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Aliments piscicoles en Côte dà¯Â¿Â½'Ivoire. Origine, nature, qualité nutritionnelle et influence sur la production piscicole.


par Larissa-Pellagie Ella Kouadio
Université Nangui Abrogoua - Master des Sciences et Technologies des Aliments 2015
  

Disponible en mode multipage

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Université NANGUI ABROGOUA

République de Côte d'Ivoire
Union
-Discipline-Travail
Ministère de l'Enseignement Supérieur et
de la Recherche Scientifique

Université

NANGUI ABROGOUA

Année Universitaire

2013-2014

Mémoire

Présenté pour l'obtention de l'UE de stage de Master des

Sciences et Technologies des Aliments

par

Kouadio Larissa-Pélagie Ella

THEME

ALIMENTS PISCICOLES EN COTE D'IVOIRE :
ORIGINE, NATURE, QUALITE
NUTRITIONNELLE ET INFLUENCE SUR LA
PRODUCTION PISCICOLE

Commission d'examen :

Soutenu publiquement le 17 mars 2015

- Prof. TANO Kablan (Président du jury)

- Prof. BOHOUA Louis Guichard (Membre du jury)

- Prof. GBOBOURI Albarin (Membre du jury)

- Dr KOUMI Ahou Rachel (Encadreur Technique)

- Prof. KOUAME Lucien Patrice (Directeur du mémoire)

i

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES i

DEDICACE iv

REMERCIEMENTS v

LISTE DES FIGURES vi

LISTE DES TABLEAUX vii

LISTE DES ABREVIATIONS viii

GLOSSAIRE ix

INTRODUCTION 1

I-REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 3

1-1- Production de l'aquaculture 3

1-2- Aquaculture en Côte d'Ivoire 3

1-2-1- Historique de l'aquaculture en Côte d'Ivoire 3

1-2-2- Espèces élevées en Côte d'Ivoire 4

1-2-3- Aliments piscicoles 6

1-2-4- Production piscicole 6

1-3- Elevage des poissons 7

1-3-1- Reproduction 7

1-3-2- Elevage larvaire 7

1-3-3- Alevinage 8

1-3-4- Pregrossissement 8

1-3-5- Grossissement 8

1-4- Besoins nutritionnels et formulation des aliments piscicoles 9

1-4-1- Besoins nutritionnels 9

1-4-1- 1- Besoins en proteines 9

1-4-1- 2- Besoins en lipides 9

1-4-1- 3- Besoins en glucides 10

1-4-1- 4- Besoins en energie 10

1-4-1- 5- Besoins en mineraux 10

1-4-1- 6- Besoins en vitamines 11

1-4-2- Formulation des aliments piscicoles 11

1-4-2-1- Principes de formulation des aliments piscicoles 12

1-4-2- 2- Matières premières utilisées dans la fabrication des aliments 14

1-5- Physiologie de la nutrition chez les poissons 15

1-6- Pratiques de production aquacole 15

ii

II - MATERIEL ET METHODES 17

2-1- Matériel 17

2-1-1- Matériel de terrain 17

2-1-2- Matériel de laboratoire 17

2-2- Méthodes 17

2-2-1- Enquêtes auprès des pisciculteurs 17

2-2-2- Analyses biochimique et minérale des échantillons 20

2-2-2-1- Analyse biochimique 20

2-2-2-2- Teneur en humidité 20

2-2-2-3- Teneur en protéines 20

2-2-2-4- Teneur en lipides 21

2-2-2-5- Teneur en cendres 22

2-2-2-6- Teneur en fibres 22

2-2-2-7- Extractifs Non Azotés (ENA) 23

2-2-2-8- Teneur en énergie 23

2-2-2-9- Rapport protéines/énergie 23

2-2-2-10- Teneur en calcium et phosphore 23

2-2-3- Traitement des données de l'enquête 24

2-2-3-1- Gain de Masse Quotidien (g/j) 24

2-2-3-2- Intensité de nourrissage (kg/hectare/j) 25

2-2-3-3- Rendement (kg/hectare/année) 25

2-2-3-4- Coût de production du kg de poisson lié à l'aliment (FCFA/kg) 25

2-2-3-5- Valeur de production (FCFA) 25

2-2-4- Analyses statistiques 25

III- RESULTATS ET DISCUSSION 26

3-1- Résultats 26

3-1-1- Données de l'enquête 26

3-1-2- Différents aliments piscicoles rencontrés 26

3-1-2-1- Aliments commerciaux 27

3-1-2-1- 1- Aliments commerciaux industriels importés 28

3-1-2-1- 2- Aliments commerciaux industriels nationaux 28

3-1-2-1- 3- Aliments commerciaux provendiers 29

3-1-2-2- Aliments produits par les pisciculteurs 30

3-1-2-2-1- Matières premières et additifs alimentaires utilisées pour formuler les aliments 33

3-1-2-2-2- Compositions biochimique et minérale des matières premières 36

3-1-2-2-3- Fréquence d'utilisation et taux d'incorporation des matières premières

utilisées dans les formules alimentaires 36

iii

3-1-3- Utilisation des aliments piscicoles 37

3-1-3-1- Utilisation par région 37

3-1-3-2- Caractéristiques des fermes en fonction de l'aliment utilisé 38

3-1-3-3- Utilisation des aliments piscicoles en fonction de l'activité principale

du promoteur 40

3-1-3-4- Système d'élevage par type d'aliment 41

3-1-3-5- Espèces élevées en fonction de l'aliment utilisé 41

3-1-3-6- Caractéristiques des pratiques aquacoles en fonction de l'aliment utilisé 43

3-1-4- Paramètres de croissance, de production et d'économie des aliments piscicoles

en système intensif 45
3-1-5- Paramètres de croissance, de production et d'économie des aliments piscicoles

en système semi intensif 46

3-2- Discussion 47

CONCLUSION ET PERSPECTIVES 50

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 51

DEDICACE

iv

Au Seigneur Jesus-Christ,

Ama famille.

v

REMERCIEMENTS

Le présent document a été le résultat d'une étroite et franche collaboration avec plusieurs personnes. Au moment de rédiger ce document, qu'il me soit permis d'adresser mes sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué à sa réalisation.

Je remercie le Programme d'Appui Stratégique à la Recherche Scientifique (PASRES) qui a financé ce projet. J'exprime ma gratitude à l'Association Nationale des Aquaculteurs de Côte d'Ivoire, aux Responsables Départementaux ou Régionaux du Ministère des Ressources Animales et halieutiques, aux Agents de l'ANADER et aux pisciculteurs pour leur aide lors des missions de terrain.

Je remercie tout particulièrement Monsieur KOUAME Lucien Patrice, Professeur Titulaire, Doyen de l'UFR des Sciences et Technologies des Aliments de l'Université Nangui Abrogoua et Directeur Scientifique de ce mémoire, pour son assistance, sa compréhension et son soutien. J'adresse mes sincères remerciements à l'ensemble des Enseignants-Chercheurs de l'UFR-STA.

Mes remerciements vont également à l'endroit de Monsieur BAMBA Siaka Barthélémy, Chargé de Recherche, Directeur du Centre de Recherches Océanologiques (CRO) d'Abidjan pour m'avoir accepté comme stagiaire dans son Centre. Merci à Monsieur BLE Mélécony Célestin, Maître de Recherche et Chef du Département Aquaculture du CRO. J'exprime toute ma reconnaissance à l'endroit de Monsieur ATSE Boua Célestin, Directeur de Recherches, au Département Aquaculture du CRO, pour m'avoir accepté dans son équipe de recherche et pour sa contribution à ma formation.

Mes sincères remerciements vont à l'endroit de Madame KOUMI Ahou Rachel, Chargé de Recherches au Centre de Recherches Océanologiques, Co-encadreur scientifique de ce mémoire pour sa disponibilité et ses précieux conseils, merci Docteur d'avoir accepté de guider mes premiers pas dans la recherche.

Je remercie aussi tous les doctorants du Département Aquaculture du Centre de Recherches Océanologiques, Messieurs KIMOU Béda Nestor, OSSEY Yapoga Bruno et DJADJI Ebram Luc pour leurs soutiens et encouragements. Je remercie tous les étudiants de la promotion 2013-2014 de Master Biochimie et Nutrition de l'UFR-STA de l'Université Nangui Abrogoua.

Enfin, je remercie particulièrement mon époux Monsieur SORO Gneneyougo Emile pour son soutien financier, moral, spirituel et pour tout l'amour qu'il me porte.

vi

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Processus de formulation des aliments pour animaux d'élevage 13

Figure 2: Caractéristiques intrinsèques de l'aliment formulé 13

Figure 3: Localités visitées 19

Figure 4: Quelques photographies d'aliments rencontrés 27

Figure 5: Taux d'utilisation des aliments piscicoles par région 38

Figure 6: Localisation des fermes piscicoles en fonction de l'aliment utilisé 39

Figure 7: Activité principale du promoteur en fonction de l'aliment utilisé 40

Figure 8: Système d'élevage par type d'aliment 41

Figure 9: Espèces élevées 42

vii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : Principales espèces de poissons utilisées en pisciculture en Côte d'Ivoire 5

Tableau II : Besoins en nutriments des poissons d'élevage 10

Tableau III : Besoins des poissons en minéraux 11

Tableau IV : Besoins des poissons en vitamines 11

Tableau V : Nature et tailles des particules des aliments en fonction du poids des poissons 14

Tableau VI : Récapitulatif des bonnes conditions d'élevage de poissons 16

Tableau VII : Fréquence d'utilisation des différents aliments commerciaux 28

Tableau VIII : Composition biochimique, minérale et prix des aliments commerciaux

industriels importés 28
Tableau IX : Composition biochimique minérale et prix des aliments commerciaux

industriels nationaux 28
Tableau X : Composition biochimique, minérale et coût des aliments provendiers

nationaux 29
Tableau XI : Composition biochimique, minérale et coût des aliments produits par les

pisciculteurs 30

Tableau XII : Profil biochimique des aliments produits par les pisciculteurs (n=54) 31

Tableau XIII : Coût, disponibilité, origine et distribution de la farine de poisson 32

Tableau XIV : Coût, disponibilité, origine et distribution des matières premières végétales 33

Tableau XV : Coût, disponibilité, origine lieu d'achat des différents additifs alimentaires 34

Tableau XVI : Compositions biochimique et minérale de matières premières 36

Tableau XVII : Fréquence d'utilisation et taux d'incorporation des matières premières

utilisées dans les formules alimentaires 37

Tableau XVIII : Caractéristiques des fermes en fonction de l'aliment utilisé 39

Tableau XIX: Espèces de poissons élevées par type d'aliment 43

Tableau XX : Pratiques aquacoles des pisciculteurs en fonction des aliments utilisés 44

Tableau XXI : Paramètres de croissance, de production et d'économie en fonction

des aliments utilisés en élevage intensif 45
Tableau XXII : Paramètres de croissance, de production et d'économie en fonction

des aliments utilisés en élevage semi intensif 46

viii

LISTE DES ABREVIATIONS

ANADER : Agence National d'Appui au Développement Rural

ANAQUACI : Association Nationale des Pisciculteurs de Côte d'Ivoire

ANOVA : Analysis of variance (Analyse de Variance)

AOAC : Association of Official Analytical Chemists

CRO : Centre de Recherches Océanologiques

ENA : Extrait Non Azoté

GMQ : Gain Moyen Quotidien

FAO : Food and Agriculture Organization

LANADA : Laboratoire National d'Appui au Développement Agricole

MIRAH : Ministère des Ressources Animales et Halieutiques

MIPARH : Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques

ix

GLOSSAIRE

Aquaculture : Selon Hachette (1993), l'aquaculture désigne l'ensemble des techniques d'élevage des animaux et végétaux aquatiques.

Pisciculture : La pisciculture vient du mot latin piscis qui signifie poisson. C'est la branche de l'aquaculture qui désigne l'ensemble des techniques de production et d'élevage des poissons comestibles en eaux douces, saumâtres ou salées (Hachette, 1993).

Alimentation : L'alimentation est le domaine de tout ce qui se rapporte à la nourriture (ration, distribution, consommation). C'est l'action de fournir à un organisme vivant les éléments nécessaires à sa croissance, à sa conservation et à sa survie.

Aliment : Substance dont l'ingestion est nécessaire pour la survie, la bonne santé et la croissance d'un être vivant en lui fournissant les matières et l'énergie nécessaires à sa vie et à son développement.

Besoin nutritionnel : « niveau » d'un nutriment nécessaire pour que les performances d'un animal soient optimales.

Sous produits agro-alimentaires : Les sous produits agro-alimentaires sont des co-produits agricoles ou des industries agro-alimentaires d'origine animale ou végétale.

Matières premières : Une matière première est un produit à l'état brut ayant subi une première transformation servant à la production, à la fabrication ou à la formulation d'un aliment composé.

Facteurs antinutritionnels : Composés indésirables des matières premières (anti-enzymes, polluants, contaminants d'origine microbienne) qui limitent l'efficacité des processus digestifs et réduisent l'utilisation des nutriments spécifiques.

Fibre : Ensemble des glucides non digestibles.

Provendiers : Les provendiers sont les commerçants d'aliments ou de mélanges alimentaires destinés aux animaux d'élevage.

Promoteur : Homme d'affaires ou société qui achète le terrain, finance les emprunts, choisit, met en oeuvre un projet ou crée quelque chose et veille à son développement et à son succès. Intensif : La pisciculture intensive appelée encore pisciculture industrielle correspond à la production maximale de poissons d'un calibre donné dans un minimum d'eau, d'espace et de temps, au moindre coût et suivant un planning préalablement établi (Arrignon, 1993). Ce type d'élevage repose sur une alimentation artificielle de qualité qui est un élément

x

fondamental dans la production. Il se pratique généralement en enclos lagunaires ou en cages flottantes et dans les bassins en ciment ou en aluminium.

Semi-intensif : La pisciculture semi-intensive est une forme de pisciculture artisanale localisée plus particulièrement en zones périurbaines. Elle fait recours à une alimentation régulière basée soit sur des sous-produits agro-alimentaires soit sur des aliments complets et le sexage des alevins associés ou non à une fertilisation de type organique ou minérale. Extensif : La pisciculture extensive est un système d'élevage de type traditionnel ou artisanal qui se pratique en général sur de grandes surfaces en zones rurales et péri-urbaines. Elle a un fonctionnement irrégulier dans les conditions les plus naturelles possibles. Dans ce système, les poissons sont le plus souvent livrés à eux-mêmes au plan alimentaire. Mais parfois, les pisciculteurs donnent des déchets agro-alimentaires comme aliments d'appoint (Layrol, 1996).

Rizipisciculture : La rizipisciculture est un modèle intégré de pisciculture à la culture du riz. Les pisciculteurs empoissonnent l'étang en même temps qu'ils sèment le riz, puis le niveau d'eau dans l'étang est remonté progressivement en fonction de la croissance du riz et des poissons.

Etangs : Les étangs sont des structures d'élevage établis sur le côté de la vallée d'un cours d'eau. Ils sont alimentés en eau par dérivation d'une source ou d'un cours d'eau. Le canal de dérivation amène l'eau au-dessus des étangs. Le débit amené est donc contrôlable à tout moment sans que les étangs ne risquent d'être submergés.

Etangs barrage : Ces étangs sont construits simplement en barrant un cours d'eau, si possible permanent, par une digue en terre dotée d'un système de vidange et d'un déversoir de trop-plein (Lacroix, 2004).

Production : en zootechnie : s'applique aux produits valorisables par l'homme (chair, oeuf, ...).

Fréquence : La fréquence est le nombre de fois que se produit un phénomène, un événement ou se répète une action dans un temps déterminé.

Pourcentage : Proportion, rapport ou taux d'une quantité d'un élément par rapport à un ensemble.

Performance : Résultat optimal que peut obtenir un matériel, un système, un processus ou un humain.

1

INTRODUCTION

La sécurité alimentaire est un enjeu majeur pour les sociétés et un défi préoccupant pour la majorité des gouvernants (Janin et De Suremain, 2012). Selon Kurien et López-Ríos (2013), la pêche et l'aquaculture peuvent contribuer à la sécurité alimentaire par la production d'aliments pour la consommation humaine d'une part et d'autre part par l'instauration d'activités économiques qui apportent des revenus aux ménages. Aussi, le poisson est une source de protéines et de nutriments essentiels peu coûteuse représentant un fort potentiel pour l'accession à la sécurité alimentaire (Kurien et López-Ríos, 2013). Selon la FAO (2003), l'aquaculture va être appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans la sécurité alimentaire en Afrique. Cependant, ce continent contribue seulement à 2,2% de l'apport mondial de poisson à la consommation humaine en 2010 et l'Afrique subsaharienne de 0,6% en dépit de son potentiel naturel et de ses longues années de pratique de l'aquaculture (FAO, 2012). La Côte d'Ivoire n'est pas en marge de cette tendance. Sa production aquacole est estimée à 3720 tonnes (FAO, 2014a) pour une consommation annuelle de 252 980 tonnes (OCDE-FAO, 2011). Ce déficit est comblé par des importations massives de poissons congelés. Afin de réduire ces importations qui occasionnent une sortie considérable de devises de l'ordre de 130,5 milliards de francs CFA/an, l'état Ivoirien a fait du secteur des ressources halieutiques, en particulier de l'aquaculture, une nouvelle politique de développement. A cet effet, il a été mis au point une politique nationale de vulgarisation de l'élevage de plusieurs espèces de poissons ainsi que plusieurs projets de professionnalisation des fermes piscicoles (MIPARH, 2008).

En dépit de cette politique, la contribution de l'aquaculture dans la couverture des besoins nationaux en poissons demeure toujours faible. En effet, l'aquaculture ivoirienne connait de nombreuses difficultés. A ce propos, la FAO (2008) et Brechbühl (2009) rapportent une faible disponibilité d'aliment de qualité à moindre coût sur les fermes piscicoles ivoiriennes, l'absence d'assistance technique, le faible niveau d'éducation des pratiquants, l'insuffisance des connaissances sur la production piscicole, l'absence d'organisation dans le secteur de la pisciculture et le faible niveau de financement.

2

Les interactions entre le type d'exploitation, les prix des intrants de production, la qualité et le coût de l'aliment utilisé, les pratiques piscicoles, les systèmes d'élevage utilisés, les caractéristiques géographique et le profil socio-économique des pratiquants affectent la productivité des fermes (New, 1987 ; Shang et Tisdell, 1997 ; Lacroix, 2004). De plus, l'aliment piscicole représente l'intrant majeur de la productivité aquacole et joue un rôle vital dans la promotion et l'expansion de l'aquaculture. En effet, les poissons requièrent une alimentation équilibrée et de valeur nutritionnelle spécifique à l'espèce et au stade de croissance pour atteindre un poids marchands compétitif en un temps court (New, 1987, Guillaume et al., 1999). Selon Jamu et Ayinla (2003) et Gabriel et al. (2007), la disponibilité d'aliment de qualité en quantité suffisante est le facteur le plus important qui garantisse la durabilité et la rentabilité des fermes aquacoles.

L'objectif de la presente étude est de déterminer l'origine, la nature et la qualité des différents aliments piscicoles utilisés, les facteurs influencants leur utilisation, leur impact sur la croissance des poissons, la productivité des fermes et les problèmes associés à l'alimentation des poissons d'élevage en Côte d'Ivoire. Pour atteindre cette objectif, nous nous proposons dans un premier temps d'identifier les différentes types d'aliments piscicoles ainsi que leur composition biochimique. Dans un deuxième temps, nous nous proposons de connaître le mode d'utilisation de ces aliments piscicoles et enfin dans un troisème temps, nous nous proposons de determiner les paramètres de croissance, de production et d'économie des aliments piscicoles en fonction du système d'élevage utilisé.

Cette étude s'articule en trois chapitres. Le premier chapitre est relatif aux généralités sur l'aquaculture, l'élevage, l'alimentation des poissons et les pratiques aquacoles. Le deuxième chapitre concerne le matériel et les méthodes qui nous ont permis de conduire cette étude. Le troisième présente les résultats obtenus suivi de la discussion.

3

I- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

1-1- Production de l'aquaculture

La production de l'aquaculture correspond spécifiquement à la production des activités d'aquaculture destinées à la récolte finale en vue de la consommation. Le produit est exprimé en poids (généralement en tonnes d'équivalent de poids vif pour les animaux aquatiques, en poids vert pour les plantes aquatiques). La production mondiale de l'aquaculture en 2012 était estimée à 90 409 702 tonnes, la part de l'Afrique était de l'ordre de 1 646 395 tonnes (FAO, 2014b). La production piscicole mondiale a considérablement augmenté au cours des 50 dernières années. Elle est passée d'une contribution insignifiante de moins de 10% de la quantité de production aquatique destinée à la consommation humaine dans les années 1970 à environ 50% à l'heure actuelle. Elle a progressé à un taux annuel moyen de 9% ces 30 dernières années. Aujourd'hui, 50% des poissons sur le marché mondial proviennent de l'élevage, alors que cette part ne représentait que 9 % en 1980 (FAO, 2012). L'aquaculture poursuit son essor à un rythme plus rapide que celui de tous les autres secteurs de production alimentaire d'origine animale (FAO et NACA, 2012). Cet essor prodigieux est le résultat des recherches et d'innovations dans la maîtrise de la conduite des élevages et surtout dans l'alimentation. Ces progrès spectaculaires de l'aquaculture ont été observés dans certains pays de l'Asie et du pacifique, de l'Europe et d'Amérique du Sud (Équateur, Pérou et Brésil). Cependant ils restent moins visibles dans certaines régions du globe tel que le continent Africain. En effet, l'Afrique a contribué seulement à 2,2% de l'apport de poisson à la consommation humaine en 2010 et l'Afrique subsaharienne à 0,6% (FAO, 2012).

1-2- Aquaculture en Côte d'Ivoire

1-2-1- Historique de l'aquaculture en Côte d'Ivoire

En Côte d'Ivoire, l'aquaculture a été introduite dans les années 1940 par l'administration coloniale (Hem et al., 1994). Selon Ziehi (1993), le développement de cette aquaculture a été véritablement amorcé en 1955 avec la mise en place de la Section de Pisciculture au sein du Service des Eaux et Forêts. Il a débuté par la création d'étangs de démonstration confiés à des particuliers et d'étangs privés dans plusieurs régions du pays.

4

L'aquaculture en Côte d'Ivoire, est exclusivement basée sur la pisciculture qui se pratique dans les zones rurales et périurbaines en majorité dans les régions du Sud, du Sud-est, du Centre, du Centre-ouest, et de l'Ouest. En 2005, le Sud restait la zone où la production est importante avec 82,34 % de la production totale, suivi du Centre Ouest 14,43 % et de l'Est avec 3,23 % (MIPARH, 2007). Selon l'ANAQUACI (2012), les pisciculteurs sont concentrés en majorité dans les régions du Tonkpi (Ouest), du Haut Sassandra (Centre Ouest), de la Marahoué (Centre), du Goh (Sud Ouest), de la Nawa (Sud Ouest) et de l'Indénié Djuablin (Est). Il existerait au total, près de 1000 fermes piscicoles en Côte d'Ivoire avec une superficie totale exploitée d'environ 500 ha (FAO, 2008). Selon FAO (2008), il existe trois systèmes de production que sont la pisciculture extensive, la pisciculture semi-intensive et la pisciculture intensive.

1-2-2- Espèces élevées en Côte d'Ivoire

Plusieurs espèces de poissons ont fait et continuent de faire l'objet d'un élevage extensif, semi-intensif ou intensif. Il s'agit de tilapias Oreochromis niloticus introduit du Nil d'Egypte, Oreochromis aureus d'Israël et d'Egypte, Sarotherodon melanotheron du Sénégal, Heterotis niloticus du Cameroun de Chrysichthys nigrodigitatus et des silures (Heterobranchus longifilis, Clarias gariepinus) (Tableau I). Parmi ces espèces, les tilapias et particulièrement O. niloticus, restent les plus élevés en Côte d'Ivoire. Des poissons d'ornement, généralement des cichlidae, sont élevés à Grand-Bassam. Heterobranchus isopterus, Lates niloticus, Labeo coubie et Distichodus rostratus et la carpe herbivore chinoise Ctenopharyngodon idellus continuent d'être étudiés par certaines structures de recherche (CRO, CNRA, Universités) en vue de leur introduction en pisciculture en Côte d'Ivoire (FAO, 2008).

5

Tableau I : Principales espèces de poissons utilisées en pisciculture en Côte d'Ivoire

Famille

Caractéristique
du genre

Espèces

Caractéristique et remarques diverses

Cichlidae

Oreochromis

(la femelle incube les
oeufs dans la bouche)

O. niloticus
Linné, 1758
O. aureus
(Linné, 1758)

Présence de dimorphisme sexuelle (Trewavas, 1983). Espèce adaptée à de larges variations des facteurs

écologiques (Fishelson et Yaron, 1983). Elles ont une alimentation essentiellement phyto-
planctonophage, en milieu naturel, cependant consomment les algues bleues, du zooplancton ainsi que des sédiments riches en bactéries et diatomées (Moriarty, 1973). Elles ont une croissance rapide en élevage cependant, la croissance des mâles est plus rapide que celle des femelles (Pauly et al., 1988).

Sarotherodon
(le mâle incube les
oeufs dans la bouche)

melanotheron

Chez cette espèce, la papille génitale des mâles est petite et l'os pharyngien inférieur est plus long que

large (Trewavas, 1983). Elle présente une grande tolérance à un large spectre de conditionsS.
environnementales (Auperin et Prunet, 1996). Son régime alimentaire est constitué de phytoplancton, de zooplancton et de nombreux débris des larves de chironomidae et des détritus (Koné et Teugels, 2003). Elle à une faible croissance en milieu d'élevage cependant elle est beaucoup appréciée des populations lagunaires.

Ostéoglossidae

Heterotis
(le corps est recouvert
d'écailles grandes et
fortes)

H. niloticus
(Cuvier, 1829)

Heterotis a un corps comprimé, sa nageoire caudale est petite et arrondie tandis que le bassin est en position abdominale (Monentcham Monentcham, 2009). Cette espèce se satisfait des eaux pauvres en oxygène grâce à sa double respiration, branchiale et aérienne (Nguenga et Brummett, 2010). Quelques soit sa taille, il peut consommer une variété de ressources alimentaires, allant des invertébrés aquatiques aux petites graines, y compris les macrophytes, les insectes aquatiques et les poissons (Mbega, 2004; Adite et al., 2005). Elle présente une forte croissance, elle peut atteindre 3 kg en 6 mois ( Oswald et al., 2003).

Clariidae
(Ensemble de
poissons
appelés

silure)

Heterobranchus (une
nageoire dorsale suivie
d'une petite nageoire
adipeuse)

H. longifilis
(Valenciennes,

1840)

Il a un corps gris noir dépourvu d'écaille et une face ventrale blanche (Legendre et Teugels, 1991). Cette espèce qualifiée d'omnivore semble montrer une préférence marquée pour les vertébrés et insectes aquatiques ou terrestres et sont de tendance carnassière (Bard et al., 1976). Elle est très peu exigeante et à une forte croissance en élevage.

Chrysichthys
(caractérisé par la
présence de quatre
paires de barbillons)

C. nigrodigitatus
(Lacépède, 1803)

Poisson benthique, euryhaline qui colonise les lagunes saumâtres avec toutefois une préférence pour les eaux oligo et mésohalines (Hem et al., 1994). L'alimentation de cette espèce diffère considérablement

selon l'âge des individus (Cissé, 1995). Sa croissance est très faible en élevage. elle est appelée poissoncouramment ministre et beaucoup apprécié par la population.

Clarias

(présence de longues
nageoires dorsale et

anale)

C. gariepinus
(Burchell, 1822)

Il vit dans les eaux calmes (rivières, marais, lacs, etc.) (Richir, 2004). Cette espèce se nourrit de zooplancton, d'insectes, d'organismes benthiques ainsi que d'autres proies animales aquatiques dont le poisson (Micha, 1973). C'est une espèce très élevée et largement diffusée en pisciculture africaine.

6

1-2-3- Aliments piscicoles

Au plan national, deux structures industrielles (IVOGRAIN et FACI) produisent et commercialisent des aliments destinés à l'alimentation des poissons d'élevage (FAO, 2008, Brechbühl, 2009). Le Centre de Recherche Océanologique (CRO) en produit également dans sa station de Layo. En 2005, la production totale d'aliments de poissons s'élevait à un peu plus de 1500 tonnes par an (FAO, 2008). Cependant, compte tenu du prix élevé des aliments commerciaux industriels, plusieurs pisciculteurs fabriquent eux-mêmes leur aliment à partir de sous-produits agro-alimentaires achetés sur le marché ou chez les provendiers (Brechbühl, 2009). La seule source de protéines animales utilisée dans les aliments fabriqués est la farine de poisson, qui provient principalement du traitement des déchets de la conserverie de thons de la société REAL (Recherche et Expansion de 1'Alimentation Animale) qui produit près de 6 000 tonnes/an de farine de poisson, utilisée en partie dans la fabrication d'aliments piscicoles (FAO, 2008). Les aliments ainsi fabriqués sont de qualité variable d'une ferme à l'autre et ne subissent en général aucun contrôle de qualité (Brechbühl, 2009). A l'instar de la plupart des fermes piscicoles de l'Afrique Sub-Saharienne, les pisciculteurs ivoiriens utilisent les sous-produits agro-alimentaires d'origine végetale de moindre coût et à faible valeur nutritionnelle comme aliment pour nourrir les poissons d'élevage (Layrol, 1996, Gabriel et al., 2007, Crentsil et Ukpong, 2014). A ce effet, Acho (2014) rapporte un pourcentage de 71,09% d'utilisation de sous produits pour nourrir les poissons d'élevage sur un effectif total de 301 pisciculteurs enquêtés dans 16 régions de la Côte d'Ivoire en 2013. Selon cet auteur, cette pratique entraine une faible croissance des poissons et de longue durée de production de poissons marchands. Les cystes secs d'Artémia salina sont importés annuellement pour l'alimentation des larves de silure en écloseries (FAO, 2008).

1-2-4- Production piscicole

La production nationale ivoirienne, était très faible au cours des années 1950 à 1983. Elle était seulement de 21 tonnes en 1984. En 1990, grâces aux projets appuyés par le PNUD, la FAO, la BAD, et d'autres partenaires techniques et financiers, des opérateurs privés avaient mis en place des élevages de poissons (Tilapia-Oreochromis niloticus) en cages dans les lagunes et l'Etat appuyait un programme en faveur de la pisciculture en milieu rural et même en milieu péri-urbain dans le Centre et le Nord du pays. Il y a eu également un début de développement vers la pisciculture commerciale intégrée avec les écloseries et les fabriques d'aliments pour le poisson.

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Ce qui a entrainé une augmentation de la production piscicole nationale à partir de 1990, elle a subi plusieurs fluctuations et atteint 1200 tonnes en 2000. De 2000 à 2010, cette production a été beaucoup influencée par la crise socio-économique ivoirienne. En 2010, elle était de 1700 tonnes, en 2012, elle était passé à 3720 tonnes soit le double de la production enregistrée en 2010 (FAO, 2014a).

1-3- Elevage des poissons

L'élevage des poissons nécessite la connaissance des bonnes pratiques de production aquacoles. Plusieurs phases de production sont nécessaires à la production de poissons commercialisable. On distingue selon les espèces élevées la reproduction, l'élevage larvaire, l'alevinage, le prégrossissement et le grossissement (Lacroix, 2004).

1-3-1- Reproduction

La reproduction peut se faire de façon spontanée en captivité (tilapias, carpes, heterotis...) ou par utilisation des techniques artificielles de reproduction (siluriformes tels que C. gariepinus et H. longifilis et Chrysichthys nigrodigitatus) ou non des hormones naturelles ou synthétiques favorisant la maturation finale. La reproduction chez le tilapia aboutit à la production d'alevins tout venants de 5 g environ conduisant à l'étape d'alevinage, tandis que chez les siluriformes elle aboutit à la production de larves de poids inférieur à 1 g, et conduit à l'élevage larvaire (Legendre et al., 1995 ; Lacroix, 2004).

1-3-2- Elevage larvaire

Les larves issues de l'éclosion pèsent environ 2 mg en fin de résorption vitelline, soit 48 à 72 h post-éclosion (Legendre et al., 1995 ; Hecht et al., 1997). A partir de ce moment, l'élevage a lieu en écloserie avec utilisation de nauplii d'Artemia salina (vivants ou congelés) comme aliment exogène de référence. Dans ces conditions, les larves de C. gariepinus peuvent atteindre la taille de 70 à 200 mg en moins de 20 jours d'élevage (Imorou Toko et Fiogbe, 2003). Chez H. longifilis, Legendre et al. (1995) obtiennent des taux de survie de 60 à 90 % avec environ 120 à 250 mg en 15 jours d'élevage. L'utilisation d'Artémia posant des problèmes économiques dans les pays en développement, Ossey et al. (2012) ont obtenus des taux de survie équivalents à ceux obtenus avec l'Artemia avec des croissances plus élevées avec une alimentation des larves aux aliments formulés à 35% de protéines alimentaires à base de farine d'asticot et de cervelle bovines enrichis en vitamines, minéraux et en acides aminés.

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1-3-3- Alevinage

L'alevinage, consiste à la production de poissons de 5 g environ pour le prégrossissement à partir de poisson de poids inférieurs à 1g. Cette phase nécessite une alimentation abondante et très riche. En élevage semi-intensif, les bassins d'alevinage ne doivent pas être trop profonds et doivent être abondamment fertilisés pour favoriser la croissance de zooplancton nécessaire à la croissance des alevins (Schlumberger et Girard, 2013).

1-3-4- Prégrossissement

A partir d'une taille fonction de l'espèce élevée, les poissons sont déplacés vers d'autres bassins plus grands, nourris généralement avec des aliments artificiels riches présentés sous forme de miettes ou de granulés de petite taille. Le prégrossissement permet d'obtenir des juvéniles ou fingerlings (Hem et al., 1994). Chez le tilapia, cette étape permet de produire des juvéniles de tilapia de 25 g sexable à partir d'alevins de 5g. Le prégrossissement se fait en étangs à la densité de mise en charge de 12,5 à 20 alevins/m2. Chez les siluriformes, le prégrossissement concerne l'élevage de poissons de 1 à 3g jusqu'à la taille de 10 à 12g.

1-3-5- Grossissement

Cette étape se fait dans de grandes étendues d'eau dans les bassins en béton, en aluminium, dans les étangs ou cages flottantes à des densités beaucoup plus faibles par rapport aux étapes de production précédentes. Cette étape conduit à la production de poissons marchands. Les taux de survie à l'issue du cycle de grossissement sont généralement supérieurs à 90 % (Hem et al., 1994). Chez le tilapia, le grossissement commence avec les tilapias mâles et se fait en deux étapes. La première étape se fait avec les juvéniles de 25 à 35 g à la densité de 6 individus/m3 avec un aliment à 30-35% de protéines. La deuxième étape se fait avec les adultes de 100 g à la densité de 4 poissons/m2 avec un aliment de 25-30% de protéines jusqu'à la taille marchande. Chez les siluriformes, le grossissement de juvéniles se fait à la taille de 10 à 12 g à 250 g et des adultes de 250 g à la taille marchande. Pour le grossissement de 10 à 12 g à 250 g, les poissons sont stockés à la densité de 1000 à 1200 ind/m3 avec la ration alimentaire distribuée en 2 à 3 fois par jour. Le grossissement de 250 g à la taille marchande, les poissons sont stockés à la densité de 400 kg/m3 nourris avec un aliment titrant 30% de protéines à 3% la biomasse. En fin de grossissement, les poissons pèsent entre 800 et 1500 g (Ducarme et Micha, 2003 ; Harpaz, 2007). La durée de production de poissons marchands et le poids des poissons sont fonction de la qualité de l'aliment utilisé et des pratiques aquacoles pratiquées.

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1-4- Besoins nutritionnels et formulation des aliments piscicoles

1-4-1- Besoins nutritionnels

Les besoins en nutriments des poissons s'expriment en protéines, lipides, glucides, énergie, minéraux, acides aminés essentiels, vitamines acides aminés (non indispensable) et acides gras essentiels. Toutes fois ces besoins sont fonction de l'espèce et de la taille des poissons élevés (New, 1987, Guillaume et al., 1999, Lazard, 2007). Les besoins en nutriments des tilapias et des silures habituellement utilisés en élevage sont connus cependant les besoins de certaines espèces comme Heterotis niloticus et Chrysichthys nigrodigitatus restent très peu connu.

1-4-1- 1- Besoins en protéines

Les protéines fournissent les acides aminés essentiels aux poissons, qui servent à la fourniture d'énergie nécessaire aux fonctions vitales, à l'entretien, à la croissance et à la reproduction (Guillaume et al., 1999). Les besoins en protéines des poissons varient selon la taille, l'espèce de poisson et d'un système d'élevage à un autre. Les besoins en protéines des poissons d'élevage sont en général compris entre 25 et 55% (New, 1987 ; Guillaume et al., 1999 ; Lazard, 2007). Ces besoins sont plus élevés en système intensif et pour les poissons de petites tailles (larves, alevins et juvéniles) qu'en systèmes semi intensif et chez les poissons de grande tailles (grossissement). Cependant, les besoins en nutriments chez les siluriformes sont toujours plus élevés que chez les tilapias. Les taux de protéines recommandés sont de 50 % pour les aliments de démarrage tandis qu'ils sont de 35-40% chez les alevins, 30-35% chez les juvéniles, 25% chez les adultes et 30% chez les géniteurs de tilapia. Chez les siluriformes, les besoins en protéines recommandés varient entre 50-55%, 44-48%, et entre 28-32% respectivement pour les larves, les juvéniles et les adultes (Tableau II). Selon Monentcham-Monentcham, (2009), les besoins en protéines sont de 31% chez les juvéniles et de 34,5% chez les adultes de Heterotis niloticus.

1-4-1- 2- Besoins en lipides

Les lipides sont indispensables pour satisfaire les besoins en acides gras essentiels et pour maintenir l'intégrité des structures membranaires (Wilson, 1994). Ils jouent un rôle majeur dans la fourniture d'énergie et la couverture des besoins en croissance. Leur utilisation permet l'épargne de protéines, la réduction de l'ingestion et l'augmentation de l'efficacité alimentaire (Cahu, 2004).

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Les besoins en lipides alimentaires chez les poissons sont compris entre 4 et 10% (Tableau II). Cependant, chez les siluriformes, une augmentation de la teneur en lipides de l'aliment améliore la croissance (Cahu, 2004).

1-4-1- 3- Besoins en glucides

Chez les poissons, l'utilisation de l'énergie digestible des glucides permet la couverture des besoins énergétiques et l'épargne des protéines. Les besoins en glucides des poissons sont en général compris entre 25-40% de la composition biochimique de l'aliment à distribuer (Tableau II).

1-4-1- 4- Besoins en énergie

Chez les poissons, l'énergie utilisable par l'organisme dérive de l'oxydation des glucides, des lipides et des protéines qui proviennent de la digestion des aliments et du remaniement des cellules et des tissus. Les besoins énergétiques des poissons dépendent de l'espèce et du stade physiologique (Guillaume et al., 1999). Ces besoins varient entre 16 et 25 KJ/g et le rapport protéines énergie entre 16 et 22 kJ/g (Tableau II).

Tableau II: Besoins en nutriments des poissons d'élevage

Paramètres

Tilapia

Silure

Poissons
en

général

Alevins

Juvéniles

Adulte

Géniteurs

Protéines (%)

35-40

30-35

25-30

30

30-55

25-55

Lipides (%)

10

6-10

6

8

4-6

4-10

Glucides (%)

25

25

25-40

25-40

25-35

25-40

Cendres (%)

8-10

8-10

4-8

4-8

<10

<10

Fibres (%)

8

8

8-10

8-10

<10

<10

Energie (kJ/g)

18-25

18-25

18-25

18-25

15-16

15-25

P/E (mg/kJ)

20

16-18

16-18

16-18

20-22

16-22

(New, 1987 ; Guillaume et al., 1999 ; Lazard, 2007)

1-4-1- 5- Besoins en minéraux

Les minéraux sont des constituants de certains tissus ou de certaines molécules. Ils servent de co-facteurs enzymatique et participent à l'équilibre ionique intra- et extracellulaire ainsi qu'à la régulation des fonctions endocriniennes. Ils interviennent dans la formation des os, du métabolisme de l'ATP et au niveau physiologique (Guillaume et al., 1999). Les besoins en cendres des poissons sont en général inférieurs à 10% (Tableau III).

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Les besoins en macroéléments (calcium et phosphore) sont plus importants qu'en microéléments (potassium, magnésium, zinc, fer, cuivre, sodium et manganèse). Les besoins en minéraux des poissons sont présentés au Tableau III.

Tableau III: Besoins en minéraux des poissons (g/kg aliment sec)

Minéraux

Poissons en générale

(1)

Tilapias

(2)

Silure (3) (g/kg aliment sec)

Calcium

2,7 - 5

0,65 %

4,5

Phosphore

2,9 - 8

0,90 %

4,5

Magnésium

0,4 - 0,7

0,06 %

0,4

Fer

0,15 - 0,17

-

0,03

Zinc

0,015 - 0,03

10 ppm

0,02

Cuivre

0,003

-

0,005

Manganèse

0,012 - 0,013

12 ppm

= 0,002

(Guillaume et al. (1999)1 ; Wilson et Moreau (1996)2)

1-4-1- 6- Besoins en vitamines des poissons (mg/kg/aliment/j ou UI/kg/j)

Les vitamines sont des composés indispensables à la vie et sont présentes dans les aliments en très faibles quantité. Ils interviennent au niveau de toutes les fonctions vitales (croissance, reproduction et entretien). Le Tableau IV montre le résumé des besoins en vitamines des poissons.

Tableau IV: Besoins des poissons en vitamines

Vitamines

Poissons en générale (1)

Tilapias (2)

Silure (3)

Thiamine B1

10 - 60

60 (1)

10

Riboflavine B2

20 - 200

60 (2)

90

Pyridoxine B6

10 - 20

20(1)

30

Acide Panthénique

25 - 50

10(2)

10

Inositol

200 - 400

100(1)

-

Acide Folique

6 - 15

10(1)

1,2

Biotine (H)

1 - 15

10

-

Choline

500 - 4000

260 - 1250(2)

500

Niacine

28 - 200

150

14

Vitamine B12

0,09 - 1,015

2,05

-

Vitamine A

1000 - 2500 UI/kg/j

2000 UI/kg/j

1000 - 2000 UI/kg/j

Vitamine E

40 - 300

100(1)

25 - 50

Vitamine K

-

40 (1)

-

Vitamine C

30 - 50

50 (2)

11 - 60

(Cissé (1995)1 ; Pouomogne (1994)2 ; Wilson et Moreau (1996)3)

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1-4-2- Formulation des aliments piscicoles

La formulation d'aliment est l'ensemble des techniques visant à l'élaboration des formules alimentaires aux propriétés finales prédéfinies et répondants à des exigences spécifiques. C'est un processus aboutissant à un mélange de différentes matières premières pour une utilisation bien précise (Koumi et al., 2012).

1-4-2-1- Principes de formulation des aliments piscicoles

La formulation d'aliments respecte un certain nombre de critères et suit un processus très bien établi (Figure 1). Elle tient compte de la composition des matières premières (teneur en protéines, lipides, énergie, minéraux, acides aminés), de leur déficit en acides aminés essentiels, minéraux, de leur limite d'incorporation (présence de facteurs anti nutritionnels, trop grande richesse en fibres ou en amidon) et des spécifications prédéfinies (Guillaume et al., 1999). La formulation d'aliment pour poisson comme pour tous les animaux d'élevage impose la connaissance des besoins nutritionnels de l'espèce cible, sa capacité à digérer et à assimiler les nutriments des ingrédients. Elle exige également la connaissance du stade de croissance (larvaire, alevinage, prégrossissement, grossissement, géniteurs) de l'espèce considérée, du coût, de la qualité et de la disponibilité des matières premières à utiliser. Les spécificités de formulation se définisse en teneurs en protéines, lipides, énergie, acides aminés essentiels (lysine, méthionine), minéraux essentiels (calcium, phosphore, magnésium) et en rapport protéines/énergie, calcium/phosphore en fonction de l'espèce et de son stade de croissance (New, 1987, Guillaume et al., 1999). La réussite de la formulation repose sur la définition des objectifs à atteindre et des moyens mis en oeuvres pour les atteindre. Le mode de présentation de l'aliment contribue également à sa qualité (New, 1987). En effet, les caractéristiques intrinsèques (Figure 2) de l'aliment doivent concourir à une meilleure utilisation de l'aliment par l'espèce en fonction de son âge. Ainsi l'aliment peut être présenté sous forme de pâte, de farine, émiettée ou de granulés de différentes tailles en fonction de la taille du poisson élevé (Tableau V). La qualité de l'aliment s'évalue par le calcul du gain de poids quotidien, de l'indice de consommation (IC), du coefficient d'efficacité protéique (CEP), du taux de survie et de la durée de production sur une période d'alimentation des poissons déterminée.

Disponibilités

Prix

Valeur

Ingredient

Spécificités
de

formulation

Teneur en élements nutritifs

Analyse et
reformulation
si nécessaire

Formulation

Aliments

Limite

d'incorporation des ingrédients

Evaluation
de l'éfficacité
de l'aliment

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Figure 1: Processus de formulation des aliments pour animaux d'élevage (Rossi, 2004)

Prix

Mode de présentation

Aliments

Teneurs en humidité,
protéines, lipides, cendres,
énergie, minéraux, acides
aminé essentiels, acides

Rapports

proteins/énergie calcium/phosphoree

Figure 2: Caractéristiques intrinsèques de l'aliment formulé

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Tableau V : Nature et tailles des particules des aliments en fonction du poids des poissons

Taille des poissons (g)

Nature de l'aliment

Taille les particules (mm)

0 - 0,5

Emietté

0,5

0,5 - 1

Emietté

1

1 - 5

Emietté

1,5

5 - 10

Emietté

2

10 - 20

Granulés / émietté

3

20 - 100

Granulés / pastilles

3

100 - 200

Granulés / pastilles

5

200 - 1000

Granulés / pastilles

6,5

New (1987)

1-4-2- 2- Matières premières utilisées dans la fabrication des aliments

Les principaux ingrédients utilisés dans l'alimentation des poissons sont classés selon leurs origines, compositions, propriétés nutritionnelles ou physicochimiques, ou par des critères économiques. On distingue donc les matières premières riches en protéines (farine de poisson, farine de viande, tourteau de graine de coton, tourteau de soja, boudin de sang, farine d'asticot, cervelle bovine), en lipides (huiles végétales et animales), en minéraux (farine d'os, de coquillage, son de riz,) et énergétiques (drêches de brasserie, brisure de maïs, farine de riz, farine basse de riz, farine de maïs, tourteaux de coprah, de palmiste, d'arachide). Les huiles animales (huile de poisson) et végétales (huile de palme, huile de soja, huile de colza), les pré-mélanges vitaminiques et minéraux ainsi que les acides aminés purifiés (Lysine méthionine, cystéines) sont également utilisés pour apporter les nutriments essentiels à l'alimentation des poissons d'élevage. Toutefois l'utilisation des différentes matières premières dans l'alimentation des poissons nécessite la connaissance de leur composition nutritionnelle et la capacité des poissons à les utiliser (Guillaume et al., 1999 ; Sauvant et al., 2004). Les matières premières d'origine végétale sont moins coûteuse, moins adaptées aux besoins des poissons et moins appétibles que celles d'origine animale. Elles sont douées d'un certains pouvoir liant, associé à la présence de substances non digestibles (Guillaume et al., 1999).

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1-5- Physiologie de la nutrition chez les poissons

La nutrition chez les poissons se résume aux différents stades de l'ingestion alimentaire, de la digestion et de l'absorption. La bouche assure à la fois l'aspiration de l'eau pour la respiration et l'ingestion de l'aliment. Puis l'aliment ingéré transite par l'oesophage, l'estomac puis l'intestin (Guillaume et al., 1999). Un ensemble d'enzymes réalisent ensuite la fragmentation des macromolécules à travers l'hydrolyse des liaisons peptidiques des protéines (protéases), osidiques des glucides (amylases) et esters des lipides (lipases) (Moriarty, 1973 ; Moreau, 1988). Ces enzymes sont sécrétées par le pancréas et l'estomac dans l'intestin à des proportions variables et interviennent dans la digestion. L'équipement en enzymes digestive n'est pas le même chez tous les poissons, cependant, les principales enzymes sécrétées sont les protéases (pepsine, trypsine, chymotrypsine, élastase, collagénase), les peptidases (carboxypeptidases A et B, carboxylestérase), les glucosidases (amylase, chitinase), les lipases (lipase pancréatique, colipase, estérases), et les nucléases (ribonucléase) (Guillame et al., 1999). C'est au niveau des parois intestinales que se fait l'assimilation des nutriments et c'est de là que se fait le transfert d'énergie et de matière. L'ingestion et l'utilisation de ces nutriments sont liées à certains facteurs tels que les caractéristiques intrinsèques de l'aliment, la densité de stockage, le taux de rationnement, la fréquence d'alimentation, le mode de nourrissage des poissons, la méthode de production des poissons et la température (New, 1987; Lacroix, 2004).

1-6- Pratiques de production aquacole

La production de poissons d'élevage de poids marchands compétitif nécessite le respect des bonnes pratiques d'élevage que sont la teneur en protéines et la taille de l'aliment utilisé, la densité de mise en charge, la ration alimentaire et le nombre de repas distribué par jour. Les bonnes pratiques de production en fonction de l'espèce et de la taille du poisson élevés sont présentées au Tableau VI.

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Tableau VI: Récapitulation des bonnes conditions d'élevage de poissons

Paramètres

Tilapiaa

Silureb

Alevins
(< 25-30g)

Juvéniles
(25-30 à
100g)

Adultes
(<100g)

Géniteurs

Alevins
(< 10g)

Juvéniles
(10-12 à
250g)

Adultes
(<250g)

Aliment

(% protéines)

35-40

30-35

25-30

30

50-55

44-48

28-32

Densité de
mise en charge

- 20 ind/m2 - 12,5ind/m2

6 ind/m2

4 ind/m2

0,7 ind/m2

.....

1000-1200
ind/m3

400kg/
m3

Ration
alimentaire

- 10% Bmass
- 6% Bmass

3-4%
Bmass

3

2,5-6%
Bmass

6-9,5

3,6-5,1

2,8-3,2

Nombre de
repas

- 6/jours
- 4/ jours

3-4/ jours

2-3 /jours

3 /jours

2-3/ jours

2-3/ jours

2-3/ jours

Taille aliment

- Emietté
- 2 mm

3 mm

3-5 mm

4 mm

0,8-
1,7mm

3mm

5-9mm

Nb : 20 ind/m2 avec 10% biomasse pour taille < 5g et - 12,5ind/m2 avec 6% Biomasse pour taille compris entre

5et 25-30g.

( New, 1987, Guillaume et al. 1999 ; Lacroix, 2004a)

( New, 1987, Ducarme et Micha, 2003, Willy Fleuren 2007, Harpaz 2007b )

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II - MATERIEL ET METHODES

2-1- Matériel

2-1-1- Matériel de terrain

Pour les enquêtes auprès des pisciculteurs, le matériel de terrain suivant a été utilisé, il s'agit : - d'un questionnaire et de 5 fiches de renseignement pour le recensement des informations; - des sachets pour la collecte des échantillons de matières premières et aliments piscicoles; - un appareil photo numérique pour les photographies de terrain ;

- une carte du réseau routier et administratif de la Côte d'Ivoire pour s'orienter.

2-1-2- Matériel de laboratoire

Le matériel de laboratoire utilisé est composé de :

- une balance de modèle SARTORIUS de portée 620g et de précision 0,001g pour les

différentes pesées;

- un mortier et un pilon pour réduire en farine les différents échantillons ;

- une étuve de marque PROLABO pour le dosage de la matière sèche ;

- un four HOBERSAL modèle 12PR/400 série 8B pour la calcination des échantillons ;

- un appareil de Soxhlet pour extraire les lipides ;

- un minéralisateur, un distillateur automatique de type FOSS TECATOR et une burette

pour la détermination du taux de protéines;

- un spectrophotomètre à absorption atomique pour le dosage des minéraux ;

- Des échantillons de matières premières agricoles constitués de produits et sous produits

agro-alimentaires utilisés dans la formulation des aliments pour les poissons d'élevage ;

- Des échantillons d'aliments piscicoles.

2-2- Méthodes

2-2-1- Enquêtes auprès des pisciculteurs

Une enquête sur l'alimentation des poissons d'élevage et les pratiques aquacoles a été réalisée auprès des pisciculteurs dans les principales zones piscicoles de la Côte d'Ivoive. Cette enquête à été réalisée à l'aide de questionnaire et de fiches de renseignements dans 16 régions (Marahoué, Haut Sassandra, Tonkpi, Cavally, Agnéby Tiassa, Lo Djiboua, Nawa, Goh,

18

Grands Ponts, Bélier, Sud Comoé, Gbèkè, Loh-Djiboua, Mé, Indénié djuablin, Moronou) et 37 départements (Bouaflé, Daloa, Man, Danané, Guiglo, Tiassalé, Sikensi, Azaguié, Agboville, Dabou, Abidjan, Bingerville, Anyama, Aboisso, Grand Bassam, Bonoua, Bouaké, Yamoussoukro, Toumodi, Tiébissou, Djékanou, Oumé, Divo, Ouragahio, Gagnoa, Sinfra, Soubré, Gueyo, Méagui, Lakota, Alépé, Adzopé, Akoupé, Abengourou, Agnibilékrou, Bongouanou et Arrah) de la Côte d'Ivoire de mai à septembre 2013 (Figure 3). Le questionnaire a été réalisé à l'aide du logiciel sphinx version 4.5 et a permis de renseigner sur les fermes piscicoles, le profil socio-économique des promoteurs des fermes, l'activité piscicole de la ferme, l'alimentation des poissons et les pratiques aquacoles. Les fiches de renseignement ont permis de renseigner sur les espèces de poissons élevées, les coûts, l'origine, la disponibilité, les lieux d'achats des matières premières, les formules alimentaires et aliments utilisés pour nourrir les poissons d'élevage sur les fermes. Les pisciculteurs ont été identifiés dans les différentes localités grâce aux données d'enquête préliminaire de l'Association Nationale des Pisciculteurs de Côte d'Ivoire (ANAQUACI) avec la collaboration les Directeurs Régionaux ou Départementaux du MIRAIT et/ou les responsables Aquaculture de l'ANADER, les responsables locaux de l'ANAQUACI et les associations locales de pisciculteurs.

Les enquêtes ont concernées les pisciculteurs en activité et en raison de la distribution irrégulière des fermes piscicoles sur le territoire ivoirien toutes les fermes accessibles par région, département et sous préfectures visités ont été enquêtées. Ces enquêtes ont consisté à la collecte des informations à l'aide d'interview, à la visite des fermes enquêtées puis les documents de gestion ont été consultés et les matières premières et les aliments utilisés pour nourrir les poissons d'élevage ont été échantillonnés sur les fermes et auprès des provendiers.

Ces échantillons ont été envoyés au laboratoire pour la détermination de leur composition biochimique et minérale. Au total, 344 pisciculteurs ont été enregistrés et 186 échantillons de sous produits agro-alimentaires et aliments de poissons ont été collectés pour leur analyse au laboratoire.

19

Figure 3: Localités visitées

20

2-2-2- Analyses biochimique et minérale des échantillons

2-2-2-1- Analyse biochimique

Un échantillon de 1 kg de matières premières utilisées par les pisciculteurs pour formuler les aliments et d'aliments piscicoles à été prélevé chez les pisciculteurs sur les fermes et auprès des provendiers dans les régions visitées pour leur analyse au laboratoire. Au total 107 échantillons de matières premières et 66 échantillons d'aliments ont été prélevés et analysés au Laboratoire National d'Appui au Développement Agricole (LANADA) selon les méthodes classiques (AOAC, 1995 et 2003). L'analyse biochimique a consisté au dosage des teneurs en humidité, protéines, lipides, cendres, glucides, fibres et énergie. Les teneurs en calcium (Ca), et phosphore ont été déterminées au spectrophotomètre à absorption atomique selon les techniques décrites par AOAC (2003).

2-2-2-2- Teneur en humidité

La détermination du taux d'humidité consiste à peser 10 g d'échantillon dans une capsule de poids initiale (M0) connue puis à le sécher à l'étuve à 80°C jusqu'à obtention d'une masse constante. Puis, les pourcentages de matières sèches et d'humidité sont calculés selon les formules suivantes:

Pourcentage de matières sèches

M - M

2

= 100 - ( 0 X 100)

M M

1 - 0

Pourcentage d'humidité = 100 - Pourcentage de matières sèches

M0: masse de la capsule vide (g);

M1: masse de la capsule et de l'échantillon (g);

M2: masse de la capsule et de la matière sèche (g).

2-2-2-3- Teneur en protéines

La méthode utilisée est la méthode de Kjeldahl qui consiste à minéraliser 1 g d'échantillon dans de l'acide sulfurique jusqu'à ce que l'azote organique soit converti en sulfate d'ammonium selon la réaction suivante:

K2SO4

Protéines + H2SO4 (NH4)2SO4

21

Cette minéralisation est réalisée dans un tube MATRA de 200 ml avec 12 ml de H2SO4 98 % (V/V) et deux comprimés KJELDAHL composés de sulfate de cuivre (CuSO4) et de sulfate de potassium (K2SO4). Tous les essais ont été réalisés en double.

Les tubes MATRA ont été chauffés à 420°C sous une hotte jusqu'à obtention d'une coloration vert clair et apparition de fumée qui signifie que l'évaporation de l'eau est achevée. La liqueur obtenue brunie puis se décolore. Le chauffage à 420 °C se poursuit une heure après la décoloration pour que la destruction des matières organiques soit complète. La solution est ensuite refroidie puis distillée. Au cours de la distillation, le sulfate d'ammonium a été décomposé par la soude (0,5 N), l'ammonium ainsi libéré est entraîné par la vapeur et titré à l'aide d'une burette contenant de l'acide chlorhydrique (0,1 N) en présence d'un indicateur coloré, le rouge de méthyle. Le titrage est achevé lorsque la solution vire du bleu au rouge. La formule suivante a été utilisée pour déterminer le pourcentage d'azote de l'échantillon analysé.

Pourcentag

e d'azote =

(V-Vb)x0,1x14 x100 1000 x prise d'essai

Le pourcentage de protéines de l'échantillon est obtenu par le calcul suivant : Pourcentage de protéines = Pourcentage d'azote total X 6,25

Avec 6,25 = facteur de conversion (la protéine contient 16% d'azote).

V = Volume d'acide sulfurique en ml versé pour le dosage; Vb = Chute de burette pour l'échantillon blanc;

Masse molaire de l'azote = 14 g/mol ; Prise d'essai = 1 g.

2-2-2-4- Teneur en lipides

La méthode de SOXHLET a été utilisée pour la détermination de la teneur en matières grasses. 5 g d'échantillon sec (Mo) ont été broyés en fines particules, puis introduit dans la cartouche de WAHTMAN, au-dessus duquel se trouvent du coton pour éviter les remontées au cours du chauffage. Puis, un volume de 350 ml d'hexane a été introduit dans le ballon d'extraction de masse M1. Le ballon a été ensuite connecté à l'extracteur. Les robinets des réfrigérants ont été ouverts puis les blocs chauffants ont été mis en marche pendant 6 heures. Au terme de cette période, le ballon d'extraction a été retiré de l'appareil de SOXHLET et le solvant a été évaporé à l'aide d'un évaporateur de type BÜCHI. Le ballon contenant la

matière grasse (M2) est séchée à l'étuve à 80oC pendant 18 heures et refroidit au dessiccateur pendant 2 heures.

Le pourcentage de matières grasses se calcule selon la formule suivante :

Pourcentag

ede

matières grasses

M - M

2

= 1 × 100

M0

22

M0 : masse de l'échantillon (g) ;

M1 : masse du ballon sec avant extraction (g) ;

M2 : masse du ballon contenant les matières grasses après extraction (g). 2-2-2-5- Teneur en cendres

Cinq (5) g d'échantillon à analyser ont été mis dans un creuset en porcelaine de masse initiale connue et placés dans un four à moufle à 550 °C pendant 24 heures. Après refroidissement au dessiccateur, l'ensemble creuset plus échantillon a été pesé à l'aide d'une balance électronique de précision. La teneur en cendres est calculée selon la formule suivante:

Pourcentag

e de cendres

( M - M 0 )

2

= ) 100

×

( M 1 - M 0

M0: masse du creuset vide (g);

M1: masse du creuset et de l'échantillon (g);

M2: masse du creuset et des cendres (g).

2-2-2-6- Teneur en fibres

Pour la détermination de la teneur en fibres, un échantillon de 2 g a été broyé, tamisé et introduit dans un ballon de 1000 ml contenant 200 ml de détergent acide constitué de 180 ml H2SO4 (2N) et de 20 ml d'une solution de bromure de cétyl triméthyl ammonium et d'eau (20 g de bromure dissout dans l'eau dont le volume final est ramené à 200 ml). Le ballon a été surmonté d'un réfrigérant à reflux raccordé au robinet d'eau courante. Le bloc a été mis dans un chauffe-ballon électrique et le contenu a été porté à ébullition pendant 1 heure. Le mélange a été filtré à chaud sur un entonnoir en porcelaine de 2 mm de maille muni de papier filtre. Le filtrat a été lavé trois fois avec de l'eau chaude, puis séché à l'étuve à 105 °C pendant 24 h. Le filtre est ensuite refroidi au dessiccateur et pesé. Il a été calciné ensuite à 550 °C pendant 24 h.

La teneur en fibres totales a été calculée selon la formule :

Pourcentag

e de fibres totales

=

M 3 -

( ) 100

M + M 1

2 ×
M0

 

M0: masse de l'échantillon (g)

M1: masse des cendres (g)

M2: masse du papier filtre (g)

M3: masse du papier filtre + résidu après séchage (g)

2-2-2-7- Extractifs Non Azotés (ENA)

Le taux d'extrait non azoté de l'échantillon est déterminé selon le calcul suivant :

Extraits non azotés = 100 - (% humidité + % protéines + % lipides + % cendres + % fibres)

2-2-2-8- Teneur en énergie

L'énergie brute est la somme des valeurs énergétiques apportées par les différentes

composantes de l'aliment. Ces valeurs énergétiques sont de 23,7 kJ/g, 39,5 kJ/g et 17,2 kJ/g respectivement pour les protéines, lipides et extraits non azotés (ENA) (Guillaume et al., 1999).

Energie brute (kJ/g) = (23,7 X teneur en protéines) + (39,5 X teneur en lipides) +

(17,2 X (teneur en fibres + ENA))

2-2-2-9- Rapport protéines/énergie

Le rapport protéines/énergie d'un aliment est le rapport entre la teneur en protéines en mg de l'aliment et la teneur en énergie brute de cet aliment en kJ.

Rapport proteine / énergie =

Teneur en protéines de l'aliment

en energie de l'alim ent

Teneur

23

2-2-2-10- Teneur en calcium et phosphore

La détermination des teneurs en calcium (Ca) et phosphore (P), des échantillons a été effectuée au spectrophotomètre à absorption atomique selon les techniques décrites par les méthodes AOAC (2003). Pour les analyses, 0,5 g de masse sèche de l'échantillon a été pesé dans le récipient de digestion, puis sont ajoutés successivement 5 ml d'HNO3 et 2 ml de H2O2 (30 %). Ensuite, le récipient a été fermé et mis dans le four à micro-onde préalablement programmé selon le paramètre à analyser. Après la digestion de l'échantillon, celle des réactifs a été réalisée à blanc.

( a b )

C - × 25

24

Les récipients de digestion ont été ouverts après refroidissement et le contenu a été transféré dans un ballon volumétrique de 25 ml. Le volume a été complété avec de l'eau distillée. Les échantillons à blanc ont été traités de façon similaire. Les échantillons trop concentrés en minéraux ont été dilués avec de l'acide nitrique 3 M jusqu'aux limites de détection de l'élément à doser. Les densités optiques des différents échantillons lues sont projetées sur les courbes d'étalonnage du calcium et du phosphore pour déterminer la concentration (a) de la solution analysée. Ensuite, les concentrations en mg/L (C) en minéraux des échantillons ont été calculées selon la formule suivante :

df

=

m

C = concentration des échantillons (mg/kg);

a = concentration de la solution à analysée (mg/L);

b = concentration moyenne des solutions à blanc (mg/L); df = facteur de dilution;

25 = 25 ml d'eau distillée utilisée pour la première dilution de l'échantillon; m = masse de l'échantillon (g).

La détermination du phosphore a été faite par photométrie de flamme et celle du calcium par spectrophotometrie d'absorption atomique à 510 nm.

2-2-3- Traitement des données de l'enquête

Les paramètres de croissance (Gain de Masse Quotidien), de production (Intensité de nourrissage, et le Rendement) et d'économie (Coût de production du kg de poisson lié à l'aliment, et la Valeur de production) ont été calculés à partir des données de terrains.

2-2-3-1- Gain de Masse Quotidien (g/j)

Le Gain de Masse Quotidien exprime la vitesse de croissance en poids du poisson et donc la capacité à prendre du poids dans le temps.

marchands poisson

Poids

GMQ =

Durée d'élevage

Poids marchands poisson : poids du poisson à la vente (g);

Durée d'élevage : Temps nécessaire pour obtenir des poissons commercialisables.

2-2-3-2- Intensité de nourrissage (kg/hectare/j)

L'intensité de nourrissage des poissons de la ferme rend compte de la quantité d'aliment distribué par hectare par jour. Il dépend de la densité de mise en charge, de la durée de production et de la vitesse de croissance des poissons.

Quantité d'aliment

Superficie exploitéex Duréé de production

Intensité de nourrissage

=

distribué par

cycle

2-2-3-3- Rendement (kg/hectare/année)

Le rendement est la capacité de production annuelle rapportée à la superficie en eau utilisée.

Rendement =

Production annuelle

(kg)

 
 

25

Superficie en eau exploitée

2-2-3-4- Coût de production du kg de poisson lié à l'aliment (FCFA/kg)

Le coût de production représente le prix du kilogramme de poisson produit calculé à partir du coût total d'aliment distribué.

Coût de production lié à l'aliment =

Coût de l'aliment utilisé

Quantité de poissons produits

2-2-3-5- Valeur de production (FCFA)

La valeur de production est le produit de la quantité de poisson élevé par le prix de vente du kilogramme de poisson.

Valeur de production = Quantité de poisson produit x Prix moyen de vente du kg de poisson 2-2-4- Analyses statistiques

Les données de l'enquête ont été analysées à l'aide du logiciel sphinx 4.5. Le logiciel STATISTICA 7.1 a été utilisé pour l'analyse statistique des données de croissance, de production et d'économie. Les données ont été analysées par ANOVA à un facteur et le test de Turkey a été utilisé pour les comparaisons multiples des moyennes. Le traitement a été considéré significatif au seuil á = 0,05. Toutes les données ont été présentées sous forme de moyenne #177; écart type.

III- RESULTATS ET DISCUSSION

3-1- Résultats

3-1-1- Données de l'enquête

Un ensemble de 37 départements regroupés en 16 régions a été visité au cours des enquêtes sur le terrain. Un total de 186 échantillons de sous-produits agroalimentaires et aliments piscicoles) a été prélevé. Les matières premières utilisées par les pisciculteurs et les provendiers pour formuler les aliments piscicoles représentaient 107 échantillons et les aliments piscicoles 66. Les données de l'enquête montrent que sur les 301 pisciculteurs enquêtés et retenus pour le traitement des données, 119 pisciculteurs utilisent un aliment piscicole pour nourrir les poissons d'élevage soit un taux d'utilisation de 39,53%. Parmi ces 119 pisciculteurs, 69 utilisent les aliments piscicoles durant tout le cycle de production cependant, 50 d'entre eux associent les aliments piscicoles à d'autres types d'aliments pour nourrir les poissons d'élevage.

3-1-2- Différents aliments piscicoles rencontrés

Les différents aliments piscicoles retrouvés sur les fermes sont les aliments commerciaux (industriels nationaux, industriels importés et provendiers) et les aliments produits par les pisciculteurs eux-mêmes (Figure 4).

a : Aliments commerciaux industriel importé (Skretting, tilapia alevinage)

b : Aliment commerciaux industriels national (Ivograin, Tilapia 2)

c : Aliments produit par un pisciculteur ferme Affi, Yamoussoukro (tous stades)

26

Figure 4 : Quelques aliments piscicoles rencontrés

3-1-2-1- Aliments commerciaux

Les aliments commerciaux utilisés sont les aliments commerciaux industriels importés, les aliments commerciaux industriels nationaux et les aliments commerciaux provendiers. Les aliments commerciaux industriels sont produits et commercialisés par Skretting et Raanan Fish Feeds respectivement produits en hollande et au Ghana et commercialisés en Côte d'Ivoire par deux grandes fermes piscicoles. Les aliments commerciaux industriels nationaux sont produits et commercialisés par IVOGRAIN et FACI, deux sociétés de production d'aliment pour animaux d'élevage implantées en Côte d'Ivoire. Les aliments provendiers sont retrouvés dans les départements et sous-préfectures à fortes activités piscicoles chez les commerçants (provendiers) de sous-produits et matières premières, auprès du Grand Moulin d'Abidjan, GMA (société de production et de commercialisation de farine de blé) et le Centre de Recherche Océanologique d'Abidjan.

Ces différents aliments commerciaux sont utilisés seuls ou en combinaison entre eux. De plus, ils sont parfois associés à d'autres types d'aliments pour nourrir les poissons. Un ratio de 27,57% des pisciculteurs enquêtés utilisent des aliments commerciaux. Parmi ces pisciculteurs, 48,19% utilisent uniquement des aliments commerciaux durant tout le cycle de production des poissons et 51,81% associent les aliments commerciaux à d'autres types d'aliments. Le Tableau VII montre la fréquence d'utilisation des différents aliments commerciaux rencontrés sur les différentes fermes visités. Parmi ces aliments commerciaux, les plus utilisés sont les industriels nationaux (52,94%), suivi des aliments provendiers (20,17%) et des industriels importés (3,36 %).

Tableau VII : Fréquence d'utilisation des différents aliments commerciaux

Aliments commerciaux Fréquence Pourcentage

Industriels importés

Skretting 3 2,52

Rahanaan fish feed 1 0,84

Total 4 3,36

Industriels nationaux

Ivograin 56 47,06

Faci 7 5,82

Total 63 52,94

Provendiers 24 20,17

27

28

3-1-2-1- 1- Aliments commerciaux industriels importés

Deux catégories d'aliment SKRETTING ont été répertoriées. Il s'agit des aliments de démarrage, de prégrossissement et de grossissement produits pour l'élevage du tilapia et du silure. Ce sont des aliments extrudés présentés sous forme émiettée et granulés flottants de tailles variables (0,5 mm, 0,7 mm, 1,0 mm, 1,8 mm ; 2,5 mm et 4,5 mm). Deux catégories d'aliments RAANAN Fish Feed ont été également rencontrées sur les fermes. Il s'agit des aliments de prégrossissement et de croissance du tilapia, extrudés et présentés sous forme de granulés flottants de 2,5 et 4,5 mm respectivement. La teneur en protéines des aliments commercialisés industriels importés varie entre 30,00 et 57,00%, les teneurs en lipides entre 5,00 et 15%, les cendres entre 8 et 11%, les fibres entre 0,1 et 4%, l'énergie entre 17,34 et 20,81 kJ/g, le rapport protéines/énergie entre 17,30 et 27,39 mg/kJ et le rapport calcium/phosphore entre 0,85 et 0,91. Les prix des aliments commerciaux industriels importés varient entre 600 et 1250 FCFA/kg (Tableau VIII). Ces aliments industriels commerciaux sont d'une très faible disponibilité, les pisciculteurs rapportent des périodes de pénurie entraînant de longues durées de livraison.

Tableau VIII : Composition biochimique, minérale et prix des aliments commerciaux industriels importés

Paramètres

SKRETTING
Démarrage

SKRETTING
grossissement

RAANAN Fish Feed prégrossissement

RAANAN Fish
Feed

Croissance

Humidité (%)

10,00

9,00

9,00

9,00

Protéines (%)

57,00

35,00

38,00

30,00

Lipides (%)

15,00

6,00

7,00

5,00

Cendres (%)

11,00

11,00

8,00

8,00

Fibres (%)

0,10

3,50

3,50

4,00

Glucides (%)

7,90

35,50

34,50

44,00

Energie (kJ/g)

20,81

17,37

18,31

17,34

Protéines/Energie (mg /kJ)

27,39

20,15

20,76

17,30

Calcium (mg/g)

14,2

6,00

10,98

9,81

Phosphore (mg/g)

16,80

7,00

12,00

11,00

Calcium/phosphore

0,85

0,86

0,91

0,89

Prix aliment (FCFA/kg)

1250

850

700

600

3-1-2-1- 2- Aliments commerciaux industriels nationaux

Les sociétés IVOGRAIN et FACI produisent chacune deux types d'aliments pour l'élevage du tilapia que sont les aliments de prégrossissement (Tilapia 1) présentés sous forme de farine et les aliments de grossissement (Tilapia 2) présentés sous forme de granulés de 2 mm. La teneur en protéines des aliments tilapia commercialisés par IVOGRAIN et FACI varie entre 28,00 et 30,15%, les teneurs en lipides entre 4 et 7%, les teneurs en cendres entre 10,76 et

29

11,53%, les fibres entre 6,52 et 8,21%, l'énergie entre 16,53 et 17,01 kJ/g, le rapport protéines/énergie entre 16,46 et 18,07 mg/kJ et le rapport calcium/phosphore entre 0,8 et 1,8. Les prix de ces aliments varient entre 240 et 295 FCFA/kg (Tableau IX).

Ces aliments sont fortement disponibles dans les environs de la ville d'Abidjan et dans les grandes villes de l'intérieur du pays. Cependant, des périodes de pénuries sont rapportées par certains pisciculteurs.

Tableau IX: Composition biochimique minérale et prix des aliments commerciaux industriels nationaux

Paramètres

IVOGRAIN Tilapia 1

IVOGRAIN
Tilapia 2

FACI
Tilapia 1

FACI
Tilapia 2

Humidité (%)

9,87

9,00

9,50

9,27

Protéines (%)

30,15

28,38

30,00

28,00

Lipides (%)

5,04

4,00

6,00

7,00

Cendres (%)

11,06

10,78

10,76

11,53

Fibres (%)

8,21

6,52

7,00

7,00

Glucides (%)

35,67

41,32

36,74

37,22

Energie (KJ/g)

16,68

16,53

17,00

17,01

Protéines/Energie (mg/KJ)

18,07

17,16

17,64

16,46

Calcium (mg/g)

10,13

19,98

11,54

10,40

Phosphore (mg/g)

10,19

10,99

12,50

13,02

Calcium/phosphore

0,99

1,81

0,92

0,80

Prix aliment (FCFA/kg)

295

275

285

240

3-1-2-1- 3- Aliments commerciaux provendiers

Les aliments commerciaux provendiers rencontrés sur les fermes sont produits à partir des sous-produits agroindustriels et agricoles par certains provendiers dans les départements de Dabou, Anyama, Agnibilékrou et Abengourou, par le CRO à sa station de Layo, et par le GMA (SOKOBALO). Six différents aliments provendiers ont donc été rencontrés sur les fermes piscicoles. Les aliments provendiers produits à Dabou, Anyama, Agnibilékrou et Abengourou sont présentés sous forme de farine, l'aliment produit par le CRO est présenté sous forme de granulés de 2 mm et de granulés concassés et l'aliment produit par le GMA présenté sous forme de gros granulés de 6mm de diamètres. Les aliments provendiers ont une teneur en protéines variant entre 16,20 et 24,29%, avec les teneurs en lipides oscillant entre 4,30 et 9,42%, les teneurs en cendres ont variées entre 5,47 et 10,87, les teneurs en fibres entre 9,74 et 43,21%, l'énergie entre 15,74 et 17,57 kJ/g, le rapport protéines/énergie entre 9,52 et 14,61 mg/kg et le rapport calcium/phosphore entre 1,19 et 3,75. Les prix des aliments

30

provendiers varient entre 110 et 300 FCFA/kg (Tableau X). Ces aliments sont produits localement et ont une bonne disponibilité.

Tableau X : Composition biochimique, minérale et coût des aliments provendiers nationaux

Paramètres

CRO

SOKO
BALO

Provendier
Anyama

Provendier
Dabou

Provendier
Agnibilékrou

Provendiers
Abengourou

Humidité (%)

11,35

10,48

8,71

9,56

9,69

10,40

Protéines (%)

18,09

16,2

17,83

22,02

16,51

24,29

Lipides (%)

4,52

4,30

8,55

8,34

9,42

5,53

Cendres (%)

9,84

5,47

9,40

10,87

7,86

8,35

Fibres (%)

12,60

43,21

9,97

9,74

17,34

31,77

Glucides (%)

43,61

20,35

45,57

38,75

39,18

18,74

Energie (KJ/g)

15,74

16,47

17,15

16,85

17,35

16,63

Protéines/Energie (mg /KJ)

11,50

9,84

10,38

13,06

9,52

14,61

Calcium (mg/g)

6,20

1,73

7,96

5,77

4,37

6,31

Phosphore (mg/g)

4,85

9,27

2,12

15,49

5,80

10,80

Calcium/phosphore

1,28

0,19

3,75

0,37

0,75

0,58

Prix aliment (FCFA/kg)

260

110

200

250

300

200

3-1-2-2- Aliments produits par les pisciculteurs

Certains pisciculteurs formulent eux-mêmes leur aliment piscicole à partir des sous-produits agro-alimentaires. Ces aliments sont produits régulièrement de façon artisanale et présentés sous forme de farine et d'utilisation personnelle pour la plupart. Ils sont utilisés seuls durant tout le cycle de production des poissons ou associés à d'autres types d'aliments. Une proportion de 17,94% des pisciculteurs enquêtés produisent eux-mêmes leur aliment. Parmi eux, 53,70% utilisent uniquement l'aliment qu'ils produisent et 46,30% associent l'aliment produits à d'autres types d'aliments.

Les teneurs en protéines des aliments produits par les pisciculteurs varient entre 10,92 et 35,90%, les teneurs en lipides entre 1,83 et 17,86%, en cendres entre 4,7 et 16,97%, en fibres entre 4,7 et 56,33%, en glucides entre 15,52 et 47,85%. L'énergie varie entre 14,44 et 21,99 kJ/g. Le rapport protéine/énergie varie entre 6,40 et 18,81mg/kJ. La teneur en calcium est comprise entre 1,22 et 13,29 mg/g. Quant au phosphore, sa teneur oscille entre 4,37 et 65,75 mg/g pour un rapport calcium/phosphore compris entre 0,09 et 1,53. Les coûts des aliments produits par les pisciculteurs varient entre 25 et 270 FCFA (Tableau XI). Le profil de la composition biochimique présenté dans le Tableau 11 permet d'observer que 36,40% des aliments produits par les pisciculteurs ont une teneur en protéines comprise entre 20 et 25%. Au total, 91,0 % de ces aliments ont une teneur en protéines inférieure à 25%. Seulement

31

1,8% de ces aliments ont un taux de protéines supérieures à 35%. La plupart de ces aliments (61,8%) ont une teneur en lipides variant entre 5 et 10%. Au total, 56,4% des aliments ont une teneur en cendres comprise entre 5 et 10%. Les teneurs en fibres de ces aliments sont élevées chez la majorité des pisciculteurs. Elles varient entre 10 et 25% (21,80%), 25 et 40% (36,40%) et plus de 40% pour 23,6%. Les teneurs en glucides varient de moins de 25% (58,2%) à entre 25 et 40% pour 32,7% de ces aliments. Les taux d'énergie varient entre 15 et 20 kJ/g pour 94,5% des aliments formulés par les pisciculteurs. Le rapport protéine/énergie est inférieur à 10 mg/kJ pour 36,4% des aliments produits et compris entre 10 et 16 mg/kJ pour 58,2%. Les teneurs en calcium sont inférieurs à 4,5 mg/g pour 40% des aliments. La plupart des aliments ont un taux de phosphore variant entre 5 et 10 mg/g (36,4%) et 10 et 15 mg/g (45,5%). Les rapports calcium/phosphore sont inférieurs à 0,5 pour 43,6% (Tableau XII).

Tableau XI: Composition biochimique, minérale et coût des aliments produits par les pisciculteurs

Paramètres

Minimum

Maximum

Humidité (%)

8,55

10,51

Protéines (%)

10,92

35,90

Lipides (%)

1,83

17,86

Cendres (%)

4,70

16,97

Fibres (%)

4,70

56,33

Glucides (%)

15,52

47,85

Energie (KJ/g)

14,44

21,99

Protéines/Energie (mg /KJ)

6,40

18,81

Calcium (mg/g)

1,22

13,29

Phosphore (mg/g)

4,37

65,75

Calcium/phosphore

0,09

1,53

Prix aliment (FCFA/kg)

25

270

32

Tableau XII : Profil biochimique des aliments produits par les pisciculteurs (n=54)

Paramètres

Fréquence

Pourcentage

(%)

(%) Cumulés

Protéines (%)

 
 
 

10-15

16

29,1

29,1

15-20

14

25,5

54,6

20-25

20

36,4

91,0

25-30

3

5,5

96,5

30-35

1

1,8

98,3

Plus de 35

1

1,8

100

Lipides (%)

 
 
 

Moins de 5

17

30,9

30,9

5 à 10

34

61,8

92,7

10 à 15

3

5,5

98,2

Plus de 15

1

1,8

100

Cendres (%)

 
 
 

Moins de 5

3

5,5

5,5

5 à 10

31

56,4

61,9

10 à 15

19

34,6

96,5

15 et plus

2

3,6

100

Fibres (%)

 
 
 

Moins de 10

10

18,2

18,2

10 à 25

12

21,8

40,0

25 à 40

20

36,4

76,4

40 et plus

13

23,6

100

Glucides (%)

 
 
 

Moins de 25

32

58,2

58,2

25 à 40

18

32,7

90,9

40 à 55

5

9,1

100

Energie (kJ/g) Moins de 15

2

3,6

3,6

15 à 20

52

94,5

98,1

20 à 25

1

1,8

100

Protéine / Energie (mg/kJ)

 
 
 

Moins de 10

20

36,4

36,4

10 à 16

32

58,2

94,6

16 à 22

3

5,5

100

Calcium (mg/g)

 
 
 

Moins de 4,5

22

40,0

40,0

4,5 à 6,5

13

23,6

63,6

6,5 à 10

12

21,8

85,4

Plus de 10

8

14,5

100

Phosphore (mg/g) Moins de 5

1

1,8

1,8

5 à 10

20

36,4

38,2

10 à 15

25

45,5

83,7

Plus de 15

9

16,4

100

Calcium/Phosphore

 
 
 

Moins 0,5

24

43,6

43,6

0,5 à 0,7

11

20,0

63,6

0,7 à 1

14

25,5

89,1

1 et plus

6

10,9

100

33

3-1-2-2-1- Matières premières et additifs alimentaires utilisées pour formuler les aliments

Les matières premières utilisées par les pisciculteurs pour formuler les aliments sont la farine de poisson, les sons de riz, de maïs et de blé, la farine déshuilée de noix d'anacarde, la farine basse de riz, la farine de maïs et les tourteaux de coprah de soja, et de coton. Les additifs retrouvés dans la formulation de ces aliments sont les huiles de poisson, de soja et de palme, le sel, le coquillage, le biacalcium, les premix vitamines et minéraux poissons, volailles et porcs.

> Matières premières d'origine animale

La farine de poisson est la seule matière première d'origine animale utilisée par les pisciculteurs pour formuler les aliments. Différents type de farine de poissons ont été rencontrés sur les fermes. Il s'agit des farines de poissons entiers, de carcasses de poissons et de débris de poissons produits localement (Abidjan) ou importés (Benin, Sénégal, Maroc, Brésil, France). L'origine et la nature de la farine de poisson influence son prix. Les prix varient de 275 FCFA/kg pour les farines pauvres en protéines, riches en minéraux et calcium à 1000 FCFA/kg pour les farines de poissons riches en protéines. En moyenne, les farines coûtent 485 FCFA/kg (Tableau XIII). La disponibilité de la farine de poisson est bonne dans plusieurs localités. Les grandes villes comme Abidjan, Bouaké et Yamoussoukro sont les principales zones de distribution de cette farine.

Tableau XIII: Coût, disponibilité, origine et distribution de la farine de poisson

Matières
premières

Coût (FCFA/kg)

Disponibilité

Origine

Lieu de
distribution

Minimum

Maximum

Moyen

Farine de
poisson

275

1000

485

Bonne

Abidjan Benin Sénégal Maroc Brésil France

Abidjan
Bouaké
Yamoussoukro
Local

34

> Matières premières d'origine végétale

Plusieurs matières premières d'origines végétales sont utilisées par les pisciculteurs, il s'agit des sons, des farines et des tourteaux (Tableau XIV). Ils ont en général d'une bonne disponibilité et sont pour la plupart de moindres coûts.

En moyenne, les prix des sons (riz, maïs, blé) varient de 20 à 105 FCFA/kg, les farines (riz, noix d'anacarde et de maïs) ont un prix variant entre 30 et110 FCFA/kg, seule la farine de maïs à une bonne disponibilité. Les tourteaux de coprah, de soja et de coton coûtent en moyenne 110 à 225 FCFA/kg et possèdent toutes une bonne disponibilité. Parmi eux le son de blé, le tourteau de coprah, de coton et de soja sont souvent importés et commercialisé à Abidjan. La farine basse de riz n'est pas disponible dans toutes les localités, car très peu de moulin de riz disposent d'un matériel adéquat pour sa production. La farine d'anacarde est exclusivement disponible à Dimbokro.

Tableau XIV: Coût, disponibilité, origine et distribution des matières premières végétales

Matières
premières

Coût (FCFA/kg)

Disponibilité

Origine

Lieu d'achat

Minimum

Maximum

Moyen

Son de riz

10

85,00

20

Bonne

Locale

Local

Son de mais

10

175

40

Bonne

Locale

Local

Son de blé

80

150

105

Bonne

Maroc
France
Brésil

Abidjan Aboisso Dabou Anyama

Farine basse de

riz

15

70

30

moyenne

Locale

Local

Farine de noix
d'anacarde
déshuilé

55

55

55

Moyenne

Dimbokro

Dimbokro

Farine de mais

30

175

110

Bonne

Locale

Local

Tourteau de
coprah

50

150

110

Bonne

Bassam Abidjan Soubré Maroc locale

Bassam
Abidjan

Abengourou Niablé Soubré Dabou

local

Tourteau de soja

200

500

390

Bonne

Abidjan
Maroc
Bénin

Abidjan Bouaké Aboisso Dabou

Abengourou

Tourteau de
coton

150

300

225

Bonne

Abidjan
Maroc
Bouaké

Abidjan
Bouaké
Dabou
Anyama
Abengourou

35

> Additifs alimentaires

Le Tableau XV présente le coût, la disponibilité, l'origine et lieu d'achat des additifs alimentaires utilisés par les pisciculteurs pour formuler les aliments piscicoles. Les huiles de poisson, de soja et de palme ont une bonne disponibilité en général.

Ils sont produits à Abidjan et commercialisés dans les grandes localités à l'exception de l'huile de palme localement disponible. Les prix moyens de ces huiles varient entre 450 et 1700 FCFA/kg. Le sel, le coquillage, le biacalcium et les prémix vitamines et minéraux volailles et porc utilisés ont une bonne disponibilité par rapport au prémix vitamine et minéraux poisson. Le sel et le coquillage sont localement disponibles contrairement aux différents prémix vitamines et minéraux qui sont importés. La plupart de ces additifs sont commercialisés à Abidjan et dans les grandes localités. Le sel à un prix moyen de 740 FCFA/kg, le coquillage 55 FCFA/kg, le bi calcium 12 000 FCFA/kg et les prémix vitamines et minéraux volailles et porc 1600 et 2500 FCFA/kg respectivement.

Tableau XV : Coût, disponibilité, origine et lieu d'achat des différents additifs alimentaires

Matières
premières

Coût (FCFA/kg)

Disponibilité

Origine

Lieu
d'achat

Minimum

Maximum

Moyen

Huile de poisson

450

450

450

Bonne

Abidjan

Abidjan

Huile de soja

1700

1700

1700

Bonne

Abidjan

Abidjan
Bouaké

Huile de palme

500

1000

695

Bonne

Locale

Locale

Sel

500

800

740

Bonne

Locale

Local

Coquillage

30

100

55

Bonne

Abidjan
Bassam

Abidjan
Bassam
Dabou
Anyama
Abengourou

Bi calcium

12 000

12 000

12 000

Bonne

Abidjan

Aboisso
Abidjan

Premix vitamines et minéraux poissons

3700

3700

3700

Mauvaise

Importé

Abidjan

Premix vitamines et minéraux volailles

1600

1600

1600

Bonne

Importé

Locale

Premix vitamines et minéraux porc

2500

2500

2500

Bonne

Importé

Locale

36

3-1-2-2-2- Compositions biochimique et minérale des matières premières

La composition biochimique et minérale des différentes matières premières utilisées dans la fabrication des aliments de poissons est présentée au Tableau XVI. La farine de poisson est riche en protéines (47,31 #177; 12,23%), en cendres (28,36 #177; 8,71%), en calcium (45,90 #177; 11,77 mg/g) et en phosphore (30,04 #177; 3,00 mg/g). Les tourteaux de soja, coton et coprah sont relativement riche en protéines avec des valeurs variant entre 19,20 #177; 1,34 (tourteau de coprah) et 46,37 #177; 1,05 % (tourteau de soja).

Ces tourteaux sont pauvres en lipides (5,19 #177; 1,73 - 7,95 #177; 1,08%), en cendres (5,81 #177; 1,10 - 7,30 #177; 0,86%) avec des taux de fibres relativement élevés (11,06 #177; 1,95 - 27,81 #177; 3,46%). Ces tourteaux sont en général pauvres en calcium (1,72 #177; 0,14 - 2,80 #177; 8,96 mg/g) et en phosphore (4,20 #177; 1,22 mg/g - 4,92 #177; 1,34 mg/g) à l'exception du tourteau de coton qui contient environ 11,20 #177; 0,65 mg/g de phosphore. Les sons de riz, de maïs et de blé ont une teneur en protéines variant entre 9,45 #177; 0,90% (son de maïs) et 16,20 #177; 0,37 % (son de blé). Les taux de fibres compris entre 25,85 #177; 2,81 (son de riz) et 51,75 #177; 7,75% (son de maïs) avec des teneurs en énergie variant entre 16,47 #177; 0,18 kJ/g (son de blé) et 18,16 #177; 0,40 kJ/g (son de riz). Cependant, les rapports P/E sont faibles et varient entre 5,92 #177; 0,54 (son de maïs) et 9,84 #177; 0,26 (son de blé) mg/kJ. Ces sons sont pauvres en calcium (0,93 #177; 0,07 - 3,41 #177; 0,13 mg/g) avec des teneurs en phosphore relativement élevées pour le son de blé (9,27 #177; 1,27 mg/g) et le son de riz (15,07 #177; 1,02 mg/g). La farine basse de riz (12,93 #177; 0,69%) et la farine de maïs (9,70 #177; 0,44%) sont pauvres en protéines mais riches en glucides 48,82 #177; 1,56% et 64,55 #177; 2,77% respectivement. La farine basse de riz a une teneur marquée en phosphore (14,43 #177; 1,62 mg/g) et en magnésium (9,42 #177; 0,45 mg/g). La farine d'anacarde est relativement riche en protéines (24,95 #177; 0,45%) en lipides (16,84 #177; 0,31%), en phosphore (286 #177; 8,93 mg/g) et en potassium (104,70 #177; 2,97 mg/g).

3-1-2-2-3- Fréquence d'utilisation et taux d'incorporation des matières premières utilisées dans les formules alimentaires

Les matières premières les plus utilisées par les pisciculteurs pour formuler les aliments piscicoles sont : la farine de poisson (77,59%), le tourteau de coprah (50%), le son de blé (46,55%), la farine basse de riz (41,40%), le tourteau de coton (34,5%) et le son de maïs (Tableau XVII). La farine basse de riz (12,60 - 90,90%), le son de riz (25 - 94,30%), le son de blé (4,20 - 89,30%), le tourteau de soja (1,60 - 47,40%), le tourteau de coton (4,20 - 33,30%) et le son de maïs (6 - 86,96%) sont les plus incorporés dans les aliments des pisciculteurs. Les

37

huiles (poissons, soja, palme) sont très peu retrouvées dans ces formules alimentaires (1,70 - 6,90%) avec de faibles taux d'incorporation variant entre 0,02 et 2%. Le coquillage est rencontré dans 19% des formules avec des taux d'incorporation variant entre 0,30 et 10,40%. Le sel (8,6%), le biacalcium (6,90%) et les préfix vitaminiques et minéraux (1,72 - 6,90%) sont très peu utilisés et à des taux d'incorporation faibles (0,02 à 6,70%) dans les formules alimentaires.

36

Tableau XVI : Compositions biochimique et minérale de matières premières

Paramètres

Farine de
poisson

Tourteau de
soja

Tourteau de
coton

Tourteau de coprah

Son de mais

Son de blé

Son de riz

Farine basse de riz

Farine
d'anacardes
déshuilée

Farine de
mais

Humidité (%)

8,69

#177; 1,90

11,20 #177; 1,53

9,20 #177; 1,21

11,97 #177; 0,56

8,46

#177; 0,57

10,48

#177; 0,53

8,63 #177; 0,79

9,76

#177; 1,09

12,80 #177; 0,07

9,55

#177; 1,67

Protéines (%)

47,31

#177; 12,23

46,37 #177; 1,05

40,71 #177; 1,36

19,80 #177; 1,34

9,45

#177; 0,90

16,20

#177; 0,37

12,38 #177; 0,87

12,93

#177; 0,69

24,95 #177; 0,45

9,70

#177; 0,44

Lipides (%)

9,69

#177; 2,78

6,37 #177; 1,13

5,19 #177; 1,73

7,95 #177; 1,08

0,93

#177; 0,21

4,30

#177; 0,50

14,54 #177; 1,23

9,65

#177; 0,80

16,86 #177; 0,31

3,94

#177; 0,10

Cendres (%)

28,36

#177; 8,71

6,39 #177; 1,06

5,81 #177; 1,10

7,30 #177; 0,86

3,44

#177; 0,29

5,47

#177; 0,35

9,31 #177; 0,76

9,96

#177; 0,87

2,90 #177; 0,10

1,74

#177; 0,13

Fibres (%)

0,33

#177; 0,29

11,06 #177; 1,95

17,36 #177; 1,35

27,81 #177; 3,46

51,75

#177; 7,75

40,79

#177; 2,59

25,85 #177; 2,81

8,88

#177; 0,55

5,18 #177; 0,06

10,53

#177; 0,58

Glucides (%)

5,63

#177; 5,75

18,60 #177; 1,58

21,74 #177; 3,15

25,17 #177; 4,33

26,19

#177; 8,18

22,77

#177; 2,59

29,30 #177; 4,13

48,82

#177; 1,56

37,29 #177; 0,09

64,55

#177; 2,77

Energie (kJ/g)

16,06

#177; 2,47

18,61 #177; 0,76

18,42 #177; 0,34

16,95 #177; 0,36

15,96

#177; 0,13

16,47

#177; 0,18

18,16 #177; 0,40

16,80

#177; 0,31

19,88 #177; 0,01

16,77

#177; 0,28

P/E

29,03

#177; 4,09

24,93 #177; 0,53

22,10 #177; 0,61

11,68 #177; 0,73

5,92

#177; 0,54

9,84

#177; 0,26

6,81 #177; 0,44

7,70

#177; 0,37

12,55 #177; 0,23

5,79

#177; 0,35

Calcium (mg/g)

45,90

#177; 11,77

2,04 #177; 0,02

2,80 #177; 8,96

1,72 #177; 0,14

3,41

#177; 0,13

1,73

#177; 0,14

0,93 #177; 0,07

0,89

#177; 0,15

10,53 #177; 0,15

0,07

#177; 0,01

Phosphore (mg/g)

30,04

#177; 3,00

4,92 #177; 1,34

11,20 #177; 0,65

4,20 #177; 1,22

2,92

#177; 1,65

9,27

#177; 1,27

15,07 #177; 1,02

14,43

#177; 1,62

286,00 #177; 8,93

2,28

#177; 0,40

Calcium/Phosphore

1,55

#177; 0,46

0,44 #177; 0,13

0,25 #177; 0,02

0,46 #177; 0,19

1,28

#177; 0,08

0,19

#177; 0,01

0,06 #177; 0,01

0,06

#177; 0,01

0,04 #177; 0,00

0,03

#177; 0,01

37

Tableau XVII : Fréquence d'utilisation et taux d'incorporation des matières premières utilisées dans les formules alimentaires

Matières premières

Fréquence
d'utilisation

(%)

Taux d'incorporation dans les Formules

(%)

Minimum

Maximum

Moyen

Farine de poisson

77,59

1,40

25,50

10,55

Tourteau de soja

20,70

1,60

47,40

10,90

Tourteau de coton

34,50

4,20

33,30

14,60

Tourteau de coprah

50,00

3,30

27,80

16,50

Son de riz

18,97

25,00

94,30

53,05

Son de mais

29,31

6,00

86,96

45,06

Son de blé

46,55

4,20

89,30

39,37

Farine basse de riz

41,40

12,60

90,90

54,23

Farine de noix d'anacarde déshuilé

1,72

18,80

18,80

18,80

Farine de mais

10,34

4,30

28,60

14,43

Huile de poisson

1,70

2,00

2,00

2,00

Huile de soja

3,45

0,50

0,50

0,50

Huile de palme

6,90

0,02

1,20

0,59

Sel

8,60

0,10

2,00

1,00

Coquillage

19,00

0,30

10,40

2,89

Biacalcium

6,90

0,02

6,70

1,71

Premix vitamines et minéraux poissons

6,90

0,02

0,50

0,24

Premix vitamines et minéraux volailles

5,17

0,03

0,40

0,15

Premix vitamines et minéraux porc

1,72

1

1

1

3-1-3- Utilisation des aliments piscicoles

3-1-3-1- Utilisation par région

Les différents taux d'utilisation des aliments piscicoles par région sont présentés à la Figure 4. Les pisciculteurs utilisant un aliment commercial pour nourrir les poissons sont retrouvés dans 11 régions sur les 15 enquêtés. Les régions du haut Sassandra, du Goh, du Gbeké et du Moronou ne sont pas concernées. Les pisciculteurs utilisant un aliment commercial sont le plus rencontrés dans les régions de l'Agnéby Tiassa (100%), du District d'Abidjan (71,43%), du Sud Comoé (67,74%), des grands ponts (55,56%), du Cavally (50%), de l'Indénié Djuablin (34,04%) et du Tonkpi (33,33%) par rapport aux régions de la Marahoué (2,1%) et de la Nawa (2,86%).

Les pisciculteurs produisant leur aliment sont rencontrés dans 13 régions sur 15. Les régions du Goh et du Moronou n'ont pas enregistrés de pisciculteurs produisant leur aliment. Cette pratique est observée en majorité dans les régions du Tonkpi (66,67%), du Cavally (55,56%), du Sud Comoé (45,16%), du Bélier (40,00%), suivi des régions du Gbeké (28,57%), de

38

l'Agnéby-Tiassa (27,27%), du Cavally (25,00%), du District d'Abidjan (21,43%), de la Mé (17,65%) et de l'Indénié Djuablin (14,89%). Les régions de la Marahoué (6,25%), du haut Sassandra (6,25%) et de la Nawa (2,9%) enregistrent les plus faibles taux de pisciculteurs qui produisent leur aliment.

Les aliments commerciaux sont beaucoup plus utilisés dans les régions de l'Agneby Tiassa, le District d'Abidjan, du Sud Comoé, du Cavally, de l'Indénié-Djuablin, et de la Mé. A l'inverse, les régions du Tonkpi, du Gbeké, du haut Sassandra et de la Marahoué enregistrent plus de pisciculteurs qui produisent leur aliment.

Figure 5: Taux d'utilisation des aliments piscicoles par région

3-1-3-2- Caractéristiques des fermes en fonction de l'aliment utilisé

La majorité des fermes ont une durée d'existence comprise entre moins de 5 ans et 5 -10 ans, quelque soit le type d'aliment utilisé (Tableau XVIII). La superficie totale en eau exploitée est inférieure à un hectare pour la majorité des fermes piscicoles quelque soit le type d'aliment utilisé. Les structures d'élevage les plus utilisées sont les étangs et les étangs + étangs barrage. La localisation des fermes enquêtées en fonction du type d'aliment distribué est présentée à la Figure 5.

Les résultats permettent d'observer que la majorité des fermes qui utilisent les aliments commerciaux (62,65%), sont le plus situés en zone rurale qu'en zone urbaine et péri-urbaine (37,35%). A l'inverse, les fermes ou les pisciculteurs produisent eux-mêmes leur aliment sont en majorités situés en zone urbaine et péri-urbaine (59,26%).

Tableau XVIII : Caractéristiques des fermes en fonction de l'aliment utilisé

Paramètres

Aliments commerciaux

(83)

Aliments produits

(54)

Nombre d'année d'existence

 
 

Moins de 5 ans

25,3

29,6

5-10 ans

27,7

35,2

10-15 ans

20,5

11,1

15-20 ans

10,8

16,7

20-25 ans

3,6

7,4

25 ans et plus

12,0

0,0

Superficie en eau exploitée (ha)

 
 

Moins de 1

73,5

74,1

1-2

16,9

14,8

Plus de 2

9,6

11,1

Structures d'élevage

 
 

Etangs

71,1

68,5

Etangs barrage

0,0

0,0

Etangs + étangs barrage

22,9

24,1

Etangs + bassins

0,0

1,9

Bassins

1,2

0,0

Bassins + cages flottantes

1,2

0,0

Etangs + cages flottantes

0,0

1,9

Etangs + cages enclos

1,2

0,0

Cages enclos + cages flottantes

1,2

1,9

Etangs + bassins + cages flottantes

1,2

1,9

Etang + étangs barrage + barrage

0,0

0,0

Etang + barrage

0,0

0,0

Etangs barrage + barrage

0,0

0,0

39

Figure 6: Localisation des fermes piscicoles en fonction de l'aliment utilisé

3-1-3-3- Utilisation des aliments piscicoles en fonction de l'activité principale du promoteur

Quelque soit le type d'aliment utilisé, les promoteurs sont en majorité des agriculteurs suivi des salariés, et des opérateurs économiques. Très peu de promoteurs ont la pisciculture comme activité principale (Figure 5). Cependant, le taux de salarié (32,53%) et d'opérateur économique (26,51%) utilisant un aliment commercial est relativement plus élevé par rapport à ceux qui utilisent un aliment produit. A l'inverse, les taux d'agriculteurs (37,04%) et de pisciculteurs (14,81%) produisant un aliment est plus élevé que ceux qui utilisent un aliment commercial.

40

Figure 7: Activité principale du promoteur en fonction de l'aliment utilisé

41

3-1-3-4- Système d'élevage par type d'aliment

Les aliments commerciaux et produits par les pisciculteurs sont exclusivement utilisés en système semi-intensif et intensif. Cependant, ces deux systèmes enregistrent une forte utilisation d'aliment commercial par rapport à l'aliment produit.

Figure 8: Système d'élevage par type d'aliment 3-1-3-5- Espèces élevées en fonction de l'aliment utilisé

Les espèces de poisson élevées à partir des aliments piscicoles sont le tilapia Oreochromis niloticus, l'heterothis Heterotis niloticus, les silures (Heterobranchus longifilis, Hetero-clarias et Clarias gariepinus), le mâchoiron Chrysichthys nigrodigitatus, le parachana Parachana africana (Figure 8). Ces poissons sont retrouvés seuls ou en association sur les fermes. Les aliments produits (40,70%) et commerciaux (48,2%) sont utilisés en majorité pour nourrir le tilapia suivi de l'association tilapia + silure, 20,40% et 20,50% respectivement. Les aliments commerciaux et produits par les pisciculteurs eux-mêmes sont très peu utilisés pour l'élevage des autres combinaisons d'espèce (Tableau XIX).

a

b

c

d

e

42

Figure 9: Espèces élevées (a = Tilapia Oreochromis niloticus, b = Heterotis niloticus, c = Mâchoiron Chrysichthys nigrodigitatus, d = Silures Heterobranchus longifilis, Hetero-clarias et Clarias gariepinus, e = Parachana Parachana africana)

43

Tableau XIX : Espèces de poissons élevées par type d'aliment

Espèces de poissons

Aliment produit (%)

Aliment commercial

(%)

Tilapia

40,7

48,2

Tilapia + heterotis

13,0

7,2

Tilapia + silure

20,4

20,5

Tilapia + silure + parachana

-

1,2

Tilapia + machoîron

1,9

-

Tilapia + heterotis + silure

16,7

10,8

Tilapia + heterotis + parachana

1,9

 

Tilapia + machoiron + silure

1,9

4,8

Tilapia + machoiron + heterotis

-

2,4

Tilapia + machoiron + silure + heterotis

3,7

4,8

Total

100

100

3-1-3-6- Caractéristiques des pratiques aquacoles en fonction de l'aliment utilisé

Le Tableau XIX présente les caractéristiques des pratiques aquacoles en fonction du type d'aliment utilisé. Quelque soit l'aliment utilisé, la majorité des pisciculteurs utilise un cahier de suivi, effectue les pêches de contrôle, tri les poissons, sexe le tilapia à une taille inférieure à 40g, pratique le cycle de reproduction + grossissement, distribue régulièrement l'aliment et utilise un instrument de mesure pour quantifier l'aliment à distribuer. Cependant, les proportions de pisciculteurs qui respectent les bonnes pratiques de production sont toujours plus élevées chez les pisciculteurs qui utilisent un aliment commercial que chez ceux qui utilisent un aliment produit.

44

Tableau XX : Pratiques aquacoles des pisciculteurs en fonction des aliments utilisés

Paramètres

Aliments
commerciaux

(83)

Aliments produits

(54)

Existe-t-il un cahier de suivi d'élevage ?

 
 

Oui

67,5

59,3

Non

32,5

40,7

Le pisciculteur fait-il des pêches de contrôle ?

 
 

Oui

89,2

75,9

Non

10,8

24,1

Le pisciculteur fait-il le tri des poissons ?

 
 

Oui

67,5

63,0

Non

32,5

37,0

Le pisciculteur fait-il le sexage du tilapia ?

 
 

Oui

100

100

Non

0

0

Si oui à quelle taille il fait le sexage du tilapia Moins de 20g

10,8

11,1

20-40g

61,4

63,0

40-60g

10,8

5,6

60-80g

7,2

9,3

80-100g

4,8

7,4

Plus de 100g

4,8

3,7

Cycle de production pratiqué

 
 

Cycle normal

26,5

16,7

Cycle unique

0,0

0,0

Reproduction + grossissement

45,8

53,7

Reproduction + prégrossissement + grossissement

18,1

20,4

Prégrossissement + grossissement

9,6

9,3

Fréquence de distribution d'aliments

 
 

Régulière

100

100

Occasionnelle

0,0

0,0

Quantification de l'aliment à distribuer

 
 

Tableau de rationnement

45,8

37,0

A volonté

3,6

3,7

Instrument de mesure

50,6

59,3

45

3-1-4- Paramètres de croissance, de production et d'économie des aliments piscicoles en système intensif

Dans le système intensif, la durée de production de poisson marchand, varie entre 7 et 8,5 mois avec des poids marchands de tilapia variant entre 300 - 350 g avec les aliments commerciaux nationaux et produits et entre 500 et 700 g avec les aliments commerciaux importés (Tableau XXI). Les gains de masse quotidiens, et les rendements sont également plus élevés avec les aliments commerciaux importés par rapport aux aliments commerciaux nationaux et produits. Au niveau des paramètres économiques, les prix des aliments utilisés, les coûts d'investissements en aliment et la valeur de production totale sont également plus élevés chez les pisciculteurs qui utilisent les aliments commerciaux importés.

Tableau XXI : Paramètres de croissance, de production et d'économie en fonction des aliments utilisés en élevage intensif

Paramètres

Ivograin
(Tilapia 1et 2)
(n=1)

Ivograin
tilapia 2 +
aliment
produit (n=1)

Aliment
Raanan fish
feed
(n=1)

Aliment
Skretting
(n=1)

Paramètres Croissance

 
 
 
 

Durée de production (mois)

8

8,50

7,50

7

Poids marchands Tilapia (g)

300-350

300-350

500-700

500-700

Poids marchands Silure (g)

-

-

-

1500

GMQ Tilapia (g/j)

1,35

1,44

2,44

2,86

GMQ silure (g/j)

-

-

-

7,14

Paramètres production

 
 
 
 

Intensité de nourrissage (kg/ha/j)

111,11

100

160

2916,67

Quantité mensuelle d'aliments utilisés (kg)

5 000

6 000

4 800

90 000

Quantité d'aliments utilisés par cycle (kg)

40 000

45 000

36 000

630 000

Production totale (kg)

28 000

24 000

27 000

720 000

Rendement (kg/ha/an)

18 666

12 000

27 000

1 200 000

Paramètres économiques

 
 
 
 

Prix aliment (FCFA/kg)

280

260

685

815

Coût mensuel d'aliment utilisé (FCFA)

1 100 000

1 560 000

3 300 000

73 350 000

Coût aliment utilisé par cycle (FCFA)

13 200 000

11 700 000

247 500 000

513 450 000

Coût de production lié à l'aliment (FCFA/kg)

470

485

920

715

Valeur de production (FCFA/ha/an)

28 000 000

18 000 000

405 000 000

1 800 000 000

Valeur de production totale (FCFA)

42 000 000

36 000 000

4 050 000 000

1 080 000 000

Prix de vente Tilapia (FCFA/kg)

1500

1500

1500-2000

1500-1700

46

3-1-5- Paramètres de croissance, de production et d'économie des aliments piscicoles en système semi intensif

En système semi intensif, quel que soit le type d'aliment utilisé, la durée de production moyenne de poissons marchands varie entre 9,54 #177; 1,60 et 9,45 #177; 1,5 mois (Tableau XXII). Les poids marchands et les gains de masse quotidien tilapia, silure et heterotis, les rendements, les prix d'aliments utilisés et les valeurs de production sont significativement plus élevés chez les pisciculteurs qui utilisent un aliment commercial par rapport à ceux qui utilisent un aliment produit par eux-mêmes. Cependant, les valeurs moyennes d'intensité de nourrissage, de production totale, de coût de production lié à l'aliment et les prix de vente des différentes espèces produites sont similaires et ne dépendent par du type d'aliment distribué. A l'inverse, les valeurs moyennes de quantité d'aliment utilisée par mois et par cycle sont significativement plus élevées chez les pisciculteurs qui produisent eux mêmes leur aliment.

Tableau XXII : Paramètres de croissance, de production et d'économie en fonction des aliments utilisés en élevage semi intensif

Paramètres

Aliment Produit

(29)

Aliments
Commercial

(37)

Paramètres de croissance

 
 

Durée de production (mois)

9,54 #177; 1,60a

9,45 #177; 1,5a

Poids marchands Tilapia (g)

307,50 #177; 66,38a

336,84 #177; 57,17b

Poids marchands Silure (g)

2133,33 #177; 1526,98a

2650 #177; 2398,09b

Poids marchands Heterotis

2766,67 #177; 1337,91a

3833,33 #177; 1607,28b

GMQ Tilapia (g/j)

1,08 #177; 0,20a

1,21 #177; 0,16b

GMQ Heterotis (g/j)

9,76 #177; 5,92a

12,36 #177; 4,39b

GMQ Silure (g/j)

6,97 #177; 5,09a

9,26 #177; 8,66b

Paramètres production

 
 

Intensité de nourrissage (kg/ha/j)

31,24 #177; 12,51a

28,72 #177; 13,88a

Quantité mensuelle d'aliments utilisés (kg)

959,75 #177; 695,79b

543,61 #177; 399,34a

Quantité d'aliments utilisés par cycle (kg)

9251,46 #177; 6299,03b

5057,45 #177; 3512,64a

Production totale (kg)

3225,54 #177; 2938,14a

2770,66 #177; 2353,82a

Rendement (kg/ha/an)

2922,03 #177; 1503,04a

4334,16 #177; 2544,36b

Paramètres économiques

 
 

Prix aliment (FCFA/kg)

115 #177; 50a

245 #177; 45b

Coût mensuel d'aliment utilisé

150885 #177; 104810a

141965 #177; 112155a

Coût aliment utilisé par cycle (FCFA/kg)

1472160 #177; 921395a

1261920 #177; 967420a

Coût de production lié à l'aliment FCFA/kg)

391,46 #177; 320,92a

475 #177; 120a

Valeur de production totale (FCFA/ha/an)

4154755 #177; 24802a

6689760 #177; 4542760b

Valeur de production totale (FCFA)

4553375 #177; 1874440a

4394890 #177; 4064315a

Prix de vente Tilapia (FCFA/kg)

1445 #177; 400a

1530 #177; 425a

Prix de vente Heterotis (FCFA/ kg)

1290 #177; 544a

1250 #177; 250a

Prix de vente Silure (FCFA/kg)

1160 #177; 477,49a

1311,54 #177; 404,22a

Prix de vente Machoiron (FCFA/kg)

2250 #177; 353,55

-

Les valeurs portant les mêmes lettres alphabétiques sur la même ligne ne sont pas significativement différentes au seuil de á = 0,05.

47

3-2- Discussion

Une proportion de 39,53% seulement des pisciculteurs utilise un aliment formulé composé pour nourrir les poissons d'élevage sur un total de 301 pisciculteurs enquêtés. Ce faible taux d'utilisation d'aliments serait dû à l'utilisation massive de sous-produits agro-alimentaires de moindre coût (10-105 FCFA) pour nourrir les poissons d'élevage comme rapporté par plusieurs auteurs (Gabriel et al., 2007, Acho, 2014). Par ailleurs, parmi les différents aliments rencontrés sur les fermes, seuls les aliments commerciaux industriels importés répondent aux besoins de croissance des différentes tailles et espèces de poissons élevées. Les aliments industriels commerciaux nationaux répondent seulement aux besoins de croissance en prégrossissement du tilapia et en grossissement du tilapia et du silure. Les aliments produits par les provendiers et par les pisciculteurs sont en général pauvres en protéines et riches en fibres pour permettre une bonne croissance des poissons élevés. En effet, les besoins en protéines des poissons varient entre 25-55% et les taux de fibres inférieurs à 10% sont recommandés pour une bonne croissance des poissons (New, 1987 ; Guillaume et al., 1999 ; Lazard, 2007) alors que ces aliments titrent entre 16,51-24,29% de protéines, 9,74-43,21% de fibres, et 10,92-35,90% de protéines et 4,70-56,33% de fibres respectivement pour les aliments provendiers et les aliments produits par les pisciculteurs eux-mêmes. De plus, ces aliments ont des rapport/énergie faibles, présentent quelque fois de faibles valeurs de rapport calcium/phosphore et sont présentés sous forme de poudre et utilisés pour tous les stades de production des poissons élevés. Par ailleurs, les protéines sont essentielles dans l'alimentation des poissons d'élevage. En effet, elles fournissent les acides aminés essentiels et l'énergie nécessaire aux fonctions vitales, à l'entretien, à la croissance et à la reproduction des poissons (Guillaume et al., 1999). Les aliments pauvres en protéines pourraient donc entrainer des retards de croissance. De plus, les fibres ne sont pas digérés par les poissons quelque soit l'espèce élevée (Burel et Medal, 2014). En effet, les fibres, à fortes concentration lors de la digestion de l'aliment peuvent se lier aux nutriments tel que les lipides, les protéines et les minéraux et réduire leur biodisponibilité (Shah et al., 1982 ; Ward et Reichert, 1986 ). A l'inverse, les teneurs en fibres de l'aliment en proportion recommandée (moins de 10%) peuvent améliorer la croissance des poissons car elles constituent un lest dans le bol alimentaire qui régule la vitesse du transit intestinal (NRC, 2011). Aussi en pisciculture la taille de l'aliment distribué joue un rôle important dans la capacité d'ingestion de l'aliment et d'assimilation des nutriments (New, 1987).

48

A ce propos, Pouomogne (1994), rapporte une réduction de moitié de l'indice de consommation et une augmentation significative de la rétention des protéines et de l'énergie associée à une amélioration de la production piscicole avec une utilisation d'aliment granulé par rapport aux aliments présentés sous formes de farines.

Ces différents résultats sur le taux d'utilisation et la qualité des aliments produits et provendiers permettent de confirmer la faible disponibilité d'aliments de qualité sur les fermes d'élevage ivoiriennes déjà rapporté par plusieurs auteurs (FAO, 2009 ; Brechbühl, 2009). La faible disponibilité pourrait s'expliquer par le fait que les pisciculteurs sont en général des planteurs de café, de cacao, d'huile de palme, et d'autres cultures pour qui la pisciculture est une seconde activité (FAO, 2008 ; Brechbühl, 2009). De ce fait, ils s'investissent peu dans la pisciculture et donc dans l'alimentation des poissons d'élevage. Aussi, les résultats de notre étude rapportent une forte proportion d'agriculteur-pisciculteurs (37,04%) produisant un aliment par rapport à celle des agriculteurs-pisciculteurs (34,94%) qui utilisent un aliment commercial. La faible qualité des aliments produits par les provendiers et les pisciculteurs eux-mêmes pourrait s'expliquer par la non qualification de ces producteurs qui sont des provendiers, des agriculteurs, des salariés ou opérateurs économiques et un manque d'encadrement et de suivi de l'activité piscicole. Ce qui explique la forte utilisation de tourteau de coprah, de son de riz, de son de maïs et de son de blé de moindre coût (10-110 FCFA/kg) et riche en fibres (25,85-51,75) à des taux d'incorporation élevées (27,80-89,30%) dans les formulations des aliments produits par les pisciculteurs d'une part et d'autre part, la faible utilisation de prémix vitamines minéraux et enfin par l'absence de lysine et de méthionine dans les formules alimentaires.

L'absence de pisciculteurs utilisant un aliment formulé composé pour nourrir les poissons dans les régions du Goh et du Moronou et la faible proportion de pisciculteurs utilisant un aliment formulé et composé dans les régions de la Marahoué, du Haut Sassandra et de la Nawa s'expliquent par l'utilisation massive de sous produits agricoles (son de riz, son de blé, son de maïs, farine basse de riz) directement comme aliment dans ces régions rapporté par Acho (2014). La forte utilisation d'aliment commercial dans les régions de l'Agnéby-Tiassa, du District d'Abidjan, du Sud Comoé, des Grands Ponds du Tonkpi, du Cavally, du Bélier et de l'Indénié Djuablin pourrait s'expliquer par une forte proportion de salarié et d'opérateur économique parmi les promoteurs de ferme. En effet, les résultats de l'étude montre une tendance plus élevée des promoteurs salariés et opérateurs économiques à utiliser un aliment commercial.

49

Aussi, la forte production d'aliment dans les régions du Tonkpi, du Cavally, des Grand Ponts, du Sud Comoé, du District d'Abidjan, de l'Agnéby Tiassa, du Bélier de l'Indénié Djuablin pourrait traduire une forte disponibilité des matières premières utilisés pour la production d'aliment dans ces régions, et une forte localisation des fermes en zone urbaine et périurbaine. Par ailleurs, l'utilisation d'aliment (commercial + produit) dans les régions du Tonkpi, du Cavally, des Grands Ponts, du Sud Comoé, du District d'Abidjan, de l'Agnéby Tiassa, du Bélier de l'Indénié Djuablin et de la Mé pourrait s'expliquer par une culture semi-intensif de l'élevage des poissons avec utilisation d'aliment transmise dans ces régions par les projets d'appui à la professionnalisation piscicole. En effet, Ces régions ont été les zones de projets d'appui au développement de l'aquaculture orienté vers le développement des systèmes semi-intensif d'élevage (MIPARH, 2008).

Les fortes valeurs de croissance du tilapia et du silure, de production et d'économie des fermes observées avec les aliments commerciaux industriels importés par rapport aux aliments industriels commerciaux locaux et les aliments commerciaux nationaux par rapport aux aliments produits par les pisciculteurs pourraient s'expliquer par les différences de qualité de composition (protéines, fibres, énergie) et de présentation (taille, nature) de ces différents aliments. En effet, les poissons requièrent une alimentation spécifique à l'espèce et au stade de croissance pour atteindre un poids marchands compétitif en un temps court de ce fait, la qualité de l'aliment est le facteur qui garantisse la productivité et la rentabilité des fermes piscicoles (New, 1987, Guillaume et al., 1999, Jamu et Ayinla, 2003, Gabriel et al., 2007, Médale et Kaushik, 2009). La faible disponibilité en aliment de qualité sur les fermes pourrait donc être à la base de la faible production piscicole de poissons en Côte d'Ivoire. Ces résultats expriment la nécessité d'améliorer la qualité des aliments provendiers et produits par les pisciculteurs mais aussi de mettre à la disposition de la majorité des pisciculteurs des aliments piscicoles couvrant des besoins des différents stades de croissance des espèces de poissons élevées en Côte d'Ivoire et le besoin de promouvoir le respect des bonnes pratiques d'alimentation.

50

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Très peu de pisciculteurs utilisent un aliment de qualité pour nourrir le tilapia et les silures en élevage semi-intensif et intensif en Côte d'Ivoire. Seuls les aliments commerciaux industriels importés onéreux peu accessibles sont adaptés aux besoins des poissons en fonction de la taille et de l'espèce des poissons. Les aliments commerciaux industriels nationaux étant adaptés aux stades de prégrossissement et de grossissement. Les aliments provendiers produits par les pisciculteurs sont en général pauvres en protéines et riches en fibres. Aussi les bonnes pratiques aquacoles ne sont pas toujours respectées par les pisciculteurs. L'utilisation de ces aliments entraîne de faibles poids marchands de poissons et une faible production. Il parait donc opportun de mettre à la disposition des pisciculteurs en système semi intensif et intensif des aliments locaux de qualité pouvant couvrir les besoins de croissance des poissons élevés. Aussi, la promotion de l'utilisation d'aliment de qualité et du respect des bonnes pratiques d'alimentation augmenteraient la capacité des pisciculteurs à produire des poissons de poids marchands compétitif et amélioraient la productivité et la rentabilité des fermes piscicoles ivoiriennes.

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RESUME

La production piscicole ivoirienne de 3720 tonnes en 2012 demeure faible malgré les longues années de pratique du à la faible disponibilité d'aliments de qualité sur les fermes piscicoles. Cette étude, se propose d'évaluer la qualité et la productivité des différents aliments utilisés en aquaculture en Côte d'Ivoire. Une enquête a donc été menée sur l'alimentation des poissons dans les principales zones piscicoles de la Côte d'Ivoire. Puis les différents aliments utilisés par les pisciculteurs pour nourrir les poissons ont été échantillonnés pour la détermination de leur composition biochimique et minérale. Il ressort de ces travaux que les aliments retrouvés sur les fermes sont les aliments commerciaux industriels nationaux, industriels importés, provendiers et produits par les pisciculteurs eux-mêmes. Seulement, 39,53% des pisciculteurs utilisent un aliment piscicole. Cependant, seuls les aliments commerciaux industriels importés onéreux répondent aux besoins de tous les stades de croissances des poissons. Les aliments commerciaux provendiers et produits par les pisciculteurs sont pauvres en protéines et riches en fibres. Le type d'aliment utilisé varie selon la région, l'activité principale du promoteur, la localisation des fermes et le système d'élevage adopté. Ces différents aliments sont utilisés en majorité pour l'élevage du tilapia Oreochromis niloticus et des silures (Heterobranchus longifilis, Hetero-clarias et Glarias gariepinus). Les bonnes pratiques aquacoles de production ne sont pas toujours respectées par les pisciculteurs. Aussi, quelque soit le système d'élevage considéré, les paramètres de croissance de production et d'économie sont plus élevés avec les aliments commerciaux importés par rapport aux aliments importés locaux et les aliments produits. Il parait opportun de mettre à la disposition des pisciculteurs en système semi intensif et intensif des aliments locaux de qualité, de promouvoir leur utilisation et le respect des bonnes pratiques d'alimentation pour améliorer la croissance des poissons et la rentabilité des fermes piscicoles ivoiriennes.

Mots clés : aliments piscicoles, poissons d'élevage, besoins nutritionnels, production.






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