3.2.2 Inventaire de l'ichtyofaune
La faune ichtyologique des pêcheries de Say sur le
fleuve Niger est constituée de 48 espèces sur les 139
annoncé par Fishbase pour le Niger. Elles sont regroupées en 31
genres et 16 familles. Ce résultat est nettement supérieur
à ceux d'Ado (2018) qui a eu 40 espèces 30 genres et 14 familles
pour une même période de trois mois sur le fleuve Niger à
Boubon. Cette différence pourrait être expliqué par la
proximité de nos stations du parc national du W possédant des
affluents (ou la pêche est interdite) en connexion avec le fleuve. Par
contre notre résultat ne reflète qu'un peu plus de la
moitié de celui trouvé par Coenen (1987) sur le fleuve Niger. En
effet les travaux menés par cet auteur sur le fleuve Niger en 21 mois a
révélé un nombre total de 83 espèces reparties en
20 familles. Cet écart observé, pourrait s'expliquer par la
durée de l'étude. En effet, dans notre cas, l'étude a eu
lieu de juillet à septembre soit 3 mois, ce qui est susceptible de
biaiser le nombre réel d'espèce et/ou leur abondance. Le biais
dans la collecte de données peut être lié à la
richesse spécifique ou à l'abondance des espèces. En
effet, Ahouansou Montcho (2011), estime qu'il n'est pas rare de constater des
biais dans l'appréciation de la diversité spécifique d'une
communauté animale.
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Dans cette étude, du fait de la présence de
singletons (espèce unique) dans les échantillons des campagnes
(juillet à septembre) cumulés, l'inventaire demeure incomplet.
Aussi longtemps que les singletons (au nombre de 5 dans notre cas) et doublons
(au nombre de 1) persistent dans les échantillons, les
possibilités d'obtention de la richesse spécifique plus
élevée existent. Le nombre total d'espèces d'un milieu est
atteint dès que les singletons n'apparaissent plus dans les captures
malgré la poursuite des campagnes d'échantillonnage (Walther et
Morand 1998, Novotny et Basset 2000, Mao et Colwell 2005). Selon Walther et
Moore (2005), pour déterminer la richesse spécifique dans une
communauté biologique à partir des bases des données
réelles, l'échantillonnage doit être exhaustif quelles que
soient les difficultés de le réaliser. La richesse
spécifique estimée serait égale alors au nombre
d'espèce réellement inventorier. Dans cette étude,
l'estimation a prédit une richesse spécifique de 51
espèces contre 48 réellement récoltées.
La richesse spécifique du fleuve Niger dans le secteur
d'étude est dominée par la famille des mormyridae composée
de 11 espèces et 8 genres. Ce résultat est supérieur
à ceux obtenus par Ado (2018) qui a rapporté 7 espèces et
7 genres à Boubon sur le Niger mais proche des résultats d'Amadou
(2018) qui a eu 14 espèces et 9 genres à Namaro sur le fleuve
Niger. Le PGIPAP (2012) rapporte que la famille de Mormyridae est la plus
représentée de toutes les familles de poisson du Niger avec 9
espèces. Plusieurs auteurs ont rapportés que la famille de
Mormyridae est la plus représentée dans leur milieu
d'étude dont Lalèyé et al. (2004) avec 12
espèces sur le fleuve Ouémé, Chikou (2006) avec 10
espèces sur le fleuve Ouémé, Sirima et al. (2009)
qui a eu 7 espèces sur le bassin de la Coemé au Burkina Faso,
Ahouanssou Montcho (2011) avec 21 espèces sur la rivière
Pendjari, Sanogo et al. (2012) avec 13 espèces sur la
rivière Baoulé dans le bassin du fleuve Niger au Mali et Bamogo
(2016) avec 7 espèces sur le Barrage de Ziga au Burkina Faso.
3.2.2.1 Variations spatio-temporelle de la richesse
spécifique
L'étude réalisée de juillet à
septembre 2019 sur les pêcheries de Say a révélé 41
espèces à Tounga Mini, 35 espèces
à Bolongué et Koba. Les indices de similarité de Jaccard
montrent que les trois sont similaires mais la similarité est plus forte
entre les stations de Tounga Mini et Koba. Cela serait probablement dû
à la proximité de ces deux stations et aux conditions
environnementales apparaissant plus stables ce qui favorise la cohabitation de
nombreuses espèces (Wootton 1992).
La variation temporelle de la richesse spécifique
révèle qu'en juillet et Août il y a une diversité
(2,6 = H' = 3,9) moyenne et une dominance (0,7 = Eq = 0,8) moyenne de la
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richesse spécifique. En septembre, on observe une
diversité élevée et une dominance moyenne. Cela
s'expliquerait par le cycle hydrologique du fleuve et surtout du calendrier de
la pêche. En effet, le mois de juillet et août correspondent
à la période de début des crues les poissons commence leur
déplacement longitudinale. Le mois de septembre correspond à la
fin de la crue avec l'arrivée d'autres espèces de poissons
d'où la diversité élevée observée. Il est
à noter que 14 espèces au mois de juillet, 15 espèces au
mois d'août et 22 espèces au mois de septembre ont
contribué très fortement à la diversité
spécifique mensuelle durant cette étude. Alors que 22
espèces à Tounga Mini, 10 espèces à Bolongué
et 17 espèces à Koba ont contribué très fortement
à la diversité spécifique de ces stations.
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