer la convergence de leurs pratiques comptables, les normes IAS-IFRS se
veulent un référentiel comptable et financier de qualité,
qui répond aux besoins d'une économie mondialisée.
Aujourd'hui, plus de 10 ans après leur adoption,
l'heure est au bilan. Ainsi, cette section aura pour objet de porter un
aperçu succinct sur ces normes internationales et dresser un bilan de
leur application.
I. Aperçu succinct du référentiel
comptable IAS-IFRS
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