LE PLACEMENT DE PRODUIT
par Alexandre Chirouze
INTRODUCTION
Le placement de produit, traduction littérale de
l'expression anglo-saxonne « product placement » est une
pratique qui consiste pour des organisations à faire apparaître
et/ou citer leurs produits, leurs marques, leur logotype, leur nom ou tout
autre élément d'identification
dans un film, un livre1(*), un jeu vidéo2(*), un clip de musique, le texte d'une chanson, une
pièce de théâtre ou tout autre support de loisir ou de
culture.
Dans ce mémoire, nous nous intéresserons uniquement
au placement de produit dans les films cinématographiques, ce que les
anglophones appellent le « Film product placement »
3(*).
La réglementation française est stricte à
l'égard du placement de produit dans les oeuvres audiovisuelles
(séries de télévision, téléfilms, etc.)
qu'elle considère comme de la publicité clandestine4(*) comme c'est le cas dans la
plupart des pays de l'Union Européenne et en Suisse5(*).
Selon le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, le
C.S.A.,6(*) « le
placement de produits consiste à présenter des biens ou des
services dans des programmes dont la maîtrise de la conception et de la
réalisation échappe en principe au diffuseur, en l'occurrence les
oeuvres audiovisuelles et cinématographiques. En contrepartie, le
producteur de l'oeuvre perçoit de la société prestataire
une contribution en nature ou en espèces lui permettant de financer une
partie de sa production ».
Le CSA considère que « cette pratique
relève théoriquement de la publicité clandestine,
car contribuant à assurer la promotion de biens ou de services et
devrait à ce titre être proscrite ».
Le CSA s'est vu confier le contrôle de ce type de pratique
par le Parlement français7(*).
Toutefois, pour des raisons à la fois économiques
et pratiques, le contrôle qu'exerce le CSA diffère selon que le
placement prend place dans une oeuvre cinématographique ou dans une
oeuvre audiovisuelle :
- Pour les oeuvres cinématographiques :
« la position constante du Conseil est de ne pas intervenir
auprès d'un diffuseur qui programmerait une oeuvre
cinématographique comportant un placement de produits trop insistant
quand bien même ce diffuseur serait coproducteur de l'oeuvre, dans la
mesure où le film a avant tout vocation à être
exploité en salle ». 8(*)
- Pour les oeuvres audiovisuelles : le CSA
« estime en revanche que la mise en valeur résiduelle ou
verbale excessive d'un produit dans une oeuvre audiovisuelle, ainsi que
l'influence d'un produit sur le scénario relèvent de la
publicité clandestine et à ce titre doivent être
proscrits ».9(*)
En conséquence, nous n'étudierons que le placement
de produit dans les oeuvres cinématographiques mais nous utiliserons,
toutefois, dans la suite de ce travail, l'expression générique de
placement de produit.
L'un des intérêts de ce mémoire vient du peu
d'études et de recherches réalisées jusqu'à
présent sur ce thème, aux Etats-Unis et plus encore en Europe,
alors qu'il représente une part non négligeable des budgets de
production cinématographique. La responsabilité de cette lacune
n'incombe pas seulement aux chercheurs en sciences humaines et sociales, la
quasi-absence de travaux touchent les domaines de la gestion, du marketing et
du cinéma eux-mêmes.
Par ailleurs, les conclusions et les recommandations des
recherches effectuées aux Etats-Unis, plus nombreuses que celles
réalisées en Europe, ne doivent être
généralisées qu'avec beaucoup de prudence en raison de
nombreuses différences juridiques, économiques,
cinématographiques, culturelles, etc.
La terminologie elle-même peut-être source
d'incompréhensions.
Selon Samuel Turcotte10(*), « Il y a placement de produit lorsqu'un
nom de marque est utilisé comme un accessoire dans un film, par exemple
quand Tom Cruise porte des lunettes Ray Ban dans Top Gun ou lorsque Burt
Reynolds conduit une Trans Am dans Smokey and the
Bandit.»
En France, de nombreuses confusions sont fréquentes entre
un véritable placement de produit et une utilisation d'un produit par le
réalisateur d'un film sans l'accord du propriétaire de la marque.
Le réalisateur a, en effet, une liberté totale de mettre le
produit qu'il souhaite dans son film dès lors qu'il le juge utile. Il
n'a pas à demander l'autorisation au propriétaire de la marque.
En conséquence, en France, il ne suffit pas qu'une marque apparaisse
à l'écran pour qu'on puisse parler de placement de produit.
Pour qu'il y ait placement de produit, il faut qu'il y ait une
image valorisante de la marque. Il faut, en outre, qu'un accord de placement
soit signé entre l'annonceur et le cinéaste, le plus souvent, le
réalisateur ou le producteur.
Comme l'explique Jean-Patrick Flandé, gérant de la
société Film Média Consultant : « Dans
Les Visiteurs , l'apparition de La Poste ne constitue pas un
placement de produit. En effet, La Poste n'était pas d'accord et
trouvait qu'on dévalorisait son image...Le réalisateur du film a
signé des accords avec seulement six marques alors que le public a eu
l'impression d'une prolifération de partenaires. C'est le même cas
avec le dernier James Bond, dans lequel seulement cinq accords ont
été signés ».11(*) De même, lors d'un entretien qu'il nous a
accordé 12(*), il
nous apprenait que la présence de Mercedes dans Taxi
n'était pas du placement, « Mercedes n'a pas payé
pour être dans le film. Pour qu'il y ait placement, le produit doit
être mis en valeur : il ne peut donc pas être l'outil d'un
méchant ou d'un perdant ! D'ailleurs Mercedes n'a pas
apprécié que le réalisateur ait choisi un de ses
modèles pour rivaliser avec la Peugeot 406 ».13(*)
Nous pouvons résumer ses propos par la formule
suivante :
Placement de produit = un élément du produit +
image positive + accord de partenariat
Nous ne tomberons pas, toutefois, dans le piège de la
différence culturelle revendiquée, haut et fort, par la France.
Le savoir-faire, les expériences, les travaux nord-américains
nous serons d'un grand secours : les points communs étant plus
nombreux que les différences et la tendance étant à la
multiplication des placements, y compris, dans les films français.
Quel que soit le côté de l'Océan Atlantique
où l'on se trouve, le placement de produit, manifestation de
l'équilibre entre les intérêts de l'art et du commerce, est
un outil de communication pour les entreprises qui leur permet d'insérer
leur nom ou leurs produits dans un film afin de les exposer aux
spectateurs14(*).
Pour l'industrie du cinéma, il s'agit d'une source de
recettes incontestable même si elle reste limitée. Certains
considèrent que le placement de marques, de produits ou de sites
touristiques profite également en termes d'image et de réalisme
aux films dans lesquels ils sont insérés. Cet avis est notamment
celui du suisse Gilles Lugrin selon lequel «le Product Placement
désigne l'ensemble des synergies... et profite de la sympathie de
nombreuses marques. »15(*) Et d'ajouter : « Le product
placement publicitaire constitue une stratégie de
récupération d'images de sites touristiques connus, de produits
de grande notoriété, etc.. ».
En outre, contrairement à ce que certains pensent le
placement de produit est né, en France, avec le cinéma ;
les frères Lumière l'ayant très vite
pratiqué pour soutenir le développement de leur invention.
Bien sûr, les annonceurs et les producteurs
américains sont à l'origine de son véritable essor.
Le constructeur d'automobiles Ford fut le premier
industriel à avoir donné une dimension économique au
placement. Il prit l'initiative de proposer des voitures de sa marque aux
producteurs des tout premiers films muets. Après la Ford T,
suivirent les marques de produits de grande consommation telles que
Coca-Cola, les soupes Campbell, etc.. Les caprices de certains
acteurs favorisent le développement de la présence de marques
dans les films. En 1926, « sur le tournage du Fils du cheik,
Rudolph Valentino exigea du metteur en scène George
Fitzmaurice de garder sa Cartier pendant toutes les prises de
vues.16(*) ».
Les annonceurs comprennent très vite l'importance de la
visibilité cinématographique17(*), celle de faire apparaître les produits de
façon naturelle et de les mettre en situation d'usage afin de
démontrer leurs qualités intrinsèques d'une manière
plus discrète qu'une publicité traditionnelle.
Le placement de produit se développe encore dans les
années 40 avec le cinéma en studio dont chaque détail est
contrôlé par l'accessoiriste. Comme l'écrit Janie Samet
18(*), c'est
l'époque où « l'on picole beaucoup à
l'écran. Le whisky suit, les cigarettes aussi (Winston, Players), que
l'on fumera pour imiter Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Car le
«placement d'objet» repose sur la faculté
d'imitation. »
Le placement de produit est un moyen d'imposer le modèle
américain à l'ensemble du monde. Selon Joël Brée
19(*), « les
premières expériences de placement de produit, au sens où
nous pouvons encore l'entendre aujourd'hui, furent conduites à la fin
des années quarante lorsque l'industrie du film américain s'est
imposée au coeur d'une Europe exsangue. Avec ces films se dessine alors
l'image du héros américain fumant des Lucky Strike ou des
Marlboro et buvant du whisky et du coca, image qui allait être le vecteur
de développement de l' « American Way of
Life ».
Mais, les premiers placements de produit d'importance furent ceux
de la voiture de la marque allemande Volkswagen, appelée
familièrement la coccinelle, dans les films produits par Walt Disney
tels que Un Amour de Coccinelle, La coccinelle
à Monte Carlo, en tout quatre films à la gloire de la
marque. Puis Walt Disney réitéra avec son dessin animé
Bernard et Bianca dans lequel la libellule porte le nom du fabricant
de moteurs « Evinrude ».
Il fallut donc attendre les années cinquante et, surtout,
les années soixante pour qu'il soit considéré comme un
véritable outil de communication aux Etats-Unis.
Les annonceurs et les producteurs américains ont
très vite compris l'intérêt de cette technique. Mais, avant
même que les producteurs ne s'y intéressent, il semble que ce
soient les accessoiristes qui les premiers aient mis en pratique le placement.
Celui-ci représentait, pour eux, une source de revenus puisqu'ils
encaissaient personnellement l'argent économisé.
Dans la galerie de la renommée du placement de produit,
comme aiment en construire les américains, nous trouvons la Rolex dans
les James Bond. L'écrivain Ian Flemming avait poussé le
soin du détail jusqu'à choisir la marque de montre portée
par son héros l'agent secret 007. A l'écran, Sean Connery qui
joua le rôle principal arbora donc à son poignet la fameuse Rolex.
Toutefois, le placement de produits n'était ni
prémédité, ni payé par la marque. C'est pourquoi,
certains placent cette très belle opération, en termes de
notoriété et d'image, dans la
« préhistoire »20(*) du placement de produit.
Dans les années quatre vingt, les placements de produits
se multiplient avec l'importance accrue des marques dans les
décisions d'achat des consommateurs :
En 1982, la décision de mettre en vedette Reese's Piece
dans le film E.T fut le signal de la véritable reconnaissance
du placement de produit chez les professionnels américains du
cinéma. Il faut dire que Reese's Piece s'imposa auprès des
enfants, aux dépens de son concurrent direct Mars, le fabricant des
M&Ms, et vit ses ventes croître de 65%.21(*)
La plus grande réussite dans l'histoire du placement de
produit, au cours des années quatre-vingts, fut celle de la montre
Oméga dans le film Golden Eye avec, pour acteur
principal, Pierce Brosnan. Oméga y expérimentait l'association
fusionnelle avec un héros de cinéma et cherchait à
remplacer la Rolex, des premiers James Bond, par son modèle Seamaster
dans l'imaginaire des adeptes de l'agent britannique 007. 22(*)
Le succès de la montre Oméga fut à l'origine
du passage du placement de produit dans l'ère industrielle dans les
années quatre-vingt dix avec le placement23(*) de :
- Red Stripe beer dans The firm (1993) avec
Tom Cruise et Gene Hackman. Placement qui eut, notamment, pour effet de
provoquer une augmentation des ventes de la bière Red Stripe de plus de
50% en un mois ;
- Et, surtout, le placement d'une vingtaine de marques
différentes dans le film Tomorrow Never Dies (1997) dont
Oméga et BMW, les partenaires des films de James Bond depuis Golden
Eye, mais aussi Visa Card, Avis car rentals, Smirnoff Vodka, la
bière Heineken , les téléphones Ericson24(*), L'Oréal, la moto
Cagiva, etc. Le nombre de marques placées dans le film fit dire à
certains qu'il s'agissait moins d'un film cinématographique que d'un
clip parapublicitaire de deux heures et demi. On put lire dans le New York
Times « The world's top-secret agent has lent his name to more
gadgets than Tiger Woods. In so doing he has strayed recklessy from Ian
Fleming's legendary blueprint». Certains professionnels de la
communication évoquèrent, pour la première fois, le risque
de « backlash » (retour de balancier ) en cas de
sur-placement. Autrement dit, l'idée que trop de placements de produits
puisse nuire à l'image des marques, en agaçant les spectateurs,
avait fait son chemin. Depuis Tomorrow Never Dies, aucun film n'a
été le véhicule d'autant de marques à la fois, y
compris le film Small Soldiers (1998) qui mettait en scène
une bataille entre de nombreux jouets appelés
« Gorgonites » contre le martial Commando Elite, tous
fabriqués par Hasbro Inc.
Quelques exemples de placements de produits
Films
|
Marques placées 25(*)
|
Tomorrow Never Dies
|
BMW cars and motorcycles, Ericsson cellular phones, Smirnoff
vodka, Visa cards, Omega watches, L'oreal cosmetics, Heineken beer
|
Volcano
|
Land Rover Discovery vehicles
|
The Horse Whisperer
|
Calvin Klein, Land Rover
|
The Fifth Element
|
Swatch watches
|
Men in Black
|
Ray-Ban sunglasses, Sprint long-distance
|
Hercules
|
General Motors, McDonald's, Nestles
|
George of the Jungle
|
McDonald's
|
Batman & Robin
|
Apple computers, Frito Lay, Kellogg, Taco Bell
|
The Lost World
|
Burger King, General Mills, JVC, Kodak, Mercedes-Benz,
Timberland, Tropicana
|
Flubber
|
Range Rover
|
En France, ce n'est qu'à partir du milieu des
années soixante-dix que le placement de produit s'est réellement
formalisé26(*).
L'une des raisons invoquées est la saturation du marché
publicitaire qui a poussé les acteurs de la publicité, annonceurs
et agences de communication, à rechercher de nouveaux moyens d'atteindre
le consommateur. Mais, l'une des principales raisons est l'absence de
réglementation du placement de produit 27(*), y compris pour les produits pour lesquels la
publicité est interdite. Les annonceurs de produits et de services
faisant l'objet d'une interdiction de publicité dans certains
médias publicitaires ou d'une réglementation très
restrictive y virent un moyen de communiquer sans être
inquiétés28(*).
Ainsi, en France, la publicité est
réglementée lorsqu'elle porte sur les produits suivants :
les boissons alcooliques, les produits relatifs à la santé des
personnes, les préservatifs et les autres contraceptifs, le tabac, les
produits diététiques et de régime, les armes à feu,
etc.29(*)
Il n'en reste pas moins vrai que malgré quelques films
français à fort placement comme Les Visiteurs 1 et 2,
Taxi 1 et 2, Le Raid, Le Boulet, etc., le placement de
produit demeure, en France, « une forme de communication marginale
par rapport à la publicité ou à la plupart des techniques
classiques de hors média »30(*).
Ce petit historique du placement de produit dans le Monde et en
France met en évidence un certain nombre de thèmes de recherche
notamment : les acteurs en présence (annonceurs,
réalisateurs, producteurs et comédiens) et leurs relations,
l'apparition progressive des différentes formes de placement
utilisées actuellement. Il montre également les raisons du
développement du placement de produit : la volonté d'imposer
des normes culturelles américaines, les réglementations
concernant le tabac et l'alcool, la saturation des médias publicitaires
traditionnels, etc. Cet historique met en valeur les objectifs poursuivis par
les annonceurs en termes d'image et de ventes et les risques qu'ils encourent
en cas de sur-placement.
Il va de soi que nous ne pourrons pas étudier tous ses
aspects du placement de produit dans ce mémoire.
Nous tenterons, tout d'abord, d'étudier les
conséquences de l'appropriation du Placement de Produit par les
professionnels du cinéma, les entreprises industrielles et commerciales,
et par leurs conseillers et agents. Selon Alex Mucchielli31(*), en effet,
« l'appropriation par différents acteurs de chaque innovation
donne lieu à des usages qui peuvent être assez
éloignés de ce qui était prévu » et des
recherches en Sciences de l'Information et de la Communication doivent
être consacrées « aux processus complexes de la
transformation des usages dans le système qui unit l'évolution
technique, l'évolution sociale et l'évolution des
représentations qu'ont les acteurs de la société
globale ».
L'analyse des travaux et études réalisés sur
le placement de produit nous conduira à nous intéresser à
la maximisation du placement de produit par les professionnels dont les limites
seront établies par les spectateurs, avec un risque de saturation.
Aussi notre problématique sera-t-elle
l'étude des réactions des spectateurs face à la
maximisation du placement de produit par les professionnels.
L'intérêt de notre sujet est à la fois
pratique et théorique.
Pratique, parce que nous allons tenter de répondre
à des questions que les professionnels du placement de produit se posent
actuellement pour développer leur technique sans être
confrontés aux risques du sur-placement. Y-a-t-il une limite à ne
pas franchir ?
Théorique, parce que nous allons étudier le
placement de produit à l'aide d'une approche qualitative, de
théories, qui « se complètent bien » et de leurs
méthodes d'analyse qui forment ce qu'Alex Muchielli appelle
« le nouveau paradigme pour les sciences de
l'info-com »32(*).
Dans une première partie, nous allons présenter les
différents acteurs de la publicité sur Internet et les relations
qu'ils ont entre eux. Après une rapide approche sociologique, notamment
concernant les mass médias et leurs fonctions sociales, nous adopterons
une approche systémique des communications.
Dans une deuxième, nous présenterons les
études réalisées par les professionnels et les recherches
universitaires consacrées au placement de produit en insistant sur leur
méthodologie.
Dans une troisième partie, nous étudierons les
réactions des spectateurs face au placement de produit dans les films.
1ère Partie : LE PLACEMENT DE
PRODUIT : ACTEURS ET METHODES
Le placement de produit consiste, d'une part pour l'annonceur
à introduire un élément d'identification (produit, marque,
conditionnement, logo, paysage, site, logo sonore, etc.) de son activité
dans un film afin qu'il soit perçu par les spectateurs, d'autre part
pour les cinéastes (le producteur, le réalisateur, etc.) à
insérer cet élément d'identification en contrepartie d'une
aide financière et/ou matérielle.
Il met donc en relation trois grandes catégories
d'acteurs : les annonceurs, les cinéastes et les spectateurs. Dans
cette première partie, nous allons décrire le placement de
produit et ses modalités pratiques ainsi que ses avantages et ses
inconvénients pour chacun des acteurs principaux.
Chapitre 1 : Les différentes formes et
modalités du placement de produit
Contrairement à ce que l'on croit souvent le placement de
produit ne consiste pas seulement à prêter ou à offrir des
biens ou des services à un cinéaste afin d'obtenir de sa part des
remerciements dans le générique de fin et/ou une forte
présence dans le film lui-même.
Cette conception était celle des pionniers du
cinéma tels que les frères Lumière. Elle est
néanmoins toujours vivante notamment chez les accessoiristes qui
cherchent à réduire autant que faire ce peut les coûts des
accessoires afin d'améliorer leur revenu puisqu'ils encaissent souvent
personnellement l'argent économisé.
A l'heure actuelle, les accessoiristes ne sont plus les seuls
à chercher des annonceurs, autrement dit à demander aux
fabricants de produits utilisés dans le film de contribuer,
financièrement et/ou en nature (échange de produits), à
son budget. Il existe des agences spécialisées dans le placement
de produit, y compris en France.
Le placement de produit consiste à demander aux fabricants
de produits utilisés dans un film de contribuer, financièrement
ou en nature, à son budget.
Le produit ou, en général, toute apparition d'un
élément caractéristique de l'image d'une entreprise, peut
faire l'objet d'une mise en valeur variable dans un film : il peut
être intégré au décor, utilisé par un des
protagonistes ou renforcé par une mention verbale du produit.
I- Le générique
Généralement, le placement est accompagné
de « remerciements » figurant au générique du
film. Cette mention n'est cependant pas systématique et il semblerait
qu'elle ne concerne que les contributions en nature. Les
génériques sont, en effet, plus discrets sur les contributions
financières d'annonceurs.
___________________________________________________________________________
Pour l'analyse d'un générique de
film
Quelques paramètres à prendre en
compte33(*)
___________________________________________________________________________
L'existence, l'extension, la place du
générique
Y a-t-il un générique ?
Est-il situé au début ou à la fin ?
S'il existe un générique de fin (cas
général aujourd'hui), existe-t-il aussi un
générique partiel au début, donnant quelles
informations ?
Importance (durée, quantité d'informations) du
générique
Le générique est-il précédé de
quelque choses : mention écrites,
prégénérique ?
Les formes du générique
Générique écrit, générique
parlé, générique mixte
Sur fond neutre, sur fond d'image(s) fixe(s), sur fond d'images
mouvantes (figuratives ?, non figuratives, mixtes ?)
Les informations apportées au
générique
Identifier les rôles et les statuts des personnes
nommées : instances de production,
producteurs, acteurs, réalisateur, scénariste,
monteur, et divers postes techniques34(*)
Autres informations : lieu de production, de tournage,
année de production, origines de la bande sonore, sponsors
éventuels35(*), etc.
Observer les informations importantes : y a-t-il cumul de
certains rôles (acteur et réalisateur, acteur et producteur,
producteur et réalisateur, scénariste et réalisateur,
acteur-producteur-scénariste-réalisateur, etc.) ?
La hiérarchie des informations et des
personnes
Comment les personnes nommées sont-elles ou non
hiérarchisées par le générique : ordre de
présentation, grosseur des lettres ou autres modes de valorisation, noms
isolés/noms groupés, mention spéciale (du
type : « avec la participation de ... », etc.
Le contenu audiovisuel : le générique
comme « ouverture » du film
Les motifs musicaux ou sonores
Les motifs visuels comme indicateurs : - de genre (film
noir, western, comédie), - de contenu narratif ou dramatique, etc.
Le titre du film
Sa place dans le générique
Les informations qu'il apporte, directement ou indirectement
(connotations), sur le contenu ou la forme du film
L'horizon d'attente qu'il instaure pour le spectateur, sur les
plans narratif, sémantique, symbolique
Ses ancrages culturels éventuels.
___________________________________________________________________________
II- Les sujets des placements
Le placement de produit concerne non seulement des produits ou
des marques, mais aussi des entreprises, des services, des
collectivités territoriales, des causes d'intérêt
général, etc.
De plus en plus de régions de France36(*) espèrent par ce moyen
attirer les cinéastes soit dans le but de promouvoir leur région,
touristiquement ou industriellement, en France ou à l'étranger,
soit dans celui de créer une activité générant des
emplois (figurants, hôtellerie, restauration, etc.)37(*).
Exemples :
Air France
|
La compagnie a, en permanence à Orly, un avion à la
disposition des maisons de production pour que le sigle de la Compagnie soit
présente dans le film
|
RATP
|
La RATP autorise, sous certaines conditions,
de tourner dans le métro parisien, à la station
« Porte des Lilas » le plus souvent.
|
La région Nord/Pas de Calais
|
La région a financé le film
Germinal à hauteur de 5 millions de francs
|
En outre, par placement de produit, on entend toutes les formes
de présence du produit, de la marque, de l'entreprise, de la gamme
de produits et/ou de services, etc. : de la mention de la marque à tous
les éléments caractéristiques de l'entreprise : le
conditionnement, le logo, une affiche publicitaire, un conseil avisé
donné par un des acteurs, etc.
Le placement de produit concerne donc tous les registres de la
communication : le produit lui-même, la marque et/ou son logo,
l'entreprise, l'institution.
Exemples :
Le produit lui-même
|
BX Citroën dans Opération Corned
Beef
|
La gamme de l'annonceur
|
Dans le film Opération Corned Beef, après
les démonstrations et les commentaires sur la BX, c'est au tour de la XM
d'être testée et appréciée à haute voix par
le héros, pendant une séquence de plusieurs secondes.
|
Le conseil avisé
|
« il n'y a qu'à prendre Juvamine »
Clavier-Jacquart dans Les Visiteurs
|
L'affiche publicitaire
|
L'assouplissant Soupline dans L'année Juliette
|
L'affiche publicitaire
|
L'eau gazeuse Perrier dans La Haine
|
Une version remaniée du produit
|
L'eau gazeuse Perrier dans Spacebal de Mel
Brooks transformée en cannette « Perri-air »
|
Un distributeur automatique
|
Les distributeurs de Pepsi Cola placés à
portée de main du héros, dans les moments de forte tension,
dans Terminator II
|
III- Les catégories de placements
Samuel Turcotte 38(*) distingue, pour sa part, trois catégories de
placements de produits :
- Le placement visuel qui revient à montrer le produit,
sa marque, son logo, son conditionnement ou un message publicitaire dans la
presse, sur une affiche, etc.
- Le placement parlé qui consiste à faire citer les
mentions d'un produit, d'un service ou d'une entreprise par l'acteur ou
l'actrice.
- Le placement d'utilisation qui consiste à faire
manipuler, utiliser, employer le produit, le service ou l'entreprise par
l'acteur ou l'actrice. Ce type de placement inclut souvent le visuel et le
parlé.
Selon Samuel Turcotte, le placement qui associe le
« parlé », le « visuel » et
l' «usage » est le plus recherché par les
annonceurs. Cet avis est partagé par Jean-Patrick Flandé selon
lequel le placement le plus efficace, mais aussi le plus cher, combine la
visualisation de la marque, la consommation du produit et la mention orale de
la marque. Vient ensuite le placement qui associe la visualisation et la
consommation. Le moins efficace, selon lui, étant celui qui se limite
à la visualisation.
Une étude citée par Nila Nahadi39(*) précise ce
classement : le placement de produit visuel avec usage semble être
un peu plus efficace que la simple mention verbale de la marque par un acteur
(57% contre 51%) mais, bien plus efficace que le placement visuel sans usage
(33%) et, plus encore que le placement visuel de la seule marque ou de son logo
(8%).
IV- Les placements selon leur degré de présence
à l'écran
Il existe une autre classification des placements qui repose sur
leur degré de présence à l'écran. Ainsi, le
placement central est bien distinct du placement périphérique.
Le placement central consiste à présenter le
produit de manière à l'intégrer au film. Le produit joue
un rôle dans le déroulement de l'intrigue et/ou d'une action. La
marque est en quelque sorte l'un des acteurs du film. Par exemple, la
Peugeot 406 dans le film Taxi. Selon la durée de
présence à l'écran, nous proposons de séparer le
placement central « premier rôle » comme la
Peugeot 406 dans Taxi et le placement central « second
rôle » comme Feu vert, Mitsubishi, etc. dans
Taxi 2 ou Chanel N°5 dans Les Visiteurs.
Le placement périphérique ou secondaire revient
à présenter le produit de façon accessoire. La marque est
un détail parmi d'autres. Par exemple, une bouteille de Martini parmi
d'autres bouteilles dans une scène représentant un cocktail. Par
analogie avec le rôle des acteurs (premier, second, etc.), nous pourrions
dire que le produit a un rôle de figurant.
Chapitre 2 : Les aspects économiques du
placement en France
L'importance économique du placement de produit est plus
faible en France qu'aux Etats-Unis : dix fois plus faible, disent
certains.
Toutefois, les professionnels du cinéma français le
considèrent de plus en plus sérieusement d'un point de vue
économique 40(*).
I- Le poids économique du placement dans l'industrie
cinématographique
Le placement de produit est une pratique en expansion qui n'en
demeure pas moins difficilement mesurable. Les estimations varient d'une source
à une autre.
Selon Ciné Finances Info41(*), en 1992, il contribuait annuellement à
hauteur de 50 millions de FF au financement de films français, ce
chiffre incluant les prestations en nature, et représentait un potentiel
de 100 MF en France.
En 1995, le magazine Capital 42(*) considérait que 90% des films tournés
dans le monde comportaient une ou plusieurs scènes qui faisaient
l'apologie d'un produit. Le placement représentait 1 milliard de francs
par an, tous films et pays confondus, dont une soixantaine de millions rien
qu'en France.
En 1996, Joël Brée43(*) estimait le marché du placement de produit
à environ 120 millions de francs. Montant qu'il jugeait marginal par
rapport aux autres techniques classiques de hors média sachant que
« même le sponsoring TV atteint un montant avoisinant les 800
millions de francs ». Il nous apprend également que dans ces
120 millions de francs, il faut entendre « toutes les aides
financières ou en nature d'annonceurs, producteurs de biens ou services
publics ou privés. Le volume financier stricto sensu est estimé
à 60 millions de francs par an et les échanges (prêts, mise
à disposition de décors..) représentent un volume
équivalent estimé à près de 60 millions de
francs ».
En comparaison, à la même époque, le
marché du placement de produit aux Etats-Unis était estimé
à 600 millions de francs.
Bien que la validité des dernières estimations soit
difficile à juger, elles montrent toutefois une très forte
augmentation des investissements en cinq ans. En juin 2001, selon Andrew
Mueller44(*),
« dans l'industrie cinématographique, l'activité
secondaire du placement de produit représente 1 milliard de $ et prend
des formes de plus en plus astucieuses ».
II- Le coût d'un placement pour un annonceur
Le montant des budgets que les annonceurs français
consacrent au placement de produit par film est également, en moyenne,
plus faible que celui des investissements des annonceurs américains.
Selon Christophe Libilbéhéty, en France, les tarifs oscilleraient
entre 20 KF et 200 KF selon les types d'apparitions, la qualité de la
présence du produit dans le film, le potentiel du film et la
notoriété des acteurs45(*). Dans certains cas, les budgets engagés sont
nettement plus importants. C'est le cas lorsque les annonceurs sont des
Régions dont les directeurs de la communication connaissent un
véritable engouement pour le cinéma. Leur apport sur un film se
situe entre 1 et 3 MF de FF, participations financières et
facilités de tournage comprises.
Le coût du placement dépend principalement de trois
catégories de facteurs :
- Les caractéristiques du film : la
notoriété du réalisateur et des acteurs, la
présence d'une vedette internationale, le casting...
- Le potentiel d'exportation, l'époque du film, la
rediffusion télévisuelle (existence d'une co-production46(*))
- Le rapport de la marque avec le film. Les tarifs varient alors
avec le type de présence (visuel, parlé et/ou d'utilisation), la
visibilité, l'utilisation qui est faite de la marque, la mention au
générique, la nature de l'oeuvre, le genre du film, etc.
Toutefois, la négociation entre le producteur et le
fabricant est déterminante. Il n'y a pas de tarif média au sens
propre du terme47(*).
Donc, chaque placement est un cas d'espèce. Le ticket d'entrée
pour apparaître dans une production française est de l'ordre de 3
000 euros et la fourchette de prix se situe entre 3 000 et 30 000 euros.
Ces chiffres sont, néanmoins, à prendre avec une
certaine prudence. Selon Jean-Louis Douat48(*), Chef du soutien à la production et
distribution au Conseil National de la Cinématographie, «Le
domaine est secret, c'est un sujet que personne n'aborde, tout se fait
caché, discrètement ».
Aussi, alors que la plupart des constructeurs automobiles
affirment qu'il n'y aucune participation financière mais seulement des
prêts, de nombreux observateurs en doutent.49(*)
Exemples 50(*)
Film
|
Marque
|
Coût pour la marque
|
Nombre d'entrées Cinéma
|
Trois hommes et un couffin
|
Peaudouce
|
80 000 FF
|
8,5 millions
|
Ripoux contre ripoux
|
Gitanes, Lucky Strike
|
100 000 FF
|
5,5 millions
|
Les Ténors
|
Saumon Labeyrie
|
50 000 FF
|
|
Tombe du ciel
|
Sebago
|
50 000 FF
|
|
Opération Corned Beef
|
Alphapage de France Telecom
|
100 000 FF
|
|
Exemples 51(*)52(*)
Film
|
Marque
|
Coût pour la marque
|
Nombre d'entrées Cinéma
|
Cassettes vidéo
|
Nombre de téléspectateurs en 1ère
diffusion
|
Fallait pas
|
René Veyrat Fleuriste
|
10 000 FF
|
900 000
|
|
|
Les visiteurs
|
Email Diamant
|
100 000 FF
|
14 millions
|
3 millions
|
11,5 millions
|
La cérémonie
|
Omo
|
30 000 FF
|
1 million
|
|
|
Les randonneurs
|
Nergisport, barre énergétique
|
30 000 FF
|
1,5 millions, soit 2 centimes par contact
|
|
|
La haine
|
Perrier
|
30 000 FF
|
1,2 millions
|
|
|
Le placement de produit est souvent considéré comme
un outil de communication bon marché. Avec un budget très faible,
il permet de toucher une audience importante ce qui fait de lui, l'un des
outils de communication les moins onéreux au coût pour mille
contacts. Selon
Tami Glenn, Président de Hollywood International
Placements (une agence américaine spécialisée dans le
placement de produits53(*)), qui répondait aux questions d'un journaliste
du Wall Street Journal : « Le produit de placement est un outil
publicitaire peu cher destiné à de nombreuses entreprises qui
veulent améliorer l'identification et la mémorisation de leur
marque, plus particulièrement si ces entreprises ne disposent pas de
gros budgets de publicité ».
Comme l'écrit Dale Buss54(*) : « si vous le faites vous-même,
les dépenses consisteront en marchandises, en coups de
téléphone et en envois postaux. Votre investissement en temps,
cependant, peut être énorme, à tel point qu'il peut
être opportun d'utiliser les services d'une agence. En
général, les agences spécialisées en placement de
produits proposent une gamme de services allant du placement ponctuel
(« one-time placement ») pour 500 dollars au contrat annuel
pour un nombre de placements garanti pour 20 000 dollars ».
En France, l'Agence Marques et Films a proposé à la
société Orangina d'être son agence exclusive et a
négocié un contrat annuel de conseil aux honoraires mensuels de
20 000 FF hors taxes non compris les frais éventuels.55(*)
III- La contrepartie : financière ou en nature
Le placement de produits consiste à demander aux
fabricants de produits utilisés dans un film de contribuer,
financièrement ou en nature, à son budget.
Le produit ou, en général, toute apparition d'un
élément caractéristique de l'image d'une entreprise, peut
faire l'objet d'une mise en valeur variable dans un film : il peut
être intégré au décor, utilisé par un des
protagonistes ou renforcé par une mention verbale du produit.
Dans sa définition, le CSA parle de contrepartie au
placement de produit en évoquant une contribution qui permet de financer
une partie de la production. En fait, la participation des annonceurs peut
prendre deux formes56(*) :
- la participation en nature
- la participation en argent.
Seule la participation en argent fera l'objet d'une
rémunération pour l'agence de placement.
1- La participation en nature
Cette contribution est la plus ancienne et, encore, la plus
courante.
Il existe plusieurs formes :
- La participation dans le film : par exemple, le prêt
d'une voiture par le constructeur si l'histoire le nécessite.
Marque
|
Film
|
Prêt ou fourniture de
|
Coût estimé
|
Avis France
|
Le Bonheur est dans le pré
|
Véhicules Avis
|
|
Hewlett Packard
|
La Femme du cosmonaute
|
Ordinateurs et mise à disposition de techniciens
|
200 000 F
|
Chanel
|
Talons aiguilles
|
Tailleurs de Victoria Abril
|
|
Peugeot
|
Taxi (1) et Taxi 2
|
Plusieurs exemplaires de tous les modèles de la
gamme57(*)
|
|
Hewlett Packard
|
Le Clone
|
Prêt d'ordinateurs
|
1,2 milliards de F à l'achat, 200 000 FF à la
location pendant 6 semaines
|
Cette participation s'applique également aux produits dont
la marque n'est ni visible, ni facilement reconnaissable comme, par exemple,
les costumes, les bagages, etc. En contrepartie, l'annonceur est, le plus
souvent, remercié dans le générique ou obtient en
échange une avant-première réservée à ses
clients. Ce fut le cas pour Lancel, fournisseur des bagages dans le film
Les Misérables de Claude Lelouch, et pour Chanel qui a
habillé Victoria Abril dans Talons Aiguilles.
- La participation pour la réalisation du film : le
don de produits pour l'équipe de tournage. Par exemple, les marques
d'eaux minérales sont souvent sollicitées pour
désaltérer l'équipe du film. La participation concerne
autant les biens que les services. Elle peut, par exemple, consister à
concevoir les programmes informatiques qui seront utilisés pendant le
tournage ou le montage du film, etc. Le matériel nécessaire
à la régie (fax, téléphones, ordinateurs,) peut
également être prêté ou donné par un fabricant
qui sera mentionné dans le générique. En contrepartie de
cette participation, l'annonceur peut obtenir des remerciements dans le
générique.
- La participation aux éléments de décor.
Par exemple, pour remercier Habitat, qui prête souvent des meubles, on
dépose un catalogue dans le décor du film.
- La participation par des remises accordées. Par exemple,
le fleuriste René Veyrat a fourni les fleurs pour le tournage de
Fallait pas, un film de et avec Gérard Jugnot en
consentant une remise. Celle-ci est plus ou moins forte selon les films et le
nombre de passages à l'écran. Patrick Veyrat, propriétaire
du magasin, a demandé au minimum à être remercié au
générique.
2- La participation en argent ou achat d'espace
Elle peut être associée ou non à une
participation en nature. Ainsi, dans le film Fallait pas, le
fleuriste Veyrat était présent dans une scène dans
laquelle la camionnette de la boutique était filmée de
côté en gros plan et en tant que fournisseurs des fleurs.
L'achat d'espace consiste à choisir dans le film, soit un
gros plan, soit une citation, soit l'utilisation du produit par un acteur,
etc.
La négociation des tarifs d'espace repose également
sur le genre du film, la notoriété des acteurs et du
réalisateur, les diffusions à la télévision (car la
presque totalité des films sont achetés par les chaînes de
télévision avant leur tournage).
La négociation est plus ou moins précise,
éventuellement détaillée par scènes : 40 000
F. pour un gros plan, 20 000 F. pour une utilisation normale de l'appareil
(comme ce fut le cas pour le téléphone portable Mitsubishi dans
le film de Xavier Gélin, L'Homme idéal).
La participation peut être proportionnelle aux
résultats d'audience : par exemple, une participation minimale de X
milliers d'euros et une bonification en cas de succès du film (comme ce
fut le cas pour les couches-culottes Huggies dans le film d'Arthur Joffé
Que la lumière soit).
IV- Les modalités du placement
Une autre classification des participations est souvent
utilisée. Elle distingue les participations non pas par leur nature,
comme celle que nous venons de présenter, mais par leur modalité.
Trois modalités co-existent, en effet :
1- Le don de la part de l'annonceur : le bien ou le service
est mis gracieusement à la disposition de l'équipe de tournage.
Il peut s'agir d'un bien d'équipement de la personne (costumes, robes,
etc.) ou de biens de grande consommation (sodas, etc.) ou encore d'un service
(billets d'avion, chambres d'hôtel, etc.) ou d'une formation gratuite des
comédiens58(*), ou
d'une maintenance gratuite du matériel59(*).
2- Le prêt pendant une période
déterminée : prêt d'un château, d'un
musée, d'un institut de beauté, etc.. Par exemple, pour le film
Les Rois mages, Mc Donald's a fourni le décor d'un de
ses restaurants aux Inconnus.60(*)
3- Le prêt avec retour : cela concerne principalement
les biens très chers : le prêt d'une rivière de
diamants, d'un très gros matériel informatique, d'une collection
d'automobiles, des habits et accessoires de Haute Couture.61(*)
Chapitre 3 : Les acteurs du placement
Le placement de produit est le résultat d'une
collaboration entre plusieurs professionnels :
les annonceurs
les cinéastes qu'ils soient producteurs,
réalisateurs ou accessoiristes, etc.
les agences de placement
I- Les annonceurs
Un annonceur est un organisme public ou privé qui
décide de faire de la communication publicitaire à son profit et
en supporte la charge financière
Selon Rolf Schoch62(*), « Les produits les plus
fréquemment placés sont avant tout les voitures (par exemple,
BMW, Mercedes, Audi, Porsche, Alfa Roméo), les montres (par exemple,
Omega, Roleix) et les boissons (Coca Cola, Johnny Walker, Smirnoff) mais aussi
des produits comme des ordinateurs (Apple), les machines à laver
(Miele), les lunettes de soleil (Ray Ban), les téléphones
portables (Ericsson Handy) et les vêtements. Des raisons sociales peuvent
également être placées (McDonald's, Avis), des villes (New
York, San Francisco, Paris, Hamburg) et des pays (La
Thaïlande) ».
Pour certains annonceurs, le placement de produit dans les films
apparaît comme une forme de communication originale qui présente
de nombreux avantages.
A- Les avantages du placement de produit pour les annonceurs
Le placement de produit présente, pour les annonceurs, de
nombreux avantages 63(*):
- la modicité de la mise initiale et le retour sur
investissement souvent très élevé, notamment au
travers d'un effet de boule de neige qui peut permettre d'en
bénéficier pendant plusieurs années. Rappelons que le
ticket d'entrée pour apparaître dans une production
française est de 20 000 FF, la fourchette de prix se situant entre 20
000 et 200 000 FF. Selon Joël Brée 64(*): « Retirer 1 million
de francs d'une campagne de publicité dont le budget
s'élève à 20 ou à 30 millions de francs ne changera
guère l'efficacité de celle-ci ; par contre, si on utilise
habilement cette somme prélevée de manière à ce que
le produit apparaisse dans une dizaine de films, on bénéficiera
à la fois de l'effet de répétition et d'un nombre de
contacts moyen très élevé ». Le placement de
produit n'est donc pas réservée aux gros annonceurs. De
nombreuses PME le pratiquent. Cet avantage est toutefois moins clairement
exprimé aux Etats-Unis, des écarts d'investissement étant
fréquents. Certains annonceurs payent des millions de dollars tandis que
d'autres s'arrangent pour que cela ne leur coûte presque rien comme
The Coffee Beanery dans Deep Impact qui n'a donné que 20
tasses vides « Beanery »65(*). Un simple placement de produit dans une
scène, aux Etats-Unis, peut coûter plus de 25 000 $. Le fait qu'un
acteur utilise le produit dans la scène nécessite un budget de
plus de 100 000 $.
Quelques contributions d'annonceurs américains66(*)/ 67(*)
Titre du Film
|
Marque placée
|
Investissement en dollars
|
License to kill
|
Lark cigarettes
|
350 000 $
|
Superman II
|
Marlboro cigarettes
|
42 500 $
|
Supergirl
|
Eve cigarettes
|
30 000 $
|
Le Flic de Beverly Hills
|
Lucky Strike cigarettes
|
5 000 $
|
Cop 7
|
Lucky Strike cigarettes
|
5 000 $
|
- Le nombre moyen de contacts hors vidéo qui a
été estimé pour un long métrage, en France,
à 38 millions de contacts68(*). La couverture est bien plus importante lorsque le
film est un succès international. Mc Donald, Coca Cola, etc. ont su
utiliser le placement de produit dans les films pour acquérir une
notoriété internationale et se développer
géographiquement.69(*)
- La durée de vie du placement. Ainsi, pour Marsha
R. Levine de l'agence de placement américaine A. List
Entertainment : « Les placements de produit sont vus un
nombre incalculable de fois : les films sont diffusés sur le
câble, dans les avions, en location de vidéos. Ce sont des films
qui existeront toujours. Donc, le produit de placement est une forme de
publicité indélébile »70(*) Johannes Schultz, responsable
marketing de BMW, déclarait, dans le même esprit, après
l'entrée de BMW dans les James Bond, que le placement de
produit était « comme des soins d'image à long terme
pour BMW ». En conséquence, certains considèrent
que le placement de produit est particulièrement bien adapté pour
les produits qui ne changent pas ou très peu au cours du temps, par
exemple les produits alimentaires solides ou liquides (yaourts, sodas, alcools,
etc.)
- Les effets sur l'image : les consommateurs
s'identifient aux héros et s'approprient leurs objets. Le potentiel de
sympathie des personnages bénéficie à la marque
placée. Comme l'a déclaré Jim Mac Dowell,
vice-Président du Marketing de BMW, parlant de l'association avec
James Bond : L'intrigue, le charisme et la popularité de
James Bond est un complément idéal à la marque BMW. Tous
les deux possèdent un pedigree international et nous apprécions
cette identification globale ».
- La mise en valeur des éléments techniques,
esthétiques, mécaniques d'un nouveau modèle. Dans le
film Taxi, des zooms répétés sur l'avant large de la 406
donne de l'importance au design axé sur cette partie du véhicule,
« au profil distingué et équilibré du
véhicule (lui donnant sans cesse une allure de voyageuse) ».
L'intérieur du véhicule était filmé de
manière à faire découvrir au public tous attributs du
confort.71(*)
- Le placement de produit permet des repositionnements.
Marsha R. Levine, op cit, donne l'exemple de Seven Up « qui
voulait passer d'un positionnement de boissons pour les femmes de 40 ans
à un positionnement beaucoup plus jeune. Nous les avons placé
dans plusieurs séries comme Friends et dans des films qui
touchent particulièrement la cible jeune ».72(*) Autre exemple :
Evian qui souhaitait faire évoluer son image d'eau
minérale plutôt généraliste vers celle d'une
alliée pour la minceur a placé sa marque dans le film J'ai
faim.
- Les producteurs d'alcool et de tabac interdits de
publicité, en France, à la télévision et
au cinéma par la loi du 10 janvier 1991, dite loi Evin, sont
intéressés par le placement de produit : rien ne peut
empêcher un réalisateur de placer de tels produits dans un film.
Selon Charlotte Duval73(*), gérante de la société
Ciné Régie, «Il n'y a pas de loi réglementant le
placement de produit les films. Rien n'interdit aux producteurs de faire fumer
ou boire leurs acteur...Je ne vois pas d'évolution à venir dans
la réglementation, il n'y a pas de limite à fixer, le
réalisateur à tous les droits ». Aux
Etats-Unis74(*), les
industries américaines du tabac et du cinéma auraient
passé quelques 1 500 accords secrets depuis une dizaine d'années.
C'est ce qu'affirment Stanton Glantz et Curtis Mekemson, les auteurs d'une
étude parue dans la revue Tobacco Control. Malgré les
accords et les promesses de l'industrie cinématographique
américaine75(*), le
placement de marques de tabac est « plus élevé qu'
auparavant » (Marlboro arrivant en tête). Les deux
auteurs de l'étude citent en exemple Eddie Murphy et Jim
Carrey, respectivement dans Le Flic de Beverly Hills et Fous
d'Irene. De plus, selon l'étude, 80 % des cigarettes vues dans les
films sont fabriquées par la société Philip
Morris.
- La couverture est internationale. Comme le dit Julie
Weinhouse, Gérante de l'agence de placement américaine Hero
Product Placement Inc, « le placement de produit permet aux marques
d'obtenir une visibilité mondiale et ceci pour un budget très
inférieur à un spot publicitaire de 30
secondes »76(*)
- L'impact est élevé lors du passage en
salles comme lors de la diffusion à la télévision. Selon
Linda M. Swick, Présidente de l'agence de placement américaine
International Promotions, « D'après les études qui ont
été faites quand quelqu'un regarde la télévision,
son niveau d'attention est de 20% au moment de l'écran de
publicité. Mais il est de 80 % lorsque le spectateur regarde une
série ou un film. Donc si vous faites un placement de produit visible et
audacieux, il est plus que probable que ça aura un impact sur le
spectateur bien supérieur à celui d'une
publicité »77(*)
- C'est un moyen de communication original qui peut
compléter les autres actions publicité plus classiques, dont le
public est souvent saturé, dans le cadre d'un mix de communication. La
baisse de l'efficacité de la publicité classique,
conséquence de la saturation des grands médias, a conduit des
entreprises à chercher de nouveaux outils de communication.
- Selon Isabelle Fontaine78(*) : « les principaux apports de cette
technique pour l'annonceur proviennent du contexte dans lequel les marques
apparaissent : un film de fiction. Ce dernier est, en effet,
caractérisé par les facteurs suivants : il s'agit d'un
contexte non commercial qui représente pour le spectateur-consommateur
une situation agréable, de consommation expérientielle et qui
bénéficie d'un public attentif et fortement impliqué dans
la visualisation du film ». Un avis que l'on retrouve dans les propos
d'Olivier Bouthillier, directeur de l'agence de placement Marques et
Films : « La séance de cinéma
représente un moment privilégié pour s'adresser au
spectateur qui, venu se détendre et prendre du plaisir, a
abandonné toute agressivité. Captivé, il s'identifie au
personnage et mémorise inconsciemment les vêtements qu'il porte,
le whisky qu'il boit, la voiture qu'il conduit... »79(*)
- Le placement rend possible l'accès à des
médias puissants : le cinéma, la télévision,
la diffusion vidéo dont les qualités et les avantages80(*) sont, en outre,
complémentaires dans le temps : - pour le cinéma :
audience jeune, aisée, urbaine, attentive, disponible, très fort
impact, etc.,- pour la télévision : valorisation de la
marque, puissance et couverture, etc., - pour la diffusion vidéo :
durée de vie, etc.
- Il s'agit d'un investissement bon marché. Si l'on
considère qu'un long métrage obtient en moyenne 38 millions de
contacts sur 60 mois et que le budget de placement moyen est de 250 000 FF (38
112 euros), le CPM (Coût pour mille contacts) sur 60 mois est d'environ
un euro seulement.
Par exemple, dans le film Les Visiteurs,
Jacquouille-la-fripouille refusait de repartir au Moyen-âge avec Godefroy
de Montmirail en s'exclamant : « Je ne pars plus Messire. Tu
peux rester aussi. J'ai un antidote contre le pourrissement ». Il
prenait le tube de dentifrice et mettait de la pâte sur une brosse
à dents : « Y a point de pourrissement qui résiste
avec la pâtes à dents. C'est du diamant ». Il montrait
alors la boîte Email Diamant . Ce placement mis en oeuvre par Film
Media Consultant a coûté 200 000 F. à l'annonceur et lui a
rapporté en notoriété et en sympathie. Ainsi, la
société Email Diamant a réalisé un sondage à
la sortie des salles projetant les Visiteurs. Ce sondage gratifia la
marque d'un 15% de reconnaissance spontanée (contre 80% pour Chanel, 70
% pour Renault et 30 % pour Courtepaille) . Grâce au film, la marque a
rajeuni son image auprès des jeunes. En outre, le placement a permis de
doubler les ventes de ce dentifrice à la sortie de film. On estime
à 14 millions le nombre de spectateurs qui ont vu les visiteurs au
cinéma. Une fois que le film aura achevé sa vie en salles, la
vidéo et les diffusions successives à la télévision
lui promettent une audience totale de 55 millions de personnes. Le coût
pour mille contacts, le CPM, sera de 3,636 FF, soit un peu plus de cinquante
centimes d'euro.81(*)
Par ailleurs, l'obtention de nombreux de ces différents
avantages, lors d'une même opération de placement de produit, est
parfaitement possible contrairement à une campagne de publicité
qui ne poursuit généralement qu'un seul objectif à la
fois : faire connaître, faire aimer ou faire agir. Lors d'un
entretien en ligne82(*)
avec le responsable marketing qui a placé le marque Itinéris dans
le films Astérix et Obélix : Mission
Cléopâtre, il est apparu que les avantages recherchés
étaient : « de toucher une cible large pour ne pas dire
de 7 à 77 ans, ..de renforcer notre notoriété
auprès de tous les publics ...de profiter du fait que notre marque
(Itinéris) porte le nom d'un des personnages ce qui est peu courant,
...d'être présent dans un film qui rassemble des acteurs ayant une
forte notoriété et donc un fort impact sur l'ensemble de notre
clientèle en raison de son succès. Enfin, lors de ce film, nous
avons même pu glisser des caractéristiques de nos
services... ».
B- Les inconvénients du placement pour les annonceurs
Ils ne sont pas à négliger :
- l'incertitude quant à la carrière du film et
à l'importance de l'audience totale, celle-ci dépendant du nombre
d'entrées dans les salles, l'audience télévisuelle pour
les films exploités sur Canal +, les chaînes de
télévision hertzienne, les ventes à l'étranger et
l'exploitation vidéo. A ce sujet, Laurent Creton 83(*) s'interroge
lui-même : « Qu'est-ce qui fait qu'un film a du
succès ? Voici la question alchimique...Or, la réussite d'un
film ne se laisse pas facilement enfermer dans des schémas explicatifs.
Généralement, on se borne à constater que c'est la
rencontre, sur une période, entre une oeuvre et un
public ».
- L'improvisation de certains intervenants : le placement
est rarement géré par le producteur lui-même. Il l'est
plutôt par le directeur de la production et/ou le décorateur qui
recherchent des prestations ou des financements de façon pragmatique au
gré du tournage sans véritable réflexion sur
l'efficacité du placement pour l'annonceur.
- Le peu de respect pour les annonceurs chez certains
réalisateurs84(*)
qui au nom de la liberté d'expression peuvent choisir leurs accessoires
comme ils l'entendent et utiliser les marques sans se soucier de les valoriser.
Cette tendance très française à privilégier plus
l'art au commerce a provoqué, dans le passé, de nombreuses
annulations de contrats de placement après visionnage. Par exemple,
Colgate a jugé après visionnage de « Ma vie est un
enfer » de Josiane Balasko que les dents pourries du dentiste
étaient peu compatibles avec l'image du produit. Autre exemple :
Amora qui n'a pas compris pourquoi la mayonnaise servait à remplir un
casque de CRS dans « Mes meilleurs copains » de Jean-Marie
Poiré. Frédéric Brillet et Sylvain Courage (Capital
95) écrivait : «Coca-Cola qui avait autorisé un peu
trop vite Oliver Stone à utiliser ses spots dans
« Tueurs-Nés » a fait marche arrière lors de
la sortie du film : le sang y coulait à flots plus que le
soda ».85(*)
- La planification du placement est à faire longtemps
à l'avance, au moins le temps entre la rédaction du
scénario définitif et la sortie du film en salles, soit
généralement plus d'un an.
- Le placement de produit est peu efficace lorsque la marque
n'est pas connue. Hormis lorsqu'il s'agit d'un lancement d'un nouveau
modèle d'une marque connue, par exemple, le nouveau modèle de
BMW, le placement de produit est peu adapté en période de
lancement commercial. Selon Gilles Lugrin86(*), le placement de produit n'est pas le meilleur moyen
de lancer un nouveau produit à moins que ce dernier soit une
nouveauté technologique. Ainsi, se plaçant d'un point de vue
très original, il écrit : « Le product placement
constitue une stratégie de récupération d'images de
produits de grande notoriété, ...une stratégie de
starisation (les produits étant les stars). Pour
bénéficier de cette publicité gratuite, ces derniers (les
produits) doivent détenir deux attributs : bénéficier
d'une forte notoriété, incarner un symbole, une idée
universellement reconnue et fortement connotée ».
Ces écueils justifient la nécessité pour un
annonceur de suivre une méthodologie rigoureuse.
C- La perception du placement de produits par les annonceurs
Les avantages et les inconvénients que nous venons de
présenter sont-ils perçus comme tels par les annonceurs
eux-mêmes ? Pour répondre à cette question, Isabelle
Fontaine 87(*) a
mené des entretiens semi-directifs auprès des responsables du
placement de produits de douze entreprises : ADA (+AVIS), BMW, Boucheron,
Canon, Citroën, Lacoste, Motorola, Perrier, Peugeot, Rover, Seita,
Yop (+Schweppes). A l'aide d'une analyse de contenu thématique, elle put
ainsi mettre en évidence les avantages et les inconvénients
perçus du placement de produits dans les films ce qu'elle résuma
dans le tableau suivant :
Les avantages et les inconvénients perçus
par les annonceurs
Avantages
|
Etape dans la gestion de la communication par les
entreprises
|
Inconvénients
|
Exposer les spectateurs au produit
- Véhiculer des informations ou un message sur le produit
ou la marque
- Accroître la notoriété
- Donner une image positive du produit ou de la marque
- Stimuler l'achat ou développer un nouveau
comportement
- Conforter les consommateurs dans leur achat
|
Définition des objectifs
|
|
- Peu coûteux
|
Budget
|
|
Propriétés de l'univers du cinéma
Une communication plus discrète
Exploitation du placement de produits dans la communication
traditionnelle
|
Elaboration de la stratégie
|
- Faible contrôle du message
|
|
Mise en oeuvre
|
Incertitude sur le succès du film
Risque de placement coupé au montage
Association d'une autre marque ou à un autre personnage
Le réalisateur est maître du film
La production peut se procurer les produits malgré l'avis
de l'entreprise
|
|
Evaluation de l'efficacité
|
Difficulté ou impossibilité de mesurer
l'efficacité d'une action de placement
Pas d'outil de mesure
Etudes difficiles à mettre en place
|
Les résultats de cette étude vont dans le sens de
ce qui est écrit dans la littérature sur le placement de produit.
On y vérifie que les annonceurs apprécient cette technique parce
qu'elle leur « permet, tout en poursuivant les mêmes objectifs
de notoriété, d'image ou de comportement, de s'adresser à
leurs consommateurs potentiels de manière très différente
de ce qu'elles peuvent faire dans la communication traditionnelle. Il s'agit
d'une technique de communication discrète qui permet d'associer une
marque à l'univers valorisant du cinéma .. et d'un moyen de
communiquer jugé peu coûteux »88(*).
En matière d'objectifs, les trois principaux en
matière de communication publicitaire (notoriété, image,
comportement) seraient donc atteignables grâce au placement de produit.
Dans une réponse par e-mail, le 19 avril 2002, Gilles
Lugrin89(*)
répondait à la question « Pensez-vous que le placement
de produit ait une influence sur le comportement
d'achat ? » de la façon suivante :
« Plus que pousser à l'achat, il doit considérablement
réduire les dissonances cognitives90(*). En d'autres mots, il vient confirmer le choix qui a
été fait et renforcer l'image de marque du produit et sa
notoriété, etc. ».
Autrement dit, en plus d'être une communication informative
et persuasive, le placement de produit peut-être utilisé dans le
cadre d'une communication post-achat, de rappel ou d'après vente
notamment pour rassurer les acheteurs sur la pertinence de leur choix.91(*)
D- La méthodologie de l'annonceur
Contrairement aux USA où le producteur possède la
haute main sur le film, en France, c'est le réalisateur qui
détient la propriété intellectuelle de l'oeuvre. Personne
ne peut contraindre un auteur à faire figurer tel ou tel produit dans
son film et de telle façon. Même si un accord a été
conclu, il a parfaitement le droit de couper la scène où la
marque apparaissait ou même de proposer au final une utilisation
dévoyée de celle-ci...
Depuis plusieurs années, la nécessité d'une
méthodologie rigoureuse est connue des professionnels. Au début
des années 90, on pouvait lire dans Ciné Finances Info92(*) : « le
placement de produits peut devenir un vrai outil de communication, un
média supplémentaire utilisé de façon
régulière par les annonceurs » souligne-t-on chez Carat
Cinéma (centrale d'achat d'espaces qui propose à ses clients des
placements de produits sans le faire directement) : « mais
à une seule condition : que l'on ne fasse pas tout et n'importe
quoi et que l'on établisse pour chaque scénario un cahier des
charges précis ».
La première erreur à ne pas commettre est de
laisser le réalisateur libre d'utiliser comme il l'entend la marque ou
le produit qui fait l'objet d'un placement. L'annonceur ne maîtrise ni le
contexte du message (le film), ni son contenu, le rôle que jouera son
produit. Cette différence avec les Etats-Unis oblige donc l'annonceur
français à être plus vigilant encore. Il ne faut pas
hésiter à refuser de prêter du matériel ou d'aider
financièrement un film si celui-ci risque de nuire à l'image.
Comme l'écrivent Brillet et Courage 93(*), « Rien ne peut empêcher un metteur
en scène d'imposer tel apéritif ou telle cigarette dans son
film... mais même ces marques « maudites »
épluchent le scénario avant de se lancer dans l'aventure.
« Fournir des bouteilles qui seront dégluties au goulot dans
une scène de bagarre ? Jamais ! »
tempête Alain Rouleau , directeur des RP des Champagnes Piper-Heidsieck.
Chez Renault, Marie Christine Verrat a refusé un scénario
où la voiture ne résistait pas à une chute spectaculaire.
Cela faisait mauvais effet ».
La sélection des scénarios doit être
méthodique. Ainsi, selon la chargée de relations publiques
Cinéma de Renault94(*), « Lorsque les véhicules de la
marque Renault sont sollicités par un réalisateur , je
vérifie que le scénario correspond à notre image de
marque...Nous lisons l'intégralité des scénarios qui nous
sont envoyés et des fiches de lecture sont réalisées pour
chacun d'eux. Elles mentionnent la présence de véhicules dans les
films, leur type et les circonstances dans lesquelles elles apparaissent. Cela
permet de vérifier, dans les scénarios, la bonne image de la
voiture et la cohérence avec l'utilisateur....Le but de ces fiches est
d'éviter les apparitions négatives, par exemple pour un brasseur
d'associer son image à celle d'un alcoolique ! Mais, Renault
s'abstient de juger le scénario sur le fond ».
Etant donné qu'un annonceur ne peut pas avoir de politique
de communication claire et cohérente s'il se contente de répondre
au cas par cas aux demandes des maisons de production, il est souvent
recommandé de confier le placement de produit à une agence
spécialisée.95(*)
7 conseils pour apparaître dans un
film :96(*)
|
Contactez toutes les agences spécialisées car elles
travaillent en exclusivité
|
Misez sur des valeurs sures : sur 100 films, seule une
vingtaine dépasse la barre des 500 000 entrées en salle
|
Ne soyez pas pressé : délai de 6 mois à
un an entre la proposition faite par l'agence et la sortie en salle
|
Formalisez les engagements : le contrat doit décrire
précisément les scènes où le produit sera
présent
|
Valorisez votre participation si vous prêtez ou donnez
du matériel
|
Payez après résultat : vous n'êtes pas
à l'abri d'une coupe au montage
|
Communiquez en créant l'événement et en
faisant savoir que vous êtes dans un film
|
L'annonceur doit toujours vérifier que sa marque et/ou ses
produits sont correctement mis en valeur, plus encore si des marques
concurrentes sont également présentes. Ainsi, le responsable
Marketing de Peugeot a déclaré, à la fin du montage de
Taxi 1, « avoir vérifié que le film donnait
toujours une bonne visibilité et une image positive de la
voiture ». Le fait que les Mercedes ne présentent pas de
faiblesse dans le film ne l'a pas gêné dans la mesure où
l'image de Peugeot était rajeunie et le modèle 406 apparaissait
comme le symbole national en matière de sécurité, de
confort et de technologie. Peugeot se distinguait, en outre, bien de
Mercedes, le film plaçant Peugeot du côté des
« gentils ».
L'annonceur (ou son agence de placement) peut
éventuellement intervenir auprès du metteur en scène pour
introduire son produit dans le film.
Par exemple, Ciné-Régie a négocié
pour l'annonceur Gym body un placement de produit dans le film
« Hercule et Sherlock » de Jeannot Swarc. Ainsi, a
été ajoutée à la demande de Gym Body, la
scène dans laquelle Richard Anconina, personnage faisant très
attention à son corps, utilise un appareil Slendertone. Christophe
Lambert, son coéquipier avec lequel il est en conflit permanent,
n'hésite pas, lors d'une altercation, a monté l'intensité
des ondes électriques. Ce film avait été choisi par
l'annonceur pour sa cible famille et le ton comédie du film. La marque a
bénéficié de l'effet comique de la scène et d'une
belle visualisation.
Les marques à forte notoriété sont plus
souvent sollicitées que solliciteuses. Comme l'avoue la chargée
des relations publiques cinéma de Renault97(*), «nous ne faisons jamais
appel à des réalisateurs car nous recevons plus de 200
scénarios par an...Le seul fait de répertorier les informations
relatives aux fiches de lecture (voir plus haut) représente beaucoup de
travail. Au final, nous répondons positivement à 80 % des
demandes ».
Certains choix sont aussi importants pour l'annonceur que pour le
réalisateur :
- le choix du film selon son public pour atteindre le coeur de
cible. Le choix des marques en fonction du public-cible visé par le film
est, en effet, primordial. Jean-Patrick Flandé 98(*) considérant que
« chaque film a son public » nous cita un exemple de
placement : « Pour Sexy Boys qui vient de sortir
en salles, on a placé des produits pour un public jeune dont une marque
de préservatifs ».
- La fréquence des apparitions de la marque,
c'est-à-dire la répétition quantitative qui ne doit pas
déboucher sur un phénomène de saturation qui pourrait
nuire à l'image de la marque mais aussi, nous le verrons, à la
qualité du film donc à la notoriété du
réalisateur.
Il en est de même des opérations telles que le
Tie-in qu'ils doivent utiliser avec maîtrise et mesure.
E- Les opérations associées : Tie-in 99(*) et autres actions
coopératives
Selon Fabienne Duvillier et Ursula Grüber 100(*), le «Tie-in
advertisement » (annonce collective » est « une
annonce publicitaire pour plusieurs produits ou services concernant parfois
différents annonceurs ». Dans le domaine
cinématographique, le « Tie-in » consiste à
se servir d'images du film dans ses publicités. En fait, Joël
Brée101(*)
considère qu' « à partir du moment où l'image du
film sert la communication du produit ou de la marque, toutes les combinaisons
sont possibles : une marque peut mettre une image du film sur ses produits
(Le Roi Lion sur les produits Nestlé), elle peut aussi créer un
événement pour le lancement du film (des jeux avec des places
offertes comme MacDonald's pour le Roi Lion) ».
Le Tie-in profite, bien entendu, prioritairement à
l'annonceur qui utilisera des photos du film pour sa communication interne
et/ou externe. Ainsi, Hershey, fabricant américain de friandises, a fait
savoir sur ses paquets Reese's Pieces qu'il produisait la marque des bonbons
préférés de E.T, l'extraterrestre. Grâce
à ce tie-in, ses ventes ont progressé de 66% en 3 mois aux
dépens de celles de M&M's qui avait refusé la proposition de
placement que lui avait fait le producteur du film avant de se retourner vers
Hershey.
Pour une diffusion large, dans les grands médias, sur les
conditionnements, etc., l'annonceur devra négocier les droits de
reproduction avec le producteur. Il pourra également organiser une
avant-première du film avec ses clients. Cela lui en coûtera, en
moyenne, 100 euros par personne invitée. Plus modestement, il offrira un
billet de cinéma personnalisé au nom des clients et partenaires
à qui il veut faire plaisir (prix à partir de 6 euros
l'unité) dans le cadre d'une campagne de relations publiques ou de
relations presse.
Cependant, le tie-in peut contribuer également au
succès commercial du film lui-même, au-delà de l'apport
financier du placement stricto sensu. Il s'agit, alors, d'organiser en quelque
sorte un échange de bons procédés. Pour Golden
Eye, Perrier a redessiné le conditionnement de ses bouteilles
à l'effigie de James Bond et a, ainsi, bénéficié
d'un placement gratuit.102(*)
Le tie-in (aller ensemble) est souvent organisé dans le
cadre de lancement de produit.
Ainsi dans Golden Eye, James Bond pilote le nouveau
coupé de BMW et ses « girls » se refont une
beauté, entre deux explosions, avec les deux nouveaux maquillages d'Yves
Saint Laurent qui seront lancés, en même temps, que le film.
Comme l'écrit Carlos Prado 103(*) : « le nec
plus ultra en la matière réside dans le mariage entre le
placement de produits lors du tournage et le tie-in : promotion
croisée entre la campagne d'une marque, présente ou non dans le
film, et celle du film lors de l'exploitation de celui-ci. Ray Ban a ainsi
triplé les ventes du modèle de lunettes porté par les
héros de « Men in Black » grâce à cette
méthode. »
Des combinaisons originales entre le placement de produit et
d'autres actions de communication (communication de rappel sur le lieu de vente
ou « tie-in promotion »104(*))
et de vente (vente jumelée ou
« tie-in » sale) sont, en effet, possibles. Joël
Brée 105(*) cite
plusieurs exemples innovants dont celui-ci : - « Hippopotamus a
créé la formule Hippociné où pour tout dîner
pris dans un restaurant de la chaîne, deux places de cinéma sont
offertes.... Cette formule reconcilie l'intérêt des deux
parties : c'est une opération de promotion originale pour
Hippopotamus (qui s'appuie sur le chiffre important des gens qui vont au
restaurant après être allés au cinéma) et pour le
cinéma c'est une publicité gratuite. »
Autre exemple plus récent : en contrepartie de
la soixante de véhicules fournis pour le tournage de Taxi 2,
Peugeot a pu développer plusieurs opérations de promotion
dans ses 450 concessions. Marc Bergetti, chef de projet Taxi 2 pour
Peugeot, a donné quelques précisions : « Chaque
concession reçoit des places de cinéma pour Taxi 2 et on
distribue aussi des affiches. On donne également des cassettes, avec la
bande annonce pour qu'elle soit diffusée dans les halls ».
Peugeot a, par ailleurs, gardé trois 406 pour les exposer dans un
cinéma et dans une concession automobile lors de la sortie du film.
L'état major du siège a également invité, pour une
avant-première, un millier de personnes au cinéma Normandy
à Paris.
Cette utilisation du placement de produit comme
élément d'une communication marketing est
préconisée par la plupart des chercheurs et des professionnels du
placement.
II- Les cinéastes
De nombreux métiers du cinéma sont concernés
par le placement de produit : le producteur, le réalisateur mais
aussi l'accessoiriste, le décorateur, l'assistant réalisateur,
l'ensemblier d'extérieur, le régisseur d'extérieur, le
costumier, les comédiens106(*) et même l'attaché de presse
107(*).
1- Les producteurs
Le producteur est une personne physique ou morale qui
réunit les fonds permettant de financer un film. Contrairement à
ce que certains pensent, il n'est pas le seul à investir. Il fait appel
à d'autres partenaires pour compléter son apport personnel.
108(*) La loi
française l'oblige, toutefois, à « mettre de sa poche
15% minimum du budget global d'un film ou de la part française en cas de
co-production. Mais certains jonglent assez habilement avec les versements et
les crédits pour ne même pas avoir à débourser cette
somme »109(*).
Le placement de produit est un des moyens de réduire le risque financier
des producteurs mais ces derniers restent, pour la plupart, très
discrets quant à son ampleur. En outre, il présente d'autres
avantages.
A- Les avantages du placement pour les producteurs
Pour les producteurs, le placement de produit est à la
fois une source de revenus, une source d'économie et un outil de
communication en faveur de leur film :
- Le placement réduit les risques économiques et
financiers pris par le producteur. Selon Jean-Patrick Flandé 110(*), directeur de l'agence Film
Media Consultant, le producteur finance, en France, entre 15 à 30 % du
budget du film. Le placement de produit représentant 3 à 5% du
budget d'un film, le risque financier pris personnellement par le producteur
est diminué d'un tiers à un sixième. Toutefois, dans
certains films, la part financée par les placements est bien plus
importante : « Ainsi, pour que James Bond conduise une BMW dans
"Tomorrow never dies" (R. Spottiswoode, 1997), la firme allemande a dû
verser 40 millions de dollars (240 millions de francs) à la production.
Rappelons que ce film a presque été entièrement
financé grâce au product placement. »111(*)
- C'est une source de financement qui permet au producteur de
boucler son budget de production et d'exploitation sans avoir à
céder partiellement ses parts de négatif, c'est-à-dire
son pourcentage de recettes potentielles.
- L'apport des annonceurs, lorsqu'il n'est pas financier, est en
nature ou sous forme d'échanges : dons de produits (boissons,
nourriture, etc.) ou des prêts (voitures, costumes, ordinateurs, etc.).
Dans ce cas, le producteur fait des économies qui auront des
répercussions sur le coût de production du film.
- Le placement de produit permet, dans certains cas, de ne pas
perdre de temps à concevoir un accessoire indispensable à une ou
plusieurs scènes. Le responsable marketing de la direction
régionale de Marseille des Automobiles Peugeot112(*) considère que le gain
de temps est une conséquence positive du placement pour le producteur et
le réalisateur d'un film, et explique ainsi que Peugeot ait
été choisi pour le film Taxi :
« c'est qu'à l'époque une 406 courait en
championnat allemand de voitures de sport. Il y avait donc très peu de
modifications pour avoir une voiture performante pour le film. D'où un
gain de temps et d'argent pour la production (du film) qui aurait dû
modifier profondément une voiture d'une autre marque ».
- Lorsque des opérations de Tie-in ou des manifestations
de relations publiques et de relations presse sont financées par des
annonceurs-partenaires, le film lui-même peut en tirer profit. Sa sortie
est annoncée par différents moyens de communication qui touchent
des cibles variées. Ces différentes opérations renforcent
donc la promotion du film sans lasser le public par une communication
perçue comme trop pesante. Car là est une des limites des
pratiques promotionnelles en faveur des films. Comme le souligne Laurent
Creton113(*) :
« L'intensification et le caractère redondant des
mégapromotions peuvent induire des effets de saturation qui les rendent
contreproductives....Certains segments de publics sensibles aux dimensions
cinéphiliques réagissent très négativement à
la grossièreté promotionnelle au point de se détourner
d'oeuvres qu'ils auraient pu aborder favorablement dans d'autres
circonstances....Le marketing cinématographique doit donc encore
sensiblement progresser dans l'art du dosage et de la nuance, alors qu'il reste
trop souvent empreint du monolithisme et des lourdeurs du
hard-selling ».
B- Les inconvénients du placement de produit pour les
producteurs
Selon Joël Brée 114(*), « la principale incertitude pour le
producteur vient de ce que le paiement reste contractuellement conditionnel
puisqu'il intervient en moyenne 90 jours après la sortie du film en
salle et dépend de la présence plus ou moins valorisante du
produit dans le film ».
Un annonceur qui estime que sa marque est mal mise en
scène peut reconsidérer l'accord en l'annulant ou en
renégociant la somme initialement prévue.
Joël Brée cite l'exemple de l'apport de la SED
(Juvamine) dans Les Visiteurs qui fut ramené de 200 000 francs
à 100 000 francs.
C'est l'une des raisons pour laquelle l'apport financier d'un
placement ne constitue pas un poste à part entière dans le plan
de financement d'un film. Il est généralement inclus dans la part
dévolue au producteur.
Cette incertitude est forte en France dans la mesure où,
pour des raisons juridiques, le producteur n'est pas le maître du jeu
contrairement à ce qu'il est aux Etats-Unis.115(*) C'est le réalisateur
qui détient le pouvoir réel en possédant la
propriété intellectuelle de l'oeuvre. Personne ne peut le
contraindre à placer un produit dans son film, dans telle ou telle
scène et/ou de telle ou telle manière. Le producteur qui a
signé un accord de placement avec un annonceur, y compris avec le
consentement du réalisateur, peut avoir la mauvaise surprise de voir le
passage dans lequel le produit devait apparaître à l'écran
être supprimé pour des raisons artistiques par le
réalisateur. Pire encore pour les relations futures avec l'annonceur, le
réalisateur peut mettre le produit dans une situation peu valorisante
voire totalement négative pour l'image. Il va sans dire que dans les
deux cas, l'annonceur refusera de verser le montant de l'apport financier
négocié par le producteur.
Autres inconvénients du placement de produit : - les
films à petit budget dont le succès commercial est incertain ont
peu de chance d'obtenir un placement alors qu'ils auraient le plus besoin
financièrement116(*), - les films historiques notamment ceux relatant une
intrigue qui se déroule dans une période antérieure au
développement des marques déposées ont plus de mal
à trouver des annonceurs que les comédies, les films d'action
voire les films futuristes et de sciences fiction117(*).
2- Les réalisateurs
Le réalisateur est le responsable du tournage et de la
confection du film. Autrement dit, il transforme un scénario en film.
Il est également appelé metteur en scène en souvenir de
l'origine théâtrale du métier. Il fixe la position et les
déplacements des acteurs, leur style d'interprétation et leur
gestuelle, la conception des décors et de l'éclairage ainsi que
le rythme de l'ensemble 118(*).
Les réalisateurs ont généralement besoin de
produits et de marques pour créer une ambiance, pour donner du
réalisme aux scènes filmées et du caractère aux
personnages de leur film. Selon Tony Marshall 119(*), réalisatrice de
Vénus Beauté, « le scénario ne change
pas : simplement, au lieu d'évoquer la crème X et le soin Y,
d'un nom inventé, vous citez les soins Gatineau, leurs
propriétés et leur mode d'application. C'est normal d'avoir le
souci du réalisme. On ne rend pas le film plus commercial pour
autant ». Un avis que ne partagent pas, loin s'en faut, tous les
metteurs en scène, notamment les plus jeunes qui ont le sentiment que de
« placer » des produits dans leur film serait vendre leur
âme d'artiste au diable du commerce.
Si les marques peuvent renforcer la crédibilité et
le réalisme des films, certains réalisateurs n'en sont pas moins
totalement hermétiques à ces intégrations. Selon
Jean-Patrick Flandé de Film Média Consultant, « les
jeunes réalisateurs ont toujours peur de polluer leur film. Les anciens
sont plus conciliants ». Ainsi, « Roman Polanski,
Gérard Oury ou Claude Chabrol n'hésitent pas à
réécrire une scène ou à ciseler une réplique
pour satisfaire un annonceur » (Ciné Finances Info 120(*)). Les mieux placés
pour faire un placement réussi sont les producteurs-réalisateurs
comme, par exemple, Claude Lelouch ou Alexandre Arcady parce qu'ils sont
conscients des impératifs économiques tout en ayant une parfaite
maîtrise de la partie artistique.
Le placement de produit n'a pas que des avantages pour le
réalisateur : - un placement intéressant
financièrement mais trop visible, inséré d'une
façon peu naturelle, mal intégré dans le
déroulement de l'action ou en trop grand nombre peut agacer les
spectateurs et nuire à la qualité du film, donc à la
réputation du metteur en scène.
Dans la pratique, l'assistant réalisateur est souvent
l'agent de liaison entre le réalisateur et le producteur. Il
décharge au maximum le metteur en scène des problèmes
matériels. Aussi est-ce souvent lui qui est chargé des relations
avec le service décoration.121(*)
3- Le service décoration
Dans le service décoration qui comprend le chef
décorateur, l'ensemblier, le régisseur d'extérieur, etc.
l'accessoiriste de plateau est l'un des personnages les plus importants en
matière de placement. Il s'occupe, en effet, de la gestion et de la
maintenance des accessoires jouant, c'est-à-dire manipulés,
utilisés, consommés, touchés ou simplement regardés
par les acteurs. L'assistant réalisateur est souvent chargé de
lui procurer les accessoires dont il a besoin. Toutefois, dans certains cas,
certes moins nombreux qu'aux débuts du cinéma, c'est à
l'accessoiriste lui-même de se procurer tous les accessoires
nécessaires dans les limites de son budget : il en achètera
certains, il en louera d'autres, tentera de s'en faire prêter ou donner
par des fournisseurs. Comme l'écrit Michel Chion122(*), « La
fierté de l'accessoiriste est bien entendu de trouver ce qu'il faut dans
les pires conditions : soit en les faisant fabriquer, soit en l'achetant,
s'il s'agit d'objets de peu de valeur, soit en le louant à des
commerçants ou des antiquaires, selon des tarifs codifiés, soit
en se les faisant prêter, moyennant la promesse d'une publicité,
ou d'une mise en évidence de la marque ou de l'enseigne ».
Les bonnes relations qu'aura su entretenir la personne
chargée du placement avec l'accessoiriste seront déterminantes.
Julie Weinhouse123(*),
gérante de Hero Product Placement Inc, avoue, lors d'un entretien
accordé à une journaliste et que nous avons retranscrit :
« Grâce à nos relations avec la production mais
particulièrement avec l'accessoiriste, ils ont choisi le Financial Times
(journal dont elle a la charge). Nous leur avons simplement fourni un
exemplaire et le journal a eu droit à 20 secondes d'exposition en prime
time ».
III- Les agences de placement
Aux Etats-Unis et en France, la plupart des placements sont
réalisés avec l'aide d'un intermédiaire appelé
agence de placement ou placeur.
Sa mission est triple124(*) :
- celle de mettre en relation l'annonceur et le producteur
- celle de gérer l'espace à l'intérieur du
film et de vendre l'espace aux annonceurs
- celle de conseiller ces deux parties et le réalisateur,
voire le scénariste et les autres corps de métier du
cinéma (accessoiristes, décorateurs, costumiers, etc.) afin que
le producteur et l'annonceur soient pleinement satisfaits à la fin de
l'opération.
1- Les rôles des agences de placement
Le rôle d'intermédaire mettant en contact les
entreprises-annonceurs et les producteurs nécessite un travail
relationnel de longue haleine et repose sur la confiance mutuelle. Comme
l'écrivent Brillet et Courage125(*) : « Grâce à leurs
relations, les responsables de ces agences obtiennent à l'avance les
scénarios des films et repèrent les scènes susceptibles
d'accueillir les marques qu'ils gèrent ». Linda M.
Swick126(*) de l'agence
américaine International Promotions décrit sa fonction
simplement : « on reçoit les scénarios à
l'avance, on épluche les scripts séquence par séquence.
Puis on dit : tiens dans cette scène, ils auraient besoins de
céréales, de sodas, de bières ou d'autres
choses. »
Le placeur est chargé, par le producteur et/ou le
réalisateur, de gérer l'espace à l'intérieur de son
film et de vendre l'espace à des annonceurs. Jean-Patrick Flandé,
gérant de Film Média Consultant, résume le rôle du
placeur de la façon suivante : « on me présente les
scénarii, puis j'étudie les différentes
possibilités de choix de marques ; ensuite, je soumets mes choix au
réalisateur et, enfin, on négocie avec les marques pour tout ce
qui concerne la logistique, etc. »
Les placeurs interviennent donc en amont de la réalisation
proprement dite. Ils étudient les scénarios127(*) des films programmés
par les maisons de production et tentent de prévoir l'audience du film
en fonction du nom du réalisateur et de la notoriété des
vedettes. Puis, ils proposent d'intégrer au script des marques et des
produits au producteur, à l'accessoiriste ou au réalisateur,
produits que ces derniers n'auront pas à louer ou à acheter.
Si le réalisateur est peu enclin à
« placer » des marques dans son film, l'agence de placement
devra tenter de le convaincre qu'un bon placement, d'une part n'altère
pas son oeuvre mais au contraire peut améliorer sa vraisemblance,
d'autre part favorise le financement du film et donc en assure en quelque sorte
le succès.
Le rôle de conseiller nécessite des
compétences dans les domaines de la mise en scène et du marketing
cinématographique. Des modifications mineures du scénario
pourront être proposées, avec beaucoup de diplomatie au
réalisateur. A l'agence de placement, également, de veiller
à ce que les placements ne soient pas trop nombreux et trop
ostentatoires. Ainsi, Jean-Patrick Flandé, gérant de Film
Média Consultant, auquel nous faisions remarquer le nombre croissant des
marques placées dans les films américains, nous
répondit128(*) : «Tout le monde dit que dans ces films il
y a trop de produits. Personne ne mémorise plus de quatre marques par
film. La règle d'or est donc simple : ne pas placer plus de quatre
produits par film, sinon personne ne retient ». Toutefois, cette
règle d'or ne semble pas respecter par tous les placeurs y compris en
France.
2- Les agences de placement en France
Pour la France, l'annuaire Bellefay, annuaire du Cinéma
Télévision Vidéo129(*), recense 8 agences de placement de produit dont cinq
sont nées dans les années 90 et dont une seule est
installée en Province : Cinémarketing (64).
Nom de l'agence
|
Activités
|
Casablanca
|
Placement de produit
Sponsoring
Régie publicitaire
|
Cinémarketing
|
Agence de Relations Publiques et Communication
Placement de produit
Sponsoring
|
Ciné Régie
|
Placement de produit
Sponsoring
|
Film Média Consultant
|
Placement de produit
Sponsoring
Régie publicitaire
|
Marques et Films130(*)
|
Agence de Relations Publiques et Communication
Placement de produit
Sponsoring
|
Régie européenne de Cinéma
|
Placement de produit
Sponsoring
Production
Régie publicitaire
|
ShowCase International
|
Placement de produit
Sponsoring
|
Tie in promotions
|
Placement de produit
Sponsoring
|
Pour convaincre les annonceurs potentiels, plusieurs agences de
placement mettent en avant leurs rôles au travers les avantages du
placement de produit et ceux de sa complémentarité avec les
autres outils de communication, notamment avec le partenariat et les Relations
Publiques.
La Société Master Partenariat dont
l'activité « Placement de Produit » est
gérée par sa filiale Ciné Régie présente,
dans sa cyberbrochure131(*), le Cinéma comme un outil de communication
à part entière :
« - Associer les produits à un casting
prestigieux, à des situations de vie réelle,
- Optimiser le placement par les diffusions TV et la
vidéo : au total 500 millions de contacts sur la vie du film.
- Faire bénéficier l'annonceur du coefficient de
sympathie d'un film.
- Avoir accès à des médias porteurs
associés à la sortie d'un film : radio, affichage, presse,
etc.
- Un outil de création de trafic, de promotion et de
vente par la mise en place de jeux concours, primes à l'achat.
- Un effet de levier sur la cible grâce à une
actualité Cinéma forte.
- Les RP : un outil à part entière par une
avant-première ou des opérations d'incentive132(*) : motiver la force de
vente, créer des cadeaux à destination de vos partenaires et/ou
clients, sensibiliser les journalistes au lancement d'un produit, d'une
nouvelle campagne, etc. »133(*)
Les agences de placement proposent, en France, deux types de
rémunération à leurs clients- annonceurs :
l'abonnement, la rémunération à la commission.
L'abonnement est une somme fixe versée par l'annonceur
pour une période donnée, généralement un an, en
contrepartie de laquelle l'agence de placement va tout faire pour convaincre
les producteurs avec lesquels elle est en relation constante ou ponctuelle de
faire apparaître la(es) marque(s) de l'annonceur appartenant à
son portefeuille de clients abonnés.
Ce mode de rémunération est fréquent, en
France, parce que les sociétés de production ont tendance
à accorder une exclusivité à une agence de placement pour
l'ensemble de leur film. Ainsi, Film Média Consultant avait
l'exclusivité des placements dans Les Visiteurs I et II,
Taxi I et II, etc.
En outre, ce système facilite l'échange marchandise
(ou placement en nature), pour lequel l'agence de placement n'est pas
rétribuée. Etant rémunérée par un
abonnement, la participation en nature est un moyen de satisfaire les
producteurs, d'obtenir l'exclusivité dans leurs films suivants et de les
fidéliser. Elle oblige généralement les agences à
posséder un stock de produits afin de répondre aux besoins des
producteurs et des réalisateurs. Certains annonceurs se plaignent
d'ailleurs que « l'accumulation des fournitures de produits dans
l'année »134(*) s'ajoutant à l'abonnement ou aux honoraires
n'augmente leur budget de placement.
La rémunération à la commission est le
système de rémunération qui convient lorsque l'agence de
placement a pour mission de placer une marque ou un produit dans un film
particulier, autrement dit quand sa mission est ponctuelle. Dans cette
hypothèse, l'agence de placement perçoit une part du montant
financier versé par l'annonceur au producteur. Le taux de commission le
plus souvent pratiqué est de l'ordre de 30%. Cette pratique ponctuelle
est la plus onéreuse pour l'annonceur.
3- Comparaison des agences de placement en France
Nous avons sollicité un rendez-vous auprès des 8
agences de placement françaises. Seul Jean-Patrick Flandé a
accepté de nous recevoir le 3 janvier 2002 à Paris.
___________________________________________________________________________
Extrait de l'entretien avec Jean-Patrick Flandé du 3
janvier 2002 :
« Nous travaillons avec des annonceurs qui veulent
placer leur produit dans un film. Nous avons plusieurs contrats avec de grandes
marques. Nous lisons des scénarios de films puis nous proposons au
réalisateur de placer certains produits dans une scène du film.
Mais, attention, c'est le réalisateur qui décide où et
comment placer la marque. Il place le produit à sa guise. Il n'est pas
obligé de placer le produit au premier plan. Il peut aussi tronquer la
marque. Si, par exemple, une bouteille d'Evian est placée, il ne va pas
mettre toute l'étiquette
Evian. Il va tourner la bouteille. Mais tout le monde lira
Evian ».
Espérant en savoir davantage, nous lui
demandâmes :
« Il y a donc des techniques de cadrage et de mise en
scène dans le placement de produit ? »
Ce à quoi, Jean-Patrick Flandé nous
répondit : « Non ! Ce n'est pas un spot de
télévision ! Il n'y a pas de technique. C'est selon
l'imagination du réalisateur. Il faut que le produit se place
normalement dans le film. Il faut qu'il s'insère discrètement
dans une séquence. Cela ne doit pas perturber la narration. Le placement
se met au service du cinéma et non l'inverse ».
___________________________________________________________________________
Dans les relations entre le producteur et l'annonceur, l'agence
de placement peut aller au-delà de ses activités de conseils.
Comme l'écrit Joël Brée, en faisant référence
à la société Films Média Consultant, qui traite
chaque année près de 80% de la production française de
films, « Le placeur de produit peut faciliter les arrangements entre
les parties en prenant à son compte un risque financier
réel ». Ce rôle est d'autant plus nécessaire
qu'il existe, « au plan financier, un décalage entre les
participations réciproques : - l'annonceur ne peut payer
qu'après avoir visionné le film, - le producteur veut un
engagement financier ferme lors du tournage ». En
conséquence, « si, au final, l'annonceur se rend compte que le
produit ne figure pas dans le film ou qu'il est mal représenté,
Films Média Consultant s'engage à verser à la production
les sommes promises initialement par l'annonceur et qu'il refuse
désormais de payer. »135(*)
Un entretien téléphonique136(*) avec Charlotte Duval,
gérante de l'agence Ciné Régie, nous a permis d'avoir un
autre point de vue que celui de l'agence leader en France. Selon elle, le
placement aurait moins d'effets sur les ventes que sur l'image :
« le placement de produit dans les films est une démarche
visant à l'amélioration de l'image de marque et non à une
influence directe sur le comportement d'achat des spectateurs. Il n'y a pas de
véritable répercussion sur les ventes, les marques demandent
à être présentes dans les films pour améliorer leur
image. »137(*)
Comparaison des pratiques des agences françaises
de placement
|
Film Médias Consultant
|
Ciné Régie
|
Marques et Films138(*)
|
Principal objectif visé par l'annonceur
|
L'augmentation des ventes
|
L'amélioration de l'image
|
La mémorisation inconsciente
|
Règle de réussite
|
Ne pas placer plus de quatre produits par film
|
Placer la marque dans une situation réelle
d'utilisation
|
Entourer les acteurs de marques existantes : le film est le
miroir de la société. Ancrer le film dans le réel.
|
Pratiques
|
Mesurer l'impact d'un placement par l'augmentation des ventes
|
Organiser des opérations associées : tie-in,
publicité, produits dérivés, merchandising, etc.139(*)
|
Profiter du moment privilégié de la séance
de cinéma pour s'adresser au spectateur qui a abandonné toute
agressivité
|
Autres méthodes
|
Insérer discrètement les marques.
|
Placer le produit face à la caméra et le mettre en
évidence
|
Ne semble pas avoir peur ni du sur-placement, ni des gros plans.
|
Echéance des effets
|
Au moins la sortie du film en vidéo
|
Pas uniquement à court terme
|
Pas uniquement à court terme
|
Avenir du placement de produit en France
|
Hausse du nombre total des placements
|
Une hausse mais plus en termes d'opérations
associées que de placements proprement dit.
|
Augmentation du nombre des placements en tout et par film.
|
Bien que limité et partiel, cet essai de comparaison met
en valeur l'existence non pas d'une seule « école »
du placement de produit, en France, mais de plusieurs conceptions dont l'une
est très proche de celle des placeurs américains.
4- Une comparaison avec les agences de placement
américaines
Cette comparaison s'appuie sur les résultats d'une
recherche documentaire, sur la retranscription intégrale d'un reportage
consacré au film product placement diffusé dans l'émission
Culture Pub de M6 et sur les réponses par courriel de l'ERMA
et d'une agence américaine.
Aux Etats-Unis, le placement de produit est une véritable
industrie qui compte une quarantaine d'agences de placement de marques. Les
plus importantes et les plus sérieuses d'entre elles sont membres de
l'ERMA.
___________________________________________________________________________
L'ERMA
ERMA (prononcez "Irma") est le sigle de l'Entertainment Resources
& Marketing Association, une association pour le développement du
placement de produit et l'amélioration de son image. Fondée en
1991, 1991, cette association a pour membres des studios, des
sociétés de production, des agences de placement de produit et
des annonceurs. Samuel Turcotte140(*) cite Dean Ayers, Directeur de l'Entertainment
Marketing de Anheuser-Busch et actuel Président de l' ERMA, selon lequel
l'Erma a été créée pour deux raisons
essentielles :
Donner une crédibilité professionnelle à
l'industrie du placement de produit et à ses membres
Améliorer la communication en faveur du placement de
produit vers les médias et le public
Il cite également Frank Devaney, Senior Vice President of
Product Placement de Rogers & Cowan, qui fut le premier Président de
l'ERMA : "ERMA a déjà réussi à faire
reconnaître le placement de produit comme une activité à
part entière" Et d'ajouter : « Nous avons
encouragé les gens à ne plus se cacher comme ils le faisaient il
y a encore cinq ans. Ils pensaient qu'ils avaient tort de faire du placement de
produit et que le public était contre. Leur constat est qu'actuellement
le public est pour, les producteurs sont pour, les annonceurs sont pour. Il n'y
a, en réalité, qu'une très petite fraction de la
population qui est hostile au placement de produit ».
Toutefois, bien que l'image du placement de produit et de ses
professionnels soit bonne, certains déplorent que certaines agences
aient un comportement non-éthique.141(*)
___________________________________________________________________________
L'importance de la production cinématographique
américaine comparée à celle de la France n'est pas la
seule explication à l'écart de développement du placement
de produit de part et d'autre de l'Atlantique.
A la différence de la France, il n'y a pas de
réglementation, aux Etats-Unis, interdisant le placement de produit dans
les oeuvres audiovisuelles, notamment les téléfilms et les
séries de télévision142(*).
La concurrence est également plus vive entre les placeurs,
l'exclusivité accordée par une société de
production à une agence de placement étant beaucoup plus rare
qu'en France. Cette concurrence stimule les agences qui démarchent les
annonceurs potentiels avec des Bandes Démo qu'elles montent
« avec des extraits de films sur lesquels elles inscrivent en guise
de sous-titre les sommes que devraient payer les annonceurs s'ils voulaient
obtenir le même résultat avec de vraies
publicités ».143(*)
La concurrence sévit également entre les annonceurs
américains, alors qu'en France les annonceurs convaincus de
l'efficacité du placement de produit sont encore peu nombreux.
Aussi, les placeurs américains sont-ils obligés de
convaincre les scénaristes et les réalisateurs de choisir leurs
marques plutôt que celles des autres : « C'est une
véritable guerre d'enchère. Tout le monde veut placer sa boisson
dans le film, donc on doit tout faire pour séduire le réalisateur
et le studio» déclare Linda M. Swick, Présidente de
International Promotions.144(*)
Tout cela explique que le placement de produit aux Etats-Unis
soit plus développé, plus méthodique et moins discret
qu'en France. Comme Linda M. Swick l'avoue
elle-même : « l'idéal c'est quand le produit
devient incontournable, quand tous les acteurs utilisent le produit, quand
c'est un accessoire essentiel dans le déroulement du film, quand le
produit a un rôle central dans le film ». Et de citer le
téléphone portable de marque Motorola « qui est
probablement passé dans toutes les mains des grandes stars du Box
Office».
Il existe bien d'autres exemples où le produit est
l'élément central du film et, cela, dans des genres très
différents : la bouteille de Coca-Cola dans "Les Dieux sont
tombés sur la tête"(Jamie Uys, 1981) et, même en
France, avec la Peugeot 406 dans Taxi.
Par ailleurs, les agences de placement américaines qui
veulent travailler avec les grands studios145(*) ont pour interlocuteurs de véritables
spécialistes du placement. Il en résulte que le processus de mise
en oeuvre d'un placement est plus sophistiqué,
« industrialisé et marketé » (diront
certains) qu'en France.
Dans chaque grand studio, en effet, il y a au moins un cadre
spécialisé dans le placement. Certains studios146(*) les rattachent au
département « production ressources »147(*), tandis que d'autres les
inscrivent directement dans un département spécialisé en
placement de produit. Quel que soit son nom, le département en charge
sert d'intermédiaire entre les producteurs-réalisateurs et
l'annonceur ou leurs agents de placement148(*). Samuel Turcotte149(*) décrit la procédure suivie par les
cadres spécialisés dans le placement de la manière
suivante :
___________________________________________________________________________
Procédure suivie par les spécialistes du
placement dans les grands studios américains
Dans un premier temps, le cadre du studio lit et analyse les
scripts. Il fait alors un bilan des opportunités de placements.
Parallèlement, l'équipe de production (producteur,
réalisateur, décorateur, accessoiriste, etc.) fait
généralement deux listes d'articles dont ils ont besoin pour le
film et qui sont adressées au département production
ressources.
La première liste est la liste dite des « doit
avoir » qui inclut tous les produits indispensables au tournage du
film. Elle doit préciser les marques (par exemple, il nous faut une
Ferrari Testarossa blanche) ou les catégories (par exemple, il
nous faut le dernier modèle de voiture de sport).
La seconde liste est la liste des
« souhaits » qui recense tous les produits
complémentaires que l'équipe de production aimerait avoir.
Le cadre du studio, le placeur en interne, rencontre alors
l'équipe de production et compare les listes et ses notes.
Puis, le cadre-placeur se met à la recherche des produits.
Les premiers contacts pris sont souvent avec les nombreuses agences de
placement qui représentent les différentes entreprises,
annonceurs potentiels.
Le deuxième tour d'appels est souvent pour les hommes de
marketing des annonceurs qui ont des services (bureaux)
spécialisés dans le placement ou les événements.
La recherche ne s'arrête pas là, le relationnel et
les rencontres sont indispensables. Une fois la négociation entre
l'annonceur et le cadre du studio (avec des navettes avec l'équipe de
production) terminée, les produits arrivent des entrepôts de
l'agence de placement ou directement des fabricants annonceurs. Certains
studios ont leur propre entrepôt pour stocker les produits des annonceurs
avec lesquels ils ont des relations spéciales. Dans la plupart des cas,
cependant, les produits sont retournés une fois que la production est
finie.
Le temps de mise en oeuvre de la procédure est très
variable. Certains studios s'y prennent 3 mois ou plus avant la production.
D'autres, seulement quelques semaines avant.
La rédaction des dossiers de placement montre la
façon de conduire le placement et ses priorités. On distingue
deux types de dossiers : les dossiers axés production, les dossiers
axés marketing.
Les dossiers vers le département production insistent sur
les bénéfices des placements en termes de réduction de
coûts.
Les dossiers vers le département marketing
développent plutôt les promotions et autres
bénéfices marketing associés aux placement.
Ces deux aspects (marketing et production) font l'objet de deux
parties dans un rapport dual bien structuré. Le rapport dual est une
nécessité depuis que les frontières disciplinaires sont
dépassées pense Michael Schrager, directeur de la production
ressources pour Sony Pictures, qui supervise le placement de produits de
Columbia et de Tri Star.
Randy Smith, Executive Director of National Promotions at TriStar
Pictures, résume les avantages d'un rapport dual de la manière
suivante : «le compte-rendu dual (production, marketing) est important.
Grâce à lui, nous avons une meilleure connaissance des
opportunités de promotions. Par exemple, dire qu'un cola est
déjà scripté dans une scène et que le
réalisateur est indifférent sur la marque n'est pas suffisant. Si
je sais que Coke souhaite une opération de promotion au moment de la
sortie du film. Avec le rapport dual, la décision ne se limite pas
à savoir qui payera le plus de Coca Cola ou de Pespi Cola mais elle
revient à réfléchir comment faire pour attirer le budget
de Coca Cola de 5 millions de dollars de promotion ? »
___________________________________________________________________________
Aux Etats-Unis, l'ERMA a suscité des recherches
académiques, aide les chercheurs américains dans leurs travaux et
les incite à solliciter ses membres pour éviter tout malentendu.
En France, l'absence d'association pour le placement de produit
est, à tous les points de vue, regrettable. Cette absence nous a
contraint de solliciter, directement et sans recommandation, des experts
à distance : les uns par téléphone, les autres par
Internet, soit par « e-mail », soit par « AOL
Messenger ».
Pour ce faire, nous avons, dans un premier temps, utilisé
l'annuaire du cinéma Bellefaye (
www.bellefaye.com) et avons
adressé systématiquement un courriel aux personnes physiques ou
morales détentrices d'une adresse électronique ou un coup de
téléphone.
C'est par cette approche que nous avons pu obtenir la plupart des
rendez-vous 150(*) et
réaliser des entretiens téléphoniques. En revanche, la
vingtaine de réponses électroniques à nos questions furent
décevantes : elles étaient anecdotiques et parfois
intéressées : « Ce sujet m'intéresse
beaucoup ...Je serai très intéressé de recevoir votre
mémoire quand il sera fini.... J'aimerais beaucoup le
lire »151(*).
En revanche, l'envoi de courriels à des personnes ayant
placé leur adresse électronique sur des sites consacrés au
Cinéma, en général, et le placement de produit, en
particulier, fut plus fructueux. C'est de cette manière que nous avons
pu obtenir des études et des articles exclusifs tels que ceux des
suisses Rolf Schoch (Université de St Gallen) et Gilles Lugrin
(Fédération Romande de Publicité).
Mais aussi des informations de la part de l'ERMA (Entertainment
Resources & Marketing Association), de l'agence de placement
américaine Feathure This152(*), de plusieurs annonceurs, clients de cette agence de
placement. En retour de notre « spamming » d'enquête,
nous avons également reçu des offres de collaboration
éditoriale de plusieurs journalistes de la presse
spécialisée dans le Cinéma ainsi que de la part d'une
association contre l'agression publicitaire...
2ème partie : LES ETUDES REALISEES SUR LE
PLACEMENT
Notre recherche documentaire nous a permis d'isoler trois grandes
catégories d'études :
- les études effectuées par des professionnels du
placement, annonceurs et agences, sociétés d'études
spécialisées dans les pré-tests et les post-tests
d'émissions de télévision et d'oeuvres audiovisuelles et
cinématographiques,
- les recherches universitaires
- les études réalisées par des mouvements de
défense des consommateurs
I- Les études réalisées par les
professionnels du placement
Ces études reposent sur :
- la comptabilisation du nombre de spectateurs d'un film,
- le taux de mémorisation,
- l'impact du placement sur les ventes,
- les effets sur l'image,
- l'analyse sémiologique.
1- La comptabilisation du nombre de spectateurs d'un film
Le nombre de contacts est calculé en additionnant le
nombre d'entrées au cinéma, les ventes de cassettes vidéo
et l'audience télévisée.
Cette comptabilisation n'étant qu'un constat, certains
professionnels tentent d'effectuer des prévisions sur la base de
plusieurs diffusions télévisuelles.
2- Les études de mémorisation
Elles permettent de savoir si les spectateurs ont vu et retenu le
produit et la marque. Ces études mesurent généralement la
mémorisations spontanée, mais aussi les mémorisations
par scène, assistée et relancée.
Mémorisation spontanée : elle est
mesurée en demandant aux répondants de citer les marques qu'ils
ont vues dans le film
Mémorisation par scène :
l'enquêté rappelle la scène et demande à
l'enquêté quelle marque était présente dans la
scène.
Mémorisation assistée :
l'enquêté propose une liste de marques et/ou de produits puis
demande à l'enquêté de choisir, dans la liste, les marques
qu'il a remarquées dans le film (ou une scène du film)
Mémorisation relancée :
l'enquêté pose une question directe, souvent d'apparence
fermée et dichotomique, concernant la présence d'une marque dans
le film (ou une scène du film). Par exemple, « Avez-vous vu
les Ray ban dans Men in Black ? »
___________________________________________________________________________
Exemple d'étude : une étude
réalisée par la société PRESENCE153(*) sur le film
« Itinéraire d'un enfant gâté » de
Claude Lelouch.
Méthodologie : une étude
réalisée sur un échantillon de 100 personnes prises au
« hasard » à travers 6 salles de cinéma
réparties dans Paris (Champs Elysées, Odéon, Clichy, Les
Halles, Montparnasse). Les coordonnées de ces spectateurs ont
été collectées au cours de la soirée du 12
décembre 1988 dans les files d'attente des cinémas. Les sujets
ont été recontactés téléphoniquement le
lendemain pour obtenir les résultats suivants : mémorisation
spontanée, mémorisation assistée, etc.
___________________________________________________________________________
3- Le niveau des ventes après le placement
L'impact du placement peut être sérieusement
mesuré par le niveau des ventes.
C'est ce qui ressort nettement des interviews que nous avons eues
avec des professionnels.
Lors de notre entretien avec Jean-Patrick Flandé, le 3
janvier 2002, à la question « comment mesurer
l'efficacité des placements dans un film ? » celui-ci
nous répondit : « Il n'y a pas de véritable
méthodologie. L'important, c'est les résultats sur les ventes.
Les annonceurs nous appellent pour nous dire s'ils ont ou non des ventes en
augmentation. Il faut savoir qu'un film est une oeuvre inaltérable. Un
film est rediffusable. Avec Canal + et TF1, on peut toucher 30 millions de
personnes, sans compter la vidéo qui est très importante
aussi ! Les sorties en salles, quant à elles, font rarement plus de
deux millions d'entrées. Donc il faut attendre au moins les sorties
vidéo pour avoir réellement une répercussion sur les
ventes de la marque placée. Dans le film Lune de Fiel de Roman
Polanski, il y avait, sur plusieurs plans, des affiches 3615 Lulla. Ces
affiches pour le minitel rose étaient placées sur des bus et des
panneaux. Lorsque le film a été diffusé sur Canal +, il y
a eu peu après la fin de la diffusion des pics de connections sans
précédent. Et cela s'est reproduit à chaque rediffusion
sur Canal ».
4- Les effets sur l'image
En plus des conséquences sur la notoriété et
sur le comportement d'achat, les professionnels estiment, pour la plupart, que
le placement a des effets sur l'image des marques placées.
Les annonceurs interrogés par Isabelle Fontaine154(*) considèrent, en
effet, que le placement de produits leur permet de poursuivre des objectifs
variés en termes de notoriété, d'image et de ventes mais
aussi de réassurance post-achat.155(*)
Mais, conclut-elle « un autre objectif essentiel du
placement de produits est de valoriser ou d'enrichir l'image de la marque (BMW,
ADA, Lacoste) souvent de manière à la rendre sympathique (BMW,
Canon, Perrier, Peugeot) ». Toutefois, alors que l'enrichissement de
l'image est considéré comme le principal objectif poursuivi par
de nombreux annonceurs tels que Perrier, la Seita, Yop , etc., il y en a, comme
Rover, pour estimer que le placement ne permet pas de la travailler.
Cette difficulté est apparue lors de notre entretien avec
Jean-Patrick Flandé qui semblait plus convaincu de l'efficacité
du placement sur le niveau conatif, par exemple, pour développer un
nouveau comportement, en mettant en scène certains usages et modes
d'utilisation, et/ou pour stimuler les achats (ventes) du produit :
« l'important, c'est les résultats sur les ventes...L'image
d'une marque est également importante car elle peut varier après
un placement dans un film. Le meilleur exemple, c'est bien sûr Taxi
qui est une vraie réussite ! Peugeot avait une image ringarde.
Après Taxi, Peugeot, selon une étude, a
été jugée jeune, pas raciste, branchée,.... Il y a
eu vraiment un avant et un après Taxi ».
Toutefois, nous savons que l'image qu'a une marque est une
prédisposition favorable à agir.
Ainsi, une étude156(*) réalisée en Nouvelle Angleterre
(Etats-Unis) auprès de 632 jeunes de 10 à 19 ans
révèle que les stars de cinéma incitent leurs fans
à fumer. L'étude montre, en effet, que parmi les 43 stars
préférées des jeunes, les deux tiers ont tenu des
rôles de fumeurs entre 1994 et 1996. Les recherches effectuées
indiquent que plus une star fume, plus ses fans ont une opinion favorable sur
le tabac et plus ils fument. Le directeur de l'étude a
précisé qu'il n'entendait pas appeler à une censure de la
cigarette, mais il aimerait que les stars prennent conscience de l'impact que
peut avoir leur image sur les jeunes.
5- L'analyse sémiologique
Elle est utilisée pour recenser les différents
formes de placement, savoir lesquelles reviennent le plus souvent et celles qui
sont les plus visibles.
L'une des premières études de ce type fut
réalisée, en France, en 1993.
Elle était associée à une étude de
mémorisation sur le film « Les visiteurs ». La
société Marketing et Télévision 157(*), spécialisée
notamment dans les tests des programmes et l'analyse de l'intégration
des sponsors en télévision a réalisé, en
partenariat avec l'association Eureka, une étude sur le placement de
produits au cinéma et son impact auprès des
téléspectateurs.158(*)
Les objectifs de l'étude étaient au nombre de
quatre :
- répertorier les différentes formes
d'intégration des marques et des produits dans les films afin de
définir une typologie de modes de présence
- faire un bilan général sur la mémorisation
du placement de produits
- comprendre la perception du placement de produits
- étudier la mémorisation spontanée,
relancée et assistée des placements de produits dans le film
« Les Visiteurs » et la perception de quelques produits ou
marques dans certaines scènes du film.
La méthodologie suivie fut la suivante :
- la réalisation d'une compilation d'extraits de
placements de produits dans des films français et américains et
une analyse sémiologique et narratologique des scénarri
d'insertion. « L'analyse narratologique systématique d'un
scénario peut permettre de dégager tous les axes
sémantiques, les types d'univers évocables et de marques
possibles. » 159(*)
- Une étude auprès de 300
téléspectateurs de cinéma dont 120 ayant vu le film
Les Visiteurs. Le questionnaire comprenait des questions ouvertes sur
la mémorisation générale, des questions ouvertes sur la
perception générale, des questions codifiées sur la
mémorisation spontanée, relancée et assistée, des
questions ouvertes sur la perception de certaines scènes.
Depuis la sortie du film Les Visiteurs, Marketing &
Télévision et la société QualiQuanti se sont fait
la spécialité d'étudier l'impact et la perception des
placements de produit au cinéma.160(*)
Ayant constaté « la
complémentarité des techniques et l'intérêt de les
combiner », elles utilisent plusieurs méthodes d'études
dont « l'approche Sémio-live »161(*), l'analyse narratologique,
les interviews de groupe, les entretiens individuels, les méthodes
projectives, les études quantitatives sur des échantillons de 100
à 400 personnes » 162(*).
Pour évaluer l'impact du placement de produit dans un
film, elles utilisent une série de questions :
Le Top spontané des marques et produits
présents dans le film : « Quelles sont les marques et les
produits que vous avez remarqués dans le film ... ?»
Le Top relancé par scène :
« A tel moment du film, le personnage XX fait telle action. Vous
souvenez-vous avoir vu une marque ou un produit lors de cette scène du
film ? »
Le Top relancé par catégorie de
produit : « Quelles marques de (nom de la
catégorie de produit) avez-vous repérées dans le
film ? »
Le Top assisté par marque :
« Voici la liste des marques présentes dans le film. Pour
chacune d'entre elles, dites si vous l'avez remarquée et de quelle
manière elle est présente ? »
A ces quatre questions classiques de mémorisation (voir
plus haut), Marketing & Télévision et la
société QualiQuanti ajoutent deux catégories de questions,
l'une relative à l'image, l'autre aux intentions d'achat et/ou de
consommation et aux motivations et aux freins d'achat.
Perception du placement : « Quelle image
vous faites-vous de la marque à travers cette
séquence ? »
Incitation : Elle est estimée à l'aide
d'une série de trois questions : - «Cette séquence
vous donne-t-elle envie d'essayer ou de consommer le
produit ? », - « Vous rend-elle le produit plus
attirant ? (beaucoup, assez, peu, pas du tout), -
« Pourquoi ? »
II- Les recherches universitaires
Les recherches sur le placement de produits dans les films n'ont
réellement commencé qu'aux débuts des années 90,
aux Etats-Unis, et à la fin du XXème siècle en France, au
Québec et en Suisse.
Isabelle Fontaine163(*) (2000) classe les quelque recherches publiées
en deux catégories :
- les études menées sur les effets du placement
- les recherches qui tentent d'en conceptualiser le
fonctionnement.
A ces deux catégories, nous en ajouterons une
troisième qui regroupe les études sur les acteurs du placement et
les relations qu'ils entretiennent entre eux.
1- Les études menées sur les effets du placement
La plupart de ces études étudient l'impact du
placement en retenant, comme les professionnels, la mémorisation de la
marque placée.
Certains auteurs ont, toutefois, cherché à mesurer
les effets d'un placement sur l'attitude des spectateurs vis-à-vis de la
marque placée.
Une étude seulement s'est intéressée aux
intentions comportementales après une exposition à un placement.
Alors que ces études ont toutes été
réalisées aux Etats-Unis, un universitaire suisse a entrepris, en
1996, une recherche sur ce que pensaient ses concitoyens du placement de
produit. Plus récemment, et un peu dans la même optique, une
étude a été réalisée au Québec.
Les résultats de l'ensemble de ces études sont
intéressants car différents selon l'effet mesuré.
A- La mémorisation de la marque placée
Le taux de mémorisation après placement est
généralement élevé, voire très
élevé.
Le taux de mémorisation est d'autant plus
élevé que le placement est saillant, prééminent. Un
placement plus discret génère un taux de mémorisation
moindre. (Gupta et Lord, 1998)
Le taux de mémorisation est plus élevé
lorsque le placement combine le visuel et le verbal
En revanche, le taux de mémorisation ne semble être
influencé, ni par la familiarité avec la marque, autrement dit sa
notoriété et son utilisation par le spectateur, ni par le niveau
d'attention du spectateur au cours du visionnage, ni par son
appréciation du film.
B- L'attitude du consommateur vis-à-vis de la marque
placée
En matière de modifications d'attitudes, les effets du
placement de produit sont moins probants. Isabelle Fontaine cite l'étude
de Auer, Kalweit et Nessler (1988) qui montre une modification des
évaluations des attributs d'une marque, à l'aide d'une mesure
pluridimensionnelle de l'attitude. Toutefois, cet effet sur l'attitude
était probablement optimisé par le fait que la marque de voiture
en question était très présente dans le film.
C- Les intentions comportementales à l'égard de la
marque placée
Baker et Crawford (1995) sont les seuls chercheurs à avoir
réalisé une recherche sur les effets d'un placement sur le niveau
conatif.
Ces deux chercheurs de l'Université de Strathclyde ont
proposé aux personnes qu'ils avaient soumises à un visionnage de
film, dans lequel une marque de sodas était placée, de choisir
entre plusieurs marques de sodas. Ils constatèrent que des individus
avaient changé d'avis en choisissant la marque placée
plutôt que la marque qu'ils avaient dit préférer avant
l'exposition au film.
Cette étude bien qu'intéressante ne repose pas sur
une méthodologie irréprochable, notamment en matière
d'échantillonnage et de taille de l'échantillon. Les
études sur les effets du placement de produit ont, en effet, pour la
plupart, des limites méthodologiques.
D- Les effets du placement sur la mémoire implicite
Dans sa dernière publication, Isabelle Fontaine164(*), suivant une approche
quantitative et une logique hypothético-déductive, retient le
cadre théorique intégrateur de la mémoire implicite
165(*)afin
« d'expliquer comment une exposition à un stimulus, non
mémorisé explicitement par les sujets, peut conduire au
développement de réactions évaluatives positives à
l'égard du stimulus ».
Actuellement, Isabelle Fontaine tente de vérifier les six
hypothèses suivantes :
- « Un placement de produits peut avoir un impact
positif sur l'évaluation de la marque placée, même dans le
cas d'une mémoire explicite nulle pour celle-ci. La mémoire
implicite est alors médiatrice de cet effet ».
- « Un placement de produits peut conduire à un
sentiment de familiarité accru à l'égard de la marque
placée, même dans le cas d'une mémoire explicite nulle pour
celle-ci. La mémoire implicite est médiatrice de cet
effet ».
- « Un placement de produits peut favoriser l'intention
d'achat ou l'achat de la marque placée, même dans le cas d'une
mémoire explicite nulle pour celle-ci. La mémoire implicite est
médiatrice de cet effet ».
- « Un placement proéminent166(*) d'une marque dans un film
devrait favoriser le développement d'une mémoire explicite pour
la marque, contrairement à un placement faiblement proéminent qui
devrait bénéficier d'une mémoire implicite ».
- « Un produit placé de manière centrale
dans un film devrait favoriser le développement d'une mémoire
explicite pour la marque contrairement à un placement
périphérique qui devrait bénéficier d'une
mémoire implicite ».
- « Les réactions émotionnelles au film
devraient favoriser le développement d'une mémoire explicite pour
celles placées de manière
périphérique ».
A partie d'une théorie, elle a déduit des
hypothèses qu'elle va soumettre à l'épreuve des
faits.167(*) Elle
cherche à expliquer les effets du placement de produit plus qu'à
les comprendre.
Pour vérifier que ses six hypothèses s'appliquent
à la réalité, elle a opté pour une
méthodologie expérimentale. Cette approche quantitative ne sera
pas la nôtre. Sa recherche est quantitative, la nôtre se veut
qualitative. Nous avons choisi le modèle empirico-inductif et non le
modèle hypothético-déductif. Notre logique sera une
logique de découverte et non de vérification.
E- Les avis et les points de vue de la population sur le
placement de produit
Rolf Schoch, Professeur à l'Université suisse de St
Gallen, est parti d'un constat : les recherches scientifiques et
objectives sur l'efficacité du placement de produit ont
été trop longtemps négligées en Europe.
« Bien que beaucoup de millions soient injectés dans le
placement de produit, la question est de savoir si le comportement d'achat des
consommateurs est influencé par le placement de produit. Ainsi, une
course poursuite dans les ruelles étroites d'une métropole
asiatique avec une moto BMW 1002 vaut-elle réellement 40 millions de
francs suisses ?168(*) Les spectateurs de Tomorrow Never Dies (1997)
appartiennent-ils vraiment à la cible des acheteurs potentiels de motos
BMW ? » 169(*) 170(*)
Rolf Schoch171(*) a donc décidé de réaliser un
sondage ad hoc sur les effets du placement de produit en termes de
notoriété et d'image, et sur ce que pense la population suisse du
placement de produit.
Il prit pour population-mère, ou univers, la population
suisse francophone et germanophone (autrement dit, celle du Tessin exclue),
hommes et femmes âgés de 18 à 74 ans. Un tirage
aléatoire parmi les abonnés électroniques ETV des PTT fut
effectué. Des quotas par sexe et par âge furent
respectés.
« En avril 1996, nous avons administré un
questionnaire de sondage standardisé composé de 3 questions
ouvertes et de 10 questions fermées par téléphone. 586
personnes ont répondu aux questions posées par une équipe
de télé-enquêteurs assistés par ordinateur (sondage
CATI) : 451 en Suisse allemande, 135 en Suisse romande. La marge d'erreur
est de +/- 4,1% avec un seuil de confiance de 95%. »
La première conclusion de Rolf Schoch est
qu'« à peine plus de la moitié (51%) des personnes
interrogées ont perçu le placement de produit à la
télévision ou dans les films et s'en rappellent ».
Il s'est surtout intéressé aux avis et aux points
de vue des suisses au sujet du placement de produit.
Pour les mettre en évidence, Rolf Schoch a proposé
une série de 7 questions à échelle d'attitudes,
précédées d'une question ouverte.
Il en ressort que :
- le placement de produit est une sorte de sponsoring culturel
pour 32 % des personnes interrogées (15% tout à fait d'accord,
17% plutôt d'accord),
- le placement de produit est quelque chose qui va de soi, qui
est normal pour 36% des sondés (13% tout à fait d'accord, 23%
plutôt d'accord),
- le placement de produit est une publicité
déguisée pour 38% des personnes (14% tout à fait d'accord,
24% plutôt d'accord)
- le placement de produit provoque l'achat pour 43% des
sondés (16% tout à fait d'accord, 27% plutôt d'accord)
- le placement de produit est une nouvelle forme de
publicité pour 49% des personnes interrogées (25% tout à
fait d'accord, 24% plutôt d'accord)
- le placement de produit est une publicité insidieuse
pour 51% des sondés (29% tout à fait d'accord, 22% plutôt
d'accord)
- le placement de produit est un moyen de contourner les
interdictions de faire de la publicité (alcool, tabac) pour 53% des
répondants (31% tout à fait d'accord, 22% plutôt d'accord).
Rolf Schoch en conclut que «les sondés
perçoivent aussi fréquemment le placement de produit comme une
nouvelle forme de publicité efficace que comme une technique douteuse et
contestable du point de vue juridique....Le placement de produit est
perçu, par plus de la moitié des sondés, comme une
publicité déguisée, sournoise et insidieuse et comme un
moyen de promouvoir des produits interdits de publicité classique».
Il regrette qu'un tiers seulement des sondés estime que le placement de
produit soit utile au développement du 7ème Art.
En outre, Rolf Schoch souligne l'influence non négligeable
du placement de produit sur le comportement d'achat des consommateurs. Selon
43% des sondés, il provoquerait l'achat du produit placé.
En 2000, l'Institut canadien Léger Marketing 172(*) a réalisé une
enquête téléphonique auprès de 1000
Québécois, avec une marge d'erreur de 3,1% pour un seuil de
confiance de 95%.
53,3% des sondés estiment que le placement de produit
« rend la scène plus réaliste et
crédible » (59,9% chez les hommes, 48,0% chez les femmes).
42% des personnes interrogées estiment que c'est une forme
de publicité dérangeante et inappropriée (47,1% chez les
femmes, 36,5 % chez les hommes ».
Les résultats obtenus montrent également que plus
des deux tiers des Québécois acceptent le placement de produits
dans les films (68,6%), près des deux tiers (65,5%) dans les
émissions télévisées (téléromans et
autres) alors qu'ils sont beaucoup plus réticents à
l'égard du placement de produit dans les jeux vidéos (33,5% des
Québécois seulement sont plutôt d'accord).
Aucune étude de ce type n'a été entreprise
en France. Or, les deux enquêtes quantitatives que nous venons de
présenter montrent qu'il existe des différences de perception et
d'acceptabilité du placement de produit d'un pays à
l'autre : le Québec, nord-américain mais francophone, la
Suisse, géographiquement européen mais multilingue.
2- Les études tentant de conceptualiser le fonctionnement
du placement de produit
Plutôt que d'étudier les effets du placement de
produits sur la notoriété, l'image des marques placées et
les changements dans le comportement d'achat des spectateurs, des chercheurs
ont préféré isoler les variables pouvant favoriser
l'impact du placement sur les spectateurs. La démarche est moins
descriptive qu'explicative et causale.
Cristel Russell (1998)173(*) s'appuie sur des théories issues des
littératures sur le traitement de l'information, sur les
publicités émotionnelles et sur le transfert affectif pour
formuler plusieurs propositions permettant, selon elle, d'améliorer le
fonctionnement du placement de produit.
Pour améliorer la mémorisation de la marque
placée, Russell suggère de présenter les marques à
la fois visuellement et verbalement.
Elle affirme également que le spectateur développe
un lien principalement affectif et pas nécessairement conscient avec la
marque, à moins que le produit soit présenté de
manière particulièrement saillante. Dans ce cas, en effet,
Russell considère que c'est un traitement cognitif de la marque qui
s'impose.
Un autre chercheur américain, Denise Elizabeth
Delorme174(*) 175(*), a contribué à
la conceptualisation du fonctionnement du placement, par ses travaux entrepris
dès 1991.
Dans sa première publication, elle conclut que les
spectateurs ont généralement une attitude positive à
l'égard du placement de produit. Cela parce qu'il rend le film plus
réaliste et plus facile à raconter. Cette conclusion a,
toutefois, plusieurs limites :
- le placement de marques est moins accepté lorsqu'il
concerne des produits non éthiques tels que l'alcool, les cigarettes,
les armes à feu, etc.
- le placement a un effet négatif si le produit est
générique, en fin de vie, si le produit est incorrectement
placé dans le scénario, s'il y a une surexposition de marques, si
ce n'est pas réaliste. « The key is if this audience can enjoy
the film witout any distractions, whether the distractions be too many, too few
or unnaturally placed brand name products « (Delorme, 1991, p.82)
La deuxième conclusion intéressante de Denise
Delorme est que les spectateurs estiment que le placement de produit n'a pas
beaucoup d'effets, voire aucun effet sur eux mais craignent néanmoins
une mauvaise influence sur les publics vulnérables : les enfants,
les adolescents, etc.
Plus précisément, Delorme a identifié un
certain nombre de variables susceptibles d'expliquer l'impact du placement de
produits sur le spectateur, variables qu'elle a classées dans sa
première publication en trois catégories :
- les variables liées à la personne : son
âge, son état psychologique et émotionnel, ses valeurs
personnelles, son état d'acheteur ou de non-acheteur du produit
- les variables liées au film : son genre, la
qualité de son intrigue, etc.
- les variables liées à la situation : le
visionnage au cinéma ou d'une vidéocassette, les
caractéristiques de la salle de cinéma (grand écran, son
haute fidélité, etc.), l'atmosphère social dans le lieu du
visionnage
Dans sa thèse de doctorat, Delorme précise d'autres
variables :
- l'expérience avec la marque :
l'intérêt pour la catégorie de produit et la
familiarité avec la marque
- le type de placement : la présence visuelle ou
verbale de la marque, l'action de la caméra, la fréquence
d'apparition de la marque dans le film
- etc.
Comme l'écrit Isabelle Fontaine, « cette
recherche est intéressante...Cependant, ces facteurs ont
émergé du discours de spectateurs américains, ils ne sont
donc pas nécessairement généralisables au public
français et leur impact sur les réponses au placement de produits
n'a pas été testé ».
C'est donc la voie de recherche que nous avons retenue et que
nous présenterons dans la troisième partie de ce
mémoire.
3- Les études sur les acteurs du placement et leurs
relations
La première étude approfondie sur l'industrie du
placement de produit, nous la devons à Samuel Turcotte176(*) (1995). Il décrit les
différents acteurs impliqués : les studios, les producteurs,
les réalisateurs, les agences spécialisées en placement de
produit, etc. ainsi que leurs relations dans les domaines contractuelles,
artistiques, etc. Turcotte présente également les avantages du
placement de produit pour ces différents acteurs et conclut par une
série de recommandations en direction des studios, des producteurs et
des réalisateurs.
Pour ce faire, il a procédé à des interviews
auprès de responsables de l'industrie du cinéma («major
film studios, independent production companies, top product placement
agencies») ainsi qu'auprès de producteurs de biens et services qui
ont placé leur marque dans des films, autrement dit d'annonceurs.
Cette méthodologie à base d'entretiens est celle
qu'a également retenue Isabelle Fontaine (2000), dans son étude
intitulée « Le placement de produits dans les films :
quel outil de communication pour les entreprises ? »177(*). Elle présente le
fonctionnement général du placement de produit et son
intérêt pour les différents acteurs : producteurs,
réalisateurs, agences de placement et annonceurs. Puis, après
avoir montré les spécificités du placement par rapport aux
autres outils de la communication commerciale (publicité, relations
publiques, sponsoring, etc.), Fontaine analyse la perception de cette technique
par les entreprises ainsi que sa place au sein de leur communication marketing
après avoir interrogé douze annonceurs.
Ces deux études, l'une américaine, l'autre
française, montrent l'existence de nombreuses différences dans la
gestion des placements de produits et dans les relations entre les acteurs
selon le côté de l'Atlantique où l'on se trouve.
Toutefois, notre propre recherche sur le terrain et les tendances
qui se dégagent dans les articles récents nous font dire que les
différences vont en diminuant depuis le succès commercial du film
Les Visiteurs II. Hasard ou coïncidence, il est trop singulier
pour ne pas être noté que les premières études
publiphobes contre le placement de produit ait eu lieu à ce moment de
l'histoire du cinéma français.
III- Les études réalisées par des mouvements
de défense des consommateurs
Nous en avons trouvées deux particulièrement
intéressantes : l'une est française et conduit à la
conclusion que le placement est « une publicité clandestine,
déguisée et agressive », l'autre est américaine
et s'intéresse uniquement au placement de marques de cigarettes qu'elle
considère dangereux pour la santé publique et
non-éthique.
1- L'analyse des publicités clandestines par le R.AP.
Le 26 mars 1998, deux membres de Résistance à
l'Agression Publicitaire, le R.A.P., 178(*) sont allés voir au cinéma Les
Couloirs du temps : les Visiteurs II. Chacun muni d'un carnet, d'un crayon
et d'une lampe sourde, ils enregistrèrent le nombre et la nature des
publicités glissées dans le film à l'insu des spectateurs.
Selon leur décompte, Les Visiteurs II présentent au
moins 64 marques ou produits clairement identifiables. " Au moins 64 ", car il
peut y en avoir davantage, plusieurs ayant pu échapper lors des
scènes rapides, à leur vigilance. De plus, ils
écrivent : « ce chiffre ne comptabilise pas les
répétitions, c'est-à-dire les marques ou produits
privilégiés qui reviennent constamment dans l'action : il s'agit
donc de 64 marques ou produits différents, le nombre global des
intrusions publicitaires avoisinant la centaine. Ce, en 1 h 50 de
projection. »
En plus de ce recensement, ils procédèrent à
un classement des produits placés en 6 catégories :
Parmi toutes les marques placées, la catégorie de
produits la mieux représentée concerne l'automobile.
« Elle vient en tête avec 17 marques formant un ensemble
cohérent : 4 fabricants étrangers, 4 modèles de
véhicule, 1 fabricant de véhicules utilitaires, 2 loueurs de
véhicules, 3 fabricants d'outillage, 2 distributeurs de carburant, 1
huile pour moteur. ...La deuxième catégorie, alimentaire,
est également cohérente et comprend 15 marques : 4 aliments
salés, 3 aliments sucrés, 2 boissons, 1 chaîne de
distribution, 2 entreprises de restauration et livraison à domicile, 1
traiteur de luxe, 1 réfrigérateur, 1 annuaire de la
restauration...La troisième catégorie - 12 produits - concerne
les drogues pour le corps et l'esprit : 3 alcools, 2 vins, 1 apéritif, 1
bière, 1 boisson gazeuse à la caféine, 1 cigare, 2
modèles de téléviseur, 1 antidépresseur....Vient en
quatrième place ex æquo, avec 12 produits également, la
catégorie, un peu floue, des mondanités et de la réussite
sociale : 1 joaillier, 1 maroquinier, 1 marque de prêt-à-porter de
luxe, 2 marques de téléphone portable, 1 fleuriste, 1 parcours de
golf, 1 cirque, 1 marque de bateau pour la plage et l'aventure, 1 marque de
matériel de sonorisation et d'orchestre, 1 jeu de hasard, 1 produit
financier....Pour la cinquième catégorie, il s'agit de 4 produits
à caractère culturel : 1 revue féminine, 1 revue sur les
artistes du spectacle, 1 quotidien, 1 marque de papeterie....La sixième
et dernière catégorie, la plus curieuse, comprend 4 services
publics : Les Hôpitaux, la Gendarmerie nationale, les Pompiers, la
Poste. »
Selon eux, le nombre de marques placées et leur voisinage
dans le récit participent à la pression publicitaire.
« Intégrés au scénario, cités dans les
dialogues, ils participent à l'action et sont même vantés
par les personnages. Identiques intentions pour les nombreux jeux de
caméra, parfois peu soucieux d'efficacité dramaturgique, mais
prompts à s'alanguir sur les logos et les produits de toutes les
entreprises partenaires ".
Jean-Christophe Hervé et Jean-Claude Oubbadia condamnent
le placement de produit, qu'ils considèrent comme une
publicité clandestine, déguisée, agressive et à
fort impact pour les annonceurs : « À sept
siècles de distance, les féodaux et les grands annonceurs
(ceux-ci avec l'aide de leurs publicitaires liges) sont animés de la
même morgue. Les premiers célébrant leurs propres vertus,
et les seconds s'efforçant, sous couvert de fiction
cinématographique, de nous asservir à leurs visées. De la
sorte, les 1 033 447 spectateurs (selon les chiffres avancés par une
certaine presse) qui seraient venus assister à la projection du film se
retrouvent, de surcroît, préconditionnés à
l'achat de 64 produits ».
D'autres actions ont été menées par des
membres de R.A.P. contre le placement de produit dans les films179(*) et l'agression publicitaire
de plus en plus forte dont font l'objet les spectateurs.
2- Les études contre le placement de produits non
éthiques
Une équipe de chercheurs américains180(*) a réalisé une
étude sur le placement du tabac dans les films qui a été
publiée dans The Lancet, en 2001.
Avec beaucoup de rigueur, elle analysa plan par plan les 25 plus
grands succès annuels du box-office américain de 1988 à
1997, soit en tout 250 films. Elle repéra ensuite l'apparition de
marques de cigarettes sous quelque forme que ce soit. Puis, elle appliqua une
grille de pondération marquant l'indice de visibilité de chaque
apparition. Enfin, elle évalua l'effet de la décision prise par
les industriels du tabac de ne plus placer de cigarettes dans les films, en
comparant les périodes 1988-1990 (avant l'interdiction volontaire) et
1991-1997 (après l'interdiction). Les résultats sont
consternants pour la santé publique : - 87 % des films contiennent
au moins une référence à la consommation de tabac - Au
moins une marque est identifiable dans 28 % d'entre eux. Quatre marques
particulières « trustent » 80 % des apparitions. Le plus grave
est que la cible visée par le film (adultes ou adolescents) ne modifie
pas la stratégie. Des films comme Maman, j'ai raté l'avion 2
ou Chéri, j'ai rétréci les gosses
contiennent autant de référence à la cigarette que des
productions destinés à un public moins jeune.
Autre constat décevant, si avant l'interdiction de placer
du tabac dans les films, la proportion de films où l'acteur et la marque
de cigarette sont directement associés n'est que de 1 %, elle
s'élève à 11 % après 1990... Les auteurs de cette
étude « esquissent trois hypothèses en guise
d'explication : action délibérée des producteurs qui
feraient de la publicité gratuite pour les industriels, présence
fortuite de ces marques à l'intérieur des séquences ou
continuité flagrante d'une pratique soit disant abandonnée. Cette
dernière théorie semble être celle qui emporte la faveur
des chercheurs ». Un peu dans le même esprit et suivant une
méthodologie basée le chronométrage, une autre
étude montre qu'au cinéma, dans les années 60, les
héros fumaient toutes les cinq minutes environ. Dans les années
70 et 80, ils ne fumaient plus que toutes les dix à quinze minutes. Dans
les années 90, ils rechutaient en allumant une cigarette toutes les cinq
minutes à nouveau... « Dans Reality Bites,
destiné à un public jeune, une universitaire a recensé une
clope allumée dans 14 scènes sur 40. Emu, le Sénat de
Californie a incité Hollywood à ne pas faire de la cigarette un
accessoire trop visible. »181(*)
Le phénomène d'imitation de sa star
préférée a été mesuré lors d'une
étude réalisée, au cours du premier trimestre 2001,
auprès de 632 jeunes de 10 à 19 ans en Nouvelle-Angleterre
(Etats-Unis).
Elle révèle que les stars de cinéma incitent
leurs fans à fumer. L'étude montre que parmi les 43 stars
préférées des jeunes, les deux tiers ont tenu des
rôles de fumeurs entre 1994 et 1996, période choisie pour
l'étude. Les stars qui fument le plus à l'écran sont
Leonardo Di Caprio, Sharon Stone et John Travolta. Les recherches
effectuées indiquent que plus une star fume, plus ses fans ont une
opinion favorable sur le tabac et plus ils fument.
La conclusion de cette étude est donc que les stars de
cinéma favorisent la consommation de tabac chez les jeunes. 182(*)
Pourquoi en serait-il autrement pour des produits autres que le
tabac ?
3ème partie : Les réactions des
spectateurs face au placement de produit
Lors des première parties, nous avons tenté, entre
autres, de déterminer les conséquences de l'appropriation du
Placement de Produit par les professionnels du cinéma et par les
entreprises industrielles et commerciales et leurs conseillers et agents.
Il s'agit donc, à ce stade de notre étude, de
savoir si le public accepte le placement de produit dans les oeuvres
cinématographiques, y réagit favorablement et si la
notoriété, l'image des produits placés s'en trouvent
modifiées positivement, si les personnes soumises à un placement
modifient leur comportement d'achat et de consommation.
I- La méthodologie de recherche
La méthodologie qualitative est parfaitement
adaptée à l'étude des réactions des spectateurs
face à un placement de produit.
« La méthodologie qualitative est la
réflexion préalable sur la méthode qu'il convient de
mettre au point pour conduire une recherche. Une méthode qualitative de
recherche est une stratégie de recherche utilisant diverses techniques
de recueil et d'analyse qualitatives dans le but d'expliciter un
phénomène humain ou social ». (A. Mucchielli183(*))
Cette réflexion préalable s'est appuyée sur
une recherche documentaire approfondie 184(*) mais aussi sur six entretiens libres,
réalisés auprès de spectateurs sortant de salles de
cinéma diffusant les films Le Raid, Astérix et Obélix,
Mission Cléopâtre et Le Boulet, ainsi que sur
des forums de discussion.
Egalement en guise d'étude préalable, nous avons
mis en ligne un questionnaire d'enquête. L'enquête par
questionnaire fermé ne satisfaisant pas notre approche qualitative, nous
avons décidé d'adopter des méthodes plus adaptées
à celle-ci. Pour ceux qui s'étonneront de la multiplication des
techniques de collecte que nous avons utilisées, nous rappelons que
notre démarche est qualitative et que « dans les
méthodes qualitatives, ce qui caractérise les techniques de
recueil, c'est essentiellement l'implication du chercheur dans le maniement de
la technique qu'il utilise. Cette technique est un prolongement de
lui-même, le chercheur est partie prenante, de l'instrument (les
interviews, les observations...) » (A. Mucchielli185(*)).
1- Des forums de discussion
Nous avons créé un forum de discussion, sur le
placement de produit, sur le site
www.respublica.fr et sommes
intervenus dans des forums francophones et anglophones sur le cinéma et
le « Product Placement » après les avoir
identifiés grâce aux moteurs Google et Yahoo (e-group). Cette
technique d'investigation est maintenant classique dans les domaines de
l'intelligence économique et de la veille. Les forums et les listes de
diffusion font, en effet, partie de ce qui est communément appelé
le « web invisible ».
Cette utilisation des forums nous a permis d'isoler des
discussions tenues sur le placement de produits à partir de 1998, des
sources d'information, des sites que nous ne connaissions pas, mais aussi des
anecdotes sur tel ou tel film186(*), souvent malheureusement inutilisables car
difficiles à vérifier, et de solliciter les visiteurs pour qu'ils
participent à notre enquête par questionnaire en ligne (voir plus
loin). Ainsi, par exemple, lorsque notre échantillon est apparu trop
masculin, nous avons placé une requête dans les forums
« loisirs » et « cinéma » du
site féminin
http://www.aufeminin.com.
___________________________________________________________________________
Extraits d'un forum de discussion : Ces messages ont
été sélectionnés mais en aucun cas modifiés
pour leur conserver leur authenticité. Nous prions le lecteur de nous
excuser pour les fautes de style et d'orthographe. Il s'agit de
réactions et d'avis sur le placement de produits.
Pour lire d'autres échanges, voir en annexe une
sélection plus complète.
Si vous n'vez pas encore vu le film le "diner de cons", il y a
deux
bonnes raison de courir au cinoche le plus proche de votre
bécane :
1- le film est à pisser de rire (ça peut pas
s'écrire PDR ?-))
2- Les premières minutes sont un festival de Macs qui
apparaissent sur
les bureaux ou dans le train avec un beau portable à la
pomme ouvert
pendant deux minutes.
A croire qu'il n'y a plus que des Mac dans les
boîtes....
Il sont surtout, jusque là aux USA en tous cas, top
moumoute pour ce qui
est le placement de produit (Mission Impossible, Men In Black,
Independance
Day & the virus, Batman, Traque sur Internet et d'autres plus
discrets). La
France avait tendance à traîner les pieds (Le Clone
où il y a des becanes
en gros plans est mac free). Apparemment, ça change aussi.
Mais en effet,
comme dit Christophe, ils ont 5% de parts de marché dans
le monde et 95% au
cinoche.
Monique
Depuis le temps qu'on le dit....
Neuf fois sur dix, les ordi qui apparaissent dans les films ou
sur
toutes publications (sauf les catalogues de PC ;-) sont des
Mac..
Pourquoi ?
Tout simplement parce que les créatifs à l'origine
de ces films ou de
ces publications, sont pour la plupart équipés de
Mac et qu'ils montrent
de préférence leur bécane
préférée.
Faut pas chercher plus loin !
Discussion déjà faite sur fcsm. Je résume
:
Pour Hollywood, il faut chercher plus loin.
Apple prète volontiers du matériel aux compagnies
de cinéma, à ceci près
qu'il ne doit pas être utilisé par des
méchants (à l'exception notable
de Bruce Willis dans "The Day of the Jackal").
Pour ce qui est des émissions de télé ou les
films français, par contre,
là tu est parfaitement dedans ;-))
Yep :-)
Voir sur le site de SVM Mac, l'article à ce sujet :
http://www.svmmac.com/actus/avril/hollywood.html
Il y a très peu de marques qui acceptent de "prêter"
leur produit quand
il est mis en scène de façon négative pour
son image. Le cas du 4x4
Mercédes dans Jurassic Park 2 était une exception
notable.
Monique
Je vois pas en quoi c'était dévalorisant pour le
4x4 en question!!!
T'as qu'à essayer de freiner un T-Rex avec n'importe quel
4x4, il sera
déchiré en deux avant même que tu puisses
l'attacher au cou de la
bestiole!
<;-)
Je pense justement qu'ils ont fait très fort sur ce coup
là (Mercedes)
car c'est de l'humour (noir) et ça renforce donc nettement
le message,
justement!
Non?
C'est en effet ce qu'ils ont fait, mais ce que je disais,
relayant en
fait la règle ès placements de produits, c'est
qu'il ne faut pas qu'on
casse le produit.
Mercedes dans le cas du T-Rex, qu'on rencontre en plus assez peu
sur les
routes, a fait une exception. Et plsu qu'une exception puisque le
film
était la *première* apparition du modèle en
public. Finalement,
Jurrassic park 2 était un grand spot de pub pour la
nouvelle Mercedes
4x4.
Mais ils ne l'auraient pas prêtée sans doute si le
scénario prévoyait
une volée à coups de caterpillar par ex.
Monique, qui n'a en effet jamais freiné de T-Rex
récemment.
Ben la pub était nulle, je n'avais jamais remarqué
que les 4x4 fussent
des Mercédès ! Et pourtant, j'aime les voitures et
connais bien les
différents modèles. Mais je ne suis pas un fan de
4x4 ;-))
En fait, ce sont les Macs Quadra que j'ai vus !
Mis à la sauce Unix, avec des trucs débiles
pseudo-futuristes, un Finder
en 3D qui a vraiment existé (j'en ai entendu parler), et
la cerise sur
le gateau : un gars qui parle aux héros à travers
une caméra affichée
sur l'écran du mac -> en fait un film QuickTime en
train de se dérouler,
dont on voit le curseur avancer !!
Ca dépend du contexte je pense...
Regarde quand même le nombre de bagnoles cassées
dans les films en
général, c'est souvent valorisant pour les marques,
vu les pains
qu'elles se prennent avant que d'exploser
définitivement!
(c)2002 Google
___________________________________________________________________________
La création d'un forum sur le placement de produit et la
participation à des forums existants nous a permis de collecter un grand
nombre d'avis sur le placement de produit.
Comme, par exemple, celui de Vincent Lefebvre qui
répondait à notre forum, le 2 décembre 2001, en des termes
que nous avons retrouvés dans d'autres interviews :
« Personnellement, ça ne me gêne pas du tout, notamment
dans ces films (Tomorrow Never Dies, The Word is not enough, Back to the
Future), car je n'ai pas fait attention, peut-être parce qu'on est
habitué dans la vraie vie. Et je préfère largement
ça à des films coupés par de la pub ! »
vincent+news@vinc17.org
2- Une enquête en ligne par questionnaire fermé
Dérogeant la méthode qualitative187(*), nous avons également
effectué un questionnement en ligne des internautes avec un
questionnaire fermé placé, le 30 octobre 2001, sur un site Web
que nous avons créé (
www.chez.com/cybermercatique)
et mis en alliance avec de nombreux autres sites de manière à
attirer les répondants (mercannuaire.fr.st, le webring de Yahoo,
cybermercatiquemag.fr.st, cepid.com, etc.)
Le questionnaire composé de 12 questions a
été présenté lors d'une réunion du CERIC
puis testé auprès de 5 personnes avant d'être mis en
ligne.
Ce questionnement en ligne n'a rien d'un sondage probabiliste,
l'échantillon est composé de volontaires qui sont arrivés
sur la page Web du questionnaire au hasard de leur navigation ou guidés
par des annonces (des accroches et des « appels à
l'aide » que nous mettions sur les forums de sites à forte
audience : francité, respublica, cerclo, aufeminin, voilà,
etc.). On peut parler d'un échantillonnage non probabiliste ou empirique
que certains qualifient « de convenance »188(*) du même type que ceux
utilisés lorsque des questionnaires sont placés dans un journal,
un magazine, etc. et que les répondants retournent leur questionnaire
dûment rempli. Cette méthode de sondage empirique basé sur
le volontariat fournit des résultats qui doivent être «
interprétés avec beaucoup de précautions et, en aucun cas,
extrapolés à la population tout
entière ».189(*)
Nous avons utilisé un outil de construction de
questionnaire sur le Web (www.webdonline.com)190(*) qui permettait de poser deux questions
signalétiques (ou d'identification) seulement. Nous avons opté
pour une question sur le sexe du répondant et une autre sur la tranche
d'âges à laquelle il appartenait. Les résultats de cette
enquête en ligne par questionnaires fermés seront
présentés globalement et par tris croisés selon ces deux
critères.
A- Le questionnaire en ligne
Le questionnaire ne comprend que des questions fermées.
Toutefois, certaines sont à réponse unique, d'autres à
réponses multiples. Quelques-unes utilisent une
« échelle d'attitude ».
Depuis, le 30 octobre 2001, plus de 180 personnes ont
répondu au questionnaire (voir Annexe)
___________________________________________________________________________
Structure du questionnaire en ligne
Q1 : Combien de fois, par an, allez vous au
cinéma ? réponses possibles
Q2 : Pensez-vous que la présence de marques de
produit dans les films soit : réponses au choix
Q3 : Pensez-vous que le nombre de marques présentes
dans les films soit : réponses au choix
Q4 : Avez-vous constaté un changement de comportement
d'achat chez des personnes après qu'elles aient vu un film ?
réponses au choix
Q5 : Quelle marque de voiture associez-vous au film
Taxi ? réponses au choix
Q6 : Quelles sont les marques que vous avez
remarquées dans « Les Visiteurs » ?
réponses au choix
Q7 : Selon vous, l'image d'une marque est-elle
modifiée par sa présence dans un film ? réponses au
choix
Q8 : Pensez-vous qu'il serait judicieux d'associer le
personnage de James Bond à ? : réponses au choix
Q9 : Diriez-vous que le placement de produits dans les films
est : réponses au choix
Q10 : Quelle est votre
profession ? réponses au choix
Q11 : Etes-vous un homme ou une femme ? réponse
Q12 : A quelle tranche d'âge appartenez-vous ?
tranche d'âge à choisir.
___________________________________________________________________________
Ce questionnaire a été rédigé, au
début du mois d'octobre 2001, soit quelques jours après le choix
de notre sujet. Il va de soi que, au stade où nous nous trouvons dans
nos recherches, nous ne poserions certainement pas tout à fait les
mêmes questions.
Ce travail s'inscrivait dans une démarche quantitative.
Nous cherchions, à l'époque, à
« vérifier » les hypothèses
suivantes :
- La présence de marques dans les oeuvres
cinématographiques est plutôt tolérée par le public
français (alors que certains professionnels considèrent que le
placement est mal accepté)
- Le nombre de marques placées dans les films n'est pas
jugé trop important (alors que certains estiment qu'il est excessif)
- Le placement de produit modifie le comportement d'achat des
consommateurs
- Le placement de produit modifie l'image d'une marque
- Le placement de produit est jugé plus utile que
néfaste pour tout le monde (un moyen de financement pour la
production, un moyen pour reconstituer la réalité, etc.) et ne
doit pas faire l'objet d'une interdiction légale.
- L'attribution d'un placement est assez bonne mais la confusion
est possible191(*)
- L'association de la marque au personnage et/ou au
comédien doit être crédible
- Le placement de produit doit être évité
pour les produits non éthiques (alcool, tabac, etc.)
Ces hypothèses avaient été formulées
après les premières recherches documentaires. Nous avions
été influencé par certains articles remettant en cause
l'acceptabilité du placement de produit dans les films par des
français très soucieux, selon les auteurs, de séparer
l'art du commerce. En second plan, notre idée était de
vérifier si l'âge des français influait sur le degré
d'acceptabilité ?
Nous avions trouvé également, dans un premier
temps, plus de documentation sur l'utilisation des stars en publicité
(à toutefois ne pas confondre avec la Star Stratégie de Jacques
Séguéla192(*)) sur l'utilisation de marques dans les films.
Notamment, dans les ouvrages de marketing et de publicité,
alors que l'on fait référence à la première
pratique, il n'est jamais question du placement de produit.
Ainsi, Philip Kotler et Bernard Dubois écrivent
« La publicité a, de tout temps, utilisé des
célébrités dans ses messages. Une star bien choisie
améliore l'attention portée au produit, comme Alice
Sapritch et JexFour. Ou bien l'image de la star peut rebondir sur le
produit, Carole Bouquet et Chanel ». Ils mettent en garde les
publicitaires car « le choix est toutefois difficile. La star doit
être suffisamment connue et aimée mais le lien avec le
produit doit être crédible. ...Vanessa Paradis est très
connue mais représente-t-elle bien la clientèle
Chanel ? »
Kotler et Dubois voient d'autres risques à l'association
Star-Produit : « un autre risque tient à la
« vampirisation » du produit par la star. Le spot de
Radiola « Les Huns » qui fait appel à l'humour de
Gérard Jugnot a déclenché la sympathie mais obtenu
un mauvais score d'attribution. La marque de téléviseurs a
été cannibalisée par la star ». Autre risque
évoqué : le retour sur investissement incertain
« la vie de star est difficilement
contrôlable »193(*) ainsi que celui de confusion :
« certaines stars (Claude Brasseur, Eddy Mitchell, Francis Perrin)
ont offert leurs services à de nombreuses marques, ce qui ne facilite
guère une exclusivité « mentale » aux
nouveaux produits qu'ils supportent ».194(*)
B- Les résultats de l'enquête par
questionnaire en ligne
Les réponses à l'enquête par questionnaire
fermé auto-administré par Internet firent l'objet d'un calcul des
fréquences absolues et relatives et de tris croisés en fonction
du sexe et de l'âge. Ces calculs ont faits été
effectués automatiquement par le logiciel du site
www.webdonline.com.194(*) Tous les résultats
bruts, les tris à plat et les tris croisés sont placés en
annexe.
Alors que nous craignions que le placement soit condamné
par un grand nombre de répondants, cette enquête fait
apparaître au contraire que le placement de produit est assez largement
accepté. Les avantages qu'il procure au cinéma semblent plus
forts, aux yeux des répondants, que ces inconvénients.
Cette conclusion en elle-même est intéressante dans
la mesure où les professionnels du placement, américains et
français, ont le sentiment que leur technique a une mauvaise image
auprès du public.
A ce sujet, Samuel Turcotte195(*) cite Frank Devaney, Senior Vice President of Product
Placement de Rogers & Cowan, qui fut le premier Président de l'ERMA
: "ERMA a déjà réussi à faire reconnaître le
placement de produit comme une activité à part entière" Et
d'ajouter : « Nous avons encouragé les gens à ne
plus se cacher comme il le faisait il y a encore cinq ans. Ils pensaient qu'ils
avaient tort de faire du placement de produit et que le public était
contre. Leur constat est qu'actuellement le public est pour, les producteurs
sont pour, les annonceurs sont pour. Il n'y a, en réalité, qu'une
très petite fraction de la population qui est hostile au placement de
produit ».
Lors de notre entretien avec Jean-Patrick Flandé, ce
dernier nous a avoué craindre que nos questions n'aboutissent
qu'à un constat négatif et que le seul fait de parler de
placement de produit dans notre questionnaire pouvait accentuer le jugement
défavorable des répondants.
Bien que limitée, cette enquête a le mérite
de remettre en question un certain nombre de certitudes. C'est en cela, et non
dans le commentaire précis des pourcentages calculés, qu'il faut
y voir un intérêt.
a) La présence de marques dans les films est plutôt
acceptée
Le placement de produit semble accepté par une grande
partie des répondants.
La présence de marques de produit dans les films n'est
jugée anormale voire inadmissible que par une personne interrogée
sur 5.
En revanche, 1 sur 3 la juge tout à fait normale et 1 sur
2 ni une bonne ni une mauvaise chose.
b)- Le nombre de marques placées dans les films est
plutôt correct
Le sur-placement autrement dit le trop grand nombre de marques
placées dans un film ne semble pas être atteint, mais le danger
n'est pas éloigné.
Un peu plus de la moitié des personnes interrogées
estiment correct le nombre de marques présentes dans les films. Moins
d'une personne sur 10 considère que le nombre de marques est bien trop
élevé.
c) Le changement de comportement d'achat est plutôt
constaté
Le placement a des effets perceptibles sur le comportement
d'achat.
Une personne sur 5 seulement n'a jamais constaté de
changement de comportement d'achat chez des personnes après qu'elles
aient vu un film avec des produits placés.
d) L'attribution à la marque est plutôt bonne pour
les placements principaux et contributifs
L'attribution est plutôt bonne notamment pour les marques
principales. Ainsi 7 personnes sur 10 associent le film Taxi à la
Peugeot 406. L'attribution est assez bonne également pour les placements
secondaires principalement lorsqu'ils contribuent à l'intrigue et
servent de support à l'humour : 6 personnes sur 10 ont
remarqué la présence de Chanel N°5 dans Les
Visiteurs 1.
e) Les risques de confusion existent surtout pour les placements
secondaires
Les risques de confusion existent, même s'ils restent
limités. Environ 1 personne sur 10 associe le placement à une
marque différente de celle présente dans le film.
Par exemple, dans Les Visiteurs, certains ont vu Signal
Plus au lieu d'Email Diamant, Mc Donald au lieu de Courte Paille, Lancôme
au lieu de Chanel N°5, etc.
f) Les effets sur l'image sont perçus
Le placement d'une marque dans un film a des effets sur l'image
de la marque. Les effets sur l'image sont perçus par la plupart des
répondants.
Seulement moins d'une personne sur 10 n'en a jamais
constatés.
g) La crédibilité et l'éthique du lien
produit-film et/ou produit-acteur sont nécessaires
Le choix des marques à placer doit respecter deux
principes :
le principe de crédibilité ou de cohérence
avec le film, le personnage et/ou l'acteur. L'association du personnage de
James Bond avec une marque de perceuse électrique, une enseigne
de chaîne de restauration rapide ou une marque de soda est jugée
très peu judicieuse.
Le principe d'éthique. L'association crédible du
personnage de James Bond avec une marque de cigare ou d'une marque de
boisson fortement alcoolisée est jugée beaucoup moins judicieuse
que celle avec une marque de montre, une marque de Champagne (symbole du luxe
et de la fête) et une marque de stylo. Le tabac et l'alcool étant
des produits non éthiques.
h) L'image du placement de produit et sa réglementation
Le placement de produit est, avant tout, considéré
comme un moyen de financement de la production cinématographique. 6
personnes sur 10 le pensent.
Il est également considéré comme un outil de
communication publicitaire ; mais pour la moitié des
répondants « comme un outil publicitaire comme les
autres », et pour l'autre comme «une publicité
déguisée ».
Le fait que le placement de produit soit considéré
par la moitié des répondants comme
« une publicité déguisée »
n'influe pas réellement sur le souhait d'une interdiction de cette
pratique. Seulement une personne sur 15 souhaite que cette technique soit
interdite.
Environ 1 personne interrogée sur 3 estime que le
placement est un moyen de rendre plus réaliste un film.
Cette présentation volontairement sommaire des
résultats nous permet de proposer le système des relations
Acteurs professionnels du Placement de Produit/ Spectateurs.
Acteurs professionnels du
Placement de Produit :
annonceurs, placeurs,
producteurs, réalisateurs, etc.
J'aime le cinéma.
Aidez-le à se financer
Nous aidons la production cinématographique
Nous cherchons à modifier votre connaissance, vos
attitudes, votre comportement d'achat
Nous acceptons d'être influencés
Comme s'il s'agissait d'une publicité
A condition que cela reste :
supportable et éthique
Et que cela aide au réalisme
Spectateurs
II- Réflexions méthodologiques approfondies
L'étude de la littérature tant américaine
qu'européenne nous a convaincu que le placement de produit était
une technique délicate à utiliser et qu'il ne devait être
employé n'importe comment ni par les producteurs qui recherchent une
source de financement, ni par les annonceurs qui veulent promouvoir leurs
produits et/ou leurs marques.
L'analyse des recherches réalisées sur le placement
de produit, l'étude des forums de discussion, l'enquête en ligne
auprès des français, ainsi que des entretiens en face à
face, par téléphone ou sur le Web avec des experts
français ou étrangers, des chercheurs, des professionnels du
cinéma nous ont surtout aidé à concevoir plusieurs
méthodologies de recherche primaire auprès des spectateurs.
Notre approche se veut résolument qualitative tant en
raison de l'objet de recherche, que de la finalité de notre recherche,
de son préalable, de son modèle de référence, de sa
logique propre, de la position du chercheur, des méthodes de recherche,
etc. Elle s'inscrit dans la droite ligne des travaux et recherches du
Céric 196(*).
Approche qualitative du CERIC197(*)
|
Définition générale
|
Placement de Produit
|
L'objet de recherche
|
L'univers de significations pour les individus
|
Les réactions des spectateurs face au placement de produit
dans les films
|
La Finalité
|
Comprendre la signification que des personnes élaborent
à propos d'un événement
|
Comprendre les réactions des spectateurs face à un
placement de produit
|
Le Préalable
|
Il faut un terrain, c'est-à-dire des personnes à
étudier
|
Les étudiants de 20 à 26 ans face au placement de
produit
|
Le Modèle de référence
|
Le Modèle empirico-inductif et non le modèle
hypothético-déductif
|
Etudier les réactions des étudiants face au
placement de produit et tenter de comprendre leurs réactions, sans a
priori.
|
La Logique propre
|
La logique de la découverte
et non la logique de la vérification
|
Découvrir les éléments signifiants des
réactions des spectateurs face à un placement de produit puis,
seulement après, tenter de théoriser.
|
La position du chercheur
|
Le chercheur fait partie du phénomène
|
Le chercheur fait partie du groupe social étudié
(les étudiants de 20 à 26 ans), anime et vit les interviews de
groupe.
|
Les méthodes de la recherche
|
Il y a pluralité de méthodes.
Toutes comportent des aller-retour entre le terrain et la
théorie
|
Plusieurs méthodes sont utilisées pour comprendre
la complexité des réactions des spectateurs face au placement de
produit : méthodes systémiques, méthodes
sémio-contextuelles, etc.
|
Les outils de recueil de données
|
Observation, entretiens individuels ou de groupes autres que
l'entretien directif, Etudes de documents, de productions matérielles,
de traces
|
Interviews de groupe après une projection d'un film
(version courte) avec des placements de produits.
Interviews filmées et retranscrites
intégralement
|
En ce qui concerne l'étude terrain approfondie, la
méthodologie à mettre en place n'était pas
simple à choisir.
Isabelle Fontaine (2000) critique les recherches
existantes qui, selon elle, « souffrent de nombreuses
limites : elles utilisent des méthodologies distinctes, par
conséquent trop spécifiques et non
généralisables ».
Elle ajoute : « Les principales limites
concernent : 1- la nature des supports utilisés par les
chercheurs, certains utilisant des extraits de films de durées
inégales, d'autres un ou plusieurs films dans leur
intégralité, 2- les conditions des
expérimentations avec le recours d'un ou plusieurs groupes de
traitement dans certaines études et un groupe de contrôle dans
d'autres, 3- le type de mesure utilisé, privilégiant selon
les cas la reconnaissance, le rappel, ou une mesure indirecte de la
mémorisation. »
Dans une communication plus récente encore,
Fontaine198(*) estime
que la méthodologie la mieux adaptée à l'étude du
placement de produits est « la mise en place d'une
expérimentation... car elle permet de contrôler au mieux les
facteurs liés à la nature du placement ainsi que l'ensemble des
variables pouvant intervenir dans la visualisation d'un film. Il est, par
ailleurs, important de placer les sujets dans un contexte réaliste,
c'est-à-dire face à un film ».
C'est pourquoi, nous avons songé à procéder
à des interviews après une projection de film.
I- La nature du support diffusé avant l'interview de
groupe
Il restait toutefois à choisir la nature du support.
Certains chercheurs utilisent des extraits de films de durées
inégales, d'autres un ou plusieurs films dans leur
intégralité.
Les deux options présentent des inconvénients et
des avantages.
Le fait de diffuser des extraits de films permettrait de
présenter plusieurs types de placement : visuel/auditif,
proéminent/peu présent, indispensable à l'intrigue/non
central, etc. En revanche, cela pourrait conduire à des réactions
biaisées par la diffusion d'extraits dans lesquels les marques sont
omniprésentes.
Aussi, avons-nous ébauché quatre propositions
méthodologiques :
1- Première proposition
méthodologique : plutôt que de ne diffuser que des
extraits avec placement, alterner des extraits de films avec placement et des
extraits sans placement avec au début des différentes
séquences, en voix hors champ («voix off »), un
résumé de l'histoire.
2- Deuxième proposition
méthodologique : Elle est celle que retiendrait Fontaine
(2001) : « la réalisation d'un court-métrage,
développé spécifiquement pour les besoins de
l'étude, semble la méthode la plus pertinente. Le format
court-métrage permet, en effet, à la fois de présenter une
histoire complète aux spectateurs (à la différence
d'extraits de films), et également de faciliter le contrôle des
variables non manipulées (répétition de la présence
des marques, nombre de marques présentes, durée entre les
différents placements...) ».
3- Troisième proposition
méthodologique : Elle consiste à diffuser un film en
entier et à procéder à des interviews,
éventuellement avant et après la diffusion.
Il s'agit donc plus d'un stimulus, comme l'écrit Delorme,
que d'une véritable expérimentation. La mise en place d'une telle
méthodologie est lourde et exige d'obtenir des personnes
sollicitées au moins 3 heures de leur temps : environ 1H30 de
visionnage et 1H30 d'entretien.
4- Quatrième proposition
méthodologique : Reprendre l'esprit de la méthodologie
de type exploratoire de Denise E. Delorme (voir plus loin) mais réaliser
des entretiens individuels semi-directifs plutôt que des réunions
de groupe.
Les résultats permettraient de vérifier les
écarts entre les spectateurs américains et les spectateurs
français. Rappelons ce qu'écrit Isabelle Fontaine de la recherche
de Delorme : « cette recherche est
intéressante...Cependant, ces facteurs ont émergé du
discours de spectateurs américains, ils ne sont donc pas
nécessairement généralisables au public français et
leur impact sur les réponses au placement de produits n'a pas
été testé ».
Après réflexion et discussion au sein du CERIC,
nous avons retenu une méthodologie quelque peu différente de nos
quatre propositions de départ.
5- Le support retenu :
Nous avons, en effet, décidé de
réaliser des interviews de groupe après diffusion d'un
résumé d'un film à succès. Lors d'une
réunion du CERIC, il est apparu que le film Taxi 2 était
le plus adapté pour servir de stimulus. Le film Taxi
2199(*)
était récent, avait connu un gros succès en salles, et sa
cassette vidéo était récemment disponible à la
vente. En outre, de nombreuses marques sont présentes dans ce film.
Peugeot y présente la plupart des modèles de sa gamme. 200(*)
Il faut toutefois avouer que notre méthodologie a de
nombreux points communs avec celles suivies par Denise E. Delorme. Sans
l'avoir réellement souhaité, nous devons reconnaître que
notre recherche nous permettra de comparer les réactions des
français avec celles des américains. Rappelons qu'Isabelle
Fontaine écrit au sujet des travaux de Delorme : « cette
recherche est intéressante...Cependant, ces facteurs ont
émergé du discours de spectateurs américains, ils ne sont
donc pas nécessairement généralisables au public
français ».
a) Première méthodologie de Delorme (1991)
Denise E. Delorme, au cours sa première recherche sur le
placement de produits201(*), constata, après avoir achevé la revue
de la littérature, l'existence d'un réel besoin d'une
recherche académique sur le placement de produits qui adopterait une
démarche qualitative pour étudier l'audience, autrement dit la
perception du placement de produit par les personnes interrogées et les
effets du placement de produit sur les spectateurs. C'est la raison pour
laquelle, elle opta pour une recherche « exploratoire »
visant à générer des hypothèses qui feraient
l'objet d'études ultérieures. Plus précisément, il
s'agissait, pour elle, de comprendre : - ce que le placement de produit
signifiait pour les spectateurs dans la vie de tous les jours, - les
réactions des spectateurs face à un placement de produit, etc.
La méthodologie qu'elle retint repose sur deux techniques
de collecte : dans un premier temps, des réunions exploratoires
(« exploratory focus group »), dans un deuxième
temps, des réunions phénoménologiques
(« phenomenological focus group »).
Delorme constitua des groupes mixtes d'hommes et de femmes allant
fréquemment au cinéma (une fois au moins par mois),
âgés de 18 à 20 ans, et étudiants à
l'Université de Georgie.
Au début de chaque réunion, elle diffusa une
vidéo-cassette, d'une quinzaine de minutes, d'extraits de films
avec de nombreuses marques placées202(*). Cette diffusion servit, selon ses propres dires, de
stimulus (« stimulus material ») pour commencer la
discussion.
Une fois, le visionnage de la bande d'extraits achevé,
l'animateur suivait un guide d'animation comprenant les thèmes
suivants203(*) : -
la conceptualisation (Avez-vous remarqué quelque chose de
semblable à tous ces extraits de films ?), - la connaissance
du placement de produit (Que pensez-vous que les marques font dans les
films ?) - les pensées ( Que pensez-vous des marques qui
sont placées dans des films ?), - le comportement (Comment
pensez-vous que les gens réagissent à la vue des marques dans les
films ?), - les expériences (Quelles réactions
avez-vous eues en regardant des marques placées ?), - les
perceptions, les opinions, les jugements de valeur, - le
« debriefing »
b) Deuxième méthodologie de Delorme (1995)
Denise E. Delorme (1995) a poursuivi ses travaux sur le placement
de produits.
Sa deuxième étude cherche à comprendre, dans
une logique « phénoménologique », la
façon dont est interprété par les spectateurs, au travers
leurs expériences de chaque jour, le placement de marques. Cet axe de
recherche fut retenu par Delorme après qu'elle ait constaté lors
de sa revue de littérature l'absence de connaissances sur la
signification, le sens, du placement de marque du point de vue des
spectateurs204(*)alors
que ce sont eux qui « font le succès ou l'échec des
marques placées dans les films». Du point de vue
méthodologique, Delorme, après avoir analysé les
méthodologies mises en oeuvre par les chercheurs qui avaient
étudié avant elle les spectateurs (« movie
audience ») 205(*), le placement de produits206(*) et le comportement de
l'audience face à un placement de produit 207(*), décida d'adopter une
approche phénoménologique et de collecter les réactions et
les interprétations des spectateurs vis-à-vis du placement de
produits en utilisant deux méthodes : « the
phenomenological focus group and the phenomenological in-depth
interview » (Chapter III, Research approach and methodology, p.39).
Dans les deux méthodes, Delorme utilisa un guide
d'entretien structuré en huit points :
- Introduction et Instructions Générales
- Niveau de connaissance et de compréhension du placement
de produit
- Expériences
- Expériences dans d'autres mass media et comparaison
- Effets perçus
- Interaction sociale
- Rôle du placement joué dans la vie
- Fin et debriefing.
Ayant constaté la difficulté de réaliser et
de diffuser une vidéo d'extraits de films lors de sa première
recherche en 1991, Delorme (1995) renonça à ce stimulus en
début d'interviews.208(*)
Pour notre part, nous avons décidé de passer outre
ses réticences.
Après avoir acheté la vidéocassette de
Taxi 2, nous l'avons visionné plusieurs fois pour
repérer les séquences les plus intéressantes de deux
points de vue complémentaires : - en matière de
présence de marques placées, - en matière
d'intérêt et de continuité de l'intrigue.
Nous ne souhaitions pas faire un « film
publicitaire » en ne retenant que les séquences avec un
placement de produit. Nous avons donc sélectionné les
séquences du film Taxi 2 les plus représentatives du
scénario, en respectant sa logique, de manière à ce que
les participants qui n'auraient pas vu le film en salles aient, malgré
tout, une vision d'ensemble du film.
Une fois, ce découpage réalisé, nous avons
monté une version courte de Taxi 2, avec l'aide
matérielle du CERIC209(*) et de Maurice Rabinovici210(*). Puis, nous en avons
réalisé plusieurs copies.
II- La rédaction et le test du guide d'entretien
Pour faciliter les comparaisons, nous avons pensé, un
moment, utiliser un guide d'entretien très proche de celui de Denise
Delorme.
Après traduction, nous l'avons testé lors
d'entretiens individuels. Nous avons également profité du fait
que des étudiants de l'UFR AES avaient à réaliser un
dossier dans le cadre de leurs travaux dirigés de marketing pour leur
proposer d'utiliser ce guide d'entretien.
Lors des entretiens individuels, les extraits de Taxi 2
n'étaient pas visionnés alors qu'ils le furent par les
participants à la mini-réunion.
___________________________________________________________________________
GUIDE D'ENTRETIEN TESTE
A. Introduction et Consignes
Bonjour. Je m'appelle Alexandre et aujourd'hui je voudrais vous
parler de vos expériences en tant que spectateur de cinéma. Cet
entretien peut être considéré comme une conversation
informelle. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Je souhaite
tout simplement accueillir vos opinions et vos expériences, qu'elles
soient positives ou négatives. Exprimez-vous à votre façon
et en détail. Soyez francs. Dites tout ce que vous voulez. Je suis ici
pour apprendre.
L'entretien va être enregistré. Tout ce que vous
dites restera strictement confidentiel. J'utiliserai l'enregistrement
uniquement à des fins d'analyse et d'évaluation. Vous pouvez donc
être assuré que l'anonymat sera scrupuleusement respecté.
Etes-vous prêt ?
B. Niveau de compréhension et de
connaissances
B1. Connaissez-vous l'expression « placement de
produit » ou « placement de marque » (dans les
films) ? Pourriez-vous m'expliquer ce que cela veut dire ?
Pour que nous soyons d'accord, le placement d'un produit ou d'une
marque est le fait d'insérer délibérément un
produit ou service dans un média (par exemple, les films).
L'enquêteur peut donner plus de précisions, si
nécessaire.
B2. Réfléchissez aux films que vous avez vus.
Avez-vous remarqué la présence de marques de produits ou de
services dans ces films ?
Comment avez-vous remarqué les produits ?
Qu'est-ce qui a attiré votre attention ?
Qu'est-ce qui a fait ressortir ces marques ?
Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
Pourquoi, à votre avis, ces produits ont-ils
été placés dans les films ?
Avez-vous d'autres choses à partager concernant le
placement de produits dans les films ?
Très bien. Maintenant, je voudrais vous poser quelques
questions concernant vos expériences avec le placement de produits ou de
marques.
C. Expériences
C1. Quand, ou à quelle occasion, avez-vous remarqué
les produits/marques dans les films ?
. Vous souvenez-vous d'expériences intéressantes
et mémorables en ce qui concerne les marques dans les films ?
Racontez-moi les expériences qui vous viennent à l'esprit.
C3. Vous souvenez-vous d'autres expériences ?
D. Expériences comparatives
D1. Avez-vous déjà constaté des
produits/marques dans des médias autres que le cinéma ?
Dans quels médias ?
Cassettes vidéos ?
Télévision (séries ? films ?
informations ? émissions de reportage ?)
Clips (de musique) ?
Chansons ?
Livres (romans ? livres de poésie ?)
Comédie (comiques ? bandes
dessinées ?)
Jeux vidéos ?
Articles de presse ?
Autre ?
D2. En quoi ces médias sont-ils différents ?
Comparaison du placement de produits dans les films et du
placement des produits dans d'autres médias.
Dans quel contexte le produit/marque a-t-il été
visualisé ?
Y a-t-il d'autres facteurs à ajouter ?
D3. Avez-vous constaté ces dernières années
une hausse ou une baisse des marques dans les films ?
E. Les effets perçus
E1. Pensez-vous que le placement des produits dans les films
puisse influencer les spectateurs d'une façon ou d'une autre ?
Quelles sont les influences ? Pouvez-vous citer des
exemples ?
Pensez-vous que le placement de produit sert à lancer de
nouveaux produits ?
Pensez-vous que le placement de produit sert à rappeler
les marques existantes ?
Pensez-vous que le placement de produit influence le
comportement d'achat ?
Est-ce que les produits dans les films ont eu un effet sur
vous ?
Comment ? De quelle façon ? Pouvez-vous citer
des exemples ?
Les effets sont-ils différents par rapport au placement de
produits dans d'autres médias ? Donnez des exemples.
F. Contexte social
F1. Après avoir vu un film, avez-vous déjà
parlé des produits/marques présents dans le film avec d'autres
personnes ?
Racontez-moi vos expériences.
Avez-vous déjà eu des conversations concernant des
produits/marques dans d'autres médias ?
Avez-vous déjà vu/entendu des personnes parler des
produits/marques dans les films ou dans d'autres médias ?
G. Importance personnelle
G1. Si je vous demandais de raconter une histoire ou
d'écrire une dissertation sur les placements des produits/marques, que
diriez-vous au sujet de leur pertinence dans votre vie ? En d'autres
termes, quel rôle ont-ils joué dans votre vie ? Quelle est
leur importance pour vous ?
H. Conclusion
H1. Avez-vous envie de rajouter quelque chose au sujet du
placement des produits dans les films ?
H2. Désirez-vous d'autres renseignements sur le placement
de produits ?
H3. Avez-vous des questions concernant cet entretien ou notre
étude ?
Je vous remercie d'avoir participé à notre
étude.
___________________________________________________________________________
Ce test du guide a fait apparaître les inconvénients
d'une trop grande directivité. Lors d'une réunion du CERIC, ce
risque avait été pressenti.
Ce test nous a permis, d'une part de vérifier : - les
effets positifs de la dynamique de groupe, - l'intérêt de projeter
un film avant la discussion pour créer un climat de confiance et de
sympathie mais aussi en tant que stimulus de départ et de lien tout au
long de l'interview, d'autre part de modifier sensiblement notre guide
d'animation.
III- L'organisation et le guide d'animation des interviews
de groupe
Nous avons choisi de réaliser nos interviews auprès
d'un groupe social que nous connaissions bien et dans lequel nous pensions que
le recrutement des participants serait plus aisé : les
étudiants de l'enseignement supérieur, de 20 à 26 ans. Par
ailleurs, les trois caractéristiques qui le définissent,
l'âge, le statut d'étudiant et le niveau d'instruction, donnent
à ce groupe un profil de spectateurs de qualité.
D'après les statistiques du CNC -
Médiamétrie « Enquête 75 000
Cinéma », en effet, le tranche d'âge de 20 - 24 ans
représente 17,4 % des entrées totales et a le nombre moyen
d'entrées le plus élevé avec 8,8 entrées par an. La
catégorie « élèves-étudiants »
a un taux de pénétration211(*) de 85,8%, le plus élevé de toutes les
professions. Le niveau d'instruction « supérieur »
correspond au taux de pénétration le plus élevé
(78,7%) de tous les niveaux d'instruction, au nombre moyen d'entrées le
plus élevé (8 fois par an) et cette catégorie
représente 48,8 % des entrées totales contre 27% pour le niveau
secondaire, 12,3% pour le niveau technique/professionnel et 11,9% pour le
niveau primaire.
En outre, la décision de n'interroger que des
étudiants de 20-26 ans nous permettait de respecter l'une des
« deux exigences méthodologiques » de la composition
d'un groupe restreint : l'homogénéité du groupe. Cet
impératif signifie, selon Roger Muchielli212(*), que les membres du groupe
« doivent pouvoir se considérer pratiquement comme des
égaux ». Pour assurer, la deuxième exigence
méthodologique, celle de « la représentativité
du groupe restreint à l'égard du groupe social
visé », nous avons lancer des actions de recrutement
auprès des étudiantes et des étudiants, de
différentes formations (Info-Com, Histoire, AES, Sciences,
Médecine, Sciences économiques, Droit, Psychologie, Langues,
STAPS).
1- Le recrutement des participants
Le recrutement des participants aux réunions, toujours
difficile, a nécessité plusieurs approches. Nous avons
placé, comme l'avait fait Denise E. Delorme mais elle avec de gros
moyens financiers213(*),
quelques affiches de format A4 dans les couloirs des trois universités
de Montpellier, ayant décidé de n'interroger que des
étudiants de 20 à 26 ans,
nous avons, en outre, utilisé nos amis et connaissances
(clubs sportifs, section d'Information et Communication, section Histoire,
anciens du Lycée Joffre, etc.) pour nous recommander des personnes
susceptibles d'accepter de participer à une réunion.
Nous avons sollicité des professeurs et chargés de
travaux dirigés pour qu'ils fassent une annonce lors de leurs cours.
Nous avons donné systématiquement deux moyens de
nous joindre : le numéro de téléphone de portable et
l'adresse e-mail
alexchirouze@AOL.com.
Nous avons également adressé un coup de
téléphone et/ou un e-mail à toutes les personnes dont nous
avions obtenu les coordonnées grâce aux
« parrains ».
Pour la première réunion, nous avons
été victime d'une part de sa planification au milieu du pont de
l'Ascension, d'autre part d'un excès d'optimisme. Nous avions l'accord
de 12 personnes et seules trois d'entre elles se sont présentées.
Nous avons, malgré tout, interviewé les
participants comme si de rien était afin de tester notre guide
d'animation. Cette mini-réunion fut, également, un excellent
entraînement.
Nous avons donc organisé deux autres réunions,
cette fois en prenant de nombreuses précautions pour avoir au moins 6
participants.
Nous avons évité les ponts, les week-end
prolongés, et rappelé systématiquement les personnes ayant
donné leur accord, quelques heures avant le début des
réunions.
Grâce à cela, nos réunions
comptèrent :
12 participants pour la première (sur 15 personnes ayant
donné leur accord, donc avec un taux d'absence de 20%)
8 participants pour la deuxième (sur 12 personnes
« sures », donc avec un taux d'absence de 33,33%)
Nous avons constaté, avant même la fin des
interviews, que la deuxième réunion était plus riche en
échanges que la première, plus difficile à animer
peut-être en raison du nombre plus élevé de participants
(12 contre 8) et/ou de leur personnalité.
Globalement, l'organisation des réunions, bien que
très prenante et stressante, fut, en définitive, moins difficile
que nous ne l'avions imaginée.
Il est vrai que nous avons profité d'une aide logistique
non négligeable : notamment, nous avons
bénéficié d'un bureau de la section
« Information et Communication » de l'Université
Paul-Valéry Montpellier 3.
2- L'organisation des interviews de groupe
Sachant que les conditions matérielles étaient
importantes dans le succès d'une interview de groupe, nous avons
préparé avec soin nos réunions en respectant point par
point la check-list suivante.
___________________________________________________________________________
Check-list de l'organisation de l'interview de
groupe
Installation de la salle (8 H.30)
1) Tester les appareils d'enregistrement :
magnétophone et camescope numérique Sony sur pied au fond de la
pièce.
2) Tester le magnétoscope et le téléviseur
avec une copie de notre version courte du film Taxi 2.
3) Placer un nombre suffisant de chaises autour de la table
ovale
4) Ecrire les instructions à observer au tableau
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse
Exprimez-vous librement
Dites ce que vous pensez réellement
Respectez les avis des autres même s'ils sont
différents des vôtres
Ne parlez pas tous en même temps
Respectez entre vous les règles
élémentaires de courtoisie
5) Accueillir les participants (à partir de 8 H.45)
6) Tenir la feuille de présence
7) Pointer l'ordre d'arrivée
8) Leur faire un cavalier à leur prénom
9) Les faire choisir leur place autour de la table (sauf la
mienne)
10) Offrir une boisson et des petits gâteaux
11) Remercier chaque participant individuellement
12) Leur demander au moins : leur âge, leur situation,
la fréquence à laquelle ils vont au cinéma
13) Demander la permission de les tutoyer.
14) Présenter les modes d'enregistrement et les rassurer
sur l'anonymat.
Début de la réunion (10 H.05)
- Quelques mots de remerciements
- Rappel des règles de fonctionnement et de courtoisie
d'une interview de groupe
- A titre de remerciement (de cadeau) et pour attendre les
derniers arrivants (faux motif) : diffusion de la version courte du film
TAXI 2
- Mettre en marche le magnétophone et le camescope
numérique à la fin de la diffusion du film.
Début de la discussion (10 H.20)
___________________________________________________________________________
Le guide d'entretien que nous avons utilisé, lors de nos
deux interviews de groupe, est le suivant.
Seule la consigne de départ n'a pas changé d'un
groupe à l'autre. Nous ne proposions les autres questions, thèmes
ou sous-thèmes que si ceux-ci n'étaient pas abordés
spontanément par le groupe.
__________________________________________________
GUIDE D'ENTRETIEN
Après la projection du film Taxi 2 (version de 15
minutes) :
1- Consigne de départ :
« Qu'avez-vous remarqué dans ce
film ? »
- Tour de table : selon l'ordre d'arrivée des
participants et non dans un sens classique tel que « le sens des
aiguilles d'une montre ».
- Reformulations
2- Avez-vous remarqué la présence de
marques de produits dans le film ?
- Lesquelles ?
- Dans quelle séquence ?
- Qu'est-ce qui a attiré votre attention ? : gros
plan, cadrage, visuel, auditif, utilisation de produit par un acteur ...
3- Selon vous, le fait qu'il y ait des marques, cela
apporte-t-il quelque chose au film ?
- Tour de table
- Du réalisme ?
- De l'argent pour financer le film ?
4- Pourquoi, à votre avis, les produits
(Peugeot 406, Mitsubichi, etc.) ont-ils été placés
dans le film Taxi 2 ?
- Pour le réalisateur : obtenir des produits
gratuitement ?, etc.
- Pour l'annonceur : figurer dans le
générique ?, etc.
- Relances : synthèses partielles, reformulations
5- Pensez-vous que le placement de produit
devrait-être réglementé ?
- pour éviter les excès ?
- pour éviter les abus d'une publicité
déguisée ?
- que proposeriez-vous pour éviter ces abus ?
6- Dans le passé, quand ou à quelle
occasion avez-vous remarqué des marques dans les
films ?
- dans quels films ?
- il y a combien de temps ?
- au cinéma ? à la
télévision ? sur une cassette vidéo ?
7- Pensez-vous que le placement de produit dans les films
puisse influencer les spectateurs et en quoi ?
- en matière de notoriété ? ex :
lors d'un lancement de produit nouveau ?
- en matière d'image ? ex : modification de
leurs attitudes
- dans leur comportement d'achat ? ex : achat du
produit
8- Est-ce que les produits dans les films ont
déjà eu une influence sur vous ?
- quand ? circonstances, exemples de films
- comment ? image, achat, etc.
9- Avez-vous constaté une différence
d'effets, sur vous, entre un film diffusé en salle et un film
diffusé à la télévision ?
- décrivez les expériences vécues
10- Après avoir vu un film, avez-vous
déjà parlé des marques présentes avec d'autres
personnes de votre entourage ?
- racontez vos expériences
- est-ce que cela a modifié votre façon de voir et
votre comportement à l'égard du produit (en positif, en
négatif) ?
11- Le placement de produit vous évoque-t-il des
sujets que nous n'avons pas abordés ?
lesquels ?
12- SYNTHESE FINALE
- obtenir l'accord des participants sur la synthèse
générale
- relancer sur les points de divergence
13- REMERCIEMENTS
__________________________________________________
II- L'analyse des interviews
Les réponses que nous avons obtenues lors des tests du
guide d'entretien (entretiens individuels et micro-groupe) firent l'objet d'une
lecture attentive, les phrases les plus importantes furent
dégagées et nous les avons parfois citées dans ce
mémoire. Elles furent également et principalement à
l'origine de la modification du guide d'animation des interviews de groupe.
Les deux interviews de groupe que nous avons
réalisées furent totalement retranscrits à la main, puis
dactylographiés (voir en annexe leur retranscription intégrale).
Nous nous sommes obligé à ce travail fastidieux pour bien
connaître chaque idée développée, chaque avis,
chaque controverse, etc.
Nous pensions effectuer un résumé pour chaque
interview qui viendrait compléter, corriger notre synthèse finale
que nous avions fait « à chaud » pour conclure nos
réunions.
Malgré les raccourcis des synthèses finales, nous
nous sommes rendu compte qu'un résumé de chacune des deux
retranscriptions n'apporterait pas suffisamment et qu'il enlèverait les
apports de la spontanéité et de l'approbation du
groupe.214(*)
C'est pourquoi nous avons opté pour une analyse de
contenu215(*) du corpus
composé des deux interviews.
1- La synthèse finale de la réunion 1
Composition de la réunion 1 : 12 personnes : 7
femmes, 5 hommes
Alban : 23 ans, étudiant, va 3 à 4 fois par
mois au cinéma
Bob : 26 ans, étudiant, va 1 à 2 fois par mois
au cinéma
Céline : 23 ans, étudiante, va une fois par
mois au cinéma
Danaïla : 22 ans, étudiante, va une fois par
mois au cinéma
Esther : 20 ans, étudiante, va une à deux fois
au cinéma par mois
Habila : 23 ans, étudiante, va une fois par mois au
cinéma
Ludovic : 24 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
Maria : 20 ans, étudiante, va une fois par mois au
cinéma
Mathilde : 20 ans, étudiante, va une fois par an au
cinéma
Mélanie : 20 ans, étudiante, va 5 fois par an
au cinéma
Sylvain : 24 ans, étudiant, va 4 fois par an au
cinéma
Vincent : 23 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
Synthèse finale orale :
« Je vais tenter de résumer tout ce que vous
avez dit. Dites-moi si vous êtes d'accord ou non. Vous avez
remarqué la marque Peugeot dans le film mis à part Ludovic et
Maria.
Certains estiment que le placement de produit peut apporter du
réalisme au film.
D'autres pensent que c'est un moyen de le financer.
Dans l'ensemble, vous semblez favorables à une
réglementation pour éviter les excès et surtout
protéger les jeunes.
Vous estimez que c'est une publicité
déguisée que de placer des produits dans un film.
Vous êtes, pour certains, influencés par ces marques
dans les films, même si ces produits sont généralement
inaccessibles car très coûteux. Avez-vous des compléments
à ajouter ? des nuances à apporter ? »
2- La synthèse finale de la réunion 2
Composition de la réunion 2 : 8 personnes : 3
femmes, 5 hommes
Caroline, 23 ans, étudiante, va 1 fois par mois au
cinéma
Fabrice, 25 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
Gilles, 23 ans, étudiant, va deux fois par mois au
cinéma
Katia, 26 ans, étudiante, va 6 fois par an au
cinéma
Michaël, 26 ans, étudiant, va 6 fois par an au
cinéma
Vincent, 20 ans, étudiant, va 2 fois par mois au
cinéma
Yan, 24 ans, étudiant, va 5 fois par an au
cinéma
Yasmine, 20 ans, étudiante, va 6 fois par an au
cinéma
Synthèse finale orale :
« Je vais tenter de résumer tout ce que vous
avez dit. N'hésitez pas à me dire si vous êtes d'accord ou
non. Vous avez remarqué la présence de marques dans le film que
je vous ai montré. Vous voyez généralement des marques
dans les films. Vous pensez, pour la plupart, que c'est en fonction de la
sensibilité de chacun que l'on remarque ou non une marque. Vous
remarquez d'autant plus la présence des marques lorsqu'il y a des gros
plans et des citations qui servent d'appoint pour les personnes peu
réceptives et bien sûr lorsque vous êtes
intéressés par la catégorie de produits en question. Vous
pensez également que la présence de produits dans un film apporte
du réalisme. Que cela peut améliorer la notoriété
de la marque et son image. Vous pensez que le placement peut avoir une certaine
influence sur les spectateurs. Mais, certains d'entre vous pensent que
ça ne joue pas réellement sur leur propre comportement. Mais vous
arrivez cependant à vous rappeler des marques placées. Le
placement de produit apporte, selon vous, du réalisme au film, et permet
de financer la production. Vous n'êtes pas très favorables
à une réglementation sauf en ce qui concerne la vitesse au volant
ou le tabac afin de protéger le jeune public. Car, selon vous, les
jeunes sont plus influencés par le placement de produit. Vous estimez,
pour la plupart, que si le nombre de marques présentes est
exagéré, le film en payera les conséquences par une baisse
de qualité et un bouche à oreille négatif. Avez-vous des
compléments à ajouter ? des nuances à
apporter ? »
3- L'analyse de contenu des deux interviews de groupe
Après avoir constitué notre corpus, nous avons
choisi comme unité de découpage le thème ou idée
thématique216(*).
En matière de catégorisation, nous nous sommes
volontairement dégagés du guide d'entretien d'autant plus
facilement que les réponses des interviewés avaient
été spontanées et n'avaient pas suivi l'ordre dans lequel
les thèmes figuraient dans le guide.
Une nouvelle lecture « flottante » de nos
retranscriptions intégrales nous a permis de dégager les
catégories217(*)
qui apparaissent dans le compte rendu 218(*) ci-dessous.
Une fois que notre grille de catégories a
été établie, nous avons relu l'ensemble du corpus,
découpé ce dernier en thèmes, correspondant
généralement à des phrases, puis répartis ces
dernières dans les catégories adéquates, en tentant de
nous rapprocher des qualités d'une bonne catégorisation
énoncées par Laurence Bardin219(*) notamment celle de l'exclusion mutuelle,
« cette condition stipule que chaque élément ne peut
être affecté à plus d'une seule case », et celle
de l'exhaustivité : « il n'y a pas lieu de laisser un
élément pour une raison quelconque »220(*) .
Ayant saisi l'ensemble du corpus sur Word, ce travail
méticuleux a été facilité par un usage
systématique de la fonction « couper/coller »
(« couper » et non « coller » pour
éviter de reprendre plusieurs fois la même phrase).
Nous avons opté pour une méthode qualitative
d'analyse plutôt que quantitative221(*).
A- Les réactions spontanées après la
diffusion de la version courte de Taxi 2 :
Les participants aux groupes font remarquer, dans un premier
temps, l'omniprésence « des voitures ».
Certains précisent « des voitures
cassées », et la plupart nomment les voitures en question
«il y a beaucoup de Peugeot », puis un
modèle de la gamme Peugeot, la 406, « on
voit beaucoup la 406 ».
Dans un deuxième temps, comme pour présenter les
personnages du film, après avoir parlé de la voiture du
« gentil », les participants citent les marques de
voitures, «il y a beaucoup de voitures, des Peugeot, des
Renault », puis certains d'entre eux identifient la
marque des « méchants » : « c'est
une 406 contre une Mitsubishi » donnant au
film son unité dramatique.
Il existe donc comme une suite des actants
observés :
Voitures => Peugeot => 406 => Personnage
1
Voitures=> Mutsubichi => Personnage 2
Voitures => Peugeot et Renault =>
personnages-adjuvants ou contrariants
Proposition dramatique222(*) => « Une 406 contre une
Mitsubichi »
En quelques phrases simples, les participants ont fait leur
propre analyse du scénario.
Ils isolent le couple « sujet-opposant », le
sujet-bon conduisant une 406 se heurtant à un
opposant-méchant au volant d'une Mitsubishi.
« Attention aux stéréotypes, parce
que les méchants japonais avaient des Mitsubishi et puis que les
bons français avaient des voitures
françaises »....
Avant de parler de l'histoire, des personnages joués par
des comédiens, les participants aux groupes abordent le film par les
produits et marques présents comme si l'intrigue passait au second plan.
« C'est vrai que l'on remarque beaucoup de marques
dans ce film. Elles étaient bien visibles »
« Le film était pas mal. On voit
Peugeot mais aussi des enseignes comme Feu Vert dans la
scène avec le camion. Sinon, on voit beaucoup de marques
françaises ».
B- Les marques vues dans la version courte de Taxi
2 :
Mis à part les deux marques principales, Peugeot et
Mitsubishi, de nombreuses autres marques sont citées. 15 marques, en
tout, sans compter les modèles (406, 306, 605, etc.)
Des marques de biens, notamment dans le domaine de
l'automobile : Renault, Citroën, Mercedes, Iveco, Pirelli,
Clarion
Des marques de biens alimentaires : Heineken
Des marques d'habillement : Adidas
Des enseignes ayant un lien avec l'automobile : Feu vert,
ADA, Esso
Des prestataires de services : Sernam
Un support du média Presse : La Provence
La mémorisation spontanée des marques et produits
est donc élevée. Et les marques françaises sont
perçues comme dominantes : «on voit beaucoup de marques
françaises ».
Il est intéressant de comparer ces marques avec celles
présentes dans le générique de fin qui, rappelons-le, fut
également diffusé : « Automobiles Peugeot, Feu
Vert, Mitsubishi, ADA, Clarion, Dalloyau, Véhicules tout terrain Polaris
importés par Wintersnow, Motorolla, Pirelli, Ricoh, Puma. Avec le
concours de : Aéroport de Paris, Aérospatiale Matra, Centre
d'essai de la Méditerranée, Sari développement, Louis
Vuitton Malletier », si l'on ne tient pas compte des autres
remerciements de fin : « La production remercie vivement :
Monsieur le Maire et la Mairie de Paris, La préfecture de Police de
Paris, Monsieur le Maire et la Ville de Marseille, la police de Marseille.
Remerciements : les municipalités de Boulogne Billancourt, Sucy en
Brie, ..., le Port Autonome de Marseille, Coteba management, Base
aérienne de Dricy, Compagnie Républicaine de
Sécurité, France Rail, RATP/TOTHEM S.A, Société
Aranel, Office National des Eaux et Forêts, Monsieur le
général de l'armée aérienne...., Le SIRPA Air, Le
SIRPA Terre, le personnel du Ministère de la Défense...,
international SOS, l'agence Air France Montparnasse. Frad Garson, Alexandre
Parigaux, Allibert, Gilette écriture, Guilbert Intersthull, Riowa,
Sofermbal, SPJParalux, Vieue Sonic, Psion France, Adidas, Ben Sherman, BDP,
Energie, Fédération Française de Football, FILA, Tipraine,
Deguelle, Levis, Nike, Sous le Soleil, Swatch. »
Si l'on ne retient que les produits et marques privés, les
participants ont :
cité en nombre près de la moitié des marques
et produits placés
cité des marques qui ne figurent pas parmi les marques
placées ( ?) : par exemple, Heineken, La Provence, la
Sernam, Mercedes, Renault, Citoën, Iveco, Esso, Adidas,
Cela signifie que le réalisateur a, sans doute,
utilisé un nombre non négligeable de marques sans compensation
financière et/ou matérielle uniquement pour reconstituer une
réalité.
C- L'association
Mémorisation/Séquence :
La séquence du début du film, la course de Rallye,
a frappé les esprits dès les premières secondes du
film : « Au début, on en voit beaucoup avec la course
automobile »
Puis, les séquences se suivent avec les marques :
« Mercedes, on la voit au début. La 406,
c'est du début jusqu'à la fin. La 306, c'est au
début pendant le Rallye...Après Mitsubishi, c'est pendant
le rapt ». Avec une marque constamment à l'écran
(ou presque) : la 406 Peugeot :
« je dirai qu'on ne voit pratiquement que la marque
Peugeot dans ce film ».
Des marques sont associées à des scènes bien
précises :
« Par exemple, la scène où il passe
le permis. On voit un décor avec La Provence. »
(Titre d'un quotidien)
« des enseignes comme Feu Vert dans la
scène avec le camion »
« Il y a Heineken ! Avec la canette de
bière sur le tableau de bord... » (d'une voiture de la
police nationale)
Il est intéressant de rappeler que ni La Provence, ni
Heineken ne sont des marques placées à en croire leur absence
dans le générique.
D- Les types de placement
mémorisés :
Les trois catégories de placements sont identifiables dans
les propos des participants aux groupes.
- Le placement uniquement visuel : « C'est
vrai que l'on remarque beaucoup de marques dans ce film. Elles étaient
bien visibles ».
- Le placement à la fois visuel, oral et
d'usage « Par exemple, Feu Vert ! C'est
flagrant ! Le chauffeur cite en plus la marque : « Vous ne
savez pas lire, y a marqué Feu Vert ».
- Le placement uniquement oral : « Oui, sinon
on l'entend : comme Peugeot 406 ou Mitsubishi qui est
cité dans le film par l'acteur ».
Le placement oral ou combiné (oral + visuel + usage), qui
fait appel à l'humour et/ou utilise les jeux de mots, est
également remarqué : « comme la scène
avec les motards qui lisent 306 au lieu de
406 » (306 km/h pour le modèle 406, et non
l'autre modèle de Peugeot, la 306).
« Comme la scène avec le ministre où
ils disent « ils vont essayer de vendre une
Peugeot », c'est cité en plus. Là, en plus, ils
jouent sur l'humour. »
Le placement oral montre son intérêt dans deux
cas :
- Le placement oral permet de corriger une erreur de
reconnaissance : « Pour les Mitsubishi, c'est quand
l'acteur le dit. Au début, je croyais que c'étaient des
Subaru ... », « Quand j'ai vu l'affiche du film
quand le film est sorti, j'ai vu que c'étaient des
BMW. » ... « Je croyais que c'étaient
des BMW, il a fallu attendre que l'acteur le dise pour que je comprenne
que c'étaient des Mitsubishi. Par contre, dans le N°1, on
reconnaissait bien les Mercedes. »
- Le placement de produit permet de faire connaître la
marque à une personne qui l'ignore : « si on montre
ce film à ma mère, elle ne reconnaîtra pas la voiture. Faut
attendre qu'on lui dise ce que c'est. C'est comme les voitures des
méchants, si tu ne connais pas, personne ne
reconnaît. »
L'inscription des marques dans le générique est
également citée. Certains regardent le générique
pour connaître le nom de la musique du film et celui de son compositeur,
« On oublie de parler de la musique des films. Mais, c'est
fréquent chez moi de vouloir l'acheter », ou la marque
utilisée au cours du film : « Disons que si un spectateur
voit une bouteille de Martini, par exemple, peut-être qu'il
attendra la fin pour voir si c'était vraiment ça
... ».
Mais certains regrettent qu'« on ne le voit pas
bien, ça va vite, je me demande si c'est vraiment utile pour la
marque... ». En outre, « on se lève quand
même souvent avant la fin » et « puis
à la télé, c'est couper en plus la
fin... »
E- La perception des objectifs poursuivis par les annonceurs
dans Taxi 2 :
Les participants ont bien compris l'objectif de couverture
visé par les annonceurs : « C'est un film à
gros succès que beaucoup de personnes ont vu. Beaucoup de places au
cinéma, plus la vente de cassettes...A la sortie du premier, on a
beaucoup parlé de la 406. » « La
406 est dans ce film pour toucher un maximum de
monde. »
Ils ont également instinctivement distingué les
trois objectifs publicitaires classiques : faire connaître (niveau
cognitif, notoriété), faire aimer (niveau affectif,
image), faire agir (niveau conatif, comportement, consommation, achat).
Des objectifs de notoriété, notamment pour de
nouveaux modèles : «je pense que ces produits sont
placés non pas pour provoquer tout de suite l'achat, mais pour faire
connaître sa marque. Ca fait voir la marque et puis c'est
tout »...
« Oui, pour le lancement d'un produit
nouveau. C'est vrai que la 406 n'était pas très connue
avant le film. C'est pareil pour la Mitsubishi. Personne la connaissait
avant le film ». « Pour lancer un nouveau
modèle ». « Pour la 406, c'est
pareil ! Au début, dans Taxi, la 406 était à
peine arrivée sur le marché. »
Mais, de nombreux participants ne voient pas
l'intérêt de placer une marque non connue dans un film.
Certains considèrent que les marques connues visent
d'autres objectifs (d'image, de ventes ?) :
« Il y a beaucoup de marques qui sont dans ce film
et qui ont déjà une image de marque et de la
notoriété. Je ne pense pas que ces marques aient besoin de
ça pour avoir une plus grande
notoriété. »
Des objectifs d'image sont identifiés par les
participants :
- par exemple, celui d'associer Peugeot à la
sécurité : « On entend beaucoup le mot
Peugeot, en particulier avec la voiture blindée conçue
pour la sécurité ».
- Objectif d'image qui peut-être associé à un
objectif de rappel, pour éviter une baisse de la
notoriété : « Je pense aussi que c'est pour
l'image de marque, pour dire « on est toujours là, on fait de la
qualité ».
Aussi bien l'objectif de vente de l'annonceur que les
conséquences sur les ventes sont perçus par les
participants :
« dans Taxi, Peugeot a placé sa
voiture pour vendre davantage de 406. »
« C'est incroyable le nombre de 406 blanche
qu'on a pu voir après la sortie du film ! »
F- Les objectifs du producteur et du réalisateur selon
les participants :
Trois objectifs se dégagent : la participation
financière et/ou matérielle de l'annonceur, la reconstitution de
la réalité et le gain de temps.
La plupart des participants aux groupes voient dans le placement
de marques dans Taxi 2 un moyen de financer la production :
« c'est pour financer les films. »,
L'un des participants n'y croit pas trop :
« Non, moi, je pense qu'ils ont dû payer les voitures, dans
le budget du film, il devait avoir une grosse part pour l'achat de
voitures. »
Mais, la contribution des annonceurs est perçue comme
étant plus matérielle que financière :
- par des dons ou des prêts de matériels :
« je pense que pour ce film, on a donné, par exemple, des
pneus pour les cascades donc les marques ont donné plutôt que de
financer. », « Ca fait ça en moins de payer
des voitures ! Les voitures sont livrées gratuitement et, en
échange, on les voit dans le film. », « Ce
qui est bizarre, c'est qu'à chaque fois qu'il y a de la casse, c'est une
Peugeot. Je pense que Peugeot a donné des voitures. »,
« ils doivent aussi obtenir des prêts de voitures. Ca
évite de les acheter ! »
- par de l'argent remis par l'annonceur à la
production : «Ca fait des sponsors.» qui apportent
« de l'argent, surtout ».
Il est à noter, qu'à plusieurs reprises, des
participants ont qualifié d'américain ce mode de
participation à la production cinématographique :
« C'est du financement à
l'américaine », «
c'est un film à l'américaine. »
On sent que tout est fait dans ce film pour y mettre des marques. Ils mettent
en avant les marques. C'est même presque exagéré. Surtout
par rapport à un film français classique.
Les participants reconnaissent l'influence des marques sur la
création d'un univers réaliste, « Cela dit ces
marques sont nécessaires. Ca rend le film plus
crédible » :
- en créant des décors familiers dans lesquels
les spectateurs ont leurs repères :
« ça rend le film plus réaliste. Par
exemple, la scène où il passe le permis. On voit un décor
avec La Provence. S'il n'y avait eu rien, le décor était
vide. Et on aurait moins vu de quoi il s'agissait. Là on voit bien que
c'est un bar tabac. »
« Pour donner du réalisme. Dans la rue,
c'est pareil »
- En donnant des attributs réalistes aux personnages y
compris secondaires : « il y avait en plus le côté
réaliste avec les voitures des flics qui étaient des
Peugeot ou des Renault... »
Cet apport de réalisme existe même si le produit est
modifié, embelli par l'hyperbole :
« La voiture. Mais elle semble modifiée par
rapport à la réalité »
Cela, même si la présence de la marque n'est pas
forcément un placement, mais le fait du hasard de la prise de vue :
« C'est vrai, d'ailleurs pour la Sernam, je
ne sais pas si c'est fait exprès ! C'est en petit derrière.
C'est peut-être un hasard. »
« la prise de vue était bonne et, si
ça se trouve, ils l'ont remarqué mais ils l'ont
gardé... »
Certains participants voient également, dans le placement,
un moyen de faciliter la réalisation du film, une sorte de solution pour
gagner du temps : « c'est quand même plus facile de
reprendre une 406 que d'en fabriquer une pour le film de A à
Z »
G- Le placement ne conduit pas toujours à l'association
souhaitée :
Par exemple, le placement du maillot fourni par la
Fédération Française de Football a conduit à
plusieurs associations :
L'association avec la marque Adidas : « j'ai
vu Adidas, le maillot », « c'est comme pour
le maillot Adidas, on sait très bien ce qu'est cette marque, en
plus c'est le maillot de l'Equipe de France. On sait que c'est
Adidas. »
l'association avec Zinédine Zidane :
« j'ai vu le maillot. Avec Zidane dessus »
l'association avec seulement l'équipe de France de
football : « J'ai pas fait le rapprochement. J'ai vu que
c'était le maillot de l'équipe de France, mais je n'ai pas
vu que c'était la marque Adidas. »,
« J'ai vu l'équipe de France. C'est
tout... »
l'association avec les « 3 bandes »,
élément d'identification de la marque Adidas :
« je me rappelle avoir vu les 3 bandes d'Adidas mais je
n'ai pas fait le rapprochement non plus. »
H- Les marques mémorisées dans les autres
films :
Le placement de produit semble avoir des effets à long
terme sur la mémoire :
Le souvenir de films anciens dans lesquels des marques
étaient présentes revient très vite dans la
discussion : « Dans les Tontons Flingueurs, il y a une
séquence où on parle de Pastis, de Martini,
d'alcool.. »
Les films à succès sont également souvent
cités en précisant la présence d'une seule marque,
« dans Matrix, on voit bien la marque Nokia »
ou, de plusieurs : « Dans les Visiteurs aussi, Chanel
ou la R4 de la
Poste »... « Oui, il y avait
Campanile aussi.. »
Les films où le produit participe à l'action d'une
manière inattendue : « je me souviens d'un Van Damme
où il est sauvé par un distributeur de Coca
Cola... », ou d'une façon
humoristique : « Dans Mission Cléopâtre,
il y a beaucoup de dérisions. Comme Itinéris qui ne capte
pas bien... ».. « je pensais à Austin
Rovers. Parfois, il se posait devant un produit en face la caméra et
continuait son dialogue ».
Cette mémorisation à long terme semble
favorisée lorsque la marque est présente dans plusieurs films
successifs : « Je remarque souvent, dans les films
américains, la présence de Motorola pour les
téléphones portables »... « Ce que
je remarque dans les films américains, c'est la présence de
Nike dans presque tous les cas. Mais ça ne gêne pas. Je
trouve ça assez naturel. »
Les films à plusieurs volets où le personnage
principal est associé à une marque :
«L'intérêt avec les James Bond ou les Taxi, c'est que la
marque est longtemps associée au film. Taxi, ça sera toujours une
Peugeot. C'est évident. James Bond, ça a été
trois fois de suite BMW. ».. «dans James
Bond. Avec l'Aston Martin. En plus, on la voit plusieurs fois, car
ça colle à la peau du personnage. Sauf dans les derniers
où il y avait des BMW. Mais ils vont revenir, paraît-il,
aux Aston Martin ».
Les séries TV : « A la
télévision, dans les sitcoms. Par exemple dans Friends, les
actrices ont des Versace : c'était juste cité, mais
je m'en souviens ».
La répétition du placement, soit parce que le film
a été souvent rediffusé, soit parce le produit est
placé dans les différents volets d'une même histoire a,
semble-t-il, des effets sur la mémorisation.
Les films récents tels que Le Raid et Le
Boulet semblent avoir marqué les esprits par la profusion de
marques placées, « de plus en plus de films
français tendent à
s'américaniser... » :
« Plus récemment, dans le
Raid ! » .. « Ouais, y a que
ça ! Adidas sur Adidas avec les étiquettes qui
ressortent. C'était surtout des marques de
vêtements »... « Adidas et
Nike. Et Calvin
Klein »... « Oui, parce qu'ils ont de
gros ceinturons Calvin Klein ! Là, oui, ça sautait
aux yeux ! Et puis, à la fin on s'amusait à regarder les
marques et on voyait que çà ! Le Boulet, c'est pareil :
Cristalline, 406, etc. »
Mais il semble que la saturation soit presque atteinte dans
certains films notamment dans les films français récents.
« Ce film est un gros message publicitaire. C'est
trop ». Le placement de produit est accepté à
certaines conditions : « à condition de ne pas la
montrer pendant 95% du film ... Là c'est un film autour de
çà, la voiture, la 406. Le film est fait autour d'une
marque. » ...
I- La saturation en marques placées :
Une certaine exaspération est, en effet, perceptible chez
les participants aux groupes.
« Le Raid, c'est vraiment abusé. C'est du
genre : c'est quoi comme pointure : c'est du
Adidas ! »
« C'est du 31 Nike ou du 39
Adidas ? C'est lourd ! Ca saoule ! C'est de la pub. C'est
plus du réalisme, quand il y en a une ou deux : OK ! Ca va.
Mais là, y-a que ça. Et ça joue sur la qualité du
film. Faut que ce soit presque naturel. Là, c'est
excessif ! »... « c'est beaucoup trop.
C'est un film fait pour les marques. La mise en scène est adaptée
pour les marques, l'histoire est complètement bidon. On ne voit plus le
film, on ne voit que ça.. Le personnage principal, c'est la
marque ».
J- Les limites tolérables :
Elles sont très difficiles à fixer, le spectateur
français ayant l'expérience des deux modes d'utilisation du
placement : le mode français et le mode américain.
« Si, à toutes les séquences
maintenant, on voit une marque, cela risque de devenir lassant. Il y a
peut-être une limite à ne pas franchir. »
« il faut un bon dosage. Ne pas être trop
matraqué. »
Il ressort, toutefois, que Taxi 2 soit une
référence en matière de seuil à ne pas
dépasser :
« Oui et encore dans Taxi 2, ça va. On voit
surtout Peugeot. D'ailleurs dans le générique, il n'y a
pas tant de marques que ça citées...Feu vert, ADA
de remerciées.
Si on regarde le Raid, il y a plus de 90 marques
citées et que l'on voit du début jusqu'à la
fin. »
Il n'en reste pas moins que le matraquage est assez rare en
France. Les exemples de sur-placement étant récents (Le
Boulet et surtout Le Raid) : « Cela dit dans
les films français, c'est plus rare. A la fin des
génériques dans les films américains, il suffit de voir
tous les remerciements ...Il y en a plein ! »
Cette double culture cinématographique des spectateurs
français peut être utilisée en vue d'un meilleur
impact : « Disons que, quand j'ai vu Feu Vert, j'ai
tilté. Ca m'a semblé étrange de voir ça sur un film
français. C'était très flagrant »
K- De l'intérêt du sur-placement pour les
annonceurs :
Mais, la conséquence d'un placement pléthorique
peut ne pas être néfaste pour l'annonceur dans la mesure où
les discussions entre amis ont souvent pour sujet les films à forte
densité de placement :
« Dans Matrix, j'en avais parlé après
pour le téléphone portable. On en avait même ri entre amies
après ! » ... « Moi, c'est dans
les films farfelus comme Scream, etc. J'en reparle parfois »
... « Moi, ça été avec le
Raid »...« Quand c'est vraiment gros, on en reparle
oui.. ».
Alors que « Quand c'est bien fait, on n'en parle
pas parce que c'est normal pour nous de voir une marque comme dans la vie de
tous les jours. »
En conséquence, tandis que pour le réalisateur, la
présence discrète d'une marque contribue au réalisme, pour
l'annonceur, la discrétion n'est pas forcément une bonne chose
puisqu'elle fait passer inaperçue sa présence dans le film et ne
génère pas de discussions entre amis.
« Mes copines en parlent souvent des marques mais
ça m'énerve »
Mais, la reconnaissance et la mémorisation ne sont pas
l'assurance d'une bonne image. Le bouche à oreille ne risque-t-il pas
d'être négatif ? : « tu pourras le dire
aux autres, dire que c'est nul, qu'il n'y a que des
marques. »
L- Le risque d'un placement aux effets négatifs sur le
spectateur :
Il est évoqué moins dans le cadre d'un placement
surabondant que dans celui de l'utilisation d'une marque dans une scène.
« Pourtant, on ne peut pas dire que la scène
du camion Feu vert soit réellement favorable à la
marque ». « Non, c'est vrai... »
« Enfoncer des couteaux dans une canette de
Pepsi, là ça pourrait nuire à une
marque ».
« Par contre, ça peut avoir un effet
négatif comme dans Pearl Harbour où le Coca se
mélange avec du sang, ça n'a rien à faire là !
Ca casse, selon moi, l'image de la marque ».223(*)
« Je me souviens, dans le Professeur Foldingue, un
moment il ouvre un tiroir et on voit plein de marques de gâteaux, et bien
moi je trouve que c'est de l'anti-pub ! (Rires) : il pèse 150
kilos.... »
La forte présence de marques dans le placement ne semble
pas agir directement sur les spectateurs mais indirectement par la baisse de la
qualité du film.
« Si le producteur veut gâcher son film en
mettant que de la pub, c'est son problème. Les gens ne vont pas
apprécier ». « Si son film est
« naze », c'est le directeur du film qui le payera
... »
Chaîne des effets d'un sur-placement
___________________________________________________________________________
Pléthore de marques placées => Risque d'une
qualité médiocre du film
(1) & (2) & (3)
(1) => Moindre succès commercial => Moindre
couverture de la cible visée => Moindre impact sur la marque
(2) => Moindre succès commercial =>
Difficultés financières pour le producteur
(3) => Moindre reconnaissance du réalisateur par le
public et ses pairs.
___________________________________________________________________________
M- Les raisons d'une certaine acceptation d'un fort
placement :
Plusieurs raisons apparaissent :
La première nous vient de l'autre côté de
l'Atlantique : les films, les séries TV et les
téléfilms américains ont habitué le public
français à voir un très grand nombre de marques
placées. Un film français est toujours comparé au standard
américain : « Cela dit, dans les films
français, c'est plus rare. A la fin des génériques dans
les films américains, il suffit de voir tous les remerciements ...Il y
en a plein ! »
« On sent que tout est fait dans ce film (Taxi 2)
pour y mettre des marques. Ils mettent en avant les marques. C'est même
presque exagéré. Surtout par rapport à un film
français classique. ». « dans Friends, je
remarque souvent des marques. Dans les séries américaines,
surtout.. »
L'idée (fausse ?) qu'en France, c'est mieux
qu'ailleurs : « De toute façon, il ne faut pas
cracher sur le placement de produit, même si le 7ème
Art devrait être protégé par cette société
libérale et de consommation. Je pense qu'en France on a encore le recul
pour analyser ça. »
Une certaine habitude de voir des marques utilisées par
des personnages qui perdraient une part de leur charisme, de leur
personnalité, s'il n'en avait pas : « Dans les James
Bond, c'est vrai que déjà il y en a beaucoup, il a sa
Rolex, sa Rover, etc., etc. ...Encore dans les James Bond,
ça passe mieux parce que c'est plusieurs marques. Et puis, James Bond,
c'est un mec qui a toujours eu plusieurs marques sur lui ou avec
lui... ». Nous reviendrons sur ce mécanisme
d'identification au personnage dans le cadre des achats d'imitation (voir plus
loin).
La troisième raison est la conséquence des deux
premières : un produit sans marque dans une scène peut
choquer le spectateur : « Ce qui m'a étonné,
c'est la scène dans Taxi 2 avec le Yakusa qui utilise son ordinateur de
poche qui ne sert à rien du tout et qui, pour une fois, n'a pas de
marque ! »
A ces deux raisons, il faut bien sûr ajouter tout ce que
nous avons écrit sur le réalisme que les marques apportent au
film.
De même, l'habitude d'une certaine pression publicitaire
dans la vie quotidienne y est pour beaucoup : « de toute
façon, on sort dans la rue, on est matraqué de
publicité : les affiches, etc. », « De
toute façon, on vit autour des marques. Autour de nous, il n'y a que
ça. Et quand on en voit dans un film, on la reconnaît avec sa
renommée ». « De toute façon, on est
tellement habitué à voir une marque ».
N- Le risque d'une absence de placement :
L'absence de marques dans un film peut rendre plus difficile
l'entrée du spectateur dans l'histoire : « à
la limite, le fait de ne plus voir une marque pourrait choquer
même ! »... « de toute
façon, je n'ai jamais vu de courses automobiles sans sponsors au bord de
la route ! »... « C'est pour
éviter de camoufler les marques, aussi ! Au lieu de les cacher, on
les montre »... « ça serait stupide de
mettre un cache devant une marque, sinon ça casserait tout le film. Je
veux dire, si dans un film on met une Porsche et que l'on cache son logo
où qu'on le transforme un peu, ça ferait film, mais ça ne
ferait pas réel. ».. « C'est comme si,
dans un film avec une scène de cocktail, on ne voyait pas les marques de
bouteille. Ca ne ferait pas réaliste du tout »
D'autant que dans la réalité, nous l'avons vu, les
participants se sentent entourer de messages publicitaires. « de
toute façon, je n'ai jamais vu de courses automobiles sans sponsors au
bord de la route ! ».
Autrement dit, la réalité de la vie est pleine de
marques, si le film veut faire vivre une histoire que le réalisateur
souhaite être prise pour réelle, l'absence de marques serait une
erreur grave parce qu'elle serait un indice d'irréalisme. Les
spécialistes du scénario savent bien que « pour
captiver l'attention de son public...il faut que le spectateur s'identifie
à l'action ».224(*)
L'absence de marques, alors que le public y est habitué,
pourrait avoir une conséquence sur l'identification à l'action.
O- L'influence de la prise de vue sur l'acceptabilité
du placement et la mémorisation :
Bien que nos participants n'aient pas de connaissances techniques
cinématographiques, certains d'entre eux ont abordé le rôle
des techniques de prise de vue sur l'acceptabilité et l'impact du
placement.
Les plans rapprochés, les impressions de vitesse dans
l'action rendent plus acceptables la présence de marques :
« En fait, dans Taxi, ça ne choque pas trop parce qu'en
fait il y a des marques tout le long. Alors que, parfois, j'ai
été choqué de voir par le passé des gros zooms sur
une marque en plein milieu d'un film. Dans Taxi, c'est dans le fil de
l'action ».
Les gros plans, les zooms et autres techniques de prises de vue
semblent favoriser la mémorisation de la marque et de la scène.
« C'est souvent des gros plans sur le Lion
Peugeot »
« La prise de vue était
bonne », « tout est fait pour qu'on la
voit »
« Dans Matrix, le portable est sorti en même
temps que le film. Et on le voit bien en gros plan. »
« Il y a une scène où un japonais sort un
truc qu'il ouvre et ça ne sert absolument à rien, mais on voit
très bien la marque, c'est un Psion... »
« Dans le Boulet aussi, il y a une course de
voitures dans le désert et on voit tous les sponsors Optique
2000, 406....avec de gros plans ».
On voit là encore les intérêts antagonistes
des acteurs du placement :
L'acceptabilité est recherchée par le
réalisateur et le producteur, le premier recherchant le réalisme,
le second un financement sans nuire aux chances de succès du film.
L'impact est recherché par l'annonceur.
Or, ce qui est accepté semble moins efficace.
La solution semble être de disperser les marques tout au
long du film comme dans Taxi 2 : « « Au
début, on en voit » . « Mercedes, on
la voit au début. La 406, c'est du début jusqu'à la
fin. La 306, c'est au début pendant le Rallye...Après,
Mitsubishi, c'est pendant le rapt ».
« En fait, dans Taxi, ça ne choque pas trop
parce qu'en fait il y a des marques tout le long. »
Autrement dit, le placement doit suivre le modèle
d'articulation globale interne du scénario de Syd Field selon
lequel : « si nous pouvions prendre un scénario, le
mettre à plat et le suspendre au mur pour l'examiner comme un tableau,
cela ressemblerait à ce diagramme225(*) :
___________________________________________________________________________
Début Milieu Fin
___________________________________________________________________________
Acte 1 Acte 2 Acte 3
>>>>>
>>>>>>>>>>>>>>>>
Exposition Noeud de l'intrigue Résolution
Cette dispersion des placements est une question de dosage
interne mais aussi :
une question de véracité et d'utilité :
il faut que la marque apporte quelque chose à l'intrigue
une question d'équilibre entre la (ou les) marque(s)
principale(s) et les marques secondaires : afin que ces dernières
ne soient pas totalement imperceptibles : « mais à
part la 406, je ne pense pas qu'ici les autres marques influencent
beaucoup. Je ne pense pas qu'elles aient eu des retombées après
ce film »
une question de crédibilité des marques afin
que les spectateurs n'aient pas le sentiment d'être victimes d'une
publicité mensongère : « Oui et puis dans Taxi
2, c'est un bon équipementier : les pneus, préparations
de voitures.. » Cela même si le réalisateur utilise
l'hyperbole publicitaire : « Même si ce n'est pas une
voiture réelle, c'est vrai que c'est une publicité permanente
dans ce film.. »
P- L'impact d'un placement de produit sur les
spectateurs :
Les participants aux groupes sont conscients de l'impact du
placement de produit mais font une distinction entre le degré
d'influence sur eux et celui sur les autres.
Ils considèrent naturellement que les effets du placement
sur les autres sont bien plus élevés que sur eux-mêmes.
___________________________________________________________________________
Les exemples cités pour montrer l'influence sur
les autres ne manquent pas :
« C'est comme le maillot Equipe de France,
on voit le héros Samy Nacéri le porter dans la rue, ça
peut donner envie aux gens de faire comme lui et le porter dans la vie de tous
les jours », « Ca l'a modifié un peu, pour l'achat
de la 406 »
« la Z3 dans James Bond. On en voyait
beaucoup après le film »
___________________________________________________________________________
Les participants considèrent que le placement de produit a
des effets sur le comportement des individus même si ceux-ci n'en ont pas
toujours conscience : « je dirais qu'il y a aussi des
tendances ou des coiffures dans les films qu'on retrouve après dans la
rue....Pour les marques, c'est pareil. Mais les gens ne s'en rendent pas
compte. »...
En revanche, très peu de participants ont avoué,
dans un premier temps, avoir modifié leur comportement après
avoir vu une marque dans un film. Les langues se sont, toutefois,
déliées au fur et à mesure de l'avancement de la
réunion et des effets de la dynamique de groupe et des plaisanteries du
genre de la suivante : « Si, moi si, j'ai tout de suite
été courir l'acheter dans un magasin ! (dit sur un ton
ironique) » et déclenchant des rires...
Autrement dit, les participants ont tenté de nier toute
influence du placement de produit en cherchant à rationaliser leurs
comportements : « Je suis complètement insensible
à toutes ces marques »
... « sincèrement, c'est pas parce que j'ai vu une
Mitsubishi ou la marque Feu Vert que je vais me précipiter
dans un magasin. J'ai mon opinion sur les produits et puis c'est
tout.. »
Certains ont minimisé le degré d'influence :
« Bon, c'est vrai que dans Taxi, j'ai bien aimé la
voiture...Mais, de là à l'acheter... ».
... « comme on s'en rappelle parfois, ça nous touche
quand même un peu »...limitant les effets à la
connaissance et à l'image qu'ils ont de la marque après le
placement : « je me souviens de la moto,
Triumph, dans Mission Impossible 2, bon je l'ai vue, elle m'a plu, elle
est belle, mais c'est pas pour autant que je l'achèterai. Je ne me
ruinerai pas à l'acheter... ». D'autres ont
minimisé les effets dans le temps : « De toute
façon, maintenant dans tous les films, il y a au moins une marque
citée, mais le problème c'est qu'une fois que je sors du
cinéma, j'oublie de suite.. »
D'autres ont semblé regretter que les placements
concernaient des produits chers donc inaccessibles : « De
toute façon, il y a aussi une part de rêve, car c'est le genre de
voitures qu'on ne peut pas se payer. Dans les films généralement,
ce sont des voitures chères »...
D'autres, encore, ont feint de ne pas connaître les
étapes de la persuasion publicitaire, tout en les décrivant
correctement : « Moi, je ne sais pas comment ça
marche la pub. Tu sais jamais si tu achètes des produits parce que tu
les as vus à la télé ou autres.. Dans un magasin de Hi-Fi,
c'est vrai que j'ai tendance à acheter une marque. Mais je sais pas si
c'est à cause de la pub ou de la confiance que j'ai de la marque. Je me
sens rassuré avec la marque, c'est tout ».
Allant pour certains jusqu'à s'interroger sur la
subjectivité des observations post-visionnage :
« mais est-ce que tu l'as remarqué parce que justement tu
avais vu le film ? ».
Ceci donne à réfléchir sur l'utilisation du
placement dans le cadre d'une stratégie d'ancrage publicitaire :
« Feu Vert, moi, je ne savais pas ce que c'était,
mais maintenant que le fait d'avoir vu Feu Vert dans ce film pourrait
à l'avenir me donner envie d'y aller si j'en ai besoin un jour. C'est
pareil pour ADA. Si j'ai bien compris, c'est une société
de déménagement et si je dois faire ça un jour
peut-être que ça me restera dans la tête. J'irai
plutôt chez ADA que chez
Tartempion »... « ça peut jouer sur le
long terme », ou dans le cadre d'une stratégie de
réassurance post-achat (dissonance cognitive) ou encore de celle
d'assurance pré-achat, autrement dit de
« labellisation » par personnification :
« c'est une marque d'appareil électronique. James
Bond s'en sert aussi », sous-entendu : c'est
forcément une bonne marque...
Le placement de produit a bien, en définitive
(malgré les réticences à l'avouer au départ), des
effets sur les achats : «Qui n'a pas acheté des Ray Ban
Blues Brothers ou Tom Cruise ? Bon, et puis c'est des Ray
Ban ! Tout le monde les a achetées ! ».
« Il y avait un film sur M6, « Un combat
de trop », je crois. Bon, le film était pas terrible mais le
héros du film qui sortait de prison était allé s'acheter
des vêtements et il avait un pantalon qui m'a plu et j'ai cherché
partout à Montpellier un pantalon du même type. Et deux semaines
après, je l'ai acheté. C'est pareil pour les musiques d'un film.
Parfois, j'attends la fin du générique pour voir qui en a fait la
musique ».
Q- Les conditions d'une maximisation des effets :
Le placement de produit apparaît plus efficace quand il est
associé à des opérations annexes telles qu'un
Tie-in : « d'ailleurs, à un moment donné,
à Feu Vert, il y avait une publicité de Taxi. Et on
vendait les ailerons, les phares...C'était pour le premier Taxi. Du
matériel de Tuning avec la photo du film Taxi. ».
La bande annonce a également un rôle positif sur la
reconnaissance et la mémorisation : « C'est vrai que dans
ce film, on savait à l'avance que Taxi, c'était un film sur
Peugeot. Les Peugeot contre les Mercedes ou les
japonais... » et favorise le bouche à oreille : «
Alors Taxi, j'en avais parlé parce que j'avais vu une
bande-annonce. »
Le placement principal est considéré comme plus
efficace que les placements secondaires : « mais à
part la 406, je ne pense pas qu'ici les autres marques influencent
beaucoup. Je ne pense pas qu'elles aient eu des retombées après
ce film. »
Toutefois, les participants ont bien perçu les
degrés différents d'influence selon l'intérêt que
l'individu porte :
- à la catégorie de produits au moment du
visionnage du film : « Mais, je me dis que si quelqu'un veut
s'acheter une voiture et qu'à ce moment, il voit le film, il peut avoir
un déclic sur la 406. Une 406 au lieu d'une
BMW... »
- à la catégorie de produits en tant que besoin
à satisfaire : « je pense que ça influence quelque
part, mais à condition de s'intéresser aux
voitures. ».. « oui, parce qu' ici c'est
vraiment centré sur les voitures. Et dans un film, on est vraiment
attiré par elle. »... « Sinon, je
regarde surtout les marques d'électronique parce que j'aime bien
ça. Dans Taxi 2, j'ai regardé les
téléphones »... « Moi, je
regarde plutôt les marques qui me touchent personnellement. Si il y a une
belle voiture, je vais regarder parce que j'aime bien les voitures. C'est
pareil pour les cigarettes, les montres... Une femme verra Versace ou
Nike comme ça a été dit alors que moi,
non ! »... « Dans le Boulet, je me
rappelle des raquettes de badminton mais c'est vrai que c'est parce que j'y
joue souvent aussi »
- à l'acteur qui le porte, l'utilise ou le cite :
« ça peut varier aussi en fonction de ce que porte un
acteur, par exemple Georges
Clooney.... »... « Oui c'est vrai qu'on a
tous un acteur ou une actrice préféré(e), donc on fera
attention, à ce qu'il met...comme James
Bond »... « C'est normal, je pense, surtout
chez les jeunes qui veulent s'identifier ou ressembler à des stars ou
des sportifs. Par exemple, moi j'adorais Agassi quand j'étais jeune et
bien j'ai acheté son short fluo ». Après des rires
nourris : « Oh ! Arrêtez ! On l'a tous
fait ça ! » ... « Moi, si c'est
Julia Robert, je regarde ce qu'elle porte. Si ça existe en France, je
l'achète »...
- à un mélange de tout ce qui précède
en même temps : « Je pense que ça dépend
des sensibilités de chacun. Moi, les lunettes, je les achète 30
balles sur les marchés, mais je mets plus d'argent ailleurs, les
vêtements, etc. C'est sûr que si Tom Cruise avait eu une belle
montre, peut-être que je l'aurais acheté plutôt que les
lunettes. Donc, ça joue, mais ça dépend des goûts de
chacun... »
Le placeur doit donc tenir compte de tous ces
éléments :
- faire rêver : « il faut aussi une part
d'inaccessible »
- mettre des produits, inscrits dans le rêve, mais plus
accessibles : « dans le premier Taxi, il y avait une
Mercedes, voiture de luxe face à une française moins
chère...Donc plus accessible
aussi. »... « D'ailleurs dans le
2ème Taxi, on revoit une Mercedes rouge pour faire un
clin d'oeil au premier épisode. »
- des produits qui correspondent aux attentes des
cibles-marketing visées : « Il faut voir aussi quelle
tranche d'âge est touchée dans un film. C'est sûr qu'une
Peugeot est plus à la portée des 15-25 ans qu'une
BMW. Sinon, c'est sûr qu'une marque peut apporter un petit plus
dans un film. Dans le Raid, les marques sont des marques de
jeunes »
R- La réglementation du placement de
produit :
De l'avis majoritaire, une réglementation du placement de
produit ne s'impose pas. Les participants semblent ignorer la
réglementation française en matière d'oeuvres
audiovisuelles (non-cinématographiques).
Les raisons sont diverses :
- l'inutilité d'une réglementation :
« Non, de toute façon, ça n'empêchera pas les
gens de consommer. »
- La défense des libertés, de la libre
expression et la responsabilisation des spectateurs : « Je
crois que c'est aux téléspectateurs de faire leur choix !
S'ils n'aiment pas, ils regardent pas ! », les dangers
d'une réglementation pour la création :
« Pas de réglementation, Non ! C'est au producteur de
gérer ça ! Pour le réalisme,
etc.. »226(*)
Toutefois, l'un des participants considère, qu'un seuil
devrait être fixé : « dans le Raid,
c'est beaucoup trop. C'est un film fait pour les marques. La
mise en scène est adaptée pour les marques, l'histoire est
complètement bidon. On ne voit plus le film, on ne voit que ça..
Le personnage principal, c'est la marque. Et là, oui, on devrait
réglementer en cas d'excès. »
Certains participants aux groupes verraient bien une
réglementation pour protéger ceux qu'ils considèrent comme
les plus vulnérables : les jeunes et les adolescents :
« Peut-être qu'une réglementation
pourrait éviter les excès surtout auprès des jeunes qui
sont facilement influençables avec les marques. Mon petit frère,
quand il a vu Taxi, a tout de suite voulu qu'on s'achète des ailerons
pour la voiture. Donc, oui, ils sont influencés par les films. Et puis
au niveau de la sécurité, ça peut être
dangereux. »..
« le problème dans ce film reste la
sécurité, et le fait que la police ne fasse rien. Ca peut
être dangereux de vouloir faire la même chose pour aller à
l'aéroport... »
« je le pense aussi. On le voit avec les
survêtements, les jeunes sont très attachés aux
marques. ».... « C'est vrai que, plus jeune,
je faisais plus attention à la marque. Maintenant, c'est moins vrai.
Cela dit, dès que je vois une 406, je pense à ce
film ».
On a tout de même le sentiment d'une certaine projection
sur une personne jeune :
« Le problème, c'est que les jeunes ont tendance
à vouloir s'identifier au héros ».
Cette impression se confirme lorsque les thèmes à
prohiber concernent, non pas, des très jeunes mais plutôt des
jeunes adultes ayant leur permis de conduire : c'est-à-dire de
l'âge des participants eux-mêmes...
Une réglementation serait, en effet, envisageable, pour
quelques-uns des participants, pour protéger le jeune public contre la
vitesse au volant et le tabac. Cela parce qu'ils craignent, en
réalité, l'efficacité du placement de produit :
« Oui, pour la société, c'est dangereux, mais pour
la marque, je ne pense pas que ça joue, que ce soit négatif.
C'est comme la marque Marlboro que l'on voyait dans les Westerns,
c'était mauvais, mais je suppose que ça déclenchait pas
mal de ventes. »
« Je pense au Tuning qui n'est pas
réglementé et qui plait aux jeunes... On en a vu beaucoup
après la sortie du film. Le problème, c'est ensuite lorsqu'on se
fait arrêter par la police avec ça...Vu que ce n'est pas
réglementé... »
S- Comparaison des effets selon le lieu du visionnage :
Les participants n'ont pas réellement constaté de
différence d'effets sur eux après une diffusion d'un film en
salles ou par une chaîne de télévision ou, encore, le
visionnage d'une vidéo-cassette ou d'un DVD.
Le placement semble plus visible au cinéma :
« On voit plus de détails au cinéma qu'à la
télévision : mais c'est tout, je pense ».
Les expériences sont toutefois variées :
« A la télé, je trouve que c'est moins fort. On
peut zapper... »... « Ah, Non ! Moi,
c'est l'inverse ».
En fait, cela dépend plus de l'état d'esprit dans
lequel le (télé)spectateur regarde le film :
« la différence, elle se fait si on prête attention
aux marques dans le film. Mais, après, on peut louper l'histoire du
film... » ... « en fait, quand je suis
allé voir le film au cinéma, je n'avais rien vu du tout
(parlant des marques placées). Mais là, aujourd'hui,
c'est différent. J'ai fait plus attention. Au cinéma, je ne vois
rien du tout ».
Cela dépend également de l'attitude publiphile ou
publiphobe de l'individu : « Moi, c'est bizarre, mais
je ne m'identifie pas à tout cela. Je regarde le film pour
lui-même et puis, c'est tout. Pas pour les marques. Je pense que
ça dépend des gens. C'est que je regarde peu la
télé aussi. Et ça peut jouer. Dès qu'il y a une
page de pub, je zappe tout de suite. Donc, c'est peut-être aussi une
habitude de voir les marques à la télé qui entraîne
cet intérêt des marques dans les films... »
L'effet de répétition, que nous avons
déjà signalé, peut également jouer favorablement
sur l'impact du placement de produit : « Ca dépend.
Parfois dans les rediffusions on peut faire plus
attention... ».
T- Les questions auxquelles les participants aimeraient avoir
une réponse :
Nous avons vu que le placement de produit n'était pas un
sujet réellement inconnu de nos participants, même si la
terminologie utilisée par les professionnels était parfois
ignorée.
C'est un thème qui se conçoit bien, même pour
des non-spécialistes. Il est abordé avec des mots simples du
quotidien : ce qui est, assez rare, dans le domaine de la communication
publicitaire pour être signalé.
Les participants ont montré leur intérêt tout
au long des discussions et en posant un certain nombre de questions sur le
fonctionnement du placement :
- sur le coût d'un placement : « Moi, je
me demande combien ça peut coûter de placer sa marque dans un
film ? »
- sur les échanges et les clauses des contrats :
« J'aimerais bien savoir si Peugeot a livré
gratuitement les voitures ou non pour le film. Les contrats, etc. Comment
ça marche... ? »
- sur l'intérêt du générique et
d'être inscrit dans un générique : « on ne le
voit pas bien, ça va vite, je me demande si c'est vraiment utile pour la
marque... »227(*)
III- Essai d'analyse sémio-contextuelle
L'influence du placement de produit sur les spectateurs
dépend d'un grand nombre d'éléments qui peuvent être
appréhendés par l'analyse sémio-contextuelle.
Comme l'écrit Alex Mucchielli :
« L'influence est le phénomène fondamental de la
communication » 228(*) et « grâce à la
théorie sémio-contextuelle de la communication, il n'y a plus de
séparation entre l'étude des phénomènes de
publicité, de propagande, de vente ou de séduction. Toutes ces
manipulations fonctionnent de la même manière : elles
créent et manipulent des objets cognitifs de nature diverse
(relationnels, normatifs, identitaires, physiques ou idéels...) qui vont
intervenir dans la genèse du sens des actions à
venir ».
Pour étudier l'influence du placement de produit sur les
spectateurs, nous partirons du principe de la théorie
sémio-contextuelle selon lequel « un processus de
communication en tant qu'action en train de se faire intervient sur un des
contextes de la situation de communication pour transformer ce contexte et
faire surgir un sens ».229(*)
Nous allons tenter de mieux comprendre comment le placement de
produit, en tant que processus de communication, agit sur les contextes pour
créer un sens. Pour ce faire, nous retiendrons les sept contextes
actuellement pris en compte dans l'étude des communications-processus
sachant que le sens global de la communication est la résultante de la
sommation des significations prises par la communication faite dans ces
contextes. Nous chercherons également à dégager des
méthodes d'influence à l'usage des professionnels du placement de
produit.
1- Le contexte expressif des identités :
En faisant référence à ses projets et ses
goûts, ses façons de voir (ou celles des autres) le spectateur
pose une partie de son identité (ou de celle des autres) dans une
situation. Or, nos différentes enquêtes ont montré qu'un
spectateur est plus influencé par un placement qui le concerne. Denise
E. Delorme 230(*)a
également constaté que la présence de marques est mieux
acceptée dans des comédies ou des drames avec une étude de
caractères, avec des personnages que les spectateurs perçoivent
comme étant crédibles, familiers, vraisemblables. Le spectateur
s'identifie aux héros et/ou aux acteurs et cherchera à leur
ressembler.
Dans le cas de Taxi 2, un amateur de voitures
s'impliquera dans les aventures du héros.
Les interviews de groupe ont mis l'accent sur le fait que les
jeunes spectateurs sont particulièrement sensibles à ce
phénomène d'identification, comme s'ils étaient à
la recherche de leur identité, avec tous les risques que cela peut
entraîner.
Ainsi, une représentante de l'American Lung Association
déclarait « Nous savons que les
célébrités influencent le comportement des
adolescents. Au cinéma, les jeunes voient que fumer est une
attitude attrayante. C'est cool. C'est rebelle. C'est une façon
d'affirmer son indépendance». Dans le même esprit,
Hillary Clinton écrivait, en 1997, «Lorsqu'une vedette de
cinéma fume à l'écran, c'est comme si elle fumait avec son
statut, sa puissance, avec sa confiance et son attrait» et regrettait
que : «C'est précisément au moment
où l'industrie du tabac est enfin reconnue responsable pour avoir fait
de la publicité visant les jeunes que le cinéma devient un
véhicule puissant des intérêts des marchands de
tabac.» 231(*)
2- Le contexte normatif culturel
La situation du spectateur regardant un film avec placement de
produit est constituée d'un ensemble de normes et règles
collectivement partagées. Le bon contre le méchant, le bien
contre le mal, les normes de la modernité, du luxe et de la
technicité sont très présentes dans un affrontement.
Dans Taxi 2, le bien est représenté par la
Peugeot 406 qui symbolise un esprit rebelle et jeune. La Mitsubishi s'appuie
sur des normes de la technologie, de la rigueur et de la fiabilité.
Si l'on se place du point de vue des professionnels du placement,
ce n'est qu'avec prudence qu'il faudra sortir des normes établies,
« des stéréotypes ». Selon le public
visé, le fait de manier ou non l'humour et la dérision, le
scabreux, la violence, etc. peut, en effet, modifier l'image du produit.
3- Le contexte des positions respectives des acteurs
En manipulant le positionnement d'un produit placé dans
une situation, il est possible de faire surgir un sens qui conduise le
spectateur à faire ce que l'on a prévu qu'il fasse. Le
spectateur est influencé par une marque principale et peu par les
autres. Il peut être mis en alerte par son entourage ou par les
médias, ce qui augmente sa perception de la marque.
Du point de vue du professionnel, un placement principal est
préférable à un placement secondaire. Des
opérations de communication autour du film (Tie in et Relations
publiques ou autres) permettent d'éveiller l'attention des
spectateurs.
4- Le contexte relationnel social immédiat :
Lorsqu'on communique avec quelqu'un, on entre avec lui dans un
certain rapport. Il en est de même pour les rapports entretenus entre les
produits placés et les spectateurs. Si la marque est
appréciée du spectateur, elle sera plus facilement reconnue par
celui-ci. De plus, le spectateur qui s'identifie aux personnages s'impliquera
dans les rapports entretenus par ceux-ci avec le produit. Pour le placeur, il
s'agira donc d'éviter de mettre un produit sans qu'il est une
utilité pour l'histoire et, au contraire, de faire du produit un
véritable adjuvant du personnage.
5- Le contexte temporel :
Le spectateur identifie l'instant temps de l'histoire
relatée dans le film grâce aux produits placés. Dans un
film « historique », l'annonceur peut par la
présence d'un de ses anciens modèles évoquer
l'expérience de son entreprise. Dans un film contemporain, il cherchera
à placer ses derniers modèles. Dans un film de science fiction,
la présence de certains de ses éléments d'identification
(logo, etc.), contribuera à lui assurer une image de
pérennité.
Toutefois, l'influence du placement n'est pas uniquement à
court terme, le spectateur peut garder en mémoire une marque d'une
catégorie de produits dont il n'a pas besoin dans l'immédiat.
6- Le contexte spatial :
Ce qui est communiqué prend un sens par rapport à
la disposition du lieu et à ses contraintes. « En manipulant
l'espace notamment à travers ses déplacements et ses
éloignements-rapprochements, les acteurs modifient des
éléments par rapport auxquels les communications qui se font ou
vont se faire prennent ou prendront un sens »232(*) . Par
« acteurs », nous entendons ici les produits placés.
Ainsi, des techniques de prise de vue sont utilisées : -
un travelling avant rapide sera effectué pour
évoquer la puissance, par exemple de la BMW de James Bond,
alors que l'on utilisera plutôt un zoom avant sur la voiture si
l'objectif est de montrer l'intérieur en cuir toutes options.
Une succession de gros plans et de très gros plans donnera
une dimension très objective de la voiture pour stimuler la
mémoire du spectateur.
Pour mettre en valeur un produit de consommation tel qu'une
bouteille de Coca Cola, on fera plutôt un plan d'une cuisine et, au
moment où le héros saisira la bouteille pour la boire, on fera un
plan fixe pour retenir l'attention du spectateur et un zoom avant sur la marque
pour qu'il la mémorise. De même, les annonceurs savent qu'un flash
blanc ou un flou après avoir évoqué un produit permet de
mieux le retenir.
Avec une plongée ou une contre-plongée, le produit
apparaîtra plus petit ou plus grand.
Ces techniques de prise de vue sont celles qu'utilisent les
publicitaires lors de la réalisation des spots de
télévision.
En plus d'être influencé par la prise de
vue (zoom, gros plan, arrière-plan, etc), le spectateur identifie
le lieu grâce aux produits placés. Il saura, par exemple, si
l'action se déroule en France ou aux Etats-Unis en fonction des marques
présentes.
Pour le professionnel, il est donc essentiel de bien choisir la
prise de vue pour mettre en valeur le produit sans qu'il y ait rupture du
rythme de la séquence.
7- Le contexte physique et sensoriel :
Ce qui est communiqué prend un sens par rapport à
l'ensemble des éléments sensoriels qui arrivent aux
différents sens : vue, ouïe, propriéoception, odorat,
toucher. Le spectateur est ainsi davantage influencé par un placement
à la fois visuel, auditif et d'usage.
Lors de notre première interview de groupe, certains
participants ont reconnu les Mitsubishi parce qu'en plus d'être
montrées, elles étaient aussi et surtout citées par
l'acteur principal.
Les professionnels adopteront plutôt, pour un produit
connu, le placement visuel et/ou d'usage. En revanche, pour un produit à
faible notoriété, le placement combinant l'oral et le visuel
et/ou l'usage est souhaitable.
Il ne faut pas oublier non plus l'influence de la musique et du
son dans un film. Par exemple, les bulles de Coca Cola ou de Perrier, le bruit
d'un moteur puissant, etc..
Ces différents contextes ne sont pas indépendants
les uns des autres. Tous ces contextes sont là en même temps. Le
sens global de la communication est donc la résultante de la sommation
des significations prises par la communication faite dans ces contextes.
CONCLUSION
Il est tentant de comparer les conclusions auxquelles nous sommes
arrivé avec celles de Denise E. Delorme233(*). En fait, sur les sept
grandes conclusions que Delorme reprend dans son chapitre 5, Summary and
Discussion, cinq d'entre elles sont conformes à nos propres
résultats, les deux restantes ne rentrant pas dans le cadre notre
recherche.234(*)
Il est intéressant, malgré les différences
méthodologiques que nous avons signalées (plus grande
directivité des interviews, quatre profils de spectateurs et non un
seul), de mettre en exergue nos conclusions communes alors que les
différences socio-culturelles entre les français et les
américains nous obligeaient, comme le notait Isabelle Fontaine (op cit),
à beaucoup de prudence.
1- Les spectateurs ont une meilleure connaissance du placement de
produit qu'on ne le croit souvent. Ils reconnaissent les différentes
formes de placement, ont compris le procédé et les objectifs de
cette technique, les avantages et les inconvénients de celle-ci pour les
professionnels et les spectateurs.
2- Les spectateurs sont perméables aux marques
placées qui améliorent leur compréhension du film, de
l'intrigue et de la situation décrite, et au-delà de leur propre
vie et du fonctionnement de la société, etc.
3- Les spectateurs pensent que le placement de produit à
plus d'influence sur les autres que sur eux-mêmes. Les plus
influencés à leurs yeux sont qualifiés de
« jeunes », plus ironiquement d'impressionnables, voire de
« benêts ». Il y a une sorte de refus d'avouer avoir
été influencé par un placement de produit et tout aveu
prête les autres à rire et à se moquer. Comme
l'écrit Denise Delorme, « les spectateurs pensent utiliser des
mécanismes de défense comme ils le font contre la
publicité parce qu'ils veulent sentir qu'ils contrôlent leurs
décisions d'achat ».
4- Les spectateurs sont plus critiques à l'égard
des placements qui crèvent les yeux que pour les placements
« cachés » qui s'insèrent discrètement
et servent l'intrigue en lui donnant du réalisme. Les spectateurs ne
veulent pas être distraits dans leur plaisir par des placements
« trop gros ».
5- Les spectateurs remarquent et mémorisent d'autant plus
les marques placées que d'une part celles-ci répondent à
leurs besoins, s'inscrivent dans une situation proche de celle qu'ils vivent ou
dont ils ont eu l'expérience dans le passé, d'autre part sont
utilisées, portées, citées par un acteur auquel ils
s'identifient et/ou auquel ils aimeraient ressembler.
A ces conclusions, nous en ajouterons quelques autres :
La présence de marques dans les films est plutôt
acceptée. Une minorité de spectateurs la juge anormale voire
inadmissible. Cette minorité semble avoir un profil
spécifique : cinéphile aimant les films d'auteur plus que
les films à gros budget, plutôt hostile à la
publicité commerciale, « on introduit de la publicité
partout, préservons le cinéma »235(*), voire totalement publiphobe
comme les membres de l'Association R.A.P., Résistance à
l'Agression Publicitaire. Bien que rares, certains spectateurs sont même
convaincus que « les réalisateurs utilisent des images
subliminales... » et « des effets subliminaux »,
ce qui est, bien entendu, formellement interdit. Plus nombreux sont les
spectateurs qui considèrent qu'il y a, de toute manière, des
effets sur la mémoire « inconsciente »,
« implicite », validant en quelque sorte les
hypothèses de recherche d'Isabelle Fontaine 236(*)et les travaux sur la
perception subliminale : « Des travaux récents ont
montré que ce qui est discriminant réside non pas dans le
caractère strictement subliminal d'un stimulus mais le fait que le sujet
n'a pas conscience du dit stimulus car il est, par exemple, occupé par
une autre tâche » 237(*) .
Le nombre de marques placées dans les films est
jugé plutôt correct dans l'ensemble. Toutefois, leur augmentation,
notamment dans les films français grand public, inquiète certains
spectateurs qui ont le sentiment de voir de « gros films de
pub ». Ce phénomène de sur-placement pourrait les
conduire à souhaiter une réglementation restrictive. Seuls les
publiphobes de R.A.P. souhaitent réellement une interdiction pure et
simple du placement de produit dans les films.
Les spectateurs reconnaissent que le placement de produit a des
effets, même s'ils sont plus forts sur les autres que sur
eux-mêmes, en matière de notoriété, d'image, de
comportement d'achat et de ré-assurance après achat.
Ces effets sont d'autant plus forts que la marque
bénéficie d'un placement principal, combinant l'oral, le visuel
et l'usage, contribuant à l'intrigue et/ou à l'action,
supporté par un des acteurs principaux auxquels le spectateur peut
s'identifier. Le placement oral ou combiné (oral + visuel + usage) qui
fait appel à l'humour et/ou utilise les jeux de mots est
également très remarqué et permet d'éviter les
confusions, les mauvaises attributions de marques. Il en est de même en
cas d'utilisation de certaines techniques cinématographiques : gros
plans, plans rapprochés, etc.
Le choix des marques à placer doit respecter deux
principes : - le principe de crédibilité ou de
cohérence avec le film, le personnage et/ou l'acteur, - le principe
d'éthique qui conduit à ne pas placer de produits dangereux pour
la santé (alcool, tabac) et pour la sécurité, notamment
lorsque cela peut nuire aux jeunes.
Toutefois, ces conclusions ne doivent pas faire croire en
l'existence de lois générales, faciles à respecter, dont
l'application générerait automatiquement les effets
escomptés par les professionnels du placement. Ainsi, le degré
d'implication du spectateur, sa façon de vivre l'histoire comme s'il
s'agissait de la réalité, considérée comme
plutôt favorable à la perception des marques placées, peut,
dans les cas extrêmes, être négatif. Comme Denise E.
Delorme238(*), nous
avons constaté que lorsque les spectateurs s'impliquaient très
fortement dans l'histoire comme lorsqu'ils n'y entraient pas du tout, la
perception des marques était faible.
Nous avons également constaté l'importance des
relations entre les spectateurs avant, pendant et après le visionnage du
film. Le bouche à oreille, les remarques et commentaires entendus avant
la diffusion du film affectent la perception des spectateurs. Les rires et
commentaires au cours de la diffusion du film, y compris dans les salles de
cinéma, augmentent également la perception des marques
placées. De même que les commentaires et discussions entre amis
après le premier visionnage peuvent accroître le degré de
vigilance des spectateurs lors des visionnages ultérieurs. Denis Delorme
avait également noté l'influence de cette interaction sociale, de
cette expérience partagée dans l'augmentation de la perception
des marques placées dans les films chez les spectateurs
américains. Le bouche à oreille avant et après a comme un
effet boule de neige.
Aussi, serait-il intéressant de vérifier, plus que
nous avons pu le faire, les effets des opérations de communication
menées avant, pendant et après par les professionnels du
placement. Certains interviewés nous ont signalé le rôle de
la bande annonce du film pour attirer l'attention sur la présence d'une
marque placée dans le film, celui des campagnes d'affichage en faveur du
film qui reprennent, dans le visuel, une marque placée dans le film
(généralement la principale), celui des campagnes de relations
publiques et de presse qui utilisent les produits placés comme faire
valoir, comme reconstitution de l'ambiance du film, et bien entendu celui des
opérations annexes de type tie-in qui s'appuient sur l'association
marque-film et en accroît l'impact sur les spectateurs.
Dans la même optique, il serait également utile
d'étudier les effets des jaquettes des cassettes vidéo et des DVD
sur lesquels figurent ou non le produit placé. Ainsi, sur la jaquette de
Taxi 2, la Peugeot 406 banche est en gros plan mais étrangement
le logo de Peugeot a été effacé.
Alors que les risques du sur-placement sont encore
limitées, il serait toutefois utile de procéder à un suivi
sérieux de l'augmentation d'un sentiment d'agression publicitaire.
Certaines agences de placement françaises n'hésitent plus
à multiplier les marques placées alors que jusqu'à
présent une certaine retenue était de mise. Les sorties
rapprochées de films à fort placement tels que Le
Boulet, Le Raid et le troisième volet de Taxi,
dont la sortie est prévue au cours de l'été 2002, pourront
déclencher un phénomène de refus, de résistance
soutenu par les publiphobes, les défenseurs des films d'auteur, les
détracteurs des films à l'américaine. Cette tendance au
sur-placement est, en effet, à prendre au sérieux lorsque l'on
sait que l'une des majors hollywoodiennes, la Warner Bros, a adopté une
nouvelle stratégie pour profiter de la bonne santé du
cinéma français239(*) : « produire des films locaux avec
des acteurs locaux » selon l'expression de Lorenzo Di Bonaventura,
Président de la production monde. La Warner Bros a ainsi investi 9
millions d'euros dans Le Boulet et 7 millions dans Ma femme
s'appelle Maurice de Jean-Marie Poiré (sortie prévue en
septembre 2002). La Warner compte produire, co-produire et distribuer entre
quatre et six films « français » par an.
Or, ses capitaux américains l'empêchent de
bénéficier des aides au cinéma alors qu'elle alimente
largement le fonds de soutien240(*). Il lui faudra donc trouver des sources de
financement pour boucler le budget de production de films à audience
locale241(*).
Connaissant l'expérience de ce grand studio américain en
matière de « film product placement », il est
malheureusement probable que le placement de produit dans Le Boulet
ait été une sorte de test en grandeur nature.
En plus de l'élargissement du champ de recherche au
travers les opérations qui entourent le placement de produit dans le
film proprement dit, il nous semble que nos conclusions actuelles restent trop
générales et donc peu opérationnelles pour un placeur ou
un metteur en scène. Tant en matière de révision du
scénario pour insérer naturellement les marques à placer
qu'en matière de techniques de tournage et de montage, un travail plus
approfondi nous semble indispensable. Nous regrettons de ne pas avoir pu, faute
de temps et de moyens, réaliser un court-métrage en plusieurs
versions de manière à étudier les réactions des
spectateurs selon que des marques sont placées ou non, visuellement
et/ou oralement et/ou en usage, en grand nombre ou en petit, avec une
répétition ou non, pendant une durée plus ou moins longue,
en gros plan ou non, etc. Versions que nous pourrions projeter non pas
seulement devant des groupes constitués d'étudiants mais une
population plus large et variée, plus représentative de la
population des spectateurs et des téléspectateurs.
Ces différents axes de recherche pourraient
s'intégrer dans un vaste travail dont le sujet serait le cinéma,
non pas en tant que média publicitaire, mais en tant que créateur
de sens. Le 7ème art et l'art d'influencer.
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ANNEXES
ANNEXE 1 : Retranscription intégrale des
interviews de groupe
a) Retranscription de la réunion de groupe N°1
Réunion 1 : 12 personnes : 7 femmes, 5 hommes
Alban : 23 ans, étudiant, va 3 à 4 fois par
mois au cinéma
Bob : 26 ans, étudiant, va 1 à 2 fois par mois
au cinéma
Céline : 23 ans, étudiante, va une fois par
mois au cinéma
Danaïla : 22 ans, étudiante, va une fois par
mois au cinéma
Esther : 20 ans, étudiante, va une à deux fois
au cinéma par mois
Habila : 23 ans, étudiante, va une fois par mois au
cinéma
Ludovic : 24 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
Maria : 20 ans, étudiante, va une fois par mois au
cinéma
Mathilde : 20 ans, étudiante, va une fois par an au
cinéma
Mélanie : 20 ans, étudiante, va 5 fois par an
au cinéma
Sylvain : 24 ans, étudiant, va 4 fois par an au
cinéma
Vincent : 23 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
(Dans cette retranscription, nous avons souligné les
marques et entreprises et mis en italique les titres des films et les noms des
acteurs cités.)
Début de la discussion après diffusion du
film : 10 H. 20
Alexandre : Qu'avez-vous remarqué dans ce
film ?
(Quelques secondes de silence)
Esther : La voiture. Mais elle semble modifiée par
rapport à la réalité.
Alban : Oui, je dirai qu'on ne voit pratiquement que la
marque Peugeot dans ce film. On voit aussi des Renault.
Alexandre : Quoi d'autre ?
Vincent : Le film était pas mal. On voit
Peugeot mais aussi des enseignes comme Feu Vert dans la
scène avec le camion. Sinon, on voit beaucoup de marques
françaises.
Alexandre : Vous pouvez m'en citer ?
Mathilde : Esso, Adidas
Vincent : ADA
Bob : Clarion, Heineken
Sylvain : Mitsubishi
Damaïla : Mercedes
Sylvain : Pirreli..., les pneus !
Alexandre : Dans quelles séquences avez-vous
vu ces marques ?
Mélanie : Au début, on en voit beaucoup avec
la course automobile
Alban : Oui, sinon on l'entend : comme Peugeot
406 ou Mitsubishi qui est cité dans le film par l'acteur.
Habila : C'est vrai qu'il y en a beaucoup !
Alexandre : Et toutes ces marques,
qu'apportent-elles au film ?
Sylvain : de l'argent, surtout !!!
Esther : oui, et ils doivent aussi obtenir des prêts
de voitures. Ca évite de les acheter !
Alexandre : C'est un moyen, selon vous, de financer
le film ?
Sylvain : Oui, c'est un film à l'américaine.
On sent que tout est fait dans ce film pour y mettre des marques. Ils mettent
en avant les marques. C'est même presque exagéré. Surtout
par rapport à un film français classique.
Alexandre : Vous êtes tous d'accord avec
ça ?
Esther : Oui, c'est exagéré
(Approbation bruyante de deux personnes)
Alexandre : Dans le passé, avez-vous
remarqué des marques dans les films ?
Sylvain : Oui, dans James Bond. Avec l'Aston
Martin. En plus, on la voit plusieurs fois, car ça colle à la
peau du personnage. Sauf dans les derniers où il y avait des BMW.
Mais ils vont revenir, paraît-il, aux Aston Martin.
Alexandre : Vous avez d'autres exemples ?
Habila : Oui, à la télévision, dans les
sitcoms. Par exemple dans Friends, les actrices ont des
Versace
Alexandre : Versace ? C'était
visible ?
Habila : Non, c'était juste cité mais je m'en
souviens
Alexandre : D'autres exemples ?
Ludovic ?
Ludovic : Non, moi je n'ai rien vu de tout ça..
Alexandre : Tu n'as rien vu dans le film ?
Ludovic : Non, rien du tout. Je suis complètement
insensible à toutes ces marques. D'ailleurs, je ne comprends rien depuis
tout à l'heure. D'ailleurs, je m'étonne que tout le monde ait vu
autant de choses !
Maria : Oui ! Moi, c'est pareil...J'ai rien vu
Alexandre : Tu n'as pas vu de marques ?
Maria : Non ! j'ai juste compris que le film parlait de
voitures mais c'est tout...
Danaïla : Oui, en fait quand je suis allée voir
le film au cinéma, je n'avais rien vu du tout. Mais là,
aujourd'hui, c'est différent. J'ai fait plus attention. Au
cinéma, je ne vois rien du tout
Alexandre : et à la
télévision ?
Danaïla : Non, en fait, moi ça me semble normal,
ce sont plus des objets dans le film...des outils de la vie quotidienne..
Sylvain : Oui, c'est vrai que dans ce film c'est vraiment
gros ! Sinon, dans la vie, je remarque la présence de marques, mais
c'est moins frappant.
Céline : C'est vrai que dans ce film, on savait
à l'avance que Taxi, c'était un film sur Peugeot.
Les Peugeot contre les Mercedes ou les japonais...
Vincent : Oui, ce film est un gros message publicitaire.
C'est trop.
Alexandre : Vos trouvez que c'est
exagéré ?
Maria : Oui
Céline : je suis d'accord
(Approbation de la plupart des membres du groupe)
Alexandre : Pour éviter ces excès,
vous seriez pour une réglementation ?
Bob : Je crois que c'est aux téléspectateurs
de faire leur choix ! S'ils n'aiment pas, ils regardent pas !
Sylvain : Oui, mais on ne peut pas toujours savoir à
l'avance que l'on va avoir plein de marques dans le film.
Bob : D'accord, mais ensuite, tu pourras le dire aux autres,
dire que c'est nul, qu'il n'y a que des marques.
Alban : Cela dit ces marques sont nécessaires. Ca
rend le film plus crédible.
Alexandre : Tu trouves que les marques peuvent
apporter du réalisme ?
Alban : Oui et encore dans Taxi 2, ça va. On
voit surtout Peugeot. D'ailleurs dans le générique, il n'y
a pas tant de marques que ça citées...Feu vert, ADA
de remerciées.
Si on regarde le Raid, il y a plus de 90 marques
citées et que l'on voit du début jusqu'à la fin.
Alexandre : Pourquoi y-a-t-il eu toutes ces marques
dans ce film, d'après toi ?
Alban : Parce que je pense que c'est un film qui a
coûté très cher et que Gaumont a cherché des
financements énormes. Donc, on voit un moment les acteurs porter des
vêtements avec encore les étiquettes, ils les citent, ils les
portent...Donc il y a plus d'impact.
Alexandre : Donc la présence des marques
dans les films apporte non seulement de l'argent mais aussi du
réalisme ?
Bob : Oui, car c'est quand même plus facile de
reprendre une 406 que d'en fabriquer une pour le film de A à Z
Sylvain : Oui, enfin, à condition de ne pas la
montrer pendant 95% du film ... Là c'est un film autour de
çà, la voiture, la 406. Le film est fait autour d'une
marque.
Alexandre : Et dans le Raid ?
Alban : C'est pareil, c'est beaucoup trop. C'est un film
fait pour les marques. La mise en scène est adaptée pour les
marques, l'histoire est complètement bidon. On ne voit plus le film, on
ne voit que ça.. Le personnage principal, c'est la marque. Et là,
oui, on devrait réglementer en cas d'excès.
Céline : Oui, je me souviens d'un Van Damme
où il est sauvé par un distributeur de Coca Cola...
Mélanie : Oui, dans le Boulet aussi, il y a
une course de voitures dans le désert et on voit tous les sponsors
Optique 2000, 406....avec de gros plans...
Mathilde : De toute façon, maintenant dans tous les
films, il y a au moins une marque citée, mais le problème c'est
qu'une fois que je sors du cinéma, j'oublie de suite..
Habila : Ce que je remarque dans les films
américains, c'est la présence de Nike dans presque tous
les cas. Mais ça ne gêne pas. Je trouve ça assez
naturel.
Mélanie : Cela dit je me souviens dans le
Professeur Foldingue un moment il ouvre un tiroir et on voit plein de
marques de gâteaux, et bien moi je trouve que c'est de l'anti-pub !
(Rires) : il pèse 150 kilos....
Alexandre : C'était à la
télévision que tu avais vu cette scène ?
Mélanie : Oui, il y a peu de temps et je m'en
souviens bien. Il est énorme et mange tout le temps..
Alexandre : Avez-vous constaté une différence
d'effets sur vous entre un film diffusé en salle et un film
diffusé à la télé ?
Alban : A la télé, je trouve que c'est moins
fort. On peut zapper...
Mathilde : Ah, Non ! Moi, c'est l'inverse
Vincent : Ca dépend. Parfois dans les rediffusions on
peut faire plus attention...
Sylvain : En fait, ça dépend. Moi, je regarde
plutôt les marques qui me touchent personnellement. Si il y a une belle
voiture, je vais regarder, parce que j'aime bien les voitures. C'est pareil
pour les cigarettes, montres... Une femme verra Versace ou Nike
comme ça a été dit alors que moi, non !
Céline : Oui, c'est vrai, ou ça peut varier
aussi en fonction de ce que porte un acteur, par exemple Georges
Clooney....
Sylvain : oui et bien ça je vais pas le
faire !
(Rires)
Alban : Oui c'est vrai qu'on a tous un acteur ou une actrice
préféré(e), donc on fera attention, à ce qu'il
met...comme James Bond
Céline : Voilà, James Bond fait une
cascade et juste après il est impeccable.
Sylvain : Oui mais ça, ça fait partie du
mythe.
Alexandre : Chez certains, ce que porte un acteur
peut les influencer ?
Sylvain : C'est normal, je pense, surtout chez les jeunes
qui veulent s'identifier ou ressembler à des stars ou des sportifs. Par
exemple, moi j'adorais Agassi quand j'étais jeune et bien j'ai
acheté son short fluo
(Rires)
Sylvain : Oh ! Arrêtez ! On l'a tous
fait ça !
Maria : Moi si c'est Julia Robert je regarde ce
qu'elle porte. Si ça existe en France je l'achète.
Alban : L'intérêt avec les James Bond
ou les Taxi, c'est que la marque est longtemps associée au
film. Taxi, ça sera toujours une Peugeot. C'est
évident. James Bond, ça a été trois fois
de suite BMW.
Ludovic : Moi, c'est bizarre, mais je ne m'identifie pas
à tout cela. Je regarde le film pour lui-même et puis c'est tout.
Pas pour les marques. Je pense que ça dépend des gens. C'est que
je regarde peu la télé aussi. Et ça peut jouer. Dès
qu'il y a une page de pub, je zappe tout de suite. Donc, c'est peut-être
aussi une habitude de voir les marques à la télé qui
entraîne cet intérêt des marques dans les films...
Bob : Moi, je me souviens de la moto, Triumph, dans
Mission Impossible 2, bon je l'ai vu, elle m'a plu, elle est belle,
mais c'est pas pour autant que je l'achèterai. Je ne me ruinerai pas
à l'acheter...
Alexandre : Après avoir vu un film, est-ce
qu'il arrive que vous en parliez dans votre entourage ?
Sylvain : Oui. Moi, des voitures. C'est tout.
Esther : Dans le Boulet, je me rappelle des
raquettes de badminton mais c'est vrai que c'est parce que j'y joue souvent
aussi.
Mathilde : Moi, c'est plutôt avant. Alors
Taxi, j'en avais parlé parce que j'avais vu une
bande-annonce.
Habila : Moi, j'en parle mais, en principe, de façon
négative.
Sylvain : Dans les films des Nuls...
Vincent : Oui, c'était marrant parce que
c'était une parodie, d'ailleurs je ne sais pas si c'était fait
exprès.
Sylvain : oui c'était du placement de produit mais
c'était une autocritique.
Damaïla : Mes copines en parlent souvent des marques
mais ça m'énerve.
Maria : De toute façon, il y a aussi une part de
rêve, car c'est le genre de voitures qu'on ne peut pas se payer. Dans les
films généralement, ce sont des voitures chères.
Céline : Oui, dans le premier Taxi, il y
avait une Mercedes, voiture de luxe face à une française
moins chère...Donc plus accessible aussi.
Mélanie : D'ailleurs dans le 2ème
Taxi, on revoit une Mercedes rouge pour faire un clin d'oeil au
premier épisode.
Bob : D'ailleurs, elle est maltraitée encore...
Mélanie : On voit aussi une Citroën pour
accentuer cette ironie.
Vincent : Oui, mais je ne pense pas que ça gêne
Mercedes ou Citroën tant que ça. Mercedes, on
sait de toute façon ce que ça vaut...
Alexandre : Pourquoi, à votre avis, on place
des voitures dans ces films ?
Maria : Pour lancer un nouveau modèle.
Mélanie : Pour la 406, c'est pareil ! Au
début, dans Taxi, la 406 était à peine
arrivée sur le marché.
Ludovic : Je pense aussi que c'est pour l'image de marque,
pour dire « on est toujours là, on fait de la
qualité » ».
Sylvain : C'est incroyable le nombre de 406 blanche
qu'on a pu voir après la sortie du film !
Ludovic : Oui, mais est-ce que tu l'as remarqué parce
que justement tu avais vu le film ?
Sylvain : Oui, peut-être aussi !
Mélanie : la Z3 dans James Bond. On
en voyait beaucoup après le film.
Habila : Moi ; je dirais qu'il y a aussi des tendances
ou des coiffures dans les films qu'on retrouve après dans la rue....Pour
les marques, c'est pareil. Mais les gens ne s'en rendent pas compte.
Mélanie : Il y a aussi la commercialisation
après le film qui joue. C'est assez facile d'accès. Je pense
aussi au Tunning qui n'est pas réglementé et qui plait aux
jeunes... On en a vu beaucoup après la sortie du film. Le
problème, c'est ensuite lorsqu'on se fait arrêter par la police
avec ça...Vu que ce n'est pas réglementé...En plus, la
police est assez maltraitée alors ça n'arrange rien..
Maria : Oui, mais il faut aussi une part d'inaccessible.
Sylvian : c'est vrai : ne pas mettre le produit
n'importe où. La 406 est dans ce film pour toucher un maximum de
monde.
Céline : Les marques sont souvent maltraitées
tout de même...
Esther : Dans Mission Cléopâtre, il y
a beaucoup de dérisions. Comme Itinéris qui ne capte pas
bien...
Alexandre : Le placement de produit vous
évoque-t-il des sujets que nous n'avons pas traités ?
Damaïla : On oublie de parler de la musique des films.
Mais c'est fréquent chez moi de vouloir l'acheter.
Alban : Il faut voir aussi quelle tranche d'âge est
touchée dans un film. C'est sûr qu'une Peugeot est plus
à la portée des 15-25 ans qu'une BMW. Sinon, c'est
sûr qu'une marque peut apporter un petit plus dans un film. Dans le
Raid, les marques sont des marques de jeunes. Par contre, ça peut
avoir un effet négatif comme dans Pearl Harbour où le
Coca se mélange avec du sang, ça n'a rien à faire
là ! Ca casse, selon moi, l'image de la marque.
Mélanie : C'est vrai que, plus jeune, je faisais plus
attention à la marque. Maintenant c'est moins vrai. Cela dit dès
que je vois une 406, je pense à ce film..
Ludovic : Pas moi. Par contre je me souviens bien des films
de Verhoven où il y a souvent des fausses pub.
Alban : Les cigarettes ont disparu dans les films. Mais,
c'est pas plus mal.
Sylvain : De toute façon, il ne faut pas cracher sur
le placement de produit, même si le 7ème Art devrait
être protégé pas cette société
libérale et de consommation. C'est un monde artistique. En peinture, on
ne voit pas ça... Je pense qu'en France on a encore le recul pour
analyser ça. Mais de plus en plus de films français tendent
à s'américaniser...
Alexandre : Céline, tu as quelque chose
à ajouter ?
Céline : non !
Alexandre : Maria et toi ?
Maria : moi non plus.
(L'animateur procède à un tour de table, sans
succès)
Alexandre : Je vais tenter de résumer tout
ce que vous avez dit. Dites-moi si vous êtes d'accord ou non. Vous avez
remarqué la marque Peugeot dans le film mis à part Ludovic et
Maria. Certains estiment que le placement de produit peut apporter du
réalisme au film. D'autres pensent que c'est un moyen de le financer.
Dans l'ensemble, vous semblez favorables à une réglementation
pour éviter les excès et surtout protéger les jeunes. Vous
estimez que c'est une publicité déguisée que de placer des
produits dans un film. Vous êtes, pour certains, influencés par
ces marques dans les films, même si ces produits sont
généralement inaccessibles car très coûteux.
Avez-vous des compléments à ajouter ? des nuances à
apporter ?
(Le groupe ne souhaite rien ajouter)
L'animateur, Alexandre, remercie les 12 personnes
présentes.
Clôture de la réunion à 12 H 25
b) Retranscription de la réunion de groupe N°2
Réunion 2
Caroline, 23 ans, étudiante, va 1 fois par mois au
cinéma
Fabrice, 25 ans, étudiant, va une fois par mois au
cinéma
Gilles, 23 ans, étudiant, va deux fois par mois au
cinéma
Katia, 26 ans, étudiante, va 6 fois par an au
cinéma
Michaël, 26 ans, étudiant, va 6 fois par an au
cinéma
Vincent, 20 ans, étudiant, va 2 fois par mois au
cinéma
Yan, 24 ans, étudiant, va 5 fois par an au
cinéma
Yasmine, 20 ans, étudiante, va 6 fois par an au
cinéma
Début de la discussion après diffusion du
film : 10 H. 15
Alexandre : Qu'avez-vous remarqué dans ce
film ?
Vincent : On remarque qu'il y a beaucoup de voitures de
cassées. Il y a beaucoup de Peugeot
Caroline : On voit beaucoup la 406.
Gilles : Oui, il y a beaucoup de voitures, des Peugeot,
Renault. On entend beaucoup le mot Peugeot, en particulier avec la
voiture blindée conçue pour la sécurité.
Après, on remarque la marque Feu Vert. Avec le camion qui se
renverse.
Fabrice : C'est une 406 contre une
Mitsubishi
Michaël : Oui, effectivement. C'est vrai que l'on
remarque beaucoup de marques dans ce film. Elles étaient bien visibles.
En plus, ça rend le film plus réaliste. Par exemple, la
scène où il passe le permis. On voit un décor avec La
Provence. S'il n'y avait eu rien, le décor était vide. Et on
aurait moins vu de quoi il s'agissait. Là on voit bien que c'est un bar
tabac.
Alexandre : Avez-vous remarqué d'autres
marques ?
Caroline : Feu Vert, la Sernam,
IVECO
Yan : Peugeot, Mitsubishi, Mercedes, Heineken
Yasmine : Citroën
Alexandre : Vous souvenez-vous dans quelle
séquence ces marques apparaissent ?
Yasmine : Au début, il y avait plein de marques.
Fabrice : Mercedes, on la voit au début. La
406, c'est du début jusqu'à la fin. La 306, c'est
au début pendant le Rallye...Après Mitsubishi, c'est
pendant le rapt.
Alexandre : Qu'est-ce qui a attiré votre
attention ?
Fabrice : Pour les Mitsubishi, c'est quand l'acteur
le dit. Au début, je croyais que c'était des Subaru ...
Alexandre : Autre chose ?
Yan : Moi, j'ai vu Adidas, le maillot. Avec Zidane
dessus.
Fabrice : Ah ! moi non ! J'ai pas fait le
rapprochement. J'ai vu que c'était le maillot de l'équipe de
France, mais je n'ai pas vu que c'était la marque Adidas.
Katia : je me rappelle avoir vu les 3 bandes d'Adidas
mais je n'ai pas fait le rapprochement non plus.
Yasmine : J'ai vu l'équipe de France. C'est
tout...
Alexandre : Vous considérez, comme
Michaël, que la présence de marques dans un film apporte du
réalisme ?
Gilles : Oui, c'est comme pour le maillot Adidas, on
sait très bien ce qu'est cette marque, en plus c'est le maillot de
l'Equipe de France. On sait que c'est Adidas
Michaël : De toute façon, on vit autour des
marques. Autour de nous, il n'y a que ça. Et quand on en voit dans un
film, on la reconnaît avec sa renommée.
Alexandre : Pourquoi, à votre avis, toutes
ces marques sont présentes dans ce film ?
Fabrice : c'est du sponsor ! C'est pour éviter
de camoufler les marques, aussi ! Au lieu de les cacher, on les montre. Ca
fait des sponsors. C'est du financement à l'américaine.
Yasmine : Je pense aussi que c'est pour financer les
films.
Caroline : Moi, je pense que pour ce film, on a donné
par exemple des pneus pour les cascades, donc les marques ont donné
plutôt que de financer.
Yasmine : Pour donner du réalisme. Dans la rue, c'est
pareil
Fabrice : C'est vrai, d'ailleurs pour la Sernam, je
ne sais pas si c'est fait exprès ! C'est en petit derrière.
C'est peut-être un hasard.
Yan : Oui, de toute façon, on sort dans la rue, on
est matraqué de publicité : les affiches, etc.
Alexandre : Vous pensez que c'est un
hasard ?
Fabrice : Oui, c'est possible, la prise de vue était
bonne, et si ça se trouve ils l'ont remarqué mais ils l'ont
gardé...
Yan : Sauf pour certaines marques. Par exemple, Feu
Vert ! C'est flagrant ! Le chauffeur cite en plus la
marque : « Vous ne savez pas lire, y a marqué Feu
Vert ».
Fabrice : Oui, Feu vert, c'est
évident !
Caroline : Il y a Heineken ! Avec la canette de
bière sur le tableau de bord...
Yasmine : Ah ! Moi non je n'ai pas vu
Fabrice : Moi non plus ..
Alexandre : Donc, selon vous, ces marques apportent
non seulement une aide à la production mais aussi plus de
réalisme au film ?
Yasmine : Oui, de toute façon, je n'ai jamais vu de
courses automobiles sans sponsors au bord de la route !
Fabrice : Oui et puis dans Taxi 2, c'est un bon
équipementier : les pneus, préparations de voitures..
Alexandre : Pourquoi, à votre avis, les
produits ont-ils été placés dans Taxi 2 ?
Gilles : Ca fait ça en moins de payer des
voitures ! Les voitures sont livrées gratuitement et en
échange on les voit dans le film.
Michaël : Non, moi, je pense qu'ils ont dû payer
les voitures, dans le budget du film, il devait avoir une grosse part pour
l'achat de voitures.
Vincent : Non je ne pense pas. Ce qui est bizarre, c'est
qu'à chaque fois qu'il y a de la casse, c'est une Peugeot. Non je pense
que Peugeot a donné des voitures.
Alexandre : Pourquoi, à votre avis,
Peugeot a placé ses voitures dans Taxi 2 ?
Fabrice : C'est un film à gros succès que
beaucoup de personnes ont vu. Beaucoup de places au cinéma, plus la
vente de cassettes...A la sortie du premier, on a beaucoup parlé de la
406.
Yasmine : Oui, pour le lancement d'un produit nouveau. C'est
vrai que la 406 n'était pas très connue avant le film.
C'est pareil pour la Mitsubishi. Personne la connaissait avant le
film.
Alexandre : Vous pensez que cela peut jouer sur la
notoriété ?
Michaël : Ca apporte plus du réalisme au film
que de la notoriété à la marque.
Vincent : Oui, c'est vrai. Il y a beaucoup de marques qui
sont dans ce film et qui ont déjà une image de marque et de la
notoriété. Je ne pense pas que ces marques aient besoin de
ça pour avoir une plus grande notoriété.
Gilles : Oui, c'est vrai. De toute façon, ça
serait stupide de mettre un cache devant une marque, sinon ça casserait
tout le film. Je veux dire, si dans un film on met une Porsche et que
l'on cache son logo où qu'on le transforme un peu, ça ferait
film, mais ça ne ferait pas réel. Bon, sinon, dans Taxi,
Peugeot, a placé sa voiture pour vendre davantage de 406.
C'est comme le maillot Equipe de France, on voit le héros
Samy Nacéri le porter dans la rue, ça peut donner envie
aux gens de faire comme lui et le porter dans la vie de tous les jours. Donc
là oui, ça peut jouer un peu sur la notoriété.
Alexandre : Pensez-vous que le placement de produit
puisse avoir une influence sur les spectateurs ?
Caroline : Ca l'a modifié un peu, pour l'achat de la
406.
Fabrice : Oui, d'ailleurs à un moment donné
à Feu Vert, il y avait une publicité de Taxi. Et
on vendait les ailerons, les phares...C'était pour le premier
Taxi. Du matériel de Tunning avec la photo du film
Taxi.
Yasmine : Pourtant, on ne peut pas dire que la scène
du camion Feu vert soit réellement favorable à la marque
..
Katia : non , c'est vrai...
Gilles : Exactement, je ne sais pas. Mais je me dis que si
quelqu'un veut s'acheter une voiture et qu'à ce moment, il voit le film,
il peut avoir un déclic sur la 406. Une 406 au lieu d'une
BMW...
Michaël : Même si ce n'est pas une voiture
réelle, c'est vrai que c'est une publicité permanente dans ce
film..
Gilles : Oui, c'est vrai que tout est fait pour qu'on la
voit. La Peugeot 406, ou la 605 blindée...c'est souvent
des gros plans sur le Lion Peugeot
Vincent : Oui, je pense que ça influence quelque
part, mais à condition de s'intéresser aux voitures.
Alexandre : Est-ce que cela a eu une influence sur
vous ?
Gilles : Peut-être un peu oui, parce que ici c'est
vraiment centré sur les voitures. Et dans un film, on est vraiment
attiré par elle.
Katia : non, aucune
Fabrice : Disons que quand j'ai vu Feu Vert, j'ai
tilté. Ca m'a semblé étrange de voir ça sur un film
français. C'était très flagrant..
Vincent : Oui, mais à part la 406, je ne pense
qu'ici les autres marques influencent beaucoup. Je ne pense pas qu'elles aient
eu des retombées après ce film.
Michaël : De toute façon, c'est une appellation
au produit 406, comme la scène avec les motards qui lisent
306 au lieu de 406
Gilles : Oui, comme la scène avec le ministre
où ils disent « ils vont essayer de vendre une
Peugeot », c'est cité en plus. Là, en plus, ils
jouent sur l'humour.
Vincent : C'est fait aussi pour les gens qui ne
reconnaissent pas la voiture.
Gilles : Oui, si on montre ce film à ma mère,
elle ne reconnaîtra pas la voiture. Faut attendre qu'on lui dise ce que
c'est. C'est comme les voiture des méchants, si tu ne connais pas,
personne ne reconnaît.
Michaël : Et on reconnaît pas, on voit pas, c'est
pas connu, et pas mis en avant...
Gilles : Oui, exactement, je croyais que c'était des
BMW, il a fallu attendre que l'acteur le dise pour que je comprenne que
c'était des Mitsubishi. Par contre, dans le N°1, on
reconnaissait bien les Mercedes.
Michaël : Oui et puis Mercedes, ça a une
connotation. On sait que ça va être les
« patrons ». Mitsubishi, c'est moins sûr et
puis c'est moins connu.
Gilles : Quand j'ai vu l'affiche du film quand le film est
sorti, j'ai vu que c'était des BMW.
Vincent : D'un autre côté, ça donne
envie de savoir ce que c'est...
Gilles : Oui, mais ça m'a pas fait pareil pour le
premier. J'ai vraiment trouvé que les Mercedes étaient
« classes » alors que là, bon elles sont bien mais
ça m'a pas fait pareil. Peut-être aussi parce que c'était
des Mitsubishi.
Michaël : Et puis, attention aux
stéréotypes, parce que les méchants japonais avaient des
Mitsubishi et puis que les bons français avaient des voitures
françaises. Et puis, il y avait en plus le côté
réaliste avec la voiture des flics qui étaient des Peugeot
ou des Renault...
Alexandre : Et dans le passé, avez-vous
remarqué des marques dans un film ?
Fabrice : Oui, dans les Tontons Flingueurs, il y a
une séquence où on parle de Pastis, de Martini,
d'alcool..
Yan : Et ça t'a poussé à boire du
Martini ?
(Rires)
Yasmine : Je remarque souvent dans les films
américains, la présence de Motorola pour les
téléphones portables. Sinon, dans les séries
américaines, c'est fréquent ..
Fabrice : Oui ou bien dans Matrix, on voit bien la
marque Nokia.
Yan : Dans les Visiteurs aussi, Chanel ou la
R4 de la Poste
Katia : Oui, il y avait Campanile aussi..
Vincent : Plus récemment, dans le
Raid !
Gilles : Ouais, y a que ça ! Adidas sur
Adidas avec les étiquettes qui ressortent. C'était surtout
des marques de vêtements.
Vincent : Ouais, Adidas et Nike. Et Calvin
Klein
Gilles : Oui parce qu'ils ont de gros ceinturons Calvin
Klein ! Là oui ça sautait aux yeux ! Et puis,
à la fin on s'amusait à regarder les marques et on voyait que
çà ! Le Boulet, c'est pareil : Cristalline,
406, etc.
Vincent : Le Raid, c'est vraiment abusé.
C'est du genre : c'est quoi comme pointure : c'est du
Adidas !
Gilles : Oui ! C'est du 31 Nike ou du 39
Adidas ? C'est lourd ! Ca saoule ! C'est de la pub. C'est
plus du réalisme, quand il y en a une ou deux : OK ! Ca va,
mais là y-a que çà. Et ça joue sur la
qualité du film. Faut que ce soit presque naturel. Là, c'est
excessif !
Michaël : Moi, je pensais à Austin
Rovers. Parfois, il se posait devant un produit en face la caméra
et continuait son dialogue. Sinon, je regarde surtout les marques
d'électronique parce
que j'aime bien ça. Dans Taxi 2, j'ai
regardé les téléphones..
Gilles : Oui, mais on voyait pas les marques !
Michaël : Non, on voyait pas la marque. Mais c'est fait
exprès parce que on ne les voit plus ensuite. Sinon, il y a une
scène où un japonais sort un truc qu'il ouvre et ça ne
sert absolument à rien, mais on voit très bien la marque, c'est
un Psion...
Yan : Ah bon ! Moi je ne l'ai pas vu ...
Katia : Moi, non plus
Yasmine : Moi, non plus, tu es sûr ?
Michaël : Oui, c'est une marque d'appareil
électronique. James Bond s'en sert aussi. Desailly
quand il fait ses pubs SFR, il utilise un Compaq. Nulle part
dans la pub, on parle de vendre des Compaq...
Alexandre : Après avoir vu un film, vous
arrive-t-il d'en parler entre amis ?
Fabrice : On parle surtout des cascades. Pas des pubs.
Yasmine : Dans Matrix, j'en avais parlé
après pour le téléphone portable. On en avait même
ri entre amies après !
Michaël : Moi, c'est dans les films farfelus comme
Scream, etc. J'en reparle parfois ...
Vincent : Nous, ç'a été avec le
Raid..
Gilles : Quand c'est vraiment gros, on en reparle oui..
Quand c'est bien fait on en parle pas parce que c'est normal pour nous de voir
une marque comme dans la vie de tous les jours.
Alexandre : Et cela a modifié votre
comportement ?
Yasmine : Non pas du tout !
Fabrice : Si moi si, j'ai tout de suite été
courir l'acheter dans un magasin ! (dit sur un ton ironique)
(Rires prolongés)
Alexandre : Est-ce que les produits dans les films
ont déjà eu une influence sur vous ?
Gilles : Il y avait un film sur M6, « Un
combat de trop », je crois. Bon, le film était pas
terrible mais le héros du film qui sortait de prison était
allé s'acheter des vêtements et il avait un pantalon qui m'a plu
et j'ai cherché partout à Montpellier un pantalon du même
type. Et deux semaines après, je l'ai acheté. C'est pareil pour
les musiques d'un film. Parfois, j'attends la fin du générique
pour voir qui en a fait la musique.
Yasmine : Bon, c'est vrai que dans Taxi, j'ai bien
aimé la voiture...Mais de là à l'acheter...
Michaël : Moi, je ne sais pas comment ça marche
la pub. Tu sais jamais si tu achètes des produits parce que tu les as vu
à la télé ou autres.. Dans un magasin de Hi-Fi, c'est vrai
que j'ai tendance à acheter une marque. Mais je sais pas si c'est
à cause de la pub ou de la confiance que j'ai de la marque. Je me sens
rassuré avec la marque c'est tout...
Caroline : Oui, moi c'est pareil. J'achète
plutôt des marques à prix égal ou presque..
Yan : Oui comme tout le monde.. je suppose...
Michaël : Qui n'a pas acheté des Ray Ban
Blues Brothers ou Tom Cruise ? Bon et puis c'est des Ray
Ban ! Tout le monde les a achetées !
Vincent : Pas moi !
Michaël : Bon, c'est vrai mais tu es tout jeune
toi !
Gilles : Je pense que ça dépend des
sensibilités de chacun. Moi, les lunettes, je les achète 30
balles sur les marchés, mais je mets plus d'argent ailleurs, les
vêtements, etc. C'est sûr que si Tom Cruise avait eu une
belle montre, peut-être que je l'aurais acheté plutôt que
les lunettes. Donc ça joue, mais ça dépend des goûts
de chacun...
Fabrice : De toute façon, on est tellement
habitué à voir une marque...
Yasmine : Oui et, à la limite, le fait de ne plus
voir une marque pourrait choquer même ! Cela dit, si à toutes
les séquences maintenant on voit une marque, cela risque de devenir
lassant. Il y a peut-être une limite à ne pas franchir.
Fabrice : Oui, il faut un bon dosage. Ne pas être trop
matraqué.
Alexandre : Et dans Taxi ?
Fabrice : Non, là, ça va encore.
Yan : Cela dit dans les films français, c'est plus
rare. A la fin des génériques dans les films américains,
il suffit de voir tous les remerciements ...Il y en a plein !
Yasmine : En fait, dans Taxi, ça ne choque
pas trop parce qu'en fait il y a des marques tout le long. Alors que parfois,
j'ai été choqué de voir par le passé des gros zooms
sur une marque en plein milieu d'un film. Dans Taxi, c'est dans le fil
de l'action.
Fabrice : C'est que dans Matrix, le portable est
sorti en même temps que le film. Et on le voit bien en gros plan.
Caroline : Ce qui m'a étonné c'est la
scène dans Taxi 2 avec le Yakusa qui utilise son ordinateur de
poche qui ne sert à rien du tout et qui, pour une fois, n'a pas de
marque !
Yasmine : Oui, c'est ce que disait Michaël, tout
à l'heure. Je m'attendais moi aussi à ce qu'il y ait une
marque !
Katia : oui, moi aussi.
Fabrice : moi, ce qui m'a fait rigoler c'est que ça
ressemblait plus à une calculatrice qu'à un ordinateur de
poche !
Alexandre : Et cela vous a choqué ?
Fabrice : oui, en fait.
Yan : C'est comme si dans un film avec une scène de
cocktail on ne voyait pas les marques de bouteille. Ca ne ferait pas
réaliste du tout.
Alexandre : Seriez-vous pour une
réglementation du placement de produit dans les films ?
Fabrice : Non, de toute façon, ça
n'empêchera pas les gens de consommer. Et puis, sincèrement, c'est
pas parce que j'ai vu une Mitsubishi ou la marque Feu Vert que je
vais me précipiter dans un magasin. J'ai mon opinion sur les produits et
puis c'est tout.
Gilles : Pas de réglementation, Non ! C'est au
producteur de gérer çà ! Pour le réalisme,
etc..
Vincent : Si le producteur veut gâcher son film en
mettant que de la pub, c'est son problème. Les gens ne vont pas
apprécier..
Michaël : Réglementer dans le sens inverse,
pourquoi pas. C'est-à-dire pour protéger une marque, comme par
exemple, enfoncer des couteaux dans une canette de Pepsi, là
ça pourrait nuire à une marque. Sinon, pour le reste non, si son
film est « naze », c'est le directeur du film qui le payera
...Dans les James Bond, c'est vrai que déjà il y en a
beaucoup, il a sa Rolex, sa Rover, etc., etc.
Gilles : Encore dans les James Bond, ça
passe mieux parce que c'est plusieurs marques. Et puis, James Bond,
c'est un mec qui a toujours eu plusieurs marques sur lui ou avec lui...
Caroline : Oui, mais je pense que ces produits sont
placés non pas pour provoquer tout de suite l'achat, mais pour faire
connaître sa marque. Ca fait voir la marque et puis c'est tout.
Yasmine : En fait, comme on s'en rappelle parfois, ça
nous touche quand même un peu. Donc peut-être qu'une
réglementation pourrait éviter les excès surtout
auprès des jeunes qui sont facilement influençables avec les
marques. Mon petit frère, quand il a vu Taxi, a tout de suite
voulu qu'on s'achète des ailerons pour la voiture. Donc, oui ils sont
influencés par les films. Et puis au niveau de la
sécurité, ça peut être dangereux.
Fabrice : Oui, enfin il faut vraiment être un
benêt pour vouloir rouler aussi vite dans Marseille.
Katia : Oui, je le pense aussi. On le voit avec les
survêtements, les jeunes sont très attachés aux marques.
Yan : Et puis, le fait de voir Feu Vert, moi, je ne
savais pas ce que c'était, mais maintenant que le fait d'avoir vu Feu
Vert dans ce film, pourrait à l'avenir me donner envie d'y aller si
j'en ai besoin un jour. C'est pareil pour ADA. Si j'ai bien compris,
c'est une société de déménagement et si je dois
faire ça un jour peut-être que ça me restera dans la
tête. J'irai plutôt chez ADA que chez Tartempion.
Alexandre : Un peu comme une
référence ?
Yan : Oui, voilà un peu, ça peut jouer sur le
long terme.
Fabrice : Moi, je ne pense pas...En tout cas, je savais qui
c'était avant, location de véhicules et transporteurs ..
Yan : Oui, mais quelqu'un qui ne connaît pas,
ça peut dire quelque chose..
Yasmine : Non, mais le problème dans ce film reste la
sécurité, et le fait que la police ne fasse rien. Ca peut
être dangereux de vouloir faire la même chose pour aller à
l'aéroport...
Katia : Oui, pour la société c'est dangereux,
mais pour la marque, je ne pense pas que ça joue, que ce soit
négatif. C'est comme la marque Marlboro que l'on voyait dans les
Westerns, c'était mauvais, mais je suppose que ça
déclenchait pas mal de ventes.
Fabrice : Le problème, c'est que les jeunes ont
tendance à vouloir s'identifier au héros.
Alexandre : Avez-vous constaté une différence
d'effets, sur vous, entre un film diffusé en salle et un film
diffusé à la télévision ?
Katia : Non !
Caroline : Non, pas vraiment !
Yan : On voit plus de détails au cinéma
qu'à la télévision : mais c'est tout, je pense
Gilles : Non, il n'y pas de différence
Michaël : Non plus. En fait, la différence, elle
se fait si on prête attention aux marques dans le film. Mais,
après, on peut louper l'histoire du film... Sinon, dans
Friends, je remarque souvent des marques. Dans les séries
américaines, surtout..
Alexandre : Pensez-vous qu'il y a des sujets sur le
placement de produit que nous n'avons pas abordés?
Katia : Non, on a fait le tour, je pense.
Michaël : Moi, je me demande combien ça peut
coûter de placer sa marque dans un film ?
Gilles : J'aimerais bien savoir si Peugeot a
livré gratuitement les voitures ou non pour le film. Les contrats, etc.
Comment ça marche... ?
Yan : Le générique peut-être... ?
mais on ne le voit pas bien, ça va vite, je me demande si c'est vraiment
utile pour la marque...
Fabrice : Disons que si un spectateur voit une bouteille de
Martini, par exemple, peut-être qu'il attendra la fin pour voir si
c'était vraiment ça ...
Caroline : C'est vrai, mais bon on se lève quand
même souvent avant la fin.
Yasmine : Oui et puis à la télé, c'est
couper en plus la fin...
Alexandre : Avez-vous quelque chose à
ajouter ?
(Silence, l'animateur procède à un tour de table,
sans succès)
Alexandre : Je vais tenter de résumer tout
ce que vous avez dit. N'hésitez pas à me dire si vous êtes
d'accord ou non. Vous avez remarqué la présence de marques dans
le film que je vous ai montré. Vous voyez généralement
des marques dans les films. Vous pensez, pour la plupart, que c'est en fonction
de la sensibilité de chacun que l'on remarque ou non une marque. Vous
remarquez d'autant plus la présence des marques lorsqu'il y a des gros
plans et des citations qui servent d'appoint pour les personnes peu
réceptives et bien sûr lorsque vous êtes
intéressés par la catégorie de produits en question. Vous
pensez également que la présence de produits dans un film apporte
du réalisme. Que cela peut améliorer la notoriété
de la marque et son image. Vous pensez que le placement peut avoir une certaine
influence sur les spectateurs. Mais, certains d'entre vous pensent que
ça ne joue pas réellement sur leur propre comportement. Mais,
vous arrivez cependant à vous rappeler des marques placées. Le
placement de produit apporte, selon vous, du réalisme au film, et permet
de financer la production. Vous n'êtes pas très favorables
à une réglementation sauf en ce qui concerne la vitesse au volant
ou le tabac afin de protéger le jeune public. Car, selon vous, les
jeunes sont plus influencés par le placement de produit. Vous estimez,
pour la plupart, que si le nombre de marques présentes est
exagéré, le film en payera les conséquences par une baisse
de qualité et un bouche à oreille négatif.
Avez-vous des compléments à ajouter ? des
nuances à apporter ?
(Le groupe ne souhaite rien ajouter)
L'animateur, Alexandre, remercie les 8 personnes
présentes.
Clôture de la réunion à 12 H 50
ANNEXE 2 : Extraits des forums de discussion
Extraits d'un forum de discussion : Ces messages ont
été sélectionnés mais en aucun cas modifiés
pour leur conserver leur authenticité. Nous prions le lecteur de nous
excuser pour les fautes de style et d'orthographe. Il s'agit de
réactions et d'avis sur le placement de produits dans le film Le
Dîner de Cons.
Si vous n'vez pas encore vu le film le "diner de cons", il y a
deux
bonnes raison de courir au cinoche le plus proche de votre
bécane :
1- le film est à pisser de rire (ça peut pas
s'écrire PDR ?-))
2- Les premières minutes sont un festival de Macs qui
apparaissent sur
les bureaux ou dans le train avec un beau portable à la
pomme ouvert
pendant deux minutes.
A croire qu'il n'y a plus que des Mac dans les
boîtes....
Il sont surtout, jusque là aux USA en tous cas, top
moumoute pour ce qui
est le placement de produit (Mission Impossible, Men In Black,
Independance
Day & the virus, Batman, Traque sur Internet et d'autres plus
discrets). La
France avait tendance à traîner les pieds (Le Clone
où il y a des becanes
en gros plans est mac free). Apparemment, ça change aussi.
Mais en effet,
comme dit Christophe, ils ont 5% de parts de marché dans
le monde et 95% au
cinoche.
Monique
Depuis le temps qu'on le dit....
Neuf fois sur dix, les ordi qui apparaissent dans les films ou
sur
toutes publications (sauf les catalogues de PC ;-) sont des
Mac..
Pourquoi ?
Tout simplement parce que les créatifs à l'origine
de ces films ou de
ces publications, sont pour la plupart équipés de
Mac et qu'ils montrent
de préférence leur bécane
préférée.
Faut pas chercher plus loin !
Discussion déjà faite sur fcsm. Je résume
:
Pour Hollywood, il faut chercher plus loin.
Apple prète volontiers du matériel aux compagnies
de cinéma, à ceci près
qu'il ne doit pas être utilisé par des
méchants (à l'exception notable
de Bruce Willis dans "The Day of the Jackal").
Pour ce qui est des émissions de télé ou les
films français, par contre,
là tu est parfaitement dedans ;-))
Yep :-)
Voir sur le site de SVM Mac, l'article à ce sujet :
http://www.svmmac.com/actus/avril/hollywood.html
Il y a très peu de marques qui acceptent de "prêter"
leur produit quand
il est mis en scène de façon négative pour
son image. Le cas du 4x4
Mercédes dans Jurassic Park 2 était une exception
notable.
Monique
Je vois pas en quoi c'était dévalorisant pour le
4x4 en question!!!
T'as qu'à essayer de freiner un T-Rex avec n'importe quel
4x4, il sera
déchiré en deux avant même que tu puisses
l'attacher au cou de la
bestiole!
<;-)
Je pense justement qu'ils ont fait très fort sur ce coup
là (Mercedes)
car c'est de l'humour (noir) et ça renforce donc nettement
le message,
justement!
Non?
C'est en effet ce qu'ils ont fait, mais ce que je disais,
relayant en
fait la règle ès placements de produits, c'est
qu'il ne faut pas qu'on
casse le produit.
Mercedes dans le cas du T-Rex, qu'on rencontre en plus assez peu
sur les
routes, a fait une exception. Et plsu qu'une exception puisque le
film
était la *première* apparition du modèle en
public. Finalement,
Jurrassic park 2 était un grand spot de pub pour la
nouvelle Mercedes
4x4.
Mais ils ne l'auraient pas prêtée sans doute si le
scénario prévoyait
une volée à coups de caterpillar par ex.
Monique, qui n'a en effet jamais freiné de T-Rex
récemment.
Ben la pub était nulle, je n'avais jamais remarqué
que les 4x4 fussent
des Mercédès ! Et pourtant, j'aime les voitures et
connais bien les
différents modèles. Mais je ne suis pas un fan de
4x4 ;-))
En fait, ce sont les Macs Quadra que j'ai vus !
Mis à la sauce Unix, avec des trucs débiles
pseudo-futuristes, un Finder
en 3D qui a vraiment existé (j'en ai entendu parler), et
la cerise sur
le gateau : un gars qui parle aux héros à travers
une caméra affichée
sur l'écran du mac -> en fait un film QuickTime en
train de se dérouler,
dont on voit le curseur avancer !!
Ca dépend du contexte je pense...
Regarde quand même le nombre de bagnoles cassées
dans les films en
général, c'est souvent valorisant pour les marques,
vu les pains
qu'elles se prennent avant que d'exploser
définitivement!
ALors dans ce cas, c'est souvent la prode qui s'est
démerdée pour les
avoir hors "placement de produit". En dehors du camion Perrier
pulvérisé
par James Bond et la Mercedes de Jurrassic, je t'assure que la
marque
*** n'a pas envie que sa marque soit associée à un
viol de mineure sur
la banquette arrière (ou le capot avant), ni a un
accident. Ces gens
n'ont pas des tonnes d'humour et une certaine idée de leur
produit. Si
cela t'intéresse, je peux te faire passer un petit truc
à ce sujet par
mail.
Oui, évidemment!!!!
C'est pas vraiment ce dont je parlais non plus! <;-)
Mais en général, dans les 2 cas que tu cites, c'est
pas trop la marque
de la voiture qui est mise en avant, hein?
Dans le cas du viol, on voit guère qu'une baquette
arrière et des trucs
qui gigotent dessus... dans le cas de l'accident, on remarque
surtout le
sang des cadavres éparpillés partout où
ça peut!
Dans un film comme TAXI, par exemple (pas encore vu, seulement la
BA) je
crois qu'on sait bien qu'il s'agit d'une Peugeot, non?
Et pourtant, j'ai bien cru voir quelques dérapages non
contrôlés! <;-)
Donc, tout dépend bien du contexte... on est d'accord.
C'est vrai aussi, mais ça change un peu quand même,
je crois.
Y avait justement un reportage (dans Culture Pub) qui parlait de
ça, ya
pas très longtemps (chez nous!).
Si tu veux, oui... pas de probleme...
Oui, et n'oublie jamais que personne, en France du moins, aux USA
c'est
différent, utliser dans son film la boisson qu'il veut ou
la marque de
voiture de son choix. Je parlais de placement de produit donc de
prêt au
minimum, assortit parfois d'une aide en matos ou même d'une
petite
enveloppe de pognon.
Et là, tu fais ce que la marque te demande.
Monique
Pour ce qui est des vendeurs de matériels de bureaux,
c'est parce qu'un
Mac prenant bien moins de place donne l'illusion d'un grand
bureau d'où
la prolifération de SE et de StyleWriter qui dure encore
aujourd'hui sur
certaines publications qui n'ont pas encore changé leur
bibliothèques
d'objet ou de photos :-,
Effectivement, c'est vraiment génial!
Ca fait même un peu trop, j'ai trouvé perso!
En plus, ils sont tous éteints (sauf le powerbook dans le
train) et ça,
c'est vraiment nul, j'ai trouvé!
(c)2002 Google
ANNEXE 3 : Résultats de l'enquête par
questionnaire en ligne
* 1 Fabio Gambaro et Alain
Salles, Les étranges noces du livre et de la publicité, Le
Monde.fr, 21.09.2001 : « Le placement de produits est une
stratégie publicitaire très efficace au cinéma. Il est
plus rare dans les livres, même si cela a déjà
existé, dans la littérature populaire notamment. ...Le
patron du Masque, Didier Imbot, se souvient par exemple, d'avoir vu des
contrats des années 60, stipulant qu'un héros d'une série
ne devait boire que du Casanis..»
* 2 Jocelyn Rochat, La
publicité est dans la course, Webdo, 12 novembre 1998,
http://www.webdo.ch/hebdo/hebdo_1998/hebdo_46/eco_jeux_46.html
: « Un agent du FBI Fox Mulder qui s'empare de son
téléphone portable Nokia pour appeler sa collègue Scully,
ce n'est plus seulement une scène de la série TV ou du film, mais
encore du jeu vidéo «X-Files». Car les promoteurs du
«placement de produit» s'intéressent désormais à
l'informatique. Télévision, grand écran ou
cyberdivertissement, seul le support change. Le principe publicitaire reste le
même: une firme paie pour glisser un produit dans un contexte populaire,
s'attirer la sympathie des foules et faire décoller les ventes. Bien
rodé au cinéma, en forte progression dans les séries TV,
le placement de produit n'en est qu'à ses balbutiements en
Cybérie. «Beaucoup de joueurs font partie de la
Génération X. Ils ont grandi avec la pub, en connaissent les
mécanismes et prennent très mal une démarche commerciale
hors contexte», explique Ruben Igielko-Herrlich, coprésident
de Propaganda, une société spécialisée dans le
placement de produits basée à Genève.... Reste à
savoir quel est l'impact réel de ce nouveau procédé? La
réponse dépend bien sûr du succès du jeu, donc de
leur qualité. Mais le potentiel est là: le chiffre d'affaires
mondial des jeux vidéo est supérieur à celui
généré par la vente de billets de cinéma. Et une
enquête a montré que Super Mario, le personnage de Nintendo, est
plus populaire que Mickey ou Bugs Bunny chez les jeunes
Américains. »
* 3 Les québécois
francophones emploient l'expression de «droit d'asile »
* 4 Article 9 du décret
n°92-280 du 27 mars 1992 relatif à la publicité et au
parrainage télévisés selon lequel la publicité
clandestine est interdite. Cette dernière consistant en la
présentation verbale ou visuelle de marchandises, de services, du nom,
de la marque ou des activités d'un producteur de marchandises ou d'un
prestataire de services dans des programmes lorsque que cette
présentation est faite dans un but publicitaire.
* 5 Rolf Schoch, Product
Placement : Meinungen und Einstellungen zu einer umstrittenen neuen Form
der Marketingkommunikation, Jahrbuch Marketingkommunikation, 29.04.1998
* 6 Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel, Honnêteté de l'information, protection des mineurs
et publicité clandestine : le CSA a reçu les diffuseurs, La
lettre du CSA, N°115, avril 1999
* 7 Extrait d'un Rapport du
Sénat sur la publicité clandestine et le « product
placement »,
http://www.senat.fr/rap/r97-4561/r97-456134.html
: « La publicité clandestine : La tentation est grande et
en tous cas ancienne, comme en témoignent les commissions
d'enquête décidées par le Sénat en 1972, de troquer
quelques commodités matérielles en échange d'une citation
appuyée de l'entreprise qui les fournit. Ce genre d'opération est
strictement interdit par la réglementation, dont le Conseil
supérieur de l'audiovisuel surveille strictement l'application...En
1997, le Conseil supérieur de l'audiovisuel est intervenu à
plusieurs reprises pour faire cesser et, le cas échéant,
sanctionner des cas de publicité clandestine, tout
particulièrement sur les chaînes du secteur public. Le
« Product Placement » : il faut être d'autant
plus attentif à cette question que se développent actuellement,
pour le cinéma, de nouveaux types de partenariat qu'il sera
peut-être tentant de transposer dans l'audiovisuel. Des agences de
publicité et, notamment, DBB Needham tentent de créer des agences
spécialisées dans le " Tie-in " et le " product
placement ". Dans le premier cas, on permet à l'annonceur
d'associer sa marque et sa communication aux valeurs d'un film, de son titre et
de ses stars pour mettre en valeur son image ; dans le second, on utilise
de façon délibérée des produits de grande
consommation ou de services dans les films pour que les produits de la marque
soient clairement identifiés par le spectateur. »
* 8 Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel, op cit, p.9
* 9 Conseil Supérieur de
l'Audiovisuel, op cit, p 9 : « Il en est de même si le
produit ne s'insère pas naturellement dans le scénario mais est
au contraire exposé sans réelle justification. Une telle pratique
fait en effet dériver le placement de produits vers la publicité.
Enfin, les fictions destinées aux enfants et aux adolescents doivent
faire l'objet d'une attention particulière de la part des diffuseurs.
Susceptibles d'exploiter la crédulité du jeune public, ces
oeuvres ne doivent pas comporter de placement de produits ».
* 10 Samuel Turcotte, Gimme a
Bud ! The Feature Film Product Placement Industry, The University of Texas
at Austin, 1995
* 11 EmmanuelleCulioli, Sylvie
Hellmann et Patricia Le Van, Les nouvelles formes de publicité,
Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 1998
* 12 le 3 janvier 2002,
à Paris
* 13 Suite de l'extrait de
l'entretien que nous avons eu avec Jean-Patrick
Flandé : « Dans Taxi 2, pour Mitsubishi
c'est un peu différent. Il y a eu une petite participation de la marque
parce que dans le film, c'est la voiture du
japonais Yakusa et dans notre culture, il y a une marque de
respect, un côté énigmatique : tout cela est favorable
à la marque. »
* 14 Isabelle Fontaine,
Proposition d'un cadre théorique pour l'étude de
l'efficacité de la technique de placement de produits dans les films,
Congrès de l'Association Française du Marketing, 2000
* 15 Gilles Lugrin, Quand la
pub s'invite. Le Product Placement publicitaire.., Comm In, Le Magazine
d'information des professionnels de la communication, Mars 2002
* 16 Gilles Lhote et Jean
Lassaussois, Montres de stars, Edition Michel Lafon, 2001, in Première,
à l'heure des stars, N°296, 11. 2001, p. 28
* 17 En 1934, dans Les Fils
du désert , Laurel et Hardy brandissent à la vue de tout le
monde une bouteille de champagne Piper Heidsieck
* 18 Janie Samet, Les marques
font leur cinéma, Madame Figaro, 27 janvier 2001
* 19 Joël Brée, Le
placement de produit dans les films : une communication originale,
Décisions Marketing, N°8 Mai-Août 1996, pp. 65-74
* 20 Webdo, Les grandes
étapes du placement de produit,
http://www.webdo.ch/mp/mp_11/film2_11.html
* 21 Dale Buss, A
product-placement Hall of fame, Rochester Hills, Mich, June 11, 1998,
www.businessweek.com/1998/25/b3583062.htm
* 22 Première, A l'heure
des stars, N°296, 11.2001, p.28 : « Pour le premier 007,
James Bond contre Dr No, (1962), Sean Connery séduit
Ursulla Andress avec une Submariner (Rolex de plongée)
au poignet. »
* 23 Dale Buss, A place in the
Limelight, a sampling of resources to help you with product palcement,
McGraw-Hill, 1998,
www.businessweek.com/1998/25/b3583061.htm
* 24 Mythe ou
réalité ? Ericson aurait créé spécialement
un modèle de téléphone portable pour ce film sans avoir
l'intention de le commercialiser. Après la sortie du film en salles,
face à une explosion de la demande, Ericson aurait décidé
de lancer ce modèle.
* 25 Mike Bassett, And now a
word from our sponsor, Carleton University, Canada, 1998,
http://www.ottawacitizen.com.
* 26 Bien qu'il existe depuis
plus longtemps : « Des Brigades du Tigre à
James Bond en passant par Les Ailes du Désir ou La
Totale, Renault joue les vedettes depuis 1936 » in
Première N°293, 08.2001, p.146
* 27 Malika Abellaoui,
Philippine Borde et Charlotte Moigneteau, Le placement de produit est-il un
mode de communication ?, Université Paris 1, 1998, pp 8-12
* 28 Mémento pratique
Francis Lefebvre, Droit des Affaires, Concurrence Consommation, Editions
Francis Lefebvre, 2000, pp. 511 - 533
* 29 Jean Calais-Auloy et
Franck Steinmetz, Droit de la consommation, Dalloz, 1996, pp. 123-127
* 30 Joël Brée, op
cit, p. 66
* 31 Alex Mucchielli, Les
sciences de l'information et de la communication, Hachette Supérieur,
2ème édition revue, 1998, pp 67-68
* 32 Alex Mucchielli, La
nouvelle communication, Armand Colin, 2000, p. 195
* 33 Francis Vanoye et Anne
Goliot-Lété, Précis d'analyse filmique, Nathan
Université, Cinéma 128, 2001, pp. 80-81
* 34 Les agences de placement
de produit peuvent être également citées. Par exemple, dans
le film Le Boulet, l'agence de placement Marques et Films est
inscrit dans le générique de fin.
* 35 Voir la retranscription du
générique du film Taxi 2, dans la suite de ce
mémoire (analyse des interviews de groupe)
* 36 Le film Le bonheur est
dans le pré d'Etienne Chatiliez tourné dans le Gers a eu de
fortes retombées touristiques et commerciales dans le
département. Autre exemple, la région Rhône Alpes a
créé le Centre Européen Cinématographique qui
subventionne certaines productions en échange d'un tournage sur son
territoire
* 37 Les retombées
économiques directes sont importantes : une production d'un long
métrage de cinéma dépense directement en moyenne
près de 500 000 euros en quelques semaines sur le lieu de tournage
(hébergement, construction, emploi de techniciens et comédiens
locaux) sans compter les dépenses personnelles des techniciens et
comédiens.
* 38 Samuel Turcotte, Gimme a
Bud ! The Feature Film Product Placement Industry, The University of Texas
at Austin, 1995
* 39 Nila Nahadi, Product
Placement Information, Pros and Cons of Product Placement, California State
University Fullerton, 1999.
http://bodarky.www1.50megs.com/
* 40 Ciné Finances info,
Le placement de produits : une source de financement à prendre au
sérieux ?, Ciné Finances info, n°56, 3 juin 1992, pp
10-11
* 41 Ciné Finances info,
Le placement de produits : une source de financement à prendre au
sérieux ?, Ciné Finances info, n°56, 3 juin 1992, pp
10-11
* 42 Frédéric
Brillet et Sylvain Courage, La pub clandestine à l'assaut du
cinéma, Capital, Août 1995, pp. 96-97
* 43 Joël Brée, op
cit, p. 66
* 44
Andrew Mueller - And the brand played on - The Guardian, June 30,
2001
* 45 Christophe
Libilbéhéty, A vos marques !, Le Nouveau Cinéma,
Décembre 1998, pp. 98-104
* 46 Le fait d'être
coproduit par une chaîne télévisée rassure
l'annonceur et fait, en conséquence, monter les tarifs.
* 47 Carat Cinéma a,
ainsi, mis en place un barème pour fixer une grille des tarifs en
fonction de la mise en valeur du produit, des acteurs principaux et d'une
évaluation des contacts probables.
* 48 Entretien
téléphonique du 8 avril 2002.
* 49 Première, Renault
et le cinéma va va voumm..., N°293, 08.2001,
p.146 : « D'Etienne Chatiliez à Jena-Marie
Poiré en passant par Jean-Luc Besson ou Claude Zidi, on ne compte plus
les réalisateurs sui font appel aux voitures à filmer pour leur
confier un premier ou second rôle. Pour que les voitures soient
prêtés gracieusement, il suffit qu'ils ne soient pas
montrés accumulant des pannes, se précipitant dans le premier
ravin venu ou servant d'abri à des scènes pornographiques. De
plus, une équipe technique leur est adjointe, chargée aussi bien
de remplacer les pièces abîmées que de faire brûler
une Safrane avec un minimum de dégâts. Une anecdote tirée
du tournage du film Le Bonheur est dans le pré dans lequel Eddy
Mitchell tient le rôle d'un concessionnaire : avec trois
échecs à l'examen du permis de conduire, Mitchell a dû
céder (bien obligé) le volant à un conducteur caché
sous le capot. Le moteur, lui, a été replacé à
l'arrière. »
* 50 Données de l'Agence
Cinémarketing et de Ciné Finances Info
* 51 Yves Villagines, Mettez
vos produits sur grand écran, L'Essentiel du Management, septembre
1997
* 52 Frédéric
Brillet et Sylvain Courage, La pub clandestine à l'assaut du
cinéma, Capital, Août 1995, pp 96-97
* 53
http://hollywoodprops.com
* 54 Dale Buss, You Ought To Be
In Pictures, BusinessWeek, June 25, 1998
* 55 Marques et Films est
l'agence qui s'est chargé du placement dans le film « Le
Boulet » dans lequel un camion de livraison à la marque
Orangina est victime d'un accident.
* 56 Seule la participation
en argent fait en principe l'objet d'une rémunération pour
l'agence de placement
* 57 Pour le premier volet de
Taxi, Peugeot a fourni notamment : - pour les représentants de
l'Etat : des 309, des 405, des 406 ; - pour le ministre une 605
noire, - pour les bandits : une 106 XSI. Pour Taxi 2, voir plus
loin.
* 58 Pour Vénus
Beauté, la marque Mavala que l'on voit tout au long du film a non
seulement prêté les éléments du décor mais a
également formé les acteurs aux gestes des professionnels de la
beauté.
* 59 Les constructeurs
automobiles offrent souvent les compétences d'une équipe
d'ingénieurs et de techniciens pour l'entretien ou la transformation des
véhicules.
* 60 Melchior, Gaspar et
Balthazr, débarquant au XXIème siècle, ne peuvent manger
qu'un Big Mac. Mc Donald's a également régalé gratuitement
toute l'équipe de tournage pendant une journée.
* 61 Dans la Haute Couture, les
règles suivantes sont généralement
respectées : les habits et accessoires sont restitués
après le tournage, ils sont obligatoirement assurés, ils sont
exclusifs de toutes autres griffes concurrentes, ils ont une place de choix
dans les divers cadrages, ils sont réservés aux acteurs
principaux voire à la vedette du film, etc.
* 62 Rolf Schoch, Product
Placement : Meinungen und Einstellungen zu einer umstrittenen neuen Form
der Marketingkommunikation, Jahrbuch Marketingkommunikation, 29.04.1998
* 63 Malika Abdellaoui,
Philippine Borde et Charlotte Moigneteau, op cit
* 64 Joël Brée, op
cit, p 67
* 65 Nila Nahadi, Product
Placement Information, Pros and Cons of Product Placement, California State
University Fullerton, October 18, 1999
* 66 Niki Scevak, The Evolution
of Product Placement, Australia.internet.com, June 15, 2001,
* 67 Barnet D. Wolf,
Adverstisers resort to unusual tactics, creative approaches to sell products,
The Columbus Dispatch, June 24, 2001
* 68 En 1995, l'Agence CARAT
estimait qu'un long métrage français pouvait
générer 38 millions de contacts en 12 ans : 2 millions en
salles, 8 millions lors de la première diffusion
télévisuelle, 28 millions les autres fois et 30 000 en cassette
vidéo. A la même époque, l'agence suisse Propaganda,
spécialisée dans les placements dans les films produits par les
studios d'Hollywood, évaluait le nombre de ces contacts dans une
fourchette comprise entre 361 et 561 millions pour un film américain
mondialement diffusé.
* 69 Stephen Galloway, Brand
Smart, The Reporter.com, Hollywood, April 30, 2002
* 70 Marsha R. Levine,
interview, retranscription de l'enquête réalisée par Roxane
Frias, Les placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 71 Vulgain Amzembe, Paul
Bresteau, Romain Saint-Jean et Jérôme Martinez, Le marketing
cinématographique : la place des voitures au cinéma,
Université Montpellier 1, mai 2002
* 72 Marsha R. Levine
poursuit : « parfois le placement de produit se transforme en
véritable publicité comparative. Cela vaut de l'or. (On voit un
acteur boire une canette aux couleurs de Coca Cola sur laquelle on
aperçoit les première lettres du logo
« Co »). L'acteur dit à sa partenaire :
« finalement, j'ai envie d'un Seven Up »
* 73 Entretien
téléphonique du 7 mai 2002
* 74 Rania Hoballah et
l'Agence France Presse, Quand le tabac fait son cinéma...,
Allociné, Business, 14 Mars 2002,
http://allocine.com :
« Polémique. L'industrie du tabac et Hollywood auraient
signé des accords secrets pour mettre en avant cigarettes et fumeurs
dans les films. »
* 75 Agence France Presse, Le
tabac banni du cinéma, Allociné, Business, 13 Mai 1998,
http://allocine.com :
« Suite à un accord et contre 6 milliards de dollars, le
Minessota a obtenu que plus aucune marque de tabac n'apparaisse dans les films
américains. Contre 6 milliards de dollars déboursés par
l'état du Minnesota, les compagnies se sont mises d'accord pour ne plus
jamais payer les productions hollywoodiennes dans le but de faire
apparaître tout produit relatif au tabac.... Le 'Conseil de l'Industrie
Cinématographique' ne peut que se réjouir de cette nouvelle
après toutes les tentatives effectuées contre ce fléau.
Récemment, on a pu voir Julia Roberts tirer sur une cigarette dans
Le Mariage de mon meilleur Ami, ce qui avait
provoqué un mini-scandale. Etant à l'initiative de ce projet plus
que politiquement correct, le Minnesota a obtenu de ne plus jamais diffuser de
publicités relatives au tabac, et quel que soit le
support »
* 76 Julie Weinhouse,
interview, retranscription de l'enquête réalisée par Roxane
Frias, Les placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 77 Linda M. Swick, interview,
retranscription de l'enquête réalisée par Roxane Frias, Les
placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 78 Isabelle Fontaine, Le
placement de produits dans les films : un outil de communication pour les
entreprises ?, Actes du colloque 27 et 28 janvier 2000, Le marketing du
cinéma, Université de Toulouse, mars 2000, p.131
* 79 Fanny Triboulet, Les
grandes marques font leur pub au cinéma, Femme Actuelle, N°909, 25
février au 3 mars 2002, pp. 8-9
* 80 Bernard Brochand et
Jacques Lendrevie, Le Publicitor, Dalloz, 2001
* 81 Selon l'agence suisse
Propaganda, op cit, le CPM se situerait dans une fourchette comprise entre 0,17
$ et 0,28 $ pour un film mondialement diffusé.
* 82 Entretien
réalisé sur Internet (AOL Messenger) le 6 mai 2002, avec le
responsable marketing de la marque Itinéris qui a souhaité garder
l'anonymat.
* 83 Laurent Creton, Economie
du cinéma. Perspectives stratégiques, Nathan Cinéma,
3ème édition, 2001, p.161.
* 84 Aurore Tysseire, Ilham
Gretete, Bérengère Virmes, Le placement de marques dans les
films, Université Montpellier 1, mai 2002. Extrait d'un entretien
téléphonique, le 8 avril 2002, avec Isabelle Fontaine
(Université Paris 9 Dauphine) : « Parfois l'annonceur va
sur le tournage mais il n'a pas beaucoup de pouvoirs. En France, le
réalisateur est le maître incontestable de son oeuvre. Mais ceci
n'est qu'une théorie, aux Etats-Unis, car plus la marque paye, plus elle
sera représentée et plus elle aura un droit de
regard ».
* 85 Aurore Tysseire, Ilham
Gretete, Bérengère Virmes, op.cit. Extrait d'un entretien
téléphonique, le 2 avril 2002, avec Serge Fendrikoff (ATIKA Film,
Fresnes) : « Yoplait, dans Lune de Fiel, a mis son
veto à propos d'une scène où une femme nue s'enduisait le
corps de yaourt. Comme cela aurait pu nuire à l'image de Yoplait, la
scène a été coupée »
* 86 Gilles Lugrin, Quand la
pub s'invite. Le Product Placement publicitaire..., Com.in, Le magazine
d'information des professionnels de la communication, Fédération
Romande de Publicité, Lausanne, FRP, 3.02, Mars 2002
* 87 Isabelle Fontaine, Le
placement de produits dans les films : un outil de communication pour les
entreprises ?, Actes du colloque 27 et 28 janvier 2000, Le marketing du
cinéma, Université de Toulouse, mars 2000, pp. 137- 143
* 88 Isabelle Fontaine, op cit,
p 141
* 89 Gilles Lugrin,
sémiologue linguiste suisse, est l'auteur d'un
article intitulé : Quand la pub s'invite. Le product placement
publicitaire, Com.in, Fédération Romande de Publicité,
mars 2002
* 90 Norbert Silamy,
Dictionnaire usuel de psychologie, Bordas, 1983, p.217 : « Etat
de tension intérieure dû au fait que l'on est partagé entre
deux ou plusieurs idées contradictoires »
* 91 Philip Kotler et Bernard
Dubois, Marketing Management, Publi Union, 9ème
édition, 1999, p.590
* 92 Ciné Finances info,
Le placement de produits : une source de financement à prendre au
sérieux ?, Ciné Finances info, n°56, 3 juin 1992, pp
10-11
* 93 Frédéric
Brillet et Sylvain Courage, La pub clandestine à l'assaut du
cinéma, Capital, Août 1995, pp. 96-97
* 94 Extrait de l'entretien
réalisé en avril 2002, par Anne-Laurence Lonjon, in Anne Laurence
Lonjon, Sébastien Salvador, Jérôme Guérin et Romain
Bruccheri, Le placement des marques automobiles dans le cinéma,
Université Montpellier 1, mai 2002 :
* 95 Joël Brée, op
cit, p.65
* 96 Yves Villagines, Mettez
vos produits sur grand écran, L'Essentiel du Management, septembre
1997
* 97 Extrait de l'entretien
réalisé en avril 2002, par Anne-Laurence Lonjon, op
cit : « Je peux vous donner les chiffres de 1996, Renault
a participé à 29 longs-métrages, 79
téléfilms, 28 courts-métrages et films d'entreprise, 11
émissions de télévision et clips ».
* 98 Notre entretien du 3
janvier 2002 à Paris
* 99 Traduction
littérale : aller ensemble, être lié à, faire
la liaison avec
* 100 Fabienne Duvillier et
Ursula Grüber S.A., Dictionnaire bilingue de la publicité et de la
communication, Dunod, 1989, page 428
* 101 Joël Brée,
op cit, page 67
* 102 Yves Vilagines, Mettez
vos produits sur grand écran, L'essentiel du Management, septembre 1997,
pp46- 50
* 103 Carlos Pardo, Marketing
contre cinéma d'auteur, Le Monde Diplomatique, Mai 1998, p 28
* 104 Yves Chirouze,
Jean-Michel Laspéras, Victoria Metherell, Le Marketing trinlingue,
Chotard Editeurs, 1992, p.169
* 105 Joël Brée,
op cit, p 67
* 106 Certains acteurs ont
directement des contrats avec les marques. Sylvester Stallone aurait
perçu directement 50 000 $ de Brown and Williamson Tobacco en
contrepartie de cinq séquences montrant l'acteur en train de fumer dans
un de ses films. Par ailleurs, à la fin du tournage d'un film, il est
fréquent que les acteurs reçoivent en cadeau des produits
utilisés ou non dans le film.
* 107 Michel Chion, Le
cinéma et ses métiers, Bordas, 1990
* 108 Encyclopédie
Hachette, Les métiers du cinéma, 2001,
www.club-internet.fr/encyclopédie
* 109 Michel Chion, op
cit, pp 25- 26
* 110 Nous remercions
Jean-Patrick Flandé, créateur et gérant de Fim
Média Consultant, de nous avoir accordé un rendez-vous le 3
janvier 2002 dans ses locaux du 29 rue Guillaume Tell, 75 017 Paris.
* 111 Screen Runner, Comment
la pub finance le cinéma,
http://screenrunner.free.fr
* 112 Anne Laurence Lonjon,
Sébastien Salvador, Jérôme Guérin et Romain
Bruccheri, Le placement des marques automobiles dans le cinéma,
Université Montpellier 1, mai 2002
* 113 Laurent Creton, Economie
du cinéma. Perspectives stratégiques, Nathan Cinéma, 2001,
pp. 179-180
* 114 Joël Brée,
op cit, p. 71
* 115 Selon M.
Cohen-Séat, Directeur de la société de production et de
distribution Les films du Centaure : « Le droit
français accorde le Final Cut au réalisateur, il a
toujours la possibilité de modifier la scène. L'auteur est
propriétaire de l'oeuvre, le contrat de placement est
conditionnel : la marque s'acquitte de ses engagements si le
réalisateur a respecté les siens....Le doit anglo-saxon donne le
copy-right au producteur », entretien téléphonique du
7 mai 2002.
* 116 Selon Jacques Richard,
Directeur de la société de production Les Films
Elémentaires : « Les petits budgets sont ceux qui ont le
plus besoin de financements annexes mais les marques ne recherchent leur
présence que dans les films attendus où les acteurs et le
réalisateeur attirent les foules. Aussi pour le producteur, la situation
est paradoxale...Cela devrait aider les petits budgets et les films d'auteurs
et non pas profietr du succès des Blockbusters», entretien
téléphonique du 6 mai 2002.
* 117 Dans le film Le
5ème Elément, les policiers se ravitaillent dans
un Mc Donald's
* 118 Encyclopédie
Hachette, Les métiers du cinéma, 2001, op.cit
* 119 Christophe
Libilbéhéty, A vos marques !, Le Nouveau Cinéma,
Décembre 1998, pp. 98-104
* 120 Ciné Finances
Info, Le placement de produits : une source de financement à
prendre au sérieux ?, Ciné Finances Info, N° 56, 3 juin
1992, pp10-11
39 rue Chaptal 92 300 Levallois Perret, 47 48 13 20
* 121 Valérie
Othnin-Girard, L'assistant réalisateur, La Fémis éditions,
1993, pp 84-89
* 122 Michel Chion, Le
cinéma et ses métiers, Bordas, 1990, p.102
* 123 Julie Weinhouse,
interview, retranscription de l'enquête réalisée par Roxane
Frias, Les placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 124 Joël Brée,
op cit, p.72-73
* 125 Frédéric
Brillet et Sylvain Courage, La pub clandestine à l'assaut du
cinéma, Capital, Août 1995, pp. 96-97
* 126 Linda M. Swick,
interview, retranscription de l'enquête réalisée par Roxane
Frias, Les placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 127 Jocelyn Rochat, Souriez
vous êtes filmés, Webdo, 12 novembre 1998,
http://www.webdo.ch/mp/mp_11/film2_11.html
: « le scénario joue aussi un rôle
déterminant dans la collaboration d'un studio avec telle ou telle
marque. Les scénaristes ont ainsi équipé Bruce Wayne
(Batman dès la nuit tombée) d'une Reverso. Parce que la montre
biface de Jaeger-LeCoultre soulignait la tendance schizophrène du
chevalier noir. «Le script, qui donne un aperçu de ce que
seront les personnages, est un élément essentiel dans le choix
d'un placement de produit. Nous évitons la science-fiction. Silver
Surfer, par exemple, ne portera jamais une Ebel. Mais s'il y a un architecte
dans un film, ça peut nous tenter. Pour autant que sa
personnalité soit intéressante», explique Aldo Magada,
directeur marketing de la firme horlogère. Autre élément
à prendre en compte: la possibilité qu'un tueur porte une Ebel...
«Si Clint Eastwood joue le méchant ou qu'il s'agit de Jack
Nicholson dans le rôle du Jocker, ce placement reste intéressant.
Tout dépend du scénario.»
* 128 Notre entretien du 3
janvier 2002
* 129 www.bellefay.com
* 130 Agence de placement pour
le films Le Boulet et Le Raid , deux films
controversés surtout le second car considérés par beaucoup
comme des longs métrages publicitaires.
* 131
www.groupe-master.com/part/sompart.htm
* 132 Jean-Marc Lehu,
Praximarket. Les 1000 mots clés pour maîttriser le marketing,
Edition Jean-Pierre de Monza, 1996, p.153 : « Incentive :
ensemble des techniques de stimulation dont l'objectif est de développer
puis entretenir la motivation de l'ensemble du personnel d'une entreprise. Il
peut s'agir de réunions d'informations, de jeux concours, de
séminaires, de voyages, de cadeaux, etc.
* 133 La société
Master Partenariat et Ciné Régie ont pour
références : Canal +, Toshiba, Fila, Nintendo, Renault, La
Marine Nationale, Fido, Reebok, Bourgeois, Quick, Tabasco, Knorr, Kobby, Twix,
Heller, Orangina, Lissac, Polaroïd, etc.
* 134 Isabelle Fontaine, Le
placement de produits dans les films : quel outil de communication pour
les entreprises ?, Actes du colloque 27 et 28 janvier 2000, Laboratoire de
recherche audiovisuel, Université de Toulouse, mars 2000, p.131
* 135 Joël Brée,
op cit, pp. 73-74
* 136 le 7 mai 2002.
* 137 Suite :
« Pour les marques, l'intérêt est de redore leur
image : le cinéma rend plus populaire le produit, il devient plus
proche des gens....L'acteur cautionne la marque, et sans payer une grosse somme
comme elle aurait dû le faire si elle avait engagé l'acteur dans
une publicité à la télévision. La marque
bénéficie de sa notoriété ».
* 138 Fanny Triboulet, op cit,
pp 8-9
* 139 Charlotte Duval, op
cit : « De plus en plus de publicité se fait autour du
film, par exemple, Nestley en partenariat avec les films : si vous achetez
deux barres chocolatées Nestley, vous gagnez un pin's du dernier Walt
Disney...Il n'y a pas de véritable répercussion sur les
ventes...Après sur un lieu de vente, il est possible de toucher le
comportement d'achat des spectateurs comme le fait Nestley. »
* 140 Samuel Turcotte, Gimme a
Bud ! The Feature Film Product Placement Industry, The University of Texas
at Austin, 1995
* 141 Ainsi, selon Gary
Mezzatesta, Président de UPP Entertainment Marketing
«Unfortunately, there are still unethical companies around» car
«tout ce dont vous avez besoin dans cette activité, c'est d'un
téléphone » ( «All you need is a phone to be in
this business. You can be totally unethical and still be in business» in
Samuel Turcotte, op cit.
* 142 Conseil Supérieur
de l'Audiovisuel, Honnêteté de l'information, protection des
mineurs et publicité clandestine : le CSA a reçu les
diffuseurs, La lettre du CSA, N°115, avril 1999
* 143 Retranscription de la
présentation de l'enquête à Los Angeles « Les
placements qui rapportent », Culture Pub, M6, mai 2001 :
« Le cinéma aux Etats-Unis, ce n'est pas de l'art, c'est de
l'espace publicitaire. Enquête aux Etats-Unis, l e pays où les
produits sont les vrais stars du grand
écran »... « Pour convaincre leurs clients
potentiels, les agences préparent des bandes démo qui montrent
la valeur d'un bon placement. On tient compte du cadrage et de la longueur du
plan. Les chiffres qui s'affichent sur la Bande Démo correspondent au
tarif publicitaire d'un spot publicitaire pour exposition équivalente
à la même heure sur la même chaîne ».
* 144 Linda M. Swick,
interview, retranscription de l'enquête réalisée par Roxane
Frias, Les placements qui rapportent, Culture Pub, M6, 6 mai 2001.
* 145 Pendant la
première guerre mondiale, les studios américains se
développèrent et s'installèrent pour la plupart autour de
Los Angeles (Californie). Les cinq grands studios, les « big
five » (Paramount, Metro-Goldwyn-Mayer, Fox, Warner, RKO) auxquels il
faut ajouter trois compagnies plus petites Universal, Columbia et United
Artists (société créée par Chaplin, Fairbanks et
Pickford) dominèrent la production mondiale jusque dans les
années cinquante au cours desquelles les « Majors »
connurent une période de déclin en raison d'une loi anti-trust.
Aujourd'hui sont considérées comme les Majors d'Hollywood les
compagnies suivantes : MGM, Fox, Universal, Columbia, Disney Pictures et
Tristar.
* 146 Jocelyn Rochat, Souriez
vous êtes filmés, Webdo, 12 novembre 1998,
http://www.webdo.ch/mp/mp_11/film2_11.html
: « La marqueTag Heuer s'est ainsi retrouvée dans la
superproduction «Armageddon», même s'il fallait être
très observateur pour déceler sa présence. En effet, Tag
Heuer n'a pas jugé bon de souligner son implication dans le film via des
spots publicitaires, un concours ou des affiches, comme le fait
généralement Omega. «Nous avons construit l'horloge qui
compte les minutes avant que la météorite ne heurte la Terre.
Mais ce placement résultait plus d'un hasard que d'un choix
stratégique, puisque c'est le studio qui a fait appel à nous,
explique Marcus Stadelmann, directeur commercial chargé des
Amériques chez Tag Heuer. Cette publicité est certes
intéressante, mais elle coûte aussi très cher. Il faut donc
bien calculer avant de se lancer. Nous nous impliquerons probablement davantage
dans l'un des trois films actuellement en préparation sur la formule 1,
puisque nous sommes chronométreurs officiels de ce sport. Mais ce ne
sera pas à n'importe quel prix.».
* 147 Réponse par
e-mail de Bonnie Sporn (responsable du service Films et
Télévision de l'agence de placement Feature This) traduite, voir
plus loin dans le paragraphe consacré aux entretiens par Internet avec
des experts.
* 148
Toutefois, leur rôle n'est pas toujours clairement compris par
les autres cadres du studio ni par les membres de l'équipe de
production. Une blague circule dans les studios : « personne
dans le studio ne sait réellement ce que le département de
ressources production fait réellement. On sait juste que si on a besoin
de quelque chose on peut les appeler ». in Samuel Turcotte, op cit
* 149 Samuel Turcotte, Gimme a
Bud ! The Feature Film Product Placement Industry, The University of Texas
at Austin, 1995
* 150 Nous avons
réalisé des entretiens en face à face auprès de
plusieurs experts : Jean-Patrick Flandé (gérant de l'agence
de placement Film Média Consultant), Géraldine Sultan (Directrice
de la communication de Planet Hollywood Paris), un directeur d'une agence de
communication, un directeur de marketing d'un constructeur automobile
français, un comédien, un accessoiriste, un compositeur de
musique de film.
* 151 Ciné Live,
Première, Le Film Français, etc.
* 152 Traduction d'un e-mail
adressé par Bonnie Sporn (responsable du service Films et
Télévision de Feature This) : « notre
métier consiste à recevoir les scripts des studios ou des
producteurs indépendants, les lire et noter à chaque page s'il y
a une opportunité pour nos clients (annonceurs), même lorsque les
scripts mentionnent une marque concurrente. Par exemple, si le script indique
que des personnages vont chez McDonald's, nous essayerons de leur placer
Popeyes (notre client dans la restauration rapide) et nous leur proposerons de
leur offrir la nourriture, les cartons, les verres, les produits, etc. Quand
vous lisez un script, vous devez faire plus que de lire ce qui est
écrit. Par exemple, si le script dit « la fille s'assit sur
son lit dans sa chambre et lit un livre » : alors je le
complète par l'idée suivante : quel poster a-t-elle sur son
mur, quelles marques de soda/biscuit/alcool pourrait-elle avoir sur sa table de
chevet. Pourrait-elle écouter de la musique avec un baladeur ?
Peut-être porte-t-elle un T'shirt avec un des nos logos, etc...
Après avoir travaillé le script, j'adresse un rapport à
nos clients dans lequel j'inclus un résumé du script, les noms
des producteur, réalisateur, acteurs, etc. ainsi que la liste des
opportunités de placement. Alors, mes clients-annonceurs me
répondent par oui ou par non (via e-mail). J'écris alors une
liste (« wishlist ») et l'envoie au studio avec les
propositions de placement de nos clients. Lors de la production, je suis
contacté par l'accessoiriste ou le propmaster et ils viennent prendre
les produits dont ils ont besoin dans nos locaux si le tournage a lieu à
Los Angeles. Dans le cas contraire, nous demandons à nos
clients-annonceurs d'acheminer les produits sur le lieu du tournage. Nous
adressons un rapport au producteur sur tout ce qui a été
envoyé et ce que cela a coûté. Ainsi, les
départements des Ressources (« Production Resource
Department ») peut écrire son rapport et montrer au studio
combien d'économies il a réalisé. ... C'est une
activité très intéressante bien que parfois frustrante.
C'est un grand plaisir quand le principal personnage d'un film tient à
la main la marque de soda de notre client tout en parlant, mais en même
temps nous pouvons dépenser des milliers de $ de produits pour un film
et ne jamais le voir en scène. »
* 153 Jöel Brée,
Le placement de produit dans les films : une communication originale,
Décisions Marketing N°8 Mai-Août 1996, p.71
* 154 Isabelle Fontaine, op
cit pp.139-140
* 155 Bernard Dubois,
Comprendre le consommateur, Dalloz, 1990, p. 87 : « La
théorie de la dissonance cognitive, due à Léon Festinger,
suggère qu'un consommateur venant de procéder à un achat
important a besoin d'informations positives destinées à le
rassurer d'avoir fait le bon choix »
* 156 F.M.L.- Ados,
cinéma et tabac- Allociné, Business, 01 Mars 2001,
http://allocine.com : « Une étude américaine
révèle que les stars qui fument sur grand écran
influencent aussi les jeunes dans leurs pratiques ».
* 157 Marketing &
Télévision, 24 rue Daniel Stern, 75015 Paris.
« Marketing et Télévision a réalisé
depuis 1991 près de 100 interventions sur les différents
programmes de télévision et contenus audiovisuels : fiction
(cinéma, policiers, sagas, séries, dessins animés, etc.),
programmes d'information, programmes et divertissement, présence des
annonceurs (modules-jeux, placement de produit, parrainage TV). Marketing &
Télévision réalise des pré-tests et des post-tests
de programmes à partir de deux grands types de techniques :
- des techniques d'études sur la perception des
programmes : réunions de groupe (groupes projectifs de 7 à
10 personnes), des interviews en profondeur et des entretiens semi-directifs
d'une heure trente, des interviews quali-quanti (interviews de 20 minutes sur
100 à 200 téléspectateurs actuels ou potentiels, des
screen-tests (projection du programme auprès d'un panel de 100
à 200 personnes en salle, par petits groupes ou individuellement)
- des techniques d'études sur le contenu et le
fonctionnement des programmes : l'analyse de contenu des programmes fait
appel selon les besoins à des techniques sémiotiques,
narratologiques, sémantiques, pragmatiques, etc. ». Pour plus
de détails voir le site de Marketing & Télévision
à l'URL suivante :
http://www.qualiquanti.com/mt
* 158 Marketing &
Télévision et Semio System, Etude sur le placement de produits au
cinéma, Avril 1993
* 159 Marketing &
Télévision, Note sur le placement de produits au cinéma,
Société QualiQuanti, décembre 1997,
http://www.qualiquanti.com/mt,
p.9
* 160 Marketing &
Télévision, Note sur le placement de produits au cinéma,
Société QualiQuanti, décembre 1997,
http://www.qualiquanti.com/mt,
10 pages
* 161 Marketing &
Télévision, L'approche Sémio-live en
télévision, Société QualiQuanti, février
1998,
http://www.qualiquanti.com/mt :
« Des analyses sémiotiques en direct et en présence du
commanditaire. Traditionnellement, les instituts d'études
réalisent les analyses sémiotiques en chambre dans leurs bureaux
et livrent les résultats à leurs commanditaires sous forme de
rapports finalisés. Depuis juillet 1997, QualiQuanti et Marketing &
Télévision réalisent des séances d'analyse
sémiotique en présence des commanditaires intitulées
Sémio-live. Une séance sémio-live consiste dans
l'étude en direct d'un corpus qui est progressivement analysé
devant une équipe qui peut réagir et poser des questions.
L'approche sémio-live combine plusieurs avantages de divers
ordres : - avantage interactif (les commanditaires peuvent intervenir en
sélectionnant certains éléments du corpus, en indiquant
des axes ou des hypothèses d'investigation, en posant des questions sur
les analyses, en suggérant des intuitions ou des exemples qui sont par
la suite formalisés ou modélisés par le sémiologue)
- avantage économique..., - avantage créatif..., -avantage
pédagogique.... »
* 162 Daniel Bô, Comment
tester un programme de télévision ?, Société
QualiQuanti, 2002
http://www.qualiquanti.com/mt
* 163 Isabelle Fontaine,
Proposition d'un cadre théorique pour l'étude de
l'efficacité de la technique de placement de produits dans les films,
Actes du XVIème congrès international de l'Association
Française du Marketing, Montréal, 2000, pp. 969-984
* 164 Isabelle Fontaine, Le
placement de marques dans les films : apports du cadre théorique da
la mémoire implicite et proposition d'une méthodologie, Centre de
Recherche DMSP, Université Paris IX Dauphine, Cahier N°287, avril
2001, 17 pages.
* 165 La mémoire
implicite, théorie issue de travaux de psychologie cognitive, a
été définie par Graf et Schacter (1985) comme étant
révélée « lorsque la performance à une
tâche est facilitée en l'absence de récupération
consciente » tandis que la mémoire explicite est
observée « lorsque la performance à une tâche
requière la récupération consciente d'expériences
passées » in Isabelle Fontaine, op cit, p.1
* 166 Isabelle Fontaine, op
cit, p 6 : « La proéminence est la
capacité de la marque à attirer l'attention du spectateur. ..Elle
est caractérisée par l'ensemble des facteurs objectifs
susceptibles d'attirer l'attention du spectateur : facteurs liés
aux caractéristiques de la marque (taille, couleur, vivacité,
etc.) et à sa mise en scène (type de plan..)
* 167 Jean Antoine Corbalan,
Ponctuer un parcours d'enseignant-chercheur au Céric, Céric,
2002
* 168
http://www.kinoweb.de/film97/TomorrowNeverDies/
* 169 Rolf Schoch, Product
Placement : Meinungen und Einstellungen zu einer umstrittenen neuen Form
der Marketingkommunikation, Jahrbuch Marketingkommunikation, 29.04.1998
* 170 Traduction du texte
original écrit en suisse allemand
* 171 Nous tenons
à remercier Rolf Schoch qui nous a adressé les résultats
de son sondage par courriel.
Dr Schoch + Partener WI.SO, Einsielerstrasse 143, CH-8810 Horgen,
www.wiso-schoch.ch
* 172 Jean-Marc Léger,
Le placement de produit, Legermarketing.com, mai 2000
* 173 Cristel A. Russel,
Toward a Framework of Product Placement : Theoretical Propositions, in
Isabelle Fontaine (2000)
* 174 Denise E. Delorme, The
Meaning of Product Placements to the Motion Picture Audience : A Focus Group
Study, Master of Arts, The University of Georgia, Athens, Georgia, 1991, 102
pages
* 175 Denise E. Delorme,
Brands in films : Moviegoers'Experiences and Interpretations, Doctor of
Philosophy, The University of Georgia, Athens, Georgia, 1995, 312 pages
* 176 Samuel Turcotte, Gimme a Bud! The Feature
Film Product Placement Industry, The University of Texas,Austin, 1995
* 177 Isabelle Fontaine, Le
placement de produits dans les films : un outil de communication pour les
entreprises, Actes du colloque marketing du cinéma, Laboratoire de
Recherche en Audiovisuel LARA, Université Toulouse Le Mirail, 27-28
janvier 2000
* 178 Jean-Christophe Hervé et Jean-Claude
Oubbadia, Publicité clandestine au cinéma : étude d'un
cas, R.A.P., Echos n°21, août 1998,
http://www.antipub.net/rap/rapechos.htm
* 179 Robert Heymann, Devant une queue de
cinéma, R.A.P., Echos n°21, août 1998,
http://www.antipub.net/rap/rapechos.htm
: Au printemps de 1998, un membre de R.A.P. est allé devant le
cinéma du Blanc (Indre), qui projetait Les Couloirs du temps : les
Visiteurs II. Il a distribué aux spectateurs qui faisaient la queue un
petit tract réalisé par lui-même, intitulé " Les
Envahisseurs " : " Vous ne vous intéressez pas à la
PUBLICITÉ. Les PUBLICITAIRES, eux, s'intéressent à vous.
Dans les rues, sur votre propre vêtement, sur les routes, à la
télévision et dans bien d'autres lieux, la PUBLICITÉ
investit vos esprits. Vous avez aimé Les Visiteurs I, avec sa dizaine de
PUBLICITÉS, vous aimerez donc 6 fois plus Les Visiteurs II, avec environ
60 PUBLICITÉS. Mais tout cela est vraiment sans importance et ne
mérite certainement pas ces quelques lignes. Bonne soirée ! " Le
tract était signé R.A.P. (avec l'adresse). Bon accueil du public,
mais le directeur du cinéma, visiblement, boudait »
* 180 Sargent J. D. et Coll.
Lancet 2001 ; 357 : 29-32, in Medisite.fr, 12 janvier 2001
* 181 Antoine Duplan, Fume
c'est du Hollywood light, Webdo.ch, 2 mars 2000
* 182 Pour lire d'autres
études et le projet « Les films libres de
fumée » de Stanton A. Glantz, PhD, Professeur de
médecine à l'Université de Californie, San
Francisco :
movies@medicine.ucsf.edu,
Ecole d'UCSF de médecine, BP 0130, San Francisco CA
94143-0130, ou : Smokefreemovies.ucsf.edu
* 183 Alex Mucchielli (sous la
direction de), Dictionnaire des méthodes qualitatives, en sciences
humaines et sociales, Armand Colin, 1996, p. 129
* 184 La recherche
documentaire n'a jamais été abandonnée, soit pour
approfondir des sujets au fur et à mesure de l'avancement de nos
travaux, soit pour actualiser des sujets que nous avions traités. Une
véritable veille a été mise en place grâce à
l'utilisation d'agents intelligents que nous avons
téléchargés sur les sites
www.agentland.fr et
www.copernic.com.
Une recherche bibliographique classique en bibliothèques,
sans a priori disciplinaire, fut complétée par une recherche sur
Internet de sites de contenu, d'ouvrages, d'articles, de thèses, de
listes de diffusion (mailing lists) et de forums de discussion
(newsgroups).
En ce qui concerne les informations recueillies sur le Web, nous
avons pris la précaution de ne retenir que celles émanant
d'organismes, publics ou privés, français ou internationaux,
reconnus pour la qualité de leur travail et/ou de les vérifier
en les croisant et en examinant la méthodologie employée.
Pour recenser les sites Web intéressants, nous avons
utilisé les moteurs et les annuaires de recherche classiques (Altavista,
Google, Yahoo, etc.), mais aussi des métamoteurs (Copernic Pro,
Glooton, Kartoo, etc.). Nous avons également tenté de recenser
les sites les plus intéressants en matière de contenu
cinématographique. Ces sites sont actuellement
référencés dans la rubrique Cinéma de l'annuaire
« Mercannuaire » que nous avons construit :
http://www.mylinea.com/cybermercatique
(ou
http://www.mercannuaire.fr.st)
Dans cet annuaire, figurent également dans la rubrique
« Recherche Documentaire sur le Web », les outils de
recherche de sites, d'ouvrages, de thèses, d'articles, de forums de
discussion et de listes de diffusion que nous avons utilisés dans notre
recherche.
C'est grâce à eux que nous avons isolé, entre
autres, les travaux de Samuel Turcotte, disponibles en ligne, et ceux de Denise
E. Delorme que nous avons obtenus grâce aux prêts
inter-universitaires.
* 185 Alex Mucchielli
(sous la direction de), Dictionnaire des méthodes qualitatives en
sciences humaines et sociales, Armand Colin, 1996, pp 184-185).
* 186 Extraits de notre forum
sur respublica.fr : « Depuis Le gendarme et les
extra-terrestres, film pourtant pas très récent, il y a une
profusion de publicités ! Notamment lors de la scène de la
kermesse où les flics patrouillent et sont littéralement abrutis
par tous les slogans publicitaires que hurlent les sponsors à tout
va ! Ca dure plusieurs minutes et les publicités sont très
explicites. En plus, ça n'apporte rien à l'intrigue ...Patrice (
bulat@free.fr), le 2 décembre
2002.
Message suivant : « Et moi qui croyait que
le grand précurseur était The blues Brothers : 1980
contre 1978 our Le Funès ! » Vincent Fournols
vicent@fournols.org
Lumière sur le Cinéma :
http://www.lumiere.org
Message en réponse : « Pour ma part,
il me semblait que c'était Bobby Deerfield (1977) qui
avait fait un grand pas en matière de placement publicitaire : une
histoire de cendrier ». David N.A. Mathieu
http://perso-club-internet.fr/dnam/index.htm
Message suivant : « En parlant de
Martini, ce n'est pas dans Jamais plus jamais que l'on a ce
dialogue : Ellle = « je vous ai mouillé ».
James Bond = « Oui, mais mon Martini est resté
sec ». Stephane Ninin (stefnin.nospam@yahoo.fr)
Message suivant : «Wayne's World a une
scène où toutes les pubs sont montrées en deux minutes et
de façon très habiles». Sam,
Spim2be3-lagaf@SPAMifrance.comSPOUM
* 187 Celle-ci n'acceptant pas
les entretiens directifs donc encore moins les questionnaires fermés.
* 188 F. et G. Lemoine, Etudes
commerciales et publicitaires, Tome1 : les études commerciales,
Techniplus, 1991, p 71.
* 189 Yves Evrard, Bernard
Pras, Elyette Roux, Market. Etudes et recherches en marketing, Fondements
Méthodes, Nathan, 1993, p. 180
* 190 Nous avons l'assurance
que les répondants n'ont pas pu remplir le questionnaire plusieurs fois
de suite. Webonline place un cookie dans l'ordinateur utilisé par le
répondant ce qui interdit toute possibilité d'utiliser une autre
fois le même ordinateur pour répondre au questionnaire. Nous avons
donc la certitude d'avoir une centaine de questionnaires remplis par des
personnes différentes.
* 191 L'attribution est le
fait d'associer une marque à un message, la confusion est le fait
d'attribuer le message à une autre marque éventuellement
directement concurrente, in F. et G. Lemoine, Etudes commerciales et
publicitaires, Théorie et pratique, Tome 2 : les études
publicitaires, Techniplus, 1993, pp. 84-85
* 192 XXXXX
* 193 Philip Kotler et Bernard
Dubois, Marketing Management, Publi Union, 9ème
édition, 1999, p. 595 : « Michael Jackson s'est fait
payer 15 millions de $ pour tourner une série de spots pour
Pepsi... ». Quelque temps après,
Il faisait « l'objet de rumeurs sur des relations
coupables avec de jeunes enfants ».
* 194 Les pourcentages sont
calculés par rapport au nombre total de réponses pour chacune des
questions et non par rapport au nombre de répondants ce qui dans
certains cas auraient été plus logique.
* 195 Samuel Turcotte, Gimme a
Bud ! The Feature Film Product Placement Industry, The University of Texas
at Austin, 1995
* 196 Centre d'Etudes et de
Recherche en Information et Communication, Université Montpellier 3 Paul
Valéry
* 197 Jean Antoine Corbalan,
Ponctuer un parcours d'enseignant-chercheur au Céric, Céric,
2002
* 198 Isabelle Fontaine, Le
placement de marques dans les films : apports du cadre théorique de
la mémoire implicite et proposition d'une méthodologie,
congrès de l'Association Française du Marketing, 2001
* 199 Nicolas Heidet, Films et
automobiles, Turbo.fr, 2001 : « Le "Lion " participe depuis plus de
15 ans à des productions cinématographiques. "Notre
démarche est avant tout quantitative, nous voulons être visible
sur un maximum de productions " explique Pierre Garnier, le responsable de la
communication chez Peugeot France. « Notre aide se limite au
prêt de véhicules (...) Pour les aventures de
Taxi, le choix de Luc Besson se limitait à deux marques (à
savoir Peugeot et Mercedes). Lors du tournage du premier volet, nous lui avons
prêté 40 véhicules, pour la plupart des 406
destinées à des crash test. Pour la suite, la production nous a
demandé une participation financière. Ce que nous avons
refusé catégoriquement contre un prêt de 60 voitures et
quelques utilitaires. Notre volonté est de venir en aide aux jeunes
réalisateurs et nous n'intervenons jamais sur un scénario. Bien
entendu, nous évitons les cas de figure mettant en cause le
fonctionnement du véhicule (...).
Nous sommes aussi très présent dans des
séries TV comme Julie Lescaut et nous misons souvent sur des productions
sans en connaître les futures retombées. Ce fut d'ailleurs le cas
de " Taxi " dont les acteurs étaient peu connus du grand public et dont
le réalisateur n'avait pas fait de film depuis 15 ans. "
Omniprésent au sein des longs et court métrages français,
Peugeot fait aussi des apparitions plus discrètes. C'est le cas des 3
berlines 607 que l'on a récemment pu découvrir dans la
comédie " La tour Montparnasse infernale ".
* 200 Comme pour le premier
volet de Taxi, Peugeot n'a pas versé d'argent mais a fourni gratuitement
74 véhicules pour le tournage du film : la police municipale et la
gendarmerie utilisent des 106, des 206, des 306, des 306 break, des 406 et
même des 806. Six 406 V6 arrangées ont été
fabriquées spécialement pour le film ou reconditionnées
à partir d'anciennes voitures de compétition. Peugeot
dévoile, dès le début du film, Taxi 2 la 206 WRC
Rallye. Le constructeur a mis à disposition des équipes
techniques une flotte de plusieurs dizaines de 806. Une série de
« mulets », des voitures destinées aux essais, ont
été utilisées pour les cascades.
* 201 Denise E. Delorme
(1991), op.cit, pp 15-22
* 202 Denise E. Delorme
(1991), op cit , p 38 : La bande était composée d'extraits
de 8 films : Big, Bull Durham, Coming to America, Hardly Working, Rainman,
Say Anything, Throw Mama from the Train, and Twins. Les 16 marques
placées étaient : Hanes, K-Mart, 7-Up, Quaker State Motor
Oil, Mastercard, Fina, Goodyear Tires, Michelin Tires, Pepsi, Shasta, Evian,
7-Eleven, Kellogg's Raisin Bran, McDonalds, Dunkin Donuts, and Nike. Chacune de
ces marques était placée au moins une fois.
* 203 Denise E. Delorme
(1991), op cit, Annexes : Appendix J : Moderator Guide
* 204 Denise E. Delorme,
Brands in films : Moviegoers'experiences and interpretations, Dissertation
for the Degree Doctor of Philosophy, University of Georgia, Athens, Georgia,
1995, p.3
* 205 notamment Blumer (1933),
Custen (1980) in Delorme (1995), pp. 20-26
* 206 notamment Friedman
(1985, 1991), Sapolsky & Kinney (1994), Karrh (1995) in Delorme (1995),
pp.27- 30
* 207 notamment Steortz
(1987), Karrh (1994), Vollmers & Mizerski (1994), Nebenzahl & Secunda
(1993), Sabherwal et al. (1994), Delorme (1991), Delorme et al. (1994) in
Delorme (1995), pp. 30-38
* 208 Delorme (1991), p
38 : «The creation of the stimulus material was a complex task
«
* 209 Montage
réalisé dans le laboratoire informatique du CERIC
* 210 Fin du montage
réalisée sur la table personnelle de Maurice Rabinovici
* 211 Le CNC définit le
taux de pénétration pour un groupe d'individus par « le
résultat de l'opération = population cinématographique de
ce groupe/population totale de ce groupe. La population
cinématographique comprenant l'ensemble des individus (âgés
de six ans et plus) étant allés au cinéma au moins une
fois dans l'année.
* 212 Roger Mucchielli,
L'interview de groupe, Les Editions ESF, Entreprise Moderne d'Edition,
Librairies Techniques, 5ème édition, 1980, pp.
25-26
* 213 En plus de l'affichage,
elle a du financer une campagne de recrutement sur une
télévision câblée et rémunérait les
participants.
* 214 Roger Mucchielli,
L'interview de groupe, op cit, p.45 : « Synthèse
finale ou rapport final : la fin de l'interview est aussi une
synthèse et celle-ci se confond avec le rapport de la réunion.
Cette synthèse est la formulation de ce que le groupe est parvenu
à trouver au cours de l'interview ...Elle n'est valable que si
tout le groupe, sans exception, est d'accord sur ses termes ».
* 215 Roger Mucchielli,
L'analyse de contenu des documents et des documentations, Les Editions ESF -
Entreprise Moderne d'Edition - Librairies Techniques, 5ème
édition, 1984 : p123 : « Analyse de contenu :
examen objectif, exhaustif, méthodique et si possible quantitatif d'un
texte (ou d'un ensemble d'informations) en vue d'en tirer ce qu'il contient de
significatif par rapport aux objectifs de recherche »
* 216 Laurence Bardin,
L'analyse de contenu, PUF le psychologue, 1977, p.104
* 217 Rodolphe Ghiglione et
Benjamin Matalon, Les enquêtes sociologiques, Théories et
pratique, Armand Colin, collection U, 1978, p 165.
* 218 Rodolphe Ghiglione,
Jean-Léon Beauvois, Claude Chabrol et Alain Trognon, Manuel d'analyse de
contenu, Armand Colin, collection U, 1985, pp.51 à 81
* 219 Laurence Bardin, op cit,
pp 121-122
* 220 Laurence Bardin, op cit,
p.95
* 221 Alex Mucchielli (sous la
direction de), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences
humaines et sociales, Armand Colin, 1996, pp. 36-37
* 222 Pierre Jenn, Techniques
du scénario, Institut de Formation et d'Enseignement pour les
Métiers de l'Image et du Son, FEMIS, 1991, pp.12-18 : La
proposition dramatique principale : « il s'agit d'une maxime
résumée en une phrase qui, à elle seule, contient
l'essence de l'oeuvre ».
* 223 Certaines rumeurs
véhiculent l'idée que c'est Pepsi Cola qui aurait
« placé » son concurrent dans cette scène.
* 224 Pierre Jenn, op cit, pp
20-21
* 225 Syd Field, Screenplay,
The Foundations of Screenwriting. A Step by Step Guide, in Pierre Jenn, op cit.
pp. 66-67
* 226 Certains
considèrent que si les séries françaises ont moins de
succès à l'étranger que les séries
américaines, c'est notamment en raison de l'absence de marques qui rend
moins crédible et réaliste les histoires contées.
* 227 Voir la grille d'analyse
d'un générique
* 228 Alex Mucchielli, La
nouvelle communication, Armand Colin, 2000, pp.190-191
* 229 Alex Mucchielli, op cit,
p.152
* 230 Denise E. Delorme, op
cit, pp 224- 236
* 231 Antoine Duplan, Fume,
c'est du Hollywood light, Webdo.ch, 2 mars 2002
* 232 Alex Mucchielli, La
nouvelle communication, op cit, p.155.
* 233 Denise Elizabeth
Delorme, Brands in films : Moviegoers' Experiences and Interpretations,
The University of Georgia, Doctor of Philosophy, Athens, Georgia, 1995, pp. 210
- 220
* 234 D'une part, la
comparaison entre le placement de produit dans les films et les marques dans
les autres médias, d'autre part, la justification des conclusions de sa
première étude (1991)
* 235 Extrait d'un entretien
avec un étudiant en DESS Cinéma à Paris
* 236 Isabelle Fontaine, Le
placement de marques dans les films : apports du cadre théorique de
la mémoire implicite et proposition d'une méthodologie, Centre
de Recherche DMSP, Université Paris IX Dauphine, Cahier N°287,
avril 2001
* 237
Olivier Droulers, Perception subliminale : une
expérimentation sur le processus d'activation sémantique des
marques, Recherche et Applications Marketing, volume 15, N°4, 2000,
pp.43-59 :
* 238 Denise E. Delorme, op
cit, p 226
* 239 Eric Chol, Un
hollywoodien à Paris, L'Express, N° 2654, 16-22 mai 2002
* 240 Eric Chol, op cit,
p.146 : «Avec 15% de part de marché en France, les films
Warner (Ocean's Eleven, Matrix) comptabilisent plus de 20 millions
d'entrées ».
* 241 Alexandre Phalippou et
Emmanuel Egloff, Investir dans le cinéma. Gros plan sur les meilleurs
placements, Le Revenu, N°670, 17-23 mai 2002, Dossier spécial
Cannes 2002, pp. 33- 41
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