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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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1.2.2. L'adjectifs au sein des noms à Port-Royal

Dans la grammaire raisonnée, l'adjectif est étudié dans la classe du nom. En effet, selon Arnaud et Lancelot, la classe du nom est un vaste ensemble. Il faut y distinguer les noms substantifs et les noms adjectifs.

Pour Arnaud et Lancelot (1660 : 119-126), les noms substantifs comprennent des noms communs et des noms propres. Ces mots portent sur des objets de nos pensées et sur leurs caractéristiques. Les objets représentent des substances. Elles peuvent subsister, c'est-à-dire exister seules. Exemple : table, chaise, terre.

Pour ces auteurs, au contraire,

un nom adjectif ne représente qu'une caractéristique (un accident, selon la terminologie de l'époque). Un tel mot ne peut exister seul dans le discours ; il doit s'adjoindre à un autre mot, d'où la dénomination de nom adjectif. En effet, des mots comme gentil ou intéressant ne trouvent leur sens que lorsqu'ils accompagnent un nom substantif, qu'ils permettent de préciser.

L'adjectif se définit par rapport au substantif. Il aide à lui donner un contenu référentiel clair. Même si la grammaire raisonnée aborde l'adjectif, la configuration de cette classe et ses propriétés paraissent flous. Une question moderne comme celle du participe s'y trouve néanmoins soulevée.

En tant que catégorie de la langue, le participe se trouve au confluent de plusieurs problèmes grammaticaux. Il pose la question de sa définition catégorielle, c'est-à-dire de sa classe syntaxique, celui de l'accord et des fonctions. Cette forme partage les traits du verbe, du nom et de l'adjectif. Arnaud et Lancelot en font une partie du discours à part entière. Parlant de l'accord du participe, Arnaud et Lancelot (1660 : 126) estiment que ce dernier s'accorde avec le relatif ou le nom substantif auquel il est lié.

accord du participe, et par extension des adjectifs, sur le modèle du nom substantif. Que peut-on retenir de Port-Royal au plan théorique et de l'analyse de l'adjectif ?

Pour Piron (2008 : 9)

L'apport majeur de la grammaire d'Arnauld et Lancelot réside dans la transposition de concepts philosophiques et logiques à la réflexion linguistique. Les mots, d'une part, sont scindés en deux supracatégories : dans l'une, ils renvoient aux « objets des pensées » (nom, article, pronom, participe, préposition et adverbe) ; dans l'autre, ils renvoient à « la forme & la manière de nos pensées » (verbe, conjonction et interjection) (Arnauld et Lancelot, 1660, p. 30). D'autre part, les auteurs posent comme postulat d'analyse linguistique les trois opérations de l'esprit que sont le fait de concevoir, de juger et de raisonner. Parmi elles, l'opération centrale est celle du jugement, exprimée au moyen du verbe. Juger consiste à « affirmer qu'une chose que nous concevons est telle ou n'est pas telle » (Arnauld et Lancelot, 1660, p. 28.).

En d'autres termes, la grammaire raisonnée augure l'analyse grammaticale et l'analyse logique. Elle préfigure déjà la plupart des fonctions des mots au sein de la phrase. Elle a corrélé la pensée à la langue et estime que parler une langue c'est émettre des jugements. Les jugements en question sont sous-tendus par des verbes. Or, les verbes véhiculent des propositions, dont chaque phrase correspond à une proposition.

L'adjectif est intriqué au nom. La distinction entre adjectif qualificatif et adjectif déterminatif n'est pas encore esquissée. Les propriétés de la classe et ses différentes ramifications ne sont pas encore connues.

Or, Selon WIGGERS (1997 : 263)

l'histoire de la pensée linguistique est faite non d'une accumulation longitudinale de savoirs exploités en continuité, mais d'une combinaison d'apports latéraux et de superpositions, qui ne se recouvrent jamais parfaitement, et qui véhiculent des contenus doctrinaux souvent disparates. Mais la pensée linguistique retrouve une unité dans la mémoire qu'elle s'est constituée de ces méandres et de ces interstices : mémoire sélective, et dont certaines parties ne sont guère activées à telle ou telle époque, mais une mémoire qui a modelé notre conception du langage, et notre idée de la façon/des façons dont on peut l'étudier.

Les développements de Port-Royal auront un rayonnement séculaire. Ils vont influencer toute la grammaire classique et les ouvrages scolaires. La perception de l'adjectif n'est pas en reste.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand